La face cachée de Led Zeppelin (1ère partie)

Les incontournables sondages de ce millénaire nous le confirment encore : le bon vieux rock des années 60 et 70 est toujours vivant ! Mais si les Beatles, les Stones et Led Zeppelin se partagent allègrement les premières places de la plupart des classements portant sur la musique du siècle dernier, force est de reconnaître que les artistes qui les ont grandement inspirés sont depuis longtemps tombés dans l’oubli ou ne sont jamais véritablement sortis de l’ombre…

Nombreux étaient certes les groupes ou musiciens qui, au cours des glorieuses années du rock, ne se cachaient guère d’avoir puisé leur inspiration dans le répertoire des grands bluesmen noirs américains. Mais, dans la majorité des cas, ils témoignaient du respect envers leurs aînés et les créditaient sur leurs albums. Il n’est toutefois plus un secret pour personne que les membres de Led Zeppelin ne s’embarrassaient guère de scrupules pour agir à l’inverse et s’appropriaient des chansons qu’ils se contentaient de copier. La formation dut bien sûr faire face à de virulentes critiques, voire à quelques procès retentissants lorsqu’on découvrit l’ampleur du plagiat.

Lors d’une entrevue accordée à Guitar World en décembre 1993, Jimmy Page déclarait : « Aussi loin que je puisse me souvenir, j’ai toujours essayé d’apporter quelque chose de nouveau à ce que j’utilisais. J’ai toujours veillé à proposer une certaine variation. En fait, je pense que dans la plupart des cas, vous ne sauriez jamais quelle pourrait être la source originale. Peut-être pas dans tous les cas, mais dans la plupart. Et Robert était censé changer les paroles, ce qu’il n’a pas toujours fait, et c’est ce qui nous a causé la plupart de nos problèmes. Ils ne pouvaient pas nous avoir sur les parties de guitare ou sur la musique, mais ils nous ont cloués sur les paroles. »

L’article que vous lisez présentement ne se veut nullement un réquisitoire contre l’un des plus fameux groupes de rock de tous les temps. Simplement, dans le but de rendre à César ce qui lui appartient, revenons sur quelques-unes des plus belles perles du répertoire de Led Zeppelin.

Babe, I’m gonna leave you

En 1968, après que Keith Relf et Jim McCarty annoncèrent à Peter Grant leur désir de quitter les Yardbirds, Jimmy Page, guitariste du groupe, décida de recruter d’autres musiciens afin d’honorer une tournée programmée en Scandinavie. Il pensa tout d’abord à s’associer à Terry Reid, mais ce dernier était déjà sous contrat. Terry présenta alors à Jimmy Page un jeune chanteur encore totalement inconnu, Robert Plant.

Dans les jours qui suivirent leur rencontre, Jimmy fit écouter à Robert les disques de quelques musiciens qui l’inspiraient. Aux noms de ceux-ci figuraient quelques grandes références de la scène folk de l’époque, dont Bert Jansch, John Renbourn, The Incredible String Band ainsi que Joan Baez. On raconte souvent qu’alors qu’ils écoutaient Babe, I’m gonna leave you chantée par Joan, Robert Plant se saisit de la guitare de Jimmy et joua devant lui la mélodie de cette chanson avec ses propres arrangements. Ces affirmations sont certes flatteuses pour Robert, mais elles sont néanmoins fausses. Jimmy remit les pendules à l’heure lors d’une entrevue qu’il accorda bien des années plus tard. Il raconte : « Le moment est venu de faire la lumière sur quelque chose qui m’a vraiment offensé. Notre ancien road manager, Richard Cole, a écrit un livre dans lequel il soutient que, lorsque Robert vint chez moi pour discuter de l’éventualité de former un groupe ensemble, je lui ai fait écouter un disque de Joan Baez sur lequel elle chante Babe et lui ai demandé « Peux-tu nous imaginer jouer quelque chose comme ça ? ». Le livre raconte que Robert s’est alors emparé de ma guitare et a commencé à jouer devant moi les arrangements de cette chanson tels qu’ils furent enregistrés sur l’album. Arrrghhh! Pouvez-vous imaginez ça ? Tout d’abord, j’avais travaillé sur ces arrangements bien avant que Robert ne vienne chez moi, et deuxièmement, Robert ne savait pas jouer de la guitare à cette époque ! De plus, je ne lui ai pas demandé s’il pouvait imaginer jouer cette chanson, je lui ai dit que je voulais le faire. »

Babe, I’m gonna leave you fut composée et enregistrée dans les années 50 par Anne Bredon. Joan Baez popularisa cette chanson en 1962, bien avant qu’elle ne soit reprise par Led Zeppelin. Dans les années 80, le fils d’Anne Bredon entendit sa mère jouer ce que lui et la majorité des gens de sa génération pensaient être une chanson de Led Zeppelin. Il lui demanda d’où lui venait l’idée de jouer Babe, I’m gonna leave you. La réponse de sa mère l’encouragea à effectuer quelques démarches suite auxquelles, à partir de 1990, Led Zeppelin accepta enfin de créditer Anne Bredon pour cette chanson.

À écouter : la version de Joan Baez sortie avant celle de Led Zeppelin

Black Dog

Les arrangements vocaux de Black Dog sont assez semblables à ceux de Oh Well, excellente chanson de Fleetwood Mac que l’on retrouve sur l’album Then play on enregistré en 1969. Jimmy Page a reconnu tardivement lors d’une entrevue que son groupe s’était inspiré de cette oeuvre écrite par Peter Green pour composer Black Dog.

À écouter : Oh Well par Fleetwood Mac

(à suivre…)

Ce texte a été écrit en 2001 et publié sur rock6070, puis il en a été retiré lors de la refonte du site. Il reste toujours actuel, le procès intenté à Led Zeppelin récemment pour le plagiat partiel concernant Stairway to heaven en atteste.

(Photo by Laurance Ratner/WireImage)

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