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2011

 

2011, année insipide ou grand cru ? La réponse dépendra du degré de curiosité de celui à qui on pose la question. Si vous vous fiez aux traditionnels classements des médias, vous aurez cette sordide impression qu'il n'a dû sortir qu'une poignée de disques remarquables tant les journaux et magazines commerciaux brillent toujours par leur conformisme, leurs choix prévisibles et unanimes qui tendent à démontrer que, dans l’ensemble, ils brossent un portrait de l’année musicale uniquement en fonction de ce que les maisons de disques leur envoient, mais ne se donnent pas la peine d’explorer hors des sentiers balisés par eux-mêmes. Si vous vous fiez plutôt à ce que diffusent les radios, 2011 vous semblera identique aux années précédentes. Une musique formatée pour cartonner, mais rien de véritablement transcendant, rien qui ne se démarque. 

Et pourtant... On a beau nous hurler dans les oreilles qu’en cette ère virtuelle, le téléchargement illégal tue la musique, qu’Internet dilue l’intérêt des mélomanes, et donc, qu’il ne se crée plus rien de bon, c’est de la pure foutaise. Il ne s’est jamais enregistré autant d’albums, dont plusieurs fabuleux, que depuis ces dernières années. Mais l’industrie du disque s’embourbant dans son aveuglement, et surtout sa lamentable surdité et sa soif du profit, nombre de musiciens s’autoproduisent, une multitude de petites maisons de disques indépendantes se créent. Et c’est à nous, passionnés de musique, de trouver le chemin qui nous mène à ce qu’il y a de plus bandant sur le plan musical sans attendre que les grandes enseignes comme la Fnac en France ou Archambault au Québec nous montrent la voie à suivre. Si ces magasins accordent de moins en moins de place aux CD, ce n’est pas parce qu’il ne s’en produit plus que peu, mais parce qu’ils préfèrent rentabiliser leur espace en y entassant ce qui se consomme aujourd’hui davantage. DVD, matériel informatique, ou toute une panoplie de conneries qui n’ont aucun rapport avec la culture. 

Alors, 2011 ? Une très grande année ! Si riche que 365 jours ne suffisent pas pour faire le tour de toute la production musicale. Ce top exclut donc d’office tout ce qu’il me reste encore à découvrir... Ne sélectionner que 5 albums sortis en 2011 ? Absolument frustrant et impossible... Mon classement se découpe donc en quatre parties : les albums anglophones, ceux de la fabuleuse scène folk, ceux nous venant de France et ceux gravés au Québec. Vous pourrez écouter une chanson de chacun des albums sélectionnés. 

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Bonne écoute !

 

Mon top 5 - Anglophone


Blackfield
Welcome to my DNA
Télécharger la chanson Glass House en cliquant ici.

Le fabuleux talent de Steven Wilson, avec Porcupine Tree ou ses autres projets, ensorcelle sur cette perle de Blackfield. Tout y brille: mélodies parfaites, voix, textes forts.

Goodbye, old friend, my paranoia
We'll meet again someday
Life is running out
I guess I had enough, I need to go now




Thievery Corporation
Culture of Fear
Télécharger la chanson Free en cliquant ici.

Pour ce sixième véritable album, les dubby acid jazzy Amerloques ne changent rien à leur formule éprouvée depuis longtemps. Redite ? Pas pour autant, et même si, on s'en tape. Le charme opère toujours.




Itchy Poopzkid
Lights out London
Télécharger la chanson Why still bother en cliquant ici.

Ça suinte la graisse du fish and chips dans un pub paumé quelque part dans un sale quartier de Londres. Cradement punky. Pourtant, non non, le groupe n'est pas anglais, mais même si rien dans leur musique ne trahit leurs origines, ils sont bel et bien teutons, ouep.

 




Steve Hackett
Beyond the shrouded Horizon
Télécharger la chanson Till these eyes en cliquant ici.

Il est bien loin, le temps de Voyage of the Acolyte. Qui aurait cru alors que Steve Hackett aurait le pouvoir de nous offrir d'autres trésors de ce genre des décennies plus tard ? L'album précédent était déjà fabuleux. Celui-ci, un flamboyant prolongement.


 


Opeth
Heritage
Télécharger la chanson Nepenthe en cliquant ici.

Jadis, l'Angleterre était la patrie du rock progressif. Depuis la fin du millénaire précédent, la Suède peut lui contester sa suprématie grâce à des groupes tels Anekdoten et Opeth. Heritage envoûte, hypnotise.

 

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Mon top 5 -
Folk, folk rock


Gillian Welch
The Harrow and the Harvest
Télécharger la chanson Scarlet Town en cliquant ici.

De son propre aveu, si 8 années séparent cet album du précédent, c'est que la source d'inspiration et de créativité était momentanément tarie. D'autres ne se seraient pas pour autant embarrassés de scrupules et auraient pondu quelques insipidités jusqu'à ce que ladite source rejaillisse. Pas elle, et qu'elle en soit vivement remerciée. L'attente fut certes longue, mais ça en valait sacrément le coup. Épaulée par son complice Dave Rawlings, Gillian ne signe pas ici seulement le meilleur album de folk de 2011, mais l'une des perles les plus précieuses de ce registre en général. Nul besoin de sortir l'artillerie lourde pour envoûter, juste deux guitares et deux voix qui s'harmonisent parfois, ou l'une qui se tait pour laisser à celle de la chanteuse américaine tout l'espace qu'elle sait remplir d'émotion.

 


Lotte Kestner
Stolen
Télécharger la chanson Falling Snow en cliquant ici.

Une voix magnifique, des chansons aériennes qui nous rappellent par moments celles de Linda Perhacs quelques décennies plus tôt. Lotte, Anna-Lynne Williams de son vrai nom, grave ici un album de reprises de chansons pour la plupart peu connues, donc rien de consensuel, qu'elle revisite d'ailleurs de manière si brillante et personnelle que même si vous les connaissiez, vous pourriez ne pas les reconnaître. Ça vous renverse tellement ça vous enveloppe, vous étreint. Simplement sublime.

 


P. G. Six
Starry Mind
Télécharger la chanson Crooked Way en cliquant ici.

Pat Gubler et sa bande enrichissent 2011 d'un album qui, contrairement aux deux présentés plus haut, branche son folk sur une prise électrique. Folk rock, donc, acid folk si vous voulez. On pense inévitablement au Fairport Convention principalement de l'époque après le départ de Sandy Denny. Arrangements luxueux, précieux, dans le sens noble du terme.

 


Adam Cohen
Like a man
Télécharger la chanson Sweet Dominique en cliquant ici.

Il y a quelques années, Adam Cohen, fiston de l'illustre Leonard, balançait sur le marché une bouse pop lamentable avec un tube en français qui polluait odieusement les ondes des radios montréalaises. Pouah, à chier... En 2011, il fait un virage radical et bifurque dans la voie du folk, comme papa. On nous laisse comprendre qu'Adam n'assumait pas la filiation avec son auguste géniteur, raison sans doute pour laquelle il s'était fourvoyé et sacrément planté. Aujourd'hui, toutefois, il accepterait d'être "le fils de" et joue enfin la musique qu'il aime. Et qu'on aime aussi, ça tombe bien. Il en résulte un superbe album à la sincérité touchante, à la simplicité délicieusement sombre grâce auxquelles fiston gagne une belle crédibilité et pourrait fort bien ravir le coeur et les oreilles des fans de papa.

 


America
Back Pages
Télécharger la chanson Woodstock en cliquant ici.

Oui, c'est un album de reprises. Oui, c'est une mode. Et oui, dans bien des cas, ça sent la récupération à plein nez, surtout quand lesdites reprises sont des chansons très populaires. Toutefois, il suffit d'aller voir America en concert, les entendre et les voir reprendre Woodstock de Joni Mitchell avec un émerveillement communicatif pour comprendre que ces musiciens ne visent pas ici le carton facile, mais se font simplement plaisir et nous font plaisir en interprétant des perles des répertoires de ceux qui les ont inspirés. Rien de révolutionnaire dans Back Pages, America respecte l'oeuvre originale sans chercher à la mener plus loin. Mais c'est bon et c'est beau, bien foutu. Parmi les reprises, Something in the way she moves de James Taylor, Woodstock, donc, America de Paul Simon, Time of the Season de Rod Argent (Zombies).

 

 

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Mon top 5 -
France



Voodoo
Wilderness
Télécharger la chanson High Water Everywhere en cliquant ici.

La première écoute de cet album nous fait l’effet que pourrait ressentir un maso qui se reçoit un monumental coup de poing en pleine tronche. C’est jouissif et foudroyant. Et certes chanté en anglais, mais Niko ne baragouine pas approximativement avec un accent franchouillard épouvantable comme nombre de chanteurs de l’Hexagone. Raison pour laquelle on pourrait croire que le groupe répète dans un hangar quelque part sur la côte ouest des États-Unis ou dans un quartier de Liverpool. Mais non, Voodoo nous vient du sud de la France. À découvrir impérativement avant que le groupe devienne phénoménal. Vous pourrez alors vous vanter d’avoir été parmi les premiers à l’avoir connu.



Daphné
Bleu Venise
Télécharger la chanson Mélodie à personne en cliquant ici.

Son premier album, orchestré par Benjamin Biolay, était quelconque et oubliable. Son deuxième contenait quelques perles, mais Daphné y chantait avec un tel maniérisme que ça nous agaçait les oreilles. Sur ce troisième disque, elle gomme ce qu’il y avait de rugueux dans les précédents et nous livre une succession de perles chantées en français ou en anglais. Des chansons d’une beauté soyeuse, classieuse et renversante qui la hissent sur le trône des chanteuses françaises de l’année en poussant dans les orties ses rivales, comme Mélanie Laurent, insipides prétendantes encensées injustement dans les médias. En plus, dans l'une des chansons de ce disque, Daphné tue le père Noël. Une raison de plus de l’adorer...




Shaka Ponk
The Geeks and the Jerkin' Socks
Télécharger la chanson Let's Bang en cliquant ici.

Dans les années 90, la scène rock française était illuminée par le génie de deux des plus grands groupes de l’Hexagone de tous les temps : Noir Désir et la Mano Negra. S’ils ne sont plus aujourd’hui, c’est marrant de les voir indirectement réunis sur ce génial album de Shaka Ponk. D’abord, évidemment, par la participation de Bertrand Cantat pour une chanson (l’excellente Palabra Mi Amor). Et par l’influence de la bande à Chao qu’on devine en écoutant le disque (si vous l’écoutez bien, vous y entendrez d’ailleurs un clin d’oeil). C’est funky, un peu hip hop, ça rocke fort (désolée pour le lamentable jeu de mots, j’ai faim). Savoureusement délirant ! Oui oui, d’accord avec vous, la chanson à écouter nous fait un peu penser aux B-52’s.



Irène Jacob
Je sais nager
Télécharger la chanson Je sais nager en cliquant ici.

Encore une actrice qui chante ? Oui m’sieurs dames ! Mais pas comme certaines minaudeuses qui se font tailler des chansons racoleuses sur mesure. La double Véronique nous surprend ici par l’originalité de ce disque qui baigne dans une mer de trouvailles, de bruits étranges, de sons qui voyagent. Rien de pompeux, d’artificiel, rien d’autre qu’une simplicité sincère et lumineuse. C’est fémininement aquatique et audacieusement surprenant.

 

 


Paul Personne
À l'ouest - Face A
Télécharger la chanson Où étais-tu en cliquant ici.

À plus de 60 ans, Paul Personne nous balance une galette savoureuse parfumée au blues et au rock, deux disciplines dans lesquelles il a encore beaucoup à enseigner aux jeunes musiciens qui marchent sur ses traces. Aucune fausse note dans cette Face A, tout est limpide et flamboyant. Pas encore trouvé le temps d’écouter son deuxième CD de cette année, la Face B...

 

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Mon top 5 - Québec



Catherine Major
Le désert des solitudes
Télécharger la chanson Le désert des solitudes en cliquant ici.

Phénomène assez rare qui mérite d'être souligné. Il n'arrive pas souvent qu'un disque de grande qualité, sincère, non formaté pour être matraqué par les radios, soit à la fois encensé presque unanimement par les médias et plaise également au grand public au point de se retrouver en première position du classement des ventes chez Renaud-Bray (l'équivalent de la FNAC ou du Virgin) lors de sa sortie. Alors que la France a cette lamentable tendance à hisser sur un piedestal des musiciens québécois insipides, de son côté de l'océan, Catherine Major peaufine son art de ciseler des chansons d'une finesse exemplaire. Ce troisième album est lumineusement beau et émouvant.



Philippe B
Variations fantômes
Télécharger la chanson Hypnagogie en cliquant ici.

Lorsqu'il accompagne Pierre Lapointe à la guitare lors de ses concerts, Philippe B s'efface, se fait discret. Mais lorsqu'il prend possession de la scène pour ses spectacles en solo, son charisme, sa simplicité touchante, son humour fin et son grand talent hypnotisent le public. Une magie audible et palplable également sur ce troisième disque, irréprochable.




Pierre Lapointe
Seul au piano
Télécharger la chanson 27-100 rue des Partances en cliquant ici.

Quand on a eu la chance de voir Pierre Lapointe en concert, on écoute son album Seul au piano avec des images de lui sur scène dans la tête. Quand on connaît l'intégralité de son répertoire, on a grand bonheur à découvrir ses perles dépouillées de leurs artifices. Artiifices n'ayant ici rien de péjoratif tant les riches arrangements sur ses disques précédents scintillaient. Mais ici, Lapointe fait la formidable démonstration qu'en plus de son talent de pianiste, de celui de chanteur, il possède le génie d'écrire et de composer des chansons magistrales qui conservent leur beauté qu'elles soient nues ou bien habillées.



Jean François Fortier
Le jour où j'ai changé le monde
Télécharger la chanson Quand il sera trop tard en cliquant ici.

Il prend son temps. 6 années se sont écoulées entre ce nouvel album et le précédent, l'exceptionnel Variations sur le vide, l'une des plus belles perles de tout le répertoire québécois. Alors la crainte était légitime. 6 années de rouille, ou 6 années de gestation pour nous offrir une suite à la hauteur de notre grande et longue attente ? On se rassure et on jubile dès la première écoute de ce nouvel opus. Non, pas rouillé du tout, bien au contraire.

 

 


Fred Pellerin
C'est un monde
Télécharger la chanson Retenir le printemps en cliquant ici.

Le précédent disque de Fred Pellerin, Silence, était tellement exceptionnel qu'il était presque prévisible que celui-ci décevrait un peu. Non pas parce qu'il n'est pas bon, mais parce qu'il est simplement moins bon. Notamment parce qu'il s"alourdit de deux ou trois chansons assez faibles qui ont tendance à ternir l'ensemble. Raison pour laquelle il ne se retrouve qu'en cinquième position. Mais il mérite toutefois sa place ici car il contient plusieurs perles aussi renversantes que celles qu'on trouvait dans Silence.

 

Béatrice
rock6070@gmail.com

 

 

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