J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 18 mai 2022 04:45

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Jack DeJohnette, Ravi Coltrane, Matthew Garrison - In Movement (2016)

Cet album c’est un peu une histoire de famille, bien que les liens tissés entre les membres du trio ne soient pas de sang, mais plutôt de l’ordre de l’attachement spirituel. Ravi Coltrane est le fils de John et d’Alice, et Matthew Garrison celui de Jimmy, quant à Jack DeJohnette il figure le père, car il joua, il y a cinquante ans, à Chicago, en compagnie de ces pères mythiques, figures tutélaires et icônes vénérées.

Les esprits bienveillants veillent, en premier autour du répertoire qui rend grâce, tout d’abord à travers le premier titre, l’extraordinaire et engagé « Alabama », chant de lutte et d’espoir. La version ici est tout en respect et dignité, avec ce qu’il faut de retenue, une grande beauté se dégage de l’interprétation, il a fallu beaucoup de travail aux musiciens pour se hisser à ce niveau, alors ne vous embarrassez pas de « fils de… » comme on en trouve dans le show-biz, ici chacun est à sa place.

Il se trouve que j’ai vu plusieurs fois jouer Ravi, il n’a grillé aucune étape, a su rester à sa place et, si le nom a forcément aidé et parfois pas, la reconnaissance dont il jouit n’est que mérité. « Two Jimmys » est un hommage à Jimmy Garrison, bien sûr mais aussi à Jimmy Hendrix, à la basse et à l’électricité, d’ailleurs Matthew joue de la basse… électrique ! « Rashied » est également un hommage, cette fois-ci envers l’extraordinaire Rashied Ali qui parfois, fit figure « d’usurpateur » lorsqu’il prit la place du vénéré et tentaculaire Elvin Jones, par la seule volonté de John Coltrane.

Il faut également signaler la reprise de « Blue In Green » de Miles Davis et Bill Evans, ainsi que celle de « Serpentine Fire » que l’on doit au groupe Earth, Wind and Fire. Pour le reste les compos sont de Jack DeJohnette avec parfois la participation de ses deux autres compagnons. C’est la force de l’improvisation de permettre à certains titres d’exister en quelques minutes, la spontanéité et la créativité sont la marque des musiciens de jazz.

Pour être assez complet reste à signaler l’éventail des instruments que chacun utilise lors de cet enregistrement. Jack, en plus de la batterie joue du piano et des percussions électroniques. Ravi utilise une large panoplie de saxs, ténor, soprano et sopranino et Matthew, en plus de la basse électrique utilise les possibilités de l’électro.

Vraiment un très bel album, très aérien, dans le style ECM, pourvoyeur de grands espaces et de climats pleins de sérénité.



Un extrait de concert de cette année-là, pour se faire une idée...

Jack DeJohnette Trio - Heineken Jazzaldia 2016
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Message par Douglas » jeu. 19 mai 2022 02:25

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Andy Emler MegaOctet – Just A Beginning (2021)

On se souvient peut-être du « No Solo » d’Andy Emler qui avait bien plu par ici, et bien voici maintenant le grand Andy avec son MegaOctet et quelques invités bien calibrés, appartenant à la maison, car ils l’ont fréquentée, on y est bien reçu, chaleur et amitié font partie du programme.

C’est un enregistrement « live » auquel nous sommes conviés, il a été enregistré le 11 novembre 2019 dans le cadre du « D'Jazz Nevers Festival », pour le label « Peewee », qui nous a permis d’écouter la formation « Zarboth », y’a pas longtemps, vous savez, le Cd avec un slibard sur la pochette… « Peewee » a beaucoup d’accointances avec le label « La Buissonne ».

Déjà les invités pour donner l’envie, sachant que chacun d’eux délivre une performance remarquable, sur la première pièce c’est au fantasque Thomas De Pourquery à qui on offre la part du lion, à l’alto. Un solo plutôt long qui se construit par étapes, pour créer l’envie, dans l’attente d’une lente montée, bien poussé par tout le MégaOctet derrière, qui envoie des bourrasques, puis des tempêtes, c’est « E Total », une pièce qui dépasse le quart d’heure et qui envoie.

Le second invité sur « Les ions sauvages » est un autre fantasque, c’est comme ça, on ne sait s’ils ont attrapé ça lors de leur passage au MegaOctet ou si c’est inné, ou encore construit patiemment dans la durée, cette sorte de décalage impertinent, dans un corps plutôt surdoué pour les compétences qui nous intéressent ici. Celui dont on parle c’est le cornettiste Médéric Collignon, peut être que certains se souviennent de son incroyable « A La Recherche Du Roi Frippé », qui a laissé quelques traces.

Dix minutes intenses encore, pas une seconde de répit et voilà qu’arrive le troisième invité, sinon fantasque du moins fantastique, c’est le guitariste Nguyên Lê, avec sa guitare électrique, qui va nous faire rêver. Les sons s’étirent en nappes, un duo s’installe entre le soliste et l’octet, voici « Just a beginning » qui monte en densité pendant dix minutes encore, le temps de partir assez loin, de s’échapper, de se barrer hors de portée, histoire de larguer son enveloppe quelques minutes et de bien respirer un coup !

Et puis il y a l’autre, « Go down swinging », qui revient, Thomas de Pouquery qui chante, autrefois il le faisait avec la grosse voix, mais désormais il va chercher les sons là-haut, du côté des oiseaux, fini de grogner avec les ours, il le fait bien, il faut dire qu’il y a le grand sorcier derrière.

Andy Emler, pianiste et compositeur, organisateur en chef, quelle âme ici, quel souffle, ils sont tous exceptionnels, Laurent Blondiau, Philippe Sellam, Guillaume Oeti, Laurent Dehors, Eric Echampard, Claude Tchamitchian, François Thuillier et François Verly.

Attention, ne partez pas trop vite, au fond à droite il y a une chanson cachée…

E total


Les Ions Sauvages


Just a Beginning


Go Down Swinging
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 20 mai 2022 03:27

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Pharoah Sanders – Welcome To Love (1991)

Pour situer clairement l’album il suffit de lire le sous-titre de la pochette : « Pharoah Sanders Plays Beautiful Ballads ». En effet nous voici confrontés à soixante-dix minutes de ballades qui s’enchaînent. A sa façon, Pharoah s’inscrit pieusement dans les pas de John Coltrane, qui avait sorti, en mille neuf cent soixante-trois, le fameux « Ballads », sur Impulse, avec son célèbre quartet.

Je dois reconnaître, qu’avec « John Coltrane And Johnny Hartman », ce sont les deux albums que j’ai le moins écoutés de sa période des années soixante. Il est également intéressant de constater que Pharoah ouvre avec « You Don’t Know What Love Is » qui figure également sur le « Ballads » de son illustre prédécesseur, une façon de mettre son pas dans celui du géant.

On se souvient également d’Archie Shepp, grand interprète des standards qui a également sorti, en soixante-dix-sept, un album dans cette veine, « Ballads For Trane », ainsi que « Black Ballads » en quatre-vingt-douze, mais pour tout dire, les ballades débordent dans son répertoire, il faut dire qu’il les interprète comme personne, avec un cœur « gros comme ça ».

Remarquons cependant qu’en ce qui concerne Pharoah, c’est un peu à contre-emploi, disons qu’on ne l’attend pas sur ce créneau, lui tant aimé quand il bouge et vocifère, grand dévoreur d’énergie, de grelots et de clochettes, de percus, de chants tribaux et de danses occultes. Mais il y a une heure pour tout, même pour ce qui se tient dans le registre du sentimental, ma foi, profitons !

Avec ce répertoire ancien et ces classiques souvent nés à Broadway, dans des comédies musicales à l’eau de rose, Pharoah se souvient de ses débuts de saxophoniste, lors de sa formation. Il y a plein de nostalgie ici, ainsi que de bons sentiments qui débordent, les interprétations sont vraiment parfaites, avec une réelle ferveur, sans le moindre recul, ni de pas de côté. Et c’est très bien ainsi.

L’enregistrement s’est déroulé au Studio Gimmick, à Yerres, en France, pendant trois jours, au milieu du mois de juillet mille neuf cent quatre-vingt-dix. Pharoah joue du ténor mais aussi du soprano, il est accompagné par William Henderson au piano, Stafford James à la basse et Eccleston W. Wainwright à la batterie.

Il est à noter que selon les éditions les pièces sont différentes, ainsi, sur celle que j’écoute, chez Timeless Records, « Moonlight In Vermont » ne figure pas, mais il y a « Soul Eyes » de Mal Waldron, « Lament » et « The Bird Song » de Pharoah, en solo pendant près de sept minutes, un plaisir rare et précieux.

You Don't Know What Love Is


Pharoah Sanders - My One and Only Love


Soul Eyes


Lament
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 21 mai 2022 02:19

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Daunik Lazro, Jouk Minor, Thierry Madiot, David Chiesa, Louis-Michel Marion – Sonoris Causa (2022)

Une édition de 500 copies pour ce Cd, sur le label NoBusiness Records, dont la base est située en Lituanie. Ils ont réussi à déterrer cet enregistrement on ne sait trop comment. C’est un concert donné le trente et un mai deux mille trois au festival « Musique Action » à Vandoeuvre, chez nous donc.

En lisant les noms des musiciens j’ai su qu’il me le fallait, pour Daunik Lazro que j’admire, mais surtout pour Jouk Minor, presque jamais enregistré, mais salué, par tous ceux qui l’ont côtoyé, comme un grand musicien. Sa discographie est squelettique, j’ai la chance d’avoir « Candles Of Vision », ce qui fait qu’avec celui-ci je possède les deux tiers de son œuvre en tant que coleader, sauf erreur de ma part, ajoutons sa participation à l’album « Esprits De Sel » du groupe Armonicord.

Je ne connais pas les autres musiciens, mais ce qui est sûr c’est que nous sommes conviés à de l’étonnant et à de l’inédit, rien que la lecture des instruments pratiqués jette le trouble dans mon imagination, alors énumérons. Daunik Lazro au saxophone bariton, c’est un expert, Jouk Minor au sarrussophone contrebasse appelé également contrebasson, Thierry Madiot au trombone basse avec tubes télescopiques et David Chiésa et Louis-Michel Marion aux contrebasses.

La surprise tient dans le registre des instruments, tous situés dans les sonorités graves, il y a quelque chose de pachydermique ici, des gros sons plutôt lents, qui avancent avec lourdeur et majesté, comme privés de vol et de vélocité, condamnés au sol et au terrien, à s’ancrer ou à arpenter le dur avec lenteur.

Ne pensez pas qu’il n’y a pas de solos, car ils sont bien là, patauds et fascinants, des impros ? Essentiellement même, car l’unique pièce, « Sonoris Causa », divisée en trois parties artificiellement sur le Cd, était constituée d’un seul bloc lorsqu’elle fut jouée, lors de ce concert. Soixante-six minutes de musique improvisée dans l’instant, les deux contrebasses paraissent stridentes parfois, quand on les chatouille dans les aigus, mais le plus souvent elles grattent, frottent et grincent dans les graves, comme pour se fondre dans la masse.

Alors le plaisir se cachant souvent dans la découverte, nous avons notre dose ici, cuivres et anches se mélangent sans pour autant se confondre, il est donc aisé de saisir chaque discours, d’en apprécier le lyrisme et la nouveauté et de vibrer au son du sarrussophone contrebasse ou d’osciller à celui du trombone basse, le bariton qui nous étonne d’habitude semble presque familier dans cet aréopage.

Réservé aux amateurs de sensations nouvelles et inédites et à ceux qui vont dans le grand huit, dans les parcs d’attraction.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 21 mai 2022 09:25

Bien que n'ayant ni volets et ni rambardes à repeindre, je ravale un peu la façade de ce fil en remettant les images disparues, j'en suis à la page 71 et je suis donc passé par ce "Boyé" qui avait été présenté en trois fois, je les réunis donc ici...
Douglas a écrit :
mar. 30 mars 2021 06:45
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Julius Hemphill ‎– The Boyé Multi-National Crusade For Harmony (Archival Recordings (1977-2007))

Voici un coffret très attendu par les amateurs de Julius Hemphill « The Boyé Multi-National Crusade for Harmony » un gros pavé de 7 cds gorgés de bon son. C’est le label New-Yorkais « New World Records » qui s’est trouvé en charge de la réalisation. Les cds sont rangés chacun dans une petite pochette cartonnée en compagnie d’un assez gros livret, bien protégés par la Box en carton épais.

Elle attend devant moi depuis plus de quinze jours, patiemment, comme un défi à mon écriture quotidienne, il faut dire que les cds sont bien pleins, entre soixante et une et soixante-quinze minutes. Voici comment le programme se présente, je vais devoir m’y consacrer en plusieurs étapes :

Disc 1: The Boyé Multi-National Crusade for Harmony I [74:20]
Disc 2: The Julius Hemphill/Abdul Wadud Duo [60:51]
Disc 3: The Janus Company [73:47]
Disc 4: Chamber Music [63:32]
Disc 5: Roi Boyé Solo and Text [75:01]
Disc 6: The Boyé Multi-National Crusade for Harmony II [65:07]
Disc 7: Live At Joyous Lake [66:44]

C’est le saxophoniste et ami de Julius, « Marty Ehrlich » qui a fouillé dans les archives du saxophoniste pour extraire la matière sonore de cette sélection.

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Julius Hemphill ‎– The Boyé Multi-National Crusade For Harmony 1

Le premier cd s’ouvre à Toulouse le 6 décembre 1980 avec le quartet de Julius à l’alto et au ténor, Olu Dara à la trompette, Abdul Wadud au violoncelle et Warren Smith à la batterie. On entend un très léger souffle lointain qui disparaît très vite quand on plonge dans la musique. Pas loin de cinquante minutes s’écoulent dans la ville rose. C’est l’époque de l’enregistrement, avec la même formation, de « Flat-Out Jump Suite » à Milan, sur Bkack Saint records, le label Italien.

Des improvisations donc, on connaît le jeu d’Abdul Wadud au violoncelle, tout en couleur, pointillisme et nuances délicates. Il aime jouer avec les silences, en soliste, le soutien rythmique n’est que lointain, en accord avec le jeu de Warren Smith à la batterie lui aussi très coloriste, dessinant des espaces en se libérant du simple tempo. Olu Dara et Julius Hemphill se glissent dans ce cadre très aéré pour distiller des solos pleins de sérénité sur les deux premières pièces et très enlevés sur « At Harmony » qui éclate de tous ses feux, un concert qui laissera de bons souvenirs aux personnes présentes.

La pièce suivante date de novembre 79 et a été enregistrée à Washington DC, Julius est entouré de Baikida Carroll à la trompette, Jehri Riley à la guitare et Philip Wilson à la batterie, ils interprètent « Air Rings », un très chouette morceau très aérien, comme le suggère le titre, où Carroll et Riley assurent merveilleusement bien. Vraiment superbe !

La dernière pièce « Dimples: Fat Lady On Parade » est enregistrée en quintet à Los Angeles avec Jon Carter à la clarinette qui s’illustre en trouvant une petite place entre les deux autres souffleurs, une pièce improvisée très lyrique où un dialogue fécond s’instaure.

At Harmony


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Julius Hemphill ‎– The Boyé Multi-National Crusade For Harmony 2

Le second Cd est entièrement consacré au duo Julius Hemphill et Abdul Wadud sur leurs instruments respectifs. Il n’y a aucune indication de lieu ou de date, par contre la qualité sonore est absolument parfaite cette fois-ci pendant la plus grande partie de l’album, un léger souffle vers la fin, six titres sont joués et le niveau de qualité monte en même temps que la définition sonore.
Difficile de ne pas se sentir embarqué dès les premières notes. Je vous avais déjà présenté le duo sur l’album « Live in New York » de 1978 en page 61 et j’avais été impressionné, bon rien ne change ici, une complémentarité extraordinaire pour un nouveau répertoire encore plus dense. Un album remarquable.

Julius Hemphill: Rhapsody


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Julius Hemphill ‎– The Boyé Multi-National Crusade For Harmony 3

Le troisième album est consacré à « The Janus Company », c’est-à-dire à Julius Hemphill, Baikida Carroll et Alex Cline à la batterie. Les deux premiers titres sont enregistrés au studio 28, à New York en décembre soixante-dix-sept. « Opener » qui ouvre l’album est un titre néo-bop d’une exceptionnelle virtuosité, sur-vitaminé, il éclate de toute sa classe. Le second thème « #4 » est plus ouvert et en grande partie improvisée, les vents se croisent tandis qu’Alex Cline commente, souligne et ponctue, en batteur de son temps.

Le troisième thème est entièrement improvisé pendant près de vingt minutes, c’est un extrait de concert provenant de Berkeley, toujours la même année. Les deux derniers titres proviennent du « Foxhole » de Philadelphie. Le trio se renforce avec la présence d’Abdul Wadud, le quatrième titre prend le nom de « Collective Improvisation », tout un programme qui s’étend sur plus de vingt-six minutes de pur free délectable et insoumis, Baikida Carroll est géant à la trompette et Julius incendiaire, Abdul n’est pas le dernier à attiser la braise. L’album se termine sur l’excellent « Dogon A.D. »

#4


Opener


Dogon A.D.

(à suivre)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 21 mai 2022 09:26

Douglas a écrit :
jeu. 1 avr. 2021 02:09
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Vers la fin des années quatre-vingts Julius Hemphill a été invité à composer pour des interprètes de la musique dite classique, ce qui lui donna l’opportunité d’écrire une œuvre pour piano, « Parchment » en 88, interprétée par Ursula Oppens, ainsi qu’une œuvre pour quartet à cordes en trois parties « Mingus Gold », la même année, commissionnée par le Kronos Quartet et interprétée ici par le Daedalus String Quartet.

JULIUS HEMPHILL: Better Get Hit in Your Soul


Mingus Gold: Nostalgia in Times Square


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Julius Hemphill ‎– The Boyé Multi-National Crusade For Harmony 4

Tout cela figure sur le volume 4, fort opportunément appelé « Chamber Music ». Les deux morceaux qui terminent l’album datent de 81 et n’ont pas de titre, d’où l’appellation « Unknow Title ». C’est Julius qui conduit la formation formée d’anches et de cuivres, on y reconnaît John Purcell, Marty Ehrlich, Janet Grice, Bruce Purse et Ray Anderson.

Unknown Title No. 1


On baigne dans une atmosphère très musique contemporaine avec hautbois, basson et tuba pour les couleurs les plus exotiques et différents saxophones et clarinettes, trombone et trompette pour les plus usités. Même si des surprises sont au rendez-vous ces deux longues pièces ne sont pas sans intérêt, particulièrement quand l’interprétation gagne en expressivité au fur et à mesure de l’avancée dans la très longue première pièce. La seconde organise un travail sur les timbres et l’intensité, l’interprétation y est très technique avec une approche qui convient bien aux musiciens de jazz.

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Julius Hemphill ‎– The Boyé Multi-National Crusade For Harmony 5

Le cinquième volume du coffret se nomme donc « Roi Boyé Solo And Text ». On y trouve principalement Julius Hemphill en solo dans différents contextes. Tout d’abord une simple pièce, « Trills », un solo d’environ cinq minutes au soprano. Puis une suite en huit mouvements « Unfiltered Dreams » où Julius joue de la flûte, du sax alto et soprano. Il accompagne un récitant K. Curtis, poète, qui clame ses vers. L’œuvre est importante, elle dépasse les quarante et une minutes, ces deux-là se connaissent bien et entretiennent une amitié depuis la fin des années soixante. On retient la ferveur très particulière qui parcourt la suite, les accents gospel qui élèvent la déclamation et la haute tenue de l’ensemble.

Unfiltered Dreams: Change My Clothes


Unfiltered Dreams: Wade in the Water


Unfiltered Dreams: Rapture Is the Rupture We Are Looking for


L’album se poursuit avec une autre suite « Soweto 1976 : A suite in Five Voices » qui marque une collaboration entre Julius Hemphill et Malinké Elliott. Ce dernier est à la fois acteur et dramaturge, il est également directeur du « Black Artists Group’s Theater Program. Ici il est le récitant. La suite est également traversée par des percussions.

Soweto 1976: A Suite in Five Voices, Part III: The Hipster


L’album se termine sur un dernier solo de saxophone soprano accompagné d’enregistrements de cloches. Globalement un volume qui balance entre austérité et recueillement. Sans doute que le vol.4 et le vol.5 sont les deux moins faciles d'accès.

Solo Soprano Saxophone with “Bells” recording
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 21 mai 2022 09:27

Douglas a écrit :
sam. 3 avr. 2021 03:38
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Le volume six marque le retour vers « The Boyé Multi-National Crusade For Harmony ». Il débute avec deux enregistrements live de décembre 83 à New York. C’est le trio de Julius qui est à l’œuvre, ce dernier joue de l’alto, Abdul Wadud est au violoncelle et Michael Carvin à la batterie. Un très bon premier titre « K.C. Line », puis une version lente et intériorisée de « Testament #5 » où la douleur perce.

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Julius Hemphill ‎– The Boyé Multi-National Crusade For Harmony 6

K.C. Line


Testament #5


C’est à une date inconnue que s’est déroulée la captation sonore de la « Song Suite » en huit mouvements très courts, Julius joue de l’alto, du soprano et de la flûte, il est en duo avec Jérome Harris qui joue de la basse électrique. La prise de son est un peu éloignée et le son est assez caverneux, mais Julius est très inspiré par ces petites scénettes qui défilent bien vite.

Song Suite: Mailika


Ensuite on retrouve un quartet avec notre leader à l’alto, Jack Wilkins à la guitare, Jérome Harris à la basse et Michael Carvin à la batterie. Deux pièces enregistrées au « Lush Life Club » de New York en octobre 82, avec une qualité sonore retrouvée. Une première pièce de quinze minutes « Pigskin » d’excellente facture sur une structure post-bop vive et dynamique, avec une très bonne guitare. Puis arrive « For Billie », un hommage à Billie Holiday sur un tempo plus lent, une jolie ballade pleine de tendresse dans une ambiance club préservée…

Pigskin


For Billie (for Billie Holiday)


Pour la dernière pièce « One/Waltz/Time » voici « The Jah Band » avec Nels Cline et Alan Jaffe à la guitare, Steuart Liebig à la basse électrique et Alex Cline à La batterie. Le morceau est issu de la tournée européenne de 86 sans qu’on en sache plus sur la localisation exacte. Un chouette morceau avec de belles guitares encore et un superbe solo de Julius, très en verve.

One/Waltz/Time+


Le septième et dernier volume termine le coffret sur une excellente note. Il s’agit de l’enregistrement d’un concert de décembre 1979 au « Joyous Lake » à Woodstock. C’est toujours sous le nom de « The Boyé Multi-National Crusade For Harmony » que se rassemble un fabuleux quartet composé de Julius et de son alto avec l’historique Baikida Carroll à la trompette, Dave Holland à la basse et Jack De Johnette à la batterie et au mélodica.

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Julius Hemphill ‎– The Boyé Multi-National Crusade For Harmony 7

C’est Baikida qui a laissé traîner son magnétophone pour enregistrer ce concert. C’est un peu une réunion entre voisins en fait car aucun des musiciens présents n’habitait très loin à l’époque.

Quatre titres seulement, mais très étalés dans le temps, le titre d’ouverture « Mirrors » dépasse les vingt-sept minutes. Le morceau signé de Julius est une suite de codas, de poursuites et de solos, c’est très chaud, intense, l’enregistrement est suffisamment précis pour que chaque instrument soit très audible, ici rien ne m’ennuie, ni le solo de basse, ni celui de batterie, à l’inverse c’est très impressionnant !

Mirrors


« Dung » qui dépasse les vingt- quatre minutes prend le relais, on retrouve la cohésion sans faille de cette incroyable rythmique qui, parfois, n’en a plus que le nom, s’échappant du strict tempo et ne le marquant qu’à l’occasion, pourtant le balancement est là, impeccable, Dave Holland est celui autour de qui tout gravite, tout tourne et tout tombe, comme dans une constellation.

Julius est à l’ouvrage, élevé par ce duo magnifique il plane et souffle sans interruption, poussé par la machine qui s’affole, Jack De Johnette ne lui laisse aucun répit, s’en sortira-t-il indemne ? A la onzième minute Baïkida Carroll le rejoint puis prend le relais, on lui offre un tempo régulier, un truc solide sur lequel il peut asseoir les bases, enfin pendant deux minutes, parce qu’après le trompettiste s’affole et c’est lui qui tire l’ensemble… La suite prouva, à ceux qui l’ignoraient, que Dave Holland, à la basse, est tout simplement l’un des plus grands.

Dung


Après la présentation des musiciens voici venu l’heure de clore ce coffret, 7 Cds bien pleins avec des hauts très hauts, c’est « Would Boogie » qui sera la dernière œuvre jouée ici, puis un petit « au revoir », après huit heures d’écoute intense passées en compagnie de Julius Hemphill qui nous quitta en quatre-vingt-quinze à l’âge de cinquante-sept ans, nous laissant une œuvre passionnante à découvrir et à re-découvrir…

Would Boogie
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 22 mai 2022 02:45

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Claude Tchamitchian Quintet – Ways Out (2022)

Claude Tchamitchian est né en 1960 dans une famille de musiciens, devenu bassiste il s’intègre dans le milieu du jazz français et joue avec Gérard Marais, Jacques Di Donato, Antoine Hervé, François Corneloup, Raymond Bony, Marc Ducret, Jimmy Giuffre, Joe McPhee ou Jacques Thollot auquel il rend hommage ici sur « The useless Fights Of The Broken Poet », et bien d’autres musiciens évidemment mais ceux-ci sont parmi ceux qui me parlent le plus.

Le musicien est extrêmement talentueux, il est également compositeur des cinq pièces ici, dont trois sont des suites. Il est accompagné par Daniel Erdmann au sax ténor et soprano, Régis Huby au violon, Rémi Charmasson à la guitare et Christophe Marguet à la batterie. Chacun d’entre eux est chevronné et réputé. L’association basse, guitare et violon fait pencher la musique côté cordes, ce qui est souvent propice aux reflets impressionnistes, aux teintes pastels, mais ce n’est qu’une face ici.

Il y a également ce souffle jazz assez vigoureux qui peut figurer la tempête, le retour au rythme impétueux et les envolées d’Erdmann qui vont loin quand ça pousse à l’arrière. Mais on revient assez vite vers des phases plus contemplatives, parfois presque romantiques, bien qu’une certaine gravité se fasse également sentir en même temps qu’un certain lyrisme, car ici la musique bascule vite d’un bord à l’autre, avec évidence et nécessité.

Il y a également un beau tribute envers Charles Mingus, d’une dizaine de minutes, « Healthy Rage » qui campe au milieu du Cd, rien de surprenant à cet hommage envers cette figure tutélaire de la basse. La partie introductive est toute en douceur et légère tension, la seconde plus accrocheuse, avec des relances, à la façon du grand Charles, quoi. Inévitablement montées et ruptures s’enchaînent, la musique bouge et ne cesse de créer ce mouvement de flux et de reflux qui semble la marque de cet album.

Ce « coitus interruptus » figé en principe est facteur de nombreuses tensions, montées extatiques et haletantes, ruptures brusques créant l’envie, et nouvelles montées sur un rythme différent parcourant des chemins de traverse, que le soliste du moment, souvent l’immense Daniel Erdmann saura magnifier au mieux.

Vraiment un bel album, qui risque même l’électricité sur la seconde partie de « The Useless Fights Of The Broken Poet », faisant très brièvement renaître le Mahavisnu Orchestra, dans un court mélange guitare et violon, car rien ne s’interdit ici, avant un retour au calme moins épique.

The Useless Fights Of The Broken Poet part1
07. Piste 07.mp3
(15.83 Mio) Téléchargé 43 fois
The Useless Fights Of The Broken Poet part2
08. Partie 2.mp3
(22.37 Mio) Téléchargé 47 fois
Côté extrait je n'ai rien trouvé, mais voici le quintet jouant des pièces qui ne font pas partie de l'album:

[EXTRAIT - ACT'ART ALIVE ] Claude Tchamitchian Quintet - Ways Out au Théâtre Luxembourg, Meaux
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 22 mai 2022 17:20

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Ghédalia Tazartès – Gospel Et Le Râteau (2022)

Si on oublie le dernier titre, l’inoubliable « Supplément Aux Lettres De Rodez » d’Antonin Artaud, qui conclut cet album, un seul titre dépasse les trois minutes. Ils sont donc dix-sept à se succéder les uns derrière les autres, tous différents, souvent forts, à couler avec la vitesse et la puissance d’une avalanche dans son couloir, détruisant tout sur son passage, la beauté de ce qui vient d’être écouté, immédiatement remplacée par une nouvelle sensation forte, elle-même remplacée dans la minute…

C’est que cet album est celui du souvenir, posthume, mais pas tout à fait, car il était en préparation, quand c’est arrivé. Pourtant il est un peu maigre, question documentation, mais peut-être, et sans doute, était-il impossible de faire autrement, de faire mieux, alors on fait avec. Ce qui est sûr c’est que Ghédalia est partout, compositeur, musicien chanteur et même au mixage, étape ultime et décisive.

Outre Artaud, il y a aussi deux textes d’Emile Verhaeren, « Le Crapaud » et « Le Crapaud Dansé ». Quelques invités, sur « Histoire d’Amour » Montllo Seth Con el Morelito et sur « Trop Tard » la voix de Nathalie Richard. Mais ce qui est le point commun ici, c’est qu’il n’y a que des inédits. Ils ne sont pas classés, ni même datés, mais on nous dit qu’ils proviennent de l’entièreté de sa « carrière », tranches de vie découpées, choisies et sélectionnées. Mais on ne regrettera rien, c’est Quentin Rollet qui œuvre à cette tâche.

Pourtant ils semblent sans âge, ont toujours la même urgence et leur actualité semble hors du temps. Du coup l’album paraît si frais qu’il semble que Ghédalia soit toujours parmi nous, avec un corps qui bouge quelque part, et qu’il nous parle encore, avec ses nouveaux mots, et sa voix : elle est terrible sa voix.

Il s’en passe tant dans cette voix, pas seulement pour les mots qui sont véhiculés ou bousculés, mais aussi pour la vie et la souffrance trimbalée, cette voix puissante qui s’écorche avant le cri, comme douloureuse parfois, entre violence et souffrance, car ici il ne s’agit que d’émotion, des trucs qui percutent et qui chavirent, et qui emmènent aussi, parfois.

Les musiques de Ghédalia sont belles aussi, c’est aussi un grand dans ce domaine, il sait mieux que personne habiller les textes, leur donner chair et sang. Musique du monde, des déracinés, en un mix étrange et pourtant familier, populaire. Mais on pourrait tout aussi bien dire expérimental sans se tromper, car il n’y a pas de limite.

Osez Ghédalia.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 23 mai 2022 09:58

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Sam Rivers Trio Featuring Doug Matthews, Anthony Cole – Caldera (Avril 2022)

Après Emanation, Zenith, Ricochet, Braids et Undulation, voici venir le sixième volume des « Sam Rivers Archive Project » appelé « Caldera ». Il est issu d’un enregistrement réalisé le neuf mars deux mille deux, au « Freeport-McMoRan Theatre » de New Orleans. Ce concert a été remasterisé pour l’occasion.

Sam Rivers est en trio, apparemment amaigri sur les photos de pochette, il joue, fidèle à son habitude, du sax ténor et soprano, de la flûte et du piano. Doug Matthews joue de la contrebasse et de la basse électrique et Anthony Cole de la batterie, du piano et du sax ténor.

La pièce d’ouverture est une longue improvisation de dix-sept minutes pendant laquelle Sam Rivers et Anthony Cole échangent un long duo au piano, bien soutenus par la basse de Doug Mathews, elle se nomme tout simplement « Improvisation I » c’est la première d’une série de trois titres entièrement improvisés, la seconde pièce elle aussi se nomme de la façon la plus descriptive, « Bass Solo ».

Ces moments où il est possible de jouer avec deux pianos en même temps, sur scène, sont extrêmement rares, lors de la vie de ce trio il n’y eut qu’entre quinze ou vingt fois l’opportunité de le faire, et les musiciens se montraient enthousiastes rien qu’à l’idée de pouvoir pratiquer cet exercice.
Après le solo de basse, le troisième titre « Unity » est lui aussi l’occasion d’une autre joute, mais cette fois-ci entre les deux saxophonistes, Sam et Anthony, décidément très joueurs et prompts à dialoguer, échanger et se pousser l’un, l’autre.

Le titre suivant, « Beatrice », du prénom de l’épouse de Sam, pas si fréquemment joué que ça lors des concerts, est la pièce la plus connue du saxophoniste, pour la beauté de son thème, elle a des allures de standards et trouve un accueil très enthousiaste de la part du public qui applaudit chaleureusement. Elle est suivie de « Drum Solo », trois minutes épiques de la part d’Anthony Cole, très en verve ces soir-là. J’emploie le pluriel car les six premières pièces sont issues du premier concert et les deux dernières du second.

« Improvisation II » termine précisément les extraits provenant du premier set. Plus de onze minutes où le trio se montre éclatant, Sam à la flûte est toujours intéressant, vif et brillant sur cet instrument qu’il maîtrise depuis toutes ces longues années, la section rythmique est extrêmement bien enregistrée ici, presque en avant par rapport au leader légèrement en retrait…

« Offering » avec Sam au soprano cette fois-ci, encore un beau thème signé Rivers bien sublimé par les deux de la rythmique qui se lâchent, juste avant l’ultime morceau, « Improvisation III » de plus de dix-huit minutes, en écho à la première impro qui ouvrait le Cd de façon dantesque. Sam au piano, cette fois-ci seul, brillant au sein de ce trio, si tonique et énergisant, avant de se saisir de son ténor et d’enflammer les lieux.

Soixante -dix minutes de bon son sur cette galette assez énorme, et encore on a l’impression que tout n’est pas là, que c’est juste un concentré qui donnera lieu, plus tard à d’autres merveilles… Encore un diabolique album issu d’une série « live » d’une étonnante fraîcheur que les amateurs d’impros ne peuvent rater.

J'ai l'impression que c'est encore un peu tôt pour les extraits, ni sur bandcamp, ni sur le tube... Il y a tout de même 5 minutes à glaner ici, sur la dernière pièce:

http://www.nobusinessrecords.com/sam-ri ... ldera.html
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 24 mai 2022 02:55

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A Pride Of Lions – No Questions - No Answers (2022)

Mais qui sont donc ces lions dont on parle en mettant en avant leur fierté ? Ils sont au nombre de cinq, rassemblés ici chez « RogueArt », commençons par Joe McPhee aux saxophones alto, soprano, ainsi qu’à la trompette de poche, Daunik Lazro aux saxophones ténor et baryton, Joshua Abrams à la contrebasse et au guembri, Guillaume Séguron à la contrebasse et Chad Taylor à la batterie et au mbira.

Autant de noms dont on a souvent parlé, ce sont tous d’éminents représentants de la musique improvisée, tout juste remarquerons-nous Guillaume Séguron qui est sans doute le moins connu ici, mais sa discographie s’étoffe tout doucement. C’est d’ailleurs la présence de ceux bassistes qui peut surprendre, l’un jouant à droite et l’autre au centre gauche, probablement Joshua Abrams, qui fondent à trois, avec Chad Taylor, une diablerie rythmique d’enfer, du velours pour les solistes qui n’ont plus qu’à s’appuyer sur ce doux trampoline moelleux et rebondissant.

La première pièce est la plus longue, « An Unanswered Question » qui dépasse les trente-quatre minutes, elle est extrêmement agréable à écouter, en premier lieu grâce à ce support rythmique et en second lieu pour l’art des solistes, choyés ici, qui régalent vraiment. Joe et Daunik, une paire miraculeuse ! A la fin de la pièce, le son du Mbira se fait entendre…

Sur la seconde pièce, « An Unquestioned Answer », Joshua Abrams joue avec son archet et Séguron pizzicato, le dialogue s’installe entre les deux, tandis que Chad colorise et commente tout doux. Les soufflants se font lyriques et resurgit du lointain passé l’ombre d’Ayler, qui hante toute la pièce, celle-ci contient même une citation de « Spirits ». Ainsi font l’hommage, les plus grands de ce jazz-là, quand ils se rencontrent et jouent ensemble, fiers comme des lions.

La troisième et dernière pièce est aussi la plus courte, « Enough », car c’est assez, McPhee à l’avant et la rythmique derrière, après la coda, qui va et vient, avec Daunik qui fait écho puis se lance en second, perché dans les aigus, magnifique et lyrique, encore et encore. Et toutes ces questions sans réponses, et toutes ces réponses indiscutables…

Un enregistrement live qui provient d’une prestation au festival international de Saalfelden en Autriche, qui se déroula le vingt-cinq août 2018. Cinq qui sont bien ensemble et magnifient le jazz, comme toujours sur RogueArt, le label qui ne se corrompt jamais…

https://roguart.com/product/no-questions-no-answers/191
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Message par Douglas » mer. 25 mai 2022 02:29

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Brave New World Trio with David Murray, Brad Jones, Hamid Drake – Seriana Promethea (2022)

Vraiment tout frais celui-ci, à peine sorti de l’œuf. Trois immenses musiciens rassemblés ici, David Murray au saxophone ténor et à la clarinette basse, Brad Jones à la basse et Hamid Drake à la batterie. Deux vétérans et un plus jeune que l’on connaît déjà bien, Brad Jones fait partie également du « James Brandon Lewis Quartet », un monstre sur son instrument !

L’album a été enregistré le vingt-sept novembre 2001 au « Hardstudios Winterthur » pour Intakt Records, le label suisse de Zürich, un élégant digipack avec un petit livret à l’intérieur. Toutes les compositions, récentes ou plus anciennes sont signées de David Murray.

Avec de tels musiciens l’absence de piano ne se fait pas sentir et on se replonge dans les références anciennes, notamment celle de Sonny Rollins lors de son passage au village Vanguard au milieu de la période bop. Non pas qu’il y ait une similarité de répertoire ou même de style, bien que David cousine avec son phrasé, mais de ce côté-là se trouvent les racines, car rien n’évoque le free ici.

C’est un album de l’essentiel, du brut et de l’efficace. Des mélodies, des thèmes, des structures classiques, une sorte de récital à l’ancienne avec rondeur, grâce et un swing redoutable. Comme une démonstration ou un examen de passage, l’air de dire : « Alors, vous voyez qu’on sait le faire aussi ? ».

Je repense à ces moments où David partageait la scène avec le vieux Shepp, qui arrachait des larmes à tout le monde, uniquement en jouant l’essentiel, comme s’il avait fallu une vie, pour se dépouiller du superflu et se sentir capable de ne restituer que le vital, ce qui est soi.

Quand j’écoute ce magnifique album, je me dis qu’ils sont sur la voie, les trois-là. Peut-être pourrait-on objecter que cette perfection est trop lisse, qu’elle manque d’audace, de glissement, de cri même, c’est un reproche que l’on peut faire en effet, et qui est même fondé.

Mais c’est un choix assumé, le désir aussi de s’adresser à un plus vaste public sans jamais prostituer son art, en choisissant le pari du respect et de la qualité, c’est pourquoi je recommande vivement l’album particulièrement à ceux dont les goûts penchent du côté de la tradition « Blue Note », qui pourraient trouver une sorte de « Graal » de ce côté.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 26 mai 2022 01:41

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Michel Portal – Musiques De Cinémas (1995)

Cet album met en évidence une part restée dans l’ombre dans l’œuvre de Michel Portal, celle des musiques de film, et même le générique d’une émission culte de la télé d’alors, le fameux « Droit de Réponse » de Michel Polac. Beaucoup de musiciens défilent tout au long de cet album, certains jouent sur plusieurs pièces mais c’est plutôt l’exception.

Pourtant il me semble bien que l’enregistrement de ces morceaux soit produit spécifiquement pour cet album, en effet elles semblent toutes réinterprétées en vue de cette publication. Malheureusement il y a très peu de renseignements sur le Cd, du coup je spécule un peu, mais ce n’est pas là l’essentiel.

Ces œuvres pour le cinéma sont très à part, le jazz n’est qu’un ingrédient de hasard ici, ce qui compte en premier c’est l’atmosphère, le feeling, la cohésion entre l’image et le son. C’est précisément ce qui fait tout l’intérêt de ces pièces qui ne sont jamais banales, toujours étonnantes, pleines de force et de caractère, Michel a le don pour saisir l’essentiel, capter l’ambiance et la restituer brillamment.

Il y a vraiment beaucoup de musiciens qui passent, je vous en lâche quelques-uns parmi les plus connus, Andy Emler au synthé, Laurent Dehors au sax, Ralph Towner et Nguyên Lê à la guitare, Mino Cinelu aux percussions, Paolo Fresu à la trompette, Aldo Romano à la batterie, Michel Benita à la contrebasse et Richard Galliano à l’accordéon.

Chaque pièce est un petit bijou parfaitement ciselé où la perfection se lit dans les détails, les accompagnements, les solis où Michel a la part du lion, tant avec la clarinette basse qu’avec son saxophone soprano.

On remarque « Docteur Petiot » avec le grand orchestre de tango dirigé par Juan José Mosalini, « Champ d’Honneur » magnifié par un magnifique solo de trompette joué par Paolo Fresu très inspiré, les deux magnifiques thèmes de « Max Mon Amour », ça marche à tous les coups, très efficace. La dernière pièce « Yvan Ivanovitch Kossiakow » consiste en un duo accordéon, saxophone, avec, inévitablement quand on connaît l'admiration réciproque, le grand Richard Galliano sur le piano du pauvre.

Michel Portal - Max mon amour #1


Michel Portal - Droit de réponse (feat. Mino Cinelu)


Docteur Petiot (feat. Juan José Mosalini)


Michel Portal - Champs d'honneur (feat. Paolo Fresu)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 26 mai 2022 17:57

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Heikki Sarmanto, The Serious Music Ensemble – A Boston Date (2008)

Voici un album un peu étrange, bien que sorti pour la première fois en 2008, il a bien été enregistré le lendemain d’un concert à l’Intermedia Systems de Boston en 1970. Le leader, Heikki Sarmanto, pianiste finlandais dont personne ne parle jamais, est en fait une sorte de légende maudite, qui reste l’objet d’un culte partagé par un cercle assez fermé. Cet album pourrait en être une illustration assez claire, au travers de ce Cd toujours facile à dénicher à faible prix.

Pourtant la musique est bien sympa, en soixante-dix Heikki est déjà un musicien bien confirmé, après une bonne formation classique il s’est orienté vers le jazz et joue assidûment, bien intégré alors à la scène finlandaise. Ayant réussi à percevoir une bourse de la part du « Berklee College of Music » de Boston, il s’installe aux States, et c’est là qu’il enregistre cet album, édité uniquement en 2008 chez « Porter Records ».

Il forme ce quintet, « The Serious Music Ensemble », dont il est le pianiste, un autre finlandais de passage, son ami Juhani Aaltonen est au saxophone, Craig Herndon est à la batterie, Lance Gunderson à la guitare et, peut-être le plus connu du lot, le bassiste tchèque George Mraz, échappant par cet exil au printemps de Prague de 1969.

La musique est libre, free, sans excès ni débordement, parfois elle prend la forme d’une sorte de « free folk » apaisé, mais elle s’exprime également sur tempos vifs, particulièrement bien emmenée par l’excellent Juhani Aaltonen qui décoiffe bien, sensible au sentiment de liberté qui souffle sur l’époque, chacun de ses solis est bienvenu. Même chose pour Lance Gunderson, en verve également.

Reste à préciser que Sarmanto est l’auteur des pièces ici, l’enregistrement se déroule dans une atmosphère très détendue, pleine de moments très cool, où chacun trouve un espace, un moment pour s’exprimer.
02. A Different Kind of Smile.mp3
(17.45 Mio) Téléchargé 42 fois
05. Run.mp3
(27.17 Mio) Téléchargé 44 fois
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par ledzep56 » jeu. 26 mai 2022 18:06

Pour les amateurs de jazz Et les autres - ce soir la TV - sans doute déjà vu mais .....


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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 27 mai 2022 13:06

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Mark Charig with Keith Tippett, Ann Winter – Pipedream (1977)

Mark Charig est un musicien anglais qui cumule trois passages brefs et remarqués au sein de mythiques groupes de rock, Soft Machine, Centipede et King Crimson, on l’entend sur « Islands », « Lizard » et « Red », pas mal quand même, il joue du cornet et de l’euphonium, l’équivalent d’un tuba ténor dans la famille des cuivres. Le voici pour une fois leader en compagnie de Keith Tippett à l’orgue, à la cithare, au piano et aux clochettes. Le troisième membre du trio est Ann Winter qui chante d’une façon très personnelle, toute en délicatesse et fragilité.

Tous ne jouent pas forcément en même temps sur les pièces, si bien que Charig se retrouve en solo sur le court « Vega » et en duo avec keith Tippett sur le titre d’ouverture « Bellaphon », sur « Pavanne » et sur « Piperdream ». Les autres pièces sont en trio.

« Bellaphon » qui frôle les seize minutes est exceptionnel, il s’ouvre au son des cloches de la « St Stephen Church de Bristol » puis on entend le son du cornet de Charig qui s’élève et résonne sur les voutes de l’église pour une expérience sonore remarquable, d’autant que keith Tippett l’accompagne avec les grands orgues, c’est éblouissant et magnifique. La magie des lieux sans doute, il faut croire que la spiritualité inhérente à l’église est inscrite dans les pierres et dans l’architecture de l’édifice, et qu’elle accompagne l’élévation du cuivre et le sublime, l’entrée en matière est véritablement exceptionnelle.

Je passe directement à la cinquième pièce, « Pavanne » où se retrouve notre duo pour ce qui pourrait être la meilleure pièce ici. Un moment rare où orgue et cornet communient en une sorte de duo amoureux qui se cherche d’abord, avant de se trouver puis de communier. L’échange prend les accents de la musique ibère, mimant une danse à deux à la fois tendre et passionnée, forte et expressive.

La musique à trois est moins charnelle et moins démonstrative, plus pudique et plus retenue, un peu décharnée, laissant sa place au vide et au silence, pour autant son ressort est plus dramatique, plus mystérieux. « Ode To The Ghost Of An Improvised Past » est l’emblème de ce nouveau visage pour ce trio où Keith Tippett joue de la cithare et parfois du piano.

Le chant d’Ann Winter est remarquable, elle vocalise en poussant de petits cris auxquels réponds, grave, la voix de Keith. Une tension habite très vite la pièce, l’euphonium ajoute sa couleur chaude et ambrée. On retrouve le trio sur « Pipedream », le morceau titre, et surtout sur la dernière pièce, « The Trio Gets Lost In The Magic Forest », avec de superbes impros, qui ne figurait pas sur le vinyle original, et qui a été ajouté lors de la réédition sur « Ogun ».

Un bel album, très personnel, qui fait honneur à Mark Charig un musicien qui mérite l’intérêt que ses confrères lui ont porté, il a continué sa carrière musicale au sein du « Brotherhood Of Breath » et du « Jazz Composers Orchestra ».

En écoute ici:

https://markcharig.bandcamp.com/
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 28 mai 2022 05:29

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Noël Akchoté – Loving Highsmith (mars 2022)

Pour tous ceux qui connaissent et écoutent Noël Akchoté il se peut que ce disque surprenne car il n’est ni très fou, ni très déraisonnable, ni exagérément épris de liberté et de risques, bien que de temps en temps ça glisse un peu quand même, on ne se refait pas…

C’est un énorme pavé sorti sur « Ayler Records », le label qui n’en finit pas de mourir, fort heureusement encore vivant et en bonne santé, car celui-ci est tout simplement énorme, par sa démesure déjà, deux Cds contenant deux heures et dix minutes de musique non-stop, et de la bonne je vous dis. Je l’ai écouté déjà deux fois, et entame un troisième petit tour, c’est extrêmement plaisant et même addictif, l’impression de redécouvrir chaque morceau à chaque écoute, comme si l’album était un « tout » pour auditeur glouton et insatiable.

Mais reprenons tout ça dans l’ordre en commençant par Noël, le fou à la guitare. Sa production est énorme et pour ce que j’en connais c’est souvent très free, propre à désarçonner le non-habitué, c’est peut-être pour ça que je ne vous en parle pas trop, mais c’est un as de son instrument, la guitare à laquelle il se dévoue entièrement et qu’il connaît mieux que personne, vu qu’il en sort des sons, des impros et des compos à désarçonner Derek Bailey lui-même.

Ceci posé, voici l’objet de son travail, une B.O. consacrée au fim de la cinéaste Eva Vitija qui se nomme tout simplement « Loving Highsmith ». La romancière Patricia Highsmith est en effet le sujet de ce film qui se consacre à sa vie personnelle et sentimentale, je ne suis pas trop cinéphile et ne suis pas trop enclin à aller voir ce genre de film, mais qu’importe, l’écrivaine est de qualité et son œuvre très estimable. C’est aussi l’occasion de découvrir une magnifique pochette avec de nombreuses photos pleine de vie et de bonheur.

J’en arrive seulement maintenant à l’essentiel, Noël est accompagné sur le premier Cd par Mary Halvorson, c’est donc à une réunion de deux guitares à laquelle nous sommes conviés. Les treize premiers titres sont issus de la musique du film et les treize autres de la session d’enregistrement, l’occasion ici d’écouter quelques reprises et quelques standards. C’est juste magique, hein !

Sur l’autre Cd le premier titre est l’occasion d’un trio, Mary, Noël et Bill Frisell qui interprètent « Death is Only A dream », le titre nous plonge bien dans l’ambiance… Bill est en effet l’invité de Noël sur ce second Cd qui contient onze pièces issues du film, quatre pièces alternatives souvent plus longues que celles qui ont été sélectionnées, et sept autres pièces enregistrées lors de cette session. Juste magique aussi, j’aime beaucoup Bill Frisell qui se montre capable de jouer avec n’importe qui tout en restant toujours lui-même, un grand maître vraiment.

Si vous aimez les guitares ne vous privez pas de ce régal, d’autant que ça aidera le petit label français à tenir le coup et à poursuivre son œuvre salutaire.

Death Is Only a Dream


Fraise


Vu


Pluvier
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Algernon » sam. 28 mai 2022 17:01

Douglas a écrit :
mer. 20 avr. 2022 03:39
...
Je vous livre les noms des invités, à part Gregory Porter, Esperanza Spalding, bassiste et chanteuse, et Me'Shell NdegéOcello, bassiste et chanteuse également, ils ne me parlent pas trop, bien qu’il y ait des transfuges de « De la Soul » et de « A Tribe Called Quest ». Ainsi, il y a Amir Sulaiman, Killer Mike+BJ The Chicago Kid+Big KRIT, D Smoke +Tiffany Gouché, Q-Tip, Yebba, HER, Lala Hathaway+Common, Musiq Soulchild+Posdnuos, Ledisi, Ant Clemons, jennifer Hudson et PJ Morton+India Arie.
J’imagine que ces noms peuvent parler à d’autres et évoquer un souvenir ou une référence connue. Bien que Robert Glasper soit connu en tant que pianiste, ce n’est ici qu’accessoire, pourtant il maîtrise les claviers à la perfection, c’est plutôt son charisme et ses talents de concepteurs et d’organisateur de projet qui sont à l’œuvre ici. Le format qui règne ici est celui de la chanson, exclusivement. Ne pas s’attendre à un rap échevelé, c’est plutôt ballades sucrées autour de la piscine, mais c’est bien fait.
Le titre phare « Black Superhero » est la marque d’un certain engagement, ainsi que « In Tune » qui ouvre l’album. « Why We Speak » est chanté par Esperanza Spalding en grande partie en français.
...
Esperanza Spalding, j'avais lu le nom une fois, deux maxi, sans connaître l'artiste.
Je suis tombé sur cette vidéo cette semaine. Je dois dire que j'étais sous le charme.

Je ne suis pas trop vieux pour ces conneries.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 28 mai 2022 17:13

Algernon a écrit :
sam. 28 mai 2022 17:01
Douglas a écrit :
mer. 20 avr. 2022 03:39
...
Je vous livre les noms des invités, à part Gregory Porter, Esperanza Spalding, bassiste et chanteuse, et Me'Shell NdegéOcello, bassiste et chanteuse également, ils ne me parlent pas trop, bien qu’il y ait des transfuges de « De la Soul » et de « A Tribe Called Quest ». Ainsi, il y a Amir Sulaiman, Killer Mike+BJ The Chicago Kid+Big KRIT, D Smoke +Tiffany Gouché, Q-Tip, Yebba, HER, Lala Hathaway+Common, Musiq Soulchild+Posdnuos, Ledisi, Ant Clemons, jennifer Hudson et PJ Morton+India Arie.
J’imagine que ces noms peuvent parler à d’autres et évoquer un souvenir ou une référence connue. Bien que Robert Glasper soit connu en tant que pianiste, ce n’est ici qu’accessoire, pourtant il maîtrise les claviers à la perfection, c’est plutôt son charisme et ses talents de concepteurs et d’organisateur de projet qui sont à l’œuvre ici. Le format qui règne ici est celui de la chanson, exclusivement. Ne pas s’attendre à un rap échevelé, c’est plutôt ballades sucrées autour de la piscine, mais c’est bien fait.
Le titre phare « Black Superhero » est la marque d’un certain engagement, ainsi que « In Tune » qui ouvre l’album. « Why We Speak » est chanté par Esperanza Spalding en grande partie en français.
...
Esperanza Spalding, j'avais lu le nom une fois, deux maxi, sans connaître l'artiste.
Je suis tombé sur cette vidéo cette semaine. Je dois dire que j'étais sous le charme.

Elle a beaucoup de talent en tant que chanteuse et bassiste, elle a joué assez longtemps avec Jack DeJohnette me semble t-il.
Je l'ai vu sur pas mal de concerts sur Mezzo où elle excellait.
J'ai un album d'elle, hélas ce n'est pas le meilleur et je ne le recommande pas c'est "Emily's D+Evolution ".
Du coup je n'ai rien à te conseiller, mais elle a certainement fait mieux (à mon goût).
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 29 mai 2022 03:18

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Fareed Haque – Trance Hypothesis (2013)

Fareed Haque est un guitariste du genre virtuose, professeur également, il est passé par la guitare classique et bien sûr par la guitare jazz. Sa différence il la construit en assumant son héritage musical parental, son père est pakistanais et sa mère est chilienne, il s’ouvre également aux musiques sud-américaines et surtout indiennes et orientales.

A l’écoute il faut également ajouter une très forte influence jazz, on pense fréquemment à Jimmy Smith mais aussi aux musiques funk, peut-être que toutes ces influences mélangées et entendues ici semblent à la fois nombreuses et peut-être même antinomiques, pourtant c’est bien de ce creuset que naît « Hypothesis ».

Pour être franc je ne pense pas qu’il y ait un véritable projet derrière tout ça, une conviction à défendre ou même un combat à mener. Il s’agit plutôt d’une musique - plaisir, de la joie et de la bonne humeur, une musique faite pour plaire qui trouve sa justification, d’une certaine manière, dans l’écho qu’elle reçoit.

Pour autant elle est de qualité, ne sombre pas dans la facilité, bien au contraire, bien que pleine de rondeurs, elle développe de grandes qualités techniques et ses airs voyageurs sont parfois audacieux, mais toujours avisés. Ainsi la rythmique est parfois électronique, la guitare devient sitar, la basse, électrique, et l’orgue foutrement jazz !

Au milieu de cette fusion, de la musique hindoustani et du funk jazz, rien d’étonnant, finalement à ce que surgisse au milieu de l’album la « Gnossienne 1 » d’Eric Satie dans une version plutôt réussie d’ailleurs, car ici tout est possible.

Pas mal de titres semblent pouvoir concentrer des qualités « tubesques, comme « Mellow Mood » qui ouvre l’album, « Poonjob In Penjab », « Trance Hypothesis », « In The BollyHood » ou encore « Down To The Root » qui le fait bien. Sur Delmark Records.

Mellow Mood


Chitlins 'N' Chutney


Poonjob in the Punjab


Gnossienne 1
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