MANASSAS (Bio)

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alcat01
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MANASSAS (Bio)

Message par alcat01 » sam. 14 mars 2020 20:29

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Manassas ou plutôt Stephen Stills & Manassas fut le nom d'un groupe éphémère créé par Stills, ancien leader du Buffalo Springfield et l'une des figures légendaires de Crosby, Stills & Nash avec ou sans Neil Young, dans lequel il incorpora son vieil ami Chris Hillman, ancien membre de The Byrds, alors en tournée avec son groupe du moment, The Flying Burrito Brothers.
Stills fonda ce groupe dans lequel il étala cette virtuose aptitude à passer du Folk à la Country sans en édulcorer le propos tout en faisant de larges emprunts à des styles plus traditionnels comme, par exemple, le Bluegrass.

Manassas eut juste le temps d'enregistrer deux albums, avant de disparaître, le premier intitulé "Manassas", sortit en 1972 et le second et dernier, "Down the Road", en 1973. Après la sortie de ce second opus, Stills retourna alors avec Crosby, Nash & Young et Hillman partit fonder the Souther Hillman Furay Band.
Howard Albert, l'un des ingénieurs du son des Criteria Studios, à Miami, a déclaré: "...Manassas était l’un des groupes les plus sous-estimés des années 1970. Ce double album, avec Layla d’Eric Clapton - sur lequel [Ron Albert] et moi-même avons travaillé - est le plus important...".
A propos des prouesses de ce groupe sur scène, Stills a déclaré: "...Manassas était un groupe tellement formidable. Il avait vraiment une structure et me rappelait Buffalo Springfield à son meilleur. Manassas pouvait jouer n'importe quoi...".

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Le groupe avait donc été formé à l'Automne 1971, à la suite de la tournée de concerts de Stills effectuée pour promouvoir son album "Stephen Stills 2": il s'agissait du deuxième album solo de Stills, et de son premier album achevé après la scission acrimonieuse de Crosby, Stills, Nash & Young en 1970, et il n'avait pas été bien accueilli par la critique.
L’exploit n'était, pourtant, pas évident de réunir, sous la même tunique, son ami et grand professionnel qu’est Chris Hillman (guitare, basse, mandoline, chant), le claviériste de sessions Paul Harris, le steel guitariste virtuose Texan Al Perkins, le bassiste Calvin 'Fuzzy' Samuel préalablement impliqué dans les différents projets sous Crosby, Stills & Nash, le percussionniste Joe Lala, ancien membre de Blues Image et le batteur Dallas Taylor, autre familier de la période Crosby Stills et Nash.
En effet, après une rencontre fortuite avec Hillman, alors chanteur et multi-instrumentiste de the Flying Burrito Brothers, à Cleveland, le programme de la tournée de Stills se croisait avec celui des Burritos, un groupe qui, à la fin de cette année 1971, avait subi de nombreux changements de personnel et qui était, de ce fait, en difficulté financière.
Stills y avait alors vu une opportunité de changer de direction artistique. Il avait alors contacté Hillman lui demandant, ainsi que Perkins et Berline, de le rejoindre à Miami, au Criteria Studios, pour jouer. Stills avait également invité plusieurs membres de son propre groupe en tournée (Dallas Taylor, Calvin "Fuzzy" Samuels, Paul Harris et Joe Lala) à participer à cette session.
Réunis à ce moment-là pour l'enregistrement de ce qui devait, à l'origine, être le troisième album solo en deux ans de Stills, les musiciens passent du statut de musiciens occasionnels de studio à celui de véritable groupe, baptisé du nom d'une gare où avait été prise une photo les représentant, et en reconnaissance de la superbe cohésion qui existait alors entre eux.
Le lieu s'appelle 'Manassas Junction' dans la ville de Manassas, en Virginie où a eu lieu deux batailles de la guerre de sécession, Stephen Stills étant passionné par l’histoire de la guerre civile Américaine.

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Car, à peine sur place, les musiciens s'étaient empressés de créer directement dans le studio et en l'espace de quelques semaines, ils avaient enregistré suffisamment de matériel pour constituer un double album.
Stills avait compris qu'il avait là un groupe avec un extraordinaire potentiel musical capable de l'accompagner dans la quête d'ouverture sonore qui le caractérise depuis ses débuts en solo. Ce groupe-là était capable d'une large gamme musicale, avec un répertoire comprenant des chansons de Blues, Folk, Country, Latino et même Rock.
Le bassiste des Rolling Stones, Bill Wyman, ami de Hillman et de Stills qui avait visité Criteria au cours de ces sessions, fut l'un des tout premiers fans du groupe, exprimant même à un moment donné son vif intérêt à le rejoindre. Wyman contribua même aux sessions en aidant Stills à réécrire une chanson non enregistrée de 1968, "Bumblebee", dans le style Blues / Funk "The Love Gangster", avec Wyman jouant de la basse sur celle-ci.
Stills décida que ce groupe s’appellerait Manassas, car il s’intéressait à l’histoire de la guerre de Sécession, et avait orchestré une séance photo à Manassas, une ville de Virginie, aux États-Unis, connue pour avoir été le lieu de deux batailles de la guerre de Sécession, la première bataille de Bull Run (première bataille terrestre du conflit en Juillet 1861) et la seconde bataille de Bull Run (1862), aussi appelées Première et Seconde batailles de Manassas.
Groupe mésestimé s’il en est, et n’ayant jamais connu les joies d'un quelconque retour sur investissement, Manassas n’a pourtant été qu'une comète dans le Rock des années 70, ne parvenant à rallier qu’une bien faible base de fans fidèles.
Pourtant, sa carrière qui n'aura duré qu'un an et demi et accouché de deux albums explosifs, est une des plus belles pages du Rock des années 70.

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Le premier album du groupe, "Manassas", un double album avec une photo de couverture du tournage en Virginie, est sorti en Avril 1972.
Ce double album intitulé "Stephen Stills / Manassas" se lit comme une encyclopédie de la musique Américaine: divisé en quatre parties distinstes (les quatre faces des deux disques vinyls), il balaie tour à tour la musique Rock, Latine, Country, Bluegrass, Folk et Blues. Ambitieux programme mais réelle et parfaite réussite, tant musicale que commerciale puisque Stephen Stills place avec cet opus son sixième album d'affilée dans le classement des dix meilleures ventes alors que les critiques y reconnaissent une maîtrise incontestable.
L'opus commence avec de très classiques Rocks et Blues dans la première section intitulée "The Raven": guitares acérées soutenues par un orgue magistral dans "Song Of Love" où brille la voix de Stephen Stills, très à l'aise dans ce répertoire comme le montre l'assemblage de Rock, de musique Cubaine et de Bluegrass de "(a) Rock'n'Roll (b)Crazies Cuban Bluegrass" qui rappelle Lynyrd Skynyrd. L'enchaînement des morceaux sans aucun temps mort aide grandement à la puissance de l'ensemble.
Etant l'un des pionniers de l'introduction de sonorités latines dans le Rock, il récidive avec "Anyway" où les percussions tropicales ouvrent l'espace musical, tout comme les discrets riffs de guitare sur lesquels le touché de Stephen fait merveille.
"Both Of Us (Bound To Lose)" achève cette première face 'Cubaine' avant que l'on ne s'enfonce un peu dans l'arrière-pays Américain, pour la partie "The Wilderness" sur des pistes rendues praticables par les spécialistes Chris Hillman et Al Perkins qui propulsent l'album dans une autre dimension sonore: un violon diabolique pour une gigue d'enfer sur "Fallen Eagle" et c'est tout de suite après l'heure du slow sur "Jesus Gave Love Away For Free", alors que "Colorado" et ses très beaux chœurs nous maintient dans une quiétude tout à fait champêtre que ne bouleverse pas non plus "So Begins The Task", une magnifique et simple ballade.
Le bal Country et Bluegrass s'achève ensuite par "Hide It So Deep" et "Don't Look At My Shadow" avant de s'envoler vers "Consider", intitulé de la troisième partie dédiée à un Folk Rock teinté de guitares slide ou de percussions Cubaines car Stills n'a, semble-t'il, pas souhaité trancher dans le vif de ses influences musicales et sème ses graines par-ci par-là.
La qualité des compositions demeure constante tout au long de l'album comme sur "It Doesn't Matter" et "Johnny's Garden's", une ode au jardinier Anglais de sa résidence dans le Sussex. On y retrouve le son de Crosby, Stills, Nash & Young aussi bien que sur "Bound To Fall".
La basse fait tout le travail dans "How Far" et laisse ensuite la place à la légère faute de goût de "Move Around", un des premiers morceaux sur lequel apparaît un synthétiseur, mais qu'importe puisque le groupe met les bouchées doubles avec "Rock'N'Roll Is Here To Stay", titre que lui empruntera Neil Young pour un morceau dédié à Johnny Rotten des Sex Pistols six ans plus tard; il n'est ici pas question de musique Punk mais plutôt de Blues Rock puissant: "The Love Gangster", avec Bill Wyman invité à tenir la basse, qui aurait d’ailleurs souhaité quitter les Rolling Stones pour rejoindre Manassas, défriche le terrain avant que Stills ne retourne la question, "What To Do", dans tous les sens grâce à un opportun piano-bar de saloon où finissent par débarquer tous les gars du village avec leurs instruments (violon, guitare slide).
Rock encore et toujours pour "Right Now" et "The Treasure (part 1)" cheval de bataille du groupe sur scène avec une guitare wah-wah qui cède le pas pour un temps à une slide guitare minimale mais bigrement efficace, avant de reprendre ses droits pour un final figé tout à fait apocalyptique.
L'oeuvre se termine par un merveilleux Blues où Stephen Stills s'accompagne tout seul à la guitare sèche, quatre minutes de "Blues Man" pour clore une fantastique collaboration entre un auteur, chanteur, guitariste à son sommet et des musiciens inspirés et solidaires.
Dans ce morceau, Manassas rend hommage à Al Wilson de Canned Heat, à Duane Allman et à Jimi Hendrix.

L'album avait été bien accueilli, atteignant rapidement le quatrième rang aux États-Unis et accédant au statut RIAA Gold Record.
Pendant la majeure partie de l'année 1972, Manassas avait entamé une tournée internationale pour soutenir l'album, y compris des apparitions à la télévision sur 'In Concert' aux États-Unis sur ABC-TV et sur 'Beat-Club' en Allemagne de l'Ouest.
Après un concert à Paris en Mars 1972, il rencontre Véronique Sanson dans le bureau du président de Warner France et ils se marient un an plus tard (ils auront un fils, musicien et chanteur, prénommé Christopher).

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Anecdote, on retrouve divers membres de Manassas (Lala, Passarelli et bien sûr Stills) sur l'album "Le Maudit" de la française en 1974 mais c'est tout seul que Stephen Stills reprendra le chemin des studios l'année suivante pour Stills, chez sa nouvelle maison de disques Columbia.
À son retour aux États-Unis après la tournée Européenne en 1972, Chris Hillman avait délaissé le groupe pendant plusieurs semaines pour enregistrer un album de retrouvailles avec son groupe précédant les Burritos, The Byrds, un effort qui incluait également David Crosby, l'un des membres fondateurs de ce groupe, et ancien membre du groupe CSN&Y.

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L'expérience en commun se poursuivit l'année suivante et Manassas avait rapidement achevé son deuxième album intitulé "Down the Road".
Les premières sessions de ce disque avaient eu lieu aux studios Criteria, mais le groupe avait finalement déplacé ces sessions à Caribou Ranch, dans le Colorado, et à Record Plant, à Los Angeles, après que les ingénieurs de Criteria, Ron et Howard Albert, aient exprimé leur crainte que les sessions ne produisent pas de résultats de qualité escomptée.
Pour aggraver les choses, Atlantic Records avait ensuite rejeté certaines des pistes enregistrées pour l'album, ce qui avait nécessité le réenregistrement de certaines chansons. Résultat: une sensation de patchwork.
Certaines personnes soupçonnent que l'album a pu être rejeté pour contenir trop peu de chansons de Stills et trop de Chris Hillman.

"Down The Road" et "So Many Times" ont été enregistrés en Septembre 1972 à Criteria, Miami. Tous les autres morceaux ont été enregistrés en Janvier 1973.

La chanson d'ouverture "Isn’t It About Time" est un riche mélange de Rock tranchant et dur, une chanson de protestation mid-tempo au sujet du Viet Nam, avec des claquements de mains qui finissent par applaudir.
Hillman prend ensuite le micro pour sa chanson de trahison Rock bluesy intitulée "Lies",
Puis le groupe prend un virage Rock avec rythmes latino pour "Pensamiento", sur lequel Stills chante en Espagnol. C'est une belle évolution qui ajoute de la couleur et de la profondeur à l'album.
Vient ensuite "So Many Times", un morceau teinté de mandoline qui s'adoucit facilement.
La première face se termine par "Business On The Street", une chanson classique de Stephen Stills qui ne dépareillerait pas dans CSNY
La deuxième face commence dans le style Burrito avec le klaxon country de "Do You Remember The Americans", avec pedal steel guitare et harmonies de groupe.
La chanson-titre "Down The Road"est un Rock qui sonne comme un outtake de Buffalo Springfield, mais la slide guitare la rend parfaitement adaptée.
"City Junkies" pourrait être presqu'une copie de "Let's Spend The Night Together" des Rolling Stones, jusqu'aux changements d'accords et au piano solo.
Ensuite, "Guaguanco De Vero", une autre jam latino qui aurait pu rendre Carlos Santana légèrement jaloux de ne pas l'avoir écrit.
Le dernier morceau de l'album pousse encore plus loin le côté Rolling Stones avec une bonne dose de wah-wah et de bonnes jams de guitare. Et juste au cas où on pourrait en douter, ils l'ont appelé "Rollin 'My Stone".

L'album fut achevé en Janvier 1973 et publié au Printemps de cette année pour faire place à des critiques plutôt médiocres et à des ventes, atteignant finalement le numéro 26 aux États-Unis et n'atteignant pas le statut RIAA Gold; C’était alors le tout premier album sur lequel Stills apparaissait depuis 1968 n’ayant pas obtenu cette fameuse certification.

"Down The Road" est pourtant bien meilleur que ce que l’on veut en dire car en incorporant à son Rock, des influences Country, Folk, Blues, Bluegrass et Latino, Manassas pouvait tout jouer et sa fusion des genres est terriblement efficace et très distinctive de la production vinylique de l'époque. Il est simplement à déplorer que cette aventure prometteuse n’ait pas été prolongée bien au-delà des deux années qui marquent son existence dans le concert Rock Californien.
Alors, le mieux à faire, c’est de prendre un peu de recul dans son jugement et de commencer par le réécouter sans modération. Parce qu’un groupe de cette trempe, avec Dallas Taylor, Chris Hillman, Joe Lala, Al Perkins, Samuels Fuzzy, emmené par un Stephen Stills qui a encore bien des choses à dire, même si son travail d’écriture est réduit considérablement par rapport à l’album précédent, c’est bien la dernière fois qu’on voit ça.

Il leur était, bien sûr, difficile de faire mieux que leur monstrueux premier opus, d’où l’impression que la musique de celui-ci est plutôt fade, qu’il est assez médiocre et bien en retrait par rapport à son devancier.
Ce n'est qu'une impression seulement, car "Down The Road" reste pourtant très bon, même s’il se situe en dessous de son prédécesseur qui avait, il faut le répéter, placé la barre très, très haut. L'auditeur s’en satisfera d’autant que Manassas va disparaître dans la foulée et que c’est une vraie grosse perte pour la musique.
Car ce disque marqua la cessation définitive d’activité de ce que l’on peut considèrer aujourd’hui et avec le recul comme ayant été l’un des plus grands groupes de Rock des années 70, Manassas.

Les tournées avaient été quasi continues entre 1972 et 1975 au cours desquelles Stills avait élèvé son niveau musical tout en se ruinant provisoirement au cours d’elles: il payait ses musiciens trop cher (dixit Hillman) mais il s'était refait en revendant son domaine en Angleterre deux fois le prix qu’il l’a payé.

Après avoir terminé "Down the Road", Manassas est devenu dormant pendant plusieurs mois.
Pendant la pause, Stephen Stills a épousé Véronique Sanson.

Alors que l'album de réunion des Byrds avec Hillman et Crosby était prêt à sortir en Mars 1973, le groupe envisagea de lancer une tournée. Lorsque cela ne s'est pas matérialisé, il s'est produit deux événements qui ont bel et bien condamné Manassas. Tout d’abord, Hillman a accepté la proposition de sa direction de s’associer à un projet impliquant l’ancien chanteur / guitariste de Poco et Buffalo Springfield, Richie Furay et le compositeur / collaborateur des Eagles, J. D. Souther, après avoir respecté les engagements de tournée prévus de Manassas.
Peu de temps après, Crosby et son ex-camarade de Crosby,Stills,Nash and Young, Graham Nash, rejoignent Neil Young et The Stray Gators en tournée pour appuyer l'album "Harvest" paru en 1972.

Lorsque cette tournée s'achèva au milieu de 1973, Crosby, Nash et Young, encouragés par leur direction et espérant tirer parti des avantages financiers d'une éventuelle réunion du CSNY, se sont regroupés à Maui pour discuter des travaux éventuels sur un nouvel album. Les trois interlocuteurs ont contacté Stills, qui, mettant de côté les divergences qui ont conduit à la disparition initiale de CSNY, a interrompu sa pause de lune de miel avec Véronique Sanson pour rejoindre le nouveau projet.
CSNY a travaillé pendant plusieurs semaines à Human Highway, à Maui et à Los Angeles, mais ces sessions ont finalement été interrompues en raison de divers désaccords au sein du groupe.

Stills a été accueilli par plusieurs sources d'agitation à son retour des séances de Human Highway pour regrouper Manassas. En plus de l'engagement futur de Hillman à travailler avec Furay et Souther, Dallas Taylor était devenu fortement accro à l'héroïne et Calvin Samuels avait quitté le groupe pour des raisons personnelles.

Stills a réglé ces problèmes en faisant appel aux services du batteur de Jefferson Airplane, John Barbata (qui avait précédemment remplacé Taylor dans CSN & Y lors de leur tournée en 1970 et de Kenny Buttrey lors de la tournée de Young en 1973) en tant que remplaçant de Taylor, et du bassiste Kenny Passarelli du groupe de Joe Walsh, Barnstorm. pour remplacer Samuels.
Ce dernier reviendra dans le groupe pour la dernière étape de la tournée en 1973. Après la fin de la tournée en octobre, la dissolution de Manassas fut annoncée publiquement.

L'un des derniers concerts de Manassas, au Winterland Ballroom de San Francisco au début du mois d'octobre 1973, a été rendu remarquable par le fait que le groupe a été rejoint sur scène par David Crosby et Graham Nash, puis par Neil Young. Interrogé plus tard sur cet événement, Chris Hillman a déclaré: "...Je pouvais sentir une réunion de CSN & Y...". En fait, les quatre musiciens se regrouperont pour une tournée mondiale au début de 1974.
Après cette tournée, Stephen Stills allait fonder un nouveau groupe en 1975 avec Kenny Passarelli et Joe Lala, mais ce fut de courte durée; Passarelli les quitta bientôt pour rejoindre le groupe d'Elton John, et Lala partit également.
Le groupe Souther-Hillman-Furay de Chris Hillman, qui comprendra également Al Perkins et Paul Harris, membres de Manassas (et éventuellement Joe Lala, qui rejoindra plus tard Chicago), sort son premier album au début de 1974.

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"From Bull Run to Culpepper", paru en 2000 sur le label Five Dolar Records (filiale de Good Music UK), est une belle collection plus ou moins officielle de morceaux de Manassas en live enregistrés à la BBC en 1973, au Beat Club en Allemagne en 1972 et à Amsterdam en 1972. Le son est tiré directement de la table d'harmonie.

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Malheureusement, il n'y avait eu que deux albums de Manassas parus à l'époque, faisant allusion à d'autres grandes choses à venir, mais malheureusement qui ne venaient pas.
Il aura donc fallu plus de quarante ans pour que ces extraits de prises et de morceaux en live soient émis, mais ça valait vraiment la peine d'attendre! Il y a une bonne sélection de morceaux jamais entendus auparavant, qui montrent les différents styles de guitare et de chant, certains en Espagnol, qui font souhaiter qu'il y ait eu plus d'enregistrements live réalisés par ces musiciens.
En effet, en 2009 est tombé du ciel, grâce au label Rhino, le fameux "Pieces", qui réunissait quelques inédits de sessions, des versions alternatives de titres de l’époque qui suffisent amplement au plaisir de l'auditeur et à raviver la mémoire d’un groupe créatif et vitaminé beaucoup trop sérieusement négligé.
L’offre, axée sur une quinzaine de morceaux, des documents inédits des sessions originales de Manassas, est excellente et de belle qualité sonore. C’est très intéressant après la maigrichonne discographie du groupe.
Manassas n’était certainement pas le fruit du hasard, la preuve se situe dans cette belle rétrospective enregistrée en 1973.

Cela démontre encore une fois que Stills aura été un formidable catalyseur de talents pour un épisode trop court qui a laissé bien des regrets. Regrets d'autant plus forts après la sortie de cette bonne surprise que l'on n'imaginait réellement plus possible...
Alors, du coup, il pourrait peut-être exister d'autres traces d'enregistrement exploitables, issues d'autres sessions à Miami ou dans le Colorado, de concerts ou de plateaux TV...

Mais, en attendant, il ne faut pas passer à côté de celui-ci pour au moins quatre bonnes raisons:
1) les versions des titres sont excellentes, et parfois même supérieures à celles connues sur d'autres albums.
2) la qualité de prise de son et le mixage sont très bons avec des résultat plus conformes aux standards actuels.
3) le côté Bluegrass (quelques titres) est intéressant avec une version incroyable de "Do you remember the américans", avec Byron Berline au violon, Roger Bush à la contrebasse... et bien sur Chris Hillman à la mandoline, qui n'a rien a envier à la version retenue sur "Down the Road".
4) les titres écrits par Chris Hillman dont "Lies" dans lequel apparait un certain Joe Walsh sont excellents.

Cet album montre ce qui aurait pu être à l'apogée de Manassas. Il n'y a qu'une seule chanson un peu plus faible, "Like a Fox", qui fut aussi en son temps rejetée par CSN, mais tous les autres sont une joie à écouter. La qualité sonore est bonne, souvent très bonne.

Aussi, vu comme une des plus grandes formations des seventies par certains initiés, Manassas mérite amplement une réhabilitation dans les règles. Le mieux pour se convaincre du statut de 'Terrific Band' tel que le définissait alors Stills, est d'écouter ou de ré-écouter cette discographie sans aucune retenue.
Stills y tient, évidemment, le rôle central, fort d’une stature alors à son faîte. C’est le Stills que l'on l’aime, celui qui a influencé le Rock Californien, appuyé en cela par un lot de lieutenants qui s’engagent sans compter, sans retenue, en toute confiance.
Le rendu est plus que convaincant pour juger que la réputation de Manassas était loin d’être surfaite...

Discographie

1972 : Manassas
1973 : Down the Road
2000 : From Bull Run to Culpepper
2009 : Pieces

Sources: wikipedia, Philippe Robert, Thierry Gaydon, RAZOR, Marc Scarano, amazon
Modifié en dernier par alcat01 le jeu. 19 mars 2020 15:21, modifié 9 fois.

Suricate
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Re: MANASSAS (Bio)

Message par Suricate » dim. 15 mars 2020 09:20

Je connais vraiment peu Manassas, pour cela merci Alcat.

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Re: MANASSAS (Bio)

Message par alcat01 » dim. 15 mars 2020 11:53

Suricate a écrit :
dim. 15 mars 2020 09:20
Je connais vraiment peu Manassas, pour cela merci Alcat.
Le premier album est un véritable MUST!

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Re: MANASSAS (Bio)

Message par dada52 » dim. 15 mars 2020 15:47

Perso j'adore quasiment tout ce qu'à fait Stills et plus particulièrement Manassas. J'ai les deux albums que tu décris avec justesse plus plusieurs bootleegs sortis ultérieurement
Et en live c'était excellent, varié, décontracté et finement joué. Un des meilleurs groupe dans ce genre. merci Alain pour cette biographie intéressante.

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Re: MANASSAS (Bio)

Message par alcat01 » lun. 16 mars 2020 17:39

dada52 a écrit :
dim. 15 mars 2020 15:47
Perso j'adore quasiment tout ce qu'à fait Stills et plus particulièrement Manassas. J'ai les deux albums que tu décris avec justesse plus plusieurs bootleegs sortis ultérieurement
Et en live c'était excellent, varié, décontracté et finement joué. Un des meilleurs groupe dans ce genre. merci Alain pour cette biographie intéressante.
Rien à jeter dans la discographie de ce groupe!

lienard
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Re: MANASSAS (Bio)

Message par lienard » jeu. 19 mars 2020 21:04

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Cela fera sans doute "double emploi" avec le précédent "from bull" mais comme j'ai un pote qui était à ce concert à amsterdam en 1972 .. je l'avais enregistré pour lui .. :)

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