JOHN UZONYI'S PEACEPIPE (Bio)

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alcat01
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JOHN UZONYI'S PEACEPIPE (Bio)

Message par alcat01 » jeu. 8 avr. 2021 22:39

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John Uzonyi's Peacepipe a été un obscur Power Trio de Heavy Psyché Rock et d'Acid Rock Américain de la région de Los Angeles de la fin des années 60 composé de John Uzonyi, à la guitare, à la basse et au chant, de Gary Tsuruda, à la batterie de de Rick Abts aux claviers.

Peacepipe fut le fruit du travail du guitariste John (parfois orthographié Jon; voir les deux pochettes de l'album) Uzonyi. C'était un Power Trio qui a opéré (également sous le nom de The Human Equation) en Californie du Sud et en Arizona principalement à la fin des années 60.
Les dates sont floues, mais il est généralement admis que leur seul travail publié à l'époque, un single, est sorti en 1968, bien qu'aucune date ne soit apposée. Pourtant, ce single est encore pratiquement inconnu des collectionneurs et n'a jamais été ardemment recherché.
Et ils ont également enregistré un album, qui est resté inédit jusqu'au milieu des années 90.

Uzonyi a la particularité de possèder un son de guitare monstrueux, parfois similaire au feedback 'bombardement en piqué' de Jimi Hendrix, mais les deux musiciens ont des styles de jeu très différents.

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Il a formé son groupe avec le batteur Gary Tsuruda dans le milieu des années soixante alors même qu'ils étaient encore à l'école secondaire.
En 1968, ils s"étaient dirigés comme beaucoup vers Hollywood et avaient enregistré deux morceaux, "The Sun Won't Shine Forever" et "Lazy River Blues", qui furent publiés en single (très rare) par un petit label du nom de Accent. Ce single anecdotique où Rick n'apparaît même pas se retrouvera finalement en bonus sur le CD: c'est Gary à la batterie et John sur tout le reste!

Après l'école, Uzonyi s'engage dans l'U.S. Air Force et est basé à Tucson, en Arizona.
Là, il rencontre un claviériste appelé Rick Abts qui rejoint John et Gary pour former un groupe du nom de The Human Equation.

Ils se produisent alors dans tout l'Ouest Américain, mais àprès avoir joué un peu partout dans le Sud de la Californie et de l'Arizona pendant quelques années, le groupe se sépare à l'amiable en 1969 pour poursuivre des carrières extra musicales.

Peu de temps après, cependant, le combo se reforme, mais sous le nom de Peacepipe, cette fois, pour enregistrer huit chansons qui avaient été mises de côté et complètement oubliées.

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C'est pourquoi Uzonyi a dû être très surpris de se réveiller un beau matin et d'apprendre qu'un label Allemand avait assemblé, à partir des originaux, des demos de l'époque où il oeuvrait sous Peacepipe et sous sa doublure The Human Equation.
Etonnamment, elles réapparaissent sous le nom de Peacepipe, alors que le groupe se produisait également sous le nom de The Human Equation, sur les quelques petites scènes locales.

Car en 1994, le label Rockadelic a découvert que l'album entier avait été minutieusement assemblé par le légendaire ingénieur du son Eirik Wangberg et qu'il avait été soigneusement rangé dans un des coins les plus sombres de son cabinet.

Quand John a appris ce que Wangberg avait fait, il a immédiatement téléphoné à Gary et Rick et le trio a alors convergé vers Sound Recorders à Hollywood.
Il ne tarit d'ailleurs pas d'éloges à ce jour à propos du staff de l'ingénieur du son Eirik Wangberg: "...Nous n'aurions jamais pu le finir sans lui. Il savait exactement ce que j'essayais de faire, quel son j'essayais d'obtenir. Ce fut Eirik qui fit ces mixages sauvages, les échos bizarres sur le chant, et les fondus enchaînés comme le point où "A Biker’s Tune" devient "Open Your Mind". Il a été brillant...".

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C'est donc grâce à ces 'archéologues Teutons' du label Shadocks Music que le trio est définitivement ressuscité en 2002 alors que l'on ne savait même pas qu'il avait eu une vie, encore moins une double existence. Formation méconnue de la grande majorité du public, elle avait évolué dans le giron du Rock Psychédélique dans sa veine Heavy et n'y avait pas réellement fait que de la figuration. Etudiants au moment de leur rencontre, puis semi-professionnalisés, le combo livre aux auditeurs une bien belle compilation de titres qui en disent long sur son indéniable talent. L'album est plutôt à créditer à Human Equation qui fut le plus connu de cette entreprise bicéphale. Seul le single "The Sun Won't Shine Forever" et sa face B, "Lazy River Blues" rajouté en bonus est véritablement d'origine Peacepipe.
Shadoks Music a d'ailleurs inclus trois titres en bonus (dont les deux du single de 1968) qui ne figuraient pas sur le LP "Peacepipe" (première publication sur Rockadelic en 95) sur la réédition CD de 2005.

Peu importe, en fait, qui fait quoi. L'essentiel est qu'avec le travail de retouche considérable dont a bénéficié ce disque, il restitue un quart de siècle plus tard, en 1994, un son absolument bon.

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En 1995, Rockadelic a donc sorti cet album en vinyle avec édition limitée à 600 copies numérotées dans une pochette épaisse sur un pressage de 180 grammes avec des inserts de deux pages.
Shadoks l'a réédité en disque compact en 2005, remasterisé à partir des bandes originales via la technologie numérique 24 bits avec bonus et photos.

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Ce classique inédit de la fin des années 1960 est probablement très attrayant pour les fans de Psyché Rock. Bien qu'il ne s'agisse que d'un trio sans bassiste, un mur dense de Hard psyché est pourtant érigé.

On y trouve d'excellents Rocks issus de la scène underground Californienne. Un Psyché époustouflant à base de guitare, avec des lead guitares wah-wah acides, de la distorsion, des claviers tourbillonnants et des paroles plutôt défoncées.

Dans l'ensemble, c'est bon, sans être vraiment révolutionnaire. Avec du matériel sous-estimé, et probablement mal compris à l'époque, ce disque sonne daté, mais aussi très cool et Heavy.

Il s'agit principalement d'un excellent Heavy Psyché Acid Rock orienté pyrotechnie à la guitare qui sonne comme un mélange entre Blue Cheer, Randy Holden, Iron Butterfly, Mariani, Jimi Hendrix avec plein de pédale wah wah, de distorsion et de sustain massif et même Quicksilver Messenger Service de l'époque "Shady Grove",

On trouve sur ce disque des morceaux plus cools où le groupe se permet des clichés hippies et des chansons beaucoup plus Pop qui semblent bien vieillottes.
Cependant, l'ensemble sonne toujours de façon très cohérente!

Uzonyi est très bien assisté par le batteur Gary Tsuruda et le claviériste Rick Abts, mais le spectacle lui appartient indéniablement.
Il y a au moins deux guitares présentes la plupart du temps, et il possède un ton plutôt monstrueux à la guitare, assez similaire, en fait, au feedback 'dive-bombing' de Jimi Hendrix, par exemple, mais les deux guitaristes ont styles de jeu très différent.

Jon est, en fait, assez étonnant dans son maniement de la guitare fuzz, faisant apparaître de son instrument des sons assez effrayants un peu comme sait le faire Randy Holden.
A noter qu'il est aussi le chanteur, et il joue probablement également les pistes de basse.

Il n'y a pas de trucage de studio, à proprement parler, bien que Eirik Wangberg ait fait un travail magistral pour capturer ce qu'Uzonyi essayait de faire, et qu'il soit parvenu à un mixage dynamique et à des effets de panoramique stéréo amusants.
L'album sonne, bien sûr, de son temps, mais certains jeux de guitare sont encore inventifs.

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Cet album contient un excellent Hard Psyché Rock, mélangé à un Rock semi-commercial comparativement plus faible. Les morceaux vont de la folie des guitares super Heavy à des morceaux plus Pop.

Les chansons sont aussi riches, denses, et parfois carrément psychotiques. Parmi les points forts, citons le puissant morceau d'ouverture "Sea of Nightmares", le progiciel "I Can Never Take Your Dreams Away" et les deux morceaux psychédéliques "A Bikers Tune" et "Open Your Mind".

Cet enregistrement fut surtout l'occasion pour Uzonyi de créer un document complet sur Peacepipe, et ce sont ses guitares ardentes et inventives dans leurs couches denses qui suscitent aujourd'hui l'admiration. Le son glauque caractéristique de Peacepipe est évident, notamment sur "Sea Of Nightmares" ("... si les rêves de bonheur perdent leur chemin, on meurt de tristesse dans la tombe..."). Je connais ce sentiment...") et "The Day The War Has Ended", une reprise élaborée et étonnante de la face A du single sur Accent. C'est ici que ces améliorations artistiques prennent tout leur sens.

Il y a aussi des morceaux plus doux, dont certains sont excellents, mais c'est pour le Rock ouvertement psychédélique de leur répertoire que le groupe restera dans les mémoires.

Au mieux, Peacepipe égrène de superbes jams de guitare psychédélique de motards Californiens des années 60 avec plein de wah-wah, de distorsion et de sustain massif.
Des voix puissantes et non-macho et les guitares à larsen à trois pistes rendent cet album pratiquement indispensable.
Etonnant par endroits, mais solide dans son ensemble.

Le morceau d'ouverture particulièrement accrocheur, "Sea Of Nightmares", un modèle d'Acid Rock qui, sorti de son contexte, ne veut plus dire grand-chose, mais qui aurait pu avoir une belle carrière au moment de sa création, est l'un des meilleurs morceaux de Heavy Psyché jamais écrits.
"Angel of Love" possède un son de guitare et un riff qui tuent, c'est un morceau de Hard Rock de bonne qualité. La chanson est accompagnée à l'orgue et au piano, et le chant baryton d'Uzonyi.
"I Can Never Take Your Dreams Away" qui tient finalement plus du Rock traditionnel, sans que cette appartenance ait une connotation péjorative, est une chanson de Heavy Psyché presque parfaite et très agréable à écouter.
La chanson "Carry On Together" est un bon Rock, mais rien de plus.
Il y a quelques morceaux remarquables comme le morceau instrumental groovy Acid Psyché Rock "A Biker's Tune" qui présente un superbe travail de belles guitares lysergiques psychédéliques.
"Open Your Mind" est un morceau Psyché moyen qui culmine avec de bons histrioniques de guitare et une excellente ligne de basse.
La perle de l'album est sans conteste le long morceau tentaculaire "de Heavy Psyché très agréable "The Day the War Has Ended", une superbe chanson dont le titre est inspiré de leur single "The Sun Won't Shine Forever", qui présente le type de riff métal que l'on retrouvera sur les albums de la NWOBHM 10 ans plus tard. Le chant intense et les multiples thèmes et sections rappellent Music Emporium et Micah, avec une bonne dose d'Iron Butterfly. Cela correspond bien au ton de l'époque où la guerre du Vietnam était toujours en cours.
Le morceau de clôture Fuzz Acid & Flowers, "Love Shines", est une tentative d'aller vers des morceaux Psyché Pop doux, il sonne vieillot, mais il n'est pas complètement dénué d'intérêt.

Remarque: Le single de Peacepipe est d'une rareté inouïe, pourtant de loin certainement le meilleur disque sorti sur le label Accent. Les deux morceaux dégagent une énergie sombre unique qu'il n'est pas facile de décrire avec des mots, mais ils sont indiscutablement lysergiques. Jon est certain que le petit pressage a été distribué par le propriétaire du label, Scott Seeley, par le biais de canaux promotionnels et qu'aucun n'a jamais été mis en vente dans les magasins. Incidemment, Rick n'apparaît pas sur ces morceaux, c'est seulement Gary à la batterie et Jon sur tout le reste!

Après avoir donné des concerts en Californie du Sud et en Arizona pendant quelques années, le groupe s'est séparé à l'amiable pour poursuivre des carrières extra musicales.

Jon a cependant continué à expérimenter avec la musique et l'électronique (ses différentes guitares électriques sont toutes des hybrides bizarres qu'il a assemblés lui-même!) "...En fait, je pense qu'il s'agissait plutôt d'un besoin de clore ce chapitre de ma vie. Nous avions tous les trois investi beaucoup de temps et d'énergie dans ce groupe, et nous avions fait de grands progrès sur le plan artistique. Je me sentais obligé d'en capturer au moins une partie pour la postérité, même si personne d'autre ne l'entendait jamais....".

Quand il a appris l'existence des enregistrementx, Il a appelé Gary et Rick et le trio a convergé vers Sound Recorders à Hollywood.
Aujourd'hui encore, Jon ne tarit pas d'éloges sur l'ingénieur Eirik Wangberg. "...Nous n'aurions jamais pu le terminer sans lui. Il savait exactement ce que j'essayais de faire, quel son j'essayais d'obtenir. C'est Eirik qui a fait ces mixages sauvages, les échos bizarres sur les voix, et ces fondus enchaînés comme le moment où 'A Biker's Tune' devient 'Open Your Mind'. Il était brillant...".

Jon est toujours actif sur la scène musicale de la Californie du Sud rurale en tant que musicien, ingénieur du son et technicien audio. Il fabrique toujours des guitares et des amplificateurs, et toutes conversations se terminent généralement sur son établi où il décrit sa déconstruction d'un vieil amplificateur Fender blackface pour ses pièces détachées ou sa découverte d'une cache perdue de tubes de puissance de fabrication américaine. Il dit aussi qu'il n'a plus vraiment l'occasion de jouer du Heavy Rock, mais chacun sait que si cette porte s'ouvrait, il la franchirait avec un arsenal de fuzzboxes et de pédales de wah-wah... et il emporterait ces vieux Marshalls avec lui...

Il a révèlé un soir au journaliste qui l'interwievait qu'il possèdait toujours ses vieilles têtes Marshall de 50 watts. Il s'était empressé d'ajouter qu'il ne les utilisait plus parce qu'ils étaient trop bruyantes. "...Mais je ne peux pas me résoudre à les vendre...". Ce sentiment résume assez bien ce qui reste des rêves de nombreux musiciens talentueux qui n'ont pas réussi à écrire un Hit...

Sources: RYM, thezepphil.blogspot, johnkatsmc5, Sean Westergaard, Patrick Lundborg/Acid Archives, Clark Faville

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