MOVING GELATINE PLATES (Bio)

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alcat01
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MOVING GELATINE PLATES (Bio)

Message par alcat01 » mar. 20 avr. 2021 21:15

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Au tout début des années 70, alors que le Prog Rock était en plein essor, la France demeurait une périphérie du genre, surtout si on la comparait à ses proches voisins comme les Pays-Bas, l’Italie ou l’Allemagne. Mais qui dit marge ne dit pas forcément désert...

Car, en effet, il existait quelques groupes qui émergaient et s’engouffraient dans ce genre plutôt complexe: en le mêlant avec du Rock plus conventionnel et de la Pop comme Martin Circus ou Triangle, ou en s’engageant sur des sentiers qui n’attendaient que d’être explorés comme, bien sûr, Magma et Ange qui n'en était alors qu'à ses balbutiements dans son style théâtral, ou encore en perpétuant les sonorités psychédéliques comme Ophiucus.

Quoi qu'il en soit, une dynamique bien réelle s'était créée autour de la scène de Canterbury, courant porté notamment par Soft Machine et Caravan, qui mêlait Rock, Pop et Jazz dans des agencements complexes et variés. Ces formations connaissaient un franc succès en France, notamment Soft Machine qui, en 1967 avait marqué à jamais Saint-Tropez puis les grandes salles parisiennes, si bien que la presse Française lui promettait rien de moins que l’avenir des Beatles.
Plus encore, la présence de David Aellen sur le territoire et sa formation, Gong, infusaient l’esprit de cette scène toute particulière. Il était alors bien évident que des groupes locaux s’inspireraient de ce courant: on peut en citer principalement deux, Ame Son et, bien sûr, Moving Gelatine Plates, mais ils sont loin d'être les seuls.

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Moving Gelatine Plates, donc, est un groupe de Rock Progressif Français, originaire de Sartrouville, dans une Seine et Oise alors fraîchement renommée Yvelines, qui a été formé par le bassiste Didier Thibault et le guitariste Gérard Bertram, et qui s'est séparé dans le courant de l'année 1972. Il y aura deux reformations par Thibault a reformé, en 1978 avec des nouveaux membres et rebaptisé Moving et en 2006 pour un autre et une reprise de carrière.

Le combo n'a jamais été le plus populaire des groupes de la sphère progressive Française car les medias Français de l'époque, tous concentrés à Paris, relayaient du bout des lèvres ou à demi-mots ce qui se tramait alors dans l'héxagone.
Pourtant, quelques presses étrangères (en Hollande et en Allemagne notament) arguaient que la scène Prog hexagonale du moment était à prendre avec respect et sérieux, mais le parisianisme Rock préfèrait malheureusement vanter les productions Américaines, c'était tellement plus tendance...

Visiblement, la sous-médiatisation du groupe qui mettait un frein à son éclosion nationale était liée à la voie atypique choisie par la formation ele-même pour s'exprimer: le style Canterbury, popularisé en France par des groupes comme Gong, Soft Machine ou encore Caravan, pas toujours les plus accessibles, étranges mêmes dans leur mélange de Pop, de Psychédélisme, d'improvisations héritées du Jazz et aux paroles équivoques.
Comme ses initiateurs faisaient le choix de l'art pour l'art, cela limitait d'autant l'ouverture à un public loin d'être acquis.

Moving Gelatine Plates affiche pourtant une originalité et une inventivité qui lui sont propres dans le concert pop français; il est à regretter que cette spécificité n'ait été que fort peu commentée et suivie, ou juste par le frêle réseau des MJC de l'époque.
Fortement influencé par le Jazz, le style Canterbury et par les Mothers Of Invention, le groupe trace sa propre route sans se soucier du "qu’en dira-t-on".

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C'est donc dans ce Sartrouville d'une année 1968 à fortes turbulences, que Bertram et Thibault ont eu la bonne idée de donner le jour au projet qu'ils avaient à coeur, monter un groupe. L'un comme l'autre prisaient les formations Anglo -Saxonnes ainsi que l'école de référence Prog qui s'était développée au Sud-Est de Londres et dès 1963, dans le sillage du groupe fondateur du genre, The Wilde Flowers.

Paradoxalement, bien que l'Angleterre ait été l'un des terrains les plus fertiles pour le Prog Rock au début des années 70, l'Europe continentale abritait également de nombreux groupes qui ont contribué au développement du genre et Moving Gelatine Plates a été l'un des groupes les plus innovants à sortir de France au cours de cette période. Leur musique était marquée par des thèmes changeants et des rythmes alternés souvent livrés à un rythme effréné.

Ce combo a également été fortement influencé par le Jazz et leur style musical est proche de groupes comme Soft Machine et peut même être considéré, aujourd'hui, comme faisant partie de la scène de Canterbury.

Au début, leurs apparitions sur scène se limitaient à de grandes occasions (festivals, concerts...) et recevaient toujours un accueil chaleureux du public et de la presse en général.
Par la suite, tant pour assurer la promotion de leurs disques que pour le minimum vital, ils se produisirent dans des discothèques, en 'attraction', devant un public aussi conquis que restreint.

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La toute première rencontre à l'origine de Moving Gelatine Plates eut lieu en 1965 entre Bertram (né le 23/07/52) et Thibault (né le 26/07/52), alors que tous deux étaient élèves de 4ème au lycée de Sartrouville.

Les deux amis avaient suivi ensemble des cours de solfège et cela dès le début de leur collaboration. Leur motivation n'était pas de savoir lire la musique, mais de savoir l'écrire! Ils firent donc de brillantes études musicales à l'U.A.I.C.F.(Union Artistique et Intellectuelle des Cheminots de France).
Travaillant le chant et s'accompagnant alors à la guitare sèche, ils interprétaient les standards des Beatles, Rolling Stones, John Mayall et, déjà, quelques chansons de leur composition.

En 1967, ils s'équipèrent de guitares électriques et ajoutèrent à leur répertoire des morceaux de Jimi Hendrix, Ten Years After, The Doors, The Yardbirds... avec de nombreux batteurs successifs, autant amateurs qu'éphémères. Leurs premiers concerts furent donnés dans le gymnase du lycée, avec pour prétexte la campagne contre la faim dans le monde. Prix d'entrée: 2 Frs.

Puis ce fut Mai 68, la grève au lycée laissant plus de temps pour les répétitions (parfois sans électricité), avec toujours des concerts au lycée, mais pour d'autres causes et avec un look de plus en plus chevelu!
C'est à ce moment-là que pour la première fois le groupe eut un nom (The Lines) et un batteur attitré, Michel Coulon (né le 20/12/48). La musique du groupe étant de moins en moins linéaire et en cette période de grande 'mouvance', Michel, très assidu aux cours d'Anglais, remarqua dans un texte de Steinbeck le nom de Moving Gelatine Plates (plaques photographiques ambulantes) qu'il proposa au groupe et qui fit l'unanimité.
Mais Michel, prématurément chargé de famille, dût malheureusement abandonner le groupe auquel il avait donné le nom pour des occupations plus lucratives...

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Didier, assistant un dimanche après-midi la MJC de Sartrouville à une répétition d'un groupe de Hard Rock qui cherchait un batteur, fit la connaissance de Gérard Pons (né le 12/06/46), qui n'avait pas fait l’affaire avec le groupe car il ne tapait pas assez fort pour eux!
Il avait étudié la batterie au conservatoire de Saint Germain en Laye, à l'école de Kenny Clark. Il n'avait fait partie d'aucun autre groupe auparavant.
En fait, il était le batteur à la technique idéale pour la musique de Moving Gelatine Plates.

Les répétitions devinrent alors plus sérieuses, et Maurice Helmlinger (né le 3/06/46), ami de Bertram, vint à passer par là... Il jouait alors dans un orchestre de bal qui avait la gentillesse de prêter du matériel au groupe. Très intéressé par ce type de musique et blasé du 'baloche', il devint donc le quatrième membre du groupe. Maurice avait appris la trompette au conservatoire, le saxophone à l'armée, la flûte chez lui et l'orgue en répétitions... de même que les choeurs! Musicien parfaitement polyvalent, il compléta largement la formation à lui tout seul en jouant du saxophone (ténor, alto, soprano), de la flûte, de la trompette et de l'orgue.

En Juillet 1969, Moving Gelatine Plates existait alors sous sa forme principale. Le premier concert fut donné à la MJC de Sartrouville le 7 Mars 1970 avec 250 personnes dans la salle et presque autant dehors...
C'était, en fait, un test, car le groupe venait d'achever de composer une heure trente de musique. L'accueil fut plus que chaleureux.

Puis, désirant voir Pink Floyd au Festival du Bourget et n'ayant pas d'argent, ils décidèrent d'aller voir les organisateurs du Festival, afin de jouer en échange d'un laisser-passer. Le même jour, ils s'inscrivirent au tremplin du Golf Drouot pour le 3 Avril 1970. Ils passèrent donc au Festival du Bourget sur une scène annexe le 27 Mars, et le public (environ 400 personnes) très enthousiaste fit une pétition afin qu'ils passent sur la grande scène.
Celà fut accepté et ils se produisirent juste avant The Pretty Things. Ce fut un triomphe devant les 5000 spectateurs et la consécration. Dans la foulée, ils remportèrent le tremplin du Golf Drouot.

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A l'époque, leur devise première était plutôt 'l'art pour l'art', sans se poser de questions sur telle ou telle direction à suivre. Assez 'anticommerciaux', ils refusèrent même certains concerts pour ne pas se compromettre, tenant à conserver une étiquette marginale.
Cela leur valut d'ailleurs d'être interdits de séjour au Golf Drouot, car ayant gagné le traditionnel tremplin du Vendredi soir le 3 Avril 1970, ils refusèrent, en effet, l'offre de revenir jouer un Samedi soir et un Dimanche après-midi en invoquant le fait qu'ils ne jouaient pas une musique destinée à 'faire danser les minettes'.
Cela se sut, d'ailleurs! On a pu lire dans la presse: quel est ce groupe mystérieux dont beaucoup de monde parle et qui se produit si peu? .
Leurs objectifs premiers? la célébrité bien sûr! Leur côté 'non-commercial' avait attisé la curiosité et le bouche à oreille fut leur meilleure publicité. Et ce n'était même pas volontaire! Ils voulaient tout simplement rester des puristes...

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Leur apparition au Bourget avait attiré l'attention de la presse musicale et le groupe avait rapidement eu une sorte de culte alors qu'il n'avait pas encore sorti un seul album. Leur réputation grandissante avait également attiré l'attention de CBS Records, qui leur avait proposé un contrat. Mais, à l'époque, le groupe avait refusé l'offre par crainte de devoir rendre leur son plus commercial.

Dès ce festival du Bourget qui avait eu lieu le 9 Juin 1970 pour être plus exact, Moving Gelatine Plates avait signé un contrat, pour la scène et pour le disque avec l'organisateur du Festival, Claude Rousseau qui fut également organisateur du Festival de Biot.
Relativement apprécié par le public, le groupe fut donc tout naturellement invité avec ses compatriotes Alice et Ame Son au Festival de Biot en 1970, branché Rock et Jazz, où étaient programmés, entre autres, King Crimson, Soft Machine, ou encore Frank Zappa.

Puis ce fut d'autres concerts avec d'autres grands de cette époque (première partie de Jean-Luc Ponty, East Of Eden à l'Olympia, concerts avec Magma, Gong,Triangle, Total Issue, Brigitte Fontaine à la faculté d'Assas...).

Dès lors, plusieurs concerts vont marquer l’Eté 70 à Paris et en province jusqu’à déboucher sur l’enregistrement d'un disque souple acétate avec les titres "London Cab" et "X 25", enregistré en 4 pistes au studio Saravah et tiré à un seul et unique exemplaire sur le label AKT (distribué par CBS) de Claude Delcloo, fondateur du magazine Actuel, qui fut le seul vestige de cette époque mémorable! Il est d'ailleurs introuvable.

C'est le copain d'un copain à Claude Rousseau qui l'avait prêté à Patrice Blanc-Franquart et ce disque se retrouva sur les platines de José Arthur et de son Pop-Club sur France Inter. Quelle surprise pour la formation qui n'était même pas au courant de s'entendre à la radio! C'est lors de leur passage à la Fac de droit d'Assas avec Brigitte Fontaine qu'ils avaient rencontré Claude Delcloo, lui même batteur de Jazz (Full Moon Ensemble), et directeur artistique chez CBS sous le label AKT.

La tête pleine d'idées géniales et très sympathiques, Rousseau s'avéra par la suite être plus un créatif qu'un gestionnaire. Sentimentalement attaché au groupe et désireux de récupérer un peu d'argent, il ne voulut pas mettre fin au contrat mais n'avait pas les moyens de faire enregister MGP.
La somme d'argent qu'il devait suite à une tournée sur la Côte Atlantique servit donc de monnaie d'échange et Moving Gelatine Plates se trouva libre de tout engagement le 18 Janvier 1971.

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Après pas mal de problèmes rencontrés pour pouvoir enregistrer un album sur un petit label, et reniant finalement, à juste titre, leurs principes underground, ils acceptèrent de signer chez CBS le 4 Février 1971.

Le travail de composition n'était soumis à aucune règle précise dans le groupe.
Parfois, un musicien arrivait avec toute sa partie prête et chacun venait se greffer dessus. Parfois, il arrivait avec un ou plusieurs thèmes et tout le groupe travaillait sur les enchainements et l'harmonisation. Parfois, mais cela plus rarement et plutôt vers la fin, il arrivait qu'un morceau soit entièrement écrit par un seul. Mais certains thèmes du second disque furent composés en 1968!

A l'époque, Bertram, Thibault et Coulon improvisaient trois heures durant en enregistrant la totalité puis faisaient le tri des thèmes intéressants à retravailler. Donc aucune règle n'était de mise. Certains morceaux à la guitare sèche furent composés parce qu'il faisait beau et que les répétitions se passaient sur l'herbe. Pour l'anecdote, "X 25" fut composé avec deux guitares sèches, sax et sans batteur durant une coupure d'électricité.

L'album sobrement intitulé "Moving Gelatine Plates", a été enregistré en seulement six jours au studio Davout à Paris, dans le XXième arrondissement. Le disque représentait avant tout pour eux l'aboutissement d'années de travail, mais aussi la carte de visite nécessaire au développement de leur carrière. Cette carte ne fut hélas que confidentiellement distribuée...

L'enregistrement se fit en 16 pistes, et, le groupe ayant bien rôdé les morceaux sur scène, les choses se passèrent facilement. Le son est resté très fidèle, il est vrai que l'on n'abusait pas à l'époque de noise gates, de filtres et d'égaliseurs qui ont une trop nette tendance à aseptiser la musique d'aujourd'hui.

Evidemment, l’illustration de la pochette comme le nom étrange du groupe donnent des indices sur l’univers musical qui est proposé par Thibault, Bertram, Helmlinger et Pons. Cela risque d'être déstabilisant pour certains.

En effet, deux grandes dynamiques portent le groupe dans l’écriture des morceaux. D’une part, une attention réelle portée au rythme, souvent alambiqué, avec de multiples transitions et changements parfois brusques, qui surprennent l’auditeur et le sortent de toute léthargie. D’autre part, un refus du silence au profit des déluges de notes sans interruption, les talents du multi-instrumentiste Maurice Helmlinger aidant ("London Cab" où le saxophone est en transe) à rendre cette densité sonore tout à fait cohérente.

Les passages improvisés n'étant pas comptés en mesures les chorus furent enregistrés en même temps que la rythmique. Il n'y eut pratiquement que les voix qui furent enregistrées en rerecording. Le résultat fut à la hauteur des espérances. Un son brut et direct, proche de celui que le combo avait sur scène, et fidèle dans la conception, Claude Delcloo laissa toute liberté, distillant néanmoins de précieux conseils, l'expérience du groupe en studio étant quasiment nulle.

Mélange de Rock et de musique contemporaine, la musique, essentiellement instrumentale, très bien produite, fait preuve d’originalité, d’énergie, de finesse, de justesse et de maîtrise, elle accroche remarquablement bien.

Les musiciens ont gardé un excellent souvenir de l'ingénieur du son, François Dentan. Charles Trenet ne voulait travailler qu'avec lui lorsqu'il passait à l'Olympia! Donc plutôt habitué à travailler dans la tradition, il fut enthousiasmé à l'idée d'innover, de découvrir de nouvelles choses.
Très surpris par exemple d'enregistrer pour la première fois de sa vie une basse avec distorsion, il se fit un plaisir de trafiquer le son de batterie dans le solo de "Last Song". Celà peut sembler facile aujourd'hui avec n'importe quel flanger, mais il dut courir partout afin de trouver un générateur de son, que Claude Delcloo devait maintenir ferme afin de ne pas perdre le "point de phasing".

Il y a, évidemment de la technique, mais ce sont la créativité, l'inspiration et l'originalité, qui priment, et ce, même si la complexité est le facteur dominant du premier contact avec Moving Gelatine Plates. Le groupe y ajoute sa touche personnelle pour un résultat qui aurait mérité bien meilleur retour sur investissement en temps réel. Juste retour des choses, les franciliens en touchent les bénéfices depuis.

S’il possède indéniablement une touche Jazz affirmée, parfois Free, flirtant grandement avec la scène de Canterbury et adepte d’expérimentations sonores (l’introduction de "London Cab", les voix accélérées) "Moving Gelatine Plates" ne sacrifie pas la mélodie et infuse des traits Heavy à travers un grand usage de la guitare électrique. On est bien au carrefour des genres, quand le Rock ne s'imposait aucune barrière, aucune convention, en matière d'explorations stylistiques.

On sera donc porté par des morceaux aux structures aussi denses que complexes comme, par exemple, "Gelatine" et son Jazz Rock cotonneux avec une ligne de basseincroyable. Le solo de batterie de "Last Song" puis les nappes d’orgue, les dissonances et syncopes de son introduction, les joutes instrumentales de la guitare et du saxophone: voilà un titre de quinze minutes varié et plus qu'insolite.

Ces débuts sont impressionnants: Pons, Bertram, Thibault, Helminger y font une excellente démonstration d’interaction musicale, qui leur vaut les éloges de leurs contemporains.

Moving Gelatine Plates a toujours été très attiré par la scène. Du fait des gros problèmes contractuels au départ concernant le disque, la promotion la plus importante se fit par les concerts. La rigueur de leur musique faisait que les morceaux sonnaient de la même façon sur scène que sur disque. Les improvisations (jamais collectives) n'étant pas limitées par un nombre de mesures mais par un repère précis du soliste, leur durée variait suivant l'humeur et l'ambiance.

CBS a sorti "Moving Gelatine Plates" le 3 Juin 1971. Mais, pénalisé par un déficit de promotion et par une gestion en interne plutôt scabreuse, ce disque, pourtant bien maîtrisé et bien accepté par la critique, boîte bas côté ventes, d'autant plus que, frein supplémentaire, le genre pratiqué n'a pas pour habitude de trôner en tête des Charts. Ce n'est d'ailleurs pas l'objectif avoué de Thibault, Bertram et consorts qui n'ont que l'aspect artistique comme fil conducteur.
"...Si l'on peut regretter une certaine sous-médiatisation de Moving Gelatine Plates tant hier qu'aujourd'hui, il faut admettre que notre côté volontairement marginal, idéologiquement parlant, a permis de privilégier les aspects artistiques du groupe. Dans les 70's, la plupart des formations véhiculaient, outre la musique, des messages politiques et sociétaux. Notre approche purement musicale intéressait moins les médias...". (Didier Thibault)

Il est regrettable que leurs origines françaises les aient quelque peu pénalisés et qu’ils aient été peu soutenus sur le plan promotionnel, sans quoi… La distribution du disque fut très limitée. Les affiches envoyées par CBS étaient bien envoyées sur les lieux des concerts mais les albums, eux, étaient absents dans les rayons des disquaires locaux.

Malgré des ventes de seulement 10 000 exemplaires, Moving Gelatine Plates a reçu une réponse positive des fans et de la presse.
Il n'empêche que, malheureusement, cette démarche ne permet pas d'en vivre et que les problèmes financiers vont rapidement venir hanter le quotidien des acteurs.

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Avec l'aide de quelques musiciens de session, Moving Gelatine Plates est retourné en studio fin 1971 pour enregistrer un nouvel album intitulé "The World of Genius Hans".

Ce second opus est paru en Février 1972.
Inoubliable de par sa drôle de pochette qui est tout simplement une des dix plus hideuses de l'histoire de la musique enregistrée montrant un homme à tête bovine (une vraie tête de vache), avec un blouson de cuir avec col en fourrure, du persil bourré dans les naseaux, les oreilles et en guise de chevelure, un cigarillo pris entre les 'dents' d'une bouche hautement inspirée, sur fond rose façon boucherie, il y aurait presque de quoi en faire des mauvais rêves. Il vaut surtout par un contenu de première force musicale symbolisant à lui seul toute la pertinence de la scène Française Prog.

C'est certainement une sorte de clin d'oeil au "Trout Mask Replica" de Captain Beefheart!

Dommage que cette pochette ne donne pas franchement envie d'acheter et d'écouter l'album, car "The World Of Genius Hans" est clairement un des meilleurs albums de Prog Rock expérimental Français avec le "Obsolète" de Dashiell Hedayat, le "Camembert Electrique" de Gong, et l'"Album A Colorier" d'Albert Marcoeur. Sans oublier, bien sûr, "Kobaïa" et "Mekanik Destruktiw Kommandöh" de Magma.

En seulement sept titres, "The World Of Genius Hans" est un disque vraiment fou, comme sa pochette. Moving Gelatine Plates n'a certainement pas grand chose à envier à Soft Machine.
Leur style est relativement identique, un Rock Progressif expérimental un peu bizarre, le genre de musique qui, à la première écoute, ne donne pas spécialement envie de passer à nouveau du temps à l'écouter dans le futur. Pourtant, ça serait bien dommage, tant "Astromonster", "Cauchemar", "Moving Theme" et surtout, "The World Of Genius Hans" sont de véritables bijoux musicaux.

L'album, mieux travaillé que le premier, bénéficia d'un meilleur accueil. On peut même dire que l'accueil du public (lorsqu'il pouvait trouver les disques) fut très positif. Mais, pourtant, le disque ne suscita pas une augmentation conséquente de spectateurs aux concerts. La scène a toujours plus servi de promotion au disque que l'inverse.
Les critiques furent aussi, en général, excellentes, du moins pour les journalistes qui avaient reçu le disque.

C'est un disque malheureusement rare et méconnu qu'il faut absolument (re)découvrir!

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Maurice Helmlinger

Ce deuxième LP, fut-il meilleur, ne changea rien au problème. "The World Of Genious Hans" souffrit des mêmes carences promotionnelles que son prédécesseur et scella la fin de Moving Gelatine Plates.
Les problèmes de distribution et de promotion n'ayant pas évolué par rapport au premier, cela a à nouveau pesé sur les ventes du disque. Pourtant, comme pour le premier album, "The World of Genius Hans" a reçu une réponse chaleureuse de la part des quelques critiques et auditeurs qui l'ont entendu, mais il fut, malheureusement, vendu à environ 10000 exemplaires comme le premier.

En raison de ces faibles ventes, des dépenses d'équipement et de l'incapacité du groupe à réserver des spectacles, le formation s'est rapidement endettée.
Pour cette raison, des tentions financières entre le groupe et CBS avaient vu le jour. A tel point que Gérard Pons dut vendre sa batterie et quitter le groupe (il racheta d'ailleurs sa batterie plus tard et plus chère qu'il ne l'avait vendue...mais la sentimentalité n'a pas de prix!). Il a, depuis, complètement abandonné la musique.
Il fut alors remplacé par Alain Clarel (né le 3/11/50), batteur d'instinct (mais né avec le rythme dans la peau!) qui jouait alors avec Michel Polnareff.

Un autre changement dans la composition du groupe eut lieu en Janvier 1972, six mois avant la dissolution. Pour faire face à tous ces gros problèmes financiers, il fallut vendre l'orgue et s'adjoindre un "claviériste avec matériel" en la personne de Philippe Patron (hélas décédé depuis, alors qu'il était chef d'orchestre de Daniel Balavoine) qui avait étudié le piano en cours particuliers.

C'est ainsi, en quintuor, que Moving Gelatine Plates se produisit à l'Olympia en Mai 1972, mais très peu de gens ont pu assister à des concerts du groupe sous cette forme...
Car rien n’y fit, les galères continuèrent à poursuivre le groupe: gala annulé, vente du camion pour payer les dettes, etc...

Le dernier concert en date eut lieu à Sartrouville (la boucle était bouclée) le 4 Juin 1972.

Le groupe fut définitivement dissout le 5 Août 1972 alors que, dans l'anonymat, il se produisait à Honfleur.
En effet, les problèmes financiers devenant insurmontables, il avait obtenu un contrat d'un mois dans un hôtel restaurant qui devait leur permettre de régler toutes leurs dettes. Malheureusement, le contrat ne dura que trois jours, principalement pour des raisons de mauvais temps!

Il fallut alors vendre le camion et la sono, et essayer de préserver l'amitié dans un contexte matériel et moral très tendu. Comme souvent dans les histoires de séparation, il est difficile, le processus étant enclenché, de savoir comment tout a commencé à se dégrader. Ce qui est sûr (et les nouveaux musiciens n'y étaient pour rien), c'est que le fait de revendre l'orgue, de changer de batteur, puis d'être amenés à faire des concerts dans des lieux qui ne convenaient pas forcément à leur musique, a transformé l'équipe d'amis réunis pour la création en une entreprise commerciale.
Le paradoxe veut que les liens entre les membres du groupe se soient effilochés au fur et à mesure que la cohésion se faisait au niveau de la musique. En fait, les causes profondes de la séparation sont avant tout matérielles. Comme on pouvait lire dans "Le Parisien" du 22 Juillet 1970 : "Est-ce que le Pop paye ?".

On peut noter que leurs deux LP ont, aujourd’hui, la reconnaissance des critiques et experts du genre.

Des morceaux inédits, qui ne furent jamais enregistrés, laissaient présager une évolution intéressante de leur musique. On ne discernait plus les parties improvisées des parties écrites et ce qui pouvait apparaitre comme un peu trop sophistiqué dans leur musique fut alors gommé au profit d'une plus grande énergie.

Les deux albums, parus longtemps après les débuts sur scène de MGP, étaient très attendus du public et des médias. Dommage que la distribution fut si limitée...
Les titres enregistrés représentaient les morceaux les plus structurés. Certains étant beaucoup plus destinés à la scène, comportaient de longues improvisations et dataient pour la plupart de la toute première période du groupe.

D'autre part, il s'est trouvé que le groupe a tourné de moins en moins à partir de la sortie du premier disque. Ce n'était pas le résultat d'un échec mais les opportunités se faisaient plus rares (moins de festivals...).
Avec leur imprésario pour la scène Francis Clarel, directeur du Gibus Club, ils bénéficiaient de nombreux contrats en province, mais dans des discothèques, en échange de groupes régionaux qui montaient alors à Paris. A partir de ce moment, ils commencèrent à envisager différemment la scène et le disque, et le choix des morceaux à enregistrer en découlait.

Certains titres furent abandonnés sur scène pour des raisons techniques (difficultés pour amplifier des instruments acoustiques), d'autres parce qu'ils semblaient trop commerciaux ou assimilables à des choses existantes. Les titres les plus appréciés du public furent surtout ceux du premier disque, peut-être parce qu'ils avaient été conçus pour la scène. Les autres morceaux, bien que certains avaient été écrits à la même période, étaient plus construits et arrangés pour le disque.

Mais Moving Gelatine Plates n'a jamais voulu faire de concessions et ne s'est jamais dit: "...faisons çà pour plaire à tel ou tel public...". Au Festival du Bourget, pae exemple, lorsque Gérard et Didier ont pris les guitares sèches pour interprèter "Memories", des sifflets retentirent dans la salle. Et ce fut le titre finalement le plus applaudi de tous.
Mais c'était un lieu privilègié et la sono était parfaite.
Dans d'autres endroits, il était préférable de jouer nettement plus fort, par exemple après le groupe Variations, à Stella-Plage.

Le deuxième album fut enregistré relativement peu de temps après le premier, tout d'abord parce que les titres étaient prêts, et ensuite le contrat chez CBS stipulait de sortir un album chaque année. Il fut enregistré au studio des Dames du 7 au 15 Décembre 1971, avec Roland Guillotel comme ingénieur du son.
Les titres de ce LP avaient été beaucoup plus travaillés dans l'optique disque que scène (pour exemple l'apport de musiciens extérieurs). Plus précis, mieux réalisé, il apparait néanmoins très sophistiqué, au détriment peut-être d'un certain impact.

C'est l'apothéose du "système Moving", environ 450 thèmes, de plus en plus structurés. C'est à la suite de la réalisation de ce disque que les musiciens de Moving Gelatine Plates cherchèrent à épurer leur musique, la rendre plus limpide en développant plus chaque thème.

Le premier album, attendu depuis longtemps (à cause des problèmes de contrat), avait été très bien perçu, tant par le public que par les médias (du moins la presse spécialisée, car la TV et la radio, pour ce style de musique...). Ce disque était le reflet fidèle de ce que les gens avaient entendu sur scène.
Le second album surprit peut être un peu plus, certains titres ayant même été composés pendant l'enregistrement, et principalement dans l'optique disque. Mais, si les critiques furent également très bonnes de la part des journaux, elles furent aussi moins nombreuses car il semble que la promo ait été nettement moins bien faite, voire même oubliée.

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En effet, CBS, qui peut-être n'avait pas gagné assez avec le premier LP, eut l'idée géniale de faire sortir, un mois environ avant le deuxième, un 45 tours avec deux titres de l'album: "Funny Doll" et "Cauchemar".
Celui-ci fut envoyé à la presse, mais pas le 30cm...Ces titres n'étant pas spécialement conçus pour les discothèques, le tout passa plutôt inaperçu. Les concerts importants se faisant également plus rares, la promotion fut donc assurée principalement par le bouche à oreille.

Entre une maison de disque qui voulait les promouvoir comme une marque de savonnettes (Claude Delcloo n'était pas responsable) et des concerts dans des discothèques pour assurer l'alimentaire (et les crédits sur le matériel: environ 1000 Frs par mois chacun, en 1970!). Moving Gelatine Plates se trouvait dans un état d'esprit qui correspondait toujours parfaitement à leur musique, mais dans un système opposé.

A aucun moment l'idée ne leur était venue de modifier leur musique, mais vouloir changer le système eût été de la pire utopie!

Tous les musiciens qui ont fait partie de Moving Gelatine Plates ont apporté quelque chose à la musique du groupe. La direction musicale avait été établie d'elle même dès le début par les goûts de Didier Thibault et Gérard Bertram mais s'est affinée au fur et à mesure que les nouveaux venus intégraient le groupe.
Les idées de chacun se sont toujours imbriquées les unes dans les autres, de sorte que l'arrangement final ne privilègiait personne en particulier. Chacun avait bien entendu ses préférences musicales, mais les schémas rythmiques et harmoniques sur lesquels reposaient les premiers morceaux ont servi très vite de référence pour les compositions suivantes (principes de changements de mesures, unissons sax-guitare, mélodies de basse etc...).

De sorte que le 'Son Moving' incitait chaque musicien à adapter son jeu. Cela toujours dans la complémentarité. Seule la période finale (avec Alain Clarel et Philippe Patron) pouvait laisser penser à une évolution dans la composition, principalement sur deux points: un peu plus de place à l'improvisation (y compris collective) et une tendance à développer un peu plus les thèmes.
A noter également que la présence de Philippe Patron incita le groupe à travailler un peu plus les vocaux. Hélas, aucun enregistrement n'existe pour en témoigner. Chacun avait des préférences musicales, aussi variées que différentes. Il est naturel que ces goûts personnels influent sur la musique du groupe, mais cela fut surtout le cas au début, et inconsciemment. Puis la synthèse des différents courants se fit peu à peu, le groupe gagna en maturité et la formation se ressourça dans ses propres principes de composition, écoutant très peu ce qui se faisait ailleurs.

Que sont-ils devenus ?
Gérard Bertram a ensuite rejoint Zoo. Depuis il est devenu professeur de musique au collège "Colette" de Sartrouville (près de Paris).
Didier Thibault joua dans Gong dans une nouvelle formation, avec Steve Hillage à la guitare, Pierre Moelern à la batterie et Tim Bake aux claviers, puis dans différentes formations de Jazz jusqu’en 1978. Il tentera de remonter le groupe sous le nom de Moving, puis sortira "Removing" en 2006 sous le nom de Moving Gelatine Plates.

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Thibault a décidé en 1978 qu'il voulait recommencer Moving Gelatine Plates, malheureusement il était le seul membre original qui soit vraiment intéressé.
Il a donc formé un groupe éphémère baptisé Moving qui allait aussi subir de nombreux changements de line-up avant d'enregistrer un album studio en 1980 avec des nouveaux membres, Jean-Jacques Hertz (guitare), Marc Profichet (batterie), Jean Rubert (saxophone) et Dominique Godin (claviers).
Thibault y joue de la guitare acoustique, de la basse et chante en Français.

Ce disque éponyme parait sur le petit label AMO, mettant en vedette un musicien invité, Didier Malherbe de Gong. Il a été enregistré huit ans après la rupture de Moving Gelatine Plates.

En fait, il n'est encore jamais sorti en entier sur un CD sauf que toutes les pistes se trouvent présentes en pistes bonus sur les deux rééditions Musea des deux premiers albums. Bien que l'on aurait pu craindre un désastre, cet album est, somme toute, assez bien mais il est bien loin de la créativité et de la dynamique des deux albums précédents.

C'est, cependant, du bon Jazz Rock Fusion relativement calme, mais la musique est plus docile et s'estompe un peu trop par rapport aux albums de Moving Gelatine Plates. Les musiciens sont tous bien, jouant comme s'ils croyaient réellement en ce qu'ils font. Une des grandes différences est que les vocaux sont beaucoup plus fréquents et chantés en Français.

Ce disque, qui n'a pas eu de successeur, est intéressant musicalement parlant, sans plus, et ce ne fut pas un succès financier pour ce groupe.
Comme le disent les notes de la pochette, Didier voulait maintenir l'esprit musical du groupe original mais cette fois dans un langage beaucoup plus accessible mais ce n'est pas vraiment une réussite.

Seules quelques unes des chansons passent vraiment la rampe:
Le doux "Les Etres D'or" qui sonne parfaitement bien avec bons solos de saxophone et de guitare.
"Destruction" qui commence par une ambiance sombre et atmosphérique, le reste présentant une belle mélodie uptempo.
La belle chanson "Tout Autour De Toi" qui s'ouvre sur de douces mélodies de flûte jouée par un invité de marque, Didier Malherbe et de guitare acoustique, le saxophone intervenant ensuite suivi de synthés, c'est un peu sombre en fait avec le saxo devenant dissonant et la flûte reprenant le relais du saxo alors que l'ambiance s'éclaircissait à nouveau.
Un air accrocheur et léger "Ombres", une piste agréable à écouter.
"Frequence Nocturne" qui semble vraiment incroyable avec son début décontracté et très calme, un xylophone qui devient proéminent en devenant jazzy, puis un joli solo de saxophone intervient avec de belles lignes de basse, le xylophone et la basse deviennent alors prédominants avant que le saxo ne vienne y mettre fin.
"Solaria "qui s'ouvre avec la flûte de Didier Malherbe, avec vibrations et guitare acoustique, le tempo s'accélère avec la batterie et la guitare se lance ensuite dans un grand solo pendant que la batterie bat pour terminer la chanson.
et "Rire De Peine" qui s'ouvre avec une guitare acoustique au son très cool, un morceau tout à fait céleste avec du saxo qui joue doucement et un mini moog joué par un invité, Mico Nissim intervient ensuite, les synthés s'ajoutant également à l'ambiance générale.
Le reste étant un ton en dessous.

Par manque de succès, cette formation s'est séparée en 1981.

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Image Didier Thibault

Après une très longue éclipse, Moving Gelatine Plates renaît en 2006, toujours mené par Didier Thibault (basse, chant), seul membre original.

L'album très respectable "Removing" naît de ce come-back bienvenu et apprécié, dont on espère vivement qu'il permettra à Moving Gelatine Plates de jouer de belles prolongations prog.

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Thibault s'est habilement entouré d'un incroyable groupe et IL a ainsi réussi à se surpasser et à livrer un album bien conçu et plein d'une grande sensibilité.
Le groupe comprend alors Maxime Goetz (guitares), Éric Hervé (batterie), Stéphane Lemaire (claviers), Jean Rubert (saxophones, flûtes), Julien Taupin (violon, trompette) et Anton Yakovleff (violoncelle, contrebasse). Les invités au fil de l'album sont Nicolas Yakovleff (hautbois), Pierre-Olivier Govin (saxophone soprano et tenor), Michel Hausseguy (alto) et la Chorale Claire Joie (choeurs).

L'album "Moving" est considéré comme bien inférieur aux précédents, mais ce n'est pas tout à fait le cas de leur dernier album "Removing" qui prouve que Didier Thibault, l'homme derrière ce groupe possède toujours l'esprit. Il a décidé de garder cet esprit vivant avec ce disque particulier. Ce n'est pourtant pas du calibre des deux originaux.

On y trouve de la fuzz basse, des arrangements intelligents joués avec des instruments à vent comme partie intégrante de leur son, des voix amusantes et globalement une atmosphère humoristique et venteuse.
Il ne s'agit en aucun cas d'un album rétro, mais d'un autre côté qui réussit à être un produit de son temps. Le style du groupe est là, et les compositions sont un peu plus concentrées et moins expérimentales et aventureuses qu'avant, cela ne veut pas dire que c'est moins de prog. Cette fois, la musique a moins son côté Canterbury, on peut dire qu'il a presque disparu, mais un style progressif plus jazzy.

Alors que leurs deux premiers albums avaient une nature plus complexe, cet album, bien que conservant une certaine complexité, tente de se concentrer sur la livraison d'une bonne mélodie ou d'avoir un thème cool que le groupe développe. Il n'y a pas d'explosions de panique ou d'idées folles, ils n'essaient pas de défier l'auditeur avec des pauses soudaines ou toutes sortes de directions bizarres, tout est sur place, si soigneusement pensé et parfaitement exécuté, l'écriture est mûre et juste et les chansons contiennent une énorme quantité de petits détails tissés dans les mélodies, ce qui pourrait prendre un peu de temps pour bien les remarquer et les apprécier.

Les chansons ne sont pas aussi complexes qu'avant mais le groupe sait comment le compenser par une utilisation intelligente des couches, les instruments à vent contribuent tellement, et peignant de manière colorée les chansons avec toutes sortes de couleurs chaudes, en remplissant les chansons avec un beau fond pour jouer les leads ou essentiellement en solo, ceci est bien sûr réalisé avec un arsenal respectable d'instruments comme le saxophone, la trompette, le violon, la flûte, le piano et le violoncelle, en plus des claviers, des guitares, de la basse et de la batterie.

Inutile de dire que ce groupe semble incapable de livrer quoi que ce soit de faible et le haut niveau de créativité est maintenu tout au long de l'album. Le jeu lui-même n'est pas moins que stellaire! chaque membre offre des ponts musicaux mémorables joués avec beaucoup de passion et de sensations.

Il semblerait que beaucoup d'amour et de temps aient été consacrés à cet opus qui est vraiment très agréable à écouter.

En 2011, c’est finalement au sein d’un nouveau projet baptisé Laborator que l’on retrouve Didier Thibault qui continue à faire vivre sa passion pour la musique.
En effet, Eric Hervé à la batterie, Stéphane Lemaire aux claviers et Didier Thibault ont décidé de continuer l’aventure ensemble et de fonder un trio.

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Un album éponyme sort le 14 Octobre 2011. Il montre un trio énergique plus que performant...

Pour information, en 2015, le label Monster Mélodies a réédité le premier album "Moving Gelatine Plates" en vinyle.

Discographie

Moving Gelatine Plates

1971 : Moving Gelatine Plates
1972 : The World of Genius Hans
2006 : ReMoving

Moving

1980 : Moving

Sources: wikipedia, RAZOR, site du groupe, albumrock.net, ClashDoherty, M, Progressif, Andrew Helminger,
Modifié en dernier par alcat01 le mer. 28 avr. 2021 14:15, modifié 32 fois.

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Re: MOVING GELATINE PLATES (Bio)

Message par Leutte » mar. 20 avr. 2021 22:54

World of Genius Hans, le premier vinyle de ma collection, offert par mon frère en janvier .. 2019! :hehe:
Carrément Canterbury!
compositions énergiques, incisives, mélodies accrocheuses, voix et harmonies au cordeau, fuzz et distorsions à gogo

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Re: MOVING GELATINE PLATES (Bio)

Message par alcat01 » mer. 21 avr. 2021 16:09

Et un véritable MUST.

Dommage pour eux que CBS n'ait pas fait réellement le nécessaire car le groupe avait un énorme potentiel...

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Re: MOVING GELATINE PLATES (Bio)

Message par Cooltrane » sam. 24 avr. 2021 09:29

un de mes groupes frainches préférés :super:

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