J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 29 mai 2021 11:26

Remontons le temps...

" ... A choral hymn to the deep roots of African music in its more authentic incarnation "

Peut-on lire sur FJMt°
Douglas a écrit :
sam. 29 févr. 2020 22:41
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Un double LP dont la rareté l'a rendu pour longtemps inabordable. Cette œuvre de 1972 publiée à l'origine sur le label Strata East ne se revendique pas comme un album de jazz mais souhaite se fondre dans le vaste creuset de la "Great Black Music" autrefois imaginée par les musiciens de l'Art Ensemble et de l'A.A.C.M de Chicago. Musique engagée donc et même agitée, mais pas seulement, le souffle du "spiritual jazz" attise les braises et chauffe jusqu'à l'incandescence, quelques éclats aux accents "free" en apothéose parsèment un album enregistré "Live At The East" à Brooklyn, New York...

James Mtume le percussionniste est le leader de la formation, c'est le fils du saxophoniste Jimmy Heath, beaucoup de grands noms sur cet album, entre autres Carlos Garnett (Sax, Flute), Leroy Jenkins (Violon), Gary Bartz (Sax), Stanley Cowell (Piano), Buster Williams (Basse), Andy Bey (Vocal), Joe Lee Wilson (Vocal) et Billy Hart (batterie) ... Ici c'est du youtube mais ça permet de se faire une idée!

Mtume Umoja Ensemble - Seperate Not Equal


Utamu


Mtume Umoja Ensemble - Alkebu-Lan: Land of the Blacks (Live at the East) (Full Album)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 30 mai 2021 03:44

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Nick Millevoi 's Desertion Trio W Jamie Saft ‎– Midtown Tilt

Nick Millevoi, un nom qui sonne agréablement à mes oreilles, particulièrement pour « Desertion » son album précédent sorti en 2016 que j’ai beaucoup écouté, d’ailleurs j’en ai toujours deux sous la main, un pour moi et l’autre pour le petit cadeau que l’on peut faire à l’ami qui passe, le genre d’album qui plaît à tous. Il contient beaucoup, du jazz, du rock, du blues, de la musique psychédélique, de la country même et surtout l’esprit des grands espaces et du vent qui souffle au milieu du désert, avec dépaysement garanti. On retrouve un peu de cet état d’esprit sur ce nouveau chapitre avec « It’s a Hard World for Little Things » ou sur le très beau « Fascination Fadeaway » qui termine l’album.

Déjà il y avait Jamie Saft, un des organistes du pays de Zorn, ici il prend encore plus de place, tellement même que je n’hésite pas à déconseiller « Midtown Tilt » à ceux qui n’aiment pas l’orgue, c’est la seule contre-indication qui me paraît pertinente, autrement vous pouvez y aller, c’est open-bar !

On retrouve également Johnny Deblase à la basse électrique, les autres sont des nouveaux, Kevin Shea à la batterie et Ashley Tini au vibraphone sur deux titres et au « shaker », une percussion sur « Jai Alai Noon ». Nick Millevoi est le compositeur de tout ce qui se trouve ici, il joue avec excellence de la guitare électrique, l’album est paru en 2018, toujours sur le petit label portugais « Shhpuma », petit cousin de « Clean Feed ».

Par rapport à son prédécesseur la musique de l’album a perdu un peu de sa légèreté, l’orgue étant très en avant, la production est également plus musclée, « The Myna Bird » est l’aboutissement réussi de ce processus. D’ailleurs l’intro de la pièce suivante « The Carideon » fait penser à du bon Santana avant de s’échapper en soli de guitare sur tapis d’orgue.

Midtown Tilt


Numbers Maker


Fascination Fadeaway


It's a Hard World for Little Things


Jai Alai Noon
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 30 mai 2021 12:11

Le petit mot de "My Cat is an Alien" su FJMt°.

"... Takayanagi's killer guitar shapes unbelievable walls of white noise in the 20min piece "My Friend, Blood Shaking My Heart"..."
Douglas a écrit :
lun. 23 sept. 2019 10:20
Celui-ci patientait depuis quelques temps dans la file d'attente:

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C'est "April Is The Cruellest Month" un album du Masayuki Takayanagi New Direction Unit qui a été réédité cette année en vinyle. Trois pièces, deux faces, les deux premiers morceaux sur la première, plutôt calmes comparés au volcan free et furieux qui habite "My Friend, Blood Shaking My Heart" qui loge seul sur la seconde:



Masayuki Takayanagi est à la guitare et aux compos, Kengi Mori au Saxophone Alto, à la flûte et à la clarinette basse, Nobuyoshi Ino à la basse et Hiroshi Yamazaki aux percussions. L'album a été conçu en 75 et devait être sorti par le label ESP, mais il a été reculé dans le temps et n'a été rendu public qu'en 1991, succédant dans le genre au fabuleux "解体的交感" (au nom imprononçable pour moi) sorti en 70 avec Abe Kaoru au sax. Cette pièce est une déflagration sonore improvisée, la guitare électrique ne recule devant aucun effet susceptible d'arriver à ses fins, triturages des cordes ou larsen, on peut penser à Sonny Sharrock, Fred Frith ou Derek Bailey encore que ceux-ci ne se montrent pas si souvent aussi énervés, pour l'énergie c'est le nom de Brötzmann qui s'impose comme référent, soulignons également la performance des accompagnateurs également au top niveau !
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 31 mai 2021 04:20

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People Band ‎– 1968

Non ce n’est pas A.R. Penck l’auteur de cette pochette, et c’est bien là un dessin d’enfant, il y a d’ailleurs une petite histoire à ce propos. Le label « Transatlantic Records » qui produisit et sortit le LP substitua au dessin de l’éléphant dessiné par une main enfantine un autre éléphant, vaguement psychédélique, ce qui déplu aux musiciens du « People Band » qui imposèrent lors de la réédition sur Cd leur choix esthétique.

Et ils ont bien fait, il est plus doux, plus gentil et plus rigolo !

Le People Band je vous en ai parlé y’a pas longtemps avec l’album choisi par « Free Jazz Mt° » et sans doute que le choix était le bon, plus de musique, plus de free, de diversité, de style, plus de tout. Une superbe pochette aussi. Le disque d’aujourd’hui est plus petit, pas de double Cd, mais une antériorité comme l’indique son titre « 1968 », bien que la première sortie officielle ait lieu en 1970.

Ce qui caractérise ce groupe c’est la sympathie qu’ils inspirent, par leur mode de vie, la façon dont ils travaillent, hors des contraintes habituelles, dans un esprit de coopération et d’amour de la musique, de la recherche musicale, un petit détail qui n’est pas anodin, il est spécifié quelque part dans les notes de pochette que pour l’enregistrement chacun jouera de son instrument de prédilection, celui qu’il maîtrise le mieux. Il faut comprendre par là que, dans leur pratique habituelle, ils changeaient d’instrument, s’essayaient à d’autres expériences et échangeaient des compétences, une anecdote qui raconte beaucoup.

J’aime ce groupe, j’aime cet album, les improvisations qui s’enchaînent, l’esprit des jams, du jazz en entier qui est contenu sur la galette, rien n’est interdit, donc tout est permis. D’ailleurs il existe un autre fan d’une toute autre catégorie que la mienne, c’est Charlie Watts qui a financé et organisé ce projet d’enregistrement. Il faut dire aussi que les musiciens ne sont pas des noobs, certains ont joué en compagnie de Pete Brown, Mike Westbrook ou Soft Machine.

La version Cd contient un gros quart d’heure de bonus. Mais il faudra faire sans extrait...
Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 15:20, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 31 mai 2021 12:24

Une nouvelle remontée FJMt°:

"Baryton énorme (Hamiett Bluiett), ténor inspiré (l'oublié Azar Lawrence) et rythmique endiablée..."

Douglas a écrit :
mar. 13 oct. 2020 05:27
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The 360 Degree Music Experience ‎– In:Sanity

La suite la voici, sous la forme d’un double album enregistré sur le label italien Black Saint, à ma connaissance c’est le seul double du label, il faut dire qu’« In:Sanity » n’est pas loin du chef d’œuvre et qu’il mérite cette débauche de moyen, une jolie page cartonnée s’intercale agréablement à l’intérieur du gatefold.

Hamiet Bluiett succède à Howard Johnson et joue du bariton, de la basse clarinette et de la flûte, quelques changements encore, Azar Lawrence au sax ténor par exemple, d’autres ne sont pas là, il reste le seul Cecil McBee à la basse par exemple, mais on garde les leaders, Beaver Harris et Dave Burrell, également Titos Sompa aux congas, Francis Haynes toujours au steel drum et Sunil Garg avec son sitar .

Ce qui évolue le plus c’est le répertoire, sage et révérencieux sur les faces une et quatre et free et sauvage sur la seconde et la troisième. On retrouve dans cette structure le message déjà porté sur le premier album, la possibilité pour les jeunes musiciens de jouer tantôt de façon plus « classique » et ainsi de saluer les anciens en montrant que l’on pouvait jouer comme eux, tout en s’autorisant à jouer free pour profiter à plein de la liberté gagnée. Il n’est pas anodin de souligner l’amitié qui toujours régna entre Beaver Harris et Archie Shepp qui fut l’un des premiers à franchir le pas entre free et tradition.

Il est à craindre qu’en jouant ainsi sur deux volets différents mais complémentaires, l’un né de l’autre, certains auditeurs ne soient bousculés pendant les faces free, sur « Open » par exemple, bien que ce soit une tuerie à mes oreilles. Beaver tape comme un damné tandis que Dave tisse un une texture épaisse et qu’ Hamiet souffle sans cesse sur la braise… C’est le pari de cet album à deux têtes, comme dessiné sur la pochette, une grande cuvée de soixante-seize.

Le seul titre sur le tube, le dernier du double album ...
"Sahara"
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 1 juin 2021 04:06

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Keith Tippett, Julie Tippetts, Louis Moholo-Moholo & Canto Generàl ‎– Viva La Black Live At Ruvo

Un album qui tient ses promesses, des grands noms, un projet et une réussite au rendez-vous, voilà ce que nous réserve cet enregistrement. Keith Tippett d’abord, aux claviers mais surtout à la tête du projet, chef d’orchestre et souvent compositeur ici. Julie Tippetts au chant et Louis Moholo-Moholo à la batterie, voilà pour les têtes d’affiche, mais il faut ajouter Canto Generàl, un grand orchestre avec des musiciens italiens de grande qualité, sections de anches, de cuivres et des chœurs qui ont ici une grande importance, ceux qui connaissent l’excellent « It’s time » de Max Roach auront une idée de ce qui se passe ici également.

L’enregistrement est public, il s’est déroulé au festival de Ruvo di Puglia, dans la région des Pouilles en Italie, le 5 septembre 2004. L’album est sorti en 2007 sur le label anglais Ogun. L’ombre de l’apartheid plane sur cet album, par la présence de Louis Moholo-Moholo, le titre « Mra » qui ouvre l’album signé Dudu Pukwana, Mongezi Feza qui signe le dernier titre de l’album « You Ain't Gonna Know Me 'Cos You Think You Know Me », juste après le traditionnel « South African National Anthem ». Il faut ajouter deux titres d’Harry Miller qui est également créateur du la bel Ogun.

Pour le reste c’est Keith Tippett qui est le signataire des autres compos, pour autant elles évoquent elles aussi l’Afrique du Sud. L’album file vite avec ces pièces qui s’enchaînent dans une longue suite d’une grande beauté, pas de temps faible ici, juste le temps de respirer et de repartir vers un autre rythme, un autre thème et une autre mélodie. L’Afrique toujours présente avec ces solistes incroyables issus du fantastique Canto Generàl qui ne cesse d’éblouir, citer l’ensemble des noms serait trop long mais en isoler un serait injuste tant tous brillent dans une formidable unité.

A ne pas rater si vous croisez ce Cd.

Keith Tippett, Julie Tippetts, Louis Moholo-Moholo & Canto General "A Song"


Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 15:22, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 1 juin 2021 11:57

Comme dit Philippe Robert:

" ... quel brûlot que celui-ci ! (Avec Sonny Sharrock) . "
Douglas a écrit :
lun. 2 déc. 2019 21:39
Image

Cet album est paru sur le label E.S.P. en 1968, il est aujourd’hui considéré par les amateurs comme un joyau du free jazz. Il y a d’abord la qualité des musiciens, le leader Marzette Watts joue de la clarinette basse sur le premier morceau, du sax tenor sur le second et du soprano sur la troisième et dernière pièce, il est épaulé par deux autres souffleurs, Byard Lancaster alto, flûte et basse clarinette ainsi que Clifford Thornton au trombone et au cornet. On trouve également l’incontournable Henry Grimes à la basse, l’incroyable Sonny Sharrock à la guitare (très bon ici), le pétillant Karl Berger au vibraphone et le talentueux J.C. Moses à la batterie, un invité Juney Booth qui joue également de la basse sur « Backdrop For Urban Revolution » le premier morceau. Que du beau monde, tous ainsi groupés ils jouent et incarnent le nom de l’album : Marzette And Company !

En 68 le free a déjà fait son trou, les plus jeunes musiciens de cette génération s’engouffrent dans les pas de Coltrane, Coleman, Dolphy ou Cecil Taylor, les portes sont ouvertes et le jeune public est demandeur, il n’est pas innocent que l’européen Karl berger joue sur cet album, ce sont là les prémisses de l’aventure Byg qui se dessinent, en un vaste rassemblement qui efface l’obstacle de l’océan Atlantique…

Cet album est signalé par le guitariste de Sonic Youth, Thurston Moore comme étant l’un de ses préférés. Du free, puissant, créatif, lyrique et engagé mais pas furieux , juste une page de la belle aventure E.S.P.

"Marzette And Company" - Marzette Watts (Full Album)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 2 juin 2021 03:19

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Julius Hemphill ‎– Roi Boyé & The Gotham Minstrels

Voici un double album en vinyle de Julius Hemphill entièrement en solo, ou dialoguant avec lui-même par le biais du re-recording, bienvenue avec le "Roi Boyé & The Gothan Minstrels". Cet exercice solitaire comporte généralement un gros avantage secret pour le consommateur, les albums originaux sont souvent à bas prix et dans un état impeccable, le saphir n’ayant eu guère le temps d’y graver son passage, c'est que l'exercice peut paraître austère et que l'on n'y revient pas tous les quat'matins…

C’est notre trio en provenance de FJMt° qui a posé l’oreille sur cet enregistrement et bien lui en a pris car, pour les amateurs d’exercices en solitaire, c’est une belle réussite ! A l’endroit où j’en suis dans mon écoute Julius s’est multiplié en trois, à la flûte ainsi que sa voix que l’on entend au milieu du spectre, à l’alto à droite et au soprano à gauche, trois Julius ici rassemblés, ne faudrait-il pas se plaindre de profusion plutôt ?

C’est une formule assez souvent mal aimée, comme le « For Alto » d’Anthony Braxton ou «Stabs » de Steve Lacy ou encore le « Solo In Berlin » de Paul Rutherford et tant d’autres encore, le piano s’en sort mieux, on lui accorde alors plus facilement polyvalence, distinction et noblesse.

Julius Hemphill n’est pas dans la démonstration ou le « m’as-tu-vu » que certains pourraient craindre, c’est le feeling qui est prioritaire, place à l’émotion ou à l’esthétisme, à l’harmonie de ces instruments qui avancent ensemble, jouent les uns avec les autres, tournent en circonvolution, se cherchent se trouvent et se combinent…

Et, quand le solo est absolu et que le jeu entre les combinaisons s’est effacé, reste le suc, ce qui fait l’essentiel, l’identité, la vérité nue de l’artiste.

Part 2


Part IV


Part VI
Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 15:23, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 2 juin 2021 12:50

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Charles Gayle Trio - Homeless

Il ne saurait être question de parcourir le free-jazz sans marquer une étape à la station de métro Charles Gayle. Celui-ci les a parcourues les lignes de l’underground et sans doute y a-t-il dormi aussi, quêtant pour subvenir aux besoins essentiels.

Né en 1939 dans une famille très pieuse il a pas mal ramé, il aime le free et joue free, quoiqu’il arrive, c’est son truc, il ne lâchera rien, les concessions c’est pour les autres ! Le succès, ou plutôt une certaine reconnaissance arrive sur le tard, à peu près dans les années quatre-vingt-cinq/quatre-vingt-dix, en même temps que David S.Ware ou Frank Lowe ou encore Arthur Doyle.

Rien de mirifique, mais il a pu enregistrer sur le label suédois « Silkheart » deux totems, « Spirits Before » et celui-ci « Homeless », le titre est à prendre au sens propre.

Je vous ai déjà parlé deux fois de Charles Gayle, en page dix pour l’album « Look Up » et j’avais écrit ça : « Ce qui est plus ennuyeux chez Charles c’est qu’il émet des déclarations contre l’avortement et l’homosexualité (in the Name of the Father), c’est parfois désarmant de penser que l’amour de Dieu s’accommode de la souffrance et de l’exclusion… »

Bon, il faut considérer que ses opinions sont dictées par une éducation stricte dans la religion et, comme il ne renonce à rien, les croyances perdurent et s’ancrent solidement. Il lui viendra même à l’idée de faire boxeur à un moment de sa vie. L’autre album c’est « Touching on Trane » avec William Parker et Rashied Ali, page 15. Une petite merveille.

Tout ceci n’empêche pas le musicien d’être considérable et tout à fait exceptionnel, une pierre brute, un musicien doué d’une grande foi en son art, à la façon de l’Albert Ayler des premiers albums. Humilité, foi et sincérité le caractérisent, lui et sa musique, parfaitement bien. Entouré par Sirone à la basse et Dave Pleasant à la batterie, malgré que le free jazz ne soit plus trop dans l’air du temps, il se donne en entier dans son expression musicale, ne chasse pas le cri s’il semble nécessaire, la plainte si elle s’impose, l’emphase si elle lui va, et la terreur ou la violence si leurs expressions sont exigées.
C’est un mystique, un messager qui, tel un prêcheur, s’en va délivrer sa propre vérité, par l’expression du jazz, libre enfin et pour toujours !

La réédition Cd est augmentée de deux pistes, soit un peu plus de dix-huit minutes pour ce choix FJMt°.

Then Creations


Homeless


Lift Every Voice


Your Design
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 3 juin 2021 03:36

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Louis Moholo Octet ‎– Spirits Rejoice!

Voici un album de 1978, rempli d’une musique gentiment free, il est sorti chez « Ogun » et il est à nouveau disponible à la suite d’une réédition de 2019. Dès le titre de l’album on sait où on se trouve : « Spirits Rejoice », une allusion au grand Albert, une filiation qui s’entend lors de quelques solos retentissants. L’Octet du batteur Louis Moholo est empli de grands noms à tous les postes sans exception, un véritable « All Stars » qui impressionnera les amateurs.

Harry Miller et Johnny Dyani, aux basses, Keith Tippett au piano, Evan Parker au sax ténor, Kenny Wheeler à la trompette, Nick Evans et Radu Malfatti aux trombones, à huit ils peuvent sonner comme un big band au complet ! C’est un premier lead pour Louis, il apporte avec lui la compo d’ouverture « khanya Apho Ukhona » à laquelle succède une série de titres en provenance d’Afrique du Sud, dont « Ithi-gqi » de Johnny Dyani.

Bien sûr, il y a la beauté des thèmes et l’art des arrangements qui font bel effet, mais le « sel » de cet album ce sont les solos, multiples, d’où qu’ils viennent, à tous moments, à chaque fois impressionnants et souvent déchirants. A ce jeu il y a Evan parker qui brille sans surprise mais que dire de Keith Tippett, souvent à l’arrière qui savonne sans cesse ou de Radu Malfatti ou Kenny Wheeler ? Tout le monde est au rendez-vous et l’inspiration est féconde.

Un chouette album qui peut évoquer à certains moments la JCOA pour situer un peu. Un cadre libre mais avec des repères et des moments de compositions bien structurés, comme sur « Wedding Hymn », le final qui balance entre jazz et fanfare, avec une belle emphase cérémonieuse.

You ain't gonna know me 'cos you think you know me - Louis Moholo


Louis Moholo Octet - Wedding Hymn (Spirits Rejoice! 1978)


Louis Moholo-Moholo Octet "Khanya Apho Ukhona"


LOUiS MOHOLO OCTET :: Ithi Gqi (Appear) (UK 1978)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 3 juin 2021 16:50

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Sam Rivers ‎– The Quest

Retour vers la sélection FJMt° qui autorise une vision globale assez inédite du free jazz, dont le seul moteur avoué est « le coup de cœur », au-delà des grands noms et des albums consacrés. Voici pourtant venir un « moteur d’exception », grand musicien véritablement extraordinaire. Je me souviens d’un concert en région parisienne où visiblement l’information autour de l’évènement avait été un échec, nous étions tout au plus une centaine dans une salle de sport où une scène avait été montée, il faisait plutôt froid et pourtant j’ai assisté ce jour-là, dans des circonstances plutôt hostiles à l’un des plus beaux concerts de ma vie. Sam a joué comme si nous étions vingt mille dans une salle surchauffée, ne comptant pas son temps sur scène, j’en garde encore un souvenir ébloui, plus d’une fois j’ai été emporté et emmené bien loin ce soir-là…

Ah ! Oui, Sam Rivers ! D’ailleurs je conseille les deux double albums « Black Africa! Villalago » et « Black Africa! Perugia » où je retrouve un peu de cette magie-là, si l’occasion se présente à vous. Pour l’heure c’est « The Quest » de 1976 avec Sam Rivers au ténor, au soprano, à la flûte et au piano, comme à son habitude, avec Dave Holland à la basse et Barry Altschul à la batterie, tout simplement l’un des meilleurs trios de la planète. Ça s’est passé à Milan les douze et treize mars 1976, en pleine période des fameux Loft dont il sera un des pôles les plus actifs.

Cet album propose donc une version studio de ses performances live, à l’intérieur d’un trio où tout tourne à la perfection, quasi instinctivement. Au fil de l’album Sam fait tourner les instruments, après le soprano sur « Expectation » vient l’heure de la flûte sur « Vision » puis celle du piano sur « Judgment » en début de face deux, et enfin du ténor pour la dernière pièce « Hope » qui déchire grave.

Il ne reste qu’à souligner la qualité des improvisations et de remarquer une ne nouvelle fois le très bon choix opéré par les auteurs de notre petit manuel de référence.

Expectation


Vision


Judgement


Hope
Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 15:33, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 4 juin 2021 05:42

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The Tuba Trio ‎– Essence - The Heat And Warmth Of Free Jazz

Une très grande surprise pour moi de trouver les trois volumes du « Tuba Trio » dans la sélection FJMt°. Une surprise mais également un gage de sérieux et d’audace de la part des auteurs, depuis que j’ai acheté ces trois albums je n’en ai jamais entendu parler me semble-t-il, les voir resurgir ainsi m’a causé une grande joie, car ils le méritent.

L’acquisition de ces pièces m’a semblé nécessaire lorsque je me suis plus particulièrement intéressé à Sam Rivers, sans cet intérêt je serais resté à côté. Il joue en effet du ténor, du soprano, de la flûte et du piano au sein de ce trio. Joe Daley est le tubiste, celui qui, par ce biais, donne son nom au trio, mais il joue également du cor baryton et des percussions. Warren Smith est le batteur et le percussionniste.

Les trois volumes ont été enregistrés live au « BimHuis » d’Amsterdam le deux septembre 1976. Ils constituent une suite en neuf parties appelée « Essence – The Heat And Warmth Of Free Jazz ». Le premier volume contient à lui seul cinq parties, chacune d’elles se singularise par les instruments utilisés ou, plus singulièrement, par l’instrument utilisé en solo.

Sur la première face du volume, chaque partie correspond à un solo du musicien, le ténor pour la partie un, le tuba pour la seconde et la batterie pour la troisième. La quatrième est indiquée : « group with the ténor sax – dramatique intrusion of a second tenor sax intrusion ». Autre exemple pour la partie 7 : « group with the piano with a tuba and a drum solo ». Une sorte de menu qui s’affiche pour vous mettre en appétit !

La singularité c’est évidemment la présence du tuba qui prend souvent au sein des formations la place de la basse, aucune lourdeur ici, bien au contraire tout s’envole, libre et vivace. C’est un réel plaisir d’écouter le timbre assez inusité du tuba dialoguer avec les autres instruments qui défilent.

Il faut également souligner la qualité des trois volumes, sans qu’il soit possible d’en détacher un. Il est des séries qui demandent à être complètes pour éviter le sentiment de « manque », c’est sans doute un point de vue personnel, mais je n’en vois pas un qui se détache entre les trois, ni un qui ne soit pas au niveau des deux autres.

Pour être complet il faut ajouter, bien qu’il ne figure pas dans la sélection, l’album « Jazz of The Seventies – Una Muy Bonita » avec la dixième partie de la suite sur une face et l’Earl Cross Sextet sur l’autre, avec Ronnie Boykins et Juma Sultan entre autres. Je ne l’ai pas dit, mais tout ça c’est sur Circle Records, le label à découvrir.

Sam Rivers The Tuba Trio / Part IV - Group With The Tenor Sax


Sam Rivers The Tuba Trio / Part VI - Group with the Soprano Sax


Sam Rivers The Tuba Trio / Part V - Group With The Flute


Sam Rivers The Tuba Trio / Part II - Instrumental Solo Of The Tuba
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 4 juin 2021 16:11

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Anthony Williams ‎– Spring

Un album enregistré dans les studios de Rudy Van Gelder en août 1965, le second en leader après Life Time, voici « Spring » par le jeune Tony Williams alors âgé de dix-neuf ans. De son expérience passée il garde à ses côtés le bassiste Gary Peacock, le pianiste Herbie Hancock et le saxophoniste Sam Rivers, en outre il adjoint Wayne Shorter au sax. Sam souffle côté gauche et Wayne côté droit.

Sur le dernier titre, « Tee », Wayne garde une certaine armature hard bop, alors que Sam file free. Herbie lui aussi joue de son côté, barré également, c’est l’incroyable Peacock qui cimente le tout, avec Tony qui hésite entre conserver la ligne et s’échapper lui aussi.

Mais revenons un peu en arrière et soulignons le côté acoustique du projet qui, je pense, a joué son rôle pour la sélection de cet album par les pointus du FJMt°, sous l’impulsion de Miles le jazz est en passe de s’électrifier et ne reviendra guère à cette forme pour ce qui concerne Tony Williams.

Dès le titre d’ouverture « Extras » le parti-pris du free se dégage avec Peacock royal à la basse qui se pose en axe indétrônable, juste soutenu par le drumming discret de Tony Williams tandis que Wayne développe un solo vif en courtes phases exploratrices bientôt remplacé par Sam pour un démarrage plus en douceur.

« Echo » qui prend la suite est un solo de maître Williams à la batterie qui met les pendules à l’heure, cinq minutes qui passent vite. Sur « From Before » on peut admirer la finesse du jeu d’Herbie Hancock qui file une délicate toile, bien soutenu par Tony et Peacock, l’homme de base.
Sous des abords peut-être un peu froids, un bel album un peu austère et appliqué.

Echo (Rudy Van Gelder Edition/2009 Digital Remaster)


Extras (Rudy Van Gelder Edition/2009 Digital Remaster)


Love Song (Rudy Van Gelder Edition/2009 Digital Remaster)


Anthony Williams - Tee
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Message par Douglas » sam. 5 juin 2021 04:54

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Charles Bobo Shaw & Human Arts Ensemble ‎– Streets Of St. Louis

Le « Human Arts Ensemble » est un collectif musical dont la base se situe à St Louis, il a existé entre 71 et 77. Il est issu d’une véritable mine de musiciens qui ont constitué le fer de lance du free jazz américain, en parallèle avec l’AACM de Chicago. Les musiciens de cet album sont tous issus du Human Arts Ensemble, excepté le leader, le batteur et percussionniste Charles Bobo Shaw.

Lester Bowie est à la trompette, Hamiett Bluiett au sax baryton, Julius Hemphill à l’alto, Joseph Bowie au trombone, Abdul Wadud au violoncelle et Dominique Gaumont à la guitare. Ce dernier est le moins capé, pour le reste il y a d’éminents représentants de la jeune génération du free jazz menée par Lester Bowie qui peut passer pour un vétéran.

Ce sont tous d’excellents musiciens, et même des experts, tournés vers le free jazz et même au-delà, ils n’hésitent pas à s’orienter vers la recherche et les musiques expérimentales, tout en conservant les racines, car le feu du jazz brûle en eux, vient toujours le moment où s’exprime l’histoire de la musique, comme ici avec l’excellent « Streets of St Louis » et ses airs de fanfare, signé par Charles Bobo Shaw, auteur ou co-auteur de tous les titres. C’est aussi le titre le plus funk ici, avec un groove imperturbable.

Précisément le rythme ou les rythmes dans leurs complexités sont au centre ici, points de départ d’improvisations incroyables, qui n’obéissent qu’au feeling de leurs auteurs, comme sur « Entensity Big » ou « Hard Light » qui, malgré la démesure free, ne se sont pas éloignés du désir de rester populaires. Cet album est également une sélection FJMt°.

On pourra compléter le voyage musical par l’écoute de l’excellent « Under The Sun ».

Charles Bobo Shaw and Human Arts Ensemble "Streets of St. Louis" LP

A1 Streets Of St. Louis
A2 Miles Beyond
B1 Entensity Big
B2 Hard Light

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Message par Douglas » sam. 5 juin 2021 13:00

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Just Music

Voici « Just Music » deuxième sortie pour le tout jeune label ECM (on lui souhaite un bel avenir), un album enregistré en décembre 1969 et sorti le premier mai 1970. Il figure sur FJMt°, on comprend donc à quel mouvement il se rapporte.

Voici les musiciens qui ont participé à cet enregistrement, Dieter Herrmann au trombone, Alfred Harth au Saxophone ténor, à la clarinette basse et à la clarinette ainsi qu’à la trompette, Johannes Krämer à la guitare, Franz Volhard au violoncelle, Thomas Stöwsand également au violoncelle mais aussi à la flûte, Peter Stock à la basse et Thomas Cremer à la clarinette et aux Percussions.

Il y a un titre par face, on navigue entre free et musique expérimentale, c’est essentiellement l’utilisation des cordes et le côté souvent désincarné de la musique qui m’incite à évoquer l’expérimentation plutôt que les racines noires plutôt absentes ici. Une musique très européenne donc qui vise à la création de climats, d’atmosphères qui se développent à l’intérieur d’espaces dédiés aux instruments.

De temps à autres, particulièrement pour ce qui est des instruments à vent, l’influence du jazz pointe à quelques rares moments, créant des moments d’intensités brefs et assez rares. L’heure est plutôt à la quiétude et à la sérénité, au récit imagé de formes qu’on imagine ou d’animaux que l’on entend parfois au milieu d’une nature qui bruisse, comme en fin d’album.
Modifié en dernier par Douglas le ven. 13 mai 2022 15:40, modifié 1 fois.
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Message par Douglas » dim. 6 juin 2021 04:37

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Brötzmann Bennink ‎– Schwarzwaldfahrt

Non, non je ne suis pas un naze en Peter Brötzmann, ni en Han Bennink. J’ai écouté, j’écoute et j’écouterai, encore et encore. Oui j’en ai en rayon, une palanquée, et même le Graphic Works 1969/2016. Mais voilà, je suis passé à côté d’un truc vraiment chouette, par ignorance et manque d’approfondissement, mais je me dis que ce n’est pas si grave, puisque grâce aux gars de « Free Jazz Manifesto – ma bible-mon bréviaire » je mourrai en ayant écouté ce truc, paisible et heureux, amen.

Ça s’appelle « Schwarzwaldfahrt », ça veut dire « Balade en Forêt Noire » ou quelque chose d’approchant me disent quelques bribes de souvenirs d’école. C’était en soixante-dix-sept. Ils sont arrivés avec le vieux Citroën peint en noir, sans toutes ses vitres, que l’on aperçoit sur la pochette, avec à l’intérieur les bonhommes et le matériel, pour la musique et pour l’enregistrement. C’était l’hiver, il caillait et la neige brillait sur les sommets.

Ce qui rend l’album si particulier c’est justement qu’il est très particulier. Rien à voir avec les envolées habituelles, les trucs de défoncés qui vous arrachent, les tripes qu’on sort pour les montrer au public qui en redemande encore, les cris d’écorchés et les hurlements vociférants, non, non. Justement c’est tout le contraire.

Ça a duré une semaine, Peter et Han, avec une autorisation de faire du bruit dans la forêt bien en poche, et aussi avec le Citroën et ce qu’il contenait. Et puis aussi avec la nature, ses arbres qu’on frappe, ses branches mortes que l’on foule des pieds, ses pierres qui roulent, ses rivières qui coulent et même, mais on s’en doutait, l’avion qui passe dans le ciel, du son qu'on produit ou qu'on saisit.

Du « field recording » donc, il faut dire que le froid a tendance à paralyser les instruments qui s’engourdissent et couinent. Mais qu’importe, car c’est là que se situe le génie, si on veut, ou la contrainte, ou peut-être la poésie pourrait-on dire, ça irait encore.

Les quarante-six minutes filent à grande vitesse, les impros en communion avec la nature donnent naissance à une musique très apaisée, naturelle, une harmonie pas béate ni niaise, un truc sauvage presque, comme un rêve dans le brouillard qui se pose au-dessus de l’eau, tandis qu’arrive la rosée du matin ...

Il existe des versions vinyles mais je me suis procuré le double Cd qui présente un grand nombre d’inédits qui font durer la magie.

Brötzmann / Bennink - Schwarzwaldfahrt (1977) FULL ALBUM

1. Aufen Nr. 1 00:00
2. Aufen Nr. 2 05:50
3. Aufen Nr. 3 08:17
4. Aufen Nr. 4 14:27
5. Aufen Nr. 5 20:46
6. Schwarzenbachtalsperre Nr. 6 21:19
7. Schwarzenbachtalsperre Nr. 7 24:00
8. Schwarzenbachtalsperre Nr. 8 32:11
9. Schwarzenbachtalsperre Nr. 9 33:49
10. Schwarzenbachtalsperre Nr. 10 37:37

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Message par Douglas » dim. 6 juin 2021 15:31

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Manfred Schoof ‎– European Echoes

La présence de « Schwarzwaldfahrt » élimine presque automatiquement « Machine Gun », c’est donc à Manfred Schoof de représenter le bruit et la fureur au travers de cet « European Echoes » sorti en soixante-neuf. Si « Machine Gun » réunissait un octet, ici ils sont seize dont précisément une grande partie de l’octet en question, puisqu’il ne manque que Willem Breuker.

Trente et une minutes d’impro collective, avec structures cependant, on retrouve le souffle d’« Ascension » ou de «Om » de Coltrane et du « Free jazz » d’Ornette pour ressusciter les glorieux anciens. Il faut appréhender la masse sonore en tant que telle et ne pas chercher de subterfuge d’écoute, des « parties » regroupant des types d’instruments se dessinent dans un vaste mouvement évolutif. ce qui structure "par genre" l'ensemble de la pièce.

Je l’ai précisé l’album est court, pas vraiment agressif, il faut prendre le soin de monter le son pour ressentir physiquement les masses orchestrales. L’orchestre est composé de musiciens européens : des allemands, hollandais et des anglais ainsi que de petites unités comme l’italien Enrico Rava, le danois Hugh Steinmetz, le belge Fred Van Hove, les Suisses Pierre Favre et Irène Schweizer, mais il n’y a pas de français.

Au verso, la pochette indique l’ordre des solistes, par face, ce qui est bien utile pour différencier le nom des musiciens jouant du même instrument, particulièrement pour ceux qui sont un peu moins connus.

C’est donc une sélection qui s’imposait de fait, par les trois de Free jazz Manifesto, impossible d’ignorer cet album historique, qui, de plus, est le premier sorti par l’immense et considérable label européen "FMP".

Un incontournable du free.

Manfred Schoof ‎- European Echoes (1969) FULL ALBUM

00:00 A. European Echoes Part 1
15:24 B. European Echoes Part 2

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Message par Douglas » lun. 7 juin 2021 05:17

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The Revolutionary Ensemble - Manhattan Cycles

Voici « Manhattan Cycles » par la formation The Revolutionary Ensemble, une sélection FJMt°. L’album a été enregistré live le trente et un décembre 1972, sans autre précision. Il est sorti sur India Navigation en 73, hormis le titre de l’album qui, par déduction, est probablement également celui de la composition, il se présente sous la forme Side One 23 :00 et Side Two 18 :00. Leo Smith est crédité à la composition.

Le Revolutionary Ensemble est un trio composé de Leroy Jenkins au violon et à l’alto, de Jerome Cooper à la batterie, au clairon, aux cerceaux métalliques, à la flûte et au magnétophone, ainsi que de Sirone qui est à la basse.

Bien que personnellement j’aurais plutôt choisi « The People's Republic » qui me semble plus rassembleur, je respecte le choix du trio pour cet album un peu plus intimiste, mais également d’une grande beauté, de toute façon le choix n’est pas simple, il y a même « Vietnam 1&2 » premier album de la formation qui mérite également une grande attention.

Ce qui caractérise le trio ce sont les cordes, et, ce qui est extraordinaire c’est l’émotion qui naît des grattements, des frottements, des pincements, ou des vibrations naissantes sous le passage de l’archet. Ces musiciens sont d’énormes techniciens et érudits, passés maîtres dans la maîtrise de leurs instruments, tout ceci est mis au service de la création et de la transmission d’une esthétique d’une grande sensibilité.

Jérome Cooper est également un pôle d’excellence ici, à l’aise dans tous les rôles, son jeu est assez incroyable et nous éblouit quand on le scrute, mais cette remarque vaut pour chacun des membres du trio.

Pour qui ne connaît pas Leroy Jenkins, il faut savoir qu’il est assez loin de la façon de jouer du violon à la manière de la musique classique. Son jeu se rapproche de celui de Billy Bang, pas nécessairement dans la recherche du beau, du coulé ou de l’harmonieux, mais plutôt dans le côté blues, râpeux, déchirant, il faut que ça crisse un peu.

Bref un magnifique groupe à écouter avec attention, mais pas trouvé d'extrait pour cet album-ci...
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 7 juin 2021 20:34

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Pharoah Sanders Featuring Vocalist Sedatrius Brown ‎– Village Of The Pharoahs

Celui-ci, c’est tout simplement un de mes premiers albums free, acheté aux Puces de Clignancourt dans les années soixante-dix, dans sa version originale avec le « punch hole », je dois dire que le mien est mieux conservé que celui représenté sur discogs et que le son est toujours excellent, mes têtes de lecture ne sont pas des « bombes » mais je change le diamant régulièrement.

Je parle de « bombe » et ça tombe bien car pour moi cet album en est une, je sais, on parle souvent de « Karma » car il le mérite, mais nos trois zèbres de FJMt° n’ont pas les esgourdes dans les chaussettes et ce choix est tout simplement judicieux. Quel monument !

La suite « Village Of The Pharoahs » en trois parties, est une merveille, dix-sept minutes d’un voyage dans une Afrique rêvée, juste un chant, le sax soprano et le shakuhachi qui volent, installés sur un tapis au-dessus des percussions qui foisonnent, fourmillent et s’agitent en continu. C’est à la fois l’Inde et l’Afrique qui vibrent en même temps au son d’un groove torride.

Côté B l’équipe change un peu, Cecil McBee, Stanley Clark, Norman Connors, Marvin Peterson font leur entrée pour deux titres où les percus continuent de s’imposer, c’est un peu plus calme, à la recherche de la sérénité, ce côté « spiritual music » évidemment présent, et toujours le choix du soprano pour Pharoah qui ne retrouvera son ténor que sur le dernier titre, « Went Like It Came » qui respire la fête, la joie et l’envie de bouger, Pharoah retrouve le cri qui le plonge au milieu des chants. Sur « Memories of Lee Morgan », le titre qui précède, la flûte d’Arthur Webb est très présente et on baigne dans les clochettes et le lyrisme un peu larmoyant qui évoque Alice Coltrane.

A l’époque l’album n’a pas été si bien reçu que ça, c’était déjà la fin de la période « Impulse », la plus glorieuse pour le saxophoniste, bien qu’il ne faille jamais l’enterrer, on sait aujourd’hui qu’il gardera la flamme jusqu’au bout. C’est un album qui se laisse vivre, sans prétention juste le plaisir de jouer, de chanter et de danser. Alors que certains puristes attendent autre chose de Pharoah, une sorte de « leadership » sur le free que, au nom la gloire du passée, il aurait pu incarner, c’est une chose, mais Pharoah ne voulait pas de ce rôle-là, il est tout simplement impossible d’endosser le costume de John Coltrane.

Pharoah Sanders - Village of the Pharoahs (Parts 1~3, Full)


Mansion Worlds


Went Like It Came


Memories Of Lee Morgan
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 8 juin 2021 05:39

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