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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » lun. 24 avr. 2023 17:33

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1985 Under Lock And Key
Alors rappelez-vous la situation au moment d'attaquer "Tooth And Nail"… Les galères, les jobs alimentaires, les répétitions dans les caves et autres garde-meubles (ah non ça j'en avais pas parlé) ? Bref Elektra et les managers avisés que sont Cliff Burnstein et Peter Mensch ont bien fait de miser sur DOKKEN, puisque "Tooth And Nail", grâce à "Into The Fire", la power-ballade "Alone Again" puis l'hymnique "Just Got Lucky", aura réussi à accrocher le top 50 américain, à une période où MTV commence à faire son trou.

"Under Lock And Key" est l'album par lequel j'ai découvert le groupe, après la compilation "Change The World". L'album a mon âge à quelques mois près, et j'avais été subjugué par l'ouverture magistrale "Unchain The Night" où les voix, la pulsation et la guitare héroïque se disputaient la primeur, sur une base solide, discrètement renforcée par un synthétiseur venu grossir et moderniser le son… Pour l'époque ! Et en fait, si vous ne connaissez pas DOKKEN, c'est sans doute l'album idéal pour découvrir cette atypique formation américaine qui n'a pas survécu au coup d'arrêt que le Grunge aura porté au Hard Rock des années 80.

De l'avis de beaucoup, "Under Lock And Key" est l'album le plus complet de DOKKEN. Il concentre les points forts du groupe dans ses divers domaines d'exploration. Il y a des morceaux très vocaux comme "In My Dreams", au refrain inégalable, du Heavy Metal encore très marqué par les influences européennes avec le détonant "Lightnin' Strikes Again" (seul grand absent du "Beast From The East" de 1988 – en tout cas depuis sa remasterisation augmentée de titres supplémentaires, et sans doute mon titre préféré de la galette). On y trouve aussi du mid-tempo radiophonique ultra efficace avec "The Hunter" (signé George Lynch qui voulait en faire un instrumental à l'origine) ou encore cette ouverture épique qu'est "Unchain The Night" qui derrière ses atours FM est une composition bien plus ambitieuse qu'elle ne le semble, avec cette introduction inquiétante, ces deux soli magistraux de George Lynch bien mis en valeur par la production de Neil Kernon, qui vieillira mieux que celle de "Tooth And Nail". Michael Wagener est toujours là, et cette fois-ci, le succès aidant, Don Dokken et George Lynch enregistrent carrément dans deux studios séparés. Et pour ceux qui ont toujours trouvé que l'Américano-norvégien n'était pas un grand chanteur, il est ici impérial : "Unchain The Night", "Lightnin' Strikes Again" ou encore "Don't Lie To Me" dans un style très SCORPIONS qui lui convient à merveille.

Les relations entre ces deux-là se dégraderont, la parano de Lynch étant largement appuyée par la consommation de cocaïne et d'alcool (et oui 1985, ça y est nous arrivons à l'âge d'or du Sunset Strip et de tous ses excès), mais les sessions créatives de "Under Lock And Key" seront les meilleures qu'aura connu la formation... Jusqu'à celles de "It's Another Day" en 2018. On peut voir que l'image de nos rockeurs se lisse quelque peu, entre les tenues et les coupes de cheveux. L'indispensable documentaire "MTV came from the 80's Heavy Metal" est édifiant de ce point de vue et permet de comprendre à quel point l'état d'esprit et le contexte ont fait de ces mecs des héros et des caricatures d'eux-mêmes. Quand Burnstein disait aux mecs de DOKKEN de rester tels qu'ils étaient, authentiques, eux répondaient qu'ils ne comprenaient rien à la nouvelle mode. Avec des années de recul, Don Dokken se sent un peu embarrassé. Mais hey! C'était aussi ça les années 80 !

"Under Lock And Key" montre comment on peut à la fois suivre les tendances et proposer une musique pertinente, ce qui était le cas de pas mal de ces formations malgré tout. Si DOKKEN fait encore des premières parties (celles du "Permanent Vacation Tour" d'AEROSMITH), il est maintenant un groupe de premier plan dont l'album devient rapidement platinum, et sa success story ne va pas s'arrêter là, même si l'ambiance en son sein aura bien du mal à être maintenue malgré les efforts de Jeff Pilson, qui en sus d'une implication totale dont on ne se rend peut-être pas assez compte (les chœurs notamment, les claviers, son sens du placement, entre la pyrotechnie permanente délivrée par George Lynch, et la frappe de mule redoutable de Mick Brown), était un élément pacificateur, clef de voûte du fragile équilibre humain, bien mis à mal par des egos de plus en plus envahissants, ainsi que du process artistique, en étant capable de travailler aussi bien avec George qu'avec Don.

On en aura oublié, les années passant et la gloire de DOKKEN avec, que ce troisième album (sorti quatorze mois seulement après "Tooth And Nail") n'est pas parfait, que sa deuxième face avait du mal à rivaliser totalement avec une première absolument exceptionnelle, qu'on aurait pu sans peine se passer de "Jaded Heart" (malgré l'interprétation assez fine de Don Dokken) et de "Will The Sun Rise", et que "Till The Livin' End" même si en Boogie final fait le boulot, il ne reproduit qu'en moins bien ce que faisait "Turn On The Action" sur l'album précédent. Vous y trouverez néanmoins selon moi le meilleur album studio des Américains, ce qui justifie bien un petit demi-point supplémentaire.
JEFF KANJI


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Message par alcat01 » lun. 24 avr. 2023 19:01

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Dose
Troisième album du groupe mais seulement le deuxième en studio, Dose est un album charnière, après les espoirs nés des débuts de la formation et du renouveau de l’Allman Brothers Band dont Warren Haynes et Allen Woody sont deux membres très actifs.
Trois ans se sont écoulés, histoire de peaufiner, d’écrire et d’enregistrer.
Gov’t Mule est un power trio « à l’ancienne », le rêve humide des fans ultimes de Cream ou de l’Experience, et trois instrumentistes hors pair, Warren Haynes certainement un des meilleurs guitaristes de blues rock en activité, Allen Woody (disparu en 2000) dont le jeu de basse dynamique et obsédant est une pure merveille, et Matt Abts au jeu fin, technique et avec une travail sur les cymbales époustouflant.

A la première écoute Dose est sombre, à l’image de la reprise de « John The Revelator « de Son House ou de « She Said She Said » des Beatles quasiment méconnaissable et qui se termine par une jam profonde et endiablée.
La voix de Warren Haynes est aussi impressionnante, un chant puissant et qui porte en son âme la brûlure du blues. Il est rare qu’un grand instrumentiste soit aussi un grand chanteur, c’est pourtant le cas avec Warren.
Avec le recul, on s’aperçoit que quasiment tous les morceaux constituent l’ossature des shows de la Mule, comme « Blind Man In The Dark » qui ouvre l’album avec un véritable mur du son de Matt Abts, suivi par « Thorazine Shuffle » et son riff envoûtant de basse.
Avec une telle puissance rythmique derrière lui, Warren Haynes doit sortir le grand jeu, et il le fait magnifiquement, sachant varier les climats, du rock heavy de « Blind Man In The Dark », à l’ambiance cool de la ballade « Towering Fool » au folk de « Raven Black Night » en passant par « Birth Of The Mule » un instrumental jazzy.
J’évoquais l’aspect sombre de ce disque, « Larger Than Life » en est l’illustration, propulsé par un riff entêtant lorgnant presque vers le heavy métal et une puissance noire dans le refrain et le rythme du morceau.
Les deux instrumentaux, « Thelonious Beck » et « Birth Of The Mule » servent de rampe de lancement à des jams endiablés qui confirment que le groupe est dans la continuité des power trio d’exception.
Dans ce déferlement de fureur « Raven Black Night », et son ambiance presque mystique devient une cérémonie initiatique mystérieuse sorti des limbes du passé avec des instruments traditionnels, comme un enfant perdu qui s’avance inconscient et apeuré dans la profondeur de la forêt par une nuit de pleine lune.
« I Shall Return » termine le disque sur une impression plus optimiste.

Dose est une réussite absolu, un mélange de styles cohérent enraciné dans la musique du Sud, avec une identité forte et originale qui apporte vraiment un souffle nouveau et original, une émotion forte, un voyage initiatique à travers l’imaginaire du groupe.
Il est l’album référence du groupe, celui qui le fait entrer dans le cercle restreint des grands groupes et qui sert d’étalon pour mesure et la qualité des productions futures.
BAYOU


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Message par alcat01 » mar. 25 avr. 2023 09:11

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Avalon (1982)
Il s'agit du dernier album de ROXY MUSIC sorti en 1982. Je me souviens très bien avoir entendu 3 de ces chansons à la radio à l'époque et les avoir vraiment appréciées, même si j'aimais RUSH, FLOYD, ZEP, etc. Le fait est que c'étaient de bonnes chansons et que j'aimais la voix du chanteur. Je ne connaissais vraiment rien du groupe à l'époque, je ne possédais aucun de leurs disques, mais j'appréciais leur son. Cette appréciation s'est accrue lorsqu'ils ont sorti la reprise de Neil Young "Like A Hurricane". Plus de 25 ans plus tard, j'ai finalement acheté "Avalon" pour voir si la magie était toujours là. C'est le cas, en particulier sur la chanson "Take A Chance With Me", probablement parce que des trois titres que je connaissais de la radio à l'époque, c'est celui que j'ai le moins entendu, ce qui me ramène vraiment à l'époque où j'avais l'impression d'être au sommet du monde, au début de ma vingtaine. Certains ont déclaré qu'il s'agissait presque d'un album solo de Bryan Ferry, car il a vraiment réalisé l'album qu'il avait toujours voulu avec "Avalon". Cet album peut avoir une saveur commerciale, mais il est tellement sophistiqué et doux. Très subtil et mature. C'est une musique d'ambiance, et je suis sûr que de nombreux hommes ont utilisé cet album pour mettre leur femme dans cette ambiance particulière.

"More Than This" est bien sûr l'un des tubes de cet album. C'est un paysage sonore magnifique avec la voix unique de Ferry. "The Space Between" ressemble à un morceau qui aurait été joué dans les clubs de danse à l'époque. Une chanson sexy s'il en est. "Avalon" est un autre succès. Les chœurs féminins sont une touche agréable. "India" est un court instrumental. "While My Heart is Still Beating" s'ouvre sur des percussions et une batterie, tandis que le chant fait son apparition. J'aime bien la fin du saxophone. Cette chanson est correcte. "The Main Thing" est une chanson que j'aime beaucoup. Tout est dans le rythme. Un petit morceau accrocheur qui me rappelle THE TALKING HEADS.
"Take A Chance With Me" est ma préférée, ne serait-ce que parce qu'elle me rappelle ma jeunesse. Il s'agit d'une composition de Ferry et Manzanera. Une certaine atmosphère apparaît au début lorsque le saxo entre en scène. La mélodie principale démarre au bout d'une minute et demie. "I was blind can't you see ? Through the long and lonely night, heaven knows I believe. Won't you take a chance with me ?". "To Turn You On" se concentre sur la voix presque parlée de Bryan au début avant que tout ne s'accélère. Après deux minutes et demie, on entend une guitare de bon goût, suivie d'un piano. "True To Life" est une autre chanson que j'aime beaucoup. Les percussions, le chant et l'atmosphère sont comme la sainte trinité de cet album, si vous voyez ce que je veux dire. C'est une excellente chanson. "Tara" est le court instrumental qui clôt l'album. Sax et atmosphère.

Même les photos des gars dans les notes de pochette montrent un groupe qui s'est débarrassé de ses vêtements bizarres et de son maquillage. Ils ont l'air tellement vrais et matures. C'est de loin l'album qui s'est le mieux vendu.
Un album unique avec des chansons bien conçues qui a la capacité de m'emmener dans un autre endroit.
Mellotron Storm


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Message par alcat01 » mar. 25 avr. 2023 09:12

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Toto IV (1982)
Après deux albums aux performances commerciales décevantes, TOTO se retrouvait au pied du mur et menacé par son label de se faire éjecter. L’heure n’était donc plus à prouver que Toto pouvait sonner comme un groupe de rock comme les Californiens avaient tenté de le faire sur « Turn Back », mais bien à sauver les meubles. Et c’est à croire que la pression réussit plutôt bien au groupe, car il résultera de ce climat tendu l’un des plus brillants albums du groupe, un disque qui sonne comme une pierre angulaire de sa discographie, et pas seulement en raison du carton que ce quatrième volet fera dans les classements mondiaux avec plus de trois millions d’albums vendus rien qu’aux États-Unis — et six Grammy Awards raflés en 1983 —, et des certifications platine un peu partout dans le monde, dont en France).

C’est d’abord l’identité musicale du groupe qui y trouvait plus que jamais sa référence : pas d’expérimentation plus ou moins progressive à la « Hydra », un style recentré sur un savant dosage entre westcoast et AOR, et un niveau d’excellence mélodique que le groupe ne retrouvera que ponctuellement par la suite, parenthèse Joseph Williams exceptée.

Il faut tout de même le rappeler : ce disque n’est à peu près constitué que de tubes en puissance, des incontournables « Rosanna » (dont on ne saura jamais vraiment si les paroles trahissent ou non le fantasme d’un David Paich — auteur de la chanson — lorgnant sur Rosanna Arquette, la conquête d’alors de son ami Steve Porcaro) et « Africa » à la superbe ballade sur fond d’arrangements de cordes « I Won’t Hold You Back » ; de l’enchainement d’un AOR caviar « Afraid Of Love » / « Lovers In The Night » à la westcoast aux légers accents « blues » (Make Believe), ou « soul » avec « We Made It » et « Waiting For Your Love » sur lesquels la voix de Bobby Kimball dégage un charme que ne parviendra jamais à atteindre son remplaçant sur l’album suivant ; sans oublier le subtil « It’s A Feeling », signé et interprété par un Steve Porcaro dont on peut regretter qu’il n’ait pas renouvelé l’expérience sur tous les albums auxquels il a participé, tant son style apporte encore un supplément de délicatesse au répertoire de Toto.

Autrement dit, tout sur ce disque semblait écrit pour réaliser le carton depuis vérifié.
Pichon


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Message par alcat01 » mar. 25 avr. 2023 10:13

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Cliff Bennett's Rebellion (1971)
Cliff Bennett n'a peut-être pas marqué un coup avec cet album, mais il a prouvé qu'il était un survivant; c'était un corpus musical aussi solide que celui qu'il avait sorti au cours des huit années précédentes, et tout à fait contemporain (pour 1971) également.

Le disque est imprégné d'un son soul qui était totalement convaincant pour l'époque - Bennett était un crieur vétéran qui n'avait pas le côté distinctif de, disons, Rod Stewart, Steve Marriott, Eric Burdon ou Chris Farlowe - mais avec le bon matériel son talent pouvait monter en flèche avec les meilleurs d'entre eux, et avec le meilleur matériel (auquel il avait rarement accès), il pouvait les surpasser.
Cet album regorge d'originaux qui sont principalement l'œuvre du bassiste John Gray et du flûtiste Marek Kluczynski, qui font un travail décent en fournissant des modèles génériques de soul-rock grâce à Bennett qui peut montrer son chant et élever leur travail.

Bennett est capable d'injecter suffisamment de personnalité et de charisme pour combler les lacunes de l'originalité et créer quelque chose d'excitant, voire de convaincant. Et la variété des sons, de la soul légère à la guitare acoustique ("Say You Don't Love Me") aux ébats de cors et de groupes électriques tels que "Sandy Mary", fait de cet album une corne d'abondance virtuelle de la soul-pop britannique des période.

Il confère également à "Blues Power" un niveau d'énergie qui manquait cruellement à l'original d'Eric Clapton. Et apparemment, l'album a manqué de peu d'avoir une autre couverture notable dessus -

Bennett a évidemment refusé la possibilité d'enregistrer un single britannique de "Proud Mary" avant la sortie de CCR; il semble avoir essayé de rattraper l'erreur avec "Please Say You'll Come",

À l'autre extrémité de l'échelle se trouve "Better World" de Bennett, le morceau de clôture du LP original, qui est l'une des meilleures vitrines de sa carrière.
[La réédition 2005 Repertoire de cet album contient les faces A et B d'un single sorti juste après l'album. « Amos Moses » est un morceau de country-rock à saveur cajun qui rappelle Doug Kershaw ; et "Movin' and Travelin' On" est un hurleur plus dur avec de superbes riffs de guitare centraux complétant la voix de Bennett ; ils sont aussi bons que n'importe quoi sur l'album, avec plus d'un son hard rock à la base.
Et pour le bénéfice des fans de Thin Lizzy, les deux présentent le groupe de Belfast Skid Row, y compris un adolescent Gary Moore à la guitare très en vue, en tant que groupe d'accompagnement de Bennett].
Nelwizard


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Message par alcat01 » mar. 25 avr. 2023 12:43

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Burnin Red Ivanhoe - 1970
En Scandinavie, le Danemark a longtemps fait figure de parent pauvre dans le registre du Rock post sixties. Avouons, sans pour autant se flageller plus que nécessaire, que le niveau du Prog danois se situait à des années lumière d’une production hexagonale aussi insignifiante qu’affligeante. On ne parle pas ici de culture musicale, c’est là une autre thématique !

Dès la fin des sixties, le Danemark voyait se propulser de nombreux petits groupes mêlant Prog. Rock et Jazz Psyché, des formations inconnues chez nous, nos radios et nos deux chaines de télé nous repassant la même bande de guignols, des produits musicalement sans grand intérêt. Le Danemark qui pouvait, contrairement à nous, compter sur sa facilité à manier l’anglais avait déjà deux ou trois marches d’avance.

Nous sommes en 1967, Karsten Vogel, alors étudiant à Copenhague, est un fondu de littérature, passionné de Jazz et de Rock. Suite à sa rencontre avec Niels Wille, un parolier capable de manier l’anglais et le danois, Vogel décide de monter un groupe. Après un premier double-album "M 144" comprenant un disque chanté en anglais et un second en danois, le groupe se stabilise autour du guitariste Ole Fick, du batteur Bo Thridge Andersen (ancien équipier de Hugh Steinmetz), de Kim Menzer un redoutable multi-instrumentiste et enfin du bassiste Jess Staehr (ex-Maniacs, Day Of Phoenix). Ce curieux assemblage constitué à première vue de bric-et-de-broc se révèle vite un atout. Les influences diverses des différents membres se recoupent autour d’une combinaison hybride de Rock Prog à consonance jazzy et bluesy. Le groupe se produit d’abord sous le nom de M S Mitte avant de se transformer en BURNIN RED IVANHOE, nom tiré d’une compo' de Niels Wille.
En décembre 68, le groupe se fait remarquer en première partie d’un concert de SPOOKY TOOTH et décroche un contrat avec Sonet. Si la formation enregistre un premier double-album en 69, une première pour un groupe danois, c’est avec ce second opus éponyme que le groupe se fait remarquer dans toute la Scandinavie, le Benelux, l’Allemagne et l’Angleterre. A peu prêt partout, sauf chez nous où les radios nous ressassent "L’Amérique" (Dassin), "Les Bals Populaires" (Sardou) tandis que des couples se font et se défont sur "Adieu Jolie Candy". On est à la bourre comme souvent...

Suite à une tournée passant par l’Angleterre, Sonet propose une captation enregistrée à Londres, dans les studios de la CBS. Cet éponyme propose six originaux. Karsten Vogel demeure l’unique pourvoyeur de la face B, tandis qu’il a coécrit les trois titres de la face A avec différents membres du band, Vogel s’annonçant comme le grand maitre d’œuvre ou l’âme pensante du band.
La pochette ne renseigne guère sur le contenu : on y voit cinq jeunes assis par terre devant un bosquet. On doit ce visuel à Poul Bruun, photographe designer attitré chez Sonet, qui se fera connaitre plus tard comme producteur chez CBS et patron du label Medley Records. Karsten Vogel est à l’extrême droite, Kim Menzer complètement à gauche.

D’entrée, on est comme entraînés dans une folle course un peu baroque avec "Across The Windowsill" , un long titre de presque huit minutes dans lequel viennent s’emberlificoter Prog, Rock, Psy. Parfaitement maitrisé d’un bout à l’autre, ce premier jet étonne par l’assemblage d’instruments inattendus (flûte, saxophones, trombone et guimbarde), une combinaison qui pourrait presque sonner folklorique. S’ensuit l’ahurissant "Cannaltrip", un instrumental dans lequel fusionnent une guitare folk 12 cordes et un saxophone jazzy apportant son lot de douceur. Un titre qui pourrait se résumer en une rencontre entre Paul DESMOND et PINK FLOYD. Cette face A se clôt en apothéose avec "Rotating Irons", un long Prog Blues avoisinant les 9 minutes. Le tempo extrêmement lent nous enveloppe d’une belle torpeur, l’harmonica de Menzer offre une solide fondation sur laquelle la guitare et le chant d’Ole Fick peuvent se poser en toute confiance. Un morceau long mais qui passe comme une lettre à la Poste. Sur le plan mélodique, le titre évoque par moment le "Season Of The Witch" de DONOVAN.

La face B s’ouvre sur un instrumental des plus curieux, "Gong-Gong The Elephant Song". Une sorte de cor des Alpes ouvre les hostilités pendant une cinquantaine de secondes, amenant ainsi un décor singulier. L’instrument est relayé par un saxophone et un trombone sur une grosse ligne de basse tandis qu’un harmonica strident fait son apparition. Si le morceau était jusqu’alors ancré dans une teinte Rock Psy, la seconde moitié bifurque vers un registre conjuguant Free et Jazz d’avant-garde. "Near The Sea" se révèle le maillon le plus faible. Il y en a souvent un dans un disque. On retient la sonorité de la guitare agrémentée d’une flûte pour un titre qui pourrait s’insérer entre IF, OUT OF FOCUS et CARAVAN. Le disque s’achève sur une longue (10 minutes) transmission de Jazz Prog aux émanations avant-gardistes dans laquelle le saxophone et le trombone se tirent une incroyable bourre alors que les baguettes d’Andersen martèlent un rythme sans concession.

Aujourd’hui encore, ce second disque de Burnin Red Ivanhoe (quel nom !) peut être considéré comme un précurseur de la montée du Prog Jazz scandinave. Karsten Vogel a contribué à favoriser l’émergence de nombreuses petites formations méconnues de notre contrée œuvrant entre Prog, Jazz Rock, Psyché, Krautrock et Canterbury (The Savage Rose, Pan formé à l’instigation du français Robert Lelièvre, Alrune Road, Hurdy Gurdy, Gasolin ou Culpeper’s Orchard pour ne citer que les plus emblématiques). Si le combo donne parfois l’impression de ne pas savoir où il va, l’improvisation n’étant ici pas négligeable, la jonction des différents instruments, la qualité des mélodies et des influences bigarrées proposant de brèves colorations folkloriques débouchent sur un disque particulièrement captivant et cohérent. Si la face A frise la note maximale, la seconde s’avère moins goûteuse.

Ce disque connaît plusieurs pressages : Warner, Telefunken et Stateside France (filiale d’EMI) le publient suite à un accord commercial avec Sonet. En 2020, le label français Long Hair spécialisé dans la réédition a édité le vinyle avec le visuel d’origine mais une nouvelle pochette intérieure.
LE KINGBEE


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Message par alcat01 » mar. 25 avr. 2023 14:13

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1980 Blizzard Of Ozz
On dit parfois que d'un grand désarroi peut sortir une renaissance.
C'est ce qui est arrivé à l'ex-frontman de BLACK SABBATH. Viré de son groupe pour divergences de tous ordres avec le moustachu Iommi, on ne donnait pas cher de la peau du Madman en cette année 1978. S'ensuivit une période de dépression et d'alcoolisme qui faillit lui être fatale.

C'est alors que son chemin croise celui d'un jeune guitariste très très doué, Randy Rhoads, qui s'empresse de lui remonter le moral. Ce jeune loup a fait ses premières armes chez les américains de QUIET RIOT et se targue d'égaler (voire plus si affinité) le jeu du grand tritureur de 6-cordes de l'époque, Mister Eddie Van Halen himself.
Épaté par ce "p'tit gars qui n'en veut", Ozzy fonde alors avec lui le BLIZZARD OF OZZ, afin de refaire de la musique et par la même occasion de faire la nique à la bande à Iommi. Tâche pas évidente car le Sabbath Noir, flanqué de son nouveau chanteur Ronnie James "Lutin" Dio, a la tchatche et sort en cette année 1980 un chef d’œuvre de heavy-metal plombé et mélodique, le rutillant "Heaven And Hell".

"Blizzard Of Ozz", premier album de l'association Ozzy/Randy Rhoads est un album époustouflant et pour moi aussi génial que l'album de BLACK SABBATH sus-cité.Une atmosphère magique, démoniaque même règne sur ce disque, et on se prend à penser au BLACK SABBATH des débuts, avec un jeu de guitare à la fois lourd mais plus fluide et plus subtil. Qui n'a jamais eu de frissons en écoutant ces pièces immortelles que sont le sulfureux "Suicide Solution", l'inquiétant "Mister Crowley" ou l'épique et émouvant "Revelation (Mother Earth)" ? Qui ne s'est jamais fendu d'un petit headbanging sur le classique du métal qu'est "Crazy Train" ou le final "Steal Away (The Night)" ? Qui n'a jamais été ému par la très belle ballade "Goodbye To Romance" et le petit instrumental "Dee" que Randy Rhoads a composé pour sa mère ?
On notera que le guitariste est particulièrement mis en valeur sur cet album. Soutenu par la rythmique imposante des vétérans Bob Daisley (ex-RAINBOW) et Lee Kerslake (ex-URIAH HEEP), accompagnant la voix nazillarde mais si caractéristique du Madman, il nous délivre de superbes envolées de guitares (la dernière partie de "Mister Crowley") avec des teintes classisantes très bien pensées, des solos d'anthologie ("Goodbye To Romance") et des partie plus incisives et plus heavy (le riff de "Suicide Solution" est imparable).
Un guitariste non seulement technique mais qui sait faire passer des émotions, contrairement à Van Halen et son "Big Rock strass et paillettes".

Ozzy a tiré la bonne carte, c'est sûr ! Premier coup de maître pour l'ex-frontman de SABBATH, et frissons garantis tout au long de cet album à (re)découvrir.
Indispensable, inépuisable, inusable...
POWERSYLV


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Message par alcat01 » mar. 25 avr. 2023 16:57

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1987 Back For The Attack
Cliff Burnstein a dit un jour aux mecs de DOKKEN qu'ils étaient terriblement bons à leur insu. Qu'est ce que ça veut dire ça ? DOKKEN dispose de tous les atouts nécessaires pour faire un grand groupe, même s'il leur manque sans doute un peu de sulfureux pour coller à l'ambiance de L.A. dans ce circuit, MÖTLEY CRÜE ayant érigé bien haut le niveau de dépravation et de décadence. Pour cela pas de problème, utiliser et monter en épingle la relation tendue qui a donné lieu à une série d'albums qui ressemble à un sans-faute, chacun gommant au fur et à mesure les défauts du précédent. Mais il se trouve que travailler ensemble est compliqué pour Don Dokken et George Lynch, et les deux se balancent des trucs qui remontent à '81 pour se prendre le bourrichon. Une fois pour toutes, Don Dokken a signé un contrat sur son nom et a embauché des mercenaires de talent pour l'accompagner. Et George Lynch semble facilement oublier, dans son désir d'être au centre de l'attention, que c'est lui qui a refusé d'intégrer le groupe à plein temps au départ. Cela va de "Don est parti en Allemagne remixer "Breaking The Chains" et il a mis sa voix plus forte que le reste et abouti à un mix de tapette" (traduction : il préférait la première version de 1981 – "Breakin' The Chains", plus raw), à "Don a toujours été le point faible de DOKKEN"… Voyez l'ambiance. Si bien que Don, qui ne craint pas la picole mais ne touche pas à la drogue, se sent de plus en plus isolé au sein de son propre groupe, menaçant même de partir alors que tous les feux semblent au vert.

Bien chauffés par le succès et les abus en tout genre, les conditions de création de "Back For The Attack" sont pour le moins particulières, avec un différend artistique qui va faire chanceler la belle machine à tubes et en définitive avoir raison de cette classique incarnation de DOKKEN. Les aspirations de Don vont du côté mélodique de la force, lui l'admirateur des BEATLES, et collent particulièrement à l'ère du temps, tandis que George Lynch veut rester le pyrotechnicien qu'il est, mais pas seulement le zouave qui envoie des soli de l'espace ; le fan de JUDAS PRIEST incline du côté du Heavy pur (ce que le premier LYNCH MOB permettra de constater). Jeff Pilson va avoir un rôle décisif mais délicat : celui du médiateur, sur lequel plus que jamais la pression est importante.

… Et qui finira lui aussi par le gonfler. Ainsi, alors que DOKKEN est à l'affiche des Monsters Of Rock de 1988 (aux côtés de METALLICA, qui joue juste avant lui, et de VAN HALEN) et que bien aidé par le succès de "Dream Warriors" qui lui a permis d'enclencher un cran supplémentaire auprès du grand public, qui l'a entendu dans Freddy III ou vu sur MTV dans le clip devenu ultra populaire, la formation est au bord de la crise de nerfs. DOKKEN ressort éprouvé de la réalisation de "Back For The Attack" qui nécessite l'emploi de pas moins de cinq studios.

Le travail de production est de nouveau confié à Neil Kernon, qui avait su tirer le meilleur du groupe sur "Under Lock And Key", mais le mixage est confié à une instance tierce, qui ne sera ni lui ni Michael Wagener. Et résultat de ces quasi dix mois de production ? "Back For The Attack" est un album bien trop long, encore plus touché que n'importe lequel des albums de DOKKEN jusque là par le remplissage. Quand on pense que "Back For The Attack", le morceau, avait été écarté de la tracklist finale, c'est rageant… Sans parler de "Walk Away" la power-ballade qu'il manque sans doute. Mais malheureusement compréhensible quand on repense à la stratégie de l'époque qui au final s'avèrera payante, le groupe enquillant un troisième disque de platine avec "Back For The Attack".

DOKKEN a toujours eu une place un peu particulière sur la scène Hair Metal, car il était profondément enraciné dans le Heavy européen, même si les lignes de Don Dokken ont toujours été très mélodiques. En cela, il était finalement plus proche de SCORPIONS voire encore plus des Suédois d'EUROPE… Avec la même capacité à produire du Heavy détonant et des mid-tempi radiophoniques avec aisance. Et si "Under Lock And Key" était un monument de physique de par son équilibre entre les différents aspects de la musique du groupe, "Back For The Attack" déborde de mid-tempi Hard FM sans aucun intérêt, avec force chœurs digitalisés… Qui occupent une grosse moitié de l'album !!! À chaque fois ça me le fait : quand "Stop Fighting Love" ou "Cry Of The Gypsy" démarrent, j'ai littéralement l'impression d'écouter le même morceau.

D'ailleurs, pour avoir les meilleurs, il suffit de regarder lesquels le groupe aura gardé pour le Live "Beast From The East" : l'ouverture monumentale de "Kiss Of Death", qui prend le temps de poser son cadre avant de lâcher les watts au fur et à mesure que le morceau progresse, le tout sur une thématique pour le moins sérieuse (le SIDA), l'instrumental "Mr. Scary" la séance de gymnastique intensive de George Lynch, divertissante vu le talent insensé du bonhomme, le mid-tempo parfait "Heaven Sent" avec son refrain immédiat, "Sleepless Night" bien groovy (un peu dans l'esprit du "Superstitious" d'EUROPE justement) et bien sûr "Dream Warriors" l'un des titres les plus demandés du groupe. On pourra aussi retenir "Prisoner" qui dans un esprit très "Into The Fire" fait de l'œil aux charts sans se dévoyer dès la deuxième piste, et ce "Back For The Attack" qui ne sera inclus que plus tard, et qu'il est donc difficile d'inclure totalement dans l'appréciation de cet album. Sept titres. Avec un petit "Standing In The Shadows", et "So Many Tears", mid-tempo classique de DOKKEN, on aurait eu un disque peut-être pas de la trempe de son prédécesseur, mais au moins de "Tooth And Nail".
JEFF KANJI


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Message par alcat01 » mar. 25 avr. 2023 18:48

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Live...With A Little Help From Our Friends
Gov’t Mule a été fondé par Warren Haynes (guitare) et Allen Woody (basse)en 1994 afin de pouvoir jouer une musique plus bluesy de celle de l’ABB dont ils étaient alors membres. Très vite, le groupe, avec l’extraordinaire Matt Abts à la batterie, devient une référence pour la qualité de ses prestations live, leur premier album sera d’ailleurs enregistré en public. Et à chaque 31 décembre le groupe propose un concert exceptionnel pour le nouvel an, avec des invités et des reprises de morceaux des grands groupes de la musique rock. Ainsi, celui de la nuit de réveillon du 31/12/1998 est enregistré dans une de leur salle préférée, le Roxy Theater à Atlanta.[1]
Le groupe renoue avec le power-trio, bass/guitare/batterie comme Cream ou l’Experience d’Hendrix; mais pour ce show, Bernie Worrell (Ex Parliament/Funkadelic) aux claviers et l’immense Chuck Leavell piano, font partie du line-up, ainsi que quelques invités de qualité (Jimmy Herring, Marc Ford et Randall Bramblett au saxo, Derek Trucks à la slide.

La première face débute par quatre compositions du groupe dont le fameux "Thorazine Shuffle" extrait de "Dose" et se termine par trois reprises : "War Pigs" de Black Sabbath, "30 Days In The Hole" de Humble Pie et "Mr Big" de Free. Le disque 2 contient des pépites avec "Look On Yonder Wall" d’Elmore James et une version de "Soulshine", un titre écrit par Warren pour l’ABB, qui deviendra un classique du répertoire live de Gov’t Mule, ainsi que Mule. Et ce qui frappe, c’est la puissance du groupe, cette solidité, cette rythmique qui suit impeccablement les envolées du soliste et des invités, car Derek Trucks et sa slide enluminent "Soulshine". Warren Haynes est un soliste d’exception, il chante très bien et ses improvisations sont pertinentes et percutantes.
Le disque trois est un hommage à quelques grands groupes de la musique rock. La Mule attaque par Little Feat ("Spanish Moon") suivi d’un morceau de Traffic "Sad And Deep As You", très rarement repris, et un autre de Jimi Hendrix, "Third Stone from the Sun", lui aussi assez rare et enfin un somptueux "Cortez The Killer" du Loner qui n’a rien à envier aux versions électriques de ce dernier. Le disque quatre se compose d’une jam assez jazzy qui aborde un autre aspect, moins habituel de la musique du groupe et d’un morceau de Zappa.

Cet enregistrement live a fait entrer Gov’t Mule dans la cour des grands, démontrant les fabuleuses qualités d’instrumentistes des musiciens et l’immense potentiel musical du power-trio. Et malgré le décès d’Allen Woody le 25/08/2000, le groupe a continué et continue de donner de fabuleux concerts live avec des set-list toujours renouvelées et pleines d’excellentes surprises.

[1] J'évoque dans cette chronique la version complète 4CD « de luxe édition », mais le concert existe en deux double CD distincts.
BAYOU


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Message par alcat01 » mer. 26 avr. 2023 09:22

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1975 : Kaipa
Pour la plupart des gens, Kaipa est un groupe à découvrir rétrospectivement. En fait, il n'est pas certain qu'ils auraient jamais été connus en dehors de leur Suède natale, si Roine Stolt n'avait pas connu la gloire avec les Flower Kings. Le groupe a débuté en tant que trio nommé URA KAIPA, raccourcissant son nom lorsqu'il a recruté un jeune guitariste, le susmentionné Stolt, et a commencé à travailler sur son premier album.
Alors que Stolt est devenu une figure légendaire du prog moderne, c'est Hans Lundin qui a d'abord été la force dominante de Kaipa, à la fois en termes d'écriture et d'interprétation. Il n'était cependant pas le leader en tant que tel, le groupe étant un rassemblement démocratique d'égaux.

Ce premier album n'est sorti qu'en Scandinavie en 1975. Le fait que leurs albums n'aient pas atteint les rivages étrangers aurait été un crime, car ce que nous avons ici est un excellent prog symphonique.
Kaipa peut être considéré comme un lien entre les premiers groupes de prog classiques tels que Yes et ELP, et le néo-prog de Spock's Beard, Arena, et bien sûr les Flower Kings. La musique comprend des influences folkloriques suédoises traditionnelles qui se mélangent harmonieusement à des thèmes complexes de rock progressif.

Le morceau d'ouverture, "Musiken är ljuset (Music is light)", est une déclaration d'intention audacieuse de sept minutes du groupe. On retrouve des nuances de Camel dans les claviers et les guitares, complétées par de belles voix. Ces voix sont plus aiguës, sans toutefois atteindre le niveau de celles de Jon Anderson. Les paroles sont en suédois, ce qui me gêne un peu, car mon ignorance des langues étrangères les rend insignifiantes pour moi. Il m'est arrivé de penser au concours de l'Eurovision lors de passages vocaux, mais une telle comparaison est, il est vrai, tout à fait injuste !
"Ankaret (The anchor)" présente une de ces mélodies familières et frustrantes, probablement issue d'un morceau de musique classique, avant de développer le thème et de passer à un instrumental de type Focus.
"Skogspromenad" est intéressant, car la majorité du groupe était contre son inclusion sur l'album. Le morceau a un air presque celtique, s'ouvrant sur un son de cornemuse plus fort, avant d'adopter un thème répétitif de type boléro. Le morceau constitue une agréable déviation par rapport au reste de l'album, et le bon sens a clairement prévalu en l'incluant.

L'album est complété par une pochette frappante portant une peinture de Stolt qui "représente un voyageur astral flottant librement au-dessus des temples de la jungle".
Easy Livin


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Message par alcat01 » mer. 26 avr. 2023 09:23

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The Seventh One (1988)
A en juger par le choix des deux premiers singles extraits de l'album « Fahrenheit », les stratèges de la Columbia ne semblaient guère miser sur le nouveau chanteur Joseph Williams. Si « I’ll Be Over You » et « Without Your Love » ont fait des scores honorables dans le classement des ventes de par le monde, il s’agissait en effet des rares morceaux de l’album chantés par Steve Lukather. La tournée qui suivit la sortie de « Fahrenheit » allait vite changer la donne : Williams y brilla tant aux yeux des fans que TOTO abordait l’enregistrement de son septième album, le bien nommé « The Seventh One », avec les grands-voiles hissées et le vent en poupe.

A la fin de la tournée, le claviériste fondateur Steve Porcaro choisissait pourtant ce moment pour prendre ses distances avec le groupe et se consacrer à de nouveaux projets. Le lien n’était cependant pas totalement rompu, et on le retrouvait ainsi, non plus comme membre officiel, mais comme collaborateur sur ce disque.

Tout en marchant dans la continuité de « Fahrenheit », en développant sur bon nombre des chansons un style assez pop, « The Seventh One » renoue également avec la recette de ce qui est alors son album le plus vendu, « Toto IV ». Sur la pochette de l’album d’ailleurs, l’imagerie traditionnelle du groupe, le fameux glaive (son Excalibur ?), revient après avoir été abandonnée sur les deux précédents albums, et semble symboliser comme par le passé la quête d’un Graal couronnée de succès.

Le premier titre, « Pamela », résonne assez joliment avec le hit de 1982 « Rosanna ». Le prénom change, pas le savoir-faire. De même, « Mushanga », d’un point de vue thématique surtout, est un peu la réponse à « Africa », et de ces deux morceaux phares de son quatrième album, Toto s’inspire tout en faisant du neuf. On pourrait également faire ce genre de parallèle avec l’enchaînement plus AOR « Stay Away » (avec des parties vocales enflammées de Linda Ronstadt en choriste de luxe) et « Straight For The Heart » qui rappelle avec bonheur les sensations provoquées six années plus tôt par la suite « Afraid Of Love » et « Lovers In The Night ».

En y ajoutant le haletant « Home Of The Brave » (seul titre de l’album sur lequel on retrouve, sur quelques passages, la voix de David Paich), voire « Only The Children », il vient alors deux conclusions : tout en assurant une continuité avec le superbe mais plus délicat « Fahrenheit », ce septième album redonne également plus de place à des chansons rythmées, d’orientation plus rock. Le second enseignement de cette succession de mélodies haut-de-gamme et sans temps mort, c’est que Toto, emmené par un Joseph Williams pour un bref moment encore au sommet de sa forme, revenait en 1988 avec un de ses meilleurs albums. Le meilleur, même, aux yeux de très nombreux fans.

Cette belle mécanique allait hélas vite s’enrayer. Devant un public pourtant au rendez-vous, la tournée qui allait suivre s’avérerait très vite catastrophique pour le groupe. Williams, menant une vie de débauche, rencontrera de tels problèmes vocaux qu’il se montrera la plupart du temps incapable d’assurer son rôle sur scène. La patience de ses partenaires – et notamment de Jeff Porcaro – ayant ses limites, le chanteur, après s’être montré si précieux, fermera une des plus belles parenthèses de l’histoire de Toto, laissant derrière lui, et pour longtemps, une terrible impression de gâchis.
Pichon


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Message par alcat01 » mer. 26 avr. 2023 10:12

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Marvin Gaye - What's Going On
"Mère, mère / Vous êtes trop nombreux à pleurer / Frère, frère, frère / Vous êtes trop nombreux à mourir." "Ah, les choses ne sont plus ce qu'elles étaient (ne sont plus ce qu'elles étaient)/Où sont passés tous les ciels bleus?/Le poison est le vent qui souffle."
Si je vous présentais ces paroles en 2021, vous pourriez croire qu'elles ont été écrites récemment. L'une parle de la mort d'Afro-Américains aux mains de la police, l'autre du changement climatique. Comment un album écrit et enregistré il y a 50 ans peut-il être aussi pertinent aujourd'hui qu'il l'était à l'époque ?
Cet album est arrivé à un moment tumultueux de la vie de Gaye. Sa partenaire musicale, Tammi Terrell, avait été diagnostiquée avec une tumeur au cerveau et en était morte, son mariage avec Anna Gordy s'était effondré et sa dépendance à la cocaïne s'aggravait. Il a même tenté de se suicider en 1969, mais son beau-père l'en a empêché. Inspiré par une idée d'Obie Benson, des Four Tops, Gaye a écrit la chanson "What's Going On".
Le patron du label Motown, Berry Gordy, a refusé de la sortir car elle était trop politique et il craignait de s'aliéner son public blanc. Gaye était tellement passionné par cette chanson qu'il s'est mis en grève, refusant de sortir d'autres morceaux tant que le label n'aurait pas sorti cette chanson. Au bout d'un mois, la chanson est devenue numéro un des charts R&B et l'est restée pendant cinq semaines. Le Hit a également atteint la deuxième place dans les principaux classements et s'est vendu à plus de 2 millions d'exemplaires, devenant ainsi le single de Motown qui s'est vendu le plus rapidement à l'époque.
L'album est un flux de conscience. Il n'y a littéralement aucune pause entre "What's Going On" et la fin de "Mercy Mercy Me (The Ecology)", créant ainsi une construction majeure. Gaye parcourt toute la gamme des thèmes abordés sur cet album.
La chanson titre traite de la brutalité policière, "What's Happening Brother" évoque les vétérans de guerre de retour au pays et leurs difficultés à se réinsérer dans la société, "Flyin' High (In The Friendly Sky)" traite de la dépendance à l'héroïne ; "Well I know, I'm hooked, my friend (got to help me)/To the boy who makes slaves out of men (got to help me)". Save The Children" fait ce qui est écrit sur la boîte : un appel à sauver les enfants. Une chanson sombre qui culmine avec les paroles suivantes : "Qui est prêt à essayer?/de sauver le monde/qui est destiné à mourir/Quand je regarde le monde/cela me remplit de chagrin/les petits enfants d'aujourd'hui/ vont vraiment souffrir demain". Mercy Mercy Me (The Ecology)" est une chanson sur la destruction de l'environnement, les marées noires, les déchets radioactifs et la surpopulation. Ce n'était pas un sujet dont on parlait beaucoup à l'époque. La chanson est devenue le deuxième titre de l'album à se vendre à un million d'exemplaires. Right On", un morceau de sept minutes et demie, suit la suite des chansons avec ses rythmes d'inspiration latine. Gaye chante "true love can conquer hate every time" (l'amour véritable peut vaincre la haine à tout moment), ce qui est peut-être la leçon qu'il veut que nous tirions de cet album. La chanson "Wholy Holy" aborde un thème similaire, quoique plus religieux. "People, we all got to come together/Because we need the strength, power and all the feeling" ("Les gens, nous devons tous nous rassembler/Car nous avons besoin de force, de puissance et de tous les sentiments"). L'album se termine par le troisième single, "Inner City Blues (Make Me Wanna Holler)", qui traite de la pauvreté urbaine. Cette chanson a été samplée dans au moins 99 chansons, notamment "Can't Be Stopped" de Janet Jackson dans "The Velvet Rope" (#318).

C'est un disque magnifique et cohérent, conçu pour être écouté comme une œuvre continue. L'opus magnum de Marvin Gaye. Sa principale déclaration au monde. Rolling Stone n'est pas la seule publication à l'avoir évalué : NME l'a désigné comme le meilleur album de tous les temps en 1985, et The Guardian l'a classé comme le meilleur album du XXe siècle en 1999. The Guardian l'a également classé au premier rang des 100 meilleurs albums de tous les temps en 1997. Le disque a été choisi par la Bibliothèque du Congrès pour être ajouté au National Recording Registry. Il reste d'actualité et important à ce jour, et tant que nous continuerons à assister à la mort d'innocents noirs tels que George Floyd et Breonna Taylor aux États-Unis, et même dans le monde entier, nous continuerons à nous interroger sur ce qui se passe.
Brett Schewitz


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Message par Cooltrane » mer. 26 avr. 2023 10:13

J'ai difficile avec les deux premiers BRI.... Mais leur 3è (WWW) est plus à mon gout .

Mais franchement, la suite du groupe se fera dans Secret Oyster et c'est d'une autre facture.

Kaïpa, par contre, ce ne fut jamais mon truc, que ce soit 70's ou la reprise de Stolt dans les 00's.

On ne peut pas dire que les pochettes de Toto (les glaives) ratissent large. :gratzzz: :/ :nono:

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Message par alcat01 » mer. 26 avr. 2023 10:27

Cooltrane a écrit :
mer. 26 avr. 2023 10:13
J'ai difficile avec les deux premiers BRI.... Mais leur 3è (WWW) est plus à mon gout .

Mais franchement, la suite du groupe se fera dans Secret Oyster et c'est d'une autre facture.

Kaïpa, par contre, ce ne fut jamais mon truc, que ce soit 70's ou la reprise de Stolt dans les 00's.

On ne peut pas dire que les pochettes de Toto (les glaives) ratissent large. :gratzzz: :/ :nono:
BRI, j'ai toujours aimé jusqu'à, justement, la création de Secret Oyster...

Pour moi, les albums de Kaïpa jusqu'au départ de Stolt sont indispensables...

Je suis bien d'accord avec toi pour les pochettes de Toto!

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Message par alcat01 » mer. 26 avr. 2023 12:48

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WWW - 1971
Utilisant le même line-up que leur deuxième album éponyme, cet album bizarre mais prophétiquement nommé W.W.W. est la suite très fière de prendre le même genre de psyché-jazz brass-rock et de le perfectionner (si c'était possible) pour atteindre une sorte de perfection qui est plutôt difficile à atteindre dans ce style controversé. Avec un artwork encore une fois faible et un nom bizarre, cet album a intérêt à contenir de bons morceaux.

Manifestement, BRI avait le temps de tourner en Angleterre (ce qui est suffisamment rare pour être mentionné car l'Angleterre était un peu un marché impénétrable ou fermé, en raison d'un syndicat de musiciens puissant et de quotas imposés) et ils ont écrit cet excellent morceau sur leur hôtel à Croydon après un concert au Fairfield Hall (où Genesis et Caravan étaient des habitués) où la flûte de Menzer ressemble à celle de Chris Wood de Traffic. La flûte de Menzer ressemble à celle de Chris Wood de Traffic. D'autres similitudes sonores rappellent l'excellent groupe allemand Out Of Focus.
Le morceau-titre commence de manière rêveuse comme un trip psychédélique oriental-désertique : on pourrait presque voir les hippies du début des années 70 traverser l'Iran en direction de Katmandou dans leur Combi VW en écoutant ceci. Proche des meilleurs groupes allemands comme Embryo, ce titre est un pur délice. Sans transition ou presque, on passe à Kaskelain (ces gars-là fumaient sans doute de la dynamite), nettement plus dynamique et brillamment joué, qui se termine par un motif qui est exactement celui qu'utilise le morceau suivant pour reprendre la main. Karsemore (donnez-moi le nom de leur dealer, il faut que je goûte à ce truc ;-), ce morceau commence de manière presque basique mais dévie rapidement vers un jazz-psyché-rock dément. Cool et BRI est au sommet de son art dans cette longue suite de trois morceaux (mmmmmhhh !!!... Je ne vais même pas toucher à celui-là ;-). Après un autre titre marquant, Oblong Serenade est une succession phénoménale de solos foudroyants sur un excellent rythme et une conclusion appropriée pour l'album.

Traffic, Out Of Focus, Colosseum. Cela ne vous fait pas saliver plus qu'une Mcpherson nue ? Courrez-y les gars ! !! Après leur prochain album Miley Smiley, un album live en studio enregistré en 8 heures, Karsten Vogel quittera le groupe pour former l'un des meilleurs groupes danois Secret Oyster (d'après un titre de leur deuxième album éponyme) et profitera d'une longue carrière solo en tant que musicien de jazz.
Sean Trane
Beavo pour cette critique, Hugues!







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Message par alcat01 » mer. 26 avr. 2023 14:51

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Frost Music (1969)
"Sweet Jenny Lee" ouvre l'album Frost Music comme un mariage impie entre the Zombies et Ted Nugent's Amboy Dukes. Et cela résume bien ce merveilleux amalgame de rock britannique et de Detroit, un effort étonnamment pop de Dick Wagner et compagnie. En tant que futur pourvoyeur de hard rock et, au cours de la décennie, producteur de son ami Mark Farner, les sons anglais de groupes comme Kaleidoscope (U.K.) se répercutent dans des chansons comme "Stand in the Shadows". Avec des touches de Pink Floyd et de Strawberry Alarm Clock dans le deuxième morceau, "The Family", Frost Music est plus qu'un effort respectable de la part du jeune Wagner, et une proposition aventureuse de la part du label connu pour Buddy Guy, Joan Baez, Eric Andersen, et Mimi & Richard Farina.
En dehors de Circus Maximus, the Frost sont la déviation de ce label folk légendaire. La voix de Wagner est puissante sur l'audacieux " Stand in the Shadows ", mais c'est la chanson aux titres différents sur la pochette et le disque, " Susy Singer " ou " Little Susie Singer (Music to Chew Gum By) ", qui est le point fort de l'album. Une combinaison très psychédélique d'idées et d'effets sonores que le groupe d'Alice Cooper et le Velvet Underground utilisaient à l'époque. L'impact éventuel de Wagner sur les leaders de ces deux groupes apparaîtra quatre ans plus tard, lorsqu'il co-dirigera le Rock & Roll Animal Band avec Steve Hunter pour Lou Reed, et lorsque ce groupe accompagnera Alice Cooper, devenant ainsi, de manière paradoxale, une base machiste pour l'un des ensembles de glitter/glam rock les plus influents du monde de la musique.
La chanson "First Day of May" est un retour au son Brit-pop qui est le thème sous-jacent de cet album. Quelques années plus tard, Blue Öyster Cult produira une chanson à l'atmosphère similaire, intitulée "Then Came the Last Days of May", sur leur premier album chez Columbia. Le tempo est un peu plus modéré, mais B.O.C. étant conscient de ce qui se passait dans le rock & roll, cela ne semble pas être une coïncidence. The Frost ont certainement eu plus d'influence qu'ils n'en ont jamais eu. "Who Are You", c'est vraiment Syd Barrett/Floyd en Amérique. En entendant cette musique, on se demande pourquoi Frost Music n'est pas aussi recherché que le premier album de Moulty & the Barbarian ou que Chocolate Watch Band. Si Paul Revere & the Raiders et Leslie West's the Vagrants ont été immortalisés sur la compilation Nuggets, l'obscurité de Frost n'en est que plus grande. "Baby Once You Got It" est une pop vintage des années 60 que des groupes comme les Lyres et les Fleshtones ont réussi à imiter.
En fait, cet album est un délice pour les connaisseurs des années 60 et il partage une rare distinction avec Easy Action d'Alice Cooper, sorti en 1969 également, deux albums importants et largement oubliés d'artistes qui se sont révélés par la suite, Wagner devenant par la suite le guitariste principal et le co-songwriter d'Alice Cooper. "A Long Way Down From Mobile" peut surprendre l'auditeur en sonnant comme une reprise du backing band de James Taylor, mais c'est la courbe que Dick Wagner a toujours su prendre. The Frost passent du rock garage de "Baby Once You Got It" au psychédélisme anglais de "Stand in the Shadows". Le reste de l'album, en particulier "Take My Hand", déclenche à nouveau la comparaison avec Easy Action de Cooper. "Take My Hand" est une imitation aussi flagrante de "Eight Miles High" des Byrds que la chanson "See the Light" d'Extreme pendant leurs années de formation.
Les influences des Who et des Byrds abondent, et il était logique qu'Alice et Dick Wagner unissent leurs forces, comme le prouve ce disque très important et difficile à trouver.
Joe Viglione


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Message par alcat01 » mer. 26 avr. 2023 16:57

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1995 Dysfunctional
Je t’aime moi non plus, voilà comment on pourrait résumer les rapports entre Don Dokken et George Lynch, durant la carrière de DOKKEN, lorsqu’ils étaient encore acolytes.
Une alchimie parfaite sur le plan musical, mais un désastre une fois descendus de scène…
Toujours est-il qu’en 1995, Une première reformation a lieu, exit Elektra, leur label de toujours, Sony leur ayant fait une offre à laquelle ils ne pouvaient pas se refuser, au vu du paysage musical changeant, avec l’ère du Grunge notamment. "Dysfunctional" est produit par Michael Wagener, leur producteur fétiche, et force est de constater que la sauce prend toujours, en premier lieu au niveau du son. D’une clarté évidente, sans chichis mais suffisamment propre pour se retrouver immédiatement en terrain connu.

Qu’elle est dure cette décennie pour tous ces groupes estampillés Heavy Rock, ou autre Hair Metal, d’ailleurs, beaucoup n’y survivront pas, et DOKKEN non plus d’une certaine façon, mais ce qui est intéressant avec cet album, est qu’il est cohérent du début à la fin. Pas encore totalement fourvoyé par les envies consensuelles du guitariste de s’émanciper du style qui a pourtant fait son succès, ce disque s’écoute sans difficultés, et propose un voyage musical plutôt agréable. Bien évidemment, il y demeure moins de flamboyance que lors de l’âge d’or du groupe dans les 80s, mais il ne fait pas pour autant pâle figure dans la discographie du groupe. Assez homogène dans la forme, il dégage un Heavy Rock décomplexé, mélancolique même parfois. Classique dans la forme, tout en s’accommodant des diktats en vigueur à l’époque. Ainsi, "Hole In My Head", avec ses guitares légèrement sous-accordées, se distingue, avec un refrain typiquement DOKKEN. George Lynch a cette faculté que peu de guitaristes ont, de savoir s’économiser, en misant sur l’intensité de quelques notes disséminées, alors qu’il pourrait envoyer du « shred » à tout va . D’une virtuosité impressionnante, le gars est un grand versatile du manche, et est aussi à l’aise tant en rythmique qu’en solo, sans doute un des plus grands guitaristes encore en activité. Alors, "Dysfunctional", un album au titre prémonitoire ou bien injustement oublié ? La deuxième option est la bonne.

Les hymnes sont là, et bien qu’ils soient moins audibles en cette époque, ils résonnent dans notre tête avec un écho certain. On sent que l’album a été écrit d’une manière plutôt collégiale, mettant en avant chacun de ses protagonistes, à l’instar de "Too High To Fly", formidable titre Heavy, entraînant à souhait ! Le bassiste Jeff Pilson faisant ainsi les chœurs sur l’ensemble des titres. Cet album a de l’attrait parce qu’il rassemble tous les ingrédients qui ont fait le succès de DOKKEN, de l’écriture, de la complicité même dans l’adversité ou la concurrence, et une incroyable facilité d’exécution . D’une approche plus progressive, notamment avec "Long Way From Home", on ne s’ennuie pas vraiment à vrai dire. La reprise "From The Beginning" des pourfendeurs du Rock progressif EMERSON LAKE & PALMER est sublime, tandis que la balade de l’album qu’est "Nothing Left To Say", toute en retenue, est à tomber ! Les albums décriés sont à réécouter parfois, même souvent, parce qu’ils détiennent en eux quelque chose d’unique, en dehors du temps et des considérations mesurées par l’industrie musicale, qui se trompe presque à chaque coup. Mais comment lui en vouloir finalement ? La rentabilité fait partie du « business » et c’est bien normal, mais réhabiliter des albums pour leur gageure artistique, tel est aussi notre job !

On l’oublie souvent, mais Don Dokken est un formidable chanteur, au timbre très mélodique, et qui n’a pas besoin de s'époumoner pour monter dans les aigus, le « mid-tempo » qu’est "The Maze" nous le prouve une fois de plus, avec en toile de fond des chœurs très travaillés, une marque de fabrique du groupe depuis ses débuts. Quant à « Wild » Mick Brown, le bûcheron chevelu est fidèle à sa réputation d’excellent batteur de groupe, avec son jeu ultra dynamique, le speedé en fin d’album "What Price" le voyant envoyer de la double pédale à foison, tandis que Pilson et Lynch se font plaisir sur ce titre qui sent bon l’improvisation en studio… Au final, "Dysfunctional" est un album sincère et souvent inspiré, et qui n’a rien d’une bévue, au contraire. En le réécoutant sans en attendre grand-chose, vous pourriez ainsi vous surprendre à l’apprécier.
MULKONTHEBEACH


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Message par alcat01 » mer. 26 avr. 2023 18:48

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Life Before Insanity, troisième album studio de Gov't Mule, sort en février 2000 sur Capricorn (encore un changement de label) et succède chronologiquement au live With A Little Help from your Friends qui, dans sa version complète de quatre CD, positionne le groupe dans les grands performer en live. La pochette assez bizarre, semble sortie tout droit de l’univers de 1984, le bouquin de George Orwell, et est censée illustrer le titre de l’album (La vie avant la folie). Heureusement la musique proposée n’a rien à voir avec cette pochette particulièrement hideuse.

Une version arrangée de “Wandering Child” ouvre l’album, ce titre, assez rock, a souvent été joué en live (et figure sur With A Little…), mais jamais encore enregistré en studio et on retrouve les caractéristiques du groupe, le chant de Warren souligné par sa guitare, la puissance de la basse d’Allen et les pulsations de Matt qui dominent ses toms. Après le morceau titre, le groupe accueille des invités, Hook Herrera et son harmonica pour le très texan « Bad Little Doggie » puis Ben Harper au chant et à la lap-steel sur un très bon « Lay Your Burden Down » et Johnny Neel qui illumine de ses claviers le morceau précédent ainsi que « Fallen Down ». On retrouve le claviériste pour « World Gone Wild” au tempo assez rock comme “I Think You Know What I Mean” avec toujours l’harmonica de Hook Herrera.
Le son de cet album est plus rock, le groupe explore d’autres horizons, élargissant ses racines blues et southern-rock, pour produire une musique plus musclée. La Mule « classique » est de retour avec « Far Away » et « Tastes Like Wine » qui mélangent subtilement les passages électriques et acoustiques dans des ambiances de toute beauté. “In My Life” semble terminer le disque par une superbe ballade acoustique, mais attendez quelques secondes… et voici le titre caché, un bon vieux blues du maître Robert JOHNSON « If I Had Possession Over Judgement Day »

Cet album s’inscrit dans la progression logique de Dose, avec une approche plus agressive dans le son, mais malheureusement il signe la fin de la première formation du groupe. En effet quelques mois après sa sortie, le 26 août 2000, Allen Woody décède d’une overdose. Avec ce décès, le groupe sera à deux doigts de se séparer, mais finalement, après deux albums hommage à Allen Woody (The Deep End Volumes 1 &2) le groupe engagera un nouveau bassiste et continuera…

Life Before Insanity est donc le dernier album studio de la formation d’origine.
BAYOU


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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par Cooltrane » mer. 26 avr. 2023 22:35

alcat01 a écrit :
mer. 26 avr. 2023 12:48
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Sean Trane
Bravo pour cette critique, Hugues!

Ouais, bof, il y a qqes couacs dans la traduction automatique, mais bon.

Je crois que je vais me faire une écoute de Frost et une autre de Gvt Mule. :miam:

C'est Rik Emmett de Triumph dans ton nouvel avatar??

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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » mer. 26 avr. 2023 22:40

Cooltrane a écrit :
mer. 26 avr. 2023 22:35
alcat01 a écrit :
mer. 26 avr. 2023 12:48
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Sean Trane
Bravo pour cette critique, Hugues!

Ouais, bof, il y a qqes couacs dans la traduction automatique, mais bon.

Je crois que je vais me faire une écoute de Frost et une autre de Gvt Mule. :miam:

C'est Rik Emmett de Triumph dans ton nouvel avatar??
Désolé, mais c'est mieux que rien!

Mon nouvel avatar, c'est Steve Howe!

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