ULRICH (ULI JON) ROTH (Bio)

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alcat01
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ULRICH (ULI JON) ROTH (Bio)

Message par alcat01 » ven. 15 oct. 2021 14:33

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Ulrich (Uli Jon) Roth, né le 18 Décembre 1954 à Düsseldorf est un guitariste Allemand connu pour sa participation active dans le groupe Scorpions et il est considéré comme un virtuose et un pionnier du Metal néo-classique.

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Uli à 14 ans, en 1969 jouant sur une Fender Telecaster, qui lui a été prêtée, car sa guitare Framus était en réparation. La représentation a eu lieu au lycée d'Uli, le Gymnasium Großburgwedel le 1er Novembre 1969.


Très respecté dans le milieu de la guitare Metal, il est considéré, avec Ritchie Blackmore, comme le pionnier du Metal néo-classique, style qui sera popularisé et institutionnalisé quelques années plus tard par le virtuose Suédois Yngwie Malmsteen qui le cite comme une influence importante pour son jeu et comme meilleur guitariste Rock des années 1970.

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Blues Company Hannover - Uli à 15 ans, jouant des chansons de Ten Years After avec sa guitare principale d'alors, construite par Framus. (avec Armin Engelke au chant). Langenhagen, Real-Schule, 6 Février 1970.


La particularité de son jeu vient de sa manière de jouer et de l'instrument avec lequel il joue. Il n'utilise que des médiators (ou "plectres") très durs (extra-heavy), sinon, selon lui, il ne peut "...pas les utiliser plus d'une chanson car au bout de la seconde, ils cassent...".
C'est son jeu qui fait que des médiators standards ne peuvent résister.
Son jeu se caractérise aussi par la liberté de sa main droite, allant librement aussi bien sur les recoins de son micro double, que sur le manche, suivant le son qu'il recherche et l'intensité avec laquelle il joue, donnant ainsi des variantes entre un son plus chaud ou un son plus Heavy, caractérisé par ses influences Hard Rock. Il laisse une totale liberté dans ses mouvements, ce qui donne pour effet un jeu différent a chacune de ses prestations. Il crée lui-même ses éléments de jeu, comme sa manière de jouer plusieurs cordes ou de faire des arpèges, qu'il effectue non pas en sweeping mais en aller-retour. Quand il exécute ses arpèges sa position de main droite est ouverte, c'est-à-dire en biais.

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Uli à 15 ans en improvisation - Gymnasium Großburgwedel - 12 Décembre 1970

L'élément principal qui fait que son jeu est unique est l'instrument qu'il possède, la Sky Guitar, une guitare à sept cordes et 38 frettes, ce qui lui donne une étendue de notes ample, variant ainsi les graves avec sa corde de Si grave, et les aigus avec sa corde de Mi aiguë à sa 38e frette.
Par cet écart unique et son jeu néo-classique empreint de sonorités mineures, il peut sans problème imiter le son du violon ou celui d'un violoncelle, ce qu'il fait justement sur l'album "Metamorphosis Of Vivaldi's IV Seasons", dans lequel il joue avec l'orchestre Metamorphosis.

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Jimi's Blues Exchange (Nom du groupe temporaire, qui s'est ensuite traduit par Blues Exchange). Uli avait le surnom de "Jimi" à cette époque à l'école.) Michael Kullick à la batterie. Gymnase Langenhagen, 6 Mai 1971

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Le 2ème concert d'Uli avec sa nouvelle guitare Sunburst Stratocaster. Son ami d'alors et "manager", Friedrich (Bantel) Budde regarde de la gauche. Plein air à Hanovre, Auf der Bult, 5 Juin 1971.

Uli Jon Roth accorde une importance toute particulière à l'ésotérisme et la métaphysique. Il croit en la correspondance des phénomènes physiques et spirituels. À ses yeux, il y a une étroite corrélation entre toute la structure technique de la musique et les structures des lois de la physique, de la biologie, des mathématiques, etc., tout ceci dans une symbiose structurante sur laquelle s'échafaude les fondations de l'existence.
Considérablement imprégné de cette conviction, il insuffle son inspiration mystique dans son art musical et développe son travail vers des horizons très lointains.

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En 1972, répétition de Dawn Road à Langenhagen Realschule, "Aula". Il s'agit de la même salle, qui a ensuite été utilisée par Scorpions pour les répétitions et où l'album "Scorpions Revisited" sera enregistré en 2013.

Roth avait formé un groupe appelé Dawn Road au début des années 1970.
En 1974, il rejoignit le groupe de Rock Scorpions, en remplacement de Michael Schenker, parti rejoindre le groupe UFO.

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Dawn Road en concert à l'église Altwarmbüchen. Uli et Jürgen Rosenthal, Francis Buchholz - 16 Décembre 1972

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Dawn Road - Uli, Jürgen Rosenthal, Francis Buchholz, Achim Kirschning, Altwarmbüchen, Avril 1973

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dernier spectacle de Dawn Road à l'Université technique de Hanovre juste avant les nouveaux Scorpions. Un concert gratuit, les étudiants se sont réunis pour un 2ème spectacle, où Dawn Road a joué sur le balcon vers l'extérieur - 7 Juillet 1973.

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Gros plan du même spectacle, montrant ce qui allait devenir l'ampli principal d'Uli à l'extrême gauche - un trémolo Marshall 100W Super Lead - plus tard surnommé "The Beast" pour son énorme puissance, qu'il combine avec un son clair mais chantant. Uli a joué sur cet ampli sur pratiquement tous les albums de "Fly To The Rainbow" à partir de 1974, jusqu'à et y compris "Scorpions Revisited" en 2013. Parfois, "The Beast" ornera encore la scène. Le Marshall Superlead a été conçu par Ken Bran pour Jimi Hendrix à la fin des années 60 et reste l'ampli Marshall préféré d'Uli. Aujourd'hui, Uli a tendance à jouer des amplis Blackstar Artisan, qui sont plus fiables pour les tournées et qui sont quelque peu calqués sur le Plexis. Derrière Uli, on peut voir l'un des deux amplis Vox AC30, qui étaient ses favoris avant l'arrivée du Marshall Plexi Amp.

Pour la petite histoire, en 1965, Rudolf Schenker, un jeune guitariste de 17 ans, avait formé, à Hanovre, un groupe amateur nommé The Scorpions, avec Wolfgang Dziony à la batterie, Karl-Heinz "Katty" Vollmer à la lead guitare et Achim Kirchhoff à la basse, remplacé en 1968 par Lothar Heimberg. Au chant, on retrouvait Rudolf Schenker et Wolfgang Dziony. Ils jouaient essentiellement des morceaux des Charts Britanniques, surtout les chansons de The Beatles. Il avait choisi The Scorpions comme nom car il pouvait être compris dans plusieurs langues.

En 1969, deux membres du groupe Copernicus avaient rejoint le groupe: Klaus Meine au chant et Michael Schenker, le petit frère de Rudolf, à la lead guitare.
Le groupe avait pris le nom de Scorpions (sans le the) et il décida de passer professionnel le premier jour de l'année 1971.
En 1972, le groupe avait sorti un premier album intitulé "Lonesome Crow", produit par Conny Plank. Il s'agissat d'un album classé dans la catégorie Rock Psychédélique. Il avait rencontré un certain succès en Allemagne mais avait passé pratiquement inaperçu dans le reste du monde. Lors de la tournée qui avait suivi la sortie de l'album, le groupe avait commencé à se faire un nom grâce à sesquelques 136 concerts à travers l'Allemagne et en faisant la première partie des concerts du groupe Anglais UFO.
Mais fin 1972, Michael Schenker avait décidé de quitter Scorpions après que les membres d'UFO, impressionnés par ses talents de guitariste, lui aient proposé de rejoindre le groupe.
Heimberg et Dziony quittèrent alors Scorpions à leur tour, laissant Klaus Meine et Rudolf Schenker seuls rescapés.

Les deux tentèrent alors de fusionner Scorpions et le groupe Dawn Road, qui avait à sa tête le talentueux guitariste Ulrich Roth (plus communément appelé Uli Jon Roth), surnommé le "Jimi Hendrix allemand". Ce dernier accepta l'idée de fusion des deux groupes.

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Première émission télévisée des nouveaux Scorpions, ("This is my Song") Lindau, Alpenländer Festival, 19 Août 1973

Trois membres de Dawn Road vinrent alors compléter le groupe (Ulrich Roth, le bassiste Francis Buchholz et le batteur Jürgen Rosenthal). Bien que les membres de Dawn Road devenaient alors majoritaires (trois de Dawn Road contre deux de Scorpions), le groupe décida de conserver son nom car il était plus populaire que Dawn Road et avait déjà sorti un album.

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Séance photo près de Hanovre, Eté 1973, avec le line up combiné de Dawn Road / Scorpions avec le claviériste Achim Kirschning.

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...et un de plus, de la même séance photo.

Roth jouera donc en compagnie de Klaus Meine, Rudolf Schenker, Francis Buchholz et Rudy Lenners jusqu'en 1978: il y sera le guitariste soliste et l'un des compositeurs / chanteurs.

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Scorpions jouant lors d'une garden-party en plein air à Hambourg pour le magazine Spontan. La police a reçu plusieurs plaintes des voisins... 17 Août 1974.

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...quelque part en 1974 - Rudolf Schenker et Uli avec sa guitare Gibson Firebird

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Spectacle de jour de Scorpions au Collège St Laurent, Liège, Belgique - juste avant l'enregistrement du deuxième album, "In Trance", 14 Mai 1975

Uli possèdait déjà à cette époque un style de jeu fluide et rapide très influencé par Jimi Hendrix (il est, par ailleurs surnommé le "Jimi Hendrix allemand") dont il possède certaines des caractéristiques et il amènait dans les parties de guitares une atmosphère spéciale et originale (à ce propos, comparer le solo de guitare de "Fly to the Rainbow" sur l'album "Tokyo Tapes" avec le morceau "Little Wing" de Jimi Hendrix sur l'album "Axis: Bold as Love").

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Rapidement, le nouveau Scorpions se met au travail et enregistre en 1974 cet album judicieusement intitulé "Fly To The Rainbow".
Paru la même année, le LP est encore profondément marqué par le psychédélisme du premier album (on peut noter d'ailleurs la contribution de Michael Schenker sur deux titres), mais le changement de line up intervenu entre les deux productions se ressent vraiment fortement à l'écoute des sept nouvelles chansons.

Marqué par le psychédélisme hendrixien totalement assumé de Roth, cet opus marque également un éloignement des ambiances éthérées du premier album et l'évolution vers un Hard Rock plus mordant et structuré. L
es solos d'Ulrich et la basse claquante de Francis Buchholz apportent un style nouveau, plus aérien et un titre comme "Speedy's Coming" laisse augurer le son du groupe dans les années 70. Ce morceau et la chanson "Fly to the Rainbow" sont d'ailleurs devenus des classiques en concert et figurent, par exemple, sur l'album live "Tokyo Tapes" de 1978.

Dégageant une puissance et une énergie incroyables pour l'époque, "Speedy's Coming" introduit idéalement l'album: on ressent tout de suite toute l'urgence et l'envie d'en découdre qui caractérisent le groupe à l'époque. Roth fait virevolter sa guitare dans des solos et des harmonies d'un autre monde, alors que Klaus Meine s'impose comme un excellent vocaliste au coffre et au timbre de voix d'une pureté et d'une puissance admirables. Repris plus tard par Van Halen, ce titre-hommage à l'énergie sans borne de Rudolf Schenker (surnommé Speedy par ses comparses) s'impose comme une pierre de touche d'une incroyable efficacité.

Décoiffante entrée en matière, cette violence toute maîtrisée se retrouve également dans le mid-tempo sombre et torturé "Drifting Sun", seule composition intégralement signée de Roth sur cet opus. Véritable cour de récréation, ce morceau plus technique le voit user de sa guitare mais aussi de sa voix, fascinante pour certains, mais aussi insupportable pour d'autres.

Aérien et doté de touches progressives, "Fly to the Rainbow" est un album varié qui montre déjà toute l'étendue de l'immense talent de Scorpions. Comment ne pas succomber en effet aux arpèges introductives de "They Need a Million", qui laissent à peine préfigurer une deuxième partie de morceau bien plus agressive et faisant la part belle aux claviers du discret Achi Kirschnning (celui-ci ne se produira jamais en live avec le reste du groupe)? Comment rester insensible au charme de "Fly People Fly", transcendée par le chant cristallin de Klaus Meine? Cette fausse ballade préfigure cette tendance future à mêler puissance musicale et déluge d'émotions, faisant de Scorpions l'instigateur de ces power-ballads tant appréciées par les metalleux. "This Is My Song" montre ainsi un groupe cherchant encore sa voie entre quelques éléments un peu progressifs et les ballades planantes.
Cette ambivalence des émotions se retrouve également sur "Far Away", dont la délicatesse psychédélique introductive tranche avec la lourdeur maîtrisée des riffs d'un Rudolf Schenker qui s'impose d'ores et déjà comme un compositeur de très grande classe.
Le talent combiné des six musiciens nous permet d'effectuer un vol serein jusqu'à cet arc-en-ciel, objet du voyage. Pièce-maîtresse de l'album, "Fly to the Rainbow" s'impose comme un véritable petit chef-d'œuvre de plus de 9 minutes, porté comme un seul homme par l'ensemble du groupe. Distillant des ambiances célestes, ce titre à tiroirs se veut bien plus structuré que l'épique "Lonesome Crow" du premier album et témoigne du gain de maturité du groupe. Superbe et flamboyant, "Fly to the Rainbow" démontre également l'apport considérable d'un Uli Jon Roth, moteur de la créativité instrumentale du combo.

Encore timide, bien que déployant une énergie et une virtuosité admirables, Scorpions propose avec ce "Fly to The Rainbow" un album marqué par son époque mais également très novateur. Impérial de bout en bout, l'opus n'est pas le meilleur qu'ait pu proposer le groupe durant les années 70, mais il constitue un morceau d'histoire indispensable pour appréhender pleinement la carrière d'un des plus gros groupes de Hard Rock au monde.

Il n'y a pas eu de single pour promouvoir l'album, mais la chanson "Speedy's Coming" sera réenregistrée et servira de face B du single "In Trance" en 1975.

En Allemagne, celui-ci rencontra un plus grand succès que "Lonesome Crow". De plus, le groupe gagna de nouveaux fans à l'étranger, notamment au Royaume Uni et au Japon, où l'album fit son apparition dans les classements musicaux.

Jürgen Rosenthal quitte le groupe après la tournée promotionnelle pour faire son service militaire et ensuite rejoindre le groupe de Rock Progressif Allemand Eloy.

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Uli jouant l'intro de "They need a Million" au Collège St Barthelemy, à Liège, en Belgique, 26 Novembre 1975

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En 1975, Scorpions, épaulé par un nouveau batteur en la personne de Rudy Lenners, sort l'album "In Trance".

C'est le premier LP produit par Dieter Dierks qui deviendra le producteur fétiche du groupe.
La principale force du groupe, mise à part sa musique bien sûr, a toujours été sa capacité à donner des concerts de qualité, à jouer chaque show comme si c'était le dernier.
En effet, que ce soit devant 20 ou 200 000 personnes, Scorpions est toujours parvenu à véhiculer cette énergie du live qui sied si bien aux artistes Hard Rock et si importante à leurs yeux. C'est cette capacité à captiver les foules et à leur communiquer son énergie qui leur a permis de rencontrer celui qui allait devenir son sixième membre, Dieter Dierks.
C'est après un concert donné par le groupe en Allemagne dans un gymnase devant 60 spectateurs que Dierks leur proposa de produire leur nouvel album alors en préparation.

Cet album, jugé plus abouti que les précédents et classé dans la catégorie Hard Rock, est le premier véritable succès du groupe, avec comme point d'orgue le titre éponyme "In Trance", désormais classique du groupe.
Les compositions sont signées d'un côté par la paire Schenker / Meine et de l'autre par Roth, ce qui donne un double aspect à l'ensemble tout en restant finalement uniforme. De plus, le producteur ramène la durée des chansons fleuves de plus de 7 minutes des précédents albums à des durées plus abordables de 3 à 4 minutes.

"In Trance" contient plusieurs classiques du groupe, à savoir: "In Trance", "Robot Man" ou encore "Dark Lady". Il est considéré, autant par les critiques que par les fans, aussi bien comme le premier classique du groupe que comme le meilleur album du groupe avec Ulrich Roth: en effet on y retrouve à son meilleur niveau le son Hard Rock mélodique assez avant gardiste de Scorpions, typique des années Roth.

"In Trance", c'est tout d'abord une pochette contreversée, œuvre du photographe Michael Von Gimbut, la première d'une longue série à faire l'objet d'une censure dans plusieurs pays, qui montre une femme au sein nu tenant une guitare sous elle. Mais si la chair est dissimulée, le magnétisme animal de la photo n'en est pas pour autant amoindri. La guitare, objet du désir, se fait porteuse d'un plaisir sexuel, mais cette guitare se fait aussi porteuse d'une énergie sauvage, brute.

Sous l'impulsion de Dierks, le groupe délaisse les influences psychédéliques de ses albums passés pour proposer un Hard Rock mordant et rageur. En témoigne le riff de "Dark Lady" qui ouvre l'album. Pas de quartier, les musiciens violent les oreilles de leurs auditeurs par le biais de ce brulot irrésistible. Tout en progression, ce morceau voit Roth et Meine donner la voix tour à tour, formant un ensemble rageur et parfaitement débridé.
Doté d'un riff plus conventionnel bien qu'aussi imparable, "Top of the Bill" se veut le parfait avatar de cette évolution sensible de Scorpions vers un Rock plus violent. Chant, refrain, solo dantesque... le groupe déploie son artillerie et frappe fort, même très fort.
Dans la même lignée, "Robot Man" complète de fort belle manière le trio des morceaux purement Hard Rock de l'album, développant des ambiances hypnotisantes par la répétition des mélodies déployées.
Mais "In Trance", ce sont aussi ces mid-tempos majestueux et d'une beauté à couper le souffle qui feront leur réputation. A commencer par le morceau titre, considéré par beaucoup comme la toute première véritable 'power-ballad' de l'histoire. Mêlant délicatesse et puissance, cette chanson constitue en effet une véritable perle, et s'avère indéniablement le morceau le plus réussi de l'album. Composé par Rudolf Schenker dans une église lors d'une tournée en Belgique (qui verra d'ailleurs le groupe ramener dans ses bagages son nouveau batteur, Rudy Lenners).
"In Trance" montre un Meine sûr de lui et de ses capacités vocales qu'il module dans des envolées lyriques, alors que Roth fait gémir sa Stratocaster sur des solos parfaitement ficelés. "Living and Dying", "Life's Like a River", "Evening Wind" valent également le détour dans le genre de la fausse ballade d'une puissance et d'une musicalité époustouflantes.
Si la fin de l'album se veut moins percutante, les morceaux proposés étant tout simplement peut-être un peu en-deçà du reste de l'opus, "In Trance" se conclut de manière très honorable par l'enjoué "Longing for Fire" qui permet à Buchholz de proposer une ligne de basse groovy et imparable, suivi de l'instrumental "Night Lights", agréable bien qu'un peu kitsch.

Au final, In Trance s'impose comme la dernière pierre de fondation, comme la couche de ciment sur laquelle Scorpions construira l'immeuble deson succès musical.
Varié, riche en ambiances mordantes et éthérées, l'album, à la fois beau et délicieux, est encore considéré aujourd'hui, à juste titre, comme un indispensable du groupe.

"In Trance" connaît un succès des plus favorables en Allemagne, mais il se fait connaître aussi dans d'autres pays, comme l'Angleterre, la France ou le Japon, notamment grâce au succès d'estime de la chanson titre "In Trance", classique du groupe toujours joué en concert.
Cette chanson définit le son du groupe des années 1970 et préfigure les albums suivants que seront "Virgin Killer" et "Taken by Force".
Une tournée à travers toute l'Europe et surtout au Royaume Uni fait ensuite grandir la notoriété de Scorpions.

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Second spectacle de Scorpions au légendaire Marquee à Londres, le 29 Mars 1976. David Gilmour, Michael Schenker, Gary Moore et Monika Dannemann étaient présents dans le public.

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L'album suivant,"Virgin Killer", est sorti le 9 Octobre 1976 sur le label RCA Records et a été produit par Dieter Dierks.
Comme pour "In Trance", les compositions Schenker / Meine sont sur la face A, les compositions de Roth sur la B. Celui-ci propose des chansons aux riffs assez Heavy, comme "Virgin Killer" et "Polar Nights".

"Virgin Killer" constitue un quasi sans-faute quant à la qualité des morceaux. Livrant quelques ballades d'une beauté à couper le souffle ("Yellow Raven", précédemment citée, la mélancolique et sombre "In Your Park", ou encore la désespérée et solennelle "Crying Days"), le groupe met ainsi parfaitement en valeur ses titres les plus énergiques et rageurs, se transformant ainsi en un des groupes les plus violents de l'époque.

Après "In Trance" couronné de succès (notamment au Japon) et qui permit au groupe d'entrevoir doucement la fin des galères, "Virgin Killer" constitue un véritable choc:
Un choc visuel tout d'abord car sa pochette originale fit scandale à l'époque et elle a été censurée dans de très nombreux pays à l'exception de la France et du Royaume Uni. Dans beaucoup de pays, la pochette fut remplacée par une photo plus classique du groupe.
Il faut dire que cette photographie représentant une jeune fille pré-pubère de 10 ans qui pose entièrement nue, placée derrière une vitre et dont le sexe est seulement caché par un impact sur cette vitre, n'est pas vraiment un exemple de bon goût.
Les membres du groupe ont été choqués par cette photo mais ils furent obligés de l'accepter car imposée par la maison de disques de l'époque afin de générer un ramdam commercial. Un goût douteux, et une mauvaise interprétation de la part de RCA du titre "Virgin Killer" qui prend tout son sens à l'écoute des paroles du morceau éponyme: il n'est nullement question de tueur de vierge, ou de vierge tueuse comme put l'affirmer Tipper Gore à l'époque, brandissant la pochette de l'album comme l'avatar du diabolisme du Hard Rock et du Heavy Metal. Cette expression, comme l'expliquera plus tard Roth, auteur des paroles, désigne les méfaits de l'âge adulte qui annihile notre candeur et se fait le bourreau de notre virginité originelle... une thématique bien pieuse en somme.
Cette pochette créa une polémique bien après la sortie de l'album puisqu'en Décembre 2008, l'Internet Watch Foundation (IWF) jugera la photo de l'album indécente et potentiellement illégale pour son aspect pédopornographique.
Plusieurs FAI Britanniques ont interdit alors l'accès à la consultation de la page Wikipédia en Anglais consacrée à "Virgin Killer" (contenant l'image), ainsi que la page détaillant les métadonnées de l'image (Wikipédia en Français n'a jamais reproduit la pochette par refus des images non-libres, alors que Wikipédia en Anglais inclut des images en Fair use dans ses articles).
Le blocage provoquera de nombreuses protestations. Son principal inconvénient est que, par le jeu des proxies, quasiment toute la Grande-Bretagne sera interdite d'édition de Wikipédia. En effet, filtrer certaines pages d'un site impose de passer par un proxy, ce qui masque l'adresse IP de l'utilisateur. Or les IP servent habituellement à distinguer les utilisateurs malveillants, et les IP masquées sont donc interdites.
Ainsi l'affaire est devenue un symbole des risques de blocage excessif. Il n'était d'ailleurs que partiellement efficace, la copie de l'image sur Wikipédia en Anglais restant accessible en utilisant l'URL de l'image et non d'une page la contenant.
Wikimedia Foundation refusa de s'autocensurer pour obtenir la révision des listes noires, parce que l'image était unanimement considérée comme provocatrice, mais n'ayant jamais été jugée illégale. L'IWF a levé le filtrage au bout de quelques jours, en précisant par ailleurs que cette illustration était ancienne et largement diffusée sur l'ensemble du réseau Internet (à noter que l'affaire lui a donné une forte visibilité, de nombreux articles de presse ayant reproduit l'image en évoquant le filtrage de Wikipédia).

Mais "Virgin Killer", c'est aussi et surtout un choc auditif. Sous la houlette de Dierks, désormais 'membre' indissociable du groupe et artisan de sa croissance, Scorpions renforce à nouveau son côté Rock et mordant pour flirter avec le Heavy Metal et proposer des morceaux d'une violence inouïe pour l'époque, à l'image du riff saignant du morceau titre, une débauche d'énergie et de violence pures. Bien aidé par le chant habité d'un Meine désormais en pleine possession de ses capacités vocales, ce morceau s'impose comme un brûlot imparable dont la flamboyance n'a d'égale que la rugosité. Premier des quatre morceaux signés de la main de Roth sur l'album, il témoigne de l'inspiration décidément décalée du guitar-hero. Ce dernier signe trois autres titres, parmi lesquels le délire hendrixien "Hell-Cat", anecdotique et à l'opposé de l'identité scorpionnesque, le groovy et technique "Polar Nights" et la magnifique ballade servant de point final à l'album, la mésestimée "Yellow Raven", admirable en tous points et véhiculant une émotion d'une intensité ébouriffante.
Accomplissement de la complémentarité de la paire Schenker / Meine, "Virgin Killer" voit le guitariste rythmique et le chanteur proposer des titres Hard Rock quasi imparables et destinés à devenir des classiques, tout du moins des incontournables en concert dans les années 70. C'est le cas du titre d'ouverture, "Pictured Life", dont la mélodie luminescente en fait un tube délectable qu'on se repasse sans lassitude. Il en va de même du débridé et rapide "Catch Your Train" dont le thème (la routine, la misère quotidienne) en fait un réveille-matin du meilleur effet!, mais aussi pour "Backstage Queen", groovy et Rock'N'Roll, qui complète ce triptyque d'anthologie.

Mais si l'album permet au groupe de devenir une véritable star au Japon (l'album se classant premier dans les Charts du pays du soleil levant, il y devient même disque d'Or en peu de temps), il ne constitue pas encore l'aboutissement de la première partie de carrière du groupe malgré un succès grandissant en Europe. "Taken By Force", paru l'année suivante, en constituera le climax.

A noter que deux chansons en sont tirées en single : "Pictured Life" et "Crying Days".

La sortie de l'album est suivie d'une tournée en Europe. Vers la fin de celle-ci qui dure toute l'année 1976 et au cours de laquelle Scorpions assure notamment les premières parties des dates Européennes de Kiss, plus précisément lorsque le groupe joue au fameux Marquee Club de Londres le 21 Novembre20, il devient clair que Roth a la volonté de se séparer prochainement de Scorpions: il est alors plus inspiré par Jimi Hendrix et la volonté de suivre ses propres projets musicaux que par la scène Hard Rock contemporaine.
Néanmoins ce n'est qu'un an et demi plus tard qu'il quittera le groupe, en 1978.

Entretemps, Scorpions engage un nouveau batteur nommé Herman Rarebell qui vient remplacer Rudy Lenners. Contrairement à ce qu'a fait croire à l'époque la maison de disques, ce dernier n'a pas quitté le groupe à cause d'un souffle au cœur (cette version volontairement erronée des faits est citée fréquemment dans les biographies du groupe) mais par simple choix artistiques personnels de carrière comme l'a révélé l'intéressé lui-même récemment.

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Scorpions à Paris, 1977, devant la Tour Eiffel

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Un an à peine après le remarquable et remarqué "Virgin Killer", Scorpions enfonce le clou avec une véritable perle studio, le bien nommé "Taken By Force". Au sein du groupe, l'ambiance est pourtant loin d'être au beau fixe. Alors que la paire Schenker / Meine souhaite évoluer vers un Hard Rock plus traditionnel et moins aventureux, Roth ne souhaite pas renoncer à ses breaks groovy et aériens, marqués de l'empreinte Hendrix, qui sont sa marque de fabrique. La scission est marquée, et même renforcée par l'intégration dans le groupe du nouveau batteur qu'Uli trouve pataud et fort peu technique dans sa manière de taper sur les fûts.

Mais, malgré ses problèmes internes, Scorpions livre pourtant un album tout simplement exceptionnel, indispensable dans toute discothèque Hard Rock qui se respecte. Toujours sous la houlette de son producteur désormais fétiche Dieter Dierks, le groupe confirme la direction prise par "In Trance" et "Virgin Killer", tout en dotant ses compositions d'une substance et d'une profondeur encore supérieures! Troisième album du groupe à faire l'objet d'une censure visuelle (la pochette originale, représentant un duel à l'arme à feu dans un cimetière militaire Américain, fut interdite partout.

Enregistré entre Juin et Octobre 1977 à Cologne dans les studios de Dierks, ce nouvel album, paru le 4 Décembre 1977, fut le premier LP à être promu assez fortement aux États Unis ainsi que le premier enregistré avec le nouveau batteur Herman Rarebell. Originellement musicien de studio en Angleterre, Herman avait rejoint le groupe lorsque Rudy Lenners avait choisi de quitter le groupe pour des raisons personnelles. Bien vite, Rarebell avait imposé sa marque au sein du groupe, ses coups de baguette "...sifflant comme des fouets..." (selon le magazine Melody Maker). Il concurrençait même Klaus Meine dans l'écriture des paroles des chansons, avec "He's a Woman, She's a Man".

À l'instar de "Virgin Killer", la pochette représentant des adolescents jouant avec des fausses armes dans un cimetière militaire fut interdite et remplacée par une photo du groupe. La pochette censurée est toujours disponible au Japon.

L'album contient certaines des plus belles chansons du groupe période Uli Jon Roth comme "The Sails Of Charon", le single "He's A Woman, She's A Man" et surtout "We'll Burn the Sky", une des plus belles chansons de Scorpions dans l'absolu dont les paroles ont été écrites à la mémoire de Jimi Hendrix par Monika Dannemann, son ancienne petite amie (elle était alors compagne de Uli Jon Roth). Monika s'adresse directement à son amour mort, Jimi Hendrix (mais sans jamais le nommer) et explique dans le premier couplet que tout lui rappelle son souvenir. Dans le deuxième couplet elle exprime son désespoir et son amour. Le reste da la chanson sous entend son envie de se suicider. Mais à ce moment-là, celui qu'elle aime s'adresse à elle et lui demande de ne pas se tuer en lui assurant que leur amour est éternel et quand viendra le temps pour elle de mourir, ils se retrouveront au ciel où leur amour pourra s'épanouir (d'où le titre de la chanson We'll Burn the Sky).
La musique de la chanson a été composée pour s'accorder parfaitement au texte. En effet, les paroles ont été écrites avant la musique et c'est Ulrich Roth qui les a proposées au groupe. Rudolf Schenker a alors composé la musique, alternant des passages en arpèges et des riffs puissants.
Uli a composé trois titres, " I've Got To Be Free", "Your Light" et "Sails of Charon" dont il laisse, contrairement aux trois albums précédents, Meine interpréter le chant. Sur ce dernier titre, qui durait sur la version vinyle de l'album environ cinq minutes et seize secondes, l'intro d'environ cinquante secondes a été supprimée sur la plupart des rééditions en CD.

C'est un album complet et riche, à l'intérieur duquel chaque morceau possède une histoire, un attrait particulier qui rend l'ensemble plus délectable.
L'histoire prend vie avec "Steamrock Fever" dont la rythmique au marteau-piqueur et le riff agressif permettent au groupe de se faire les promoteurs d'un Heavy Metal Européen incisif et mordant. En réaction à l'émergence de la vague Punk, les groupes Hard Rock radicalisent en effet leur propos et se font plus violents que jamais : "... Nous aimerions vous présenter ce soir les rois d'un nouveau style : le Heavy!..." nous chante en substance un Klaus Meine au top de sa forme.

Témoignage d'une époque, "Taken By Force" paraît l'année de la mort d'Elvis Presley auquel Scorpions rend un hommage via l'alambiqué "Riot of Your Time", un des titres les plus mésestimés du répertoire du groupe. L alternance des guitares acoustiques et électriques, la superposition des lignes de chant sur le refrain, le solo et surtout ses ambiances post-modernes en font pourtant un des titres les plus remarquables de l'opus.

Au sommet de son art, la paire Schenker / Meine se fait encore une fois d'une redoutable efficacité, proposant la ballade finale, immense et épique: "Born to Touch Your Feelings". Une remarquable montée en intensité caractérise ce morceau de huit minutes d'une pureté et d'une sincérité désarmantes. Écrite par Monika Danneman (ancienne compagne de Jimi Hendrix avant de devenir celle d'Uli), "We'll Burn the Sky" donne également dans le style de la fausse-ballade, alternant arpèges et riffs plaqués, pour un résultat bluffant. Schenker s'impose alors comme un compositeur d'une classe et d'une sensibilité rares, créant là sans doute son chef-d'oeuvre des années 70, rien de moins. Ce titre reste d'ailleurs le seul de "Taken By Force" à s'être imposé jusqu'à la fin de carrière du groupe comme un standard joué lors de chaque concert.

Mais, malheureusement, "Taken By Force" est également l'album de la discorde, de la scission entre Schenker / Meine et Roth. Ce dernier propose trois compositions intégralement signées de sa main et chantées par Meine: L'alambiquée "The Sails of Charon", petite pépite Heavy considérée par beaucoup et à juste titre comme un standard du style (et reprise par Yngwie Malmsteen, disciple d'Uli, sur son album "Inspiration"), la lumineuse et énergique "Your Light", mais surtout la rapide et agressive "I've Got to Be Free" sur laquelle le guitariste déverse son fiel sur ses comparses, ces derniers ne comprenant que des années plus tard le sens réel des paroles : "...Ne voyez-vous pas que je ne suis pas votre souffre-douleur, je veux être libre alors laissez-moi tranquille...". Voilà pourtant qui a le mérite d'être très clair.
"He's a Woman, She's a Man" finit de convaincre Uli qu'il est temps pour lui de quitter le groupe. Écrit par le jeune Herman Rarebell, fraîchement recruté, ce morceau traitant des prostituées trans-genre (il est des thématiques plus gracieuse...) et pourtant servi par un riff d'anthologie, choque le guitariste au point qu'il refuse tout d'abord de l'interpréter, puis finit par se résoudre face au potentiel intrinsèque de ce tube en puissance.

Parvenant à se nourrir de ses différentes facettes, Scorpions livre avec "Taken By Force" un album exceptionnel, transcendé par le talent combiné de ses membres. Et si Roth s'en va voler de ses propres ailes l'année suivante (il part fonder son propre groupe Electric Sun), il laisse au préalable le temps au groupe d'enregistrer un live d'anthologie, "Tokyo Tapes".

À l'instar de "Virgin Killer", l'album est lui aussi certifié disque d'Or au Japon, ce qui confirme le succès naissant du groupe. Mais à ce moment, Roth commence réellement à prendre ses distances par rapport à Scorpions, car il désapprouve l'orientation musicale du groupe qui selon lui tend à se commercialiser, mais surtout parce qu'il souhaite se consacrer à une carrière solo.

En 2011, la réédition de cet album propose deux titres bonus, "Suspender Love" qui était la face B du single "He's a Woman, She's a Man" et "Polar Nights", version "Tokyo Tapes" qui, pour manque de place, avait été supprimée de la réédition cd de l'album live.

Après la tournée de promotion de cet album pendant laquelle sera enregistré le premier album en public du groupe, "Tokyo Tapes" (plus d'un million d'exemplaires vendus), Uli Roth décide de quitter le groupe.

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Arrivée de Scorpions au Japon, aéroport de Haneda, Avril 1978

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Le Japon, l'eldorado des groupes de Hard Rock des années 70? Toujours est-il que lorsque Scorpions se rend au pays du soleil levant en Avril 1978 pour honorer une série de trois dates, c'est un véritable raz-de-marée qui s'abat sur le groupe dont les membres sont accueillis en véritables Rock Stars, tandis que l'Europe et les États Unis ne lui rendent encore qu'un succès poli. Bien décidé à quitter le groupe pour partir voler de ses propres ailes, Uli Jon Roth avait accepté de participer à ces concerts qui resteront gravés à jamais dans les annales du Hard Rock.

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Même si son départ est une perte importante, aucun des autres membres ne va s'y opposer car il est clair que les divergences musicales entre lui et le reste du groupe sont devenues trop importantes. Pendant ce temps, au Japon, la notoriété des Scorpions ne va qu'en grandissant. Le groupe entreprend donc d'y enregistrer un live en 1978: "Tokyo Tapes", double album qui réunit des enregistrements faits lors des différentes prestations des Scorpions au Sun Plaza de Tokyo. Cette série de concerts au Japon marquera la toute dernière apparition de Roth avec le groupe.

Enregistré les 24 et 27 Avril au Sun Plaza Hall de la capitale japonaise, "Tokyo Tapes" est le témoignage définitif de la première partie de carrière de Scorpions, certainement la plus intéressante du groupe. Si la musique de la formation s'apprécie particulièrement sur album, elle prend, en live, une dimension supplémentaire, quasiment divine.

Les Allemands honorent leur réputation de bêtes de scène (cristallisée par cette pochette dégageant une énergie folle) et proposent une prestation en tous points irréprochable, dont la durée (1h 30) n'a d'égale que l'intensité.
Filmé de la main de Dieter Dierks lui-même, les fans espèrent d'ailleurs une sortie de ces bandes au format DVD.

De manière originale, Scorpions décide de débuter ces concerts par un titre inédit, "All Night Long"», utilisé jusqu'alors uniquement durant les soundchecks. Bien lui en prit car ce titre développe une énergie brute parfaitement à propos pour saisir les spectateurs sur le vif et les faire rentrer dans le show. C'est ensuite un déluge de titres tous aussi imparables les uns que les autres qui s'enchaînent pour le plus grand plaisir de l'auditeur.

Difficile d'isoler les moments les plus percutants et marquants de ce live dont l'ensemble forme un tout indissociable et d'intensité homogène. La doublette "In Trance" / "We'll Burn the Sky" vaut néanmoins à elle seule le fait de se le procurer.
Au sommet de ses capacités vocales, Meine se transforme tantôt en forcené, tantôt en crooner habité au service de compositions qui prennent une nouvelle dimension, notamment la deuxième, présentée dans une version rallongée qui voit Roth s'envoler dans un solo final d'une richesse et d'une beauté à couper le souffle. Mêlant une technique irréprochable et un feeling décoiffant, le guitar-hero prouve une nouvelle fois qu'il maîtrise son instrument à la perfection.
Et si les titres les plus Hard Rock du groupe constituent de véritables pépites dont on se délecte sans modération ("Pictured Life", "Top of the Bill", "Speedy's Coming", "Steamrock Fever", "Dark Lady", "Robot Man"...), les plus épiques du combo s'insèrent parfaitement dans cette mixture d'énergie brute et de sensibilité à fleur de peau. Collés, "In Search of the Piece of Mind" (seule piste rescapée de Lonesome Crow) et "Fly to the Rainbow" (néanmoins dénué de sa première partie) sont à compter parmi les moments les plus intenses du concert, juste après l'interprétation dantesque de "We'll Burn the Sky".

"Tokyo Tapes", c'est aussi l'album-bilan qui permet à Scorpions de rendre hommage à ses idoles de jeunesse, via les interprétations débridées de "Hound Dog" (Elvis Presley) et "Long Tall Sally" (Little Richard), ainsi qu'au peuple Japonais, qui le vaut bien tant il a permis à la carrière du groupe de décoller, à travers la rendition du traditionnel "Kojo No Tsuki", une nouvelle fois magnifiée par un Uli Jon Roth à l'aura décidément céleste.

"Tokyo Tapes" ou la fin d'un chapitre pour Scorpions qui peut laisser partir sereinement Roth dont le talent est enfin capté sur un témoignage live. Véritable missile supersonique à envoyer à la figure de tous ceux qui prétendent que le groupe ne compose que des ballades, c'est un album indispensable pour tout amateur de Hard Rock des années 70 qui se respecte.

Juste après cette tournée de 1978, Uli Jon Roth quitte définitivement le groupe.
Ainsi, après avoir enregistré cinq albums avec Scorpions, Roth s'en va former, en 1978, son propre groupe, Electric Sun avec lequel il réalisera trois albums jusqu'en 1985.

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Second spectacle Electric Sun - Brain Festivals Essen, Grugahalle, 26 Mai 1979

En 1978, Uli Jon Roth forme Electric Sun, un groupe de Heavy Metal Allemand, en engageant le bassiste Ule Ritgen et le batteur Clive Edwards.
Le groupe comptera au total trois albums enregistrés entre 1978 et 1985.

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"Jailhouse Rock" - Electric Sun a joué deux spectacles dans une prison allemande notoire, "Klingelpütz" à Cologne. Le premier spectacle était pour les hommes, le second pour les femmes. L'émission a été enregistrée et diffusée en direct par Radio Luxembourg. Sidhatta Gautama, Uli, Ule W. Ritgen - 3 Octobre 1979

Le style d'Electric Sun est assez difficile à cerner. Hard rock aux relents psychédéliques et parfois expérimental, comprenant parfois de longs passages instrumentaux et planants pour les deux premiers albums, et metal néo-classique pour le dernier, style où Roth fait figure de référence.

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L’Eté 1978, l’heure était aux adieux plus qu’à la conquête de nouveaux marchés au sein de Scorpions. Le 24 Juin, le groupe avait réalisé sa dernière prestation en compagnie d’Uli Jon Roth lors de l’émission télévisée "The Rock Pop", à l’occasion de laquelle il interprèta "He’s A Woman – She’s A Man", un titre pourtant peu apprécié par le guitariste démissionnaire. Son départ du groupe désormais effectif, ce dernier ne tarda pas à s’investir dans son nouveau projet.

Cela faisait alors de longs mois qu'il envisageait de quitter Scorpions pour s'en aller proposer sa propre musique. Peu inspiré par l'orientation plus mélodique et accessible du Hard Rock proposé par Klaus Meine et Rudolf Schenker, Uli se rend rapidement compte que les morceaux qu'il crée en cette fin de décennie ne trouveront plus leur place sur un album de Scorpions. Il lui faut monter son propre projet qui prendra la forme d'un trio.

A ses côtés, le bassiste Allemand Ule Ritgen (Fair Warning, il jouait aussi avec le frère d'Uli, Zeno Roth, au sein de Black Angel) et le batteur Anglais Clive Edwards (Rococo, UFO, Pat Travers Band, Wild Horses) viennent l'aider à mettre en forme une musique audacieuse et sans compromis qui mêle la virtuosité autant que la poésie.

Comme il le souhaitait, il entra en studio dès le mois de Novembre pour enregistrer le premier album de son nouveau groupe, un trio de musiciens nommé Electric Sun (son "Experience" à lui), et au sein duquel il tenait le double poste de guitariste et de chanteur.
Dès 1979 sort le premier album d'Electric Sun, "Earthquake",sur le label Allemand Brain dans lequel Uli Jon exprime son profond attachement au Hard Rock psychédélique et cosmique.

L'album, produit par Roth lui-même, avait été enregistré entre Novembre 1978 et Janvier 1979 aux Studios Olympic de Londres sauf les parties de batterie de "Lilac" et "Burning Wheels Turning" qui avaient été enregistrées aux Scorpio Sound Studios également à Londres.

Pour ce faire, Uli Jon a parfaitement su s'entourer d'une bonne section rythmique avec le bassiste Ule Ritgen et du batteur Clive Edwards.
La formule est audacieuse car, tandis que, au sein de Scorpions, la guitare rythmique de Rudolf Schenker permettait à Uli de proposer de longues et audacieuses mélopées, seule sa guitare vient remplir l'espace sonore en supplément de la section rythmique.

Le musicien doit donc se faire omniprésent dans un format qui rappelle tout à fait celui de son idole, Hendrix. Monika Dannemann, ancienne compagne de Jimi et alors celle d'Uli, se charge d'illustrer par un visuel céleste ce premier album aux allures de véritable pierre fondatrice d'un genre nouveau.

Le premier titre, "Electric Sun", permet à Uli de construire une mythologie autour de son nouveau groupe. Il y est question de déchaînements des éléments, et le morceau très énergique se voit doté d'un certain ésotérisme qui aura un impact évident sur de nombreux musiciens (notamment Yngwie Malmsteen qui mettra le temps mais reconnaîtra l'immense influence d'Uli sur son jeu).
Electric Sun propose un premier titre envoûtant. Les lignes de guitare, souvent doublées, apportent une profondeur sonore qui met en valeur le jeu de l'artiste. Sans aucunement dévaloriser le talent de Jimi Hendrix, force est de reconnaître qu'Uli, dont le jeu transpire des influences issues de la musique classique, fait preuve d'un sens de la mélodie largement égal, voire supérieur, à celui de son modèle. Du grand art, si l'on parvient à accrocher au chant vraiment très particulier de l'artiste.
Alors que le Hard Rock de Scorpions se faisait alors compact et agressif, la musique d'Electric Sun se voit plus aérée et contemplative. En mettant en musique certains de ses poèmes, Uli propose des morceaux aux allures de respirations ("Lilac", "Japanese Dream"), qui servent de piste d'envol à des pièces musicales plus enlevées et énergiques: "Sundown", qui fait preuve d'une incroyable transcendance instrumentale, ou encore l'accrocheur "Still so many lives away" ne sont finalement pas si éloignés de ce que proposait le guitariste au sein de Scorpions (la rondeur de la basse évoque notamment certains titres de l'album "Fly To The Rainbow"), mais il est évident que la pièce "Earthquake" longue de dix minutes n'aurait pu finir en aucune façon sur un album de Scorpions en cette fin de décennie. Titre à tiroirs, marqué par l'enchevêtrement et l'alternance d'ambiances tour à tour éthérées, solennelles, Flamenco, Acid Rock, ce morceau final est un mini-univers au sein duquel le guitariste semble s'épanouir comme jamais. Un véritable morceau de bravoure.

Inclassable, "Earthquake" est un disque conçu par et pour la guitare. Virtuose poète, Uli Jon Roth propose un album au sein duquel l'instrument roi se fait vecteurs d'émotions intenses et bariolées.

A noter que l'album est dédicacé à l'esprit de Jimi Hendrix et les peintures de la pochette furent réalisées par Monika Dannemann, la compagne de Roth et ancienne compagne d'Hendrix.

A sa sortie, l'album peine à rencontrer son public, ce dernier pensant (à tort) que le guitariste allait proposer une musique proche de l'univers de Scorpions.
Au contraire, ce premier album d'Electric Sun ne ressemble alors à rien de connu et n'a surtout rien de commercial. L'approche inédite de l'instrument et le travail technique exceptionnel d'Uli permettront finalement à cet opus d'être réhabilité et adopté par une large communauté d'amateurs de l'univers psyché et bariolé du guitariste.

Sidhatta Gautama remplace rapidement Clive Edwards qui part précipitamment après la sortie d'"Earthquake".

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Tout premier Festival Jimi Hendrix - 18 Septembre 1980 Electric Sun, Mitch Mitchell, Noel Reddind

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Le trio, alors composé de Uli Jon Roth (guitare, chant) Ule Ritgen (basse) et Sidhatta Gautama (batterie), signa un nouvel opus deux ans plus tard, intitulé "Fire Wind", dans la même veine musicale que le précédent.

Ce LP est sans doute très légèrement plus moderne, plus ancré dans les années 80, et encore plus mélodique. La pochette, assez superbe, est encore une fois l’oeuvre de la compagne d’Uli, Monika Dannemann. Elle reflète bien le contenu du disque, celui d’un guitariste passionné et mystique, mélodique et dégageant une... cascade de feeling.

"Fire Wind", sorti en 1981 sur le label Brain (EMI / Sonopresse en France) et produit par Roth, fut enregistré sur une période allant de Mars à Septembre 1980. L'essentiel des titres a été enregistré aux Studios Olympic à Londres. Quelques re-recording furent effectués dans deux studios différents de Hambourg où l'album fut aussi mixé.

Un album cette trempe est extrèmement rare. Rien que son titre, "Fire Wind" ("Le Vent de Feu"). Peut-on envisager plus sonore, plus enveloppant, plus effusif, que des bourrasques de flammes? La pochette de l'album évoque également le bruit et la fureur: les cascades, le tonnerre, et la Stratocaster du virtuose. Car bien sûr, la musique est à l'avenant. Après avoir créé les bases de son univers au sein de Scorpions, Roth a enfin pu s'affirmer sans contraintes sur "Earthquake".

Deux ans plus tard, et tandis que son ancien groupe connaît alors un drame (avec la perte de voix de Klaus Meine), le guitariste confirme ses envies d'exploration par le biais d'un nouvel album encore plus flamboyant et audacieux que son prédécesseur. Plus mélodique également, et c'est ce qui en fait sans aucun doute sa richesse.

Pourtant, une constatation vient dès la première écoute; si le chant d’Uli Jon était déjà difficilement supportable à l’écoute d’"Earthquake", les choses ne s'arrangent pas sur "Fire Wind"! Particulièrement sur des titres comme "I’ll be loving You Always", "Fire Wind" ou "Just Another Rainbow", sur lesquels sa voix ne ressemble à rien, même si quelque part, elle correspond parfaitement bien "dans l’esprit" à la musique.

Heureusement il reste justement cette musique et c’est le plus souvent magnifique comme en témoignent les rapides "Cast away your Chains" ou "Fire Wind" (et son 'outro solo' d'une telle pureté), ou d’autres morceaux plus originaux.
Parmi ces derniers, le génial "Indian Dawn" et son mélange de percussions et de solos qui repoussent les limites de l’aigu, ou encore "Chaplin and I" et sa superbe intro acoustique.

"Fire Wind" est une démonstration complètement débridée du talent d'Uli Jon. Bien sûr, ce dernier est au chant, mais si Uli aime déclamer ses poèmes, il sait également se taire pour laisser parler sa guitare, le moyen de communication qui lui rend sans-doute le plus justice.
Si sur "Indian Dawn", qui reprend le riff de "Whole Lotta Love" de Led Zeppelin, Uli fait un clin d'oeil à certaines de ses influences, cet album reste avant tout une réalisation très personnelle. Globalement plus énergique que son prédécesseur, et plus homogène (pas de récitation éthérée de poème comme sur "Lilac").
Le morceau "Fire Wind", à l'image du morceau "Electric Sun", sert avant tout à enrichir la mythologie qu'Uli tente de construire autour de son univers. Les éléments en sont au coeur. Il y est question d'explosions, de sauveur ailé, d'universalité, le tout emballé dans un riff d'une énergie décoiffante et agrémenté bien entendu de solos qu'il serait insultant de décrire tant ils se font éblouissants et d'une richesse mélodique déconcertante.
Tout cela est riche en ambiances et en motifs mélodiques de grande classe. Si "...Au commencement était le verbe...", on a plutôt envie de penser qu'au commencement était la musique, tant l'intensité qui règne sur cet album prend des airs d'explosion originelle.
Comme sur "Earthquake", le disque se conclut avec une long morceau de bravoure de plus de dix minutes qui cristallise toute l'audace du guitariste, "Enola Gay - Hiroshima Today ?", dont le thème est inspiré par le bombardement sur la ville Japonaise le 6 Août 1945, pendant la Seconde guerre mondiale. Même si ce morceau va peut-être moins loin dans le génie que le morceau "Earthquake" de l’album précédent, il vaut toute de même largement le détour. Divisé en quatre mouvements, ce titre en majorité instrumental alterne des accords mélancoliques et des effets de guitare apocalyptiques, qui rappellent immanquablement le lâcher de la bombe atomique sur la cité asiatique.
Si Uli se fait également très convaincant sur des formats plus courts ("Cast Away Your Chains", "Just Another Rainbow" et sa superbe introduction), c'est bien sur ce morceau-fleuve qu'il semble se réaliser pleinement. Certains morceaux plus calmes, notamment "Chaplin and I" qui le voit troquer sa Fender pour une délicate guitare acoustique, viennent compléter le tableau, ou plutôt ce big-bang, avec brio.

Un musicien n'aurait pas assez de notes, un peintre pas assez de couleurs, et un chroniqueur pas assez de mots pour retranscrire la beauté à la fois pure et très élaborée qui transparaît sur ce "Fire Wind" dont la richesse est encore aujourd'hui, plus de 40 ans après sa sortie, inégalée.
Voici le véritable chef-d'oeuvre d'Uli Jon Roth, l'album à acheter absolument.

A noter que cet album est dédicacé au leader égyptien Anwar El-Sadat assassiné en 1981.
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Moonlight Festival, Mulhouse, France, 18 Sepyembre 1982 (Dernier concert à 3 d'Electric Sun)

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Electric Sun, nouvellement ressuscité, en septuor en tournée en Suède. Clive Bunker, Jenni Evans, Dorothy Patterson, Ule Ritgen, Simon Fox et Dave Lennox. (Programme de DVD de Performances historiques) Torestorp, Hortnjas, Suède, 14 Mai 1983

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Electric Sun UK Tour 1983 Hammersmith Odeon 23 Mai 1983

Pour un dernier album, Roth souhaitait absolument améliorer son projet. Il avait engagé alors Clive Bunker, batteur renommé et ancien membre de Jethro Tull, deux chanteurs, Michael Flexig et Nicky Moore, ainsi qu'un grand nombre de musiciens, Ule Ritgen (basse), Robert Curtis (violon), Elizabeth Mackenzie (chant alto et soprano), Jenni Evans, Dorothy Patterson et Zeno Roth, Rainer Przywara (harmonies vocales).

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Après quatre ans d'intense préparation, le nouvel album intitulé "Beyond the Astral Skies", est prêt et il sort en 1985.

Quatre ans après le chef-d’œuvre "Fire Wind", le guitariste renouvelle son entourage et s'offre les moyens de ses ambitions. Désormais distribué par EMI, l'artiste dispose en effet de moyens financiers plus conséquents qui lui permettent de recruter des musiciens supplémentaires, et de passer plus de temps en studio.

La splendide pochette est réalisée une nouvelle fois par Monika Danneman.
"Beyond The Astral Skies", ou le jusqu'au boutisme assumé d'Uli Jon Roth. Cet ultime album d'Electric Sun voit le maestro pousser encore plus loin ses expérimentations, et affirmer encore un peu plus son univers musical teinté de psychédélisme et, c'est une nouveauté, d'une grandiloquence assumée.

C'est également le premier enregistrement sur lequel figure la célèbre Sky Guitar, qui deviendra bien vite l'unique instrument d'Uli. Originellement constituée de 30 frets afin de se rapprocher le plus possible du son de violon, cette guitare en forme de goutte d'eau ouvre en effet de nouvelles possibilités pour Roth, qui se laisse totalement guider par son instrument sur cet album complexe et ambitieux.

Plus que d'un disque Rock Psyché, il semble évident que Uli a désiré créer une œuvre musicale à part entière, dotée d'une progression, et qui trouve son climax sur le titre de près de 7 minutes, "Eleison", qui voit de nombreuses pistes de guitares se superposer à de (très nombreuses) pistes de chant, ainsi qu'à des instrumentations pompeuses, le tout donnant en effet l'impression d'écouter une petite symphonie.

L'album n'est pourtant pas aussi bon que son prédécesseur. Deux raisons à cela: Uli, bien que voguant dans son univers, se voit influencé par le son des années 80, et propose notamment sur la première partie de l'album des morceaux Rock qui se veulent efficaces et à la recherche de la mélodie qui fait mouche.
Des titres tels que "The Night The Master Comes" ou "Icebreaker" se voient ainsi engoncés dans des habits étriqués, qui ne semblent pas à la hauteur de leurs ambitions. La deuxième raison est à chercher dans le trop plein d'éléments: Comme galvanisé par ses nouvelles possibilités, Uli met des chœurs et des harmonies vocales partout, pour un résultat très sucré que la beauté naturelle de la Sky Guitar ne parvient pas à contrebalancer.
C'est une impression de trop-plein qui se dégage de l'écoute de cet opus, dont on ne parvient pas à retenir grand chose si c'est n'est les sublimes "Why?", introduit par un piano et des bruits d'oiseaux bucoliques, et agrémenté de la présence du chanteur Michael Flexig, ainsi que "I'm a River", également introduit par des bruits de nature, qui propose une véritable démonstration de force de la Sky Guitar, et bénéficie de quelques influences Folk Psyché qui peuvent rappeler l'univers de Jethro Tull.

"Beyond The Astral Skies" est, dans sa globalité, malgré tout ,un album réussi que l'on ne peut qu'apprécier. Pourtant, il faut se raccrocher aux branches, tenter de percer la beauté dans un océan de complexité, là où la beauté de la musique d'Uli se faisait évidente sur ses deux albums précédents.

D'ailleurs, ce disque divise, certains le jugeant comme le plus réussi de sa discographie, d'autres, jugeant qu'il souffre d'un trop-plein d'éléments pour réussir à convaincre pleinement.

En tout état de cause, cet opus pose néanmoins les bases de ce que le guitariste proposera en solo à partir du début des années 90.

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Electric Sun- Beyond the Astral Skies Tour, Paris, Eldorado, 18. Mars 1985
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Electric Sun - Beyond the Astral Skies Tour, Munich, Alabama Halle, 2 avril 1985

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Electric Sun - Beyond the Astral Skies Tour, Allemagne, 1985

En 1986, Uli Jon Roth décide d'abandonner le nom d'Electric Sun pour le remplacer tout simplement par le sien. Les prochains albums sortiront donc sous le nom d'Uli Jon Roth.

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Hendrix Concert & Such A Noise & Rudy Lenners Bruxelles, Les Halles des Scharbeek, 21 Septembre 1990

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Hendrix Concert & Jack Bruce, John Wetton, Simon Phillips, Randy Hansen, Zeno Roth, Michael Flexig, Peter Bursch, Jule Neige Cologne, Allemagne, 25 Avril 1991 - Rock Palast TV

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En 1991 sort un premier album sous son nom intitulé "Aquila Suite".

Non content d'être considéré par ses pairs comme un dieu vivant de la guitare, instigateur du mouvement néo-classique et mentor d'un nombre incalculable de guitaristes, Uli Jon est également (et avant tout) un artiste complet: musicien, auteur de poèmes et peintre apprécié.

Ainsi, lorsqu'il se remet en selle en 1991 après plusieurs années de silence discographique , il ne surprend pas son monde en publiant un album de musique classique intégralement composé et interprété au... piano ! En proposant ainsi douze études pour piano à deux ou quatre mains, l'artiste prouve ainsi qu'il maîtrise parfaitement l'instrument aux marteaux.

Dédié à la mémoire de Franz Liszt, célèbre virtuose hongrois auteur de nombreuses études pour piano, "Aquila Suite" se veut donc un album complexe et technique. Si Bach avait le clavier bien tempéré, Roth a le piano qui le démange et le prouve avec ces douze pièces courtes et denses, porteuses d'une vitalité et d'une énergie bienfaitrices. S'étalant sur une petite trentaine de minutes, le recueil n'offre que peu de passages calmes et contemplatifs, leur préférant une atmosphère fleurant bon l'urgence et la vivacité d'esprit de son auteur. Riches en cassures rythmiques et en variations de la vitesse d'exécution, ces douze études remplissent ainsi parfaitement leur rôle didactique.

Mais bien que concerné par les aspects techniques de l'exercice (dont les tenants et les aboutissants restent obscurs pour les non-initiés), Uli Jon n'oublie pas, comme à son habitude, de faire de sa musique un moyen permettant à l'esprit de s'échapper de son enveloppe charnelle, de s'élever et de vagabonder.

Le visuel de l'album, peinture à l'huile réalisée par le maître lui-même, constitue cette porte d'entrée au voyage. Un aigle, l'aile en feu, sur un soleil couchant et mystique, nous invite au voyage dans la Grèce mythologique. Zephyrus (dieu du vent de l'ouest), Cycnus (fils d'Arès) et Poséidon nous accompagnent dans cette épopée.

Lorsque Roth rend hommage à Aeolos, père de tous les vents, son piano évoque alors une petite brise parcourant l'échine. Lorsque le virtuose célèbre Lethe, une des cinq rivières d'Hadès, le piano suggère alors un esquif voguant au fil de l'eau, bercé par le faible clapotis. Riche en ambiances variées, "Aquila Suite" se fait le représentant d'une musique classique à la fois complexe et accessible, noble sans être pompeuse.

Intermède bienfaiteur dans la carrière d'Uli Jon Roth, "Aquila Suite" reste à ce jour le seul album entièrement interprété au piano par l'artiste. Reste que quelque soit l'instrument utilisé, l'énergie déployée et les émotions provoquées restent les mêmes. La marque des très grands, sans aucun doute.

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Hendrix Concert en Italie avec Randy Hansen & Uli Ravenne, Palazzo dell Arte, 6 Septembre 1992

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"Symphonic Rock For Europe" - Ulrich Roth & Brussels Symphony Orchestra Tommy Heart, Michael Flexig, Peter Goalby, John Parr, Don Airey, Bernard Dekaise Liège, Forum, Belgique - 23 Avril 1993 - Rock Palast TV
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Uli avec Leonora Gold & Don Airey (Bernstein, Puccini) Private Garden Party à Earl's Farm, Mark Cross, Angleterre 19 Août 1995

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En 1995 parait un nouvel album intitulé "Sky of Avalon: Prologue to the Symphonic Legends".
La pureté et la luminosité des mélodies d'Uli Jon n'ont d'égale que la complexité des méandres de l'esprit de leur géniteur.

"Sky Of Avalon", le premier album de la série des "Symphonic Legends" (la seule suite parue à ce jour s'appelle "Under a Dark Sky"), témoigne de cette incroyable force créative de l'artiste, à jamais figé dans les années 70. Le concept lui-même est assez déroutant, puisque cet opus est présenté comme un cadre de travail métaphysique et spirituel, mettant en scène des extraterrestres nommés 'Soldats de Grâce'.

Si Uli Jon est avant tout un virtuose de la six-cordes (sa Sky guitar en compte même sept), il n'en reste pas moins un créateur sans limites, toujours enclin à doter sa musique d'une substance thématique favorisant la réflexion et la transcendance des esprits.

"Sky Of Avalon" narre donc le périple de ces extraterrestres, envoyés sur Terre afin d'empêcher les humains de s'autodétruire. Pour réussir leur mission, ils doivent plonger au plus profond de l'âme humaine, à la recherche du 'Graal de la conscience'. S'ils échouent, la race humaine sera condamnée...
Contrairement à ce que le sujet laisserait penser, le traitement de ce concept n'est en aucun cas futuriste. Bien au contraire, Uli Jon propose avec "Sky of Avalon" une œuvre symphonique d'un grande beauté.

La présence du Sky Orchestra, qui accompagnera Uli sur plusieurs de ses réalisations futures, apporte une richesse musicale à cet album surprenant. Le virtuose a en effet pris le parti de présenter sa musique sous plusieurs formes, proposant tour à tour des concertos, des opéras, des oratorios, et même de la musique de chambre. Tout cela en trente minutes à peine (sans doute l'un des albums le plus court de l'artiste).
Si la guitare céleste d'Uli Jon est bien entendu un élément primordial de l'ensemble, elle n'en constitue pas pour autant l'élément prédominant. Sur la magnifique "Bridge to heaven", adaptation d'une pièce de Puccini, elle n'intervient d'ailleurs qu'en fin de morceau, comme une ultime ponctuation d'un chef-d'œuvre parfaitement interprété par le chanteur Tommy Heart (Fair Warning).

Si Uli Jon est le maître de l'ensemble (il se charge de la production, de l'enregistrement de la basse et des claviers, et même de la pochette, tirée d'une de ses peintures), il laisse un large espace d'expression à ses invités, parmi lesquels la soprano Leonora Gold qui livre des vocalises d'exception sur la sombre et prenante "Pegasus".

Mais, la star absolue de l'album reste, bien entendu, la sky guitar, qui respire et transpire du talent de son maître. Ce même "Pegasus" voit l'artiste livrer des mélodies prenantes et poignantes, et souvent dotées d'un aspect cinématographique. "Winds of war", plus énergique et plus Rock, rappelle qu'Uli a été une des inspirations principales du mouvement Heavy-néoclassique, tandis que "Until the end of time" propose un passage opératique sombre et magnifié par le talent lyrique de Tommy Heart, loin de son image de chanteur de Rock.

Que l'on prenne la peine de comprendre ou non le concept, "Sky of Avalon" transporte l'auditeur dans ces ambiances évoquant simultanément l'infini de l'univers et la noirceur (insoluble?) de l'âme humaine. Un voyage musical d'une intensité rare, et dont on sort éveillé, attentif à son environnement.

Ne serait-ce que pour ce tour de force, il ne fait nul doute que les 'Soldats de Grâce' ont atteint leur objectif.

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Gala José Carrerras - Uli & Klaus Meine & Prague Philharmonics "Bridge To Heaven" première. Leipzig, Allemagne - 17 Décembre 1995 - Télévision allemande (ZDF)

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Le 5 Avril 1996, lorsque Monika Dannemann est décédée à l'âge de 50 ans d'une intoxication au monoxyde de carbone deux jours après avoir perdu un procès, la plupart des articles de presse ont conclu que sa mort avait mis fin à une bagarre de 26 ans entre deux des anciennes petites amies de Jimmy Hendrix.
Monika avait été retrouvée morte dans sa Mercedes remplie de fumée après avoir été reconnue coupable d'outrage au tribunal pour avoir répété une diffamation contre l'épouse d'un médecin de Surrey de 49 ans, Kathy Etchingham. Les deux femmes avaient été des petites amies d'Hendrix dans les années 60.

Dans Le monde intérieur de Jimi Hendrix par sa fiancée, publié en 1995, Monika écrit qu'elle avait rencontré Hendrix en 1969 dans un bar de Düsseldorf. Il était alors au sommet de sa gloire. Pour elle, il n'était pas seulement le guitariste le plus doué du monde. Elle le considérait comme un prophète dès le départ. Elle affirme qu'elle avait rapidement quitté l'Allemagne et son travail de professeur de patinage pour suivre Jimi à Londres. Elle a toujours affirmé - malgré les preuves contraires - qu'une relation et des fiançailles de 18 mois avaient suivi. Par contre, ce que personne ne peut nier, c'est qu'elle était avec lui la nuit où il s'est étouffé avec son propre vomi.

Pour certains, ce fait a conféré à Monika un statut quasi-religieux instantané. Pour d'autres, elle était à jamais le centre des soupçons entourant les circonstances de la mort d'Hendrix. Certains ont dit qu'elle avait tardé à appeler une ambulance; quelques-uns ont même affirmé qu'elle l'avait empoisonné.

Après la mort de Jimi, Monika avait fait carrière en étant la fiancée de Hendrix. Des interviews sans fin dans des journaux, des documentaires et des livres suivis de diffusions dans 'Hello! magazine' chez elle à Seaford, dans le Sussex (un véritable sanctuaire dédié à Hendrix), et avec la famille d'Hendrix à Seattle, ainsi que des apparitions lors des conventions d'Hendrix.
Mais dans l'hommage de toute une vie de Dannemann à Hendrix, Etchingham a toujours été de trop. Hendrix avait pourtant vécu avec Etchingham à la fin des années 60. Leur relation avait duré près de trois ans. Il était toujours impliqué avec elle lorsque Monika prétend que leur histoire d'amour avait commencé. La simple existence d'Etchingham était assez agaçante. Mais sa vision très différente d'Hendrix - un homme alcoolique et toxicomane troublé plutôt qu'un demi-dieu serein, spirituel et sans drogue - avait sans aucun doute encore irrité davantage Monika.
Uli John Roth, qui avait vécu avec Monika pendant 17 ans, bouillonne de la façon dont les journaux l'ont dépeint comme une femme qui vivait dans un autre temps.

"...Je parle pour Monika parce qu'elle n'a jamais été très douée pour parler pour elle-même...", dit-il. Dannemann avait évolué, insiste-t-il. "...OK, elle peignait toujours Hendrix mais elle peignait aussi d'autres choses...".
Roth dit qu'il n'avait quitté sa maison de Seaford que parce qu'il avait besoin de plus d'espace pour son équipement de studio. Mais dans une interview, Monika avait déclaré que leur relation n'avait pas fonctionné et qu'elle savait que "...mon cœur serait pour toujours avec Jimi...".

Roth insiste sur le fait qu'il aimait Monika pour elle-même, mais il admet qu'il l'appréciait également pour sa connexion avec Jimi. Roth était un fidèle d'Hendrix depuis son adolescence.
Pour Uli, le message de Jimi a traversé Monika. "...Il y avait quelque chose de l'esprit de Jimi en elle. Elle a été impliquée avec lui au cours des 18 derniers mois lorsqu'il a traversé de nombreux changements émotionnels et spirituels. Il lui a parlé de sa musique et de son message. à peu près comme il l'a dit à Dannemann. Et cela a rendu certaines personnes très, très jalouses. Il n'était pas le guitariste psychédélique bubblehead tel qu'il est décrit. Il était l'artiste le plus important et le plus révolutionnaire du 20e siècle..."
.
Soixante-dix personnes ont assisté aux funérailles de Monika. Beaucoup étaient des fans d'Hendrix.

En 1998, Uli Jon Roth participe en compagnie de Michael Schenker, un autre ancien guitariste des Scorpions, au G3 tour de Joe Satriani

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G3 Tour & Joe Satriani & Michael Schenker Torino, Italie - Monsters Of Rock Festival, 13 Juin 1998

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Transcendental Sky Guitar - Metamorphosis Concert Detmold, Allemagne - 15 Octobre 2000

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En 2000 parait un double album intitulé "Transcendental Sky Guitar I & II" qui est un monumental mélange de Rock et de Classique qui confirme la place de Roth parmi les meilleurs guitaristes mondiaux. Mais si son influence majeure a été citée par des guitare-heros comme Eddie Van Halen, Yngwie Malmsteen et autrez Steve Vai, sa renommée est surtout encore trop uniquement Européenne.

La décennie des années 90 avait été prolifique pour Roth: Il avait, par exemple, été le directeur musical de la production télévisée allemande de "A Different Side of Jimi Hendrix", il avait aussi dirigé une représentation télévisée de sa première symphonie avec l'Orchestre symphonique de Bruxelles, intitulée "Symphonic Rock for Europe", et avait publié en 1996 son "Prologue to the Symphonic Legends", acclamé par la critique, sous le nom de "Sky of Avalon", pour ne citer que quelques-unes de ses réalisations.
Mais c'est l'album "Transcendental Sky Guitar", à prédominance instrumentale, qui sera facilement considéré comme l'heure de gloire de Roth.

Par ailleurs, Roth a également développé sa guitare, une Sky Guitar fabriquée exclusivement pour lui. Instrument à sept cordes (même à huit) en forme de goutte d'eau, la Sky Guitar possède une gamme de six octaves qui permet à Roth d'atteindre les plus hauts registres du violon.

Accompagné de Don Airey (claviers), Steven Bentley-Klein (violon, trompette), Liz Vandall (voix), Shane Gaalaas (batterie) et Barry Sparks (basse), Roth a enregistré ce chef-d'œuvre de guitare dans son château, sur la côte ouest de la Grande-Bretagne, devant un public choisi, ainsi que lors de concerts à Vienne et à Paris.

C'est un guitar hero, et transcendental Sky Guitar est l'expression correcte à utiliser pour décrire sa musique. Il alterne des moments très techniques avec des moments mélodiques transcendantaux et le résultat est très bon. Le truc c'est que pour remplacer le chant, il faut l'émuler avec la mélodie de la guitare, donc le chant ne manque pas trop.

Beaucoup de morceaux n'ont pas été écrits par Roth lui-même, il les interprète juste à sa manière transcendantale, mais il y a aussi beaucoup de processus d'écriture même pour les jouer de cette manière.

Ainsi, "Transcendental Sky Guitar" combine cinq siècles de musique et présente l'interprétation toute virtuose de Roth de compositions de maîtres classiques tels que Mozart, Bach, Paganini, Vivaldi et Beethoven, ainsi que la musique de son mentor Jimi Hendrix et quelques uns de ses propres morceaux originaux.
Le thème de l'album, comme l'explique Roth, "...est la tentative de vivre et de voir le monde à travers les yeux de la guitare céleste...".

"Transcendental Sky Guitar" pourrait bien représenter la meilleure œuvre jamais réalisée par Uli Jon Roth, deux CD contenant plus de deux heures de musique en 25 chansons.
Cette collection presque entièrement instrumentale comprend "The Phoenix", un CD contenant des morceaux de concert, et "The Dragon", un CD avec des rappels et des improvisations, dont des reprises de "Voodoo Chile", "Villanva Gem" et "Atlantis" de Hendrix.

"The Phoenix" présente 500 ans de musique à travers les capacités de la guitare de Roth. Le concert a une saveur néo-classique à classique. De Mozart à Vivaldi, en passant par Chopin et bien d'autres, des morceaux transformés en morceaux de guitare transcendants avec des adaptations de pièces de Mozart ("Rondo Alla Turca"), Paganini ("Paganini Paraphrases"), Mendelssohn ("Fairy Dance") et d'autres grands classiques.
Le deuxième CD, "The Dragon", qui alterne des reprises (Hendrix principalement) et des morceaux d'improvisation propres à Roth, est rempli de prouesses remarquables de Roth en matière de jeu de guitare, et culmine avec le magnifique "Air De Bach".
"Transcendental Sky Guitar" est, en quelque sorte, destiné à inspirer une génération de guitaristes en tant qu'exemple documenté de la puissance et de la gloire de la guitare électrique.

Pour ce qui est du son, il n'y a rien à redire, la production étant limpide, même sur les morceaux live.

Indéniablement, Roth est un grand guitariste et compositeur, mais ses variations entre Hendrix, la musique classique et le Rock conventionnel manquent certainement de trop de moments de tension sans chanteur.

Et comme "Transcendental Sky Guitar" est également livré sous forme de double CD, les choses traînent un peu en longueur.
Ainsi, même un génie comme lui doit se rendre compte que les albums instrumentaux ne sont destinés qu'à un groupe limité d'acheteurs.

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Retour au Japon Tour 2001 - Uli & Kyoji Yamamoto, Barry Sparks, Don Airey, Stephen Bentley-Klein, Tommy Heart, Clive Bunker Tokyo, Kosei Nenkin, 19 Mai 2001

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"Legends Of Rock" est un projet lancé par Uli Jon Roth: Lui et d'autres anciennes légendes du Rock devaient donner des concerts où ils joueraient principalement des chansons de leurs anciens groupes et quelques autres morceaux.

Et, lorsqu'on a finalement demandé à Uli de se produire, pour rendre le concert un peu plus spécial, plus attractif, Uli a décidé que le spectacle mettrait également en vedette certains de ses amis qui joueraient à ses côtés au cours de la soirée.

Il s'est donc assuré d'augmenter le niveau d'attrait des personnes présentes pour ce spectacle et, en conséquence, les téléspectateurs ont ainsi pu apprécier l'apparition de Pete Way et Phil Mogg (UFO), de Michael Schenker (ex UFO) et de Jack Bruce (ex Cream).

C'était le 23 Juin 2001 et Roth avait donné un concert mémorable comme tête d'affiche du Castle Donington Rock and Blues Festival, enregistré et filmé pour un DVD.
La performance avait donc été documentée avec Uli comme étant une tête d'affiche de "dernière minute" pour ce spectacle qui avait été filmé et Roth avait, bien sûr, été plus qu'heureux de s'exécuter. Sur la plupart des morceaux, il est accompagné par Don Airey, claviers, Clive Bunker, batterie, et Barry Sparks, basse et guitare rythmique.

En 2002 est donc sorti un coffret DVD intitulé "Legends of Rock - Live At Castle Donington" .
En prime, le concert complet est présenté sur deux CD pour ceux qui préfèrent l'écouter sur la chaîne stéréo plutôt que de le regarder. Aucun élément n'a été coupé sur les CDs, comme c'est souvent le cas lorsque les deux produits sont emballés ensemble. Il y a un livret en couleur à l'intérieur où Uli explique le spectacle et comment il est arrivé à la décision sur qui devrait y prendre part avec lui. Il y a beaucoup de superbes photos et cela va certainement satisfaire l'appétit de ses fans et peut-être rendre le novice un peu plus affamé.

Uli chante et joue de sa sky guitar, puise parfois dans son riche fonds Hendrixien, impressionne avec son incroyable technique et, comme le dernier hippie, flotte béatement en souriant dans des sphères que nous, simples mortels, n'atteindrons probablement jamais.

Il présente ainsi quelques-uns de ses excellents solos, notamment sur "Sky Overture", et l'œuvre espagnole pour guitare concertante de Rodrigo "Concerto D'Aranjuez" où il montre son incroyable talent pour la musique classique.
Entre les deux, Uli jamme sur les classiques de Cream avec Jack Bruce sur des versions super cool sans aucune répétition préalable ("Sunshine Of Your Love", "White Room", "Spoonful"), et avec Michael Schenker, il jamme avec Pete Way et Phil Mogg sur des chansons de U.F.O ("Let It Roll", "Rock Bottom", "Midnight Train", "Doctor Doctor"), et même, il joue deux très belles interprétations de Jimi Hendrix: "Little Wing" et "All Along The Watchtower". Même si cette dernière est à l'origine de Bob Dylan, cette version se veut surtout un hommage à Hendrix.

La production et le son sont excellents et le niveau de performance global est tellement époustouflant.

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Legends of Rock & Jack Bruce, Michael Schenker, UFO Castle Donington, Angleterre - 23 Juin 2001

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Legends of Rock Tour U.K. - Uli & Frank Marino Novembre 2002

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En 2003, un nouveau album, "Metamorphosis of Vivaldi's IV Seasons", est édité.
Les quatre concertos pour violon qui constituent l'œuvre des "Quatre Saisons" de Vivaldi comptent sans doute parmi les thèmes les plus connus de la musique classique. Bien longtemps après la mort de leur auteur, qui ne fut d'ailleurs jamais reconnu de son vivant, cette œuvre continue d'enchanter les oreilles des amateurs éclairés comme celle des profanes.

Adaptée plus de 700 fois, il semble finalement normal qu'elle passe enfin entre les doigts experts du maître de la guitare néo-classique, Uli Jon Roth. Mentor d'Yngwie Malmsteen (parmi d'autres), il a en effet décidé, en cette année 2003, de proposer lui-aussi sa relecture des "Quatre Saisons".

Renommant les différents mouvements et les redécoupant à son goût, Uli ne se contente pas de réinterpréter l'œuvre, il la personnalise à son image.
Accompagné d'un orchestre symphonique, il prend le rôle de premier violon, puisqu'il se sert de sa Sky guitar (guitare à sept cordes) comme d'un véritable instrument classique. L'orchestre ne sert pas de faire-valoir, mais constitue le moule essentiel et principal dans lequel la guitare spéciale vient s'immiscer et s'installer.

Subtil et tout simplement magnifique, le jeu de guitare d'Uli imite le violon non seulement dans les notes jouées, mais aussi dans l'utilisation des différents effets inhérents à l'instrument: vibrato, legato, staccato, pizzicato... le maestro transcende sa guitare au service de l'œuvre, la faisant guillerette et sautillante au Printemps ("Venga la Primavera"), langoureuse et délicate en Automne ("Teardrops in October").

En accordant une importance à chaque détail, à chacune des notes extirpées du son de sa Sky guitar, il offre une leçon à tous les guitar-heroes en herbe et permet à la musique d'atteindre une nouvelle dimension, l'artiste parvenant à donner vie aux notes interprétées. Favorisant le feeling à la vitesse, Uli prouve que la musique n'est pas qu'une succession de notes. La manière dont elles sont interprétées est primordiale, et toutes les nuances proposées par le virtuose sont un véritable plaisir pour les oreilles.

Inutile de décomposer les mouvements, l'œuvre est connue de tous. On note cependant la présence de bruitages d'animaux, d'oiseaux de rivières, de tonnerre (déjà indiqués sur la partition originale), qui permettent de s'imprégner pleinement de chacune des quatre saisons dépeintes.

Parsemant le tout de poèmes de sa composition, Uli dote l'ensemble d'une atmosphère païenne inédite permettant d'apprécier l'œuvre sous un angle légèrement différent. Peintre émérite, l'écoute s'accompagne nécessairement de la contemplation conjointe du livret, ce dernier regorgeant d'illustrations du guitariste lui-même ou de reproductions de Rembrandt et Turner qui, alternant tons chauds et froids, ajoutent à la beauté de l'ensemble et aident à se perdre dans les magnifiques ambiances.

Si certains craignent de ne pas retrouver l'intensité ou la qualité des compositions originales, qu'ils se rassurent. A la fois respectueux de l'œuvre du maître et aventureux dans son propos, Uli reste totalement fidèle à la vision originelle de Vivaldi, épousant l'univers classique du compositeur et faisant de sa guitare un instrument d'orchestre à part entière.

La deuxième partie de l'album, constituée de variations et interprétations personnelles sur le thème des quatre saisons, se révèle tout autant magnifique et chatoyant. Chacune des notes interprétées par l'artiste est un plaisir intense qui génère chez l'auditeur une sorte d'exaltation contenue. L'extase est présente à chaque fin de phrase, à chaque accroche, le maître est au sommet de son art. Virevoltant entre les styles s'accordant plus de libertés sur ces compositions personnelles, Roth livre de véritables moments de pur bonheur.

Pièce maîtresse du style guitare néoclassique et oeuvre majeure dans la discographie du guitariste, "Metamorphosis of Vivaldi's IV Seasons" est à recommander absolument à tous les amoureux de guitare électrique et de musique classique.

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Metamorphosis Of The Four Seasons - Uli & Sky Orchestra Londres, The Bedford, 17 Septembre 2003

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Uli à House Of Blues, Chicago, 10 Septembre 2004

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"Rock Meets RenaissanceE" & Victor Smolski, Liz Vandall & Doro Pesch - Sky Orchestra Schloss Beck, Bottrop, Allemagne, 9 Octobre 2004

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1er Re-Union Show & Scorpions depuis les Tokyo Tapes, Colmar, France, Parc Expo, 10 Septembre 2005

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Uli en invité & Deep Purple à Berlin, Max Schmeling Halle, 6 Février 2006. Uli joue de la guitare signature de Steve Morse sur "Black Night"

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Sky Academy Concerts 2006 - Uli & Robby Krieger, Los Angeles Ralph Freud Theatre, UCLA, mai 2006 (exécution ensemble d'un set des Doors)

À l'occasion du Wacken Open Air Festival, en 2006, Roth (ainsi que d'autres ex-membres emblématiques des Scorpions) joue quelques chansons avec le groupe Scorpions devant plus de 60 000 fans (concert spécial qui a donné lieu au DVD Live at Wacken Open Air 2006).

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"A Night To emembe" (DVD) - Scorpions & Uli au Wacken Open Air Festival - 3 Août 2006

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Smashing Pumpkins Head-Lineing Rock-Am-Ring - jam prolongée avec Uli sur "Gossamer" TV Allemande - Rock am Ring Festival, Allemagne, 2 Juin 2007

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Sky Academy Concerts 2007 Uli & Paul Gilbert & Mighty Wing Los Angeles, Musician's Institute Hollywood, 25 Août 2007

Uli Jon Roth s'est produitr avec Scorpions au Zénith de Nantes en 2007.

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Jam Session avec Tony Mac Alpine, Alex Skolnik, Gilby Clarke, Nouvelle-Zélande, 1er G-Taranaki Festival, 19 Juillet 2008

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Suite à ses divers concerts avec Scorpions, beaucoup pensaient (espéraient?) qu’Uli allait revenir aux fondamentaux et sortir à nouveau un album Rock, comme il le fit à plusieurs reprises dans les années 70 et 80 avec son groupe Electric Sun., mais il n’en est rien.
Il faut dire que depuis le début des années 90, Uli a délaissé le Rock pour assouvir ses pulsions symphoniques, ses rares sorties studio faisant la part belle à la musique classique, à l’image de son dernier album en date, "Metamorphosis".

"Under a Dark Sky" paru en 2008, est en quelque sorte un pont entre le meilleur de ces deux mondes. Celui de la musique classique est bien entendu mis en avant, Uli ne se séparant jamais de son Sky Orchestra, composé d’une douzaine de violonistes, violoncellistes et contrebassistes. Mais le psychédélisme hendrixien très années 70 d’Uli a également son mot à dire sur ce nouvel album, même si, par discrétion, modestie, ou simplement par choix artistique, la sky guitar se fait plus discrète tout au long des dix titres qui composent cet opus. Le résultat est néanmoins audacieux et délectable pour qui prendra la peine de s’isoler durant 63 minutes et écouter avec attention les douces mélopées.

C’est à l’inquiétant instrumental "S.O.S" que revient l’honneur d’ouvrir le bal, introduisant tour à tour l’orchestre symphonique, les nombreux vocalistes (soprano, alto, ténors et barytons) oeuvrant sur cet album et la guitare mélodique, aérienne, parfaitement maîtrisée techniquement et emplie d’émotion d’Uli. Ce n’est qu’après le second instrumental "Tempus Fugit" au tempo plus enlevé que survient le premier vrai morceau de cet album, l’épique "Land of dawn", dont les 11 minutes nous transportent dans un univers familier pour qui connaît le style du maestro. Surprenant, difficile d’accès pour les autres, c’est certain. Alors que la superbe voix de Mark Boals (Ring Of Fire) fait enfin son apparition, l'auditeur se sent transporté dans le temps et dans l’espace vers une destination connue du seul guitariste. Seul le refrain, plus terre à terre et rappelant certains morceaux de "Fly to the Rainbow" de Scorpions, permet de garder les pieds sur terre.
La suite est du même acabit: L’arabisant "The Magic Word", "Letter of the Law", aux mélodies étranges et déstabilisantes, parviennent malgré un anachronisme certain à séduire et à emporter l'auditeur dans leur sillage, vers une sorte de faille spatio-temporelle, coincée entre la Renaissance des Lumières et les années 70. Etrange paradoxe.
"Stay in the Light", aux mélodies plus évidentes, évoque quant à lui une bande originale d’un film épique, à mi-chemin entre bravoure aveugle et douceur apaisante. Une des meilleures réalisations de ce nouvel opus.
Mais c’est bien "Tanz in der Dämmerung" qui fait de ce "Under a Dark Sky" une vraie réussite. Doté d’une incontrôlable montée en intensité tout au long de ses 19 minutes, ce morceau propose certaines des meilleures mélodies proposées par Uli depuis le début de sa fructueuse carrière. La guitare se réveille enfin véritablement, non pas pour servir des plans techniques ahurissants mais en mettant au contraire l’accent sur les mélodies et le feeling, qui font sans doute d’Uli le guitariste le plus doué et le moins ennuyeux de sa génération.

"Under a Dark Sky" est donc une vraie réussite. L’album souffre peut-être de quelques courts morceaux un peu plus légers, mais les deux morceaux épiques, qui représentent à eux deux plus de la moitié de la durée de l’album, sont de véritables chefs-d’œuvre artistiques comme l’on ne peut en écouter que trop rarement.

Uli Jon Roth est un artiste complet (auteur de toutes les mélodies, des textes et de la pochette) qui tente une nouvelle fois de tendre la main à l'auditeur pour l'emporter dans son univers bien particulier.

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"Under A Dark Sky" Tour - Uli & sa fille Akasha, Raismes Fest, France, 14 Septembre 2008

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"Under A Dark Sky" Tour - & Marty Friedman, Mark Boals, Liz Vandall, Tokyo, Sun Plaza Hall, 12 Novembre 2008

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Tournée en Italie avec Richie Kotzen - L'Aquila, Teatro Communale, 3 Décembre 2008 (Ce magnifique théâtre a été complètement détruit par un terrible tremblement de terre seulement trois mois après la prise de cette photo.)

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"Dean Jam" - lors du spectacle du NAMM 2010 au Grove Theatre à Anaheim, en Californie. Uli a jammé avec Carmine Appice, Paul Gilbert, Don Dokken, Warren de Martini, Michael Amott, Gus G et Doug Aldrich.
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Uli jamming avec Tony Franklin & Slash - 2ème G-Taranaki Festival, Nouvelle Zélande - New Plymouth, Puke Ariki Museum, 14 Août 2010

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Uli invité avec Kassel Orchestra sur "Rock Requiem" Stadthalle Kassel, 27 Août 2010

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Uli avec Chuck Billy & Elliott Rubinson - sur le pont à 70 000 Tons Of Metal Caribbean Cruise, 27 Janvier 2011

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Avec Pat Mc Manus à Mulhouse, France, le 2 Avril 2011
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Uli a présenté un superbe set au plus grand festival d'Europe - le Belgrade Beer Fest devant au moins 150 000 personnes. Quelle nuit! 20 Août 2011, Belgrade, Serbie De gauche à droite : Niklas Turmann, Corvin Bahn, Hedi (promoteur), Ule W Ritgen, Piero Leporale, Michael Ehré et Uli.

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Chihuahua, Mexique, Parque del Palomar - événement mémorable en tête d'affiche de l'UJR avec Michael Schenker, le 2 Octobre 2011

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Leslie West en tant qu'invité d'Uli au Starland Ballroom à Sayreville, New Jersey, le 4 février 2012 ("House of the Rising Sun")

Le 2 Juin 2012, Uli participe à la première édition du festival Nancy On the Rocks qui a lieu à l'amphithéâtre de plein air du Zénith de Nancy. Il rejoint le groupe Scorpions pour une de leurs dates en France sur le titre We'll burn the sky. Puis clôt le festival avec ces musiciens et reçoit deux invités exceptionnels, Herman Rarebell et Rudy Lenners.

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Uli au Sunflower Super Jam & Bruce Dickinson, Brian May, Alfie Boe, Alice Cooper,Mark King, John Paul Jones, Ian Paice, Sandi Thom. Royal Albert Hall, Londres, 16 Septembre 2012

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Avec Rachel Barton-Pine, Kenosha, Wisconsin, Brat Stop, 15 février 2013 ("The Sails of Charon")

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Avec Smashing Pumpkins, apparition surprise d'Uli au Glastonbury Festival. (Invité sur "America") et le lendemain à la Manchester O2 Academy le 30 Juin 2013 ("Immigrant Song" & "All long the Watchtower")

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"Smoke On The Water" - Uli & Deep Purple - Wacken Open Air, 1 Août 2013 (DVD)

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Doro avec Uli au Wacken Open Air - 2 Août 2013 ("Für Immer")

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Guitar Night avec Ron Thal (Bumblefoot) & Jennifer Batten Cascina, The Jungle, Italie, 4 Août 2013

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Uli avec Angra & Tarja Turunen ("Sails of Charon" & "Wuthering Heights") Sao Paulo, Brézil, HSBC Arena, 25 Août 2013

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En Sardaigne & Rick Wakeman, Roger Glover, Ian Paice, Dougie White & Kee Marcello, Ercole Cellino Golf Club, Assemini, Sardinia, 7 Septembre 2013

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Jimi Hendrix Show & Steve Vai & Steve Morse, Festival Guitare-en-Scene, France, 20. July 2014

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Extreme Guitar Tour Of USA 2015 - Uli & Kofi Baker, BB King's, New York, 8 Février 2015

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En 2013, Uli se décide de célébrer son passé. Cette même année marquant les 40 ans de son intégration dans Scorpions, il se lance dans une tournée de deux ans, proposant une setlist constituée uniquement de morceaux composés pour les quatre albums studio qu'il enregistra avec Scorpions.

Bien qu'il ne s'agisse pas d'un live à proprement parler, "Scorpions Revisited", paru en 2015, est le résultat de cette tournée-anniversaire. Des quatre excellents opus enregistrés avec Scorpions, Roth a extrait 18 morceaux (19 pour la version japonaise, offrant en bonus le symbolique "I've Got To Be Free", témoignage de sa volonté d'explorer de nouveaux horizons, compilés sur un double album.

Totalement retravaillés, ces titres ont été réenregistrés courant 2014 dans le même studio d'Hanovre qui avaient servi de lieu de répétitions à Scorpions entre 1973 et 1978, certains morceaux ayant même été composés dans ce même studio. Celui qui a contribué à briser les barrières entre distorsion et musique classique, entre poésie et Hard Rock, revient donc à un exercice plus formel, bien que le maestro n'ait pas sacrifié sa volonté d'intégrer de nouveaux éléments mystiques et flamboyants dans sa relecture de ces titres composés dans sa jeunesse.

Accompagné du bassiste Ule Ritgen, qui le suit depuis ses débuts avec Electric Sun, Uli s'est entouré d'une équipe de jeunes musiciens talentueux et capables de rendre un hommage convaincant au passé du guitariste. Parmi ceux-ci, le chanteur Nathan James n'est évidemment pas Klaus Meine: sur certains titres, à l'image de "Longing for Fire", il chante un ton en-dessous de la version originale, tandis que d'autres voient de nombreuses harmonies vocales tenter de donner le change. Néanmoins, son timbre de voix lui donne la légitimité nécessaire pour interpréter ces titres exigeants.
Avant tout désireux de rester fidèle à la structure et à l'esprit originel des morceaux, Uli sculpte par touches discrètes plus qu'il ne chamboule. Sur l'introductif et puissant "The Sails of Charon", considéré par beaucoup comme le morceau-maître de cette époque, Uli renforce les influences tour à tour flamenco et médiévales au cours d'un break rallongé, qui porte le morceau à quasiment 10 minutes. Totalement repensé, le solo est une splendeur de virtuosité et de feeling, mis en valeur par une production très claire et organique.

A la différence des versions originales, Uli utilise sa célèbres Sky Guitar qui ne le quitte plus depuis le milieu des années 80. Les sept cordes de l'instrument lui permettent l'ajout de fioritures et de petite touches mélodiques, comme sur 'Longing for fire" ou sur "Dark Lady", dont la version rallongée reprend le break tel qu'interprété par le guitariste lors du 'reunion-show' de Scorpions à l'occasion du Wacken 2006.

Les ambiances sombres et mélancoliques se voient particulièrement mises en valeur. L'alambiqué "Crying days", doté d'un solo foisonnant, est une perle qui permet à la basse ronde d'Ule Ritgen de faire des merveilles. La ballade "Yellow raven", qui reprend les bruits d'oiseaux de la version originale, est une invitation à la contemplation tout comme "Fly to the Rainbow", agrémenté d'un prélude de quatre minutes à la fois technique et bouleversant de tendresse.

A l'inverse, les titres les plus agressifs sont également bien retravaillés. C'est le cas de "Virgin Killer", qui voit l'ajout d'ambiances groovy calmer la rage du morceau pour en faire un brûlot toujours rageur mais plus mûr, doté d'une fin baroque, proche de la musique classique. "Sun in my hand", joué un ton plus bas, se fait encore plus pesant, et proche de l'univers d'un Blue Oyster Cult, par exemple. Uli, qui interprète les morceaux qu'il chantait à l'époque, se fait même également assez convaincant au chant, semblant avoir fait de nets progrès au fil des ans.

Loin d'être vides de sens ou d'être de simples actualisations de splendeurs passées, les relectures qui constituent ce "Scorpions Revisited" sont d'une actualité et d'une beauté non pas surprenante, mais délectable et aboutie. Si le feeling initial des morceaux reste inégalable, ancré dans l'esprit des auditeurs depuis plus de 30 ans, ces versions revisitées bénéficient toutes d'un petit quelque chose supplémentaire qui peut les fait apprécier sous un jour nouveau et différent.

Que ce soit le méconnu "All night long", jamais enregistré en studio avec Scorpions, ou l'épique et magnifique "We'll Burn the sky", perle d'écriture et de composition, tous les titres confirment que Roth n'a, en rien, perdu de sa superbe. Bien sûr, quitte à intégrer certains titres dont il n'est ni l'auteur ni le compositeur ("In Trance" notamment), on aurait aimé qu'Uli propose tous les titres de Scorpions sur lesquels il a posé sa marque, ne manquant à l'appel que l'entraînant "Your light" et le calme instrumental "Night Lights".

Ce serait néanmoins faire la fine bouche car ce double album au son d'une clarté céleste et d'une interprétation sans faille est l'exemple-type d'un hommage réussi et qui confirme que si le Scorpions de "Still Loving You" est très grand, celui des années 70 reste immense.
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"Scorpions revisited" Uli playing dual harmony lead & David Klosinski, Sun Plaza Hall, Tokyo, 20 Février 2015

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Sky Academy Tokyo 2015, Duo Music Exchange, 24 Février 2015

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Sky Academy Singapour 2015, Sing Jazz Club, 26 Février 2015

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FM Cruise II - Mein Schiff 1 - Pool Deck, Ibiza Harbour, Espagne - 14 Avril 2015

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Thanks Jimi Festival & Nigel Kennedy, Lesker CichonskiI, Wroclaw, Pologne, 1 Mai 2015

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Première Tournée en Lithuanie - Uli & Niklas Turmann & Don Roxx, Kaunas, Lithuanie, Renginiu Oase - 14 Mai 2015

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Uli avec Thomas Blug et Victor Smolski à Bocholt, Allemagne, Guitar Nights - 23 Mai 2015

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Uli improvisant sur sa Godin 7- String Classical Guitar. Robin 2, Bilston, Angleterre - 1 Juin 2015

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Uli jouant de sa nouvelle Sky Guitar double manche, Mighty New Dawn. Kubana, Siegburg, Allemagne - 30 Septembre 2015

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Concert pour Jack Bruce & Mark King, Ginger Baker, Phil Manzanera, Ian Anderson. Roundhouse, Londres, 24 Octobre 2015 ("Badge" & "I Feel Free")

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"The Ultimate Guitar Experience" - North American Tour 2016 Andy Timmons, Jennifer Batten et Uli. Arcada Theater, St Charles, Illinois, 26 Mars 2016

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Full Metal Cruise IV - Uli Jam Session & Blaze Bayley, Dirk Schlächter, Michael Ehré. Theater, Mein Schiff 1, Côte du Danemark - 7 Septembre 2016

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Uli en invité & Scorpions au Loudpark Festival 2016 à Tokyo. Saitama Super Dome, Saitama, Japon - 8. Octobre 2016

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Uli Jon Roth Set au Loudpark Festival 2016 à Tokyo. Saitama Super Dome, Saitama, Japan - 8. October 2016

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70 000 Tons Of Metal - Caribbean Cruise. Pooldeck, Independence of the Seas, Caribbean Sea - 3 Février 2017

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Le 5 Février 2018, est mort le guitariste Hans Joachim 'Zeno' Roth, le jeune frère d'Uli.

Communiqué de Uli:
Chers amis, chers fans de Zéno!
C'est avec une grande tristesse et un cœur lourd que je dois vous informer que mon cher frère Zeno Roth est décédé hier, le 5 février 2018. Il est mort dans son sommeil après des années de maladie et est finalement partidans un bien meilleur endroit.
Parlant au nom de toute sa famille et de ses amis, c'est une perte énorme, tant sur le plan humain, mais aussi parce que Zeno était un artiste vrai et incroyablement doué. Nous nous souviendrons toujours de ses chansons, de sa poésie et de sa belle guitare. En tant que frère, je me souviens de lui comme d'une âme douce et bienveillante avec les sentiments les plus profonds, mais aussi comme une personne de grand humour et d'esprit. Ses capacités d'écriture de chansons étaient de premier ordre. C’était était un guitariste vraiment exceptionnel et son talent pour la poésie était tout simplement incroyable et imaginable, ce qui était particulièrement évident dans ces poèmes qu'il avait écrits dans sa langue maternelle, l'allemand. Heureusement pour nous, il nous a laissé beaucoup de ces précieuses pierres et nous publierons une collection de ses poèmes à titre posthume en temps voulu.
Juste avant sa mort, Zeno travaillait sur trois nouvelles chansons qu'il me jouait dans une version démo avant Noël et j'étais étonné de ce que j'ai entendu, parce qu'il avait atteint un nouveau plateau et que son jeu était meilleur que jamais, miraculeusement, malgré sa maladie débilitante. Nous essaierons de terminer ces chansons et de les diffuser parce qu'elles valent la peine d'être écoutées et contiennent beaucoup de magie et de beauté. À tous les fans de Zeno dans le monde, je tiens à vous remercier en son nom, son fils Shion, Naoko, sa petite amie Indu et sa famille, et celle de son meilleur ami et membre du groupe , Ule W. Ritgen pour tout votre soutien et votre loyauté. Que Dieu bénisse l'âme de Zéno!
A noter que Zeno avait publié cinq albums entre 1986 et 2006.

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Tokyo Tapes Revisited North American Tour 2017. Malone's, Santa Ana, California - 18 Février 2017

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Tokyo Tapes Revisited World Tour 2017. L'Illyade, Grenoble, France - 27 Avril 2017

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Tête d'affiche Bounty Rock Open Air Festival 2017 - Olomouc, République tchèque - 17 Juin 2017

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Tokyo Tapes Revisited World Tour 2017. Bareug, Rotterdam, Hollande - 25 Août 2017

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Tête d'affiche Bree Vosterfesten 2017 - Bree, Belgique - 26 Août 2017

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Uli en invit surprise au Festival Guitare en Scene en France. 30 Juillet 2018

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En 2018, Uli participe à nouveau à la tournée G3 de Joe Satriani avec John Petrucci.
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Uli le 8 Mars 2020 à la Maison Bleue à Strasbourg.

À ce jour Uli est encore et toujours actif sur la scène musicale, aussi bien Rock que Classique, et il continue de faire des tournées aussi bien en solo qu'en rejoignant d'autres artistes sur scène.
Ce virtuose est vraiment 'increvable!

Discographie:

Scorpions:
1974 : Fly to the Rainbow
1975 : In Trance
1976 : Virgin Killer
1977 : Taken by Force
1978 : Tokyo Tapes

Electric Sun:
1979 : Earthquake
1981 : Fire Wind
1985 : Beyond the Astral Skies

Uli Jon Roth:
1991 : Aquila Suite
1995 : Sky of Avalon : Prologue to the Symphonic Legends
2000 : Transcendental Sky Guitar I & II
2001 : Legends of Rock at Castle Donington (Double album live)
2003 : Metamorphosis of Vivaldi's IV Seasons
2008 : Under a Dark Sky
2015 : Scorpions revisited (double CD)

Sources: Wikipedia, LATIMUS, PopMatters Staff, Chris, Ken Pierce, Klaus Reckert, un merci tout particulier à GEGERS de FORCES PARRALLELES pour ses super analyses et à Sky Arts International pour ses photos.
Modifié en dernier par alcat01 le dim. 24 oct. 2021 17:06, modifié 53 fois.

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Re: ULRICH "ULI JON" ROTH (Bio)

Message par nunu » ven. 15 oct. 2021 16:12

Toujours aimé dans Scorpions que j'ai laissé tomber quand il a quitté le groupe mais jamais interesser a ce qu'il a fait apres
Ulrich "Uli Jon" Roth et ce n'est pas tres propre

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Re: ULRICH "ULI JON" ROTH (Bio)

Message par Titis » ven. 15 oct. 2021 16:35

Fabuleux guitariste mais piètre chanteur, il apporte énormément aux premiers albums de Scorpions.
Merci pour cette bio :chapozzz:
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Re: ULRICH (ULI JON) ROTH (Bio)

Message par boosty » ven. 15 oct. 2021 18:51

vu plusieurs fois en live, de très bons souvenirs.

photo prise en Suisse il y a quelques années :love1:
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Re: ULRICH (ULI JON) ROTH (Bio)

Message par Bebeto » sam. 16 oct. 2021 12:49

Merveilleux guitariste, et comme dit plus haut, mieux vaut qu'il reste à la six-cordes, parce que le deux-cordes ce n'est pas son truc. Un peu comme Steve Howe également, dans ses premiers opus solos, il s'est essayé au chant, non concluant.

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Re: ULRICH (ULI JON) ROTH (Bio)

Message par alcat01 » dim. 17 oct. 2021 11:29

Bebeto a écrit :
sam. 16 oct. 2021 12:49
Merveilleux guitariste, et comme dit plus haut, mieux vaut qu'il reste à la six-cordes, parce que le deux-cordes ce n'est pas son truc. Un peu comme Steve Howe également, dans ses premiers opus solos, il s'est essayé au chant, non concluant.
Il chante sur tous les albums de Scorpions, ce n'était pas une nouveauté!

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Re: ULRICH (ULI JON) ROTH (Bio)

Message par Bebeto » dim. 17 oct. 2021 14:49

alcat01 a écrit :
dim. 17 oct. 2021 11:29
Bebeto a écrit :
sam. 16 oct. 2021 12:49
Merveilleux guitariste, et comme dit plus haut, mieux vaut qu'il reste à la six-cordes, parce que le deux-cordes ce n'est pas son truc. Un peu comme Steve Howe également, dans ses premiers opus solos, il s'est essayé au chant, non concluant.
Il chante sur tous les albums de Scorpions, ce n'était pas une nouveauté!
Oui, Rudolph Schenker aussi chante sur des titres, cela n'en fait pas de bons chanteurs pour autant.

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Re: ULRICH (ULI JON) ROTH (Bio)

Message par nunu » dim. 17 oct. 2021 14:50

Jimi Hendrix aussi chante sur ses albums...... :hehe:

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Re: ULRICH (ULI JON) ROTH (Bio)

Message par hamilcar » jeu. 18 nov. 2021 13:13

... Bob Dylan aussi...
:hehe:
Tout ça pour dire que si ces 2 là (Uli et Bob) ne sont pas des vocalistes d'opéra, ils ont au moins le mérite de ... l'originalité :hehe:

Merci pour cette superbe bio, à laquelle je mettrais un bémol pour "Beyond the astral skies". Acheté dès sa sortie, j'aurai mis plus de 30 (!!!) ans pour l'apprécier à sa juste (?) valeur... Perso, si je reconnais que la 2ème face est moins inspirée, la 1ère a ne fût ce que le mérite d'être un véritable OVNI dans le paysage musical... Qu'on aime (ou pas), force est de reconnaître que, même par la suite, personne n'a emprunté cette voie (difficilement cataloguable d'ailleurs). Entre musique de chambre, folk jazzy (cfr Emtidi) et rock alternatif...

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Re: ULRICH (ULI JON) ROTH (Bio)

Message par hamilcar » mer. 30 mars 2022 15:00

Personnage très accessible, même en rue (croisé quelques heures avant un concert)... et grand amateur de fruits, comme ses ex complices de Scorpions

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Re: ULRICH "ULI JON" ROTH (Bio)

Message par Cooltrane » mer. 30 mars 2022 21:40

nunu a écrit :
ven. 15 oct. 2021 16:12
Toujours aimé dans Scorpions que j'ai laissé tomber quand il a quitté le groupe mais jamais interesser a ce qu'il a fait apres
En effet, j'aime bien les deux premiers Scorpions, mais pas trop le reste - qu'il soit encore dedans ou pas.


Sinon,j'ai eu les deux premiers Electric Sun (en import à Toronto, cela m'avait couté bonbon à l'époque), et pour finir, j'en attendais plus. Heureusement, je les ai +/- bien revendu qqes années plus tard.

ja l'ai vu une fois en concert dans la fin des 90's, et c'était très décevant (presque ridicule avec sa panoplie vestimentaire habituelle)

J'avais vu Randy Hansen qqes mois avant, qui plus est - qui lui faisait son Hendrix encore plus affligeant.

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Re: ULRICH (ULI JON) ROTH (Bio)

Message par alcat01 » dim. 14 août 2022 19:10

Je viens de trouver ça sur le net!



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