LYNYRD SKYNYRD : Paris, Zénith, 10/7/25
Les détracteurs du groupe pourront toujours dire : "Oui, mais il n'y a plus aucun membre original aujourd'hui !!!!!! A quoi bon aller les voir ?" A force de l'entendre dire, je me suis, avec les années, mis à faire la sourde oreille (là, à vrai dire, je n'ai pas trop de mal). Faisant fi de toutes ces allégations émanant de certains grincheux, j'ai pris quand même la suprême décision de me rendre à ce concert (peut-être ultime ?) des originaires de Géorgie.
Parce que quoiqu'on en dise, ils (entre autres, le Johnny Van Zant qui, lorsqu'il était jeune a dû en bouffer du Lynyrd Skynyrd avant de former le Johnny Van Zant Band) sont là depuis presque 40 ans, à la limite plus longtemps que ceux qui ont fondé le groupe. En quoi seraient-ils illégitimes de brandir fièrement la "bannière" Lynyrd Skynyrd et reprendre avec justesse ce répertoire qui a fait la gloire de ce combo majeur ?
Sinon, je n'ai jamais été très fort en maths (certains le savent) mais l'on me dit dans l'oreillette que l'on fête les 50 ans du groupe. Or, celui-ci a été créé à Jacksonville en.............1964, ce qui fait 61 ans. Du coup, je me suis dit que c'était peut-être pour commémorer la parution du 1er album, Pronounced 'Lĕh-'nérd 'Skin-'nérd. Ben, ça marche pas puisque celui-ci a débarqué dans les bacs en 1973, ce qui fait 52 ans. Bon Diou de Bon Diou, c'est à en perdre son latin. Bon, en tout cas, le dernier live, de par son titre (Celebrating 50 Years) précise bien qu'on en est à un demi-siècle de rock sudiste mais bon en même temps, on n'est pas à deux ans près.
Bref, nous n'allons perdre de temps avec ce genre de détail et lorsque Mme Phil et moi, arrivons dans la salle, l'ami Fab est déjà tranquillement assis à sa place. Facilement reconnaissable grâce à sa stature imposante, le voici qui nous hèle tout de go ("Hey, Phiiiiiiiiiiiiiiiiiiil !!!!!!!!!!!!!!!!!") devant des voisins médusés, consternés, interloqués bref hébétés !!!!! lol Moi qui ne voulais pas me faire remarquer. C'était raté. lol
En 1ère partie, nous avons affaire à l'actuel guitariste de Deep Purple, Simon McBride qui s'est illustré de fort belle manière sur l'album =1 paru en 2024. Un guitariste ô combien talentueux, (en plus, il est Nord-Irlandais, ça augmente son capital "sympathie") qui, depuis 3 ans, a assis sa position de façon fort confortable au sein du groupe légendaire.
Pour l'heure, le concernant, il faut rappeler que son actualité tourne autour de cet album intitulé Recordings 2020-2025, un opus qui compile à la fois des reprises qui ont jalonné son parcours musical mais aussi des sessions enregistrées aux célèbres Chameleon Records. Le voici assurant le hors d'oeuvre de cette soirée de rock sudiste que tout le monde impatiemment. Une sorte de prêté pour un rendu puisque rappelez-vous en 2003, Lynyrd Skynyrd avait assuré la 1ère partie en ce même lieu du dinosaure anglais.
https://www.leseternels.net/live_report.aspx?id=139
De toute évidence, par rapport au set donné au Backstage By The Mill, il y a de cela quelques mois, le Belfastois s'était fixé sur l'essentiel. Epaulé par ses fidèles et expérimentés compagnons d'armes que sont Dave Marks à la basse et Marty McCloskey à la batterie, le Simon part à la..... pêche dans son répertoire déjà bien fourni (5 albums) en faisant étalage de tout son talent de guitar hero, ce qu'il fait également avec panache et virtuosité au sein du Pourpre après tant d'années de vache maigre passées en compagnie de son prédécesseur, lui-même doté d'un charisme apparenté à celui d'une huitre indigeste, à savoir le bien-nommé, Steve Morse.
Ce qu'il nous propose, s'avère être de bonne facture sans pour autant atteindre le transcendant. Son show est bien rodé, bien huilé, même et cela se sent de suite, car d'entrée de jeu, il lâche de façon immodérée........... la "bride", emporté qu'il est par les reprises (car son set est aussi composé de covers) qu'il interprète avec une justesse et une maîtrise déconcertantes.
Alors du Purple, il en a fait ou pas ? Au tout début du concert juste après Don't Dare, il fut bien tenté de le faire en glissant subrepticement un p'tit snippet de Smoke On The Water et Lazy mais ce fut tout. Il se laissera malgré tout emporté par son envie irrépressible de proposer ce savoureux medley Black Night/Child In Time/Speed King et ce, pour le plus grand plaisir de tous dont la plupart ne savaient pas qu'il occupait la place tant enviée de guitariste au sein de la légende britannique. On ne peut pas non plus être au fait de l'actualité musicale, cela s'entend. Après un set très équilibré entre donc ses propres compositions et quelques reprises, le McBride conclut de fort belle façon en mode "Gary Moore" sur ce Show Me How to Love extrait de The Fighter. "Continue comme ça, Simon !!!!! En plus tu as le vent en poupe sur deux fronts. Bravoooo à toi !!!!!"
Apparaît alors la scène sur laquelle vont évoluer nos amis et autant dire que magnifique, elle l'est. Après une courte intro sur l'écran, où l'on est à même d'admirer de vieilles photos du groupe, un peu comme John Fogerty en prélude de son formidable concert d'il y a quelques semaines, nos larrons débarquent sur un survitaminé Workin' For MCA, l'habitude en même temps. Les guitares de Damon Johnson (ex-Black Star Riders, Thin Lizzy, Brother Cane et Alice Cooper) et Ricky Medlocke rugissent alors rageusement (notez au passage la zolie allitération lol) tandis que Johnny Van Zant, le porte-drapeau de cette reformation qui date de 1987 et qui avait donné lieu au double live Southern By The Grace Of God, ne cesse d'interpeler le public qui réagit sagement, on va dire.
Point de temps mort, cela a toujours été le cas chez Skynyrd puisque c'est le très enlevé What's Your Name auquel on a droit suivi sans détour d'un That Smell qui m'a paru un peu plus long que d'habitude. Le Fab lui, tape dans ses mains généreusement, jusqu'à suivre le rythme de ce titre sur mes genoux. Je vous l'avoue, l'effet de surprise est garanti......
"We're celebrating 50 years of good music !!!!!!!!!!!!", nous lance le Johnny. Je pense que le gars, il sait vraiment pas compter.........ou alors il a voulu faire un compte rond...... Mais bon, on ne lui en veut pas.
Suivant à peu près scrupuleusement, le tracklisting du nouveau live, le groupe enchaine sur un fringant I Know A Little extrait de Street Survivors dont la pochette avait fait débat compte tenu du fait qu'à sa parution en 1977 sorti 3 jours avant le crash, l'on pouvait voir les membres du groupe déambuler dans une rue sordide où des bâtiments étaient en flamme. Pas d'autre choix donc de modifier de toute urgence le visuel pour quelque chose de plus décent. Les trois guitaristes s'en donnent à coeur proposant ici bas une version à couper le souffle.
Ensuite, c'est au tour des coups de boutoir de Saturday Night Special qui résonnent dans un Zénith surchauffé et là, ça l'fait grave. Surtout, cela donne l'occasion à notre Fab de s'essayer à "l'air drum" suivi de roulements de bras un peu à la manière d'un Travolta lorsque ce dernier dansait de façon endiablée sur Saturday Night..............Fever. Par solidarité et amitié, je l'accompagne dans cet exercice pour le moins périlleux surtout qu'il a des grands coudes, le gaillard, des grands coudes qui prennent de la place.....lol. Monsieur Fab veut jouer des coudes, alors, il va être servi, le bougre..... lol
Il convient de noter à propos de Saturday Night Special qu'il s'agit d'une chanson "anti-armes" qui, à l'époque eut un certain retentissement vu qu'elle dénonçait de fait l'utilisation abusive d'armes. Etonnant de la part d'un groupe comme Lynyrd Skynyrd connu pour certaines positions parfois radicales. En effet, Ronnie Van Zant, pourtant possesseur de carabines a toujours été quant à lui en faveur d'un contrôle strict en matière de possession d'armes. On assistera quelques années plus tard à un revirement manifeste de la part du groupe avec Gimme Back My Bullets sur l'album du même nom. Gimme Back My Bullets, nous l'entendrons d'ailleurs après le titre qui suit dans une interprétation qui, à coup sûr et comme à son habitude, décoiffera un porteur de Stetson et ce, grâce aux trois artilleurs en chef qui, tour à tour, aligneront les solos "en veux, en voilà" même si le 3ème guitariste Mark Matejka occupe une fonction beaucoup plus en retrait par rapport à Medlocke et Johnson.
On part ensuite se détendre avec le trépidant mais trop court Down South Jukin'. Un morceau que pour ma part, j'avais bien aimé sur le double live Southern Knights et qui avait plu aussi à ma fille aînée.
L'expression « Down South Jukin' » fait référence au d'apprécier la musique pour ce qu'est et de danser dans les juke-joints (débits de boisson), chose pour le moins courante dans les États du Sud. Ce divertissement est souvent associé à une atmosphère insouciante et animée, où l'on peut oublier ses soucis et profiter du moment présent. En s'adonnant à cette activité, les personnages recherchent un sentiment de libération et de paix de l'esprit. Et là, cette insouciance, le groupe nous la fait vivement ressentir en nous délivrant une superbe version.
Sur Gimme Back My Bullets figure Cry For The Bad Man interprété seulement 65 fois live en plus de 50 ans de carrière. Fort dommage. Il y a des titres comme ça qui sont oubliés. Searching en fait aussi partie. Par conséquent, quel plaisir de le ré-entendre dans une très bonne version.
L'heure est à la gravité avec le très beau The Needle And The Spoon qu'il faut considérer comme étant une chanson d'avertissement sur les dangers de la toxicomanie, en se concentrant spécifiquement sur la nature destructrice de l'utilisation de l'héroïne. Indubitablement quelle que soit la période à laquelle elle fut interprétée live (en ce qui me concerne, je l'ai entendue pour la 1ère fois sur le double live One More From The Road), cette chanson, émotionnellement très forte, interpelle celui ou celle qui l'écoute.
Depuis 1987, date du Tribute Tour, Lynyrd Skynyrd, contraint de par le vécu qui a émaillé et touché durement leur carrière, s'est toujours évertué à célébrer les membres du groupe qui sont partis vers d'autres horizons. Là, pour le coup, ce sont Gary Rossington et Billy Powell qui sont à l'honneur (un peu plus, Gary quand même, disparu en 2023). Alors oui, bien évidemment, l'émotion est à son comble lorsque Johnny prononce le refrain Tuesday's Gone With The Wind" repris en choeur par le public parisien alors que simultanément l'on voit défiler sur l'écran les photos sur lesquelles Gary apparaît à diverses époques. Un bel hommage, franchement.
Connaissant la sensibilité du Fab, je le vois discrètement essuyer la petite larmichette qui descend le long de sa joue droite. Sensible, l'ami Fab. lol
Le chapitre "Emotion" ne va pas se refermer de sitôt puisque voici venir ce Simple Man que tout le monde attendait avec une impatience non dissimulée. Une version comme toutes celles que j'ai entendues en live mais toujours aussi belle. Allez hop, deuxième larmichette du Fab.....lol.
Malgré sa structure simpliste, Gimme Three Steps est bien plus qu'un simple morceau de rock sudiste entraînant ; c'est un récit imprégné de récits haletants et de drames authentiques comme cette bagarre dans un bar qui, en fait, reflète le quotidien de de ceux qui n'avaient rien d'autre à faire que d'ingurgiter des gorgeons en quantité astronomique. Quand je l'ai écouté pour la 1ère fois au moment de l'achat du double live One More From The Road, le 6 octobre 1981, je m'en souviens, c'est le jour où le président égyptien, Anouar El Sadate s'est fait buter), ce qui frappe d'entrée de jeu ce sont le riff entraînant et le refrain provocateur de la chanson qui m'avaient de fait emporté dans un tourbillon de hochements de tête et de battements de pieds. Ce que je me conforme à faire pour respecter la tradition et ce, sur la très bonne interprétation que nous appréciâmes à sa juste valeur.
Comme d'habitude et ce, depuis toujours, Gimme Three Steps est toujours suivi de Call Me The Breeze de JJ Cale. C'est d'ailleurs à ce moment bien précis que mon voisin de gauche (le Fab, toujours lui lol) s'essaie avec plus ou moins de dextérité à "l'air piano" sur ses genoux puis sur les miens. Puis de concert, nous v'là reproduisant "note pour note" le solo initialement composé par le regretté Billy Powell. Ca valait le coup d'oeil. Mme Phil qui était assise à ma droite, a dû bien se marrer (ou pas....) en son for intérieur. lol
Tout le monde voulait Sweet Home Alabama, eh bien, le voici, permettant à Mme Phil d'entreprendre quelques pas de danse fort bien exécutés. De toute façon, on le sait, les setlists de Lynyrd Skynyrd, on les connaît par coeur du fait de leur immobilisme patenté et ce, depuis de nombreuses années mais bon, en même temps, c'est ce que le public veut entendre. Une version certes convenue sur laquelle Ricky Medlocke, un peu moins exubérant qu'il ne le fut dans le passé et Damon Johnson se partagent les deux solos du morceau. J'aime bien ce guitariste, vous le saviez ?
Bien évidemment, cela ne peut être que Free Bird qui ne peut que conclure ce concert lourd en émotion. Sur l'immense écran qui surplombe la scène apparaît alors le grand frère, Ronnie Van Zant qui entonne la chanson avec un coeur gros comme ça. D'ailleurs, je me suis demandé à quel moment, ce dernier serait un peu au centre des débats vu que Travelin' Man ne faisait pas partie de la setlist de ce soir-là, un titre sur lequel Johnny et Gary avaient pour habitude de faire projeter la version enregistrée à Knebworth en 1976 afin de glorifier le chanteur disparu.
Il n'y a pas de surprise avec Free Bird. C'est d'abord l'émotion, le p'tit cuicui de l'oiseau qui s'envole puis pendant le déluge de solos incisifs, incandescents, telluriques, bref tout ce que vous voulez pour qualifier ce final apocalyptique sur lequel les trois guitaristes engagent un duel de haute volée, Fab et moi, nous nous levons pour effectuer un "air-guitar" des plus mémorables mais ô combien épuisant qui se soldera par une crise de rire inoubliable de notre part. Comme on dit, on a l'âge de nos artères mais la passion reste intacte. Des concerts avec lui, c'est à refaire..........lol
Alors pour conclure car il faut bien conclure, nous avons assisté à un concert d'1h40 certes sans surprise pour ceux qui ont déjà vu le groupe plusieurs fois mais à chaque fois celui-ci contient son lot d'énergie conjuguée à de l'émotion voire du recueillement. Merci de faire vivre ce beau patrimoine musical. Happy 50th birthday to you, Lynyrd Skynyrd !!!!!!
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https://www.setlist.fm/setlist/lynyrd-s ... 85abc.html