J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 15 août 2022 02:14

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Stéphane Kerecki – Out Of The Silence (2022)

J’avais déjà évoqué le contrebassiste Stéphane Kerecki à propos de l’album précédent « French Touch », tout à fait réussi. Celui-ci est différent, sans fil rouge et parfois en quintet. Je dis « parfois » car au fil des titres on rencontre un trio, avec Stéphane Kerecki à la basse, Marc Copland au piano et Fabrice Moreau à la batterie sur deux titres me semble-t-il.

La formation passe au quartet quand s’ajoute le saxophoniste ténor Tore Brunborg sur quatre titres, et même au quintet quand le trompettiste Ralph Alessi intervient sur quatre autres titres également. Pour le fun on précise que deux musiciens sont français, Stéphane et Fabrice, Tore Brunborg est norvégien et les deux autres, Ralph et Marc Copland sont américains. Cette compagnie internationale a fière allure, l’album a même été sacré « Choc du mois » sur Jazz Mag.

Cette diversité de musiciens, de formule et d’instruments est bienvenue, car l’arrivée des uns et des autres contribue à donner une grande diversité à l’album qui n’ennuie jamais, on goûte la formule à trois avec le fabuleux « Hands », le souffle du ténor de Tore Brunborg qui rafraîchit l’ensemble avec une sonorité nordique très inspirée. Ralph Alessi est lui aussi très talentueux, davantage dans la tradition, il excelle à creuser le sillon, très groove dans le son.

Le magicien du coin c’est Stephane Kerecki qui a apporté toutes les compos et a mis sa science rythmique, avec son vieux compère Fabrice Moreau à la batterie, au service de la musique, celle-ci est imprégnée de sérénité et d’un grand lyrisme, avec des mélodies et tout, l’ensemble est vraiment très classe, dans une certaine tradition, en conservant les codes.

L’enjeu est souvent subtil et se joue dans les petites choses, les petits effets, la sonorité plus légère ou plus lourde qui fait la différence, l’attente voulue de la juste note, la complicité jusque dans les détails et les choix qui sont faits, d’une musique belle et retenue. A ce stade il n’y a pas de recette, juste de l’entente, de l’écoute, et surtout une grande sensibilité pour que tout tienne.

Comme quoi, ils ne disent pas que des conneries à « Jazz Mag », et ils ne sont pas toujours en retard, et c’est bien pour ça que je les lis encore avec un grand plaisir…

Hands


New Dawn


Out of the Silence


The Fox
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 15 août 2022 16:38

L'album présenté précédemment de Stephane Kerecki, une relecture de la French Touch:

Stéphane Kerecki Quartet – French Touch (2018)
Douglas a écrit :
ven. 27 mars 2020 12:50
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Un album autour de l’électro et plus particulièrement de la « French Touch », cette vague musicale qui a connu un succès mondial, portée par le talent de jeunes musiciens qui ont su capter l’air du temps.

Le bassiste et leader du quartet, Stephane Kerecki s’est donc intéressé à ces nouveaux groupes dont il a sélectionné quelques titres susceptibles de s’adapter à son projet de réinterprétation. Certains de ces groupes ont des nom familiers, Air, Phoenix, Daft Punk, Justice, Chassol aussi, mais Kavinsky et M83 me sont inconnus. Neuf titres au total pour cinquante-deux minutes de musique.

Peut-être que le nom de Stéphane Kerecki ne parle encore pas trop aux amateurs, mais c’est une fine lame, il a joué aux côtés des meilleurs musiciens actuels. Son quartet est une formule 1, il comprend, outre lui-même qui tient la basse, deux autres membres du groupe qui ont enregistré l’album « Wasteland » d’Antoine Bergeault : Fabrice Moreau à la batterie et Jozef Dumoulin aux claviers. Ce dernier est le remplaçant de feu John Taylor, son ancien professeur, qui autrefois tenait le clavier au sein du quartet. Pour compléter la formation, l’un des meilleurs musiciens français actuel, Emile Parisien au saxophone soprano.

Traditionnellement le jazz s’est toujours nourri aux sources populaires, aux standards qui fleurissaient à Broadway, en se tournant vers la French Touch pour y puiser un matériel de qualité, Stéphane Kerecki ne fait que suivre les pas des anciens, se nourrissant de ce qu’il trouve plaisant dans son environnement, en en offrant une interprétation personnelle et même magnifiée.

Kerecki est magistral, Dumoulin grand styliste au Fender Rhodes, Moreau précis et pointilliste, Parisien, modeste, en coloriste économe et en mélodiste raffiné.

Nightcall (kavinsky)


All I Need (Air)


Genesis (Justice)


Lisztomania (Phoenix)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 16 août 2022 02:44

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David Binney – Tomorrow's Journey (2022)

David Binney est un saxophoniste alto, né à Miami il a grandi dans le sud de la Californie puis a fait un tour par New-York avant de s’installer à L.A. où il est fixé désormais. C’est un musicien reconnu qui a participé à de très nombreux albums et se trouve désormais à la tête d’une discographie assez conséquente sous son nom.

A la faveur d’une chro sur mon journal de jazz préféré je me suis intéressé à cet album, et, pour tout dire, après plusieurs écoutes, je suis vraiment enthousiasmé. Ce n’est pas le morceau d’ouverture, « Second To None » qui m’a secoué, bien au contraire, ce démarrage est assez sage, mais dès le second titre « Tomorrow's Journey » ça décolle.

Ce n’est pas si fréquent d’avoir la sensation de quelque chose de nouveau, d’inédit, car sans doute, tout a déjà été dit, à ce qu’il semble. Alors ça se passe par l’atmosphère qui se dégage de la musique, dans la création d’un monde connexe, avec ce qu’on sait, ce qu’on reconnaît et ce parfum d’inédit, de neuf, comme un territoire à explorer, des sensations nouvelles qui arrivent.

Il y a bien une écriture, avec une structure, pas de problème, mais il y a également ce truc virtuose de la part de tout l’orchestre, se concentrer sur le son c’est rendre visible ce savoir-faire, mais se laisser porter c’est en avoir la sensation, recevoir comme une sorte de « bénéfice » sans effort, et profiter de ce monde nouveau.

Parmi les musiciens je n’en connais qu’un, mais c’est une montagne, Kenny Wollesen au vibraphone à archet et aux percussions, il a longtemps fait partie de la galaxie Zorn, les autres m’ont l’air tout aussi extraordinaires, Paul Cornish (ou Luca Mendoza) que l’on entend au piano, ou Ethan Moffit (ou Logan Kane) à la contrebasse, tous les deux solistes sur la pièce « Casa » qui suit, sont en effet au top niveau, et ici ça vole haut. On entend également David en solo et c’est tout simplement exceptionnel. Bon je dithyrambe encore, vous allez vous méfier !

Le « truc » repart au titre quatre, au sortir de la maison pour aborder « Resembler », on y entre par toutes petites touches, lyrique mais pas emphatique. Paul Cornish (ou Luca Mendoza) dialogue avec David Binney, ce dernier semble vouloir s’envoler, il s’y essaie à plusieurs fois, on sent qu’il aimerait que Paul le suive, d’ailleurs ce dernier montre une bonne volonté évidente, dans la dernière partie de la pièce ce dernier avance à marche forcée, mais, semble-t-il, reste accroché à la masse terrestre, l’alto, lui, vole !

« Loved (For Cousin Vince) » s’étire au soleil, puis « Opal », à nouveau très écrite et « Cali Culture » l’une des meilleures pièces ici, il faut dire que le nonette a beaucoup tourné avec ces compos avant d’entrer en studio, c’est d’ailleurs le cœur de la communication de la part de David Binney concernant cet album, il souligne la perfection dans l’exécution, et la restitution de l’énergie telle qu’elle existait lors des performances live.

Cet album est un double vinyle mais on le trouve en simple Cd plus économique, ce qui est mon choix, même s’il n’est pas vraiment chic, avec son poids léger, mais il y a tout de même une heure et quart de bonne musique sur cette minuscule galette, et le son est excellent.

Tomorrow's Journey


Second to None


Loved (For Cousin Vince)


Cali Culture
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » mar. 16 août 2022 22:02

Sympa en effet, surtout Cali Culture, parmi les titres que tu as proposés.
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Manu Katché - Playground,
Ce batteur a des gants de velours à la place des baguettes, ce qui m'a toujours émerveillé, c'est son jeu sur les cymbales, surtout l'emploi de la splash (la plus petite des cymbales, parfois la China aussi, même lorsqu'il participait aux albums de Sting, Gabriel ou M. Jonasz, notamment). Je prêtais toujours l'oreille à son jeu si fin. Normalement, un requin doit se fondre, lui, comme tous les grands musiciens, montre sa personnalité, tout en décontraction.
Ici, il a l'intelligence de laisser s'exprimer les autres dans ces paysages sonores qui rappellent aussi bien le jazz nordique que Miles. Signé chez ECM.

Manu Katché - Drums - Mathias Eick - Trumpet - Trygve Seim - Tenor Saxophone, Soprano Saxophone - Marcin Wasilewski - Piano - Slawomir Kurkiewicz - Double-Bass - David Torn - Guitar

Pour se faire une idée : So Groovy

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 17 août 2022 01:46

Je te suis, belle pièce en effet, elle mérite bien son titre!

C'est un grand de l'instrument, j'en avais parlé à propos d'un album plus ancien...
Douglas a écrit :
mer. 13 nov. 2019 04:51
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Manu Katché, un nom connu dans la France profonde depuis sa participation à l’émission de type - radio crochet « La Nouvelle Star » sur M6, de quoi flinguer sa réputation auprès de quelques puristes je suppose, d’un autre côté, il faut bien vivre et il peut sembler difficile de dire « non » au succès et à la médiatisation lorsqu’on est artiste…

Qu’importe, la seule chose qui compte c’est la musique et là, Manu, il a du répondant ! Témoin cet album enregistré au mythique « New Morning » devenu au fil du temps un point de ralliement incontournable de la scène jazz. Il est entouré de Luca Aquino à la trompette, Tore Brunsborg au saxophone ainsi qu’au synthé et de Jim Watson au piano et à l’orgue Hammond. Manu sort tout juste d’une période ECM dans laquelle il va piocher pour présenter un répertoire original. Avec Manu ça chauffe sous la glace et les musiciens ne se contentent pas de fixer des paysages sonores contemplatifs, même si l’influence subsiste particulièrement dans le jeu de Luca Aquino (un élève de Paolo Fresu remplaçant de Nils Petter Molvaer au sein du quartet), c’est paradoxalement le norvégien Tore Brunborg le plus bouillant, il répond avec force aux sollicitations de Manu et de l’impeccable Jim Watson, offrant aux spectateurs présents ce soir là de précieux souvenirs…
Autre moment sympa (enfin moi je trouve) un solo de batterie d’environ cinq minutes qui ravira les amateurs de rock des années 60/70, d’autant qu’il passe à la vitesse de la lumière, incontestablement Manu est un maître…

Manu Katché "Beats and Bounce"


Manu Katché "Clubbing"


Manu Katché "drum solo"
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 17 août 2022 02:01

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Benny Golson – This Is For You, John (1984)

Un album sorti dans sa forme originale en format vinyle japonais, il a depuis connu plusieurs rééditions et remasterisations. Sa première particularité est d’être un hommage à John Coltrane et la seconde c’est d’être constitué d’un duo de saxophonistes ténor, Benny Golson, bien sûr, mais aussi Pharoah Sanders que nous retrouvons avec plaisir, il y a également Cedar Walton au piano, Ron Carter à la basse et Jack Dejohnette à la batterie, vraiment difficile de faire mieux.

Benny Golson possède un petit rôle assez particulier dans le jazz, par exemple, lors de ses concerts il passe presque autant de temps à parler et à raconter des histoires puisées dans l’histoire du jazz, qu’à jouer de la musique. Il faut dire que c’est un conteur hors pair, racontant des anecdotes qu’il a lui-même vécues, ou qui lui ont été racontées de première main. Il n’a pas son pareil pour ressusciter le passé et le faire revivre en mélangeant l’humour et la tendresse.

Ainsi se souvient-il à Philadelphie, alors qu’il était jeune ado en compagnie de son ami John Coltrane qu’il fréquentait alors, en 45, avoir écouté live une version d’« Interlude », pièce qui deviendra plus tard « «Night in Tunisia», dont Charlie Parker était le soliste. Ils s’arrangent pour le rencontrer et lui posent tout un tas de questions, lui proposant même de lui porter son saxo jusqu’au club où il doit jouer le soir même...

Trop jeunes pour pouvoir pénétrer à l’intérieur du club, ils écoutent le concert de l’extérieur et sont extasiés parce qu’ils entendent, suit une période où chacun va se démener pour tenter de rejouer la musique entendue ce soir-là. Benny continue : Un soir, quelques jours après, John Coltrane lui dit : « Benny as-tu réussi à jouer la musique de Bird ? Moi je n’y arrive pas » et je lui répondis « Moi non plus ! »

« Time Past », la cinquième pièce de l’album est sous-titrée « This Is For You, John », c’est une compo de Bennie, la seule qui soit dirigée directement à l’intention de John, les autres le sont également, mais par des voies plus mystérieuses ou indirectes. Bien sûr on entend « Greensleeves » ou « Vilia » que John a interprétées, « Origin » de Pharoah Sanders qui est le seul à l’avoir accompagné de son vivant, présent sur cet album, mais pour les autres titres de Benny, comme « Page 12 », les raisons sont plus obscures et ne sont pas expliquées.

C’est du hard bop très convenu, parfois Pharoah glisse un tout petit peu vers ses premiers penchants mais ça reste vraiment anecdotique, pour le reste tout est évidemment parfait avec de telles sommités, l’album est donc sans défaut ni surprise, tel qu’on l’attendait !

Times Past (This is for You, John)


Origin - from This is for You, John by Benny Golson


Greensleeves


Page 12
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » mer. 17 août 2022 05:40

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Même si c'est un groupe qui mélange le jazz et le bluegrass, c'est plus un groupe de jazz fusion a mon sens donc j'en parle ici .Donc premier album de Bela Fleck and the Flecktoness. Donc Bela Fleck, le type joue du banjo il se dit tiens si je montais un groupe de Jazz Fusion, pour ça il recrute Victor Wooten a la basse, puis le frère de Victor Wooten qui joue d'un instrument qui s'appelle le Drumitar, c'est une guitare-synthétiseur qu'il a customisé et qui lui permet de jouer des sons de batterie et de percussion, il fait office de batteur en fait mais sans batterie et le dernier membre sur cet album, c'est Howard levi qui est pianiste et harmoniciste. Ca donne un coté original au groupe cette configuration, le seul instrument vraiment traditionnel du jazz c'est la basse

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 18 août 2022 03:17

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Bennie Maupin, Adam Rudolph – Symphonic Tone Poem For Brother Yusef (2022)

Encore un hommage, mais cette fois-ci envers Yusef Lateef, c’est en effet le centième anniversaire du vénérable musicien qui a été fêté en deux mille vingt. Ce tribute en cinq mouvements a donc été composé par Adam Rudolph et Bennie Maupin, à l’origine ils répondaient à une commande de l’« Angel City Jazz Festival ». Ici la pièce est jouée en studio d’enregistrement.

Bennie est, tout comme Yusef, multi-instrumentiste, il joue ici de la basse clarinette, du saxophone soprano, des flûtes diverses, en bois, alto et basse. Adam Rudolph joue des claviers, différents tambours, de la harpe d’origine pygmée, des cloches, du piano à pouces des tas de percussions et des machines aussi, je n’énumère pas tout, car la liste est très longue.

Adam Rudolph laisse un petit mot sur la pochette de l’album à propos de cet « être lumineux » qu’était Yusef, il loue ses qualités de musicien et de professeur. Il raconte également que vers la fin de sa vie, Yusef aimait dire : « Avez-vous remarqué les feuilles qui vous saluent ? Il est temps d’y répondre »…

Bennie et Adam n’ont pas choisi le ton de l’exubérance et de la passion, bien au contraire, ce poème symphonique joué par le duo est tout en calme et sérénité. Une musique apaisée, d’accompagnement et de lumière. Une musique de voyage me semble-t-il, comme un chemin qui s’ouvrirait vers un ailleurs, mystérieux, serein et paisible.

Il ne faut chercher ici aucune virtuosité, mais de la rareté et de la tenue, avec de la gravité également, une musique rare, créée par le saxophone qui est triste et se plaint, et par les sons venus du monde entier, dont joue Adam avec parcimonie, en quête du juste moment. C’est vraiment l’album de la bonne mesure, du ton approprié et de la douleur contenue : sobriété et dignité.

First Movement


Second Movement


Third Movement


Fourth Movement


Fifth Movement
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par papilonaa » jeu. 18 août 2022 09:09

nunu a écrit :
mer. 17 août 2022 05:40
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Même si c'est un groupe qui mélange le jazz et le bluegrass, c'est plus un groupe de jazz fusion a mon sens donc j'en parle ici .Donc premier album de Bela Fleck and the Flecktoness. Donc Bela Fleck, le type joue du banjo il se dit tiens si je montais un groupe de Jazz Fusion, pour ça il recrute Victor Wooten a la basse, puis le frère de Victor Wooten qui joue d'un instrument qui s'appelle le Drumitar, c'est une guitare-synthétiseur qu'il a customisé et qui lui permet de jouer des sons de batterie et de percussion, il fait office de batteur en fait mais sans batterie et le dernier membre sur cet album, c'est Howard levi qui est pianiste et harmoniciste. Ca donne un coté original au groupe cette configuration, le seul instrument vraiment traditionnel du jazz c'est la basse

J ai tjs aimé ce mélange de style, genre Oregon ,

desquels j'ai tous le anciens albums
de bela celui la est un de mes préféré

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 19 août 2022 03:17

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Taj Mahal Travellers – August 1974 (1975)

J’écris ces courtes lignes après que whereisbrian ait évoqué le groupe à propos de leur troisième et dernier album d’excellente réputation, un live de soixante et onze au « Moderna Museet » de Stockholm, paru en l’an deux mille.

Celui-ci est le second, sorti en soixante-quinze, sa date d’enregistrement correspond au titre de l’album. Il est précédé par le premier enregistrement qui se nomme « July 15, 1972 » vous comprenez d’emblée la signification de cette date. Cette formation est dirigée, ou guidée, ou sous l’influence de Takehisa Kosugi, le démiurge.

Agé de plus de dix ans par rapport aux autres membres qu’il a patiemment recrutés, des hippies idéalistes, musiciens ou créatifs, Kosugi se lance dans l’exploration d’une musique nouvelle, telle que l’a décrite whereisbrian, je le cite : « improvisation avec drone électronique et psychédélique hallucinée, inspirée par la musique traditionnelle japonaise et John Cage. »

Kosugi possède un tempérament autoritaire et n’encourage pas les drogues et autres substances, par contre il prône l’improvisation totale, l’écoute entre les musiciens, les lieux extérieurs afin d’en subir l’influence et en capter les « ondes ». Il revendique également l’influence de la musique concrète de Pierre Schaeffer.

A l’écoute on pense au krautrock, mais il manque un ingrédient fondamental qui différencie définitivement Taj Mahal Travellers et le rend unique, c’est la quasi absence de pulsion rythmique régulière, ainsi cette musique est véritablement sans équivalent, au moment où elle se joue.

Je fais le tour des musiciens ce qui en dira également assez long sur ce qui s’entend ici, Kosugi joue du violon électrique, de l’harmonica, Ryo Koike de la basse électrique du « suntool », Yukio Tsuchiya du tuba et des percus, Seiji Nagal, de la trompette et du synthe mini-korg et des tymbales, Mishiro Kimura des percus et de la mandoline, Tokio Hasegawa des percus et Kinji Hayashi est à l’électro.

Les pédales d’effets sont à fond, les percus ne marquent pas le rythmes et sont utilisées pour le timbre, tous les musiciens peuvent chanter ou s’exprimer, la musique est un espace ouvert où chacun intervient en interaction avec le reste du groupe. Cet album précis est assez particulier car il est joué en studio, ce qui contrevient aux habitudes de la formation. Mais il y a une raison, elle est financière, en effet pour financer leur projet, le label les oblige à sortir un album studio.

Ce fameux projet se rapporte également au nom de la formation, ils désirent effectuer un « Road Trip » à bord d’un combi Volkwagen, après un départ du Japon ils se sont rendus au Danemark, puis en France, sont passés par la Grèce, la Turquie, l’Iran, enfin en Inde, jusqu’au Taj Mahal ! Le Dvd « On "Tour" » sorti en 2008 narre ce voyage…

Pour ma part je me suis procuré la réédition vinyle de deux mille dix-huit, d’excellente qualité, lors de sa sortie. Hélas je n’ai pas écouté les autres enregistrements du groupe, avec un matériel suffisamment bon pour m’en faire une idée précise, mais pour ce qui me concerne les ondes sont extrêmement positives quant à cette formation…


Image
La photo du groupe telle qu'elle figure sur l'insert.

Taj Mahal Travellers 1 (1)


Taj Mahal Travellers 1 (2)


Taj Mahal Travellers 1 (3)


Taj Mahal Travellers 1 (4)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 20 août 2022 03:16

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Gideon Nxumalo – Gideon Plays (1968)

Je vous rassure l’exemplaire que je possède est issu de l’unique réédition de deux mille vingt et un, si j’avais un exemplaire d’origine j’en serais très heureux mais il en reste, paraît-il, très peu. Il faut dire que cet album fait partie des premiers albums de jazz d’Afrique du Sud.

Gideon Nxumalo est pianiste mais il joue de tout ce qui possède un clavier, piano électrique, clavecin, orgue, il joue jazz et compose en intégrant des éléments africains dans sa musique tendance bop. Voici ce que Johnny Dyani a déclaré, alors qu’il était en exil à Londres, à propos de Nxumalo : « Vous savez, il y a des gars comme Gideon, ces gars-là, ils ont un mot pour piano, là-bas. Ils disent "la côte du diable" quand vous traduisez en anglais. Ces mecs comme Gédéon, ils jouent la côte du diable ! »

Oui, Gideon était une figure très importante du jazz Sudaf, car il possédait une autre corde à son arc, en effet il était présentateur de radio et initiait le pays entier à sa passion, l’émission créée en 1954 se nommait « This Is Bantu Jazz ». Toutefois, en 1961, après qu’il y ait eu le massacre de Sharpeville, il fut limogé pour avoir diffusé des albums à signification politique.

Il renait en 1968, pour sortir son second et meilleur album, « Gideon Plays » que voici, avec un orchestre comme il aime, on y trouve un saxophoniste ténor, un flûtiste, un autre pianiste, un bassiste et un batteur, je ne précise pas les noms car ils me semblent peu connus, mais les curieux les découvriront sur la pochette.

Six titres sont signés Nxumalo, ils révèlent un réel talent pour la composition, mais sont plus tournés vers le be-bop que vers l’expression traditionnelle sud Af, même si des éléments percent ici ou là. Son principal rôle sera celui d’un passeur, qui réussira à transmettre aux habitants de son pays l’amour du jazz. Son engagement politique lui coûtera sa position sociale, mais est révélateur d’une personnalité sincère, authentique et courageuse.

Je pense à ça quand j’écoute sa musique, cette flûte magnifique, ce ténor si chaleureux et cette « côte du diable » précise et sautillante.

Lonesome Lover


Dimple


Welele


Coffee Break
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 21 août 2022 03:04

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Moor Mother – Jazz Codes (2022)

L’album vient de sortir, je vous avais parlé de Moor Mother pour l’album « Circuit City » de deux mille vingt, depuis elle a sorti trois autres albums que je n’ai pas écoutés, alors cette sortie récente est l’occasion de faire un peu le point. On se souvient que Moor Mother est également l’autre nom de « Camae Ayewa » qui fait partie du collectif « Irreversible Entanglements », qui n’en finit pas de nous régaler via le label International Anthem.

Alors un petit regret dès le départ, mais il tient à mes insuffisances, Moor Mother est poétesse, souvent engagée et les textes, sont primordiaux dans son œuvre, hélas rien n’est reproduit à l’intérieur de la pochette vinyle, pas d’insert et la sous-pochette est toute entière dédiée aux infos annexes, du coup mon approche manque de profondeur, essentiellement auditive, sans autres infos.

Un flow très souvent, donc, plutôt en avant, et derrière une organisation sonore à base de musiques et de chants, certains sont simples et d’autres plus hermétiques, mais avançons vers ce groove continuel, ce hip-hop très actuel et la célébration d’une musique d’aujourd’hui, avec plein d’invités qui défilent, chacun laissant sa trace sur une plage.

Les ambiances sont donc changeantes, trépidantes, les climats muent rapidement car les pièces sont courtes, on s’y pose, une, deux ou trois minutes et la suivante est déjà là, avec son univers, différent, qui s’impose, ces changements sont tellement rapides qu’ils laissent une impression générale qui ne s’efface que lorsque les écoutes s’accumulent, le temps de trouver ses repères…

L’album est beau et passe, du coup, très vite, comme une impression : Tiens la voix d’une cantatrice, la flûte de Nicole Mitchell, la trompette d’Aquiles Navarro ou le piano de Jason Moran ! Et toutes ces voix qui chantent, la Great Black Music à la fête, car cet album est un hommage à toutes ces icônes Jazz qui ont brillé et ont donné sens et identité à cette musique, au fond ils sont bien là ces « Jazz Codes » que l’on chante dans ce grand mix d’aujourd’hui…

Moor Mother - Jazz Codes (Full Album Stream)

UMZANSI (feat. Black Quantum Futurism & Mary Lattimore) - 0:00
APRIL 7th (feat. Keir Neuringer) - 2:40
GOLDEN LADY (feat. Melanie Charles) - 4:49
JOE MCPHEE NATION TIME INTRO (feat. Keir Neuringer) - 6:36
ODE TO MARY (feat. Orion Sun & Jason Moran) - 7:32
WOODY SHAW (feat. Melanie Charles) - 10:04
MEDITATION RAG (fea.t Aquiles Navarro & Alya Al Sultani) - 11:56
SO SWEET AMINA (feat. justmadnice & Keir Neuringer) - 16:27
DUST TOGETHER (feat. Wolf Weston & Aquiles Navarro) - 19:51
RAP JASM (feat AKAI SOLO & justmadnice) - 22:18
BLUES AWAY (feat. Fatboi Sharif) - 25:33
BLAME (feat. justmadnice) - 28:22
ARMS SAVE (feat. Nicole Mitchell) - 30:00
REAL TRILL HOURS (feat. YUNGMORPHEUS) - 34:10
EVENING (feat. Wolf Weston) - 35:46
BARELY WOKE (feat. Wolf Weston) - 38:00
NOISE JISM - 40:36
THOMAS STANLEY JAZZCODES OUTRO (feat. Irreversible Entanglements & Thomas Stanley) - 41:36

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 21 août 2022 16:33

Une petite remontée pour "Circuit City":

Moor Mother – Circuit City (2020)
Douglas a écrit :
sam. 30 janv. 2021 08:03
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Voici « Circuit City », le dernier opus de Moor Mother alias Camae Ayewa dont on a déjà parlé à propos d’Irreversible Entanglements, d’ailleurs on retrouve ici deux transfuges, Aquiles Navarro à la trompette et aux percussions ainsi que Tcheser Holmes à la batterie et aux percussions également.

Moor Mother est avant tout une poétesse engagée, ici dans le rôle de la récitante, qui délivre ses messages sur fond d’œuvre théâtrale avec partie chorégraphique et environnement musical très tendu, un free jazz échevelé, très impliqué. Dans sa démarche, bien que l’environnement socio-culturel soit très différent, elle me fait penser à Colette Magny qui chantait ses textes dans un univers free.

Ici nous en sommes assez éloignés car Moor Mother semble vouloir, sauf contresens de ma part, intégrer sa démarche pour la lutte des noirs américains, l’égalité des droits et contre le mal-logement, à l’intérieur de l’Afro-futurisme, donnant à ce « mouvement » entre guillemets, un peu de corps, car il faut bien le dire, on a vu fleurir ce terme pour des raisons souvent commerciales, rappelons que cette dénomination est apparue au début de ce siècle et qu’il récupérait Sun Ra ou Alice Coltrane, sans que ceux-ci n’aient jamais déclaré appartenir à quelque mouvement que ce soit, particulièrement Sun Ra qui a résisté à toutes les tentatives de récupération à son époque.

Moor Mother, basée à Philadelphie, enregistre beaucoup et collabore également avec des artistes d’International Anthem. « Circuit City » me plaît beaucoup, il possède une grande force orchestrale tout au long des quatre pistes, chacune représentant un acte de l’œuvre théâtrale. Il y a une progression implacable qui s’affiche ici, finissant avec le titanesque "No More Wires". Il y a un côté étouffant et oppressant dans cette épopée free-jazz/électro qui file entre nos oreilles, je ne suis pas devin mais cet album me paraît important, bien qu’il soit d’un accès réputé difficile.

Il y a également Steve Montenegro à l’électro, Luke Stewart à la basse, Keir Neuringer au saxophone et Elon Battle qui chante, très bien, sur la piste trois, comme une respiration sur cet album exigeant.

Act 1 - Working Machine


Act 2 - Circuit Break


Act 3 - Time of No Time


Act 4 - No More Wires
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 22 août 2022 02:40

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Getatchew Mekuria – Getatchew Mekuria And His Saxophone (2021)

Ce n’est pas trop souvent que je m’achète ce qui se présente sous la forme d'une compile, mais en fait c’est une réédition du premier album de Getatchew Mekuria, daté de soixante-douze et désormais introuvable ! Je m’intéresse à l'éthio-jazz, souvent par le biais de la série des Ethiopiques qui recèle de véritables trésors, c’est grâce au travail méticuleux de Francis Falceto que ces Cds sont disponibles, d’ailleurs on y retrouve Gétatchèw Mèkurya sur le volume quatorze, mais pour l’heure c’est sur vinyle que ça se passe …

Notre saxophoniste est né en mille neuf cent trente – cinq après avoir appris à jouer avec des instruments traditionnels, il s’est converti à la clarinette et au saxophone, a participé à plusieurs orchestres et a accompagné diverses vedettes locales, avant d’enseigner la musique.

Il a pu enregistrer quelques albums de cet éthio-jazz si fascinant, ce mélange entre les musiques traditionnelles éthiopiennes et le jazz est souvent renversant. La musique éthiopienne a une telle force et une telle personnalité qu’elle ne se dissout pas facilement dans un mélange, elle conserve ses étrangetés et ses épices qui la rendent à nulle autre pareille, au point de devenir un genre, un peu comme le reggae, si j’ose.

Getatchew Mekuria, surnommé le « Négus du saxophone », est donc une des premières figures de cette musique et de ces chants. Sa maîtrise instrumentale lui permet d’inventer un discours passionnant, malgré la disette rythmique qui reste suffisante cependant, comme sur le titre d’ouverture « Ambassel », tout l’éthio-jazz est là, dans son jeu.

Il y a également le titre « Yene Hassab Guadegna » qui interpelle, à la fois exotique et mystérieux, avec cet orgue Farfisa si entêtant, un régal ! Mais on pourrait tout autant citer « Almaz Yehererwa », « Akalé Wubé » ou « Ainotche Terabu », bref, rien n’est faiblard sur cet album.

Gétatchèw Mèkurya - Ambassèl (Official Audio)


Gétatchèw Mèkurya - Akalé Wubé (Official Audio)


Gétatchèw Mèkurya - Yèné Hassab Guadegna (Official Audio)


Gétatchèw Mèkurya - Almaz Yehererwa
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 22 août 2022 13:41

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Andrew Lamb, Warren Smith, Arkadijus Gotesmana – The Sea Of Modicum (2017)

A la suite de l’album « Portrait In The Mist » de 1995 qui m’avait fait découvrir Andrew Lamb, j’ai poursuivi l’écoute de ce musicien tout à fait intéressant, et voici son dernier enregistrement, « The Sea Of Modicum » qui date de 2017. Il est sorti sur le label NoBusiness records, ce qui ne surprend pas, car ce dernier est toujours en quête de musique actuelle, souvent jazz et plutôt free.

Le premier changement est plutôt anecdotique, mais assez amusant, au dos de la pochette Lamb est appelé également par son surnom, « The Black Lamb », serait-il un mouton noir ? en tout cas il est crédité au saxophone ténor, sans surprise. Il est accompagné par deux percussionnistes, Warren Smith avec lequel il a déjà enregistré un album en deux mille cinq, et Arkadijus Gotesmanas, un percussionniste lithuanien, pays d’accueil du festival de Vilnius, où l’album a été enregistré, le quinze octobre deux mille seize. Par contre on ne précise pas quel est le canal que chacun utilise dans le jeu stéréophonique.

Par contre on peut affirmer aisément que les deux percussionnistes se complètent parfaitement et que l’assise qu’ils fournissent permet facilement au « Black Land » de chevaucher les prairies herbeuses sans jamais manquer de nourriture ni de soutien. C’est sur un véritable rock qu’il peut libérer son flow et le saxophone peut s’exprimer sans entrave, libre, aussi puissant et aventureux qu’il le désire.

La première pièce comprend toute la face une, c’est le morceau titre « The Sea of Modicum » qui l’occupe. Les deux batteurs prennent possession des lieux et occupent savamment l’espace en partageant brillamment le territoire, cymbales et peaux sont à la fête et bruissent sous les baguettes. Des voix se font entendre et se déploient le temps d’une assez longue introduction.

Ce n’est qu’après quelques minutes que Lamb intervient au milieu de cette conversation, son chant est assez martial et les deux se rangent derrière lui pour lui accorder une assise rythmique sans faille. Il n’a plus qu’à libérer sa puissance imaginative et son art du récit pour occuper l’espace et s’y déployer avec une grande liberté.

La seconde pièce, « Kindred Spirits » est de feu, très énergique, à son écoute on se remémore tous ces héros du free qui ont précédé, ce désir de vouloir toujours repousser les limites, qui est présent ici, avec ce territoire aride et sec dessiné par les deux percussionnistes qui se motivent l’un, l’autre. Assurément une belle pièce encore.

Le dernier morceau « To the Angel Of Lithuania » est plus clairsemé, dans les espaces il semble que l’ombre d’Albert Ayler parfois se glisse, les percussionnistes dialoguent en touches plus discrètes, une sorte de lamentation pourrait se dessiner, dans l’échange des tambours et des cymbales, et Lamb dépose des lignes plaintives, d’où surgit la peine…

Vraiment un très bel album dont l’originalité est sa composition, les trois s’en sortent divinement.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 23 août 2022 12:27

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Fred Anderson ‎– 21st Century Chase (2009)

Une heure dix de musique et trois pièces jouées, une intensité d’enfer qui n’ont seulement risque de vous faire dresser les poils mais potentiellement, paraît-il, vous faire pointer les tétons, si, si, c’est arrivé ! La faute à ce vieux bougre de Fred Anderson qui fête ce soir-là son quatre-vingtième anniversaire au « Velvet Lounge » de Chicago, son propre club, il est encore vert le rescapé du free, l’un des membres fondateurs de l’AACM, il nous promet une tornade pour ce vingt-deux mars deux mille neuf.

Pour faire une bonne Jam-Session rien de tel qu’un partenaire de grande classe, Fred l’a trouvé en la personne de Kidd Jordan, autre saxophoniste ténor qui se plaît dans les sons aigus de l’instrument, ainsi, surgit du passé une de ces « battle » entre musiciens, qui ont écrit ainsi les plus belles pages du jazz. Y goûter, c’est y tomber !

Parmi les vieux compagnons, Fred en a décidé un ou deux à venir participer, Harrison Bankhead à la basse et Chad Taylor à la batterie vieux amis et grands rythmiciens vont assurer un bétonnage sévère, et Jeff Parker est là avec sa guitare, la soirée s’annonce chaude, malgré qu’Hamid Drake n’ait pu arriver à temps.

La première pièce se nomme « 21ST century Chase PT1 » et la seconde, sans trop de suspens, « « 21ST Century Chase PT II », compter trente-six minutes treize d’un long développement que la tradition appelle, suite à de grandes et longues joutes, une bataille de saxophones. A gauche Kidd Jordan et au centre droit le vénérable Fred Anderson. Difficile de décrire une telle intensité et une telle folie musicale, il faut juste écouter car il y a des niveaux où l’on atteint l’indescriptible !

C’est terrible furieux et chaud, très chaud, s’il arrive que l’intensité baisse un peu, compter sur Jeff Parker au centre pour glisser quelques merveilleuses notes de guitare, exquises, le temps d’un chorus ou deux, puis s’en va, relayé par l’un des deux soufflants vraiment infatigables !

C’est Delmark qui a enregistré et le son est au top, on est au premier rang et on ne perd rien, ni la rondeur de la basse ni les tintements des cymbales et les frappements sur les peaux. La seconde partie de la pièce dure un petit quart d’heure, les baguettes bruissent et l’archet gratte les cordes de la contrebasse, fini la force et la puissance, place à la recherche et à l’exploration, au dialogue saxo- guitare, au moins pendant les deux tiers de la pièce, ensuite l’improvisation, dans une forme collective, gronde et boue, histoire d’ajouter encore quelques degrés…

La dernière pièce de l’album « Ode To Alvin Fielder » commence par une impro de Jeff Parker bientôt rejoint par Chad Taylor, puis par Harrison Bankhead, kidd Jordan s’ajoute ensuite et c’est au tour de Fred, vers le milieu du morceau. Une belle pièce pour conclure, bien qu’il existe une version DVD avec un titre supplémentaire « Gone But Not Forgotten » et la présence d’Henry Grimes.

21st Century Chase PT I


21st Century Chase PT II


Ode to Alvin Fielder
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Homeward » mar. 23 août 2022 23:43

Je reviens de vacances et j'apprends le décès très récent de jaimie branch, que j'avais découverte ici sous la plume de Douglas.
Triste...

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 24 août 2022 03:24

Homeward a écrit :
mar. 23 août 2022 23:43
Je reviens de vacances et j'apprends le décès très récent de jaimie branch, que j'avais découverte ici sous la plume de Douglas.
Triste...

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Ah! Tu m'apprends la nouvelle peu après mon réveil ce matin, et elle m'attriste !
Trente neuf ans seulement, une personnalité hors du commun...
J'en ai parlé encore page précédente pour l'album d' "Anteloper", Pink Dolphins, sorti il y a peu.

jaimie branch - "prayer for amerikkka pt. 1 & 2"

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 24 août 2022 11:47

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Roberto Miranda's Home Music Ensemble With Bobby Bradford, John Carter, James Newton, Horace Tapscott – Live At Bing Theatre • Los Angeles, 1985 (2021)

Voici une nouvelle résurrection d’enregistrement à mettre au crédit du petit et dynamique label français Dark Tree. C’est le bassiste Roberto Miranda qui est mis à l’honneur, alors qu’il était à la tête d’une grande formation, le « Home Music Ensemble » avec des musiciens prestigieux. Comme indiqué un peu plus haut la captation live s’est déroulée au « Bing Theatre » de Los Angeles le samedi vingt-cinq mai mille neuf cent quatre-vingt-cinq.

Roberto Miranda bénéficiera d’une formation de percussionniste grâce à son père, musicien professionnel, il se mettra à la basse bien plus tard, avec Red Mitchell et Ray Brown qui seront ses professeurs, il sera ensuite diplômé de l’université. Musicien reconnu, il enregistre et tourne beaucoup avec des musiciens de la West Coast, il enregistre même ses premiers albums en tant que leader.

C’est en tant qu’universitaire qu’il imagine ce projet de concert au Bing Theatre, il réunit une partie de sa famille ainsi que des noms plus connus pour former ce magnifique ensemble. On reconnaît Bobby Bradford au cornet et à la trompette, John Carter à la clarinette, James Newton à la flûte et Horace Tapscott au piano c’est tout de même terriblement impressionnant !

Toutes les musiques jouées ce soir-là sont des compositions de Roberto Miranda, elles s’enflamment vite sous les coups de boutoir des solistes qui ne demandent que ça, les percus familiales, enrichies de deux autres musiciens, fournissent un soutien de poids qui commente également la musique au bon endroit, comme il se doit. Ils sont onze à partager la scène, chacun dans son rôle, pour arriver à ce pur équilibre.

Les trois premiers morceaux s’enchaînent en un peu plus d’une vingtaine de minutes, le temps de laisser les solistes s’exprimer, particulièrement James newton, extraordinaire flûtiste peut-être trop vite oublié, mais très présent dans ces années quatre-vingts. Puis arrive « Prayer » qui dépasse le quart d’heure, après une introduction admirablement menée par Bobby Bradford à la trompette, les solistes se suivent, James Newton à nouveau, puis un long passage d’improvisation collective qui régale vraiment, terriblement efficace ! Thom David Mason nous envoute ensuite avec sa basse clarinette, puis les congas se font entendre pour ce qui est un des sommets de cet album.

Puis arrive le bluesy « Deborah Tasmin » avec encore Thom David Mason mais cette fois-ci au sax alto, il laisse la place à Bobby Bradford qui épouse la forme blues avant que n’arrive James Newton et John Carter pour un échange flute-clarinette très enlevé. L’album reste ainsi sur une grille de qualité très élevée.

La sixième pièce est une improvisation de contrebasse qui met en valeur Roberto Miranda en tant que soliste, sans surprise le musicien est doué, la sonorité est grave et profonde, admirablement enregistrée, on se croirait dans l’antre de la basse, à l’intérieur où tout est noir et vibre, pizzicato ou à l’archet…

La dernière pièce « Dance of Blessing, Happiness & Peace » s’ouvre avec un chant et continue dans une veine latino-musique mexicaine qui va bien, et renaissent les chants enfouis des albums anciens de Charles Mingus qui remontent ainsi à notre souvenir.

Vraiment un superbe album.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 25 août 2022 03:34

Je conseille ce magnifique "live" à ceux qui ne l'ont pas encore et qui veulent se souvenir ...
Douglas a écrit :
mer. 16 févr. 2022 05:15
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Jaimie Branch – Fly Or Die Live (2021)

J’ai enfin reçu ce fameux « Fly Or Die Live » qui a dû traverser l’océan et connaître un parcours en zig et en zag avant de finir dans ma boîte, après une errance de près d’une demie année. Mais tout est bien qui finit bien, et les gars d’International Anthem ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour honorer le contrat, bien que le tirage soit limité…

C’est donc en live que l’on retrouve Jaimie Branch, au Moods de Zurich en Suisse, le vingt-trois janvier vingt-vingt et un. Ici ils rejouent presque l’intégralité du « Fly Or Die II: Bird Dogs Of Paradise » et une bonne partie du premier volume également. Mais tout change, la musique est quasi « naked » pour paraphraser le fameux « Let it Be », comprendre ici qu’elle est sans sophistications, brute et nue, chaude et joyeuse, assez « rock » dans l’esprit, sans fioriture et assez « brut de décoffrage ».

Jaimie est à la trompette, au vibraslap et elle chante, elle est soutenue par le violoncelliste Lester St. Louis, le contrebassiste Jason Ajemian et le batteur, percussionniste et joueur de mbira Chad Taylor dont on parle assez souvent par ici, beaucoup chantent et percussionnent également. Un simple quartet qui nous en met plein les oreilles, car, en live, ce qu’ils veulent c’est toucher le public, lui donner envie de bouger et lui faire partager un bon moment festif et joyeux.

Il faut dire que cette tournée européenne était importante pour le groupe, particulièrement ce concert de Zurich qui était enregistré en vue de ce live. Le point fort du groupe, outre la grande qualité des musiciens, c’est leur aisance à l’improvisation, le « liant » de ce concert qui avance au fil de la re-création, en suivant l’ordre des pièces, alternant rythmes rapides et rythmes lents, passages énergivores et d’autres carrément planants, décharnés.

« Je pense que c'est le meilleur que nous ayons jamais joué » déclarera quelques mois plus tard Jaimie Branch à l’écoute des bandes de ce concert. Voici aussi ce qu’elle déclara à propos de « Prayer » :

« Il y a un moment dans la deuxième partie de la chanson, quand Jason retourne la ligne de basse, il y a, à ce moment une bizarrerie, mais personne ne s'arrête […] Alors j'ai juste ajouté une demi-mesure de plus d'une voix, parce que j'ai compris que Jason était bancal. Et puis Chad a ajouté une note de remplissage. C'est ma partie préférée de tout le disque parce que j'entends l'erreur et je nous entends passer au bulldozer, transformer l'erreur en danse – parce que c'est vraiment ce qu'il y a au cœur de tout cela, la musique devenue danse. »

Ça c’est un album qu’il est bon !

prayer for amerikkka pt. 1 & 2


birds of paradise


jaimie branch - theme 001 (Live at Moods 1/23/2020) - Où l'on comprend que la photo de pochette correspond à un gros plan du vêtement que Jaimie portait ce soir-là !


love song
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