J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 12 mars 2024 03:14

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Masahiko Togashi With Don Cherry & Charlie Haden – Session In Paris, Vol. 1 "Song Of Soil" – (1979)

Voici un album particulièrement intéressant, entièrement composé par le percussionniste japonais Masahiko Togashi, il bénéficie de la présence de deux musiciens très éminents dans le monde du jazz, Charlie Haden et la légende du free Don Cherry. Ce dernier à l’heure de cet album se partageait entre la formation « Old And New Dreams », « Codona » et autres projets liés aux rencontres.

Concernant Masahiko Togashi, j’avais évoqué sa collaboration avec Masayuki Takayanagi pour l’album de quatre-vingt-trois, « Pulsation », sur ce fil. Je vous avais alors indiqué qu’il avait été victime d’un accident qui l’oblige à utiliser un fauteuil roulant pour ses déplacements. L’autre conséquence fut musicale, l’obligeant à modifier sa façon de jouer, et plus particulièrement à éliminer les phases les plus extrêmes et les plus violentes de sa façon de faire, ce faisant grâce à un matériel spécialement conçu.

Ainsi son jeu est parvenu à un tout autre esthétisme, fait de travail sur le toucher, la texture et les timbres, de façon à tisser des paysages sonores autres, faits de douces intensités, de légèreté et de fines variations. Le rythme n’est pas forcément son souci, les couleurs et les formes, si. Ce jeu si fin et subtil, va faire merveille, en compagnie de ces deux géants.

Nous voici à Paris en soixante-dix-neuf, il est noté vol.1 sur l’album, car un autre volume sortira plus tard, mais cette fois-ci en compagnie de Steve Lacy et Dave Holland. Ce qui frappe assez vite c’est la beauté de cette musique, tellement à sa place dans la discographie de Don Cherry que l’album pourrait y figurer sans problème. L’esprit est là, c’est certain, on songe également au magnifique « El Corazón » qui pourrait s’inscrire dans cette suite…

Don Cherry joue de la trompette, du cornet, de la flûte de bambou mais également des percussions, il est placé un peu à l’avant dans la distribution des sons, mais les tambours de Masahiko équilibrent savamment. Il y a peu à dire concernant Charlie Haden, mais il est tout simplement royal, la chaleur de ses cordes, ses accents latins font merveilles ici, il nous régale tout du long, tout simplement.

S’il fallait choisir quelques titres, ce serait difficile, mais « Oasis » et « Rain » se singularisent par leur beauté ainsi que leur durée, il faudrait également citer « Words Of Wind » et ses deux parties, mais également « June » et « Song of Soil », c’est-à-dire, en fait, l’entièreté de cet album…

MASAHIKO TOGASHI - DON CHERRY CHARLIE HADEN "Oasis" FROM SONG OF SOIL (1979) OUT ON WEWANTSOUNDS


Don Cherry - Masahiko Togashi - Charlie Haden – Rain (1979)


Don Cherry with Masahiko Togashi & Charlie Haden - Song Of Soil


Don Cherry - Masahiko Togashi - Charlie Haden – Words of Wind part 2 (1979)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 13 mars 2024 03:27

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John Zorn – Parrhesiastes – (2023)

Zorn siège ici au titre de compositeur et organisateur, de la planification jusqu’à la mise en forme concrète du Cd, via le label Tzadik. En fait, c’est « Chaos Magick », le groupe constitué qui sort ici son cinquième album. Il est assez bref, trente-six minutes réparties en trois titres, mais comme toujours avec Zorn, les musiciens-interprètes en place sont énormes.

John Medeski est à l’orgue, Matt Hollenberg à la guitare, Brian Marsella au Fender Rhodes ainsi qu’au piano et Kenny Grohowski à la batterie. Un album très électrique, branché claviers, avec une guitare qui fait bien et un batteur qui martèle, comme disait Charles.

L’album a été enregistré fin juillet vingt-trois au Eastside Sound de New-York. On penche du côté agréable de la zone, avec de chouettes pièces bien calées, chaudes et lumineuses, baignant dans le ouateux propre à l’orgue, et encore davantage au Fender, la superposition des deux est une riche idée qui crame le carburant et fait tourner les turbines.

Il y a possiblement un côté un peu « easy listening », dans ces rappels rocks, funk ou soul, et même ces plans « métal » qui surgissent pendant quelques secondes, secouant l’arbre, avant que de dévaler la pente à la vitesse d’un écureuil fuyard dans un dessin animé…

La guitare de Matt Hollenberg est souvent là pour secouer le cocotier, comme sur la première pièce, « In The Footsteps of Hermes », elle est indispensable et souvent scinde les dialogues entre les claviers pour introduire une rupture bienvenue, mais souvent courte, à la façon de Zorn, expert dans ces coups-là.

Comme toujours chez Zorn il y a une réelle complexité dans la forme et l’écriture, la virtuosité est souvent essentielle, exigée lors de l’interprétation. L’auditeur n’ignore rien de cette écriture emberlificotée, mais paradoxalement l’écoute est particulièrement confortable, douce, parfois surprenante mais jamais agressive, plutôt vive et pétillante, elle cajole dans bon sens jusqu’à rendre l’auditeur quasiment complice…

C’est ce qui rend cet album finalement malin et convivial, et pour tout dire formidable, à destination de tous, une belle réussite en définitive !

In the Footsteps of Hermes


The Evental Devalorization of the Perhaps


Form, Object, and Desire
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » mer. 13 mars 2024 18:04



Superbe album du saxophoniste Joe Santa Maria.
Sorti en novembre 2023 sur Orenda.
On trouve parfois ce melting pot identifiant les sorties International Anthem. Resavoir notamment.
Et dire que ce n'est sorti qu'en digital :-|

"An exploration of minimalist composition and dense orchestration. A futuristic view of the Big Band sound with full horn sections and rhythm section locked in cyclical building textures. Overdubbed and recorded at home with minimal equipment and then mixed, mastered, and produced with some of my very talented friends."

Joe Santa Maria - Compositions, Saxophones, Synthesizers.
Ryan Dragon, David Dominique, and Julianne Gralle - Trombones
Dan Rosenboom, Andrew Rowan, Brandon Sherman - Trumpets
David Tranchina - Bass
Tim Carr - Drumset and Percussion (recorded at his home studio)

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 14 mars 2024 06:15

Piranha a écrit :
mer. 13 mars 2024 18:04


Superbe album du saxophoniste Joe Santa Maria.
Sorti en novembre 2023 sur Orenda.
On trouve parfois ce melting pot identifiant les sorties International Anthem. Resavoir notamment.
Et dire que ce n'est sorti qu'en digital :-|

"An exploration of minimalist composition and dense orchestration. A futuristic view of the Big Band sound with full horn sections and rhythm section locked in cyclical building textures. Overdubbed and recorded at home with minimal equipment and then mixed, mastered, and produced with some of my very talented friends."

Joe Santa Maria - Compositions, Saxophones, Synthesizers.
Ryan Dragon, David Dominique, and Julianne Gralle - Trombones
Dan Rosenboom, Andrew Rowan, Brandon Sherman - Trumpets
David Tranchina - Bass
Tim Carr - Drumset and Percussion (recorded at his home studio)
Un album très écrit avec de superbes orchestrations, album avec de la personnalité, j'aime beaucoup "Play Play" et "Pathways 2".

Belle découverte !
;)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 15 mars 2024 04:21

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Ablaye Cissoko & Simon Goubert, African Jazz Roots – Seetu – (2023)

Clarifions un peu tout ça, apparemment « African Jazz Roots » est le nom de l’association entre le joueur de kora Ablaye Cissoko et le batteur et pianiste de jazz, Simon Goubert. C’est également le nom du premier album paru en deux mille douze, c’est avec ce dernier que j’ai alors écouté cette formation, j’en garde toujours un souvenir ému.

Je m’aperçois aujourd’hui qu’un autre album est paru en deux mille dix-sept, mais je l’ai zappé, j’essaierai de réparer ça, je suis sûr que j’en serai récompensé. Sur « Seetu » dont j’ai appris la sortie récemment, en feuilletant « Les allumés du Jazz », il est noté que l’album est dédié à la mémoire d’Ousmane Bâ, qui était flûtiste sur le premier album, il appartenait à l’ethnie peuhl.

Hormis les deux leaders voici les autres membres de la formation que l’on entend ici, Sophia Domancich qui joue du piano, Jean-Philippe Viret de la contrebasse et Ibrahima « Ibou » Ndir, qui joue des calebasses. Il y a dix pièces alignées qui nous offrent environ une heure de musique.

Si j’en juge par rapport au premier album, l’importance du jazz a grandi au sein de la formation, probablement l’arrivée de la pianiste et du contrebassiste dans le groupe, encore que sur le premier album figurait Jean-Jacques Avenel, mais il faut compter également avec la disparition d’Ousmane Bâ.

Les compositions sont réparties à peu près équitablement entre les musiciens, mais Simon Goubert est le plus prolifique, quatre titres à son actif, les très beaux « Manssani Cissé » et « Sundjata » sont en fait des traditionnels arrangés par Ablaye Cissoko, qui signe également « Café Touba » la dernière pièce.

Quand j’écoute cet album je me dis que plus il y a de kora et plus j’aime ça, le premier album avait eu ce même impacte, avec cette même observation. Mais le battement jazz a également son importance, il permet de faire aisément le chemin vers ces musiques traditionnelles qui pourraient sembler lointaines, nées à Saint-Louis du Sénégal, mais la communion a lieu.

Ce n’est pas pour rien que l’album se nomme « Seetu », c’est-à-dire reflet, l’image d’Ablaye avec celle de Simon, musiciens sénégalais et français, Afrique et Europe, comme un miroir où les reflets, d’abord mal définis finissent par se fondre dans une musique commune, un même chant, comme au « Café Touba ».

(+ une chanson cachée)

AFRICAN JAZZ ROOTS "SEETU"


La langue de barbarie


Café touba


Sundjata
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 16 mars 2024 03:50

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Grant Green – Alive! – (1970)

Voici un bel et bon album de Grant Green, enregistré dans sa période souvent qualifiée de « funky », en comparaison de la précédente, plus « Jazzy ». Remarquez sur la pochette, le petit ajout « Includes Three Bonus Tracks » signifiant que non, vous n’êtes pas en face du vinyle original, mais bien du Cd augmenté, ce qui fait de vous un homme heureux, presqu’autant que si vous possédiez l’original Blue Note !

En effet vous passez de quatre à sept titres exceptionnels, les ajouts étant absolument remarquables, particulièrement la dernière pièce, une version de onze minutes d’un « Maiden Voyage » de Herbie Hancock en tous points mémorables. Incontestablement ce « live » est une belle réussite pour qui ne dédaigne pas les écarts soul-funk de Grant Green, et même un passage quasi obligé.

Rien que le line-up est une réussite, un assemblage malin qui ravit à l’écoute, Claude Bartie au sax ténor assure comme il faut, William Bivens au vibraphone ajoute sa couleur essentielle, Ronnie Foster le plus souvent ou Neal Creque géants à l’orgue, et, surtout, le grand Idris Muhammad qui est une référence absolue du genre, avec Joseph Armstrong aux congas. Et G.G. à la guitare qui n’est pas manchot, non, non…

Avec cette version vous aurez également le speech d’intro de Buddy Green pour les présentations, vous plongeant au « Cliché Lounge » de Newark, dans le New Jersey, ce quinze août de l’année bénie soixante-dix, pendant la période que vous révérez, celle pour laquelle vous êtes là !

Beaucoup de reprises ici, mais ne vous prenez pas la tête, ce qui compte c’est le résultat d’ensemble, diablement cohérent et emballant, de quoi s’agiter du pied et taper la mesure en remuant la tête, depuis « Let The Music Take Your Mind » de Kool & The Gang qui ouvre la cérémonie, en passant par le diabolique et répétitif « Sookie, Sookie » qui va vous rendre fou, ou « Down Here On The Ground » avec Grant Greene qui régale, ou encore « Time To Remember » ou le génial « Hey, Western Union Man » ou encore « It’s Your Thing » car de toute façon tout est bon !

C’est le genre de skeud qui, une fois posé, n’est pas si facile à extraire, car il n’est guère aisé de s’en détacher, ou alors pour un truc du genre Ike Quebec, qui pourrait le faire…

Bref, si l’humeur convient essayez G.G. en Live, il le mérite.

Down Here On The Ground (Live At The Cliche' Lounge, Newark, New Jersey, 1970 / Remastered 2000)


Sookie Sookie (Live At The Cliche' Lounge, Newark, New Jersey, 1970 / Remastered 2000)


Time To Remember (Live At The Cliche' Lounge, Newark, New Jersey, 1970 / Remastered 2000)


Maiden Voyage (Live At The Cliche' Lounge, Newark, New Jersey, 1970 / Remastered 2000)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 17 mars 2024 05:38

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Ike Quebec – Heavy Soul – (1962)

Dans le passé je vous ai présenté deux albums de Ike Quebec, « It Might As Well Be Spring » et « Blue & Sentimental » de mille neuf cent soixante-deux. Voici le troisième de cette série Blue Note, lui aussi paru cette même année. Les sessions à l’origine de ces enregistrements font apparaître que « It Might As Well Be Spring » et « Heavy Soul » sont jouées par les mêmes musiciens.

Le quartet est en effet formé de Ike Quebec au sax ténor, Freddie Roach à l’orgue, Milt Hinton à la contrebasse et Al Harewood à la batterie. Ces deux sessions d’enregistrement sont assez proches, celle d’« Heavy Soul » est la première, datant du vingt-six novembre soixante et un, celle de « It Might As Well Be Spring » est du neuf décembre de la même année.

Les troisième et quatrième sessions, à l’origine de « Blue & Sentimental » sont un peu plus huppées, avec Grant Green à la guitare, Paul Chambers à la contrebasse et Philly Joe Jones à la batterie, elles se sont déroulées le seize et le vingt-trois décembre soixante et un.

Ces repères sont posés car ils éclairent vivement la place de Ike Quebec chez Blue Note. En effet il ne bénéficie pas du prestige de nombre de musiciens présents sur ce fabuleux label, et on pourrait le négliger ou même le considérer d’un peu loin. Une simple écoute de ses œuvres pourrait suffire à corriger l’erreur, mais ce n’est malheureusement pas le cas.

Il faut savoir qu’Ike est né à Newark le dix-sept août dix-neuf cent dix-huit et qu’il a sorti un premier album sur Blue Note en quarante-six, avant de s’éclipser. Ces albums des années soixante marquent en fait son retour, qui devait être glorieux et prometteur, mais le destin ne l’a pas voulu, car il décéda le seize janvier soixante-trois, après avoir eu le temps d’enregistrer ces incroyables sessions !

Cet album est tout simplement magnifique, avec un son énorme et merveilleusement enregistré, bénéficiant en outre d’une remasterisation. Impossible de ne pas penser aux grands anciens, Coleman Hawkins ou Ben Webster, voire même Archie Shepp qui ne dédaigne pas ces eaux-là. Il y a en outre sur cet album un titre supplémentaire, « Blues For Ike », magnifique tout comme « Nature Boy », « The Man I Love » et tous les autres, car ici il n’y a rien à jeter.

Ces trois albums sont majeurs, mais d’autres sont parus sur Blue Note, après que le label ait fouillé les fonds de tiroir, encore une piste à suivre…

Heavy Soul (Remastered 2004/Rudy Van Gelder Edition)


Nature Boy (Remastered 2004/Rudy Van Gelder Edition)


Just One More Chance (Remastered 2004/Rudy Van Gelder Edition)


Acquitted (Remastered 2004/Rudy Van Gelder Edition)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 18 mars 2024 03:09

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Don Pullen & The African Brazilian Connection – Live ... Again (Live At Montreux) – (1995)

Don Pullen est encore en forme lorsqu’il arrive au « Montreux Jazz Festival », ce treize juillet quatre-vingt-treize, accueilli à bras ouverts par Claude Nobs. Il arrive après avoir sorti en quatre-vingt-douze « Kele Mou Bana » que je vous ai présenté il y a peu. Il est accompagné par sa formation, « The African Brazilian Connection ».

C’est donc sans surprise qu’une assez grande partie du répertoire de son album précédent est joué ici, « Yebino Spring », « Capoeira » et « Kele Mou Bana », autant de pièces qui reprennent vie dans ces nouvelles versions live, en se frottant au contact du public, avec une énergie vive et libérée, des impros du moment qui leur donne nouvelle couleur et nouvelle vie.

Carlos Ward, d'origine panaméenne, est au saxophone alto, le brésilien Nilson Matta tient la contrebasse et l’étatsunien J.T. Lewis est à la batterie. Le percussionniste sénégalais Mor Thiam rejoint la formation pour les deux dernières pistes, « Kele Mou Bana » et « Asseko ! (Get Up And Dance) » qu’il a lui-même composées. Don est bien évidemment au piano, l’African-Brazilian Connection est ainsi bien formée, avec toutes ses composantes…

Le Cd est bourré à fond de bonne musique, je ne crois pas que l’on puisse en caser davantage. Pourtant cinq pièces seulement, mais qui s’étalent largement dans le temps, car l’heure est à l’expansivité, à la libre improvisation et non à la concision. On pourrait également insister sur le côté festif, de danse et de fête, du plaisir de jouer et de s’éclater sans craindre aucune barrière, tout est accepté, le free, le funk et la joie de vivre !

Ici la musique sonne en provenance de tous les horizons, en balançant aux sons de multiples échos, « Yebino Spring » et ses rythmes africains, puis le jazz avec le magnifique « Ah George, We Hardly Knew Ya » en hommage au regretté saxophoniste George Adams, puis c’est l’heure latine et brésilienne avec « Capoeira », puis l’heure de l’Afrique du Sud, parfumée aux envolées free, sur le très beau « Kele Mou Bana », et, enfin, l’Afrique à nouveau, au son de « Asseko ! (Get Up And Dance) » !

Vraiment une réussite d’album qui fut magnifiquement reçu en Italie où Don Pullen jouit d’un grand prestige, on peut penser que ces faces ne sont pas étrangères à ce magnifique succès. Un album Blue Note.

Yebrino Spring (Live At Montreux Jazz Festival / 1993)


Ah George, We Hardly Knew You (Live At Montreux Jazz Festival / 1993)


Kele Mou Bana (Live At Montreux Jazz Festival / 1993)


Aseeko! (Get Up And Dance)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 19 mars 2024 05:46

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Jackie McLean – New And Old Gospel – (1967)

Cet album, finalement tout simplement extraordinaire, est d’abord celui d’une rencontre, pas vraiment improbable puisque les deux parties semblaient la souhaiter. Elle se tiendra, certes, mais sous une forme un peu inattendue. Pour nous mettre sur le fil il y a bien cette rencontre entre Sonny Rollins et John Coltrane, le temps d’un titre, qui aboutira à l’album « Sonny Rollins Quartet – Tenor Madness », de cinquante-six.

Jackie McLean, ce génie du saxophone alto, fera paraître l’année suivante, une sorte de réponse, « Jackie McLean / John Jenkins – Alto Madness », un duel de sax alto d’enfer ! Alors, puisqu’en cette année soixante-sept la rencontre doit se faire autour d’un projet d’enregistrement avec l’immense « Ornette Coleman », Jackie s’attend à une « battle » de sax alto, comme seul le jazz peut en offrir.

Mais voici ce qu’il raconta : « Ornette était d’accord pour enregistrer avec moi, et quand je lui ai demandé de quel instrument il comptait jouer, il a choisi la trompette […] Mon idée originale avait été d’enregistrer à deux altos, mais quand il m’a dit qu’il voulait y jouer de la trompette, je fis quelques répétitions avec lui, et trouvai que cela sonnait bien. […] C’est une de mes séances préférées, j’y ai pris beaucoup de plaisir. »

Ornette s’est mis à la trompette depuis trois années déjà, il a enregistré deux titres sur cet instrument sur l’album « The Empty Foxhole » où il joue également du violon. Miles Davis l’a moqué en disant que c’était comme une insulte à ceux qui avaient consacré des années à leur métier, mais on connaît sa langue de vipère !

C’est Lamont Johnson qui joue du piano, c’est un autre intérêt de cet enregistrement de proposer un pianiste aux côtés d’Ornette, lui qui s’en passe volontiers. Scott Holt joue de la contrebasse et l’immense Billy Higgins est derrière les fûts, l’assurance d’être propulsé par de sérieux et fins réacteurs à l’arrière !

Sur la première face se trouve une suite en quatre mouvements, composée par Jackie McLean, « Lifeline », qui est une ode à la vie magnifique. « Offering », « Midway », « Vernzone » et « The Inevitable End » se succèdent et s’avèrent à la fois différentes dans leur forme et puissantes dans leur exécution. Ornette est tel qu’on l’imagine, à la trompette comme il sait faire quand il joue de l’alto, précis, incisif, striant l’espace avec autorité, même s’il n’arrive pas aux prouesses des spécialistes, il est cependant très personnel dans son style et fait montre d’une grande justesse.

Et comme Jackie McLean est également exceptionnel, nous voilà ravis. La seconde face est consacrée à deux pièces d’ornette, « Old Gospel » et « Strange As It Seems ». Le gospel est très enlevé et offre un terrain propice aux solos, ce qui va, McLean est mordant à son habitude, droit et puissant, n’hésitant pas à flirter avec des accents audacieux.

L’autre pièce est une sorte de ballade assez passionnante, ouverte aux étrangetés et aux accents plus free, très belle et langoureuse, qui peut même évoquer Coltrane, notamment par le jeu de Lamont Johnson qui rappelle McCoy Tyner.

En définitive un album très surprenant, mais aussi parfaitement réussi, certainement à découvrir car, hélas, Jackie McLean est un peu oublié aujourd’hui…

JACKIE MCLEAN lifelane (1967) - Méga Clip à ne pas rater !


Old Gospel (Rudy Van Gelder Edition)


Strange As It Seems (Rudy Van Gelder Edition/2006 Digital Remaster)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 19 mars 2024 18:54

Une pensée pour Sylvain Luc...
Douglas a écrit :
sam. 22 janv. 2022 06:10
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MLB Trio – Birka (2021)

La photo sur la pochette renseigne bien sur ce « MLB Trio » sorti il y a peu, un curieux album pour les instruments qu’il fait se rencontrer, et pourtant tout va, tout chante et tout enchante.

A gauche Stéphane Belmondo, trompettiste et joueur de bugle, au centre Thierry Maillard pianiste et joueur de Fender Rhodes et Sylvain Luc, à droite, joueur de guitares. Trois grands maîtres des douceurs jazz, entre couleurs de début d’été et longues soirées qui se profilent…

Le bosseur c’est Thierry Maillard, huit compos sont issues de son inspiration, le bosseur moyen c’est Sylvain Luc, il en porte cinq dans sa besace et le petit bosseur c’est Lionel qui en a deux dans la poche, mais tous savent qu’en matière de jazz, c’est surtout l’interprétation qui compte, et là, les trois sont au taquet, à fond, unis et complémentaires.

Il n’y a pas de déséquilibre dans ce « jazz de chambre » sans les habituels instruments rythmiques, après tout, guitare ou piano peuvent se charger de la tâche, ensemble ou alternativement, et c’est ce qu’ils font, presque souvent, et de temps en temps. Personne n’est prisonnier d’un rôle assigné, d’une spécialité, même si ça souffle, gratte et sautille inévitablement, chacun crée, se situe dans l’ensemble, improvise et combine, pour que tout chante et tout enchante.

Les mélodies sont là, parfois avec la mélancolie qui s’invite aussi, ou alors la joie qui fait hop ! Parfois la musique se resserre et se referme, recueillie, intime et fragile… Quinze compos entre deux et six minutes, tout file vite, mais que de chants venus des trois points du triangle, que de hauteurs et de sommets gravis ici.

Cet album qui s’annonçait si étrange est finalement très consensuel, convivial, harmonieux, il ne fâchera personne et plaira à tous, ce qui constitue en soi une réelle performance, pour que tout chante et tout enchante...

Birka


Terres celtes


Couleurs atlantiques


Astor
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 20 mars 2024 03:20

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Avram Fefer / Bobby Few – Heavenly Places – (2005)

Alors que je me baladais dans la boutique d’un site internet je sus immédiatement, quand je le vis, que son sort était scellé, réglé, direct dans la besace, direction ma boîte à capture, date de dépôt : moins d’une semaine, dès son arrivée je m’occupais de lui en priorité, le temps d’installer mon invité du jour, deux ans, dans son siège-auto et nous voilà embarqués dans un voyage mémorable…

Le coquin ne connaît rien à ce genre de musique, branché qu’il est, plutôt techno, reggae ou rock, c’est une première ! Son attention est immédiatement attirée par l’objet sonore, réglé pourtant à puissance très modérée, je guette dans le rétro sa réaction, dès que possible, je tente de lire sur son visage les impressions que dessine la musique.

Il ne semble même pas surpris, je comprends de suite que son cerveau est branché à fond sur ce qu’il entend, sa concentration m’étonne, je le vois imperturbable, le regard fixe, attentionné totalement au langage musical. Pas d’agitation ni de manifestation d’aucune sorte, même les motos qui dépassent ne lui font pas dire « motoôo », ce qui est presqu’ inquiétant, je me dis que là il faudrait au moins une ambulance, ou mieux un camion de pompier ou carrément un train pour le débrancher !

C’est que l’album est beau, sans doute est-il sensible au sax ténor de Fefer qui vrombit lors des vingt minutes d’« Happy Hour », une pièce enregistrée au Studio Guimick, à Paris, en deux mille quatre. Le saxophoniste est bien jeune, si je le compare par l’âge au valeureux pianiste Bobby Few, dont le seul nom me procure des tremblements convulsifs, tellement je le kiffe !

Avram, je vous en ai parlé par deux fois pour l’album « Testament », puis pour « Juba Lee », deux trucs plus récents avec Marc Ribot et Chad Taylor, du genre à ne pas rater, quoi ! Il possède dans son jeu comme une blessure que l’on entend souvent quand il fait vibrer son saxophone ténor, le « petit » Noah ressent forcément cette faille, je le crois, mais sans en être sûr, rien ne semble vouloir modifier son immobilité , comme figé …

Avram joue également du soprano et de la clarinette, toujours en improvisant, car d’évidence nous sommes face à une création de l’instant, mais ces deux instruments sont moins propices à la fêlure, plus descriptifs ou mêmes mélodiques.

Mais le boss, celui qui me fascine encore davantage, c’est Bobby Few, la musique qu’il joue est souvent pleine de beauté, de grâce, dessinant un chemin vers la « spiritual music », où quelque chose d’approchant qui naît sous ses doigts. Bobby est capable de tout, mais ce qu’il aime c’est laisser passer les émotions, les belles choses et les improbables fioritures qui vont tellement bien !

Ça y est le petit a fermé les yeux, son voyage musical continue au pays du repos, des rêves, le voilà parti le temps du trajet… Je laisse tourner le Cd, car j’ai bien compris que les deux, là, Bobby et Avram, c’est pour les petits enfants qu’ils tissent leurs incroyables et merveilleux paysages…

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 21 mars 2024 05:10

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Roy Campbell Pyramid Trio – Ancestral Homeland – (1998)

Roy Campbell est né en cinquante-deux, jeune musicien il a côtoyé quelques grands maîtres du hard bop comme Kenny Dorham, Howard McGhee, Lee Morgan ou Joe Newman au travers de rencontres ou d’ateliers de jazz. Il a même bénéficié de cours donnés par Yusef Lateef, à qui il dédie un titre ici, « Brother Yusef », il rend également hommage à Alan Shorter sur le titre d’ouverture, « Song For Alan ».

Je rappelle également sa participation à l'Ensemble Muntu dans les années soixante-dix, aux côtés de Jemeel Moondoc et de William Parker que l’on retrouve ici à la basse. Sur cet album de quatre-vingt-dix-huit Roy joue de la trompette, de la trompette de poche, du bugle et de l’argol, un instrument égyptien à double corps dont l’un sert de bourdon et l’autre joue la mélodie, comme sur « Brother Yusef (intro) », il joue également des flûtes et des percussions. Cet attirail important peut évoquer Don Cherry, une comparaison qui a du sens ici, on pense également à lui pour les inspirations musicales, évoquant les musiques du monde.

William Parker joue de la basse et des percussions, et Zen Matsuura de la batterie, les deux forment une combinaison idéale au soutien rythmique, mais surtout un complément indispensable aux relances et au dialogue avec le soliste qui s’exprime presque sans discontinuer. Le jeu incroyable de Parker est d’une richesse inouïe et un complément essentiel aux pièces qui s’enchaînent avec un réel bonheur et un équilibre impressionnant.

La plupart sont signées par le trompettiste, six de sa part, mais « Oglala Eclipse » et « Bean Dance » sont de William Parker. Les structures des pièces sont souvent travaillées en collectif et mis en forme avant leur interprétation, les thèmes sont également déjà élaborés de façon à permettre l’espace nécessaire aux impros des uns et des autres. La mise en boîte a lieu en février quatre-vingt-dix-huit au Strobe Light Sound Studio de New-York.

Au fil des pièces on reconnaît des influences africaines, amérindiennes, et forcément essentiellement jazz, qui sont le terreau ici, la corne d’abondance qui nourrit et permet la créativité et la féconde improvisation, entre richesse percussive et envolées lyriques, parfois imprévisibles.

Vraiment un très chouette album de Campbell, trompettiste magnifique et solaire…

Je n'ai trouvé aucun extrait de ce pourtant magnifique album, voici un concert des trois datant de 2005, vers 1h13 arrivée de Patricia Nicholson qui danse et vers 1h24 celle de Albert Beger au sax ténor:

Roy Campbell, William Parker, Hamid Drake | Pyramid Trio - live in Tel Aviv 2005
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 22 mars 2024 04:57

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Eric Dolphy – At The Five Spot Volume 2 – (1963)

Après avoir évoqué précédemment le premier volume, voici le second, tout aussi considérable, il précède le troisième volet, nommé le « Memorial Album », ultime étape d’une trilogie historique et remarquable. Mais peut-être possédez-vous le triple vinyle « The Great Concert Of Eric Dolphy » qui regroupe tout ça, paru en soixante-quatorze, pour ma part, j’en prends grand soin…

On retrouve le quintet magique avec Eric Dolphy à la flûte et à la basse clarinette, Booker Little à la trompette, Mal Waldron au piano, Richard Davis à la basse et Eddie Blackwell à la batterie. Nous voici au fameux « Five Spots », le seize juillet mille neuf cent soixante et un, en compagnie de deux flamboyants, des lumières dans la nuit du jazz qui s’éteindront dans pas si longtemps, Booker Little trois mois plus tard, et Eric Dolphy en juin soixante-quatre… Ils nous laissent ici un témoignage incomparable.

Deux pièces seulement, « Agression » de Booker Little, seize minutes trente-quatre allumées, la trompette en feu et la clarinette basse de Dolphy qui grommelle, animée d’une tête chercheuse et perforante qui vous pénètre sournoisement… Mal Waldron qui balance toute sa classe en un solo entêtant, boosté par la basse de Richard Davis et le groove insistant d’Ed Blackwell qui pousse et envoie, encore et encore…

Je pourrais vous dire qu’on est au bord du chef d’œuvre, mais ce n’est encore pas bon, car, en fait, on est en plein dedans ! Tout y est, le cadre, ce club mythique, l’ambiance incandescente, les musiciens, cinq légendes au zénith…

La seconde pièce est un standard, « Like Someone in Love » qui frôle les vingt minutes, une ballade, Dolphy à la flûte qui ouvre avec Booker Little à droite et, au milieu, Richard Davis et son archet, dans le fond Ed attend, qui va bientôt agiter les cymbales…

En écoutant cette « bleuette » qui semble légère et gentillette, remontent tant de souvenirs et d’émotions liés, sur ce rythme badin et tranquille, chacun en solo, à la queue-leu-leu, chaque note est essentielle, gravée au bon endroit, pour la postérité, pour les mortels à venir et à s’y risquer, juste pour le partage. Pour ce qui me concerne, je dirais que les meilleures faces d’Eric Dophy sont ici, au Five Spot, bien mieux qu’« Out To lunch »...

Pour sûr…

Aggression


Like Someone In Love
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 23 mars 2024 05:13

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Akira Sakata & Entasis – Live in Europe 2022 – (2023)

Akira Sakata est né le vingt et un février mille neuf cent quarante-cinq, jusque-là tout va bien, mais à Kure, dans la banlieue d’Hiroshima… « Little Boy » tombera le six août, à huit heures quinze ! On nous dit aujourd’hui que ce n’est qu’une bombinette, et qu’avec ses soixante-dix mille morts elle ne fait qu’un maigre score, la suite fera plus fort !

Comme pour se faire pardonner l’Amérique apporte aussi dans ses bagages le jazz et une manière de vivre, Akira écoutera pendant son enfance l’émission « Voice of America » et, ce qu’il entend, le touche profondément. En soixante-six, à Hiroshima, passe John Coltrane qui donne un concert, Akira y assiste et en est bouleversé : « Quand j’ai vu Coltrane jouer, j’ai pensé que c’était le chemin que je voulais prendre et vivre. »

Il termine ses études et devient biologiste marin, en même temps qu’il se consacre à sa véritable vocation, devenir musicien de jazz. Il est tourmenté par sa passion, presque coupable, pour une musique dont l’origine est issue du pays qui massacra les siens. Il s’en est ouvert auprès d’Ornette Coleman qui lui répondit que « nationalité, ethnicité ne doivent avoir aucune importance pour ceux qui ont choisi la voie de la musique, la seule chose qui doit leur importer concerne les qualités humaines et individuelles. » Akira aime à répéter toute la sagesse qui se tient dans ces propos.

Le long parcours de la vie d’Akira reste à découvrir, mais nous voici dans une actualité toute brûlante avec cette sortie d’octobre deux mille vingt-trois, un double Cd « Live in Europe 2022 » sur trois scènes différentes. La première « Live in Thessaloniki » le onze avril, la seconde « Live in Padova » le quatorze avril et la dernière « Live in Brussels » le seize avril.

Par déduction Entasis doit être formé par Giovanni di Domenico au piano ainsi que du grec Giotis Damianidis à la guitare électrique. Les batteurs accompagnateurs changent à chaque concert et le contrebassiste Petros Damianidis intervient lors du premier concert. Il est possible que « Entasis » soit en fait un collectif européen, mais Giovanni di Domenico est un fidèle de Akira Sakata.

Ce dernier intervient vocalement sur quelques pièces, le discours est assez martial, en japonais, mais vous comprendrez que je ne déflore pas le message transmis, de façon à préserver la révélation contenue dans les propos du maître, dont vous profiterez à son écoute. Il joue alternativement du saxophone alto et de la clarinette, il agite également quelques cloches.

Je dois dire que cet album est foutrement passionnant et que si je l’avais écouté plus tôt il ferait certainement parti des dix sélectionnés parmi mes préférés du millésime deux mille vingt-trois. Il est véritablement grandiose et contient une force formidable, cela tient beaucoup à la personnalité d’Akira, entière et puissante, douée d’une grande force de conviction, avec une certaine rectitude qui impressionne. Ses partenaires sont également parfaits dans leur rôle, mais c’est la fougue d’Akira qui le plus souvent emporte tout.

L’album est paru sur l’excellent label orienté free « Trost Records », basé en Autriche, qui se consacre également aux rééditions, pour ne pas oublier les œuvres passées, et les mettre à la portée de toutes les bourses.

Sans conteste un album mémorable !

Live in Thessaloniki 2022, Pt. 1 (Live)


Live in Thessaloniki 2022, Pt. 2 (Live)


Live in Padova 2022, Pt. 1 (Live)


Live in Padova 2022, Pt. 2 (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 24 mars 2024 04:38

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Profound Sound Trio – Opus De Life – (2009)

Le « Profound Sound Trio » est un repère de Free-Jazzmen irréductibles, Andrew Cyrille en est le batteur, Henry Grimes le bassiste et, de temps en temps, violoniste, et enfin la british Paul Dunmall joue du sax ténor et même de la cornemuse ! Cet enregistrement provient d’un concert donné au « Vision Festival » de New-York, le quatorze juin deux mille-huit.

La vie de Paul Dunmall a toujours été tournée vers la musique, il s’est d’abord intéressé au rock alors qu’il pratiquait déjà le saxophone et la clarinette. Après avoir assisté à un concert de Franck Wright, il se lance dans le free et rejoint Alice Coltrane aux Etats-Unis, il tourne également avec Johnny Guitar Watson, puis revient en Angleterre où il côtoie l’avant-garde jazz et passe dix années avec la formation « Spirit Level » dont il est le co-fondateur.

Clairement identifié à la scène anglaise, Paul ne cessera de faire des rencontres musicales, comme ici, en créant cet éphémère Profound Sound Trio, qui n’enregistrera que cet unique album. Par bonheur des bandes existaient qui ont permis la diffusion de cette musique par le biais du label Porter Records. Ce n’est pas un totem du free, mais un bon album qui permet de mettre en valeur Paul Dunmall, excellent tout du long, brillamment soutenu par ses deux acolytes.

L’enregistrement est honorable mais sans plus, il y a également ce public très présent qui démontre la chaleur de l’accueil, comme sur l’excellent « This Way, Please » qui ouvre l’album, précédent « Call Paul » avec violon d’Henry Grimes, puis cornemuse par Dunmall, de quoi sortir définitivement des sentiers battus et offrir, déjà, une formidable partie de batterie d’Andrew Cyrille augmentée d’un dialogue inédit de deux instruments que, d’habitude, seul le folk convie.

Puis arrive l’heure d’Andrew avec « Whirligigging » où il joue un solo formidable d’un peu plus de trois minutes. La plus longue pièce du Cd, « Beyondeur » est une longue impro dans le fil de l’album, dessinant comme un parcours harassant et furieux, c’est à nouveau Cyrille qui drive la machine, Dunmall délivre un long solo d’entrée au ténor qui démontre à coup sûr à quel point il est un des meilleurs musiciens européens de l’instrument, dans le registre libre.

Un album à ne pas rater si vous tombez dessus, particulièrement si vous êtes amateurs de l’école anglaise, avec cet « oublié » qui se rappelle à nous, pour la cornemuse également et ce free en live, toujours intéressant entre les mains de trois piliers du genre

This Way, Please


Call Paul


Futurity


Beyonder
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 25 mars 2024 05:38

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Shannon Jackson – Shannon's House – (1996)

Le batteur Ronald Shannon Jackson a d’abord été connu pour être un des pionniers de « free funk », à ses débuts, il a joué aux côtés d’Albert Ayler, particulièrement sur « Spirit’s Rejoice ». Mais il a également joué avec le Charles Tyler Ensemble, sur ESP, avec Cecil Taylor sur « Nefertiti, The Beautiful One Has Come » par exemple, mais également en compagnie d’Ornette Coleman. Il a également été membre de « Last Exit », pour qui s’en souvient…

Mais c’est en tant que leader qu’il nous interpelle ici, en quatre-vingt-dix-sept, pour un mix pas free du tout, plutôt rock, une sorte de fusion, entre jazz, rock et un zeste free, avec toujours une pincée de funk, mais pas trop… Le Cd est sorti d’abord au Japon sur « DIW Records », en quatre-vingt-seize, il sera réédité l’année suivante aux States.

Il faut à cette musique un grand guitariste, c’est Jef Lee Johnson, qui ne s’en sort pas trop mal, côté claviers, même chose, faut du gros calibre, Thomas Reese fera l’affaire et Rachella Parks tiendra les saxos ténor et soprano, je pense qu’elle est liée à Shannon Jackson, vu qu’elle est née au même endroit que lui. Ramon Pooser tient la basse et assure la rythmique avec Shannon, le seul bankable de la troupe !

Il y a dix titres et c’est un peu là que ça se joue, car ils ne sont pas tous égaux en qualité, même s’ils charrient ce même mélange jazz-rock assez lourd, un peu démonstratif et presque hard parfois, avec de bonnes guitares un peu saignantes et des claviers qui vont bien, essentiels, qui regardent de temps en temps côté Miles, d’autant que le groove ici est fameux, souvent carré, martelant.

La pièce d’ouverture, « Julius Is Gone (Psych) » semble bien engager les forces, rythmique répétitive et sax aérien. La seconde pièce, signée du claviériste, Thomas Reese, « Hymn For Mandela » manque un peu son but, avec des accents de musique de film un peu convenus, un truc un peu sirupeux qui colle un peu trop.

Mais ça redémarre un peu avec « Blackegg », puis « Midnight Sermon », à nouveau signé par Thomas Reese, lyrique mais indolent, qui permet à Rachella Parks de lancer l’entreprise de sauvetage, en compagnie de Jef Lee Johnson… Bon ça redécolle avec « Sweet-Feet » un peu énervé et la reprise du bluesy « Lift Ev’ry Voice and Sing », le blues ça marche toujours et on grimpe une marche, la compo de John Rosamond Johnson que l’on surnomme souvent « L'hymne national des Noirs » est jouée, cependant, sans les paroles.

On reste en altitude avec l’intéressant « Supernatural », guitare et saxo se mélangent en une montée sépulcrale, poussés par l’ensemble du groupe qui monte la pente à un rythme éléphantesque. « Occulte Dance » qui suit n’est pas trop mal non plus, l’album s’améliore vers sa fin, l’excellent « Ashes » suivi de l’ultime pièce signée de Rachella Parks, une ballade très réussie, « Rachella’s Lament » termine de belle façon cet album un peu à part, à la croisée des chemins, erratique.

(Hélas pas d'extrait, donc je vous posterai un autre album dans la matinée...)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 25 mars 2024 11:50

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The Vandermark Five – Target Or Flag – (1998)

Ce quintet a été fondé par Ken Vandermark en quatre-vingt-seize, « Target Or Flag » est la troisième sortie de cette formation, mais Ken Vandermark possède une nombreuse discographie par ailleurs, retrouvant ce pôle stable de temps en temps.

Ken joue côté gauche, des clarinettes et du saxophone ténor, côté droit c’est Mars Williams qui joue des saxophones, l’indispensable Jeb Bishop est au trombone, mais il joue également de la guitare électrique, Kent Kessler est à la contrebasse et Tim Mulvenna à la batterie. Cette formation tourne excellemment, prenant ses racines à Chicago où elle est née.

La grande force du quintet tient dans son énergie qui ignore les obstacles, va droit au but, perforant et performant. Ken reçut une sorte de révélation en écoutant « Ténor » l’album de Joe McPhee de soixante-seize, depuis il use de toutes les libertés révélées à sa génération, il n’exclut rien, ni le passé et sa riche histoire, ni le présent et ses furieuses audaces.

Cette impétueuse guitare électrique qui surgit de temps en temps et nous renvoie au rock, ces solos de saxos qui transpercent avec leurs têtes chercheuses, mais aussi la tradition qu’il fait revivre sans l’imiter, en conservant le langage d’aujourd’hui. Il y a beaucoup d’imagination et de création à l’œuvre sur cet album, mais plus généralement dans le jeu de Ken et l’écriture de ses compos.

Bien qu’il pourrait sembler stupide de parler de rock sur cet enregistrement, il n’est cependant pas si loin par l’esprit, particulièrement pour le souci d’efficacité dont on profite tout au long des soixante-cinq minutes de l’album, c’est en bonne partie lié au jeu du batteur Tim Mulvenna, une véritable machine à pulser !

Huit compos se suivent, chacune dédicacée à un ou plusieurs musiciens, par exemple la seconde, « Attempted, Not Known [For Derek Bailey And George Lewis] » ou encore la quatrième, « Super Opaque [For Cecil Taylor] », ou bien la septième, « 8K [For Peter Brotzmann] », l’artiste plasticien et designer Dan Grzeca fait lui aussi l’objet d’une dédicace, ainsi que le guitariste funk Catfish Collins, ou le batteur de jazz classique Shelly Manne, sans oublier le titre cinq « Last Call [For Eddie Hazel] » de Funkadelic, et ça s’entend !

Finalement un album bien de son temps, représentatif du meilleur « Vandermark Five », il vaut bien le détour !

Sucker Punch [For Phelps (Catfish) Collins]


Super Opaque [For Cecil Taylor]


Last Call[For Eddie Hazel]


8K[For Peter Brotzmann]
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 26 mars 2024 02:47

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Joel Ross – Nublues – (2024)

Joel Ross fait partie des jeunes musiciens dont je vous parle assez souvent, car il intervient sur pas mal d’albums, souvent Blue Note, en tant qu’invité, mais je vous ai présenté également deux albums de sa discographie, « Who Are You? » en deux mille vingt, et « The Parable Of The Poet » paru en deux mille vingt-deux, des opus très réussis par le talentueux vibraphoniste.

Voici donc son quatrième album, paru récemment, qui patientait dans la pile. Ce dernier a été pensé sous le signe du blues, non pas comme un retour authentique au blues du terroir, mais plutôt comme une influence majeure de la musique noire, une origine incontournable.

Ce recentrage est véritablement essentiel, probablement pour une simplification dans la complexité de sa musique, bien qu’il faille reconnaître que son précédent album, cité un peu plus haut, soit une pure merveille. Le blues et son souffle est à la fois inspirant pour le musicien, mais aussi pour celui qui écoute…

Joel est accompagné à son habitude par la formation « Good Vibes », avec le saxophoniste alto Immanuel Wilkins, le pianiste Jeremy Corren, le bassiste Kanoa Mendenhall et le batteur Jeremy Dutton, une invitée également, Gabrielle Garo, flûtiste et compagne du leader, présente sur trois titres.

Après « Early » une entrée en matière très prometteuse, voici « Equinox », une reprise de John Coltrane, la formation jouera une seconde pièce signée du maître à la fin de l’album « « Central Park West ». Lors de l’écoute, la transition entre « Early » et « Equinox » est imperceptible car les deux pièces se fondent sans véritable interruption. On y reconnaît bien le tempérament coltranien et les citations, mais le ton reste malgré tout léger et annonce la couleur de cet album, plutôt relax et serein.

La pièce suivante « Mellowdee » est un marqueur de cet album, avec cette touche coltranienne encore présente et un Immanuel Wilkins royal et l’esprit du blues qui souffle, bien que celui-ci ne soit qu’une couleur identifiée de cet album qui se révèle, de temps à autres, assez tortueux, bien que toujours très accessible.

Il faut évoquer « Chant » également, un duo piano/flûte, plein de grâce et de lyrisme avec Joel au clavier et Gabrielle à la flûte, le re-recording est habilement utilisé. Toujours dans le style curiosité il y a ce titre-hommage « Bach (God the Father of Eternity) », une plongée dans l’histoire de la musique… « Nublues » ressemble foutrement à une impro collective, ce qui sème un peu la pagaille dans ces jardins à la française très ordonnés, après une assez longue intro au vibraphone.

Et puis viennent « Ya Know ? » où brille immanuel, puis « Evidence » de Monk qui laisse souffler une sorte de tempête tourbillonnante vers la fin du titre, un sommet ici, avant la dernière pièce, ballade toute en tendresse signée Coltrane…

Un album élégant et distingué.

equinox


mellowdee


nublues


evidence
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 27 mars 2024 02:47

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Marion Rampal – Oizel – (2024)

Paru en février voici « Oizel » de Marion Rampal, deux versions au menu, le vinyle ou le Cd, celui-ci riche d’un titre supplémentaire, « La Nuit Avant Les Mots », de quoi donner à réfléchir entre deux propositions avec inconvénient penseront certains. Mais l’usage révèle ce qui reste caché, le lecteur Cd affiche un douzième titre, puis un treizième, et encore un quatorzième, plus de cinquante minutes au total … Décidément l’option vinyle n’est utile que si vous désirez décorer votre salon avec la pochette ! Pourtant le petit livret accompagnant le Cd ne dévoile que onze titres…

Sur l’emballage des stickers, Télérama, Sélection FIP, Indispensable Jazz News, Choc Jazz Magazine, de quoi vous éblouir et vous suggérer que vous n’êtes pas face à un objet banal ou quelconque, mais bien face à une œuvre de qualité, un truc rare et raffiné, du genre à ne pas rater. Et, sincèrement, c’est un peu vrai, l’album m’a conquis, mais je partais avec une bienveillance évidente, je suis Marion depuis tant d’années, depuis qu’elle était un élément fidèle dans bien des coups d’Archie Shepp, en fait.

La question qui se pose n’est pas si importante, mais je m’y risque, peut-on encore parler ici d’un album de jazz ? Voilà, c’est dit, le jazz est là, mais de temps en temps, il rôde parfois, dans le creux d’un solo, une envolée, une réminiscence ou une résurgence… Mais qu’importe si on bascule du côté de la chanson française, c’est que l’évolution de l’artiste l’exige, sans pour autant léser qui que ce soit…

Car on entend quand même quelques pointures made in french jazz accompagnant la vocaliste, Matthis Pascaud, Raphaël Chassin, Christophe Panzani, Simon Tailleu, ils assurent tout comme il faut et avec talent et précision. Deux invités également, Bertrand Belin qui chante en duo sur « De Beaux Dimanches » et Lara Cahen au chant également sur « Canards ».

L’ensemble obéit aux standards de la chanson française, et plutôt vers le haut du panier. Le fil conducteur de l’album se construit autour de « l’oiseau » et son corollaire, « la liberté » à laquelle aspire le monde, il faut la rouerie d’un Bob Dylan pour affirmer que l’oiseau, lui aussi, est enchaîné au ciel…

Sans conteste un magnifique album!

Tangobor


Les mots


De beaux dimanches (feat. Bertrand Belin)


Coulemonde


Oizeau
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 28 mars 2024 03:59

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John Tchicai's Five Points – One Long Minute – (2008)

Né d’une mère danoise et d’un père congolais au Danemark, John Tchicai a étudié le violon, le saxophone et la clarinette, il a suivi des études musicales à l’Académie de Musique de Copenhague. Il rencontre Archie Shepp et Bill Dixon au festival d’Helsinki, les suit à New York et participe au fameux « New York Contemporary Five », puis fonde le « New York Art Quartet » avec Roswell Rudd, rien moins que deux groupes historiques possèdent sa marque !

Bien des années sont passées depuis ces débuts assez incroyables, et John Tchicai a poursuivi sa route, à partir de deux mille un il vit de plus en plus souvent en France, tout en ayant un pied-à-terre à New York. Cet album de deux mille six le voit à la tête d’un quintette, il joue à nouveau du sax ténor qu’il avait un temps abandonné, Alex Weiss joue également du sax ténor, mais aussi de l’alto et des percus, Garrison Farewell de la guitare, des percus et de l’arc musical, Dmitry Ishenko est à la basse et le capé Ches Smith est à la batterie.

Les notes de pochette nous apprennent que l’album a été enregistré après un rodage de seulement deux concerts, pourtant ça tourne rond et sans hésitation. Il faut bien reconnaître que cet album est passé relativement inaperçu malgré ses qualités. Il est à noter que l’on entend le son d’une clarinette basse de temps en temps, sans que personne ne soit crédité sur la pochette, probablement Tchicai…

Le son est vraiment très bon et l’enregistrement est parfait, ce qui nous permet de profiter à plein de ce bel album. Le free du début des années soixante a quitté l’esprit de ces musiciens depuis longtemps, pourtant l’aventure musicale continue à la frontière des genres avec une belle coolitude. Les improvisations sont nombreuses et souvent organisées à l’intérieur de pièces dont l’écriture est largement partagée par les musiciens, si l’on excepte le contrebassiste.

Le plus souvent les prises ont été enregistrées dès la première tentative, tellement les cinq se sont trouvés de suite, presque miraculeusement. Bien sûr on connaît Tchicai et Ches Smith, mais Garrison Fewell est excellent à la guitare, il a d’ailleurs enregistré auparavant en compagnie de Tchicai dont il sera fidèle entre quatre-vingt-seize et deux mille douze, date à laquelle le saxophoniste décéda, sous le soleil de Perpignan…

Venus


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