J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 6 oct. 2021 21:45

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Voici « The Blue Yusef Lateef » un album RCA enregistré en 1968 par le grand multi-instrumentiste. Ici le projet est simple, tenter de retrouver le blues sous différentes formes, tel qu’il a pu exister ici ou là, parfois même, on le verra, dans des cultures assez éloignées.

Pour y arriver Yusef s’est bien entouré, Sonny Red à l’alto, Blue Mitchell à la trompette, Buddy Lucas à l’harmonica, Kenny Burrell à la guitare, Hugh Lawson au piano, Cecil McBee à la basse, Bob Cranshaw à la basse électrique et Roy Brooks à la batterie. Yusef joue du ténor, des flûtes, du koto de Taïwan, des tambours et des percussions diverses.

L’album s’ouvre avec « Juba Juba » inspiré par les « Negro Prison Songs » en provenance des pénitenciers du Mississipi, un titre dédicacé à « Juba » aka William Henry Lane, le plus grand musicien-danseur de cette époque, la pièce est très émouvante, on entend à l’arrière des chœurs qui renvoient aux origines.

« Like it is » est également très réussie, le thème est à la fois simple et mélodique, de ceux dont Yussef possède le secret, un magnifique passage à la flûte suivi par un très beau solo de ténor puis de piano. Un quartet à cordes fait une apparition judicieuse sur cette pièce, lui donnant un aspect mystérieux. L’album commence très fort.

Après « Othelia » et son blues certifié douze mesures arrive « Moon Cup » avec son chant provenant d’un dialecte Philippin, c’est Yussef lui-même qui assure la partie vocale, il joue également du koto, c’est la pièce la plus étonnante ici.

Avec « Back Home » on retrouve une forme plus ancienne car le livret signale qu’il prend racine dans la musique baroque, même si, à l’écoute ça n’apparaît pas évident. La pièce est superbe et les chœurs magnifiques, chantés par « The Sweet inspirations », on remarque le solo à l’harmonica et celui au shehnai.

« Get Over, Get Off and Get On » et sa structure modale manifestent à nouveau un nouvel aspect du blues, alors que les deux dernières pièces retrouvent un aspect plus traditionnel. Cet album est souvent rangé parmi les plus passionnants du musicien, il s’y montre en effet curieux de ses racines, chercheur invétéré, ouvert au monde et aux musiques venues de partout, tout comme Don Cherry qui trouvera sans doute un modèle dans cette démarche initiée il y a bien longtemps par le vénérable Yussef Lateef.

Juba Juba (Remastered)


Like It Is (Remastered)


Moon Cup (Remastered)


Back Home (Remastered)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 7 oct. 2021 10:54

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Voici « Transatlantic Roots » un album du pianiste Bruno Angelini à la tête d’un trio formé de Fabrice Martinez à la trompette, au bugle et à l’électro et d’Eric Echampard à la batterie. Bruno a également composé tous les titres, joue des claviers en général et tripote l’électronique également. Le tout est enregistré aux Studios La Buissonne pour un rendu absolument parfait.

Il y a un projet derrière cet album où chaque morceau est dédicacé à une personnalité étasunienne, Bruno rend hommage aux arts, à la culture amérindienne et aux mouvements sociaux et politiques qui ont marqué « positivement l’évolution de ce pays ». Un magnifique petit livret photographique au format Cd accompagne et illustre chaque titre, les photos sont belles et choisies judicieusement.

Il serait fastidieux de citer chaque dédicace mais en voici quelques-unes qui permettent de s’imprégner de l’atmosphère de l’album, « Pour Billie Holiday, Jeanne Lee et Mal Waldron », « Pour Rosa Parks et le mouvement Afro-Americain des droits civiques », « Pour Sitting Bull et le peuple amérindien », « Pour Jack London et Jim Harrison »…

L’illustration sonore est splendide, les compos déjà qui illustrent chaque thème avec justesse, créant l’émotion qui montre ou suggère, ce point à lui seul justifie amplement le projet. Mais il faut y ajouter l’habileté du trio. Je ne connaissais ni Martinez, ni Eric Echampart mais les deux sont merveilleux, une trompette au son clair, un bugle chaleureux élevant l’interprétation au niveau le plus sensible.

Eric peint avec ses baguettes des lignes et des points avec d’infinies variations qui captent l’attention, son jeu est très aérien, volatile à l’image des plus grands spécialistes de l’instrument. Quant à Bruno Angelini son jeu est central ici, c’est un impressionniste en même temps qu’un romantique, il n’est que d’écouter pour être séduit.

Un remarquable album sorti il y a peu.

David Spike Jim and the Others


Mal's Flowers


Rosa and the Thorns


Transatlantic Roots : A butterfly can save a tree

"A butterfly can save a tree" est un morceau dédié à Julia "Butterfly" Hill qui a passé 2 ans dans un séquoia géant, sans en redescendre, afin de sauver de la destruction une forêt primaire au nord de la Californie.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 8 oct. 2021 04:14

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Il est toujours dans la pile et pourtant je l’ai déjà écouté quatre ou cinq fois, je ne m’en lasse pas, il y a des moments où il devient évident sur la platine, c’est comme ça… il faut dire que Michael Mantler est dans mon panthéon, sans avoir tout écouté de lui j’ai parcouru sa discographie avec assiduité, et cet album se place haut.

Bien qu’il y ait des cordes et une formation classique assez étoffée, seize musiciens me semble-t-il, cet album sonne jazz, les cordes et l’orchestre de jazz, comprendre « avec » et même « ensemble », car c’est un tout remarquable, une fusion réussie, une sorte d’aboutissement pour ce « third stream » dont on parlait tant autrefois !

Michael n’a pas composé sur cet opus, il a rassemblé de vieilles compos qu’il a retravaillées, triturées, arrangées, transformées, jusqu’à ce qu’il soit satisfait, ensuite il est passé par Vienne pour l’enregistrement et les studios la Buissonne pour le mix et la masterisation, pour nous offrir cette petite merveille hors des modes et du temps.

Cinq pièces s’enchaînent, chacune avec son style et sa singularité, mais toutes possèdent en commun ce brillant mélange où jazz et orchestre à corde fusionnent en un seul tout, de façon à réunir tous les instruments autour du même autel, ce hautbois sonne -t-il jazz ou classique, et cette trompette ? cette guitare n’improvise-t-elle pas ?

Le travail d’écriture est cependant remarquable et véhicule un grand nombre d’émotions au fil de l’album, la pureté du son ECM est au rendez-vous, chaque section est très audible. De nombreuses variations stylistiques interviennent et tout est mouvant, bouge, se déplace, on entend en solo particulièrement la trompette de Michael Mantler et la guitare de Bjarne Roupé, mais aussi la flûte et le hautbois.

Un album qui me rappelle que j’ai loupé le « Jazz Composer’s Orchestra Update », je m’étais promis de l’acquérir lors de sa sortie, mais il n’est jamais trop tard…

Folly Suite
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Message par Douglas » sam. 9 oct. 2021 03:13

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Retour vers Yusef Lateef et CTI avec « Autophysiopsychic » un album paru en 1977. Il y a également un invité vedette en la personne d’Art Farmer, un échange courtois de bons procédés puisque celui-ci avait également invité un peu plus tôt le saxophoniste sur son album « Something You Got », toujours sur CTI.

On retrouve ainsi la couleur sonore du label, pas comme sur l’album de Chet avec des cordes, mais plutôt vers de l’électro funk, un choix complètement assumé qui place Yusef aux frontières entre la pop et le jazz, l’objectif est clairement d’aller chercher le public et de plaire au plus grand nombre. Pour autant personne ne vend son âme au diable ici.

Le son est très rond sans trop d’aspérité, les basses sont très en avant, Gary King assure, Eric Gale également, Stevie Wonder n’est pas si loin, c’est plus un très bon album de soul-funk qu’un album de hard bop, très clairement. Il n’est que d’écouter la dernière piste « Sister Mamie » et de la comparer avec celle du « Live at Pep’s ».

Yusef est ici transformé en chanteur sur l’ensemble de l’album, par bonheur il nous régale également de ses solos, ce qui plaira à tous, ténor, soprano, flûte et shahnai se succèdent. Art Farmer au bugle participe également à l’enchantement, il faut également citer le claviériste Cliff Carter et le batteur Jim Madison dont je n’ai pas parlé. Pour être complet il faudrait également parler de Steve Gadd et Alex Blake qui interviennent sur le titre « Sister Mamie ».

Niveau compos il y a cinq titres, pas forcément à prendre au sérieux, pour peu qu’on se laisse aller ça glisse dans l’ensemble plutôt bien, c’est fait pour séduire, bouger et danser, alors pourquoi se priver ? Beaucoup apprécieront ce genre musical qui agrémentera vos soirées fêtes et réceptions, en musique de fond, ou mieux, plus à fond encore, pour la danse et la joie des corps !

Robot Man


Yusef Lateef "Communication" Autophysiopsychic (1977) HQ


Look on Your Right Side


Sister Mamie
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 9 oct. 2021 13:35

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Un peu d’électro et d’ambiant pour ouvrir une autre page. Cet album est sorti au Mexique en 1980 sur un petit label indépendant. Il est ressorti en 2015 chez Wah Wah Record, c’est la version que je possède. Un beau travail de réédition offrant une pochette avec rabat, style enveloppe, elle est également « silk screened metallic », elle brille, quoi … Il y a également un chouette insert et même un sticker !

Vía Láctea, en fait, c'est surtout le compositeur Carlos Alvarado, ici épaulé par les deux invités, Jorge Reyes et Arturo Meza. C’est de l'électro-ambiant avec de temps en temps quelques références à la musique espagnole, impossible de ne pas penser à la vague de Krautrock qui traversa l'Europe avec des références multiples en cette même période, Tangerine Dream et Klaus Schulze en tête.

Carlos Alvarado joue des claviers et de toutes sortes de synthés, mais également du piano, du vocoder et de la flûte, il intègre également des sons par l’intermédiaire d’enregistrements. Jorge Reyes joue également de la flûte, du kalimba, le piano à pouces traditionnel et du tambora. Son apport est essentiel à la couleur de la musique, perso j’apprécie beaucoup quand on l'entend. Arturo Meza joue de la guitare sur la dernière pièce de l’album, « La Alondra Y La Virgen », et ça le fait bien. A noter il y a une « Bonus track » inédite, liée à cette édition, qui suit.

N'hésitez pas à abuser de cette musique cosmique et contemplative, pleine de quiétude et d'optimisme elle possède la force d'une thérapie, relax et cool…Bien qu’il n’y ait que cinq cents copies l’album est facilement trouvable à prix raisonnable…

Vía Láctea - La estructura del universo


Via Lactea - El Jardin de la Presencia Divina


Vía Láctea - Meditación post atómica


Vía Láctea - La Alondra y la vírgen
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 10 oct. 2021 03:54

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Voici une nouveauté sortie il y a très peu, « Suite : Anabasis » de Dominique Pifarély. Elle s’inspire d’ « Anabase » du poète roumain Paul Celan, pour ma part ça ne me parle pas, mais ça donne envie d’en savoir plus.

Cet album est très centré autour des cordes, bien sûr le violon de Dominique, mais aussi le violoncelle avec Valentin Ceccaldi et Bruno Ducret. Il y a également de la flûte de Sylvaine Hélary, les saxophones altos et soprano de Matthieu Metzger, le baryton de François Corneloup, Antonin Rayon au piano et au moog synthé et, pour finir, François Merville à la batterie.

C’est très écrit, très, très. Un gros travail d’écriture, ça se sent, tout est coordonné de façon parfaite, sans hasard, la rigueur a supplanté les impros me semble-t-il. Une impression de musique contemporaine, sans doute à cause d’une certaine distance, un éloignement qui se crée à certains moments, pourtant l’émotion n’est pas inexistante, bien au contraire, mais elle semble programmée.

L’écriture ménage des effets, des temps forts, un lyrisme presque constant, en fait il se passe toujours quelque chose, de la musique à profusion, encore et encore, ça vous emporte même comme sur « Grille de parole » et son intensité dramatique.

L’autre pôle fort c’est la cohésion du groupe, avec ce qui précède on le comprend, mais il n’y a pas d’individualité ici, seul le collectif compte et est crédible, ensemble ils sont paysage, cris, unité, air partagé. C’est à la fois inimitable, fin et délicat, parfois grave et même ombrageux ou encore enlevé, vif et volatile. La dextérité qui s’exprime à chaque seconde s’efface vite derrière l’expressivité de la musique, comme sur « Radix » qui se lâche enfin sous le coup des impros.

Je ne me sens pas particulièrement qualifié pour parler d’une telle musique, mais elle m’enchante, je crois bien qu’elle a aimé ma persévérance, ce mot convient, il fait écho au poème qui évoque les migrations, quand elles sont inévitables, forcées, conséquences de la folie des hommes.

La dernière pièce de seize minutes « Sans bruit, les voyageurs » est la musique d’un film intérieur qui parle à chacun, avec une force terrible, de ces choses-là…

Dominique Pifarély - Suite : Anabasis (teaser)


La ronde


Radix


Grille de parole


Sans bruit, les voyageurs
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 11 oct. 2021 04:02

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Retour vers Chet Baker et plus précisément le « Chet Baker Group » Live in Köln at « The Salt Peanuts Club ». Un sextet en fait, qui comprend Chet à la trompette et au chant, Jon Eardley au bugle, Bob Mover aux saxs alto et soprano, Dennis Luxion au piano, Rocky Knauer à la basse et Burkhart Ruckert à la batterie.

L’album a été enregistré les vingt et un et vingt-deux mai de 1981, il est sorti sur l’excellent label allemand Circle Records, éclipsé bien souvent par ECM, malgré ses qualités, on se souvient des albums avec le tuba trio.

Quatre titres au programme, deux par face, en commençant par « Resonnant Emotions » de Jimmy Heath, une interprétation très be-bop qui consiste en fait en une succession de solos de la part des intervenants. Chet est assis, tout à droite sur la scène, à côté de son compère bugliste, au centre gauche Bob Mover. A l’arrière-plan Dennis Luxion joue sur un piano droit face à un mur, juste derrière Chet. Ce dernier ne peut le voir sans se retourner, le bassiste se tient droit dans le dos de luxion, à côté du batteur. La seconde pièce avance dans un registre identique, « Ray’s Idea » de Fuller et Brown.

« My Funny Valentine » ouvre la face deux avec Chet qui chante, sa voix arrive canal droit, assez difficilement car il est couvert à certains moments par les autres souffleurs, pourtant il y met tout son cœur, la rythmique piano basse batterie le soutient tout en délicatesse, on sent que le respect est bien là. La partie vocale se déroule en deux temps, séparée par un très beau solo de bugle, on regrettera malgré tout la prise de son un peu éloignée et déséquilibrée.

L’album se termine avec « If I should Loose You », un peu plus énervé, Bob Mover se lâche bien, nul doute que l’ambiance « club » est là, elle réussit souvent bien au jazz qui s’épanouit à son avantage dans ces ambiances-là, coude à coude, dans la chaleur et l’étroitesse des lieux, c’est pourquoi, malgré les défauts, on aime bien ce type d'album, qui réchauffe et respire "jazz", quand l’écoute est active, Chet à portée de main, qui joue pour vous, que souhaiter de plus ?

Chet Baker - I Remember You (Salt Peanuts Club 1981)


Chet Baker - My Funny Valentine (Salt Peanuts Club 1981)


If I Should Lose You
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 11 oct. 2021 13:37

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LSD March - Kanashimino Bishounen

Un groupe de la scène underground Tokyoïte formé en 1996 par le guitariste-chanteur du trio Shinsuke Michishita. Ce qui interpelle en premier lieu c’est le nom du groupe : LSD March. On peut penser qu’ils sont amateurs de trips, de Pyr ou de buvards… sans doute, c’est un milieu où circulent les acides ouvrant les voies des paradis artificiels, mais ce serait une erreur de s’arrêter là. La véritable référence qu’il faut évoquer pour comprendre le choix de ce nom, c’est le titre d’une œuvre du groupe de Krautrock, Guru Guru : Der LSD Marsch provenant de l’album UFO, sa première référence discographique sortie en 1970.

Celui-ci est un album psychédélique par excellence, on peut même parler de psyché-folk avec une goutte de noise, mais ici pas de Flower Power, c’en est plutôt l’image inversée, il y a quelque chose de noir et de désespéré dans ce que l’on entend, ça sent la fin, le bout du chemin…

C’est un album pourtant romantique, mais côté poètes maudits, en négatif comme le suggère le verso de la pochette, ou, pire encore, le recto avec cette image mortuaire où les fleurs, si elles finissent dans un vase, c’est qu’il sera funéraire.

Ici les distorsions de la guitare cisaillent et arrachent les cœurs, ça grince et ça couine, pas de demi-mesure au pays du Soleil Noir, on se vautre dans le low-fi un peu crade et on exacerbe ses sens en se torturant les méninges… L’autre guitare, plutôt basse lourde et répétitive, c’est Masami Kawaguchi qui la tient. La batterie au son plat, sec, minimaliste est bien calée dans le fond, entre les mains d’Ikuro Takahashi.

La voix, quand elle arrive après quelques convulsions, est lointaine et caverneuse, elle se traîne au milieu de ce désastre lamentable. Les titres reflètent l’ambiance, « When I Die, Hell Awaits » qui ouvre l’album, suivi par « Black Bouquet » pour finir la face une, sur une touche un rien plus gaie : les fleurs ça fait toujours plaisir.

« Gloomy Adonis » qui ouvre la seconde face, déchiré et poignant, finira de vous enlever toute trace d’espoir, s’il en restait encore un peu, direction le grenier avec la corde et le tabouret qui va bien. Puis c’est l’heure de se quitter, donc. En écoutant « Clepsydra Flames », la dernière pièce.

Bon, sans rigoler, j’aime bien ce truc, je l’ai réécouté car « An'archives » vient de déterrer un album du groupe et je suis curieux d’entendre ça !

LSD March: Kanashimino Bishounen LP - When I Die, Hell Awaits


LSD March - Black Bouquet


LSD March - Gloomy Adonis


LSD March - Clepsydra Flames
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 12 oct. 2021 04:28

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Et voici Marc Ribot en solo, un album de 2010 sorti jusqu'alors en Cd, il revient dans l’actualité car une édition vinyle vient de paraître sur le label PI Records, « Made In Czech Republic », et ce « Silent Movies » a bonne réputation, l’occasion pour moi de rattraper mon retard !

L’album est arrivé il y a peu et le désenchantement fut grand, bon là je vous fais part de ma vie de consommateur, mais vous pouvez sauter jusqu’au paragraphe suivant si vous préférez : juste après l’ouverture le vinyle ne voulait pas sortir, collé à la sous-pochette de basse qualité, avec un système de mouchoirs en tissu j’ai réussi à l’extraire. Ensuite, j’ai écouté la première face, un bruit gênant, continuel, tout au long de l’écoute dans le canal droit, l’album est neuf, reçu sous cello et la qualité mérite un VG-. Vingt boules c’est sûr, mais surtout la déception, le désenchantement, l’incapacité d’écouter autre chose que ce grésillement avec le casque sur les oreilles…

C’était hier, aujourd’hui, midi, je me risque à la face B, c’est correct. Fort heureusement un fichier bandcamp est joint, il présente aussi l’avantage d’être complet, car le vinyle contient deux titres en moins. Mon conseil, car l’album est beau, magnifique même, achetez le Cd !

On se souvient peut-être de l’album « Exercices in Futility » sorti en 2008 sur Tzadik, ce dernier ressemblait à une démonstration technique à couper le souffle, brillante mais sans doute un peu froide, en comparaison « Silent Movies » pourrait en être l’antithèse, tout en émotion et sans démonstration.

Ces bandes-son de films muets sont simples et naturelles, sur « Flicker » on entend même au loin le bruit de véhicules qui passent en toile de fond, nous plongeant directement dans des paysages extérieurs, bucoliques, la guitare sèche semble s’agréger à la nature, la célébrer et l’enchanter. C’est Keefus Ciancia qui intervient en fait avec des bandes magnétiques pour créer ce sentiment de Field Recording…

Marc Ribot se livre ici à un exercice qui n’est pas sans risque, le fabuleux technicien qu’il est se départit de ses atouts pour se livrer nu avec sa « six cordes », en prise direct, d’ailleurs l’album se bouclera en moins de trois jours. N’oublions pas qu’il s’agit d’une bande-son pour films muets qui nous plonge, nous, simples auditeurs, en aveugles potentiels puisque le film, c’est à nous de le construire, de le bâtir, ou de laisser vagabonder sa pensée en errance, portée par la seule vie de cette musique qui bat et qui vibre.

Les titres sont déjà un scénario ou un film, comme « The Kid » ou « Sous le Ciel de Paris » ou bien encore « Fat Man Blues » dont le traitement par Ribot est si descriptif qu’il laisse finalement peu de place à l’imagination.

Il me semble que cet album ne peut que plaire à tous, même au format wav.

Marc Ribot - "The Kid"


Marc Ribot - Flicker


Fat Man Blues - Marc Ribot


Sous Le Ciel De Paris - Marc Ribot
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » mar. 12 oct. 2021 15:51

il n'y a pas que le groupe tokyoïte qui a abusé du LSD, Douglas, toi aussi en le mettant ici dans jazz, comme d'autres peu avant. Ou alors dans un sens aussi large que les portes de Tannhäuser...

Plus jazzy, crossover, que jazz, l'Ahmed Jamal de Jamalca, '74)
C'est soulful, bon pour un cocktail chez mademoiselle, on croit entendre tinter les verres de Martini par moments. On pense à ce que faisait à la même époque Bob James. Tapis groove, et instrus laid-back, quelques cordes et chœurs. Le morceau qui termine l'album est une des plus chansons du monde, M*A*S*H, Suicide is Painless".
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 12 oct. 2021 17:39

Bebeto a écrit :
mar. 12 oct. 2021 15:51
il n'y a pas que le groupe tokyoïte qui a abusé du LSD, Douglas, toi aussi en le mettant ici dans jazz, comme d'autres peu avant. Ou alors dans un sens aussi large que les portes de Tannhäuser...
Tiens c'est marrant justement je viens d'écrire ça en début de soirée:

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Je reprends le fil avec LSD March, comme il n’y a pas trop de retour il est difficile pour moi de savoir ce que vous en pensez, d’autant que la parenté avec le jazz est extrêmement ténue et même quasi inexistante, si ce ne sont ces impros qui dévastent. Voici donc « The Night » qui déboule en vinyle armé de ses quatre cents exemplaires, sur Discogs ils rangent ça côté Psychedelic Rock, ah bon ?

On retrouve deux membres du trio qui officiaient sur « Kanashimino Bishounen », Shinsuke Michishita qui chante et joue de la guitare, en compagnie du batteur Ikuro Takahashi, et c’est tout. Nous sommes le vingt-cinq février deux mille huit et côté renseignements ça s’arrête à peu près là. L’album ne ressemble que de loin à K. Bishounen, ce qui est assez dommage.

L’ambiance est plutôt noise ici, beaucoup de bruits, de larsen et de distorsion, des effets à n’en plus finir en fait, il semble y avoir un relatif retour au calme en début de face deux où le batteur Ikuro Takahashi semble jouer comme un métronome, délivrant un rythme répétitif assez puissant pour qu’il s’impose tandis que monte autour le bruit des machines. Un album de nuit, annoncent les titres, d’obscurité et de tempêtes sombres et infernales, avec des montées en puissance qui succèdent à des secrets qui se susurrent.

Ce genre d’album, pour être réussi, se doit d’être excessif, sans quartier, et, dans une certaine mesure, de savoir jouer avec les nerfs de l’auditeur, ici c’est sans doute un peu trop glaçant me semble-t-il, il manque la chaleur de la machine, celle-ci est bien présente, elle broie, détruit et dévore, mais décidément trop inhumaine, où sont les feux de l’enfer et l’odeur putride des âmes des damnés occis dans le ventre boursouflé de la matrice ?

La réponse tient peut-être dans ce final peut-être optimiste, mais rien n’est garanti.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » mar. 12 oct. 2021 17:47

Oui, j'ai oublié de dire que j'aimais bien. Il faut que je creuse un peu, en en écoutant un peu plus. Intéressant, dès que j'ai un peu de temps, je me mettrai à (et non au) LSD.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 13 oct. 2021 15:59

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Retour vers la sélection de Free Jazz Manifesto pour «Prayer For Peace » un excellent album composé par Trevor Watts au sax alto, Jeff Clyne à la basse et John Stevens à la batterie, sur le dernier titre « Prayer For Peace », Barry Guy remplace Jeff Clyne. L’album original est sorti en 1969, un album de la grande époque pendant laquelle le « Spontaneous Music Ensemble », où jouaient également Trévor Watts et John Stevens, représentait le jazz innovant des îles Britanniques.

Mon exemplaire, dont la photo est représentée ci-dessus, ne possède pas la luxuriance psychédélique de la pochette originale, mais le prix est abordable et il ne reste que quelques exemplaires vinyles chez l’éditeur, NoBusiness Records, dont je vous parle assez souvent, il le mérite bien.

Sur cet album la magie opère d’entrée avec ce titre extraordinaire « Tales Of Sadness », une emprise au bout de trois notes qui vous emmène au bout du titre, il y a quelque chose de coltranien ici, je n’use pas facilement du compliment, mais ici ça me semble justifié. Pourtant ce n’est pas dans le timbre, d’ailleurs le sax est différent et nous sommes en trio, peut-être dans le phrasé et probablement dans ce sentiment de « quête » propre à la démarche du géant.

Je n’insiste pas plus, mais nous sommes face à un grand album, peut-être un de ces essentiels dont parle l’un des sages de notre forum. Le titre qui suit est une suite en trois parties, dont la première est sise face une « Judy’s Smile I », un titre plein encore, avec la basse de Jeff Clyne, ronde, ample, centrale qui occupe l’espace d’une façon si évidente qu’il n’est nul besoin de complément à ce trio.

John Stevens commente avec autorité, joue des caisses et des cymbales avec une finesse incroyable, il sait être léger et son « toucher » ressemble à du grand art. Le second volet de la suite ouvre la face B, on y retrouve un très grand calme qui prend forme et force au fur et à mesure de l’avancée de la pièce, jusqu’à retrouver ces accents de « spiritual music » qui habitent la première pièce de l’album, même si la note est plutôt contemplative, elle s’enflamme dans la troisième partie.

La dernière pièce avec Barry Guy à la basse possède quelque chose d’Aylerien, le feu et la beauté sans doute, mais sans le déchirement, remplacé ici par un sentiment de contemplation, quelque chose de presque religieux qui se cache dans la basse de Barry, de quoi finir en beauté ce « Prayer For Peace » qui mérite ainsi son nom.

Prayer for Peace (1969) - Amalgam (Full Album)

1. Tales of Sadness (00.00)
2. Judy's Smile I (14:33)
3. Judy's Smile II (24:29)
4. Judy's Smile III (34:39)
5. Prayer For Peace (43:20)

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » mer. 13 oct. 2021 17:50

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Ronny Jordan-Light to Dark (1996)


Un album de Ronny Jordan, guitariste de son état, qui officiait dans un style dont on parle peu: l'acid Jazz. Chez nous on connait surtout Jamiroquai comme représentant du courant. Apres on peu se poser la question de savoir si c'est vraiment du jazz vu que ca mélange le jazz, la soul, le disco et le hip-hop.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » jeu. 14 oct. 2021 05:26

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Jim Hall-Concierto

Album sorti en 1975 chez CTI. 4 morceaux sur l'album, deux compositions de Jim Hall placé au milieu de l'album qui commence avec le You'd Be So Nice to Come Home To de Cole Porter et qui termine avec le Concerto de Aranujuez, qui vient donner son titre à l'album.

Le casting est 4 étoiles avec Jim Hall à la guitare, Chet Baker a la trompette, Paul Desmond echappé du Dave Brubeck Quartet (même s'il a aussi une carrière en leader et une carrière en sidemen chez d'autres artistes) au saxophone, Roland Hanna au piano, Ron Carter a la contrebasse et Steve Gadd à la batterie


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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 15 oct. 2021 04:47

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Encore une nouveauté de la part de William Parker avec « Painters Winter » récemment sorti. William ne joue pas seulement de la basse mais également du trombonium, une sorte de petit trombone, ainsi que du Shakuhachi. Il est entouré de Daniel carter à la trompette et aux saxs alto et ténor ainsi qu’à la flûte et à la clarinette, pour soutenir tout ça le grand Hamid Drake veille avec sa batterie, du beau monde ici !

Pourtant, autant vous le dire de suite, la véritable nouveauté pour cette année concernant William Parker ne se trouve pas ici, c’est « Migration Of Silence » un coffret en dix Cds, une œuvre exceptionnelle que je grignote petit à petit, et qui se profile comme étant possiblement la plus importante sortie de cette année pour ce qui touche au jazz.

Mais revenons à notre vinyle auquel est joint un fichier de téléchargement qui permettra d’obtenir un titre supplémentaire « A Curley Russell » qui figure sur le Cd, ne pas hésiter à contacter le label si difficulté, vous aurez accès à la page bandcamp, je le précise car il y a une « merdouille » et le voucher est obsolète. L'album succède à "Painter's Spring" sorti en l'an deux mille par ce même William Parker Trio .

Côté musique c’est du tout bon, mais on s’en doutait vu le personnel, c’est cependant différent de « Mayan Space Station » qui était un peu à part, ici on retrouve un climat plus en rapport avec le jazz, on remarquera la grande variété des couleurs, liée à l’utilisation de nombreux instruments différents au fil de l’album. Les vents font la farandole et s’exposent avec fierté dans leurs diversités.

Hamid Drake est égal à lui-même, un druming très équilibré, maîtrisé à la perfection avec une très grande délicatesse, il n’est que d’écouter « Painted Scarf » où il nous offre une grande leçon de sensibilité et de retenue, entre shakuhachi et clarinette.

Encore une magnifique sortie de la part du plus prolixe des musiciens !

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 25 oct. 2021 04:22

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Il joue depuis tant d’années, avec ce son de trompette immédiatement identifiable, comme une signature, la marque des grands dont il fait partie, c’est certain. Pourtant les tirages ne sont pas énormes et sa notoriété baigne dans un clair/obscur, entre ombre et lumière, jamais tout à fait sorti de l’underground. Son nom circule de bouche à oreille, un chuchotement persistant qui en fait une sorte de héros. Ne comptez pas sur lui pour se Maaloufer, ce gars est d’une autre trempe !

Un album d’amis, froid à l’extérieur et chaud dans le dedans, c’est souvent comme ça avec Jac, et sa trompette, et sa voix. David Fenech fait partie des compagnons de route, de la famille même, il joue de la guitare, fait entendre également la voix mais surtout des synthés et autres engins électro, du field recording également. Le troisième larron c’est Jason Willett, un type de Baltimore, la ville qui clapote mais qui vibre encore, il joue de la basse, mais avec un élastique, et aussi du Cocoquantus, un synthé en bois.

Deux reprises ici, géniales mais sans ostentation, c’est la marque de fabrique, « Fever » l’immortel classique et « The Overload » de Byrne et Eno, la classe, toujours. « Christmas in Mars » se découpe en trois parties qui sillonnent l’album et lui donnent son titre, des paysages sonores qui s’étirent et s’effilochent, sans début et sans fin, et même sans queue ni tête, juste tourner la page, dessiner des traits et des points, tracer et parapher… Et puis l’invité pour le dernier titre, Vincent Epplay, un autre membre de la famille qui arrive avec ses bandes magnétiques pour participer au final, sur « Cocoquanthusiastic »

Tout ça s’est enregistré à Paris, en un jet, quand on peut c’est mieux. Par contre les labels qui sortent l’album sont américain, "Megaphone" et "Knock Em Dead Records", du coup le vinyle n’est pas arrivé trop vite par ici, mais je le guettais du coin de l’oreille...

Jac Berrocal, Jason Willett, David Fenech - Cocoquanthusiastic
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 26 oct. 2021 05:53

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Voici le tout dernier Theo Croker, « BLK2LIFE//A Future Past », derrière le titre se cache l’idée du « Carpe Diem » qui plaît tant aux ados, le futur n’existe pas encore et le passé est révolu, reste le présent dont il faut profiter. Oui, Theo nous offre une magnifique bande-son pour « cueillir le jour » …

S’il fallait trouver des références pour décrire cette musique il faudrait piocher dans la toute dernière période de Miles Davis, y ajouter ou accentuer avec du rhythm’n’blues, du hip-hop et du funk, en faire une sorte de mix, de mélange savant et on pourrait obtenir cet album décidément fait pour plaire avant tout, d’ailleurs il ne manque pas de qualités.

Pour le reste la pochette est assez révélatrice et accrocheuse, dessinée par un artiste japonais, avec une collection de références plus ou moins digérées, l’Egypte Antique fait bien l’affaire, une façon de faire référence à Sun Ra, Horus, le troisième œil, le scarabée sacré, la transformation de la chenille en papillon, etc… Je n'y vois pas de véritable profondeur mais plutôt une façon d’hameçonner le chaland.

Il y a quand même du gros boulot sur cet album, il faut bosser pour plaire et l’album transpire. Le travail est très bien fait, méticuleux même, le savoir-faire est considérable et le résultat à la hauteur de l’attente. De belles mélodies, des rythmes chaleureux, la trompette est virtuose et la production est aux petits oignons.

Le saxophoniste Gary Bartz est présent et une pléiade de vocalistes que je ne connais pas mais qui assurent bien, la couleur est très jazz-fusion-pop et beaucoup prendront plaisir à écouter cet album dont le secret se tient caché dans une complexité non apparente, la musique coulant comme du bon miel, gageons qu’il sera un succès et ce ne sera pas démérité !

Soul Call || Vibrate


Theo Croker - Happy Feet (for dancers) (Official Video) ft. Malaya


Hero Stomp || A Future Past


State Of The Union 444 || BLK2THEFUTURE
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 27 oct. 2021 04:03

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Lui aussi distribué au rayon « jazz » le dernier album de Jon Batiste s’inscrit dans une lignée assez proche de l’album de Theo Croker, mais il accentue encore le trait. Jon est pianiste, compositeur et chanteur, il ouvre grand son art à un mix savant de tout ce qui rassemble la musique noire, ainsi il embrasse à la fois le jazz, la soul, le funk, le hip hop, la pop, le rhythm’n’blues et le gospel, je pense qu’il n’oublie rien, son terrain de jeu est sans limite, blues, ballades et chansons fleurissent sans tabou, tout va.

Quincy Jones lui-même adoube l’artiste dans les longues notes qui figurent à l’intérieur de l’album, l’inscrivant sans ambages dans l’histoire de la musique noire : « One of my favourite things about Jon is that he understands the importance of studying his roots and paying homage to those who came before him. » Il faut également inclure les références au label « Motown Records » avec tout ce qu’il contient de musique populaire, et bien souvent Stevie Wonder, Prince, ou Marvin gaye ne sont pas bien loin !

Le format chanson préside ici, les titres durent le plus souvent entre deux et quatre minutes. Chacun appréciera, comme sur le Theo Croker, le travail au niveau des arrangements et de la production, c’est fignolé jusque dans les moindres détails. La liste des invités et des participants est également impressionnante. A noter la présence du tube "We are" et d'une seconde interprétation en fin d'album, le "Montmartre Remix" en français.

Cet ensemble si parfait peut faire penser parfois à un produit manufacturé bien étudié, genre taillé pour passer sur MTV, mais ne soyons pas mauvaise langue, car le talent est là, il semblerait même qu’il soit également excellent danseur, c’est ainsi, les fées sont parfois bienveillantes du côté de la Nouvelle Orléans, en Louisiane.

We Are (Official Audio) - Jon Batiste


Jon Batiste - WHATCHUTALKINBOUT (Visualizer)


Jon Batiste - CRY (Lyric Video)


Jon Batiste - I NEED YOU
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 28 oct. 2021 04:47

Un petit retour vers espace velocity de Theo Croker!
Douglas a écrit :
sam. 14 déc. 2019 08:33
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Petit à petit Theo Croker s’est fait un nom dans le monde du jazz, sa discographie s’enrichit lentement mais sûrement. « Espace Velocity » sorti en 2016 est son quatrième album, il a également sorti un album cette année mais je ne l’ai pas encore écouté. Théo me fait l’impression d’un « gentil musicien » en ce sens qu’il s’inscrit parfaitement dans la tradition de la musique jazz. D’ailleurs il l’a étudiée, je suppose qu’il était brillant, à l’écouter il est difficile d’en douter.

Mais ce n’est pas tout, c’est également un musicien parfaitement moderne, utilisant toutes les techniques actuelles de traitements des sons, son bagage est donc énorme et la « fusion » qu’il crée est celle de la musique d’hier avec celle d’aujourd’hui, l’histoire rencontre l’actualité, il jouit d’ailleurs d'un succès parfaitement mérité.

Trompettiste, je ne peux m’empêcher de le comparer à Ambrose Akinmusire que j’aime également beaucoup, pourtant il me semble moins austère, sans doute plus léger, tout en partageant avec Ambrose une grande créativité qu’il démontre dans l’écriture des compositions qui sont toutes magnifiques et très faciles d’accès.

Anecdote : Les riffs qui introduisent le titre « It’s Gonna be Allright » sont d’ailleurs devenus très connus des amateurs de la chaîne « Stingray Djazz » qui les diffuse quotidiennement dans ses spots sonores.

It's Gonna be Alright


Because of You


Transcend


This Could Be (For The Travelling Soul)
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