J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 1 déc. 2021 05:46

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Les premières notes du guimbri qui ouvrent « Descension (Out Of Our Constrictions) », interprété par la « Natural Information Society », nous emmènent vers un long voyage, sans véritable pause, pendant une traversée de soixante-quinze minutes, hors du temps et des mesures humaines communément admises.

L’album existe en vinyle, avec quatre faces et donc quatre étapes qui hachent le voyage, mais sur le Cd, bien que ces marques du temps soient répertoriées, aucun arrêt ni aucune pause n’entravent ce long parcours où la transe vous transportera dans un au-delà hors de vous-même, pour peu que vous le décidiez, rien à faire véritablement, juste resté connecté à la magie de la musique.

C’est encore Josh Abrams le maître à jouer ici, compositeur et joueur de ce guimbri si envoûtant, il joue au « Cafe Oto » de Londres en juillet deux mille dix-neuf, l’album est tout frais et vient à peine de sortir, à son écoute on se croirait au milieu d’une cérémonie shamanique…

Lisa Alvarado joue de l’harmonium et des effets, Mikel Patrick Avery est à la batterie, métronome hypnotique, Jason Stein joue de la basse clarinette et, comme nous sommes à Londres, il y a ici un invité très spécial, le grand Evan Parker au saxophone soprano.

Les connexions entre les musiciens sont telles que nous sommes pris par la main dans un voyage de babas bien barrés, tout coule, tout va, tout part. Juste se laisser partir et lâcher les freins, s’abandonner à la musique et se laisser dériver, tout est en place, le bourdon, les rythmes élastiques qui soulèvent, la clarinette basse et le soprano qui s’enchevêtrent et vous font tourner la tête …

Je vous ai parlé il y a deux ou trois pages de cela de « Mandatory Reality » qui datait d’un concert de deux mille dix-sept, je crois bien que celui-ci est encore plus phénoménal du simple fait de sa durée. Il me semble que des albums comme celui-là, on en rêve, mais on ne sait pas toujours où les trouver, et bien la réponse proposée par la « Natural Information Society featuring Evan Parker » est l’une des meilleures qui soient !

Natural Information Society with Evan Parker-descension(Out Of Our Constrictions) Full Album
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 2 déc. 2021 04:47

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En fouillant un peu dans les Cds en attente, je tombe sur « Heaven And Earth Magick » de John Zorn, avec sa belle pochette, un album paru fin mars de cette année qui s’est glissé la nuit, pendant mon sommeil, au bas de la pile. C’est vrai, il a du caractère, un véritable Zorn, parfait dans son exécution, impressionnant dans sa mise en place, mais n’est-il pas trop savant, trop écrit, trop technique ?

Parfois la virtuosité, en même temps qu’elle éblouit, accouche d’une musique un peu froide et aseptisée, avec cet album, John Zorn va couper la poire en deux. Il dirige et choisit deux incroyables musiciens qui auront la charge d’une partie entièrement écrite, comme s’il s’agissait de musique classique, Stephen Gosling au piano et Sae Hashimoto au vibraphone, leur participation est très virtuose, virevoltante, on en prend plein les oreilles !

Pourtant John Zorn, adepte des surprises, ou des contradictions, ou peut-être à la recherche d’un improbable équilibre va introduire, à quantité numérique égale, deux autres musiciens qui vont, eux, devoir improviser ! Ce seront le bassiste Jorge Roeder et le batteur Ches Smith, ce dernier est coutumier de l’univers Zornien.

Le challenge paraît, sur le papier, démesuré. J’avoue ne pas connaître le bassiste péruvien Jorge Roeder, mais je me dis qu’il faut être balaise à son instrument pour se lancer dans une telle aventure. D’un autre côté John Zorn n’est pas homme à se lancer comme ça, sans assurance, bien que lui aussi se plante un peu, parfois, mais plutôt très rarement, tout de même.

Et bien, en fait, tout ça fonctionne bien, la rythmique se coule avec un incroyable culot dans le projet et, à l’écoute, il est difficile de déceler quoi que ce soit, le jazzman est habitué à se glisser dans ce genre d’exercice, parfois de soutenir un standard dont il n’a qu’une vague idée, sinon une succession d’accords, tous ces musiciens sont incroyables et savent s'adapter avec habileté aux circonstances et soulever n'importe quel challenge, c'est juste là le rôle voué à l'improvisateur, il fait le boulot!

Mais le véritable enjeu de départ était de « dégeler » la musique écrite, très pensée et organisée, qu’en est-il vraiment, arrivé au bout du parcours ? Et bien ce qui frappe en premier c’est l’énorme densité de la masse sonore au travers des compositions, bien que nous soyons désormais habitués aux facéties zorniennes, aux contrepieds dans sa musique, aux changements brusques de rythmes, aux accélérations soudaines et aux silences inopinés.

Toute cette dramatique est bien présente ici, cela fonctionne bien sûr, mais ne surprend plus comme autrefois, il reste bien cette perfection dans l’exécution, celle d’un bateleur surdoué qui connaît ses tours jusqu'au bout des doigts, mais l’album, hélas, ne bouleverse pas, bien qu’il subjugue encore, et que l’on continue à admirer l’artiste, au travers de la précision de l'exécution, car Zorn est présent et dirige, jouant des signes et des regards. Il faut souligner également la sortie du deuxième coffret des « Bagatelles » qui est paru le mois dernier !

Concernant la version live youtube, elle est différente de la version enregistrée, il n'y a pas d'intro sur l'enregistrement Cd et Ches Smith est ici remplacé par Tyshawn Sorey, le concert dure une dizaine de minutes de plus que sur la version Cd!

John Zorn - Heaven and Earth Magick (Live in Brooklyn 2019) [FULL SET]
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Message par nunu » jeu. 2 déc. 2021 16:27

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jean Philippe Fanfant-Since 1966 (2021)

C'est pas mal du tout cet album de jazz qui brasse plein d'influences. jean Philippe fanfant vient d'une famille de musicien, lui a choisi la batterie. Il a tournée avec Angelique Kidjo et avec plein d'artistes de variété francaise et il était jusqu'a cette année le batteur de The Voice apres avoir été celui de la Nouvelle Star. C'est son premier album studio en leader


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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 3 déc. 2021 05:44

nunu a écrit :
jeu. 2 déc. 2021 16:27
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jean Philippe Fanfant-Since 1966 (2021)

C'est pas mal du tout cet album de jazz qui brasse plein d'influences. jean Philippe fanfant vient d'une famille de musicien, lui a choisi la batterie. Il a tournée avec Angelique Kidjo et avec plein d'artistes de variété francaise et il était jusqu'a cette année le batteur de The Voice apres avoir été celui de la Nouvelle Star. C'est son premier album studio en leader

Un garçon qui a l'air bien sympathique, il ne lui manque que la tulipe!
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 3 déc. 2021 05:50

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Voici un double Cd en provenance de « RogueArt », c’est millésimé 2021 et on y entend le Judson Trio, dont on a déjà parlé ici. Cette formation est composée par Joëlle Léandre à la basse, Mat Maneri au violon alto et Gerald Cleaver à la batterie et aux percussions. La suite s’est déroulée juste avant le premier confinement…

Le Cd se décompose en deux parties, le Cd1 live aux « Instants Chavirés » de Montreuil, épisode deux mille vingt, ainsi qu’un autre concert au dix-neuf rue Paul Fort à Paris. L’autre Cd est enregistré cinq jours plus tard au studio Sextan La Fonderie à Malakoff, on ne quitte pas la région parisienne.

Sur la performance live une pièce est découpée en huit parties, chacune est suivie d’un chiffre, de un jusqu’à huit, « Wild Ligtness #1 » ouvre le Cd et « Wild Lightness #8 » le conclut. Ici l’improvisation est reine, les jeux sont ouverts et les possibilités infinies. Ce sentiment d’ouverture n’anticipe pas du tout ce qui va suivre, le repli sur soi et l’enfermement qu’engendrera le confinement, c’est un peu comme si les dernières flammes de la liberté, de la joie de jouer, de vivre et de créer éclatent encore ici, le dernier souffle de la beauté avant le long crépuscule.

Pour autant l’interaction entre les musiciens est également vectrice de tension, pour que naisse l’énergie, cette combustion qui se forme entre les trois, passe par des connections invisibles bien à l’œuvre ici. L’alto et la basse dialoguent finement ensemble tandis que Gerald Cleaver, l’homme de Détroit apporte la carburation en utilisant les peaux et les percussions.

La progression se fait par palier, par étapes, on progresse, on explore et on suit un chemin initié par un des trois. Ainsi les pièces sont relativement courtes, entre quatre et onze minutes, ce qu’il faut pour autoriser la progression.

La partie en studio se situe sur le second Cd, les pièces sont au nombre de dix, de « Bright Dance #1 » à « Bright Dance #10 ». Trois pièces sont en trio et d’autres en duo, on remarque le jeu tout en nuances de Gerald Cleaver, un toucher délicat et impressionniste idéal complément de celui de Joëlle, plus incisif, voire réaliste, son jeu à l’archet est vraiment remarquable et offre une plénitude rarement atteinte sur l’instrument.

Mat Maneri, l’homme de Brooklyn est le plus discret en ces lieux, sa voix se fait entendre avec une certaine parcimonie, une sorte d’économie qui attire l’oreille lorsqu’elle se manifeste. Ce second album de la formation est extrêmement brillant, dans la lignée du premier effort et conforte les amateurs de Joëlle de la suivre dans ses multiples aventures discographiques.

Joëlle Léandre, Mat Maneri, Gerald Cleaver: JUDSON TRIO "WILD AND BRIGHT"


Léandre, Maneri, Cleaver 3
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » ven. 3 déc. 2021 06:05

Douglas a écrit :
mer. 1 déc. 2021 05:46
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Les premières notes du guimbri qui ouvrent « Descension (Out Of Our Constrictions) », interprété par la « Natural Information Society », nous emmènent vers un long voyage, sans véritable pause, pendant une traversée de soixante-quinze minutes, hors du temps et des mesures humaines communément admises.

L’album existe en vinyle, avec quatre faces et donc quatre étapes qui hachent le voyage, mais sur le Cd, bien que ces marques du temps soient répertoriées, aucun arrêt ni aucune pause n’entravent ce long parcours où la transe vous transportera dans un au-delà hors de vous-même, pour peu que vous le décidiez, rien à faire véritablement, juste resté connecté à la magie de la musique.

C’est encore Josh Abrams le maître à jouer ici, compositeur et joueur de ce guimbri si envoûtant, il joue au « Cafe Oto » de Londres en juillet deux mille dix-neuf, l’album est tout frais et vient à peine de sortir, à son écoute on se croirait au milieu d’une cérémonie shamanique…

Lisa Alvarado joue de l’harmonium et des effets, Mikel Patrick Avery est à la batterie, métronome hypnotique, Jason Stein joue de la basse clarinette et, comme nous sommes à Londres, il y a ici un invité très spécial, le grand Evan Parker au saxophone soprano.

Les connexions entre les musiciens sont telles que nous sommes pris par la main dans un voyage de babas bien barrés, tout coule, tout va, tout part. Juste se laisser partir et lâcher les freins, s’abandonner à la musique et se laisser dériver, tout est en place, le bourdon, les rythmes élastiques qui soulèvent, la clarinette basse et le soprano qui s’enchevêtrent et vous font tourner la tête …

Je vous ai parlé il y a deux ou trois pages de cela de « Mandatory Reality » qui datait d’un concert de deux mille dix-sept, je crois bien que celui-ci est encore plus phénoménal du simple fait de sa durée. Il me semble que des albums comme celui-là, on en rêve, mais on ne sait pas toujours où les trouver, et bien la réponse proposée par la « Natural Information Society featuring Evan Parker » est l’une des meilleures qui soient !

Natural Information Society with Evan Parker-descension(Out Of Our Constrictions) Full Album
:super:
Merci Douglas

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 3 déc. 2021 14:55

Piranha a écrit :
ven. 3 déc. 2021 06:05

:super:
Ah! Oui, il est bien celui-là !
:hello:
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » ven. 3 déc. 2021 17:45

Suis je bête, c'est sur Aguirre records
J'avais vu passer le disque mais comme j'avais un avis mitigé sur les deux précédents Joshua Abrams, je n'avais pas poussé l'affaire à l'écouter

:jesors:

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Message par Douglas » sam. 4 déc. 2021 04:58

Tu confuses.
:hehe:
Modifié en dernier par Douglas le sam. 4 déc. 2021 07:38, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 4 déc. 2021 05:13

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Afin de continuer dans la longue série des sorties 2021, voici « British Conversations » un album live, enregistré par la « Radio Suédoise », le vingt-sept février mille neuf cent soixante-quinze à la « Kulturhuset » de Stockholm. Cet album est paru pour commémorer le dixième anniversaire du décès du bassiste et chef d’orchestre britannique, Graham Collier.

Cette suite est inédite, c’est le label « My Only Desire Records » qui sort ce double album vinyle limité à cinq cents. Cependant le double LP est assez court, à peine cinquante minutes, il n’y a que trois faces, dont la seconde qui dure onze minutes et trente secondes, mais qu’importe la durée, si le contenu est de qualité. Il existe une version Cd à moindre coût.

Graham Collier est arrivé, accompagné par deux musiciens solistes, Harry Bechet qui joue de la trompette ainsi que du bugle et Ed Speight qui est guitariste, mais il dirige le grand orchestre du « Swedish Radio Jazz Group » qui contient la fine fleur du jazz suédois, quinze musiciens regroupés en sections, une belle machine de guerre, dira-t-on en même temps que de s’excuser pour ces termes guerriers.

Le thème de l’album, « British Conversations » tourne autour de la météo, du temps qu’il fait, une conversation courante pour nos voisins britanniques coutumiers des ciels bas et du soleil souvent caché, de la pluie fine et du brouillard épais. Ainsi le thème d’ouverture se nomme « Red Sky In The Morning », suivi par « Clear Moon », puis « Halo Round The Sun », avant « Red Sky At Night » et « Mackerel Sky » qui conclut l’album… Le ciel dans tous ses états !

Graham Collier était un fameux musicien, on retrouve ici son goût pour les suites, les arrangements bien foutus, assez souvent il tendait une oreille vers le rock ou l’électricité, ici la guitare d’Ed Speight est une bénédiction. Souvent les mélodies sont avenantes, prétextes à de beaux solos, il a su toujours bien s’entourer, avec les plus grands.

Alors ici sans doute n’atteignons-nous pas les sphères de « Darius » ou de « Down Another Road », mais l’album est tout de même bien foutu, on retiendra « Halo autour du soleil », resplendissant, « Ciel Maquereau » très bluesy ou « Lune claire » une ballade pleine de lyrisme.

Halo Round the Sun


Clear Moon


Red Sky in the Morning


Mackerel Sky
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » sam. 4 déc. 2021 09:07



Je vais essayer de le trouver en vinyle, car déjà le son sur YT est assez bonnard, j'imagine en galette... Superbe en tout cas. Je le découvre. Petite claque d'émotions mêlées.
Modifié en dernier par Bebeto le sam. 4 déc. 2021 18:29, modifié 1 fois.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Mister Brown » sam. 4 déc. 2021 14:20

Classique de Blue note et du hard bop
Dexter Gordon, Cheese cake en 1962.
Une certaine idée de la perfection....


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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 4 déc. 2021 17:13

Mister Brown a écrit :
sam. 4 déc. 2021 14:20
Classique de Blue note et du hard bop
Dexter Gordon, Cheese cake en 1962.
Une certaine idée de la perfection....
Après l'excellent rappel concernant le merveilleux "No Problem" de Chet Baker et de Duke Jordan , voilà qu'arrive un grand classique, allez, Go!
Douglas a écrit :
mer. 15 avr. 2020 05:06
Image

Nous sommes le 27 août 1962 aux studios Van Gelder à Englewood Cliffs dans le New Jersey, une adresse connue de tous les amoureux du label, là où ont été enregistrés tant de chef d’œuvres guidés par la main du sorcier Rudy Van Gelder.

Dexter Gordon est resté coincé en Californie une bonne dizaine d’années pour des histoires de dope et, son passage à New York, va lui permettre d’enregistrer ce troisième album en deux ans pour Blue Note. Son « préféré » aime-t-il à dire. Il faut dire qu’il possède là une section rythmique stable et de très haut niveau, Billy Higgins à la batterie, Butch Warren à la basse et Sonny Clark au piano, la même que Jackie Mc Lean sur « A Fickle Sonance », Blue Note est une grande famille et l’excellence est la norme.

Dans les studios se joue une partie chaleureuse et décontractée, l’ombre de Dexter plane du haut de son double mètre, il joue comme il aime à le faire dans les clubs, entouré d’amis, la perfection de l’enregistrement permet de percevoir cette chaleur dès le premier titre « Cheese Cake » qui deviendra un de ses titres fétiches.

Quand une section rythmique est à un tel niveau et que le leader est au sommet de sa forme, il arrive que se produise un petit miracle. Certes pas de nouveauté ici, ni de digression ou d’ouverture vers un univers free, mais, tout est parfait et cet enregistrement devient vite un « classique » du jazz, de ceux que l’on trouve dans nombre de rayonnages chez les amateurs de jazz, bien classé à la lettre « G ».

L’album de mon édition est un tirage français de 85, une édition audiophile avec un obi, une sous-pochette qui raconte, recto/verso, en petits caractères, l’histoire du label Blue Note, en anglais, ce qui est malheureux pour moi qui peine à affronter d’aussi longs textes… Est adjoint également un poster de grande taille, de forme circulaire, qui imite le label d’un côté et contient de nombreux portraits peints de musiciens Blue Note de l’autre. Une édition sympa que l’on trouve encore aujourd’hui à prix raisonnable en VG+ ou NM si on recherche du vinyle.

Cheese Cake (Remastered 1999/Rudy Van Gelder Edition)


Love For Sale (Rudy Van Gelder Edition; 1999 Digital Remaster; 24 Bit Mastering)


Second Balcony Jump (Rudy Van Gelder Edition/ 1999 Digital Remaster/ 24 Bit Mastering)


Where Are You? (Rudy Van Gelder Edition/1999 Digital Remaster/24 Bit Mastering)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Mister Brown » sam. 4 déc. 2021 17:25

Douglas a écrit :
sam. 4 déc. 2021 17:13
Mister Brown a écrit :
sam. 4 déc. 2021 14:20
Classique de Blue note et du hard bop
Dexter Gordon, Cheese cake en 1962.
Une certaine idée de la perfection....
Après l'excellent rappel concernant le merveilleux "No Problem" de Chet Baker et de Duke Jordan , voilà qu'arrive un grand classique, allez, Go!
Douglas a écrit :
mer. 15 avr. 2020 05:06
Image

Nous sommes le 27 août 1962 aux studios Van Gelder à Englewood Cliffs dans le New Jersey, une adresse connue de tous les amoureux du label, là où ont été enregistrés tant de chef d’œuvres guidés par la main du sorcier Rudy Van Gelder.

Dexter Gordon est resté coincé en Californie une bonne dizaine d’années pour des histoires de dope et, son passage à New York, va lui permettre d’enregistrer ce troisième album en deux ans pour Blue Note. Son « préféré » aime-t-il à dire. Il faut dire qu’il possède là une section rythmique stable et de très haut niveau, Billy Higgins à la batterie, Butch Warren à la basse et Sonny Clark au piano, la même que Jackie Mc Lean sur « A Fickle Sonance », Blue Note est une grande famille et l’excellence est la norme.

Dans les studios se joue une partie chaleureuse et décontractée, l’ombre de Dexter plane du haut de son double mètre, il joue comme il aime à le faire dans les clubs, entouré d’amis, la perfection de l’enregistrement permet de percevoir cette chaleur dès le premier titre « Cheese Cake » qui deviendra un de ses titres fétiches.

Quand une section rythmique est à un tel niveau et que le leader est au sommet de sa forme, il arrive que se produise un petit miracle. Certes pas de nouveauté ici, ni de digression ou d’ouverture vers un univers free, mais, tout est parfait et cet enregistrement devient vite un « classique » du jazz, de ceux que l’on trouve dans nombre de rayonnages chez les amateurs de jazz, bien classé à la lettre « G ».

L’album de mon édition est un tirage français de 85, une édition audiophile avec un obi, une sous-pochette qui raconte, recto/verso, en petits caractères, l’histoire du label Blue Note, en anglais, ce qui est malheureux pour moi qui peine à affronter d’aussi longs textes… Est adjoint également un poster de grande taille, de forme circulaire, qui imite le label d’un côté et contient de nombreux portraits peints de musiciens Blue Note de l’autre. Une édition sympa que l’on trouve encore aujourd’hui à prix raisonnable en VG+ ou NM si on recherche du vinyle.

Cheese Cake (Remastered 1999/Rudy Van Gelder Edition)


Love For Sale (Rudy Van Gelder Edition; 1999 Digital Remaster; 24 Bit Mastering)


Second Balcony Jump (Rudy Van Gelder Edition/ 1999 Digital Remaster/ 24 Bit Mastering)


Where Are You? (Rudy Van Gelder Edition/1999 Digital Remaster/24 Bit Mastering)
Chesse cake un morceau légendaire capable de subjuguer les adultes et enchanter les enfants. Je l'ai constaté...:) Merci pour l'historique sur ce jalon du jazz.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 5 déc. 2021 10:21

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Jean-Marc Foussat - Nouvelles

Un album paru cette année, en fait c’est une réédition plutôt chic de « Nouvelles », un Cd enregistré entre 1973 et 2001, cette dernière date indique également l’année de sortie. Complètement épuisé, Jean-Marc Foussat lui offre une seconde vie sous la forme d’un double vinyle et d’un Dvd associé. Il y a également un superbe livret format trente-trois tours, c’est beau, c’est chic et ça fait plaisir.

C’est un peu électro, un peu jazz et même parfois rock, mais, surtout, plutôt expérimental, on y trouve également une reprise de Robert Wyatt « Gloria Gloom's Breath » et une autre de Kevin Ayers « We Did It Again », ce qui rappellera quelques souvenirs.

Pas facile de parler de cet album car c’est un « o.v.n.i. » très particulier, une sorte de foutoir très turbulent, assez génial dans sa démesure et son parti pris de ne rien entreprendre qui ne soit prévisible ou même possiblement envisageable.

Jean-Marc Foussat joue du synthé EMS « VCS3 », c’est lui le responsable de cette démesure, de cette outrance et même de ce recueillement qui s’entend parfois, dans le silence qui bat. Il joue aussi du piano, de son magnéto qu’il lance, et des voix qui font des trucs, parfois bizarres, ici ou là. Mais il joue encore de la guitare, de la boîte à musique à carton perforé qu’il fait vivre à la manivelle. Il joue encore des percussions, allume la télé et lance le magnétoscope, parfois même il souffle et il siffle. Il fait tout ça !

Mais il a aussi des amis qui passent, jacques Berrocal qui joue de la trompette, Jean-François Pauvros des guitares, Claude Parle et ses soufflets d’accordéon et Marc Bohy qui joue de la batterie, un peu, avec Pascal Bouscailloux à la basse, il y a aussi Roger Turner qui donne de la voix. Je vous avais prévenu, c’est un véritable capharnaüm, mais la magie tient dans ce que tout s’enchaîne bien, c’est-à-dire jamais comme on pense, mais toujours avec quelque chose de mieux, c’est l’effet surprise.

C’est parfois minimal, bruitiste ou même presque inexistant, comme un silence troublé, c’est parfois très calme et à d’autres moments très vifs, comme la vie qui passe. Les pièces sont souvent courtes, voire très courtes car le temps ne fait rien à l’affaire, mais à quelques moments ça dépasse les quatre minutes et là, c’est du copieux, du massif et même du lourd, parfois.

C’est expérimental c’est sûr, des albums comme celui-là y’en a pas des masses, alors profitons, la dernière pièce se nomme « petit paysage urbain avec fumeur » rien que le titre, déjà, intrigue…

Ah ! Oui, il y a un Dvd, avec un sommaire et trois films dont deux très courts, mais il semble qu’ils soient muets, impossible d’entendre quoi que ce soit, j’ai essayé vainement, il semble qu’il n’y ait pas de piste audio, en fait… Bon il y a une raison à tout, et même des endroits où je ne suis pas, c'est ainsi...

Modifié en dernier par Douglas le mar. 7 déc. 2021 20:33, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 6 déc. 2021 06:19

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Bagatelles Vol. 8 : John Medeski Trio

A l’origine les Bagatelles sont un pensum de trois cents morceaux dans lesquels les musiciens invités par le maître peuvent puiser pour en donner leur interprétation, tout en conservant leur style et leur personnalité, ce qui donne des versions extraordinairement différentes et des albums aux identités très variées, à l’image de la série des Book of Angels qui contenait, elle, trente-deux volumes.

Les bagatelles se présentent comme de petits coffrets contenant quatre Cds assez onéreux, il faut dire que John Zorn a besoin de remplir les caisses à la suite de la déconvenue des « Book’s Beriah » où il s’est fait escroquer, ayant placé sa confiance dans un distributeur véreux.

On se souvient qu’il avait été question précédemment du premier coffret de la série des « Bagatelles » de John Zorn au travers du « Mary Halvorson Quartet » qui en était le premier épisode et dont j’avais parlé ici. Il précédait « Erik Friedlander And Michael Nicolas », le volume deux, puis « Trigger » le volume trois et « Ikue Mori » qui fermait le premier essai.

Voici donc venir le second coffret des « Bagatelles », les volumes de cinq à huit avec le Kris Davis quartet pour l’épisode cinq, Brian Marsella Trio pour le six, Brian Marsella au piano solo pour le sept et le John Medeski Trio pour le volume huit. C’est de ce dernier dont je vais plus particulièrement parler.

Les Cds sont assez chics avec des éléments en relief sur la couverture, une protection autour du Cd, celui-ci est formé de trois volets assez rigides, photo et texte signé du musicien vedette, ici l’organiste John Medeski, accompagné par le guitariste David Fiuczynski et du batteur G. Calvin Weston. Je ne connais pas ces deux derniers musiciens mais on peut faire confiance à John Zorn, ils sont à la hauteur.

Ici l’atmosphère est assez électrique, voire rock, on connaît John Medeski et son jeu ample et puissant qu’il aime déployer sans limite. Il s’est essayé à l’exploration de ces pièces lors du « John Zorn Bagatelles Marathon » tournée qu’il a effectué au travers de l’Europe, en bonne compagnie.

Ça frôle parfois le métal ici, sinon dans l’esprit du moins dans la forme, comme sur Bagatelle # 157 qui ferme l’album de façon grandiose, mais rien d’uniforme ici, sinon la formule de départ. John Medeski est un monstre de l’instrument, une sorte d’ogre de l’orgue dont il est un expert unanimement salué, la démonstration ici est d’ampleur.

Elle se rockifie au son de la guitare électrique de David Fiuczynski qui strie l’espace et riff volontiers. Calvin Weston est également très carré dans son accompagnement assurant une assise solide et puissante aux envolées de ses compères.

Un album à la destinée assez simple et volontiers grand public, pour peu qu’on aime le son de l’orgue, bien sûr…

Il n'y a pas d'extrait concernant le volume deux, on sait que John Zorn est particulièrement sourcilleux sur les diffusions "Youtube". Par chance il existe le coffret "un" dans son intégralité en écoute, sans droit certes, alors si le cœur vous en dit:

John Zorn - Bagatelles (full album)
Modifié en dernier par Douglas le mar. 7 déc. 2021 20:34, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 7 déc. 2021 04:57

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Anne La Berge & Lukas Simonis - Rust Fungus

Je ne me souviens plus du chemin qui m’a aiguillé vers cet album assez étrange, je cherche mais rien ne vient, peut-être ce côté rebelle qui s’entend ici, ce choix résolu de ne pas tomber dans le confort sonore et de rechercher plutôt le dur, les aspérités et même l’inconfortable. Être autre, radicalement, la radicalité a sa beauté, et puis ce n’est pas si laid finalement, juste différent, étrange, bizarre…

Anne La Berge joue des flûtes, avec grand talent, elle bidouille l’électro pour sortir des sons surprenants souvent, on entend sa voix, un peu. Elle est basée à Amsterdam, c’est là qu’elle cherche et fait des rencontres musicales, elle aime l’innovation, par exemple elle mélange instruments acoustiques et électroniques. Elle a même un peu souvent posé la flûte pour se concentrer dans la bidouille.

Son compère de duo sur cet album c’est Lukas Simonis, guitariste, chercheur dans le domaine des effets et lui aussi donne de la voix, un peu. Il aime bien agacer l’auditeur, balancer un truc chelou dans l’oreille, histoire de l’énerver un peu. Ces deux-là s’entendent comme larrons en foire, ils jouent souvent de concert. Il est de Dam, lui aussi.

Ils improvisent, l’intention de départ n’est pas forcément de sortir des sons crispants, énervants et désagréables, ça peut arriver, surtout en début de parcours, mais en fait c’est pour que vous puissiez mieux apprécier la suite, une fois que vous bien compris qu’ici il ne faut pas attendre de douceurs, de caresses, de mélodies. Le voyage est différent, plus surprenant, de l’inédit, ça vous balance, vous emmène, vous promène dans l’étrange, l’inconnu, l’humour également comme dans « ultimate cake décorations ».

C’est même parfois assez joli, les séquences qui s’enchaînent débouchent sur des moments de félicité, de connivences, même si le chemin pour en arriver là est étrange, on nous promène, nous balade, nous guide, jouets de ces manifestations sonores. La musique est partout, dans ces percussions, ces frottements, ces sons électroniques, ce larsen maîtrisé, pas de répit ni de pause, juste devenir le jouet des sons, comme sur « slow allegro » ou « wasabi tool enigma ».

Une heure passée à penser la musique autrement, c’est sain et reposant, finalement.

Broken Hoses


Kiosk of My Dreams


Slow Allegro


Circumstantial Waltz
Modifié en dernier par Douglas le mar. 7 déc. 2021 20:35, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 7 déc. 2021 06:13

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En voici un qui n’arrive même pas à s’élever au statut de Cd, cantonné au simple niveau de Cdr, un truc un peu amateur, quarante et une minutes quand même. La pochette est assez jolie, taches blanches, grises et noires superposées sur un petit dépliant cintré d’une sorte d’obi rouge, il y a un petit insert représentant les musiciens toujours dans cette même veine, blanche, grise et noire. C’est un enregistrement de mars deux mille sept au « Penguin House » de Tokyo, c’est limité à cent vingt-cinq copies, pour autant ça reste dans la catégorie des albums qui ne s’arrachent pas, c’est de la musique extrême, noisy, entièrement improvisée, qui arrache.

Junko chante, enfin si on veut, on peut aussi dire qu’elle braille ou qu’elle crie, à côté d’elle Yoko Ono n’est qu’une débutante effarouchée. Aya Onishin, qui autrefois fit partie du « Nihilist Spasm Band » pour qui s’en souvient, joue de la batterie, elle frappe, tape, défonce et cogne le matos à tour de bras.

Fukuoka Rinji donne, ici, dans le violon et la guitare aussi, vers la dix-septième minute, on commence à lentement pouvoir séparer les sons, et distinguer les instruments qui sortent un peu du brouhaha et de l’imposante masse sonore jusque-là informe.

L’autre guitariste c’est Michel Henritzi, musicien et aussi chasseur de sons, depuis longtemps fasciné par le Japon dont il aime explorer les coutumes, les us, au travers également de ce côté extrême, exacerbé par ce système si polissé, délicat, raffiné et civilisé. Il est également un grand admirateur de Junko avec laquelle il collabore dans plusieurs projets musicaux.

Il y a deux compositions, sans titre, ni l’une, ni l’autre, mais ça n’a pas vraiment d’importance car il n’y a pas réellement de différences entre les deux, elles sont assez indistinctes, tout juste oserai-je affirmer que l’on distingue mieux la rage des guitares dans cette deuxième pièce, c’est clairement sans concession.

La condition pour apprécier ce genre musical est d’accepter de s’y immerger, vouloir rester à l’extérieur c’est déjà passer à côté, il faut y plonger, après, ça va.

Pour les extraits, faut pas y compter, la musique (si on veut) faudra la rêver, l'imaginer, un truc extrême, quoi, et encore je n'ai pas évoqué les débordements scéniques ...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 9 déc. 2021 05:38

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Retour vers les sorties de cette année avec cet album de Pat Metheny « Side-Eye NYC V1.IV », enregistré live à « Sony Hall » à New York donc, en septembre 2019 et sorti en septembre dernier. C’est son second album de l’année après « Road to the Sun » paru en mars, qui se penchait davantage vers la composition classique.

Ce projet avec ce nouveau groupe formé de jeunes musiciens est un retour vers le Pat Metheny que nous connaissons bien, orienté vers le jazz avec un son électrifié. Il joue des guitares, y compris la basse, et de l’orchestrionic. James Francies joue de l’orgue, du piano et du synthé et Marcus Gilmore de la batterie.

Ça ne révolutionne rien et ça ressemble surtout à un album pour se faire plaisir, la première pièce « It Starts When We Disappear » est celle qui paraît la plus ambitieuse, c’est également la plus longue, elle frôle les quatorze minutes et semble avoir été interprété par de nombreux musiciens, peut-être le son de cet « orchestrionic » bien mystérieux.

Les autres pièces sont plus classiques et nous flattent dans le sens du poil, nous caressant l’oreille avantageusement. On pense à « Timeline » joliment ficelée, à la reprise de « Bright Size Life » de mille neuf cent soixante-seize, un tube d’autrefois.

Ça donne bien encore avec « Lodger », qui est une petite pépite mélodique, avec rythme lent puis accélérations et montées graduelles qui font leur petit effet, un peu à l’ancienne, ça marche forcément et on en redemande.

Il faut également remarquer une reprise d’Ornette Coleman « Turnaround » qui vaut le détour, mais le second choc de l’album c’est « Zenith Blue », la dernière pièce du disque un peu ambitieuse, qui s’étale en s’ouvrant aux bidouilles de Pat, juste le temps de marquer l’auditeur avant… la fermeture !

Vraiment un chouette album à la fois de haute tenue et sans prise de tête !

Pat Metheny - It Starts When We Disappear (Official Audio)


Lodger


Pat Metheny - Timeline (Official Audio)


Zenith Blue
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 10 déc. 2021 06:31

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On connaît surtout Francesco Bearzatti comme leader du « Tinissima 4et », c’est sans doute la formation qui lui a assuré la plus grande notoriété, pourtant il y eut une autre vie avant et une autre vie après. Dans cet « après » il y a l’année deux mille vingt et un et cet album, « Portrait Of Tony », sorti en novembre dernier.

Francesco est surtout connu pour son aptitude et son habileté au saxophone ténor, à une musique qui ne renie pas le rock et l’électricité, pour ce qui est de cet album, tout ça va changer. Mais qui est ce Tony dont on veut ici dresser le portrait ? La réponse ne figure pas dans le petit livret accompagnant le Cd, elle n’est pas écrite non plus dans un coin de la pochette, il va falloir partir à la recherche…

Il s’avère que le Tony en question est d’origine sicilienne, mais il est né aux States. Il joue sous le nom de Tony Scott et il est clarinettiste, né Anthony Joseph Sciacca en 1921 dans le New Jersey. Il se raconte qu’il jouait avec Charlie Parker ou Billie Holiday, c’est grâce à lui et à ses connaissances et relations siciliennes que ces derniers ont pu trouver du travail et signer des contrats pour jouer en club, pendant les temps difficiles !

C’est en hommage à ce grand clarinettiste que Francesco a écrit cet album, alors forcément, ici, il ne joue que de la clarinette, et fort bien ! L’instrument est nécessairement moins viscéral que le ténor, moins expressif et moins moins…

Certes, mais il a pour lui la légèreté et l’agilité qui le rapproche du monde de l’esprit, là où ça cogite. Il est accompagné par un excellent guitariste jazz, Federico Casagrande, la basse est entre les mains de Gabriele Evangelista et l’homme aux baguettes se nomme Zeno De Rossi, un quartet de haute volée.

Deux invités également, Marco Colonna à la clarinette basse sur « A night In Salemi » et Daniele Tittarelli à l’alto sur « Bird&Tony », Tony vous savez qui c’est, et Bird, pour qui l’ignorerait, c’est le meilleur altiste de son époque, l’incroyable Charlie Parker.

L’album est bien beau, acoustique, la seconde pièce « Billies’s Blues » est tout simplement magnifique, il y a également « Nostalgia », toujours dans les tempi lents qui vaut également le détour ou « Memories » qui va loin.

Francesco Bearzatti a souvent recours à des personnages plus ou moins oubliés dans le proche passé et trouve son inspiration en faisant revivre des épisodes de la vie de ces derniers, ces hommages musicaux sont parfois exotiques, comme sur la pièce « A Night In Salemi », ou tendres comme « Under The bridge », un album qui ne manque pas de références et de titres remarquables !

On se souviendra que cet hommage coïncide avec le centenaire de Tony Scott, clarinettiste émérite pendant les années quarante et cinquante, qui, bien qu’un peu oublié, était alors considéré comme un « Grand » de l’instrument ! L’album se termine sur une reprise de « Lush Life » de Billy Strayhorn, seule pièce qu'il ne compose pas, un titre qui va bien.

Je conseille vivement...

Billie's Blues


Under the Bridge


Noltalgia


A Night in Salemi
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