J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 19 juil. 2021 04:40

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Voici Dave Douglas, version 2005, avec une de ses meilleures formations. C’est un Cd augmenté d’un Dvd. Le Cd contenant la musique du Dvd, ce dernier étant un film en noir et blanc à l’époque du cinéma muet. On l’a compris, Dave Douglas a greffé sa musique sur le film « Fati & Mabel Adrift (1916) » et sur « Just another Murder Music Video ». C’est comme ça, un projet un peu fou et iconoclaste, mais ça marche bien, tant pour la musique écoutée à part, que pour le film accompagné par les musiciens d’aujourd’hui, pour ma part j’ai passé un agréable moment.

Dave Douglas est compositeur et trompettiste, il est épaulé par Marcus Strickland aux saxophones, également par l’excellent Jamie Saft, au piano électrique Wurlitzer, dont le nom revient souvent ici, Brad Jones à la basse, Gene Lake à la batterie et enfin DJ Olive aux platines. Une équipe qui ressemble beaucoup aux musiciens réunis pour le triple Cd « Spark Of Being » évoqué par ici il y a quelques temps.

Malgré que l’enregistrement soit âgé de seize années il garde encore toute sa fraîcheur et sa modernité, un mélange très abouti de jazz et d’électro avec des relents funk assez appuyés. Bien qu’il y ait un fort décalage de temporalité entre le film de Roscoe « Fatty » Arbuckle et la musique de Douglas, on peut dire que le pari est réussi, la bande son est certes riche et touffue mais également très enlevée, chaleureuse et pleine d’un groove qui va bien avec le film.

C’est toujours un plaisir d’écouter Dave Douglas, que ce soit en compagnie de John Zorn, de la formation « Keystone » ou pour des projets plus contemporains, un artiste à ne pas négliger.

Dave Douglas & Keystone - Just Another Murder


Fatty and Mabel Adrift (1916)
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 12 mai 2022 02:50, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 19 juil. 2021 16:51

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Il me faut bien reconnaître que cet album attendait depuis longtemps dans la pile, non pas qu’il démérite bien sûr, et pour cause, je ne l’avais pas écouté, il est même millésimé vingt-vingt. C’est l’enregistrement d’un concert au « Jazz Festival » de Grenoble un douze février 1988. Barney Wilen joue du sax soprano ou ténor, il est accompagné par le pianiste Tete Montoliu (d’où le titre), Riccardo Del Fra à la basse et Aaron Scott à la batterie.

Ce quartet a vraiment de l’allure à tel point que Barney fit en sorte de recueillir les autorisations de l’enregistrement par les autres musiciens et c’est son fils, héritier des « DAT » et des droits qui a promu cet album. Ça commence fort avec le très beau « L’âme des Poètes » de Charles Trenet, ça continue avec « ‘Round Midnight » de Thelonious Monk et « Summertime » qui emboîte et termine la face A. Une succession de standards interprétés avec excellence.

Ce qui reste un (tout petit) mystère, c’est la raison pour laquelle Barney a laissé en carafe son propre quartet pour jouer avec Tete, à ce sujet rien n’est clair, mais se fit. Il se trouve que si l’association avec Alain Jean-Marie était stable et que Barney tenait à sa participation, il céda mais emmena avec lui Riccardo Del Fra, bassiste d’exception.

L’association avec Tete est tout à fait réussie, ce dernier est souvent un commentateur très créatif autour des standards qu’il maîtrise évidemment à la perfection, il décore, enjolive, ajoute la petite note qui va bien, en artiste esthète et, lors des solos se montre brillant et se hisse à haut niveau, on sent son désir de donner le meilleur de son art.

On poursuit face B avec le même menu, « All The Things You are », « La valse des Lilas » et un medley réunissant « Sous le Ciel De Paris » et « Autumn Leaves ». Il faut dire que « La Note Bleue » et « French Ballads » étaient parus il y a peu et avaient reçus un accueil très positif de la part des amateurs, le concert fit le plein et reçu un formidable accueil, l’ambiance était décontractée et tout le monde se parlait comme si l’amitié était ancienne.

A l’intérieur de la pochette gatefold, Riccardo laisse un témoignage de cette soirée « spéciale » dit-il, où tout se passa merveilleusement, à cette époque il jouait en compagnie de Chet Baker et avait déjà joué avec Aaron Scott en accompagnant Martial Solal.
Un album réjouissant contenant une lecture originale d’un grand nombre de standards, je conseille sans réserve aux amateurs de post-bop.

L'Ame des Poetes (Live)


La Valse des Lilas (Live)


Summertime (Live)


All the Things You Are (Live)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 20 juil. 2021 09:26

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Various - Indaba Is

Un autre qui attend depuis longtemps, début de cette année en fait, c’est la réponse au « We Out Here » qui avait rendu compte de la nouvelle scène anglaise. Voici donc « Indaba Is » qui est censé témoigner, en un double album, de la vivacité de la scène Sud-Africaine et de Johannesburg.

Dans un premier temps un petit rappel concernant ces musiciens « Sudaf » qui ont su imposer durablement leurs albums dans les rayons jazz de nos discothèques. On pense particulièrement au pianiste Chris McGregor, au saxophoniste alto Dudu Pukwana, au trompettiste Mongezi Feza, et surtout au contrebassiste Johnny Dyani et au batteur Louis Moholo-Moholo.

Alors puisqu’il faut rendre compte de la vitalité de cette nouvelle scène je commence par ce qui me paraît être un oubli, le groupe « Urban Village » qui n’est pas présent sur cette compile. Il faut dire que la référence à « We Out here » n’était pas innocente, car elle visait à mettre en avant « The Ancestors » le groupe partenaire de Shabaka Hutchings.

Ce sont en effet deux musiciens qui vont servir de guide dans la sélection des groupes, Siyabonga Mthembu le chanteur des « Ancestors » et du groupe « The Brother Move On » et la pianiste Thandi Ntuli qui est également présente ici. Il y a la volonté de promouvoir les groupes qui s’inscrivent dans un style à la fois tribal et électrique il me semble, ainsi on glisse d’un morceau à l’autre en gardant une certaine homogénéité.

Une compile faite pour plaire, avec ses temps forts, le temps livrera son verdict…

Bokani Dyer - Ke Nako


The Brother Moves On - Umthandazo Wamagenge


The Ancestors - Prelude to Writing Together


Thandi Ntuli - Dikeledi
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 12 mai 2022 02:54, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 21 juil. 2021 00:41

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Makaya McCraven - In The Moment

Voici le gros pavé de Makaya McCraven « In The Moment » dans sa version trois LP Deluxe avec les faces E & F sorties à part, après le double LP. Bien que possesseur du Cd d’origine de 2015, j’ai glissé celui-ci dans mon panier en compagnie d’un autre International Anthem, avant qu’il ne soit épuisé sur bandcamp, le temps d’arriver (sans frais de douane), les derniers volumes sont partis.

Pour moi « In The Moment » reste le meilleur enregistrement de Makaya, en dépit des sorties ultérieures et de leurs qualités. Sans doute un sentiment d’attachement au « premier » que j’ai rencontré, mais il faut bien le reconnaître : il est vraiment très bon, si on adhère à ce genre de zique.

Il est clair, lumineux, évoluant dans un espace où la respiration circule. Makaya est légèrement démonstratif à la batterie, il n’hésite pas à se mettre en avant, en jeune leader il montre et démontre et, faut-il le préciser, il est royal, c’est un maître, il se pose sur le groove de Junius Paul et porte le vibraphone de Justin « Justefan » Thomas, la perfection dans la simplicité, et déjà la face une est expirée après ce « First Thing First » éblouissant.

Côté deux, Jeff Parker est là, avec Junius Paul, Justefan et Marquis Hill, lui, à la trompette. Du groove à gogo, le trio s’éclate sur « Lonely », « Gnawa », « On The Spot », « Butterscotch » et d’autres petites pièces très courtes extraites de dizaines d’heures d’enregistrements, une sorte de « nec plus ultra », la rare fleur de sel que l’on récolte d’un geste ancien plein de dextérité. Et ce groove qui ne s’épuise jamais, jamais.

Et ça continue face C avec le morceau titre « in The Moment », Matt Ulery remplace Junius Paul à la basse, en trio ou en quartet, avec Thomas et son vibraphone, Hill et sa trompette, ça repart ensuite sur fond de conversation, Jeff Parker volubile à la guitare en trio à nouveau et Makaya qui donne le tempo, imperturbablement. Toujours cette même impression de facilité, de clarté et de légèreté.

Les faces E & F sont donc parues plus tard et séparément, en série limitée. Il y a à peu près une quarantaine de minutes en plus, qui n’étaient pas disponibles au moment du premier double album, mais qui proviennent de ces mêmes sessions originales.

Pour être complet il faut ajouter la présence de musiciens que l’on entend très peu, Joshua Abrams à la basse et De’Sean Jones ainsi que Tony Barba au saxophone ténor. Cet album fait partie des incontournables, son charme tient à sa simplicité, mais aussi au travail sur le son, aux collages et à la masterisation impeccable dont il a fait l’objet.

Makaya McCraven - Slightest Right w/ Junius Paul, Justin Thomas


Makaya McCraven - In The Moment w/ Jeff Parker, Matt Ulery


Makaya McCraven - Gnawa w/ Junius Paul, Justin Thomas


Makaya - In the Moment Deluxe Edition ((FULL ALBUM))
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 12 mai 2022 02:55, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 21 juil. 2021 14:28

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The Blue Butter Pot

Voici un groupe de blues dont je vous avais parlé en octobre 2019, à la sortie de « Let Them Talk » :

« The Blue Butter Pot, un groupe de la région de Vannes (Sulniac semble-t-il), du blues-rock bien sympa, le second album du groupe est sorti au mois de mars dernier, il s'ouvre et se ferme au chant des poules (ça se termine sur un drame dans la chanson cachée) ... Ray Bonnet le guitariste est aussi prof de guitare, une bonne adresse sans nul doute, l'autre membre du duo c'est Oliv le Normand, batteur de son état. Il n'y a pas d'extrait d'album sur le tube, dommage car il déchire bien, râpeux à souhait... »

A l’époque j’avais coché sur discogs l’album précédent du groupe, sans nouvelle, jusqu’à il y a peu : je l’écoute en écrivant ces lignes, un simple nom « The Blue Butter Pot », pas de date non plus mais il est sorti en novembre 2017. A mon avis il ne doit pas y en avoir trop en circulation, il n’est pas présent sur le site du groupe et vu une seule fois sur discogs en plus de trois ans. Pour finir avec l’actualité encore toute chaude, ils viennent juste de sortir un nouvel opus, également en (double) vinyle ou en Cd au choix, ça s’appelle « Jewels & Glory », on peut le trouver sur leur site.

Concernant cet album, il s’agit en fait d’une compile de morceaux extraits des deux premières parutions du groupe. Deux morceaux sont issus du premier EP de 2015, « Burn Slowly » et « Come Together » signé par qui vous savez, un certain J.L. Les autres pièces proviennent du second album du groupe « If the Wind » sorti en 2016.

Donc du blues du pays de « Vannes Et Sa Femme » ou pas loin, c’est chanté en anglais, les paroles sont inscrites sur la sous-pochette, avec un niveau « collège » on s’en sort à mon avis, acheter un album c’est juste leur donner envie de continuer et franchement ça vaut vraiment le coup. Plaisir assuré des deux côtés et joie partagée !

I Give You Five


Come Together


Bootblack Michael


"I burn slowly" - clip - the Blue Butter Pot
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 12 mai 2022 02:58, modifié 1 fois.
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Message par Piranha » mer. 21 juil. 2021 21:18

On ouvre la boîte de jazz :) spirituel et nomade ce soir avec ces 3 vinyles écoutés à la suite.
Ambiance parfaite et reposante

Lonnie Liston Smith And The Cosmic Echoes ‎– Astral Traveling (1973 Flying Dutchman). Un classique inusable

Image


Gato Barbieri ‎– Under Fire - (Ré)édition française de ce disque également paru en 1973. Latin spiritual jazz.Certainement un des meilleurs du jazzman argentin

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Tenderlonious ‎– Ragas From Lahore, Improvisations With Jaubi (2020 22a - son label). Le flutiste anglais fait dans le raga pakistanais. Disque enregistré au Pakistan en 2019

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 22 juil. 2021 03:47

Piranha a écrit :
mer. 21 juil. 2021 21:18
On ouvre la boîte de jazz :) spirituel et nomade ce soir avec ces 3 vinyles écoutés à la suite.
Ambiance parfaite et reposante

Lonnie Liston Smith And The Cosmic Echoes ‎– Astral Traveling (1973 Flying Dutchman). Un classique inusable

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Gato Barbieri ‎– Under Fire - (Ré)édition française de ce disque également paru en 1973. Latin spiritual jazz.Certainement un des meilleurs du jazzman argentin

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Tenderlonious ‎– Ragas From Lahore, Improvisations With Jaubi (2020 22a - son label). Le flutiste anglais fait dans le raga pakistanais. Disque enregistré au Pakistan en 2019

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Belle trajectoire avec ce dernier album que je découvre entre modernisme, minimalisme et tradition !
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 22 juil. 2021 07:55

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Derek Bailey - Music And Dance

Retour vers FJMt° avec « Music And Dance » par Derek Bailey à la guitare et Min Tanaka performeur et danseur. On connaît Derek Bailey pour être un des mentors de l’improvisation en général, théoricien même, il a écrit un ouvrage de référence sur le sujet : « L'improvisation : Sa nature et sa pratique dans la musique ». Sa musique est unique, singulière et libre, ce qui fait de lui un musicien très respecté, mais à part. Il est assez fascinant et c’est toujours une expérience que de l’écouter.

Min Tanaka est danseur, japonais, il danse nu. Dans les notes de pochette Derek raconte sa rencontre, lors d’un concert, puis quand Min Tanaka se mit à danser sur sa musique dans un club à New York. L’expérience se renouvela plusieurs fois, comme ici à Paris, le quatre juillet 1980, dans une ancienne forge avec un toit de verre. Il se fit que ce jour-là une puis torrentielle arriva, avec ses bruits, sa force et sa violence, il advint également que le toit fuyait et que l’élément liquide s’invita, tout est audible ici la pluie sur le toit, l’impact des pas sur le sol, le frottement des mains sur les murs… Ça s’appelle « Rain Dance » et ça dure plus de vingt-sept minutes…

Deux jours plus tard l’expérience se renouvela, sans la pluie, c’était un samedi, d’où le titre « Saturday Dance ». Le public est également présent et le duo joua et dansa, les mouvements de Tanaka, ses gestes, ses sauts, ses impulsions, son corps contre le mur, tout est musique et tout vibre dans l’air.

La guitare de de Derek qui frappe, mitraille, dissonne avec grâce, se destringue, clapopote, et sonne en un rythme capricieux, joue du bruit des voitures et part en une cavalcade folle et belle, s’échappe du tout-venant et du convenu, tout est grâce et tout vibre dans l’air.

C’est un duo, deux corps qui se parlent de façon différente mais dans un langage commun, un enregistrement étonnant, mais, finalement, ils le sont tous, avec le beau Derek !

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Derek Bailey - "Rain Music" (Music and Dance - 1980)
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 12 mai 2022 03:01, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 22 juil. 2021 15:40

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Judson Trio - An Air Of Unreality

Et voici venir le « Judson Trio », sans trop s’avancer on peut se risquer à affirmer que le nom de la formation provient du lieu où fut donné le concert. En effet celui-ci fut donné à la « Judson Church » à Manhattan, New York, le onze juillet 2015 lors du vingtième « Vision Festival ». Mais qui sont donc les membres de ce trio éphémère ?

Tout simplement Joëlle Léandre à la basse, Mat Maneri au violon et Gerald Cleaver à la batterie. On connaît Joëlle Léandre, musicienne émérite, virtuose, sensible, elle sait imposer sa forte personnalité artistique et côtoie à égalité toutes les personnalités les plus fortes du jazz contemporain, c’est aujourd’hui une référence internationale très respectée, il est juste dommage que son nom ne soit pas plus souvent cité ou reconnu par ici.

Mat Maneri a souvent joué aux côtés de Joëlle, c’est un violoniste qui sait à peu près tout jouer, ici dans un registre d’improvisation entre free et jazz contemporain. Ses cordes se marient avec grâce et délices à celles de Joëlle dans un duo d’une très grande beauté. Le troisième larron, Gerald Cleaver est sans doute un peu moins familier du duo, mais c’est avec un très grand naturel qu’il se glisse dans l’entre jeu, privilégiant les cymbales et les accessoires, cloches ou autres.

Ainsi se crée cette musique si irréelle, comme l’indique le titre « An Air Of Unreality », en trois parties, il n’est que d’écouter l’enthousiasme du public à la fin de la prestation, comme une tension qui se libère et, dans la voix de Joëlle, comme un soulagement, la joie d’avoir réussi cet exercice difficile, le sentiment que le trio s’est élevé vers une sorte de perfection.

Ce n'est pas un extrait de l'album mais ça y ressemble...

Léandre, Maneri, Cleaver 5
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 12 mai 2022 03:04, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 23 juil. 2021 11:20

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Cromagnon - Orgasm (1969)

Bon là je sors un album que j’ai acheté il y a pas mal de temps mais il est encore sous cello, c’est dire si je suis négligent, c’est pas du jazz mais je vous en parle quand même pour tenir le rythme et je ne suis pas sûr d’avoir le temps de me mettre autre chose entre les oreilles aujourd’hui.
Ceci dit l’album n’est pas des plus connus ni de ceux dont on parle souvent. Mon exemplaire est une réédition Rotorelief vraiment magnifique, Pochette gatefold en gros carton dur cartonné avec effet réfléchissant face à la lumière, vinyle noir et argenté, bon les couleurs je ne cours pas après mais avec Rotorelief je sais que la qualité est au rendez-vous.

C’est le groupe « Cromagnon » qui œuvre ici, le titre habituel de l’album est « Orgasm », il est également appelé « Cave Rock » sur certaines rééditions. C’est un mélange de musique expérimentale un peu tribale, de noise, de rock, un peu d’électro, des collages, des bruits de rue et du bruit tout court. C’est aussi un hommage à Phil Spector et à son fameux « Mur du son ». A l’origine l’album est sorti pour la première fois sur ESP en 1969, grande année s’il en est !

Cromagnon est un simple trio à l’origine, il comprend Salvador Salgado, Brian Elliot et Austin Grasmere, mais aucune pratique instrumentale n’est associée aux membres de la formation. Il y a également la participation de la « Connecticut Tribe », des chœurs arrivent ici ou là, mais tout aussi bien un quidam pris au hasard dans la rue qui vient participer, c’est open-bar, bienvenue à tous !

L’idée de départ c’est de suivre une chronologie de l’histoire du rock et d’en anticiper la suite, bon, ça c’est l’idée de départ parce qu’en fait, on ne sait trop où est la queue et où est la tête. Début face B sur « Crow Of The Black Tree », titre de dix minutes, un riff de guitare sèche est sans cesse répété, révélant sans doute les limites techniques de nos aspirants musiciens, pendant qu’un chœur psalmodie, compte tenu des moyens c’est pas trop mal, mais répétitif, aux portes de l’ennui.

C’est tout de même un album intéressant par son concept même, l’intégration de moyens inhabituels à des finalités musicales, les chants qui guident, les collages sonores et l’intégration de la rue dans l’environnement sonore, mais un album qui n’intéressera pas tout le monde.

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Orgasm - Cromagnon (1969) Full Album

1. Caledonia
2. Ritual Feast of the Libido
3. Organic Sundown
4. Fantasy
5. Crow of the Black Tree
6. Genitalia
7. Toth, Scribe I
8. First World of Bronze



Cromagnon - Crow of the Back Tree [Orgasm] 1969
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 12 mai 2022 03:06, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 24 juil. 2021 05:42

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Masayuki Takayanagi, Abe Kaoru - Live at Station 70

Voici le duo de Masayuki Takayanagi à la guitare accompagné par Abe Kaoru au saxophone alto, à l’harmonica et au shakuhati, une flûte japonaise. L’édition que j’écoute est celle proposée par Craftman Records, en version vinyle, comprenant deux pièces jouées en mono sur la face A et en stéréo sur la face B.

Pour qui s’intéresse à Kaoru Abe, ces enregistrements sont souvent décrits comme mythiques, souvent appelés « Station 70 » ou « Live at Station 70 » ils sont présentés par la formation « New Direction » c’est-à-dire notre duo. Les quelques pièces originales s’échangent à prix d’or, si bien qu’ils ne changent pas souvent de propriétaire.

La première pièce « Thursday / Gradually Projection » commence par un duo entre Masayuki Takayanagi à la guitare sèche et kaoru Abe au shakuhati, Masayuki ponctue l’espace en grattant épisodiquement les cordes de son instrument et Kaoru lui répond sur le même rythme. Petit à petit l’échange prend une forme plus continue, à un certain moment kaoru joue de l’harmonica sur un ton plaintif tandis que Takayanagi raréfie encore sa participation et varie en rythme et en économie, kaoru est plus joyeux semble-t-il, on se croirait sur une scène de folk music s’il n’y avait cette tension impalpable, quelque chose qui vient du choix des notes, trop aigues ou trop resserrées, de l’économie de Takayanagi, qui joue des dissonances. On pourrait sans mal penser à Derek Bailey.

La version stéréo, plus spatiale et moins resserrée flatte davantage l’oreille. Avec Jha/Mass projection tout change, près de cinq minutes interrompues seulement mais Takayanagi s’est emparé de la guitare électrique et il sature à fond, Kaoru à l’alto lui répond dans l’aigu, c’est bouillonnant, tendu, se profile dans le cri, le désaccord et outrepasse avec férocité, une puissance étonnante qui pétrifie. Les amateurs de Kaoru savent de quoi je parle !
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 12 mai 2022 03:09, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 25 juil. 2021 02:06

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Large Unit - Erta Ale

Voici « Erta Ale » par la formation Large Unit, une sorte de big band sous la direction de Paal Nilssen-Love qui signe également toutes les compositions. Quatre vinyles qui se tiennent confortablement dans un joli coffret avec un Cd supplémentaire, le « Live At Moers Festival Jazzfestival » de 2014, il y a également un excellent 45 tours souple en sus et quelques encarts.

Voyons à qui nous avons affaire, Klaus Ellerhusen Holm joue des Saxophones alto et baryton, Kasper Værnes joue des saxophone alto et soprano, voilà pour les anches, côté cuivre Thomas Johansson joue du cornet et du bugle, Mats Äleklint du trombone, Børre Mølstad du tuba, pour la rythmique Ketil Gutvik joue de la guitare, Christian Meaas Svendsen et Jon Rune Strøm jouent des basses acoustiques ou électriques et, enfin, Andreas Wildhagen et Paal Nilssen-Loves sont aux batteries et aux percussions, il faut aussi ajouter Lasse Marhaug à l’électro et aux platines. Ils sont donc onze réunis ici, pour une force de frappe puissante et efficace.

De ce côté ne vous attendez à aucune déception, ni du côté des arrangements, Paal Nilssen-Love est à son affaire, c’est très bien tenu et beaucoup moins fou qu’à l’habitude, une certaine rigueur étant de mise. C’est dans les solos que pointe le free, parfois une section dans son entier se débride mais, globalement c’est plutôt sage quand on connait les lascars. Tout du moins pour ce qui concerne le premier vinyle, parce que la suite suit une trajectoire glissante.

Une partie des enregistrements provient d’un concert donné à Victoria, sur la « Nasjonal Jazzscene » d’Oslo, au Verfet de Bergen, toujours en Norvège, il y a également une partie des enregistrements qui proviennent des studios. En moyenne ça tourne en deux titres par face, sauf les côtés E et F qui n’en contiennent qu’un.

Le Unit se transforme en travaillant par « sous-groupe » et du coup la musique devient plus expérimentale et même carrément free. En trio dans la forme « Birdbox » avec le saxophoniste Klaus Holm, le tromboniste Mats Äleklint et le batteur Andreas Wildhagen. « Fendika » tourne autour du tuba et « Erta Ale » se déploie tout en douceur, contrairement à « Round About Nothing » qui part dans tous les sens.

C’est vraiment très chouette et ça existe en Cd à tout petit prix pour un triple plaisir, alors pourquoi se restreindre, ah oui, ces enregistrements ne sont pas des plus récents, ils datent de 2014, ce qui par ailleurs n’enlève rien à leur qualité.

Modifié en dernier par Douglas le jeu. 12 mai 2022 03:11, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 25 juil. 2021 13:25

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Matthew Shipp String Trio - Symbolic Reality

Trois que l’on connaît ici rassemblés, c’est en effet l’heure du Matthew Shipp String Trio, avec au piano le leader, à la contrebasse Monsieur William Parker et, au violon, on en a parlé il n’y a pas longtemps avec Joëlle Léandre, Mat Maneri !

L’album date de 2019 et il est sorti sans surprise sur RogueArt, une nouvelle fois c’est un grand album, on ne sait plus trop quoi dire à force de louer ces musiciens, ici c’est la cohésion quasi télépathique qui prédomine, tout s’enchaîne avec une logique et une sensibilité qui semble aller de soi.

Pourtant rien d’évident en fait, mais il se trouve que dans le choix des possibles tout colle et tout va, les cordes sont un peu en vedettes, c’est vrai, sur « The Other Universe » par exemple c’est tout simplement fabuleux cette complémentarité, tout coule, mais par bonheur ça grince également, sur le pincement de la corde, le frotté de l’archet et la pièce se termine en course folle, faramineux !

Matthew Shipp, souvent percussif, entre Cecil Taylor et McCoyTyner, Lennie Tristano et Andrew Hill, entre free et post bop, avec des idées plein la tête, joue des discordances, invente et innove sans cesse, trouvant des échos, des relances, chez ses partenaires, une alchimie subtile prend forme, puis, quarante-six minutes plus tard, tout s’éteint et ne reste plus qu’un flash, l’impression de n’avoir pu saisir cette musique, qui file et se prolonge au gré des formations et des albums.

Un live qui n'est pas extrait de l'album mais qui donne une idée:

Matthew Shipp String Trio - Speech Of Form (Vision Festival)
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 12 mai 2022 03:14, modifié 2 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 26 juil. 2021 07:49

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Retour vers une sélection FJMt° avec cet excellent Cd de Kali Fasteau. Trop peu connue cette musicienne a pourtant de nombreuses cordes à son arc, c’est à Paris qu’elle a grandi avant de s’établir dans la région de New York. Née dans une famille de musiciens elle a d’abord joué du piano puis du violoncelle. Elle apprend l'improvisation jazz avec Ken McIntyre et Clifford Thornton, se rend en Turquie et y apprend à jouer de la flûte Ney, puis apprend le chant indien à Bénarès et à Mumbai. Il semblerait qu’elle ait joué aux côtés de John Coltrane et enregistré avec Shepp sur l’album « Bijou ».

A l’écoute de cet album il est sûr qu’elle est une remarquable compositrice, ici elle joue du saxophone soprano, des flûtes Ney & Kaval, du violoncelle et du sheng, « l’orgue à bouche chinois ». Elle est entourée par de fantastiques musiciens, pour la session de mars 97 en compagnie de Bobby Few au piano et de Michael Winberly, ce dernier joue du Djembe, du « Talking Drum » et des percussions.

Pour l’enregistrement du concert au Homefront Theater à New York, le vingt-cinq octobre 1997, elle est accompagnée par Noah Howard au sax alto, Joe McPhee au ténor, Sonelius Smith au piano et Warren Smith à la batterie. Des accompagnateurs de grande classe et de grande renommée, par contre ce qui est original dans la sélection des pièces, c’est que tout est mélangé, Kali Fasteau est la seule à faire le lien, tantôt c’est une formation et tantôt c’est l’autre.

Bien que les deux formations soient dissemblables l’unité de l’album reste forte et le passage entre les pièces se fait de façon naturelle, c’est aussi une des magies de cet album réussi de bout en bout. On navigue d’un bout à l’autre de l’album, tantôt spiritual music, tantôt musique typée moyen ou extrême Orient, trio jazz intime ou free débridé en quintet. Si on ajoute la qualité exceptionnelle des musiciens rassemblés ici, on comprend la sélection de cet album qui fera très bonne figure au mlieu des historiques.

Ethiopia


Blessings


Whispersong


Tender Optimism
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 26 juil. 2021 19:50

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Zusaan Kali Fasteau, Noah Howard, Bobby Few ‎– Expatriate Kin

Il me faut reconnaître que j’avais une véritable envie de remettre au plus vite le couvert, du coup ce sera « Expatriate Kin » antérieur d’une année par rapport au précédent, mais déjà Noah Howard et son saxophone alto et Bobby Few devant son piano. Sans surprise, Zusaan Kali Fasteau joue du violoncelle, du saxophone soprano et vocalise à l’occasion. Elle signe également les compos, sauf trois signées du trio, des impros sans doute…

Kali Fasteau joue à gauche, le soprano est plus aigu que l’alto dont joue Noah Howard au centre, le piano de Bobby Few, lui, occupe l’espace à droite. Ce dernier a fait ses premiers pas avec Albert Ayler, son ami d’enfance, il a enregistré sur « Music Is The Healing Force of the Universe » peu après avoir joué au Festival d’Amougies, en Belgique, il a joué avec Shepp, Steve Lacy et un peu tout le monde en fait, rien de surprenant de le retrouver en compagnie de Kali Fasteau sur cet album de 97.

Noah Howard est également une légende du free jazz, il en a signé quelques belles pages, « The Black Ark » son album le plus souvent cité mais également « Space Dimensions » ou « Live In Europe Vol.1 » mais il enflamme tout ce qu’il touche. Un témoin de l’enregistrement de cet album, sur les notes de pochette, raconte que Noah, dans l’occupation de l’espace, jouait de façon verticale, agitant son instrument du haut en bas, alors que Zusaan Kali Fasteau, jouait en traçant des cercles imaginaires avec son saxophone soprano. On pourrait presque lire ces lignes en écoutant l’album !

Beaucoup de belles pièces ici, comme « Sea of Japan » ou « Truth Be Told » ou « Nightbirds In Paris », souvenir d’un passé encore aimé et choyé où les trois se sont exilés dans les années soixante-dix, « une conspiration de bonne humeur, nourrissaient nos esprits et notre travail » écrit-elle sur les notes de pochette.

Aussi beau que l’album cité plus haut, il est dédicacé à Frank Wright et à Donald Rafael Garrett.

Zusaan Kali Fasteau, Noah Howard, Bobby Few ‎– Cardinal Flight


Zusaan Kali Fasteau, Noah Howard, Bobby Few - Truth Be Told
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 27 juil. 2021 06:26

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Kip Hanrahan ‎– Crescent Moon Waning

Et voici le dernier album de Kip Hanrahan, il date de… 2017 ! Le précédent était sorti en 2011 et l’antépénultième en 2008. Mesurer le temps entre les albums, c’est aussi mesurer l’absence, et vient de suite la question qui se pose, est- ce bien encore notre Kip Hanrahan qui est là et se pose ? C’est que la plus grande partie de sa musique s’est créée avant l’année deux mille, quatre-cinquièmes de son œuvre…

Il faut dire qu’il y a plusieurs Kip, ou plutôt qu’à travers lui vibrent plusieurs cultures musicales mélangées, par ses origines irlandaises, russes et juives, mais aussi par le milieu dans lequel il vit, qui le forme et vibre en lui, la musique portoricaine avec ses rythmes latinos, d’ailleurs il n’est pas anodin qu’il soit devenu percussionniste !

Être percussionniste à Porto Rico ce n’est pas comme dans nos contrées, il ne suffit pas d’être impeccable et parfait, non, la différence est d’importance mais elle ne se mesure pas si vite, il y a ce centième de seconde, impalpable et inaudible aux oreilles d’ici, mais qui font la différence là-bas, ce truc qui donne le sourire aux lèvres quand on l’atteint et qui brille dans les yeux de ses pairs, quand l’heure est venue et que chacun le voit, l’entend, le constate et que la reconnaissance arrive.

Mais il est également compositeur, il sait y faire. Il aime aussi les chansons, le format lui plaît, concis, ramassé, il écrit. Puis, quand l’heure arrive et que la chanson se donne à ses interprètes, qu’elle prend son envol et le quitte, elle se transforme dans le chant des autres, dans les rythmes qui l’habitent et devient l’affaire de tous, son format peut se transformer, sa durée, elle s’enrichit au bon vouloir de ses magnifiques musiciens.

Ecouter cet album, c’est plus que simplement faire revivre les bonheurs passés, ou faire renaître les souvenirs anciens, l’expérience est sensorielle, elle est chargée d’une torride émotion qui a quelque chose à voir avec la passion, comme sur « She And He Describe The Exact Same Intimate Moment ».
Alors forcément on s’en fou un peu de savoir si l’album est beau, magnifique, parfait ou exceptionnel, que ceux qui aime chiffrer leurs émotions déposent un 6, un 7, un 8, oh ! Un neuf ne serait-ce pas trop ? Quoi un dix mais y’a même pas John Lennon ni Roger Waters !

Bon, il n’est pas tout seul Kip, les potes sont là : Kip Hanrahan, Michael Chambers, Dick Kondas, Brandon Ross, Luisito Quintero, Robby Ameen, Yunior Terry, Charles Neville, Lucia Ameen, Milton Cardona, Anthony Carrillo, Richie Flores, Andy Gonzalez, Steve Swallow, Xiomara Laugart, Fernando Saunders, Josh Sinton, Alfredo Triff, J.D. Allen, Mlle Jennifer Hernandez, Roberto Poveda, David Rodriguez, Craig Handy, Lucy Penabaz, Giacomo Merega, Grayson Hugh, Senti Toy, Ignacio Berroa, Giovanni Hidalgo, Steve Berrios, Jack Bruce, Chico Freeman, Mario Rivera.

Et ça le fait bien, ça vous pouvez en être sûr !

She Can Measure the History of Dreams


She and He Describe the Exact Same Intimate Moment


Perfect Math, In a Model Bronx Childhood


In Olinda, She Calmly Explained the Use of the Reflexive
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Message par Douglas » mar. 27 juil. 2021 19:50

Une petite remontée pour un autre album de Kip Hanrahan!
;)

Douglas a écrit :
lun. 20 juil. 2020 09:25
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Kip Hanrahan - A Few Short Notes From The End Run

Je ne sais quel canal j’ai suivi en 1981 pour me trouver connecté avec la musique de Kip Hanrahan, toujours est-il que son premier album « Coup de tête » m’est resté entre les deux oreilles avec une force inouï. Ce « son » si personnel et identifiable sans doute, ou « India Song » qui alors stationnait grave à l’intérieur, et ces stars agglutinées sur l’album, incroyable ! Et puis Jack Bruce est arrivé sur « Desire Develops An Edge », le chef d’œuvre, énorme et boursouflé, fallait oser quand même ! Arriva ensuite « Vertical's Currency », troisième étage de la fusée et troisième choc d’affilée…

Kip est percussionniste, peut- être parce qu’il a grandi dans le quartier portoricain du Bronx, d’ailleurs je l’ai d’abord et longtemps imaginé Portoricain, ça collait tellement à sa musique, mais c’était une erreur, c’est un juif irlandais. Il est aussi compositeur, arrangeur mais c’est surtout un immense rassembleur de talents, venus pour beaucoup de la planète « Jazz ». Sa musique est légère, elle sautille sur les tambours et s’échappe en volutes vocales, en fumées évanescentes…

Cet album est tout petit, un E.P. qui m’avait échappé à sa sortie, très chouette ce « A Few Short Notes From The End Run » sorti en 86, quinze minutes de bonne musique enregistrée entre 84 et 85, on retrouve Jack Bruce sur trois titres et sa voix sur « Two » le titre d’ouverture, écouter Jack chanter est toujours un privilège et rien que pour ce titre je suis déjà amoureux de cet album. D’ailleurs ce mini-Kip est un concentré puissant de ce qu’il fait et de ce qu’il est, une magnifique réduction sur laquelle se pencher, avant d’y plonger…

Two (from Kip Hanrahan / A Few Short Notes for the End Run amcl 1011EP)


SMALL CHANGE - KIP HANRAHAN


Kip Hanrahan - The First And Last To Love Me


Kip Hanrahan - Mañenguito`s Magic Afternoon
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Message par Douglas » mer. 28 juil. 2021 05:02

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Sonny Rollins Quartet With Don Cherry ‎– Complete Live At The Village Gate 1962

Retour vers la sélection pour un gros pavé, six Cds pleins jusqu’à la gorge, une grosse star du jazz que je n’attendais pas du tout ici, encore de l’inattendu : sélectionner Sonny Rollins pour représenter le free jazz, il fallait oser !

Sonny Rollins c’est le roi du saxophone ténor pendant les années cinquante, à la suite de Coleman Hawkins il règne en maître et devient la référence absolue sur l’instrument, enregistrant un grand nombre d’albums incontournables. On peut parler de ses enregistrements au Village Vanguard qui sont restés dans les mémoires, avec ses deux trios fameux. Et puis un jour tout bascule, Ornette Coleman montre le bout du nez et John Coltrane prend le leadership sur l’instrument, révolutionnant sa pratique, un coup dur pour Sonny qui se retire et médite, on l’entend jouer sous le pont de Williamsburg, seul comme un fantôme.

Puis il sort de sa retraite et enregistre « The Bridge » puis « Our man In Jazz » avec Don Cherry au cornet, Bob Cranshaw à la basse et Billy Higgins à la batterie. C’est un enregistrement live au Village Gate au Greenwich Village de New York. Et bien c’est à se moment que viennent se greffer les gars de FJMt° en sélectionnant l’intégrale des concerts qui se dérouleront entre le vingt-sept et le trente juillet 1962 et qui sont contenus dans un coffret de six Cds.

La musique jouée ici est typique de la modernité de l’époque, à cheval entre le hard bop et le post bop, les balbutiements du free, quelque chose entre la tradition avec la construction thème/solo/thème et une structure encore solide et puis lès règles qui deviennent plus lâches, le travail sur les harmonies effectué par Coltrane, les solos qui se rallongent et se déstructurent à l’écoute d’Ornette.

Mais Rollins sera toujours Rollins et c’est comme ça qu’on l’aime, avec son gros son, sa volubilité, son tempérament de feu et tout ça se mélange avec ses recherches récentes, nées de ses méditations intérieures. C’est un peu tout ça que l’on retrouve ici, un volcan qui cherche et bouillonne. Don Cherry plus économe joue le rôle du guide, celui qui montre la voie, après avoir construit tant et tant aux côtés de Coleman, il est en tous points énorme ici.

Alors évidemment l’album est tout à fait excellent et paraît même presque sage et classique aujourd’hui, presque incongru dans la sélection FJMt°, mais qu’il est bon le son de Sonny quand il joue ici, entouré par un trio d’experts remarquables de bout en bout.

Sonny Rollins & Don Cherry: St. Thomas (Live at the Village Gate 1962)


Sonny Rollins - Doxy (Live at The Village Gate, 1962)


Sonny Rollins (1962) [OLEO]


Sonny Rollins & Don Cherry: Dance of the Reed Pipes (Live at the Village Gate 1962)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 28 juil. 2021 13:33

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Miles Davis ‎– Merci Miles! (Live At Vienne)

Celui-ci quand on le reçoit on se dit « Le dernier Miles ! » Comme s’il était encore parmi nous, mais la vérité c’est qu’il est toujours là, que sa musique vit encore en nous, et quand, en plus, ça ressemble à de l’inédit, à du pas connu, alors là on croit à la résurrection des morts et à tout ce fatras dont on se gausse d’habitude, oui, chers fidèles, Miles est de retour…

C’est écrit sur les murs, dans la propagande officielle, sur les panneaux publicitaires et dans les journaux qui arrivent dans ma boîte : « Merci Miles ! », « Le concert Totalement Inédit De Miles Davis Au Festival Jazz A Vienne De 1991 », « Inclus Deux Titres, "Pénétration" et "Jailbait" écrits Par Prince, Et Publiés Pour La Toute Première Fois » ! Oyez, oyez braves gens, Il est là, de retour parmi nous, le Messie est revenu !

Ce truc s’est passé à Vienne, le premier juillet 1991 sur la scène du « Théâtre Antique » et c’est une de ses dernières apparitions, il est parti le 28 septembre de la même année, avant qu’il ne ressuscite ces jours derniers.

Par bonheur, Miles, j’en ai fait bonne consommation, je dirais cinq ou six fois, pendant sa période électrique, dont trois soirs de suite au festival de jazz de Nice, de toute façon Miles on pouvait le voir trois fois de suite et c’était chaque soir différent, pas comme les Stones qui se dupliquent d’un soir sur l’autre, eux c’est juste différent si, par chance, un soir ils sont fatigués. Tandis que Miles je crois qu’il ne savait pas être moins bon.

Je m’souviens, la première fois que je l’avais vu, c’était pendant la période où on l’accusait de faire « la gueule » à son public parce qu’il jouait en lui tournant le dos, en fait je n’avais vu qu’un homme se tournant vers ses musiciens, ou un seul, pour faire un duo ou pour, en deux trois notes, changer la direction musicale d’un morceau.

Cet album est vraiment très bon, impossible de parler différemment, il est même pour moi une redécouverte. Globalement je n’aime pas trop sa dernière période, celle d’après « Agharta », « Pangaea » et « Dark Magus », et je suis souvent sévère, n’hésitant pas à pourfendre ses aventures plus commerciales, mais ici tout passe, tout glisse, même ces trucs un peu sucrés qui d’habitude m’horripilent, d’autant que les inédits sont magnifiques.

On soulignera la qualité des musiciens et particulièrement de Kenny Garrett au sax, mais ils sont tous excellents, Deron Johnson aux claviers, Foley à la basse lead, Richard Patterson à la basse et Ricky Wellman à la batterie, c’est très funky et même assez irrésistible !
Jack Lang, que miles avait surnommé « le Picasso du jazz » allait lui remettre la légion d’honneur d’ici quelques jours, je ne sais si cette perspective l’enflammait, mais ce soir-là, à Vienne, c’était chaud et brûlant !

Indispensable me semble-t-il…

Penetration (Live at Vienne Jazz Festival, 1991)


Jailbait (Live at Vienne Jazz Festival, 1991)


Hannibal (Live at Vienne Jazz Festival, 1991)


Hannibal (Live at Vienne Jazz Festival, 1991)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 29 juil. 2021 02:29

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Nina Simone - The Montreux Years

Ça vient de paraître, il y a déjà deux Cds dans la série, avec le même titre : « The Montreux Years ». L’un est consacré à Nina Simone et l’autre à Etta James. Je me suis procuré celui de Nina Simone. Première remarque c’est sorti en vinyle et en Cd, perso je me suis orienté vers le Cd car il est deux fois plus goûtu, en effet il est double et contient en outre l’intégralité du concert de 1968. Le vinyle ne contient que les quinze titres du premier Cd. Chacun choisira car la différence de prix n’est pas énorme, ce dernier point est souvent un signe d’alerte, signe qu’il vaut mieux vérifier ce qu’on achète.

Une autre remarque avant d’aller plus loin, il existe déjà un album « Live à Montreux » avec le concert de 1968, il s’appelle « Live In Europe » ou pire « Live In Paris » ou encore « The Great Show Of Nina Simone Live In Paris » ! Et comme rien n’est simple il existe également un « Live At Montreux 1976 » avec le bon concert au bon endroit.

Je détaille tout ça car si vous possédez déjà l’album de 1968, le vinyle est pour vous. Mais aussi parce que ce n’est pas, on le devine, une intégrale des concerts à Montreux, mais une sorte de best of… des concerts de Montreux, avec les titres que tout le monde attend ou plutôt ceux que tout le monde est censé préférer.

Les titres ne sont pas classés dans l’ordre chronologique, tout est mélangé « Backlash Blues » de 76, « See-Line Woman » de 90, « Montreux Blues » de 81, « Someone To Watch Over Me (Intro) » de 87. Il y a sept titres de 90 dont « Ne me Quitte pas », « No Woman No Cry », « Liberian Calypso » … On est loin d’un truc un peu sérieux, et on renifle le truc commercial.

Mais c’est Nina Simone. Et forcément ça peut faire sauter les a priori, c’est que c’est une grande Dame et qu’elle bouleverse, tant et tant que ma foi on peut se laisser tenter, d’ailleurs c’est ce que j’ai fait, et puis il y a le concert intégral de 68, quand même, ce qui constitue un attrait majeur, de plus la qualité technique est irréprochable !

Nina a quelque chose qui la relie au jazz, c’est aussi son histoire, ses racines et ses blues aussi. Mais elle dépasse la catégorie, comme elle dépasse toutes les catégories, c’est une Diva, une interprète qui épouse son temps, le dénonce aussi, d’ailleurs elle porte des blessures, c’est pour ça que lorsqu’elle chante, souvent elle nous fait pleurer, ou bien nous empli de colère et même de rage, et d’empathie aussi.

Mais c’est aussi une grande pianiste qui a vu son destin se butter au racisme d’alors, elle interprète également et les mots qu’elle écrit et qu’elle chante, ils viennent de l’intérieur et sont pleins de peine et de beauté, Nina c’est vraiment quelqu’un.

Quelqu’un…

Backlash Blues (Live – Montreux Jazz Festival 1968)


See-Line Woman (Live – Montreux Jazz Festival 1968)


Four Women (Live – Montreux Jazz Festival 1990)


Ne me quitte pas (Live – Montreux Jazz Festival 1968)


Don't Let Me Be Misunderstood (Live – Montreux Jazz Festival 1968)
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