J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 8 oct. 2022 17:49

whereisbrian a écrit :
sam. 8 oct. 2022 08:39
:chapozzz: :chapozzz:

Merci pour les précisions.
Un disque qui balance bien. Juste au niveau du son, je trouve qu'il y a un manque de précision (rythmique),
un genre de voile provenant probablement de la date de l'enregistrement.
Je ne sais pas trop comment et dans quelles conditions le CD (mon exemplaire d'écoute) a été produit.
Oui, c'est sûr qu'en soixante-six la technologie n'avait rien à voir, mais le cachet d'origine des productions d'époque a parfois son charme...
En tout cas un album qui se réécoute avec grand plaisir, merci de nous y faire repenser.
:)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 8 oct. 2022 18:01

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Artistes Divers - Chicago's Avant Today (2003)

La date de sortie de cette compile à bas prix est d’importance, l’album est sorti pour célébrer le cinquantième anniversaire du label Delmark, à l’époque huit compiles sortent pour fêter ça, dont celle-ci, qui est consacrée au free-jazz de Chicago, en suivant la trace de l’A.A.C.M, Delmark était le premier label présent sur ce coup-là. Sept formations sont regroupées ici, représentant sept albums différents, par bonheur, je n’en possède qu’un sur le lot, de quoi ouvrir ses oreilles vers des sons nouveaux…

Ça commence par un extrait de l’album « Jo’Burg Jump » enregistré en deux mille par « l’Ernest Dawkins’ New Horizons Ensemble » en quartet avec Ameen Muhammad à la trompette, le tromboniste Steve Berry, le bassiste Ben Israel et le batteur Avreeayl Ra. C’est chaud, bouillant et idéal pour une introduction où les formes sont encore là, bien qu’elles se tordent sous les assauts free des solistes, Ernest, Steve et le percutant trompettiste Ameen qui distillent quelques magnifiques banderilles.

On continue avec le « NRG Ensemble » qui nous présente un extrait de « This is My House » et le titre « Hyperspace ». Deux tonitruants saxophonistes ténor se chargent de dynamiter l’ambiance, Ken Vandermark à droite et Mars Williams à gauche, épaulés par Brian Sandstrom à la guitare électrique, Ken Hessler à la basse et Steve Hunt à la batterie. Le titre date de quatre-vingt-quinze et défonce grave avec une énergie très rock et un feeling débridé, très free, qui dépote et arrache bien le temps des six minutes du morceau.

La pièce suivante est consacrée à « Robert Mazurek & Chicago Underground », la pièce « Ostinato » en provenance de l’album « Playground ». Le cornettiste est accompagné par Jeff Parker à la guitare, Chad Taylor à la batterie, des musiciens que nous connaissons bien. Il y a également Sarah Smith au trombone, et Chris Lopes à la basse. Il faut bien convenir que passer juste après le « NRG Ensemble » n’est pas un cadeau, mais le titre se développe tranquilou, dans un certain calme avec ce qu’il faut de sérénité. Ça date de quatre-vingt-dix-sept, Rob Mazurek s’exprime le premier avec une grande maîtrise et une éblouissante technique, dommage que quelques parties écrites apportent un peu de tiédeur au propos.

Arrive ensuite l’album que je possède « Renaissance Of The Resistance » du Kahil El Zabar’s Ritual Trio avec un hommage à Coltrane « Trane In Mind » qui date de quatre-vingt-treize. C’est en trio avec les excellents Ari Brown au saxo ténor et Malachi Favors à la basse. Vous connaissez ma passion pour cette formation, c’est juste parfait.

Un musicien que je ne connais pas, le trompettiste « Malachi Thompson » pour « An Elevated Cry » issu de l’album « 47th Street », il y a pas mal de monde alors je ne cite que Billy Harper au ténor que beaucoup ici connaissent. Il y a une petite chorale qui opère, « Vocal Poynt » ce qui teinte la pièce d’une nouvelle couleur, très tranchante avec ce qui précède. C’est souvent le problème des compiles où les genres se télescopent au détriment de l’harmonie d’ensemble, mais il faut l’accepter. Le free est assez soft mais les solos sont tout de même de qualité.

On grimpe à nouveau avec Jeff Parker à la guitare, Chris Lopez à la basse et Chad Taylor à la batterie pour « Holiday For A Despot » un extrait de l’album « Like-Coping » de deux mille deux. C’est très free et innovant, la guitare telle qu’on ne l’entend pas très souvent, incluant une sorte de bruitisme et de la dissonance, de l’énergie free électrifiée, la pièce est assez courte et glisse un peu vite.

Retour du saxophoniste précité avec le « Ken Vandermark’s Sound In Action Trio » où il est accompagné par les batteurs Robert Barry à droite et Tim Mulvenna à gauche, tandis que notre saxophoniste se situe au centre. C’est un extrait de l’album « Design In Time » et la pièce jouée se nomme « Top Shelf ». C’est assez sobre et ça passe très vite, le jeu des batteurs est très contenu et présente une belle complémentarité sur laquelle se déplace Ken avec la maîtrise qu’on lui connaît, une pièce paisible et un peu fragile, avec une assez faible densité rythmique assumée en fait. Le désir de ne pas boucher les trous et les silences par une suractivité intempestive.

Un bel album dont il ne faut pas se priver.

Stranger (Ernest Dawkins' New Horizons Ensemble)


Hyperspace (NRG Ensemble)


Trane In Mind (Kahil El Zabar’s Ritual Trio)


Holiday for a Despot (Jeff Parker, Chris Lopez, Chad Taylor)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 9 oct. 2022 13:45

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The James Blood Ulmer Blues Experience – Live At The Bayerischer Hof (1994)

Voici James « Blood » Ulmer à son top niveau, en trio et en live sous les meilleurs auspices. Quand tout se conjugue avec bonheur, voici le genre de skuds qui peuvent atterrir dans votre assiette. Tout d’abord confie James, le premier « live » depuis dix ans, de quoi proposer une sorte de « best of… » avec beaucoup de pièces réinterprétées ici pour l’occasion.

Et puis il y a également ce trio qui enchante notre guitariste, Amin Ali dont il fait l’éloge à la basse et Aubrey Dayle à la batterie. La formation est solide et expérimentée, les trois sont soudés et se tiennent coudes serrés pour offrir un parcours entre idiome blues et « harmolodie » colemanienne, un mélange ici tellement évident qu’il s’impose avec une grande simplicité. « Crying » penche vers la note bleue après deux premières pièces dressées côté free-funk !

Et puis il y a également la technologie qui évolue avec cet album qui présente une prise de son absolument exceptionnelle. Nous sommes sur scène, l’oreille collée aux amplis côté retour, la définition est vraiment très claire et chaque instrument bénéficie d’une lecture propre et claire, l’effet est remarquable.

Le concert s’est déroulé le 25 avril 1994 au fameux « Bayerischer Hof Hotel » de Munich et James « Blood » Ulmer lui-même ne se prive pas d’éloges quant au ressenti qu’il a reçu : « I Consider this record to be a turning point in my recording career. » Voilà, c’est dit ! Ici le répertoire est souvent chansonnier, il interprète les pièces en les accompagnant bien souvent de la voix, à l’image d’une rock star, à ce jeu il s’en sort admirablement.

Bien sûr évoquer Hendrix peut sembler une peu éculé, pourtant à l’écoute de « Boss Lady » c’est le nom qui surgit à l’esprit, son jeu de guitare, si personnel, se rapproche cependant de l’ange tutélaire sans que ce dernier ne lui brûle les ailes, même si ça chauffe côté ampères. James Blood Ulmer est le seul guitariste au monde pouvant présenter une telle musique, un mélange unique de complexité harmonique sur une grille simple basé sur le blues, c’est ce mélange incroyable qui le rend si passionnant à écouter, d’une pièce à l’autre on semble basculer, mais pourtant tout se coordonne avec une confondante évidence !

Ce vingt et unième album du guitariste est également bien rempli, une heure de bonne musique toujours surprenante, à la fois jazz, free, rock, funk et blues. Les deux dernières pièces sont également très convaincantes, « Timeless » pour son originalité et « Make It Right » pour son visage plus rock, s’orientant vers de longs développements, pour se dire « au revoir » et goûter une dernière fois au son de ces guitares bien râpeuses, celle d’Amin et celle de James…

Burning Up (Live)


Crying (Live)


Boss Lady (Live)


Timeless (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 10 oct. 2022 03:38

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The James Blood Ulmer Blues Experience – Blues Allnight (1990)

Cette fois-ci James « Blood » Ulmer franchit le pas et s’offre un album autour du blues, « Blues Allnight », il compose également l’ensemble des pièces, mais franchit difficilement le cap des trente-sept minutes. Il chante abondamment et bien entendu il joue de la guitare, la surprise c’est qu’il s’adjoint un autre guitariste, Ronnie Draytton, Amin Ali est à la basse, et Grant Calvin Weston joue de la batterie.

Le blues s’accommode volontiers de rythme rapide ou d’une graine de funk, aussi l’album est-il très varié et se colore volontiers d’une joyeuse diversité, chaque titre est porteur d’une marque unique et le cocktail est extrêmement fourni, par contre on pourra reprocher probablement un certain manque de profondeur et quelques facilités ici ou là.

« Calling Mary » passe assez bien avec son air de « déjà entendu » mais les sha-na-na de « Changing Times » glissent moins bien, tout du moins à mes oreilles. Du coup naît le soupçon d’être à la recherche d’un coup commercial ou, au mieux, de se laisser un peu aller, bien qu’il y ait tout de même de belles pièces comme « Baby Snatcher » ou « Blues Allnight » qui ouvre l’album.

On peut remarquer également la voix de James, moins éraillé qu’à l’habitude, presque lisse, se glissant bien dans cet ensemble assez soyeux. C’est bien propre, net, et se termine comme il se doit par une chanson d’amour « I Don’t Know Why » qui résume bien cet album un peu sucré…

Baby Snatcher


Blues Allnight


Calling Marry


I Don't Know Why
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 10 oct. 2022 10:12

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James Chance & The Contortions – Molotov Cocktail Lounge (1996)

Pour ce qui me concerne « James Chance & The Contortions » c’est resté longtemps et uniquement le groupe qui, sous le nom de « The Contortions » figura sur les quatre premiers titres de l’incroyable compil, quasi historique, qui sortit en soixante-dix-huit, « No New York », premier effort de la New Wave, inspiré et produit par Brian Eno.

Une opportunité s’offrit à moi de me procurer cet album de « James Chance & The Contortions », « Molotov Cocktail Lounge » sorti presque vingt ans plus tard, allons-y et mettons- le sur le grill, y a-t-il toujours cette urgence et cette folie qui brûla alors, lorsque s’allumèrent les premiers feux de cette nouvelle vague fascinante ?

James Chance a pris la main, mais d’une certaine façon il l’avait déjà, et l’a conservé au point d’être l’unique survivant de la formation d’origine, mais il tient toujours son sax à disposition, chante également et pianote à l’occasion. Bien que la musique soit plutôt funk et que la rébellion de la No Wave s’entende encore, il y a un petit côté jazz, dans le son et les orchestrations, bien présent, de quoi justifier la présence de cet album de ce côté…

Jerry Agony est à la guitare, Eric Klaastad à la basse, Richard Dworkin à la batterie, il y a encore Robert Aaron au sax ténor et au clavier, Luther Thomas au sax baryton, Brian Lynch à la trompette, Tony Alimony aux timbales et percussions et John Paris à l’harmonica, invité du soir. C’est enregistré en live au club « The Cooler » de New York, un rare vingt-neuf février de quatre-vingt-seize.

Pas de problème la « marque » est encore là, pas trop de traces de fatigue, le phrasé, la voix éraillée, la rage intérieure tout ça flamboie encore et l’énergie s’exprime avec une même urgence. Les musiciens sont également au taquet, le sax de James Chance a conservé la brièveté saignante de ses saillies, et les sections de anches et de cuivres assurent comme il faut. Robert Aaron, Brian Lynch, Luther Thomas envoient et déraillent à souhait, équilibrant le chant saccadé d’un Chance qui envoie cris et slogans. Le début du concert est flamboyant !

On reconnaît « Jaded » en provenance de « No New-York », en sixième position, Aaron aux claviers, le sax de James Chance et cette lente montée, ponctuée par cette voix plaintive qui raconte la dépendance d’un junky, un thème récurrent dans sa discographie, tout ça fonctionne encore vraiment bien !

Mais l’album est long, quasi soixante-dix minutes au compteur, et il est tout de même difficile de tenir une telle tension sur une durée si longue, et sans doute pourrions-nous concéder une légère baisse d’intérêt dans la seconde partie de l’album, malgré l’énergie que dépense Chance, un certain essoufflement se fait parfois ressentir, malgré quelques saillies Rock’n Roll, comme le bref mais efficace « Treat Her Right ».

Un album sympa, mais sans doute pas le meilleur de la discographie de James Chance, le « Live In New York » aka « White Cannibal » offre peut-être davantage, une étape prochaine, sans doute.

Designed to Kill


Jaded


White Meat


[I'm Not A] Bedroom Athlete
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 11 oct. 2022 02:51

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Pharoah Sanders – Live … (1982)

« Pharoah est un homme qui possède une grande force spirituelle. Il tend toujours vers la recherche de la vérité. Il essaie de permettre à son « moi » spirituel d’être son guide. Il se préoccupe, entre autres, de l'énergie, de l'intégrité, de l’essentiel. J’aime tant la puissance de son jeu ! De plus il appartient à la jeune garde des innovateurs et c'est pour moi un plaisir et un privilège qu'il ait accepté de m'aider. »
John Coltrane

Voici le texte que l’on peut trouver dans le livret de cet album, un hommage sincère entre grandes personnalités du jazz, on pourrait même dire iconiques, et l’on souvient de cette « trinité » où il se disait que John était le père, Pharoah le fils et Albert l’Esprit Saint. Les croyants les aimeront réunis au paradis, les autres les tiendront chaudement dans leur cœur.

Lors de mon périple sur la disco de Pharoah, certains albums étaient passés à l’as, car ils me manquaient. Ce « Live… » fait partie de cette catégorie, mais par bonheur je l’ai reçu il y a deux ou trois semaines et je l’ai écouté bien souvent depuis. A l’origine il est sorti en vinyle sur « Theresa Records », j’ai cependant opté pour la version Cd car elle possède une pièce de plus « Doktor Pitt » qui est remarquable et dépasse les vingt et une minutes.

Le meilleur extrait reste cependant le titre d’ouverture malgré sa conception simple, on y entend le « Pharoah » que l’on aime tant, avec ses dérapages hors-normes vers le cri et le don de soi. Le titre se nomme « You’ve Got To Have Freedom », un extrait de l’album « Journey To The One ». Quatorze minutes de folie pendant laquelle il présente ses musiciens, c’est probablement le dernier titre du concert qu’il donna au « Maiden Voyage » de Los Angeles entre les 16 et 19 avril de 1981.

« Doktor Pitt » n’est pas loin derrière, enregistré quelques jours avant au « Great American Music Hall » de Los Angeles avec les mêmes musiciens, John Hicks au piano, Walter Booker à la basse et Idris Muhammad à la batterie. Un quartet de rêve qui accompagne Pharoah sur tout l’album. Sur cette pièce John Hicks s’exprime longuement, ainsi qu’Idris, mais plus brièvement. Pharoah se donne également avec générosité.

On remarque également « Easy to Remember » de Hart et Rodgers où Pharoah se rappelle du Coltrane des débuts, c’est vraiment confondant, jusque dans le phrasé et la sonorité de l’instrument, il se souvient, récite et ressuscite, il se pourrait que certains aiment plus particulièrement cette pièce pour cette raison…

L’album est à conseiller très certainement, un parmi les bons enregistrements de la période post-Impulse.

Pharoah Sanders - Pharoah Sanders Live... (1982) Full Album

1. You Got to Have Freedom 00:00
2. Easy to Remember 14:17
3. Blues for Santa Cruz 21:09
4. Pharomba 29:48
5. Doktor Pitt: Bonus Track 43:14

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 12 oct. 2022 01:43

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Pharoah Sanders – A Prayer Before Dawn (1993)

Pharoah Sanders encore, mais avec un album très différent qui s’ouvre sur un Pharoah plus intimiste, voire secret, comme s’il ouvrait une page qui dévoilait une autre part de lui-même, avec sincérité et même une certaine candeur, pourrait-on penser…

La réussite n’est pas toujours au rendez-vous et beaucoup rangeront cet album du côté des rebus, mais peut-être s’en débarrasseront-ils trop rapidement, car il y a quelque chose à gratter me semble-t-il, même si nous voilà bien loin des emportements anciens qui nous laissaient souvent ébahis, K.O debout !

Il y a quelques maladresses ici, particulièrement le choix de l’accompagnateur principal, car pas mal de pièces sont jouées en duo, et son comparse, William Henderson au piano et au synthé Kurzweil n’est pas à son meilleur. C’est dommage, mais il foire pas mal et se pose dans un accompagnement assez souvent malheureux, « The Light At The Edge Of The World » par exemple souffre de choix très contestables.

La version Cd contient deux titres supplémentaires dont « Chrismas Song » qui, si on y ajoute « The Greatest Love of All », est la seconde reprise d’une interprétation de … Whitney Houston ! Cette chanson de Noël est de toute façon saccagée par le synthé ringard de Henderson, il vaut mieux se concentrer sur le jeu de Pharoah.

Avouons une certaine surprise, mais c’est une autre face de Pharoah qui se dévoile ici, plus douce, plus sensible, calme et reposée. Un certain côté « fleur bleue », qui penche du côté du bon Dieu, du bien, du monde de l’intime et de la beauté simple, partagée, alors forcément on grimpe moins aux rideaux, mais il y a également de belles choses ici.

Les deux reprises de Coltrane par exemple, « Living Space », juste sublime, et « After The Rain » avec John Hicks au piano. « Midnight At Yoshi’s » avec Brian McLaughlin au tablas, Lynn Taussing au sarod et chandrasarang et Alvin Queen à la batterie est la seule pièce jouée en groupe, elle se distingue également.

Cet album plaira probablement moins que le précédent.

Pharoah Sanders A Prayer Before Dawn

1 The Light At The Edge Of The World 00:00
2 Dedication To James W. Clark 05:11
3 Softy For Shyla 10:29
4 The Greatest Love Of All 15:53
5 Midnight At Yoshi's 24:20
6 Living Space 30:19
7 After The Rain 34:53
8 In Your Own Sweet Way 41:31
9 Christmas Song 48:40

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 13 oct. 2022 02:44

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Robotobibok – Instytut Las (2002)

Robotobibok est un groupe d’origine polonaise, il vient de Wrocław, la quatrième ville du pays par la taille, située en Silésie, son nom français est Vratislavie mais il est peu usité. Le groupe est constitué par Artur Majewski à la trompette, Adam Pindur au saxophone et au Moog synthétiseur, Marcin Ożóg à la contrebasse, Maciek Bączyk à la guitare et à l’ARP Odyssey synthétiseur et, pour finir Kuba Suchar joue de la batterie.

La formation, bien dans son époque, joue du « nu jazz », contraction de « New Urban Jazz », un style qui se marie avec l’électro et le funk, ici c’est plutôt l’électro que le funk, on a bien observé les deux joueurs de synthé et cette guitare électrique plutôt rock, mais la contrebasse est acoustique, et saxo et trompette équilibrent bien tout ça.

Cette première édition possède un format Dvd, mais est bien cartonnée, elle est limitée à mille, qui étaient alors exclusivement vendus en concert, il existe également une version Cd, ce n’est pas un « collector » très recherché, bien que la musique soit de très bon niveau et même fort intéressante. Cette formation n’a sorti que trois albums, celui-ci est celui du milieu.

Le trompettiste et le saxophoniste sont absolument excellents, ils n’hésitent pas à franchir la tradition pour glisser côté free, on entend l’influence de Miles Davis dans le jeu d’ Artur Majewski, mais c’est extrêmement bien digéré, quelques saillies font également penser au jeu de Don Cherry sans jamais tomber dans l’imitation, il est très énergique et dynamise le son du groupe, c’est vraiment un excellent instrumentiste qui nous rappelle au souvenir de Tomasz Stańko, qui fit tant pour le jazz polonais.

Les synthés sont extrêmement présents également, ils se glissent avec habileté dans le son, sans pour autant supplanter définitivement la musique, l’équilibre s’établit bien vite et ce mélange est très savant, pas de faute de mauvais goût ! Et cette guitare également, rock bien sûr mais très prog qui surgit toujours au bon moment.

C’est là vraiment le charme très spécial de cet excellent album, tout tient dans le dosage savant entre les éléments, pour que jamais l’attention ne baisse et se maintienne tout du long, presqu’une heure qui file vite, cette formation était véritablement une ambassadrice idéale pour le nu jazz, mais voilà, ce ne se fit pas, sans doute manquait-il une scène de jazz plus active vers l’est, et surtout des curieux pour aller y voir…

Robotobibok – Instytut Las (2002) [Cały album] [Full album]
01. Solina 0:00
02. Wymiana tlenu na stacji MIR 6:28
03. Grzybiarz 12:22
04. VCS * 19:25
05. Robot 20:04
06. Muzyka do filmu 21:48
07. Instytut Ruperta S. 27:14
08. VCS ** 35:15
09. Pomiar czasu 35:33
10. O czym szumią wierzby 38:40
11. Lodź podwodna 46:51

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 14 oct. 2022 02:21

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Bill Laswell – Lo. Def Pressure (2000)

Encore un « drôle » d’album de la part de Bill Laswell, pas dans le sens comique mais plutôt d’étrange, vers le bizarre, le curieux, les territoires inexplorés. Ce gars-là pose ses valises où les autres ne vont pas, il a participé à des centaines d’albums et rencontré des musiciens du monde entier, ici il joue de la basse, son instrument fétiche, des claviers, c’est un bidouilleur de l’extrême, il utilise aussi les machines, la programmation rythmique, il produit également, il est également respecté pour ça.

Mais il n’est pas seul, à ses côtés un immense musicien, Zakir Hussain qui joue des tablas et des percussions tout comme Badal Roy, l’Inde et le Pakistan réunis, une sorte de rencontre est-ouest pour un mélange fabuleux et inédit, le drum n’ bass qui rencontre la musique traditionnelle orientale, il fallait y penser.

Pour se faire il y a des adjuvants mais là je suis un peu perdu, il faut dire que le livret est une horreur, une sorte d’énigme à déchiffrer. Trois qui s’ajoutent, Arif Singh, Hassan Akber Ali et Kadri Sriram qui sont présentés en tant que musiciens additionnels dont l’apport est certainement décisif mais avec un champ d’action impossible à délimiter. Ce n’est pas très grave, mais il faut faire avec.

Il y a deux longues pièces ici, « Shyvamythscience » et « Black Ice », l’album frôle les cinquante minutes, il y a de quoi faire. Je dois dire que j’aime beaucoup, c’est une musique très « cool », presque planante, bien que parfois un peu nerveuse. La seconde pièce est plus rythmée et la première plus désincarnée, mais les deux me plaisent. Il y a également quelques faiblesses dans la conception et certains pourraient s’y ennuyer et y trouver une certaine monotonie.

Il y a un côté aride, le mélange tablas et basse ne peut suffire à lui seul sur une aussi longue durée, quel que soit le talent des musiciens, d’où les machines et l’électro qui sont une part intégrante de la musique et dynamisent le mélange. Ce n’est pas une musique à disséquer, il faut la prendre d’un bloc, comme elle arrive, bien que j’aie posé les tarpés depuis longtemps il me semble que ce genre de truc aurait bien fait l’affaire, à l’époque…

S’il y a un voyage dans l’espace, on peut également y entendre un voyage dans le temps, les instruments les plus traditionnels du subcontinent indien rencontrent les instruments du « futur », cet album est véritablement fusionnel, peut-être même très en avance, mais on le sait, Bill Laswell ne recule devant rien et prend les risques nécessaires, quitte à se planter et rien que pour ça je lui tire mon chapeau !

Shivamythscience


Black Ice
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 15 oct. 2022 02:29

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Julian Lage – View With A Room (2022)

Concernant cette musique on parle souvent d’Americana, ce genre regroupe la musique née sur le sol américain, incluant le folk, la country, le rhythm and blues, le rock 'n'roll et le bluegrass. Ça brasse large mais il n’y a ni le blues, ni le jazz. Pour ma part j’ai noté dans mes lectures que ce mot était souvent utilisé pour indiquer une musique influencée par la country et le jazz. Bill Frisell est également cité dans cette catégorie, on retrouve ce goût des grands espaces, de la country et d’une musique pleine d’allant, ouverte aux grands vents et à la nature.

Précisément Bill Frisell est présent sur une partie des titres de cet album, sept sur dix exactement, les trois autres sont en trio. Il n’y a rien de surprenant à la présence de Bill, on se souvient, un peu plus haut, de l’album de John Zorn « A Garden Of Forking Paths », où trois guitaristes se rencontraient pour un projet de musique fusionnelle, Bill Frisell, Julian Lage et Gyan Riley.

Ici c’est différent car Julian Lage se pose clairement en leader et le vieux Bill accepte volontiers le rôle de soutien, avec toute la modestie qui le caractérise. Sont présents également Jorge Roeder à la contrebasse et Dave King à la batterie, c’est bien celui du trio Bad Plus. Il y a cinq titres par face d’où se détachent « Tributary », « Word For Word » et « Echo » sur la première et « Let Every Room Sing » et « Fairbanks » sur la seconde, l’ensemble des compos sont signées par le jeune guitariste.

Sans surprise c’est magnifique, sans esbrouffe évidemment, juste une musique qui coule comme du miel, envahit l’espace et fait du bien, les deux guitaristes sont extraordinaires et celui qui tient ici le second rôle est également exceptionnel. C’est virtuose, mais sans être « m’as-tu vu ? ».

Les pièces en trio sont évidemment également passionnantes, « Word For Word » cité plus haut en est un exemple parfait, bien que j’apprécie énormément le travail délicat de Frisell sur les sonorités. Julian en trio fait davantage parler la virtuosité, se laissant guider par sa fougue, sans l’influence du vieux Bill et de son regard toujours souriant et bienveillant.

C’est un Blue Note, mon pressage est bon et le prix délirant.

Julian Lage - Tributary


Julian Lage - Word For Word


Echo


Fairbanks
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 16 oct. 2022 03:40

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Miles Davis – That's What Happened 1982-1985 (The Bootleg Series, Vol. 7) – (2022) – version LP

Voici donc venir la fameuse série des Bootlegs de Miles Davis, ici c’est le volume sept, celui du début de la dernière période, attachée aux albums « Star People », « Decoy », et « You're Under Arrest ». C’est surtout des inédits et des alternate takes qui figurent ici. Selon la version que l’on possède le menu est différent, service complet pour le coffret trois Cds et allégé pour les possesseurs du double vinyle dont je fais partie.

Toutefois, il faut bien faire du commerce, alors ceux qui ont la version vinyle bénéficient d’une pièce qui ne figure pas sur les Cds, histoire d’inciter les complétistes à acheter les deux versions. Il s’agit de « Freaky Deaky », une pièce inédite en provenance d’une cassette appartenant à John Scofield, enregistrée le trente juin quatre-vingt-trois.

Ce qui fait pencher l’intérêt côté Cd, c’est le concert « Live In Montreal » du sept juillet quatre-vingt-trois, dispo uniquement sur ce format. Mais il faudrait écouter, car cette période est loin d’être la meilleure selon moi, bien sûr j’ai tous les albums mais aucun n’est au niveau de la période précédente, concernant le Miles « électrique », qui commence en 1968 avec « In a Silent Way » et se termine en 75 avec les albums japonais « Agartha » et « Pangaea ».

Ici nous sommes très loin de ce niveau-là, il faut bien le reconnaître, Miles revient après être resté six années quasi-muet, sans publication phonographique. Il refait surface et s’ouvre à une forme de rock ou de variété, reprend des tubes et tente de plaire à la jeunesse noire, ici figure « Time After Time » de Cyndi Lauper ou « What's Got Love To Do With It » de Tina Turner ou encore « Human Nature » de Michael Jackson.

Mais c’est tout de même Miles, alors on tend l’oreille quand même, pas fou la première piste « Santana » est plutôt bonne, direct en provenance des sessions « Star People », le dernier album de Teo Macero qui fit tant pour le « rendu » du son de Miles, via les collages et autres bricolages, créant une musique présente sur les albums qui , en fait, n’a jamais été réellement jouée. On le disait « sorcier », il est vrai que c’était un créateur, à son poste et à sa façon.

Sur le vinyle seul des extraits des suites sont présents, « Minor Ninths part 2 » et « Celestrial Blues, part 2 ». L’ensemble forme une première face qui a de la tenue. La face deux par contre ne m’emballe pas dans l’ensemble, « remake Of Obx ballad » passe encore, mais « Time After Time », « What’s Love Got To Do With It » et « Human Nature » représentent assez bien ce qui ne passe pas chez moi, un certain laisser-aller dans les interprétations, les effets faciles et la recherche du hit.

La version de « Freaky Deaky » est donc différente des autres figurant sur le Cd, la pièce originale est sur « Decoy », la version alternative présentée ici s’écoute bien, il y a John Scofield, Milo Cinelu et Darryl Jones, de quoi faire avec un solo de Miles qui va. Les autres pièces proviennent des sessions de « You’re Under Arrest » qui ne fait pas partie de mes albums préférés de Miles.

Du coup s’il vous manque des éléments de la série des "Bootlegs" de Miles, courez acquérir, dans l'ordre selon moi, ces albums si vous ne les avez pas encore écoutés: « At The Fillmore (Miles Davis 1970: The Bootleg Series Vol. 3) », ou encore le « Live In Europe 1969 (The Bootleg Series Vol. 2) », ou bien le « Live In Europe 1967 (The Bootleg Series Vol. 1) ». Le vol.4 mérite également le détour sans être prioritaire, le Vol. 5 est un peu rébarbatif dans sa conception. Le Vol.6 concerne Miles avec Trane, hors catégorie évidemment, alors vous savez ce qu’il reste à faire…

Santana


Minor Ninths, Part 2


Celestial Blues, Part 2


Hopscotch (Fast)
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Message par Douglas » lun. 17 oct. 2022 04:57

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Miles Davis – Live in Montreal (1983)

Ce concert est le troisième Cd des « Bootleg Series, Vol.7 ». Il a été enregistré le 7 juillet quatre-vingt-trois et, me semble-t-il, devrait décider à lui seul si l’achat de la compile se justifie ou non. Le concert dépasse les soixante-dix-huit minutes et c’est incontestablement le point d’orgue de ces bootlegs. L’album est déjà paru sous le titre « Miles Davis Live - What It Is: Montreal 7/7/83 » en version vinyle sur Columbia.

Miles est à la trompette et aux claviers, il s’en sert comme d’une baguette pour un chef d’orchestre, un accord ou deux et la musique de l’orchestre change et évolue… John Scofield à la guitare, Bill Evans aux saxs ténor et soprano, ainsi qu’à la flûte, Darryl Jones est à la basse, Milo Cinélu aux percus et Al Foster à la batterie.

Dès le titre d’ouverture « Speak[That’s What Happened] » le ton est donné, Miles est en forme et derrière ça assure, j’ai eu la chance de le voir assez souvent et les souvenirs remontent. Lors de ce concert il joue quatre des six titres de « Star people », ce dernier est sans doute le meilleur album parmi ceux abordés dans cette septième édition des bootlegs, une chance pour nous, ce concert s’annonce comme un bon cru. Ce titre d’ouverture est un mix de « Speak » provenant de Star people et de « That’s What Happened » de Decoy.

D’ailleurs le second titre « Star People » ne nous démentira pas, bien vite on entend John Scofield se lancer dans un de ces solos d’anthologie qui font plaisir, la magie est toujours là ! « « What it is » provient de « Decoy », ce n’est pas non plus le pire des trois albums sur lesquels repose ce volume sept, l’occasion est donnée à Bill Evans d’épater son auditoire.

Toujours « Star people » avec le titre « It Gets Better » où Miles prend un magnifique solo, c’est dans ces moments qu’il excelle sur scène, souvent de profil ou même le dos tourné, mais jamais longtemps, il prend le temps qu’il faut et maîtrise ses effets. Bill Evans prend la suite avec la virtuosité qu’on lui connaît et c’est John Scofield qui, le dernier, s’exprime sur ce thème.

La cinquième pièce « Hopscotch » est cosignée par Miles Davis et John Scofield, un titre qui assume entièrement le côté « funky » de la musique de Miles ces années-là. Il se confirme qu’en cette période et avec ce band, Miles tenait encore bien la route, tout comme sur « Star On Cicely » encore un extrait de Star People.

Arrive « Jean-Pierre » et là je dois avouer que ce titre ne m’a jamais plus, le thème, pauvre avec ses notes détachées m’a pas mal gavé par le passé. Ici la version est plutôt intéressante elle se détache bien du thème et de l’ennui, c’est une belle surprise pour moi et confirme tout le bien qui émane de cet album et de cette musique.

Pour finir « Code 3 » commence sans qu’on y prenne garde, issu du titre précédent, comme engendré, plus j’avance dans l’écoute et plus c’est fabuleux, ou plutôt l’intensité est identique, mais à un sommet élevé qui se maintient sur toute la durée du concert, juste pour vous donner l’envie de remettre ça très vite, je connais, j’ai été piégé bien des fois.

L’avantage avec Miles c’est que les concerts d’une même tournée ne se ressemblaient pas forcément, ce n’est pas comme les Stones ou le rock en général, ici ça peut partir dans tous les sens, l’essentiel c’est que tout le monde retombe sur ses pattes en même temps, et ça, Miles savait faire…

« Creepin’ In » se termine et le concert avec, Al Foster fabuleux, Darryl Jones également. Mais tous sont des musiciens vraiment fantastiques, le groove est incroyable, je recommande vraiment l’écoute de ce concert, particulièrement aux amateurs de musique funky !

Speak (That's What Happened) (Live at Theatre St-Denis, Montreal, Canada - July 7, 1983)


Star People (Live at Theatre St-Denis, Montreal, Canada - July 7, 1983)


Jean-Pierre (Live at Theatre St-Denis, Montreal, Canada - July 7, 1983)


Creepin' In (Jam) (Live at Theatre St-Denis, Montreal, Canada - July 7, 1983)
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Message par nunu » lun. 17 oct. 2022 06:37

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Je n'avais pas encore eu le temps de jeter une oreille attentive a ce dernier Magma. je suis en train d'y remédier. Ca me convainc plus que les dernières productions du groupe en studio. La encore comme souvent ce ne sont pas des morceaux récents puisqu'a la fin de l'album on trouve en bonus deux versions de 1978 de deux des titres ou c'est René Garber qui assure le chant. L'album lui est d'ailleur dédié, on trouve un texte de Christian sur la pochette du Cd en son hommage

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 17 oct. 2022 07:36

nunu a écrit :
lun. 17 oct. 2022 06:37
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Je n'avais pas encore eu le temps de jeter une oreille attentive a ce dernier Magma. je suis en train d'y remédier. Ca me convainc plus que les dernières productions du groupe en studio. La encore comme souvent ce ne sont pas des morceaux récents puisqu'a la fin de l'album on trouve en bonus deux versions de 1978 de deux des titres ou c'est René Garber qui assure le chant. L'album lui est d'ailleur dédié, on trouve un texte de Christian sur la pochette du Cd en son hommage
A ce propos j'ai justement écrit ça il y a quelques jours:

Magma – Kãrtëhl (2022)

Dans mon souvenir je vous avais parlé de Magma pour saluer son élection en tant que « Groupe de l’année 2020 » lors des victoires du jazz de cette année-là, il est vrai que Christian Vander, après avoir viré très « jazz » avec la formation « Offering », a également fait évoluer le groupe phare dont il est le créateur « Magma », vers une musique moins rock, plus éthérée, dans la direction d’une formation plus vocale, d’une certaine façon vers un jazz plus « classique », avec même des effets plus traditionnels, abandonnant possiblement ce « Zeuhl » qu’il a pourtant inventé.

Certes il reste des fondements inébranlables, particulièrement le « kobaïen » toujours présent sur l’intégralité de l’album, ce qui nous promet des moments intenses, particulièrement sur « Ẁalomëhnd/ëm Ẁarreï » qui est le point d’orgue de l’album. Il reste également cette puissante connexion rythmique entre le batteur et le bassiste qui est une constante de la formation, un truc parmi les plus puissants qu’on puisse entendre, Christian Vander est toujours ce batteur exceptionnel que l’on connaît et Jimmy Top, le fils de Jannick, est également éblouissant.

Il y a également deux claviéristes, au piano et au Fender Rhodes, des pointures, Thierry Elliez et Simon Goubert, ce dernier est plus souvent connu comme batteur mais il possède également une excellente formation de pianiste, il y a également un guitariste assez discret, Rudy Blass. Mais la force de cette formation, tant en nombre qu’en importance, ce sont les chœurs, ils sont six, cinq femmes et un homme, avec Stella Vander et Hervé Aknin en solistes.

Je pense qu’il faut considérer Magma comme un groupe vocal à part entière désormais, même si les chants ont toujours été historiquement fondamentaux dans la musique de magma, particulièrement avec l’extraordinaire Klaus Blasquiz qui fut la voix du groupe pendant une décennie qui restera historique, à la fois pour le groupe et pour les fans.

Sur cet album il y a six compositions, avec deux titres « bonus », des reprises du titre d’ouverture et de celui de fermeture, reprises plutôt récréatives en fait. En plus du titre cité au-dessus il y a également celui qui arrive juste après, c’est-à-dire le cinquième, qui est une véritable réussite « Ẁiï Mëlëhn Tü ». Le reste me semble moins bon, mais c’est subjectif, j’y entends des ouvertures vers une musique plus facile, plus éloignée de la puissance et de la force qu’incarne « Magma » dans mon imaginaire. C’est quand même bien, mais je n'encouragerais pas un glissement trop important vers trop d’ouvertures mélodiques, où le son "Magma" se perd trop.

Il y a également à l’intérieur de la pochette un texte émouvant de Christian Vander en hommage à « Stündëhr » aka René Garber, saxophoniste et joueur de clarinette basse, son nom en Kobaïen veut dire « le fou », c’est que le gars n’est pas ordinaire c’est un « fou » de Coltrane qui était capable de prendre des chorus de saxo de plusieurs heures, il jouait également avec le groupe « Contrepoint ». Comme l’indique Christian c’était un de ceux qui créèrent le son faramineux de Magma. Le titre « Dëhndë » lui est dédié.

« […] Tu me manques…
Toi qui as toujours été là, près de moi,
M’insufflant l’énergie, l’inspiration, l’Esprit…
Chaque mesure de la musique de Magma.
» […]
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 18 oct. 2022 02:17

Une petite remontée à propos de Makaya, la complète "In The Moment":

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Makaya McCraven - In The Moment

Voici le gros pavé de Makaya McCraven « In The Moment » dans sa version trois LP Deluxe avec les faces E & F sorties à part, après le double LP. Bien que possesseur du Cd d’origine de 2015, j’ai glissé celui-ci dans mon panier en compagnie d’un autre International Anthem, avant qu’il ne soit épuisé sur bandcamp, le temps d’arriver (sans frais de douane), les derniers volumes sont partis.

Pour moi « In The Moment » reste le meilleur enregistrement de Makaya, en dépit des sorties ultérieures et de leurs qualités. Sans doute un sentiment d’attachement au « premier » que j’ai rencontré, mais il faut bien le reconnaître : il est vraiment très bon, si on adhère à ce genre de zique.

Il est clair, lumineux, évoluant dans un espace où la respiration circule. Makaya est légèrement démonstratif à la batterie, il n’hésite pas à se mettre en avant, en jeune leader il montre et démontre et, faut-il le préciser, il est royal, c’est un maître, il se pose sur le groove de Junius Paul et porte le vibraphone de Justin « Justefan » Thomas, la perfection dans la simplicité, et déjà la face une est expirée après ce « First Thing First » éblouissant.

Côté deux, Jeff Parker est là, avec Junius Paul, Justefan et Marquis Hill, lui, à la trompette. Du groove à gogo, le trio s’éclate sur « Lonely », « Gnawa », « On The Spot », « Butterscotch » et d’autres petites pièces très courtes extraites de dizaines d’heures d’enregistrements, une sorte de « nec plus ultra », la rare fleur de sel que l’on récolte d’un geste ancien plein de dextérité. Et ce groove qui ne s’épuise jamais, jamais.

Et ça continue face C avec le morceau titre « in The Moment », Matt Ulery remplace Junius Paul à la basse, en trio ou en quartet, avec Thomas et son vibraphone, Hill et sa trompette, ça repart ensuite sur fond de conversation, Jeff Parker volubile à la guitare en trio à nouveau et Makaya qui donne le tempo, imperturbablement. Toujours cette même impression de facilité, de clarté et de légèreté.

Les faces E & F sont donc parues plus tard et séparément, en série limitée. Il y a à peu près une quarantaine de minutes en plus, qui n’étaient pas disponibles au moment du premier double album, mais qui proviennent de ces mêmes sessions originales.

Pour être complet il faut ajouter la présence de musiciens que l’on entend très peu, Joshua Abrams à la basse et De’Sean Jones ainsi que Tony Barba au saxophone ténor. Cet album fait partie des incontournables, son charme tient à sa simplicité, mais aussi au travail sur le son, aux collages et à la masterisation impeccable dont il a fait l’objet.

Makaya McCraven - Slightest Right w/ Junius Paul, Justin Thomas


Makaya McCraven - In The Moment w/ Jeff Parker, Matt Ulery


Makaya McCraven - Gnawa w/ Junius Paul, Justin Thomas


Makaya - In the Moment Deluxe Edition ((FULL ALBUM))
Modifié en dernier par Douglas le mar. 18 oct. 2022 06:23, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 18 oct. 2022 02:30

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Makaya McCraven – In These Times (2022)

Makaya est de retour avec un album qui a une particularité assez étrange : Il sort sur trois labels en même temps, les sigles se côtoient sur le macaron de l’album, « International Anthem » bien sûr, mais aussi « XL Recordings » et « Nonesuch Records », mais ce dernier était déjà là. C’est également un album de rassemblement et d’amitié, mais là on est habitué :

Junius Paul à la basse et aux percus, Jeff Parker à la guitare, Brandee Younger à la harpe, Lia Kohl au violoncelle, De'Sean Jones à la flûte et au sax, Matt Gold à la guitare, aux percus et au sitar, Marquis Hill à la trompette et au bugle, Joel Ross au vibraphone et au marimba, Greg ward et Irvin Pierce aux saxs, Greg Spero et Rob Clearfield aux claviers. Sans oublier ce qui restera un marqueur de l’album, une section de cordes est en effet présente et intervient à intervalles réguliers.

En fait l’album a été enregistré sur sept ans, ça nous plonge loin, c’est le fruit d’une sélection qui s’est opérée à partir d’enregistrements provenant de cinq studios et de quatre concerts enregistrés. A partir de ce matériau de base Makaya a opéré à la façon d’un Teo Macéro en faisant du collage, de l’overdubs et du sampling. Makaya a même utilisé une section de cordes enregistrée live. Cette montagne de documents sonores a exigé un énorme temps pour être écouté, sélectionné, découpé, monté, collé, traité, un « puzzle géant » selon son expression, jusqu’à arriver à ce résultat final, tout de même pas mal du tout.

C’est encore un album au-delà des genres, où il se sent étroit. Bien sûr le jazz est là, impossible de le nier, mais il y a de l’ambiant, de l’électro et même un zeste d’influence « classique ». Ce mélange donne une couleur assez inédite à cet album très personnel, différent de ce que Makaya a entrepris précédemment. Dès le magnifique « In These Times » qui ouvre l’album, on le comprend. Cette musique convient à une infinité de situations et l’auditeur peut se faire accompagner un peu partout par cette bande sonore très cool et agréable.

On pense par exemple à « Lullaby » qui clôt la face une en mettant en avant la harpe de Brandee Younger à partir d’un air folklorique Hongrois, c’est évidemment très surprenant, mais la propre mère de Makaya est une musicienne originaire de ce pays, ceci explique cela, et nous voilà transportés dans un univers folk raffiné et étonnant, totalement inattendu de la part de ce chasseur de Hip-Hop auquel nous sommes habitués.

C’est bien Makaya lui-même qui fait l’unité de cet album au fil des onze pièces qui défilent, son jeu de batterie est exceptionnel, un véritable régal à l’écoute, brillant, étonnant et riche d’une très grande variété de styles et de touchers. Je peux me tromper, mais je vois cet album comme marginal, un peu de côté, une direction qui n’aura peut-être pas d’albums successeurs, mais cela dépend peut-être de l’accueil qui sera fait à l’album…

A noter que la version japonaise en Cd contient deux titres supplémentaires, pour ma part j’ai le vinyle, la qualité sur ce support n’ayant jamais été défaillante chez International Anthem, je continue sur ma lancée, mais les prix montent sévère et les temps sont durs…

Makaya McCraven – In These Times


Makaya McCraven - Seventh String


Makaya McCraven - Dream Another


Makaya McCraven - So Ubuji


Makaya McCraven - Lullaby
Modifié en dernier par Douglas le lun. 16 janv. 2023 15:31, modifié 2 fois.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 19 oct. 2022 03:58

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Antoine Berjeaut – Chromesthesia (2022)

Voici « Chromesthesia » à peine sorti en version vinyle sur le label franco-japonais « Menace », nous ne sommes pas très loin de ce qui précède car « Moving Cities » l’album précédent d’Antoine Berjeaut avait été enregistré et produit avec Makaya McCraven. Mieux encore, Antoine est un membre éminent du Surnatural Orchestra auquel il participe depuis ses débuts, que de coïncidences qui ne tiennent peut-être pas au hasard, les événements se télescopent avec leur rythme propre…

Sur bandcamp cet album a été annoncé il y a quelques mois avec un tirage de cinquante exemplaires au format vinyle, bon, j’ai tout de même remarqué qu’il était proposé à la fnac, sommes-nous toujours dans le continuum de cette même édition ? Qu’importe en fait, mais je vous livre cette observation.

On connaît les qualités du bugliste – trompettiste, particulièrement pour sa science des solos où il performe avec maestria, mais également pour ses talents de compositeur et de bidouilleur, à la façon d’un McCraven, il coupe, colle et transforme les réalités pour en présenter une nouvelle, virtuelle, née de son imagination.

Au jeu des comparaisons avec l’album précédent, il me semble que celui-ci est d’un accès moins immédiat, il se livre moins facilement mais n’est pas moins beau ni moins réussi, bien au contraire, mais il demande sans doute une écoute plus attentive.

Concernant les accompagnateurs on reste dans le très haut niveau du jazz français, mais, faut-il le préciser, notre pays regorge de talents, et il ne manque pas d’excellents musiciens, encore faudrait-il aider davantage à la création d’une scène française dynamique, particulièrement hors de la période des festivals.

Enzo Camiel est au Fender rhodes, au piano et aux synthés, Gauthier Toux au Prophet Synth, Csaba palotaï et l’excellent Arnaud Dolmen à la batterie et aux percussions. Il y a également des invités, ainsi on entend une guitare, une basse clarinette et une flûte, on remarque également la présence de Julien Lourau qui a arrangé le thème d’ouverture.

Le titre « Chromesthesia » évoque des « résonances synesthésiques » entre les sons et les couleurs, une sorte de démarche de peintre, ou de quelque chose qui a à voir avec l’art pictural. J’avoue que mon imaginaire ne s’est pas transformé en délire colorés et que je suis complètement passé à côté du truc, s’il y a quelque chose à saisir. Peut-être est-ce plus sûrement la démarche du musicien créateur qui s’inspire de ces choses-là…

Mais l’album est bon et chaque piste possède son charme, de « PPDQ » à « Meeting Point » ou de « Horns & Battle » à « Life in Ocre » ou bien encore de « Red Lines » à « Solar Hit » on ne s’ennuie jamais, dix compos qui s’enchaînent impeccablement. L’album baigne dans l’électro-doux, les petites touches malines et une sorte d’éther qui charme et séduit…

Antoine Berjeaut - PPDQ


Meeting Point


Chromaticism


Red Lines
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 19 oct. 2022 11:07

Une petite remontée pour cet excellent album !

Antoine Berjeaut, Makaya McCraven – Moving Cities (2019)
Douglas a écrit :
jeu. 16 janv. 2020 06:42
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Cet album un peu miraculeux est une histoire de rencontres et d’amitié. Antoine Berjeaut est trompettiste, il a invité Julien Lourau à jouer sur son album « Wasteland » en 2014, en retour il a fait partie des Groove Retrievers sur l’album « Julien Lourau & The Groove Retrievers », ces deux-là s’apprécient, il faut dire que le talent ça attire le respect et quand les cœurs se reconnaissent tout va bien. Côté français il faut ajouter d’autres amis, Arnaud Roulin aux synthés modulaires, le guitariste Guillaume Magne qui vient du folk et Lorenzo Bianchi Hoesch à l’électro qui travaille à l'Ircam.

Pour les présentations ce n’est pas terminé car il faut ajouter les vedettes américaines en provenance de Mecque du jazz : Chicago. Makaya McCraven est à la batterie et a produit l’album, il s’est entouré de Julius Paul à la basse et du guitariste Matt Gold avec lesquels il collabore régulièrement. La rencontre entre Julien et Makaya s’est déroulée en 2014, après la sortie de « Wasteland », le batteur a ensuite été invité à faire des concerts à Paris, puis Antoine Berjeaut et Julien Lourau se sont rendus à leur tour à Chicago. L’album est issu de ces concerts ou de ces rencontres enregistrées en prise directe. La thématique concerne la ville comme l’indique le titre de l’album « Moving Cities ».

La suite s’est passée entre les mains du sorcier Makaya qui a travaillé le tout, remixé et découpé pour arriver à ce produit fini. L’album sera le n°1 d’un nouveau label « I See Colors », il est sorti le 6 décembre dernier. Il ne faut pas se voiler la face on sent énormément la « patte » de McCraven et les admirateurs du batteur-producteur, dont je fais partie, seront ravis. Plus d’une fois on peut penser également à Miles Davis pendant sa période « Jazz-Rock », par le jeu de de Berjeault mais aussi par le travail sonore qui rappelle le rôle décisif tenu autrefois par Téo Macéro, ainsi l’histoire de la musique se perpétue, par petits bonds dans le temps…

Antoine Berjeaut, Makaya McCraven - Triple A (Official Audio)


Shadows


Lost and Found


JP's Beats (deux minutes avec Julius Paul à la basse)
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 20 oct. 2022 08:59, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 20 oct. 2022 03:23

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Charles Stepney – Step On Step – (2022)

Voici un double album que je ne me serais jamais procuré s’il n’y avait le parrainage bienveillant du label de Chicago « International Anthem », après l’écoute de quelques morceaux je me suis engagé dans cette aventure, interpelé par l’aspect brut et l’ornementation minimale des pièces diffusées. Pas de surprise à l’arrivée, c’est vraiment du brut de chez brut, presque ascétique même.

Charles Stepney est pianiste, vibraphoniste, compositeur, arrangeur et producteur. Il est surtout connu pour son travail avec Earth, Wind & Fire mais également Muddy Waters, Howlin' Wolf ou Terry Callier. Il possède une aura qui continuera bien au-delà de sa mort en mille neuf cent soixante-seize, grâce aux échantillonneurs qui n’auront cesse de puiser dans son œuvre, lui donnant une renommée post-mortem.

Il avait trois filles qui ont retrouvé ces bandes, après une première publication en deux mille dix, elles se sont tournées vers International Anthem qui a octroyé un bel écrin musical à ces bandes qui méritent bien cet hommage. Ici ou là on entend les filles de Charles intervenir sur l’album.

Charles Stepney a enregistré ces musiques à son domicile, pendant la décennie soixante/soixante-dix, ce n’était pas en vue d’une publication mais plutôt des démos ou des compos où il travaillait seul, enregistrant sur un quatre pistes. C’est évidemment très dépouillé, aride et brut de décoffrage, tout le charme est là, dans cette simplicité, quasi à nu.

Bien sûr ça ne plaira pas à tout le monde, on n’y entend pas ce qui a fait l’attrait de cet arrangeur hors pair qui a su donner un charme exquis à l’album « What Color Is Love » de Terry Callier, ou trouver le juste équilibre pour la production des albums de Earth Wind & Fire, il se dit que son simple nom sur une pochette pouvait déclencher l’achat d’un album par la jeunesse noire de l’époque.

Ce sont les filles de Charles Stepney qui ont choisi le nom de l’album « Step On Step », obéissant ainsi au vœu de leur père qui avait émis oralement ce souhait. C’est assez copieux, il y a vingt-trois titres, dont quelques compos qui étaient prévues pour être interprétées par EW&F. C’est évidemment funky et soul, très rythmé mais on sent que le souffle des ballades passe également.

Un album un peu marginal qui nous fait nous souvenir d’un autre double LP sur le même label, au destin également étrange, « JP's Myspace Beats » de Jeff Parker…

Step on Step


Charles Stepney - "Look B4U Leap"


Charles Stepney - "That's The Way Of the World"


Black Gold
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Stagger Lee » jeu. 20 oct. 2022 05:49

Noël Akchoté est peu évoqué ici. J'ai deux albums sur le label Allemand Winter&Winter que je trouve très bons, des reprises de Kylie Minogue et de Sonny Sharrock. Je pense à compléter ma collection de cet artiste. Des suggestions Douglas?

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