J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Blues traditionnel ou blues blanc, jazz, soul, funk, c'est ici.
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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 22 juil. 2025 03:15

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Spontaneous Music Ensemble – New Surfacing – (2013)

Les amateurs de free auront toujours une oreille attendrie pour le Spontaneous Music Ensemble et surtout pour ce qu’il représente, en matière d’audace et de réussite. Ici nous avons des témoignages sonores très écartés dans le temps.

Le premier enregistrement est issu d’un concert donné à Newcastle le dix-sept novembre soixante-dix-huit, enregistrement fameux paru une première fois en deux mille huit sur Emanem 4150, avec le titre « Trio & Triangle ». C’est la partie trio qui nous intéresse.

On y trouve John Stevens aux percus, au cornet et à la trompette de poche, Nigel Coombes au violon et Roger Smith à la guitare. Ces enregistrements issus du concert de Newcastle, absolument passionnants, ont hélas été captés sur une simple cassette, sans la profondeur de son nécessaire.

C’est pourquoi cette nouvelle édition est capitale, d’un niveau technique beaucoup plus fidèle en matière de restitution sonore, émanant de la bobine d’origine. Ce qui justifie amplement cette édition.

L’autre pièce, « Complete Surfaces », a été extrait d'un concert à Londres en quatre-vingt-douze et partiellement publiée en quatre-vingt-quatorze par le label Konnex (KCD 5049), on y retrouve les mêmes musiciens, mais également les mêmes problèmes, c’est à un nettoyage sonore très habile auquel nous sommes également conviés pour la version incluse sur cet album, il y a également environ huit minutes supplémentaires.

On comprend aisément que cette version fait aujourd’hui référence et qu’elle est incontournable, de par l’originalité de ce trio mais aussi par la qualité des pièces réunies, l’écart dans le temps ne représentant en rien une nuisance. Par ailleurs l’ensemble des trois pièces pèsent soixante-trois minutes et cinquante-huit secondes.

Avec le Spontaneous Music Ensemble l’improvisation est mise à nue, chaque pièce semble un redémarrage à partir de rien, de zéro, c’est ce qu’il semble, mais en vérité c’est l’exact opposé, car ce qui « paraît » n’est que méprise, ou simple face d’un possible, d’un évènement improbable ou hasardeux, qui se transforme avec une sûreté incroyable en un passionnant échange plein d’une richesse momentanée…

En fait, d’une certaine façon tout est déjà joué, en place dans l’intensité du moment, par la connexion des possibles, l’éventuel devient certain et le probable nécessité. Il y a dans l’imminence de ces interactions comme un non-choix, tout est expressif et magique, la réaction induite qui suit pourrait être réactionnaire, cachée dans la sagesse des doigts où la mémoire des mains…

Et la beauté qui jaillit sans faillir est d’une intensité remarquable, là comme par entendement, les composés se décomposent et l’alternative n’est qu’un choix dans l’infini des possibles…

Un album bien bonnard !

***

Sur ce site marchand se trouvent deux courts extraits ce qui permet de se faire une idée:
https://www.soundohm.com/product/new-surfacing
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 22 juil. 2025 08:23

Une pépite signée Jimmy Giuffre à la clarinette, Jim Hall à la guitare et Bob Brookmeyer au trombone.

Jimmy Giuffre est véritablement fascinant, il construit mieux que personne des architectures brinquebalantes et subtiles qui tiennent debout et soulèvent des montagnes.

Son influence sera grande, particulièrement chez les modernes qui seront nombreux à revendiquer son exemple.

Voici "Trav'lin' light" en 1958, issu de l'album "Pickin''em up and layin''em down".

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 23 juil. 2025 06:01

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Jaki Byard – Blues For Smoke

Cet album a été enregistré aux « Nola Penthouse Studios », à New York City, le seize décembre mille neuf cent soixante, pour le label Candid. Et sa première vie s’arrête là.

Pourtant Jaki Byard est un musicien très apprécié, il a participé en tant que pianiste à deux albums phares du jazz d’alors, « Outward Bound » d’Éric Dolphy et « The Black Saint and the Sinner Lady » de Charles Mingus, de quoi envoyer un bon pianiste sur orbite, d’autant qu’il fut enregistré une semaine avant « Far Cry » de Dolphy auquel il participa également ! Mais rien n’y fit, cet album resta dans son coin sans que personne ne s’avisa de le déranger…

Il ressuscita une première fois lors d’une édition japonaise en promo uniquement, en soixante et onze, puis connu deux autres éditions, toujours au Japon, en soixante-dix-huit. Puis ce fut une édition Cd italienne qui le rendit vraiment disponible au plus grand nombre, avec la loco en couleur sur la pochette…

De mon côté je vous avais présenté Jaki en duo avec Ran Blake sur « Improvisations », un album de quatre-vingt-un, il y a également les deux albums sur « Futura » de soixante et onze qui sont excellents.

Mais parlons un peu de ce « Blues For Smoke » qui vient d’être à nouveau réédité, cet album au piano solo est très ancré dans la tradition jazz, le ragtime et le stride sont de sortie, et Jaki revendique fièrement l’héritage. Assez souvent on pense au vieux maître, Fats Waller ou encore à Art Tatum, peut-être est-ce cette couleur rétro qui retarda sa sortie ? Pourtant Jaki se montre également moderne et prouve qu’il n’a peur de rien…

Comme sur « Jaki's Blues Next » où il évoque le free jazz, en même temps que la tradition, la pièce est brève mais intense, ce mélange trad/free est étonnant et bien vu, succédant au superbe morceau titre « Blues For Smoke », déjà un poil bousculé.

Il faut également souligner que Jaki est l’auteur de toutes les pièces, on goûte également à la savoureuse « Diane’s Melody » avec ce be-bop déstructuré qui évoque Monk et se termine avec une liberté totale.

Assurément un grand album, atypique, que l’on écoute, un peu comme on ouvre une encyclopédie…

Blues For Smoke
One Two Five
Jaki's Blues Next
Diane's Melody
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 23 juil. 2025 19:13

Ecrit par J.C. Johnson; enregistré en deux parties le 20 mars 1928, avec Charlie Green au trombone, et Porter Grainger au piano.

Bessie Smith-Empty Bed Blues


I woke up this morning with an awful aching head
I woke up this morning with an awful aching head
My new man had left me just a room and an empty bed

Bought me a coffee grinder, got the best one I could find
Bought me a coffee grinder, got the best one I could find
So he could grind my coffee, 'cause he had a brand new grind

He's a deep-sea diver, with a stroke that can't go wrong
He's a deep-sea diver, with a stroke that can't go wrong
He can touch the bottom, and his wind holds out so long

He knows how to thrill me and he thrills me night and day
Oh, he knows how to thrill me and he thrills me night and day
He's got a new way of loving, almost takes my breath away

Oh, he's got that sweet something and I told my girlfriend Lou
He's got that sweet something and I told my girlfriend Lou
But the way she's ravin', she must have gone and tried it too

When my bed get empty, make me feel awful mean and blue
When my bed get empty, make me feel awful mean and blue
My springs are getting' rusty, sleepin' single like I do

Bought him a blanket, pillow for his head at night
Bought him a blanket, pillow for his head at night
And I bought him a mattress, so he could lay just right



He came home one evening with his spirit way up high
He came home one evening with his spirit way up high
What he had to give me, made me ring my hands and cry

He give me a lesson that I never had before
He give me a lesson that I never had before
When he got through teachin' me, from my elbow down was sore

He boiled my first cabbage and he made it awful hot
He boiled my first cabbage and he made it awful hot
When he put in the bacon, it overflowed the pot

When you get good lovin', never go and spread the news
When you get good lovin', never go and spread the news
It'll build up to cross you, and leave you with them empty bed blues
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 24 juil. 2025 01:53

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Jan Hammer Group – Live In New York – (2024)

Et voici qu’arrive le Jan Hammer Group avec le fameux « Live In New-York », enregistré lors d’un fabuleux concert les dix-sept et dix-neuf octobre soixante-quinze au « Bottom Line » de New York. Cet enregistrement est paru une première fois en dématérialisé en l’année deux mille huit, et, comme il était puissant et que Jan Hammer est devenu une star bancable avec la bande-son de « « Miami Vice », un Cd a été édité en deux mille vingt-quatre, limité à mille exemplaires, mais je suppose qu’il y en aura pour tout le monde !

Jan Hammer, né à Prague, a appris le piano dès l’âge de quatre ans. A quatorze ans il a son trio de jazz et circuite en Europe de l’Est. En soixante-huit, il quitte l’Europe et rejoint les Etats-Unis suite au « Printemps de Prague », devient Etatsunien, joue dans l’orchestre de Sarah Vaughan et, en soixante et onze, fait partie de l’extraordinaire Mahavishnu Orchestra !

Il enregistre dans les meilleurs albums du groupe, « The Inner Mounting Flame » en soixante et onze, « Birds Of Fire » en soixante-treize et enfin « Between Nothingness & Eternity » la même année. Des albums-totems du jazz rock ! Avec notre album nous voici en soixante-quinze et, vous imaginez je suppose, la sauce à laquelle nous allons être mangés.

Jan Hammer lead et tient les claviers, Steve Kindler joue du violon électrique, Fernando Saunders de la basse électrique et Tony Smith de la batterie. L’ombre de Jerry Goodman est partout présente dans le jeu de Kindler, d’ailleurs deux compos du violoniste sont jouées ce soir-là, « Topeka » et « Twenty One ».

Des esprits chagrins et malfaisants pourraient dire que nous avons affaire à une copie du Mahavishnu, mais c’est entièrement assumé et la seule question qui mérite d’être posée est juste de savoir si la musique est bonne, la réponse est évidemment « oui » alors ne faisons pas la fine bouche, d’autant que le travail de remastérisation est bien réussi et que le Cd est très présentable avec ses sept compos, sans doute souvent trop courtes, mais acceptons le menu sans rechigner !

Seul le titre « « Sixth Day / Country And Eastern Music » est un peu décalé et paraît étrange par son manque de continuité avec ce qui précède, mais soyons cool. La dernière pièce « I Remember Me» est la plus longue, au-delà de onze minutes et la durée totale de l’album avoisine les cinquante-trois minutes.

Réservé aux amateurs du genre qui se régaleront, les autres, passeront leur chemin…

Darkness
Red And Orange
Topeka
Twenty One
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Monsieur-Hulot » jeu. 24 juil. 2025 04:57

Douglas a écrit :
mer. 23 juil. 2025 19:13
Ecrit par J.C. Johnson; enregistré en deux parties le 20 mars 1928, avec Charlie Green au trombone, et Porter Grainger au piano.

Bessie Smith-Empty Bed Blues


Presque 100 ans et toujours aussi formidable !!! :super: (When you get good lovin', never go and spread the news) :hehe:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 24 juil. 2025 11:16

Monsieur-Hulot a écrit :
jeu. 24 juil. 2025 04:57
Douglas a écrit :
mer. 23 juil. 2025 19:13
Ecrit par J.C. Johnson; enregistré en deux parties le 20 mars 1928, avec Charlie Green au trombone, et Porter Grainger au piano.

Bessie Smith-Empty Bed Blues


Presque 100 ans et toujours aussi formidable !!! :super: (When you get good lovin', never go and spread the news) :hehe:
Oui, on pourra fêter ça bientôt !

En attendant un petit saut de quelques décennies vers 1956, avec le bassiste Paul Chambers en leader, à la tête d'un fameux quartet...

Ils jouent un standard signé par Benny Golson, le musicien qui raconte des histoires et des anecdotes sans fin lors de ses concerts, voici "Stablemates"!

Du hard bop bien sûr avec John Coltrane au sax tenor, Kenny Drew au piano et Philly Joe Jones à la batterie, l'occasion d'apprécier le son du maître au ténor, alors en pleine jeunesse !

Paul Chambers Quartet - Stablemates
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 25 juil. 2025 01:26

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James White & The Blacks – Off White – (1979)

J’avoue avoir un tropisme particulier pour James Chance, rebaptisé ici James White comme une réponse d’égal à égal avec le mythique James Brown, de quoi déjà renverser la table ! Pour grossir le trait il change le nom de ses « contorsions » en « Blacks », c’est sûr ça sonne bien ! Lui aurait préféré « James White and His Blacks », mais côté maison de disques on lui a déconseillé.

C’est pas tout, il poursuit la mue et l’applique côté musique, c’est toujours un peu anar et le sax possède cet impacte un peu malaisant qui convient, mais il fait un virage à cent-quatre-vingt degrés et regarde côté « disco », c’est à la mode. Il n’arrive pas à se débarrasser de son côté funky, alors il fait avec, mais essaie de conserver la monotonie lassante du disco en travaillant les similitudes et les répétitions, il enkyste bien mais ne lasse pas.

Les deux premières pièces sont à cet égard très révélatrices, deux versions de « Contort Yourself », la seconde est l’originale, très proche du style ancien, elle grince un peu, avance avec la voix un peu criarde, un côté Jagger qui va, quand Jagger va. Ça pulse bien sévère, les grattes sont de la partie, on danse !

La seconde version, celle qui ouvre l’album est le remix d’August Damell, certifiée disco avec les voix à la Kid Créole à l’arrière, les rythmes sont ralentis et les parties de guitare supprimées, juste une basse qui groove et des petits riffs lointains. La voix est presque exquise.

A ce stade il faut que je vous dise que j’ai la version de deux mille quinze avec les ajouts, et les quatre « Bonus tracks » avec l’étonnant « Christmas With Satan », voix murmurée, piano désaccordé et citation ringarde.

C’est une version Cd, « Vinyl Replica Collector Edition » bien foutue. Avec tout ce bordel accumulé on taxera le groupe new wave, de free funk-disco-avantgarde et plus, et plus… Il se vendra très bien et est souvent cité par les fans comme un album référent du groupe.

Ma sélection idéale quatre titres comprendra « Confort Yourself », « Almost Black » on peut risquer également « (Tropical) Heat Wave » et évidemment la chanson de Noël, et aussi « White Savages » ce qui fait cinq, le compte est bon !

James White and the Blacks - Contort Yourself
Almost Black, Pt. 1
[Tropical] Heat Wave
James White & The Blacks: White Savages
Christmas with Satan
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 25 juil. 2025 09:24

Et voici Lester Young en 1944, un 22 mars, avec Lester Young au ténor, lui qui fut le partenaire frère de Billie Holiday à la sonorité si aisément reconnaissable, suave et douce, il est accompagné par Count Basie au piano, reconnaissable à son style économe et sûr, tout Basie est ici en concentré, dans ce solo mémorable, Freddie Greene à la guitare rythmique, Rodney Richardson à la contrebasse et Jo Jones à la batterie.

La pièce qui répond au fameux "Lester Leaps in" de 1939, avec déjà le Count Basie Kansas City Seven:

Lester Young - Lester leaps again
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Monsieur-Hulot » ven. 25 juil. 2025 09:41

Douglas a écrit :
ven. 25 juil. 2025 01:26

...
J’avoue avoir un tropisme particulier pour James Chance, rebaptisé ici James White comme une réponse d’égal à égal avec le mythique James Brown, de quoi déjà renverser la table ! Pour grossir le trait il change le nom de ses « contorsions » en « Blacks », c’est sûr ça sonne bien ! Lui aurait préféré « James White and His Blacks », mais côté maison de disques on lui a déconseillé.

... la seconde est l’originale, très proche du style ancien, elle grince un peu, avance avec la voix un peu criarde, un côté Jagger qui va, quand Jagger va.

... avec l’étonnant « Christmas With Satan », voix murmurée, piano désaccordé et citation ringarde....


Christmas with Satan
Tu m'as fait rire !!! :hehe: Et ce titre "Christmas with Satan" aussi ! MERCI !!!!!!!!!!!!!!!
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 26 juil. 2025 02:32

Monsieur-Hulot a écrit :
ven. 25 juil. 2025 09:41

Tu m'as fait rire !!! :hehe: Et ce titre "Christmas with Satan" aussi ! MERCI !!!!!!!!!!!!!!!
J'ai bien ri aussi, il faut dire que c'est un bon sujet, de plus "la musique est bonne", comme dit la chanson ...
:cote:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 26 juil. 2025 02:50

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Daniel Erdmann's Organic Soulfood Featuring Antonin Rayon & Jim Hart – Into The Sweet Unknown – (2025)

Je vous avais parlé de ce musicien lorsqu’il avait fait paraître sous le nom de Daniel Erdmann's Velvet Revolution l’excellent « A Short Moment Of Zero G », en deux mille seize. C’est ce souvenir ancien qui m’a orienté vers ce nouvel album paru récemment. A ses côtés il y avait déjà Jim Hart à la batterie que nous retrouvons ici.

Daniel est toujours le leader assigné aux saxs ténor et soprano, par ailleurs il y a Antonin Rayon à l’orgue Hammond B3 et au moog synthé. Les compos sont signées du leader à l’exception notable de « I Wish I Was In New Orleans », un titre repris de Tom Waits en provenance du formidable « Small Change ».

Le choix d’Antonin Rayon au cœur du trio sur son axe médian est évidemment capital (avec Daniel Erdmann on pense évidemment à « Das Kapital »). Ce rôle central et éminent renforce le côté « soul » de la musique, le groupe ne se nomme-t-il pas « Nourriture biologique de l’âme » ?

Le Hammond et sa légende sont évidemment au cœur de cette volonté, par la douceur de l’instrument et l’imagerie cool qui s’en dégage, ce qui n’empêche pas un certain emballement, parfois, et le cœur accélère !

Il y a un livret associé avec quelques photos, un texte en anglais traduit en allemand, ce qui se comprend puisque Daniel Erdmann est franco-allemand, et le troisième texte est donc en… hongrois, comprenne qui pourra, mais il doit certainement y avoir une explication, probablement la nationalité du label, « Budapest Music Center Records » qui ne laisse guère de doute à ce sujet, probablement un nouvel échec macronien, l’homme qui tombe toujours du mauvais côté.

Il y a également cette douceur essentielle dans le souffle de Erdmann qui semble ne jamais vouloir forcer, épouser la ligne chaude et velouté, parfois au bord de la fêlure, sur la brèche, à la limite, dans l’entre-deux, en équilibre, au bord du précipice sans jamais chuter, comme sur « Oh Sweet Unknow » qui termine l’album…

Mais on appréciera également « Hello Myself » qui lui l’ouvre, ou « Wish I Was in New Orleans » la reprise de qui vous savez, ou « De Phone Home » mais également toutes les autres, car ici « tout est bon » ici, me semble-t-il…

BMC Live | Daniel Erdmann's Organic Soulfood - Oh Sweet Unknown
Hello Myself (feat. Jim Hart, Antonin Rayon)
Wish I Was in New Orleans (feat. Jim Hart, Antonin Rayon)
DE Phone Home (feat. Jim Hart, Antonin Rayon)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 26 juil. 2025 14:05

Un petit coup d’œil vers l'orchestre de Duke Ellington dont il est peut-être difficile aujourd'hui de percevoir son importance, son audience et sa consécration en tant que sommité musicale autrefois, quasi une institution.

Tout musicien d'alors espérait gagner sa place dans un tel orchestre, synonyme de confort et de réussite professionnelle...

Voici Le Duke qui évoque le Festival de Newport cité dans l'annonce, il joue avec le grand orchestre "Diminuendo + Crescendo In Blue", pièce consacrée à Paul Gonsalves où celui-ci joue en solo sur presque toute la prestation, après les trois minutes, le son n'est pas terrible mais il est incandescent, nourrissant la pièce d'une énergie considérable et sans cesse renouvelée...

Il commence son solo par une courte citation de la Marseillaise qui pourrait laisser à penser qu'il joue en France à Antibes, c'est pourquoi je ne m'avance pas trop, de plus on distingue le sigle ORTF et "Nice Matin" dans le film, de quoi miser sur la côte d'Azur, ce qui est sûr c'est que nous sommes bien en 66 !

Le grand orchestre à l'arrière joue en soutien une partie très fine et graduée, qui laisse un moment Gonsalves et son ténor seuls face au micro, on devine l'importance du travail en amont, de la part du groupe et du soliste, bien campé sur ses deux jambes, qui joue la réussite de son concert à ce moment précis !

1966 Ellington - Diminuendo + Crescendo In Blue - Paul Gonsalves solo (Live Video)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 27 juil. 2025 01:04

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Dave Burrell, Sam Woodyard – The Lost Session, Paris 1979 – (2025)

Sam Woodyard est un batteur de jazz américain de l’ancienne génération, il est né en mille neuf cent vingt-cinq et a pas mal bourlingué jusqu’à obtenir le poste très envié de batteur dans le grand orchestre de Duke Ellington, à l’époque c’est le couronnement d’une vie, un tel honneur n’est attribué qu’à un seul batteur à la fois !

Il y est resté de cinquante-cinq à soixante-six, pas mal pour un batteur autodidacte, que nous avons le privilège de pouvoir écouter dans une période où il a connu quelques problèmes de santé. Il est décédé à soixante-trois ans, en quatre-vingt-huit, quelques mois après avoir enregistré dans la formation de Steve Lacy l’album « The Door ».

Cette « session perdue » est restée longtemps comme une sorte de bruit qui courait, un fantôme qui s’évanouissait quand on le recherchait, un temps on pensa que le label « Horo » allait enfin le sortir, c’est que les italiens aimaient beaucoup Dave Burrell, mais cela n’arrivera pas, et ce fut le label qui claqua en soixante-dix-neuf !

Alors comment des bandes de ce concert arrivèrent-elles sur le fameux label Nobusiness Records ? Et bien c’est Dave Burrell lui-même qui en possédait une copie sur cassette, qui la confia aux soins du label lithuanien, ce dernier les remasterisa au mieux, pour en présenter une copie tout à fait présentable, très au niveau même.

Dave Burrell est arrivé à la notoriété pendant la période free, on se souvient de ses enregistrements pour « Byg Records », mais il possède un background musical tout à fait exceptionnel et une culture pianistique de jazz incommensurable.

C’est vraiment le pianiste idéal pour le vénérable Sam Woodyard, les deux se comprennent et s’estiment énormément, tout ce feeling qui passe dans cet album se ressent à fleur de peau. Le répertoire passe par Billy Strayhorn, avec « Lush Life », Gerschwin et « Embraceable You », et bien entendu « Sophisticated Lady » de Duke Ellington, tous ces incontournables pour Sam, qui se souvient.

Les autres compos, également magnifiques, sont de Dave Burrell, comme le très beau « Stepping Out » par exemple, ou encore « On A Saturday Night » et le magnifique « Sarah's Lament ».

Il faut dire que les deux lascars sont passés pendant trois mois à Campagne Première à Paris, travaillant sur des éléments de l'opéra que Dave Burrell était en train de mettre sur pied. Ce sont ces éléments qui se trouvent ici enregistrés.

Le genre d’album-témoignage à écouter au moins une fois dans sa vie, si, si.…

Stepping Out (or, Monday Night Death Rehearsal)
On a Saturday Night
Sarah's Lament
Lush Life (Strayhorn)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 27 juil. 2025 10:08

Yusef Lateef continue ses expérimentations à travers les instruments, la pièce s'ouvre avec un chouette hautbois au son mystérieux, Wilbur Harden sonne un petit coup de bugle, puis ténor et piano entrent dans la danse avant le retour du hautbois...

Se trouve sur l'album du même nom sorti en 1960, "Yusef Lateef – Cry! – Tender"...

Yusef LATEEF "Cry!-Tender" (1959)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 28 juil. 2025 02:57

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Kahil El'Zabar's Infinity Orchestra with Ernest Dawkins, Joseph Bowie – Transmigration – (2007)

Je vous avais déjà présenté l’album « fantôme » de celui-ci, paru sur le label « musique de nuit », et enregistré une année auparavant. Sur un ton espiègle-potache je vous avais décrit ma joie de pouvoir l’écouter. Celui-ci est le « Delmark » du très sérieux label de Chicago que je vous conseille tout autant, il présente même des garanties de qualité que ne possède pas le précédent, bien qu’il soit excellent !

Pour comprendre cette affaire, il faut savoir qui est l’« L’infinity Orchestra » et quels sont les liens qui réunissent Kahil et ce grand ensemble. Kahil El’Zabar est un artiste en résidence depuis quelques années à l'Académie de Musique de Bordeaux Aquitaine. Il passe deux mois par an à enseigner mais aussi à créer aux côtés de cet Infinity Orchestra qu’il dirige.

Il est composé de jeunes musiciens français, allant des musiciens de jazz, au DJ et chanteurs de hip-hop, auxquels s'ajoutent les musiciens de l'Ethnic Heritage Ensemble d'El'Zabar, Ernest Dawkins au saxophone et Joe Bowie au trombone. On parle au moins de quarante-deux musiciens au total, tous les noms sont réunis sur le livret accompagnant.

Pour bien faire tenir l’ensemble, Kahil joue une musique assez simple, mais également très efficace en matière de rendu sonore. Ce qui n’empêche pas que ces musiciens soient tous bons et même certains vraiment excellents ! Ici l’essentiel est contenu dans le plaisir de jouer dont la manifestation est évidente, il n’y a pas d’image pourtant on imagine les sourires !

Cinq pièces sont jouées et toutes sont de haute tenue, il y a même un passage free de quelques minutes à la fin de « Nu Art Claiming Earth » pour faire bonne mesure. Comme à l’habitude le Cd est bourré à mort d’une bonne musique bien rythmée, sur la pièce d’ouverture, « Soul to Groove » j’ai même pensé à Fela que j’écoute un peu en ce moment.

C’est vrai qu’ici les musiques se mélangent joyeusement, le jazz mais aussi diverses musiques africaines, des folks même, et surtout cette puissance massive du très grand orchestre qui avance avec grâce et majesté, tel un placide pachyderme d’où se détachent d’habiles solistes, et pas seulement Ernest Dawkins et Joseph Bowie, même s’ils gardent tout de même la part du lion, ce qu’ici personne ne conteste.

Mis à part une pièce où Kahil joue des percus, il dirige essentiellement ce grand navire majestueux qui file droit, insensible aux tempêtes.

Un grand moment !

Soul To Groove
Speaking In Tongues
Transmigration
Nu Art Claiming Earth
Return Of The Lost Tribe
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 28 juil. 2025 09:02

Nouvelle plongée dans l'histoire du jazz, puisque nous voici en 1936, un 28 février, avec une pièce composée et interprétée par Duke Ellington,

"Echoes Of Harlem" voit le jour avec en vedette le trompettiste Cootie Williams, avec le temps certains l'appelleront "Le concerto pour Cootie".

On y trouve quelques traces du style "jungle" qui fit la gloire du Duke, et dont nous reparlerons forcément...

DUKE ELLINGTON & HIS ORCHESTRA - "Echoes of Harlem" (1936)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 29 juil. 2025 02:43

Image

George Russell Sextet Feat. Jan Garbarek – Trip To Prillarguri – (1982)

Voici un voyage tout à fait plaisant proposé par George Russell et son sextet, le leader joue du piano et propose la plupart des compos, le premier titre toutefois, « « Theme » est signé de l’invité principal, le saxophoniste ténor Jan Garbarek ici très inspiré, et bien aidé par le trompettiste Stanton Davis.

Il y a un autre musicien présent ici, qui est souvent apprécié par les amateurs des musiques scandinaves, le guitariste Terje Rypdal lui-même, et pour que tout tienne, est également là le fameux Arild Andersen qui tient la basse de façon de maître et forme une assise rythmique imparable avec le batteur Jon Christensen.

Nous ne sommes donc pas surpris de constater que l’album est issu d’un concert donné en Suède, à Estrad Sodertalje, qui plus est en mars mille neuf-cent soixante-dix, des millésimes que nous chérissons tous. Pourtant, malgré cet apparat royal, l’album ne parut qu’en quatre-vingt-deux, sur le label italien « Soul Note », dans une relative indifférence, mais les malins, en quête, sauront le débusquer et le dénicher…

Evidemment ce qui est notable, outre la relative jeunesse du leader avec ses quarante-sept printemps, c’est la toute fraîcheur des accompagnants tout beaux, tout ronds qui sont, de mon point de vue, tout à fait passionnants, environnés par ce free encore naissant qui autorise les audaces et les risques… Ne sont pas encore arrivées les années où tout cela sera poli, nettoyé, essoré et séché au vent, voire fumés, suspendus au bout de longs fils, gisants…

Bref, j’aime ces temps troublés où tout semble encore possible… Ne les pensez pas moins doués que plus tard, il n’en est rien, tout est déjà en place, des fantastiques, tous, même et surtout celui qui, dans cette bande, disparaitra des radars le fabuleux Stanton Davis, décapant et acéré comme une fine lame !

Ces caractéristiques en font pour moi une sorte de graal, car il allie des éléments qui, assemblés, font mouche, l’électricité, le free, l’audace, la surprise, un poil de funk et de soul et même un petit retour aux sources Russelliennes avec « Stratusphunk », l’un de ses titres phares créé sur l’album du même nom de soixante et un.

Il y a également une reprise signée Ornette Coleman, « Man On The Moon » écrite pour célébrer les premiers pas sur notre satellite, c’est également la dernière pièce de ce magnifique album, un poil lunaire !

Theme
Souls
Stratusphunk
Man On The Moon
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 29 juil. 2025 11:46

Jimmy Giuffre vers ses débuts, en 1955, voici "iranic", qui devient parfois "ironic" on ne sait trop pourquoi ???

Le titre apparaît sur certaines versions du premier album de sa discographie.

Il joue de la clarinette, Ralph Pena est le contrebassiste, Shelly Manne à la batterie et Jack Sheldon à la trompette...

C'est lumineux et aéré au max, avec plein de trous et des petits chabada par ci par là, et on se régale !

Côté mélodie et rythmique c'est au top !

Jimmy Guiffre - Iranic
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 30 juil. 2025 03:59

John Zorn, David Sanborn, Marcus Miller - Snagglepuss - 1988, Live @ Night Music
John Zorn, David Sanborn - as, Hiram Bullock - g, Marcus Miller - b, Philippe Saisse - k, Omar Hakim - d
Modifié en dernier par Douglas le mer. 30 juil. 2025 04:14, modifié 2 fois.
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