J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 30 juil. 2025 04:08

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John Zorn – The Bribe - Variations And Extensions On Spillane – (1998)

Peut-être vous souvenez-vous de Spillane ? L’album de Zorn en hommage à l’écrivain de romans noirs « Mickey Spillane », l’inventeur du personnage « Mike Hammer »… Il me semblait vous en avoir dit deux mots, bien que je ne retrouve pas…

Sachez cependant que cet album est tout simplement magnifique, j’en possède une version vinyle assez courante, l’idée de départ était d’utiliser des cartons avec écrits dessus des consignes qui surgissaient de façon aléatoire, le résultat était assez bluffant. Ce pouvait être des remarques générales, du genre, « la nuit un soir de pluie, à la sortie d’un club », ou une série de notes musicales qui fournissent un thème, ou encore, un rythme, style « course folle »…

Cet album en est la suite, avec les mêmes musiciens, et c’est tout aussi excellent. Vingt-six scènes ou consignes s’enquillent voluptueusement, avec Zorn qui dirige mais joue également du sax alto. C’est une commande, aussi Zorn s’y colle dès quatre-vingt-six : Il doit mettre en son une création radiophonique…

L’ambiance doit être au « film noir », quelques titres sont suffisamment parlants, comme « The Bridge/cocktail », « Night Walk », « The Taxman Cometh », « The Dream Of The Red Chamber », « Meters », « A Taste of Voodoo », « Pink limousine », « City Chase », « Victoria Lake » ou « Strip Central » …

J’arrête la liste ici mais il y a vingt-six pièces alignées à l’intérieur de trois grands thèmes : « Sliding On The Ice », « The Arrest » et « The Art Bar ». On comprend que les pièces sont courtes et s’enchaînent à grande vitesse, l’ambiance ne cesse de changer, mais nous restons plongés dans le grand thème du film noir qui écrase tout ici.

Le propos et la fonction de la musique n’est pas tout à fait comparable à « Spillane », mais en découle d’une certaine façon, le but étant ici de tisser une ambiance recherchée et voulue, tout en conservant ce patchwork aléatoire, même si, au bout du compte, la différence n’est pas si grande.

John Zorn prend davantage son temps et ce Cd, qui ressemble à un « filmworks », est plein de musique, autour des soixante-seize minutes, alors que le « Spillane » de départ était un format court.

La question qui se pose naturellement est : « Alors, chef d’œuvre ou pas ? », moi qui suis amateur j’aurais tendance à répondre « oui » et vous engage à l’écoute de ces musiques d’ambiances typées et souvent étonnantes.

John Zorn - 1. Gill's Theme - Sliding On The Ice (The Bribe, '98)
John Zorn - meters
John Zorn - city chase
John Zorn - Midnight Streets
John Zorn - 18 Chippewa (The Bribe, 98')
John Zorn - Skit Rhesus
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 30 juil. 2025 08:20

Parlons un peu de Clifford Brown qui traversa l'épopée du jazz à la façon d'une comète...

Georges Perec déclara de lui dans son livre-souvenirs "Je me souviens":

« Je me souviens que le trompettiste Clifford Brown est mort à vingt ans dans un accident de voiture. »

Ça s'est passé de nuit, sous la pluie, alors qu'il se rendait vers Chicago, en voiture, en compagnie du pianiste Ritchie Powell, l'épouse de ce dernier conduisait, quand, soudain, le véhicule s'échappa de sa trajectoire et quitta la route, en même temps que la vie des trois cessa.

Le jazz était en deuil de l'un des plus formidables trompettistes de l'histoire de cette musique, les enregistrements qui restent sont choyés par les amateurs de hard bop, qui écoutent encore, Clifford Brown le prodige, la larme à l’œil, qui décéda ce 26 juin 1956.

Easy Living (Remastered 2015)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 31 juil. 2025 02:17

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Resavoir & Matt Gold – Horizon – (2025)

Un album International Anthem réunissant Resavoir, c’est-à-dire le claviériste Will Miller et, sur certaines pièces, le batteur Eddie Burns, avec Matt Gold à la basse, aux guitares et aux percus. Ça s’appelle « Horizon », ça voit loin mais la vue est courte, même pas une demi-heure tout compris.

Dix minuscules pièces qui se succèdent, pour réussir un tel album, il faut qu’il y ait du poids, de la masse, de la consistance, que l’album vous accroche et vous capte, cela arrive parfois… Ma compagne, qui a écouté l’album en même temps que moi, a simplement lâché « pas terrible » ! Net et définitif, « allez-vous rhabiller les jeunes ! »

Par bonheur le « truc » n’est pas bien long, le temps de lui donner quelques chances supplémentaires… D’autant que nos goûts sont souvent différents, elle est beaucoup plus « cool » que moi à l’habitude, et je dois reconnaître que je n’ai pas connu un emballement immédiat non plus, et même après, les écoutes à postériori ne m’ont pas apporté de grande révélation.

Alors faut-il se féliciter de la brièveté du machin ? Ce n’est pas nul non plus, il y a une ambiance générale qui plaira à d’autres, une ambiance aux couleurs chaudes et brésiliennes, un super batteur quand il est là, des vignettes gorgées de soleil, de belles guitares et de chouettes orchestrations optimistes…

Et cette impression de soleil sous les tropiques, cocotiers et bananiers, Will a rangé sa trompette et joue de cette « valve électronique » qui colorise, et tous ces invités qui passent ajoutent également, il y a des coloris et beaucoup de timbres, c’est indéniable, les gars ont bossé, mais sans véritablement, de mon point de vue, performer.

Je préfère donc assez largement les albums précédents qui m’avaient bien transporté, il y a sans doute quelques bonnes pièces, mais pas tant que ça, « Tomorrow » la dernière, « Canopy » qui ouvre, « Diversey Beach » avec Mei Semones qui chante…

Canopy
Diversey Beach (feat. Mei Semones)
Hazel Canyon
Tomorrow
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Monsieur-Hulot » jeu. 31 juil. 2025 06:22

Douglas a écrit :
mer. 30 juil. 2025 08:20
Parlons un peu de Clifford Brown qui traversa l'épopée du jazz à la façon d'une comète...

Georges Perec déclara de lui dans son livre-souvenirs "Je me souviens":

« Je me souviens que le trompettiste Clifford Brown est mort à vingt ans dans un accident de voiture. »

Ça s'est passé de nuit, sous la pluie, alors qu'il se rendait vers Chicago, en voiture, en compagnie du pianiste Ritchie Powell, l'épouse de ce dernier conduisait, quand, soudain, le véhicule s'échappa de sa trajectoire et quitta la route, en même temps que la vie des trois cessa.

Le jazz était en deuil de l'un des plus formidables trompettistes de l'histoire de cette musique, les enregistrements qui restent sont choyés par les amateurs de hard bop, qui écoutent encore, Clifford Brown le prodige, la larme à l’œil, qui décéda ce 26 juin 1956.

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WOW ! C'est beau, ...et triste ...Merci pour la découverte !
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 31 juil. 2025 09:34

Monsieur-Hulot a écrit :
jeu. 31 juil. 2025 06:22
Douglas a écrit :
mer. 30 juil. 2025 08:20
Parlons un peu de Clifford Brown qui traversa l'épopée du jazz à la façon d'une comète...

Georges Perec déclara de lui dans son livre-souvenirs "Je me souviens":

« Je me souviens que le trompettiste Clifford Brown est mort à vingt ans dans un accident de voiture. »

Ça s'est passé de nuit, sous la pluie, alors qu'il se rendait vers Chicago, en voiture, en compagnie du pianiste Ritchie Powell, l'épouse de ce dernier conduisait, quand, soudain, le véhicule s'échappa de sa trajectoire et quitta la route, en même temps que la vie des trois cessa.

Le jazz était en deuil de l'un des plus formidables trompettistes de l'histoire de cette musique, les enregistrements qui restent sont choyés par les amateurs de hard bop, qui écoutent encore, Clifford Brown le prodige, la larme à l’œil, qui décéda ce 26 juin 1956.

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Ce Memorial Album part un peu dans tous les sens, mais il contient quelques pépites dont celle-ci qui m'apparaît la plus éclatante !
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 31 juil. 2025 09:48

Kenny Dorham ne connaîtra pas de fin tragique, bien que les trompettistes aient beaucoup donné dans cette décennie, si on ajoute Fats Navarro et Booker Little qui semblaient avoir commencé une triste série...

Kenny Dorham sort l'album "Quiet Kenny" en 1960, l'un de ses plus beaux, mais il y en a d'autres...

Il s'ouvre avec une de ses créations "Lotus Blossom" qui est formidable, parfois il semble vouloir évoquer Miles Davis mais bien vite la personnalité de Kenny s'impose par un jeu très différent et des développements singuliers qui feront sa personnalité.

Cette pièce deviendra un standard, Tommy Flanagan (p), Art Taylor (d) et Paul Chambers (b) y sont excellents.

Kenny Dorham Quartet - Lotus Blossom


A la fin de la Face A, la ballade "Alone Together" est véritablement magnifique, ton chaud, couleur pastel, toute en rondeur, ainsi va Kenny...

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 1 août 2025 02:31

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Miles Davis – 'Four' & More (Recorded Live In Concert) – (1966)

Voici, un an plus tard, l’album « miroir » de My Funny Valentine », cette fois-ci expurgé des ballades, Columbia propose donc les pièces le plus vives issues du concert donné au Philamornic Hall, celles qui ne sont pas connotées lentes, ne vous inquiétez pas, l’album est également phénoménal.

Sinon qu’il faut souligner qu’ici le jeune Tony Williams est marabouté, il joue encore plus rapidement qu’à l’habitude, il impulse des tempos de fou, tout s’enflamme et tout flamboie. Ron Carter à la contrebasse fait face avec un aplomb magnifique et c’est toute la formation qui s’énergise à fond, dès le grandiose « So What » on comprend les enjeux, et la rythmique impose une folie qui durera tout le concert.

« Walkin ‘ » qui enchaîne ne laisse rien passer non plus, et on se dit que l’idée folle de séparer les ballades et les morceaux rapides n’est sans doute pas si sotte, que cette cure imposée de pièces énergisantes est très digeste et prend un bon tour…

Les thèmes des pièces sont vite expédiés, souvent d’entrée, avant que n’intervienne de véritable introduction ou de solo préparatoire, on balance et on envoie, à ce jeu Miles semble se plaire, rien ne peut le déstabiliser et ce n’est pas lui qui faillira, il semble même en redemander. C’est ce qui donne une couleur démente à cet album finalement passionnant, avec un côté vraiment extrême, à sa façon, George Coleman, malgré de petites tentatives à rebours, ne pourra rien y faire et lui aussi devra s’adapter à la folie ambiante qui repart sans cesse, comme sur « Joshua » qui se relance à volonté…

Ces enregistrements live sont donc, y compris le premier volet, parmi ce que Miles a enregistré de mieux, de plus parfait, dans ce style qu’il emmène ici, avec cet orchestre. Il parvient à une sorte d’aboutissement, un sommet artistique pas facile à égaliser, certes on parle avec l’arrivée de Wayne Shorter d’un quintet de rêve, mais déjà il est certain qu’ici le rêve a déjà commencé !

Il y a encore « Four », « Seven Steps to Heaven », et même « There Is no Greater Love » qui confirment, les trois rythmiciens facétieux n’hésitent pas à envoyer des chausse-trappes aux uns et aux autres, c’est un jeu qui plaît à Miles totalement à l’abri de ces broutilles tellement il gravite haut. Il faut dire qu’il ressemble un peu à George Coleman et se prépare à l’avance, et lui peut le faire sans subir de critiques, c’est plus confortable…

So What [2022 Remaster] (Live at Philharmonic Hall, New York, NY - February 1964)
Walkin' [2022 Remaster] (Live at Philharmonic Hall, New York, NY - February 1964)
Four [2022 Remaster] (Live at Philharmonic Hall, New York, NY - February 1964)
Seven Steps To Heaven [2022 Remaster] (Live at Philharmonic Hall, New York, NY - February 1964)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 1 août 2025 14:20

Fats Navarro était surnommé "Fat Girl" par les autres musiciens, sans doute à cause de son embonpoint mais aussi grâce au titre du même nom qui le désigna ainsi...

Fat Girl
C'était un boppeur formidable qui mourut à l'âge de vingt-six ans, en 1950, de tuberculose, il laissa derrière lui la trace d'un musicien surdoué, sympathique et très regretté.

Voici le titre "Nostalgia" où il brille après la première minute, laissant de lui un souvenir saisissant:

Nostalgia
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 2 août 2025 02:04

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Jimmy Lyons – Live From Studio Rivbea 1974 & 1976 – (2025)

Jimmy Lyons restera probablement dans l’histoire du jazz comme le saxophoniste attitré de Cecil Taylor. Jamais le pianiste free n’a trouvé un tel partenaire, si parfait et si adéquat pour cette musique si particulière. Cette collaboration s’achèvera à la mort de Jimmy Lyons, en mai quatre-vingt-six.

Malgré ces engagements très prenants Jimmy Lyons a enregistré sous son nom et a dirigé quelques formations. Nous sommes ici au milieu des années soixante-dix où deux titres nous sont proposés. Tous les deux enregistrés pendant la grande période « des lofts », ici dans celui de Sam et Béatrice Rivers, l’un des plus courus, où venaient jouer nombre de formations d’avant-garde.

Ça se passe au vingt-quatre Bond Street, dans ce qu’on appellera les « Studios Rivbea ». La première pièce proposée est la seconde dans l’ordre chronologique, celle du vingt et un mai soixante-seize, pendant le fameux « Wildflowers Festival » qui verra plusieurs éditions d’albums présenter un reflet incroyable de ce grand mouvement d’improvisation qui soufflait alors sur la ville de New-York.

« After You Left » est jouée par la formation du saxophoniste alto, qui regroupe Karen Borca au basson, Hayes à la contrebasse et Henry Letcher à la batterie, la pièce s’étale sur une durée de vingt-sept minutes et cinquante-deux secondes. On se souvient que les autres extraits du Wildflowers qui ont été diffusés par albums alors, consistaient en une seule pièce par formation, l’ensemble formait une collection de cinq albums bien remplis sous le nom de « Wildflowers: The New York Loft Jazz Sessions », on y trouve le titre « Push Pull » de Lyons, ça se trouve également en coffret trois Cds.

Le second extrait comprend sensiblement la même formation mais sans la bassoniste Karen Borca et avec Syd Smart à la batterie à la place de Letcher. Il est enregistré le vingt juin soixante-quatorze et dure plus de vingt-six minutes. Les deux pièces sont évidemment très free ou plutôt très improvisées, bien que les thèmes soient signés par Jimmy Lyons.

J’insiste davantage sur l’impro que sur le free, car ce qui fait précisément la spécificité de Lyons ce sont les caractéristiques de son jeu, souvent ancrées dans le be bop, ou une certaine tradition, bien qu’ici il s’en dégage assez nettement, et laisse libre court à son imagination.

Ces repères que contient son flux semblent ancrés en lui, ils forment son style et sa personnalité, lui accordant un style personnel fort, très puissant, même dans un tel contexte. Les deux pièces sont un peu différentes, la première plus ouverte et la seconde plus tendue, mais elles sont toutes les deux fantastiques et représentatives de Jimmy Lyons, le saxophoniste adulé des amateurs éclairés.

Chacun se dit : « Et si Charlie Parker jouait encore, jouerait-il comme Jimmy Lyons ? »

After You Left
Diads
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 2 août 2025 10:19

Voici le grand orchestre de Count Basie avec en vedette l'un des meilleurs disciples de "Prez", aka Lester Young, c'est bien de Stan Getz dont on parle ici, il joue du ténor, lors d'un concert donné dans une ville moyenne du Texas en 1955.

Ça s'appelle tout simplement "Blues".

Trois minutes cinquante d'un jazz académique avec le grand orchestre un peu lointain qui s'énerve un peu vers la fin...

Blues
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 3 août 2025 01:26

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Vandermark 5 - A Discontinuous Line – (2006)

Retour vers l’un des plus bouillonnants musiciens américains du siècle, le voici à la tête du « Vandermark 5 » qui nous propose une œuvre sur les lignes discontinues vues par diverses personnalités et mises en son par la formation, ainsi les dédicaces sont aussi nombreuses que les pièces. Pour ma part je reconnais Sergio Leone et c’est tout…

Les autres sont architectes, plasticiens, comme Santiago Calatrava le compositeur Elliot Carter, le peintre Giorgio de Chirico et d’autres mais je suis largué, alors j’écoute… On retrouve les membres du « Five », Fred Lonberg-Holm au violoncelle, Ken Vandermark à la clarinette basse, au saxophone baryton et au saxophone basse, Dave Rempis aux saxs alto et ténor, Kent Kessler à la contrebasse et Tim Daisy à la batterie.

Certes on entend ces dispositions propres à la ligne discontinue dès la seconde pièce qui s’avère hachée, avec des silences, des vides et des pleins, et qui avance avec douceur, succédant à « convertible, version one » bien chouette, mais la seconde est possiblement encore meilleure.

On retrouve l’allant de la basse qui envoie sur « Some not all » tandis que l’archet strie le violoncelle qui s’éraille, on distingue des structures d’impros décidées à l’avance, des thèmes écrits et, si la ligne est discontinue, on la suit avec entêtement ce qui donne du corps à la musique et maintient la bonne énergie. Dave Rempis est au top et fait le job, la pièce est intense d’une belle maturité, c’est pour ça qu’on aime Vandermark, il ne déçoit jamais, se déglinguant dans une improbable transition vers un solo de basse qu’il rattrape et sublime. Un quart d’heure de bonheur !

L’autre plaisir ici, c’est d’entendre le sax baryton et le sax basse, deux instruments assez rares, surtout le second que l’on entend assez peu habituellement, ces sonorités peu usuelles sont à la fête ici et régalent pour qui a soif de sons nouveaux, le violoncelle est également délicieusement rendu, à la fois âpre et boisé.

C’est forcément un bel album, enregistré par des maîtres musiciens qui donnent à entendre hors des sentiers battus…

Convertible, Version One (For Charles Eames)
Convertible, Version Two (For Charles Eames)
Some not All (For Phillip Wilson)
Morricone (For Sergio Leone)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 3 août 2025 08:45

Petit retour vers la West Coast et la musique cool avec ce superbe "Martians Go Home" qui nous est proposé par Shorty Rogers à la fois trompettiste et bugliste.

On retrouve la rigueur dans l'interprétation en même temps qu' un balancement particulier, décontracté, propre à ces musiciens-là.

C'est le haut du panier autour de Shorty, Jimmy Giuffre ici à la clarinette, Pete Jolly au piano, Curtis Counce à la contrebasse et, je dirais même "surtout", le facétieux Shelly Manne à la batterie.

En effet, aujourd'hui on n'en parlerais même pas, pourtant une particularité est enregistrée sur cette pièce, un truc à la fois "potache" et "innovant" avec l'introduction d'un élément incongru lors de l'enregistrement.

Ça se passe à 6'33, lors du break qu'il propose, on entend clairement qu'il fait rouler une pièce de monnaie sur l'un de ses toms!

Nous sommes en 1955, la pièce est magnifique, Shorty utilise le bugle lors de son solo et les Martiens sont partout...


Shorty Rogers & His Giants - Martians Go Home, 1955
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 4 août 2025 04:31

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Air – Air Time – (1978)

« Air Time » est le troisième album de la formation Air. On retrouve le trio bien connu avec Henry Threadgill aux saxs alto et ténor, aux flutes également et au hubkaphone, instrument dont il a inventé la conception, une sorte de tour d’enjoliveurs de voitures que l’on utilise comme un instrument de percussions.

L’album s’ouvre avec le bref « I’ll Be Right Here Waiting », concentré et plutôt impactant. La seconde pièce est indiquée au verso de la pochette avec une durée de deux minutes, il s’agit d’une erreur car elle frôle les douze minutes, on y appréciera la relation entre la basse de Fred Hopkins et la batterie de Steve McCall, tout à fait resplendissante sur cette pièce où elle éclate de mille feux, développant un récital majestueux.

La troisième pièce « G.v.E. » est également un peu étrange car elle est centrée sur l’hubkaphone qui révèle ses capacités et ses secrets, tandis que Threadgill déploie la magie de la flûte basse qui enveloppe la musique d’un voile mystérieux. Cette magie fonctionne à merveille et donne à cette pièce un cachet très particulier qui, autrefois, gagnait certaines pièces du génial Yusef Lateef.

Après les envoûtements voici « substraction » et ses errances, c’est la pièce la plus longue, approchant les quatorze minutes, elle semble construite autour des silences et des interventions minimalistes qui commentent, dans un premier temps, le cheminement d’une flûte.

Puis la contrebasse s’identifie à gauche, aguichée par divers instruments de percussions qui se manifestent, la flûte fait son retour et le jeu se fait à trois. L’épaisseur du silence ne faiblit pas, même s’il est assailli par de brèves intrusions qui le découpent et le strient… Cette pièce annonce une évolution du free jazz vers des musiques que l’on pourrait qualifier de concrètes, très timbrales, bien que les instruments rythmiques soient placés très à l’avant.

L’album se termine avec « Keep Right On Playing Through The Mirror Over The Water », joli titre pour finir un album intéressant mais qui ne conviendra pas forcément à tous, dans son intégralité.

Air - "No. 2" (From "Air Time," 1978)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 4 août 2025 09:07

Stan Kenton a été chef d'un grand orchestre blanc, bien qu'il n'avait pas la qualité d'un Benny Goodman, il avait une belle popularité parmi le public ... blanc de l'Amérique d'alors...

Il n'a jamais été célébré comme un grand, ou cité parmi les meilleurs grands orchestres, il était même décrié, comme d'autres musiciens blancs, par les noirs, qui estimaient que leur musique était volée et pillée.

Pourtant il n'était pas nul et se trouvait référencé dans nombre de livres d'époque, car il savait y faire côté promo et commerce.

Pour être juste il avait du nez et du flair, par exemple il a embrigadé le trompettiste Maynard Ferguson et Franck Rosolino au trombone. Il utilisait des arrangements de Shorty Rogers ou Gerry Mulligan, de quoi enrichir sa base...

Voici une pièce plutôt pas mal qui montrait qu'à son meilleur il était très écoutable.

Le premier soliste au saxophone ténor est Vido Musso, un musicien assez énorme très optimiste et expressif comme il convenait ici, le second solo est également excellent avec Carl Fontana au trombone qui fait également bien plaisir.

On remarque également tous ces cuivres rutilants et bien en place qui font tourner la machine !

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Monsieur-Hulot » lun. 4 août 2025 10:44

Douglas a écrit :
lun. 4 août 2025 04:31
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:ghee: C'est koa ça ? Je cherchais un truc pour éloigner les moustiques, j'ai trouvé ! :hehe: Du Albert Marcoeur sauce BBQ! :hehe:
Sinon le hubkaphone série d'enjoliveurs de roues de voitures (en anglais : hubcaps).
PS: très bien ce Stan Kenton ! :super:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 4 août 2025 11:38

Monsieur-Hulot a écrit :
lun. 4 août 2025 10:44
Douglas a écrit :
lun. 4 août 2025 04:31
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:ghee: C'est koa ça ? Je cherchais un truc pour éloigner les moustiques, j'ai trouvé ! :hehe: Du Albert Marcoeur sauce BBQ! :hehe:
Sinon le hubkaphone série d'enjoliveurs de roues de voitures (en anglais : hubcaps).
PS: très bien ce Stan Kenton ! :super:
Hélas c'est le seul extrait trouvable et pas le plus facile à digérer, bien que fort beau si on trouve la clef et les circonstances d'écoute favorable...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 5 août 2025 02:37

Douglas a écrit :
lun. 4 août 2025 11:38
Monsieur-Hulot a écrit :
lun. 4 août 2025 10:44
Douglas a écrit :
lun. 4 août 2025 04:31
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:ghee: C'est koa ça ? Je cherchais un truc pour éloigner les moustiques, j'ai trouvé ! :hehe: Du Albert Marcoeur sauce BBQ! :hehe:
Sinon le hubkaphone série d'enjoliveurs de roues de voitures (en anglais : hubcaps).
PS: très bien ce Stan Kenton ! :super:
Hélas c'est le seul extrait trouvable et pas le plus facile à digérer, bien que fort beau si on trouve la clef et les circonstances d'écoute favorables...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 5 août 2025 02:58

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John Zorn – Perchance To Dream... – (2022)

John Zorn nous promet un album de nuit, de ceux que l’on place avant de s’étendre, ces « nocturnes » que l’on écoute encore en provenance d’un passé lointain, nous ramènent à Chopin qui fit cela très bien…

Pour ce voyage obscure, Zorn convoque d’émérites musiciens, au service de compos qu’il a conçues pour notre quiétude et nos endormissements, dans un périple serein où règne la beauté et la tendresse.

Les quatre élus de nos nuits sont de bonne pointure, comment rêver mieux ? L’ami Bill Frisell est à la guitare, il s’y connaît en rêves cotonneux, en espaces merveilleux et porte en lui un sentiment d’infini qui va. John Medeski est moins un ange, mais il en est capable, car il sait tout faire, son orgue tapisse des fonds sonores qui se laissent oublier, et qui parfois montent vers les cieux, en y transportant notre âme, sans permission.

Brian Marsella est peut-être le préféré du moment, sa virile attaque risque parfois de nous réveiller, il touche au piano mais aussi au Fender Rhodes, avec lequel il fait des boucles et nous fait tourner, comme sur « Eventide » qui se distingue.

Et puis il y a l’ancien bien que jeune, Kenny Wollesen à la batterie et aux carillons qu’il fait sonner parfois, de son propre aveu il joue sans réfléchir, comme ça vient, l’immersion musicale est suffisante avec le ressenti d’un climat, l’instinct suffit à évacuer le trop plein, pour ne garder que ce qui « vient », l’essentiel, le juste nécessaire…

Les sept pièces se suivent dans une belle coolitude, je ne sais si le pari est tenu ou réussi, peut-on évoquer la spiritualité ou même un sentiment religieux ? Je ne m’y risquerais pas, mais reste la légèreté, la caresse et la tendresse, titre de la dernière pièce un zeste romantique…

Introit
Eventide
A Secret Twilight
Tenderness
We will dance again...

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Monsieur-Hulot
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Monsieur-Hulot » mar. 5 août 2025 05:01

Ah oui, c'est très bien ça, effectivement il y a du Chopin et du Camel en même temps, John Zorn, quel phénomène !!! Merci Douglas, je vais télécharger ces petites gemmes que j'aime. :chapozzz:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 5 août 2025 09:00

Monsieur-Hulot a écrit :
mar. 5 août 2025 05:01
Ah oui, c'est très bien ça, effectivement il y a du Chopin et du Camel en même temps, John Zorn, quel phénomène !!! Merci Douglas, je vais télécharger ces petites gemmes que j'aime. :chapozzz:
Vraiment beaucoup de belle choses chez Zorn !

Remontons le temps jusqu'en 1953, il y a 72 ans, Charlie Parker avait déjà réinventé le jazz et semé, avec d'autres, les graines du be-bop, mais il en était, d'évidence, le créateur et le principale inspirateur.

Il disparaîtra en 55, n'arrivant pas à se passer de drogue, il retombait dans la dépendance avec fatalité.

Voici "Cosmic Rays", une nouvelle pièce extraordinaire, même si elle n'est pas aussi connue que d'autres.

Il est accompagné par Hank Jones au piano, Teddy Kotick à la contrebasse et Max Roach à la batterie. L'enregistrement s'est effectué exactement le 30 décembre 52, à New-York.

On remarque l'extraordinaire solo de Parker à l'alto, particulièrement à 0'49 où il déclenche, chacun y va de son solo, Hank Jones, Kotick et Max Roach, à la fois économe et lumineux, le savoir en son entier, contenu dans ce court solo, où il s'élève à côté de Parker, tout, tout là-haut...

Charlie Parker Cosmic Rays
We will dance again...

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