
Akira Sakata – Mooko – (1990)
Mais qu’est-ce donc que ce « Mooko » ? J’étais intrigué et voulait le savoir. Fort logiquement je me mis donc au japonais, car chacun sait qu’Akira Sakata est né en ce pays, d’où le soleil est également originaire. Quelques heures après j’étais prêt, je maîtrisais avec pas mal d’adresse les hiéroglyphes nippons.
Et c’est ainsi que j’appris que « Mooko » n’était autre que le nom de la Mongolie. Heureux de cette découverte, je décidais bientôt de m’atteler à l’apprentissage du Mongol, et particulièrement du mongol « khalkha », le plus usité dans ces lointaines contrées, où les habitants habitent dans des tipis circulaires, autour desquels gravitent des chevaux nains.
C’est ainsi que j’appris bien des choses intéressantes sur cet album mongol, il a été enregistré en quatre-vingt-sept, la gestation, et la mise à bas des petites galettes, pris trois longues années durant lesquelles elles furent gravées à la pointe du silex, par les mains habiles du fier peuple mongol.
Akira qui avait fait la rencontre de Ronald Shannon Jackson lors d’un long voyage en Germanie, ainsi que de Brötzmann, Sonny Sharrock, Laswell et d’autres lascars, écrivit à Ronald : « Veux-tu enregistrer avec moi ? », Ronald répondit ; « Bien sûr, mais si nous devions l'enregistrer, il serait préférable que Bill Laswell le produise », Akira répondit : « Je vais lui demander », ce qu’il fit, et Bill répondit : « J’arrive, ma basse aussi. » Sakata lui écrivit alors : « Rendez-vous à New York, dans les Studios Sorcerer Sound, les deux et trois décembre. »
Quand l’enregistrement fut terminé, Akira était fatigué et s’endormit longtemps dans la chambre de l’hôtel, il était habitué au futon traditionnel, et la mollesse des matelas yankees le pris à revers, ainsi il se réveilla fort tard et, qui plus est, avec des heures qui filaient plus vite qu’en orient, suite à un décalage pernicieux et déloyal des aiguilles placées dans les horloges ricaines, qui les font souvent arriver avant les autres, surtout quand il s’agit de courir.
Ainsi il entendit par téléphone Bill déclarer : « Sakata ! C'est fait ! », le mixage était terminé. Akira fut honteux d’avoir raté cette étape cruciale, et parla de la Mongolie qui était jolie, il dit à Bill : « Allons en Mongolie avec notre groupe ! » Ce qui fut fait et l’on baptisa donc l’album « Mooko ».
Akira aimait la Mongolie et plus particulièrement la grande plaine d’Homie. Il apporta ses musiques dans les « hautes terres » et les écouta avec des représentants du peuple natif, dans les plaines froides et rugueuses, pendant la saison d’automne.
Il alla également avec Bill et treize musiciens, quelques années plus tard, jouer dans ce pays qu’il aimait tant, avec sa clarinette alto et sa clarinette basse… Mooko n’était que le point de départ de toutes ces aventures épiques !
Nitchimo Satchimo