J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 1 mai 2020 06:19

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Cet album, le premier pour Blue Note de la part d’Eric Dolphy, possède assurément un poids historique inégalé dans sa discographie. Sans doute, et avant tout, parce que c’est son dernier, ultime et magnifique, mais aussi pour la teneur de l’enregistrement, pour les intentions qu’il renferme et le tournant qu’il constitue, particulièrement pour les deux premiers morceaux de l’album.

Souvent, jusque dans la dernière partie de sa vie, Eric Dolphy a évoqué le « third stream », ce troisième courant qui échappe au jazz et tend à converger vers la musique contemporaine. On pourrait en voir la manifestation sur « Hat and Beard » et « Something Sweet, Something Tender ». Il me semble qu’un tel éclairage permet de mieux appréhender l’écoute de ces deux pièces, et même de l’album dans son entier, bien que le reste des titres restent attachés aux canons du be bop de façon plus traditionnelle.

L’équipe de musiciens est époustouflante, l’énoncé des noms suffit, Freddie Hubbard, Bobby Hutcherson, Richard Davis et Anthony Williams. Chacun d’entre eux est définitivement écrit au Panthéon du jazz ne serait-ce que pour avoir participé à cet album, comme l’a indiqué Dolphy « Tout le monde joue en leader sur ce disque », en effet chaque son, chaque vibration y est à sa place.

Je n’insiste pas sur les merveilles qu’il contient, les solos brillants des uns et des autres, les audaces multiples qui émergent sans discontinuer, car l’aventure va bientôt prendre fin, Eric atteint d’un diabète dont il ignore la sournoise présence, nous quittera en juin 64, quelques mois après ce vingt-cinq février qui vit naître cet enregistrement.

Eric Dolphy - Out To Lunch! (1964) full Album
00:00 - - - A1 — Hat And Beard (Eric Dolphy) - - - (8.24)
08:35 - - - A2 — Something Sweet, Something Tender (Eric Dolphy) - - - (6.02)
14:41 - - - A3 — Gazzelloni (Eric Dolphy) - - - (7.22)
22:02 - - - End Side a)
22:21 - - - B1 — Out To Lunch (Eric Dolphy) - - - (12.06)
34:33 - - - B2 — Straight Up And Down (Eric Dolphy) - - - (8.19)
42:56 - - - End Side b)

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 1 mai 2020 22:33

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Encore une superbe pochette signée Reid Miles pour ce bel album du trompettiste Donald Byrd, accompagné par Wayne Shorter au saxophone, Herbie Hancock au piano, Butch Warren à la basse et Billy Higgins à la batterie. C’est un album enregistré dans les studios de Rudy Van Gelder en 1961 mais il ne paraîtra qu’en 1966, bien entendu, sur Blue Note.

La date d’enregistrement prédispose cet album au hard bop et on n’y trouve pas encore les chœurs et autres ornements liés au gospel. Par contre l’album est bien mené, avec de belles compos et des sidemen doués tous d’un immense talent, qui en veulent et qui « crochent dedans ». Donald est dans sa trentième année, à part la ballade « Night Flower » composée par Herbie Hancock, il signe toutes les autres compositions et chacune offre un territoire à découvrir.

Donald n’est pas un technicien qui recherche la puissance avec son instrument, il ne fait pas dans le spectaculaire mais le timbre est juste et classieux, quelque chose de distingué et élégant, droit et efficace. Il exprime tout cela sur le magnifique « Free Form » où le groupe en entier éclate de mille feux, encore une belle page Blue Note. Il fait suite, sur la face à « French Spice », très relevé avec un solo d’anthologie de Wayne Shorter, quant à Herbie il brille continuellement, en soliste, mais également en accompagnateur discret, même dans ce rôle là, il dépose sa marque…

Et Butch ! Et Billy ! Ouah les amis là c’est du bon, passé peut-être le premier titre, un peu trop académique, oui, peut-être…

French Spice (Remaster 2003/Rudy Van Gelder Edition)


Free Form (Rudy Van Gelder Edition/2003 Remaster)


Night Flower (Remastered 2003/Rudy Van Gelder Edition)


Nai Nai (Rudy Van Gelder Edition/2003 Remaster)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par DaFrog » sam. 2 mai 2020 10:33

Douglas a écrit :
mer. 15 avr. 2020 22:05
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Rudy Van Gelder

Après une lente agonie sur une petite dizaine d’années Le label Blue Note dépérit et cessa définitivement en 1979. Il n’y eut plus de nouvelles parutions, mais curieusement le label continuait à vendre des rééditions, principalement en Europe et même au Japon. Vingt et un albums furent réédités et dépassèrent les 50 000 exemplaires. Dix autres encore furent réédités et encore quinze en 1983, toujours en Europe. Je vous en ai signalé quelques-uns. L’arrivée du CD en 1982 donna une nouvelle chance à Blue Note.

Bruce Lundvall, un ex d’Electra et amateur de jazz, donc de Blue Note, devint le nouveau directeur du prestigieux label début 85, un concert avec les anciennes stars est organisé et on invite également Alfred Lion, Rudy Van Gelder et Reid Miles. Ce même soir Lundvall présente trois nouveaux musiciens qui signent sur le label, le flûtiste James Newton, le guitariste Stanley Jordan et le pianiste Michel Petrucciani. Blue Note se concentra alors vers les rééditions souvent augmentées, les publications d’inédits, les sorties de nouveaux albums par les vieilles gloires, mais, surtout, la recherche de nouveaux noms, comme le guitariste John Scofield, un ex de chez Miles Davis, dont je vous ai présenté un album il y a peu, ou encore Jacky Terrasson avec Cassandra Wilson sur l’album « Rendez-vous ».

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Les studios Van Gelder à Englewood Cliffs dans le New Jersey
Merci pour ces précisions, je ne connaissais pas précisément les circonstances de l'agonie de ce label. Quel scandale !

Je l'ai donc connu, sans savoir que c'était le début de la fin, en 82/84 quand, étudiant, j'écumais les bacs de la fnac, et achetais rien que pour les pochettes, ces rééditions françaises (Speak no Evil, Out of Lunch, etc), revendues depuis.

J'ai aussi une affection pour les albums parus fin des années 60, quand le label a été repris par Liberty, avec ses pochettes sexy/glamour, histoire de booster les ventes avec une musique moins exigeante, plus funky, toujours bien foutue.

Je me souviens des sorties tardives, gage de qualité ? Vrai pour Petrucciani et Scofield. Raté pour Stanley Jordan, éphémère virtuose vite sorti des radars.

Message rédigé en écoutant Out Of Lunch ... Austère, aride ? En tout cas, trop pour moi. Je n'ai plus l'oreille pour écouter ce jazz. Il n'y a plus que les vibes de Bobby Hutcherson qui me font frissonner. J'ai du mal avec les soufflants. C'est grave Doc ?
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Goldandlink » sam. 2 mai 2020 13:32

Malheureusement, les reeditions francaise des annees 80 ne sont souvent pas tres recommandables au niveau de la qualite sonore.

Pour s'informer sur les bons pressings, je recommande l'excellent site LondonJazzCollectors (en anglais), specialise dans le jazz (tous labels). Pour Blue Note, on trouve un guide detaille sur les differences entre pressings au fil des decennies et leur qualite sonore respective: https://londonjazzcollector.wordpress.c ... ecordings/.

C'est fascinant car intimement lie a l'histoire du label. Et ca vaut le coup de savoir pour comprendre les variations de prix entre pressings. On peut encore trouver a des prix raisonnables des reeditions stereo 70s du catalogue avec des stamps RVG (Rudy Van Gelder) dans la matrice (signe d'un son superieur) comme ceux avec les labels Liberty blue/nooir ou bleu avec un B bleu ou blanc. Ne pas oublier les reeditions japonaises egalement, souvent excellentes.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par DaFrog » sam. 2 mai 2020 15:16

La qualité est généralement très bonne mais je n’ai senti une vraie différence que sur les pressages mono, donc début années 60, deep groove, son fabuleux.
Pour le reste, stamp RVG ou pas, Liberty, Japon, etc, je n’ai pas vu la différence avec de bonnes éditions cd, c’est kid kif ou la différence est dans la tête.
Idem avec ECM. Déjà fait le test en jouant simultanément un CD et un vinyl, aucune différence.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Goldandlink » sam. 2 mai 2020 15:38

J'entends la difference, y'a des reeditions ou le son original a perdu sa chaleur. Ca n'enleve pas que la musique est fantastique. Et puis je ne generalise pas, y'a de temps en temps des pressings francais 80s qui sonnent tres bien. Mais si t'as un stamp RVG, tu sais au moins que t'es proche du son et mix mono/stereo original. Blue Note c'est aussi Van Gelder et sa facon d'enregistrer et mixer le jazz.

Pour les CD, je ne peux pas commenter, je n'en ai pas.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 2 mai 2020 16:18

Goldandlink a écrit :
sam. 2 mai 2020 15:38
J'entends la difference, y'a des reeditions ou le son original a perdu sa chaleur. Ca n'enleve pas que la musique est fantastique. Et puis je ne generalise pas, y'a de temps en temps des pressings francais 80s qui sonnent tres bien. Mais si t'as un stamp RVG, tu sais au moins que t'es proche du son et mix mono/stereo original. Blue Note c'est aussi Van Gelder et sa facon d'enregistrer et mixer le jazz.

Pour les CD, je ne peux pas commenter, je n'en ai pas.
Je ne vais pas te contredire, ce que tu dis doit être exacte dans les grandes lignes, c'est sûr que les originaux c'est mieux, j'en ai d'ailleurs quelques uns, comme ce "free form" au-dessus qui est âgé de 56 ans et qui ne m'a pas coûté une fortune, on peut imaginer aussi qu'il a perdu de sa superbe, l'âge joue son rôle, ainsi que l'usure. Les pressages US c'est certainement bien, mais à l'écoute il m'est bien souvent impossible de me dire, tiens ce pressage est US et celui-ci français, en toute honnêteté, remarque je suis sans doute comme les vieux Blue Note, avec le temps mes capacités auditives doivent décliner également. De toute façon le pire ce sera toujours le lien youtube...

Le mono c'est bien, mais pour en profiter pleinement il faut une tête de lecture adéquate, qui va changer sa tête de lecture pour écouter un disque mono?

Pour les pressages japonais, je suis très fan, ils sont souvent extra-terrestres, dommage que les prix s'envolent...

Concernant le Cd je sais que ce que je vais écrire dérangera peut-être, mais de mon point de vue, en pure qualité acoustique, je pense qu'il a désormais supplanté le vinyle, même si celui-ci garde une certaine chaleur qui reste et restera inimitable, un peu comme "le grain" de la photographie.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par DaFrog » sam. 2 mai 2020 16:57

Bien résumé, je n’aurais pas su mieux dire.

Le vinyle et ses contraintes, j’en suis revenu. Il y a des cd très bien fichus, notamment les replicas nippons.

Ceci dit, les pressages japonais sont remarquablement soignés, tant le contenant que le contenu.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Goldandlink » sam. 2 mai 2020 17:11

Discussion interessante :) On peut tout a fait aimer les pressages francais, c'est le cas de beaucoup de monde. Y'a certainement un cote psychologique, nostalgique voir obsessif dans le fait de rechercher les pressages Van Gelder. Apres le son Van Gelder a aussi ses controverses. J'ai lu des gens qui pense qu'il poussait son enregistrement et mix trop dans le rouge, denaturant les instruments...

Niveau CD, le son peut etre tres bon effectivement, j'ai achete le CD de Idle Momemts pour un cadeau a Noel et il sonne superbement. Mais je suis pas fan de l'objet en soi donc je n'en achete pas pour moi.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 2 mai 2020 17:29

C'est vrai que les Cds avec leur boîtier en plastique sont souvent assez moches, mais, pour ce qui est du jazz "vivant", celui qui nous environne, il est souvent incontournable. C'est très coûteux de sortir un vinyle et beaucoup plus facile (encore que...) de sortir un Cd, beaucoup de musiciens d'aujourd'hui, sans beaucoup de notoriété sont obligés de sortir des Cds. Une grande partie de la musique de jazz de ce siècle n'est sortie qu'en Cd!
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 2 mai 2020 17:42

DaFrog a écrit :
sam. 2 mai 2020 16:57
Bien résumé, je n’aurais pas su mieux dire.

Le vinyle et ses contraintes, j’en suis revenu. Il y a des cd très bien fichus, notamment les replicas nippons.

Ceci dit, les pressages japonais sont remarquablement soignés, tant le contenant que le contenu.
La série des Archie Shepp sortie sur Vénus Records entre 1996 et 2001 possède une qualité sonore à tomber!
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Goldandlink » sam. 2 mai 2020 19:00

En parlant de Blue Note, j'aime beaucoup l'album Blacks & Blues de Bobbi Humphrey, produit par Larry Mizell. On est dans le jazz funk de gout, cru 1974. Les morceaux sont groovy et tailles pour les virees en bagnole. Par example Harlem River Drive avec ces coeurs masculins limite gospel, la flute de Humphrey qui jamme sur une couverture synthetique, et un sacre jeu de basse. C'est juste parfait.



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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Cooltrane » sam. 2 mai 2020 22:00

DaFrog a écrit :
sam. 2 mai 2020 10:33
J'ai aussi une affection pour les albums parus fin des années 60, quand le label a été repris par Liberty, avec ses pochettes sexy/glamour, histoire de booster les ventes avec une musique moins exigeante, plus funky, toujours bien foutue.

Je me souviens des sorties tardives, gage de qualité ? Vrai pour Petrucciani et Scofield. Raté pour Stanley Jordan, éphémère virtuose vite sorti des radars.

Message rédigé en écoutant Out Of Lunch ... Austère, aride ? En tout cas, trop pour moi. Je n'ai plus l'oreille pour écouter ce jazz. Il n'y a plus que les vibes de Bobby Hutcherson qui me font frissonner. J'ai du mal avec les soufflants. C'est grave Doc ?
Je dois dire que je n'ai jamais vraiment fonctionné sur le jazz Blue Note et son Post-Bop (dénomination inventée de toute pièce après coup par les journos), mais Out To Lunch et à ranger avec So What, je trouve.
Quand moi aussi, au milieu des 80's, j'ai commencé à pénétrer le jazz 60's, je suis surtout tombé sur le label Impulse! et son jazz modal torride que je trouvais bien plus chaud que le froid clinique (et pour finir souvent trop à l'étroit de sa doctrine trop stricte) de BN.
Fin des 60's pour moi, c'est plutôt le label Milestone qui va prendre mes suffrages, et ce pendant une bonne partie des 70's.
Douglas a écrit :
sam. 2 mai 2020 16:18
Concernant le Cd je sais que ce que je vais écrire dérangera peut-être, mais de mon point de vue, en pure qualité acoustique, je pense qu'il a désormais supplanté le vinyle, même si celui-ci garde une certaine chaleur qui reste et restera inimitable, un peu comme "le grain" de la photographie.
Oui, enfin bon, le problème, c'est qu'il y a de plus en plus de groupe qui ne pressent de CD au profit du 33T et cela me fait ch....

Je ^pense notamment à Wildflower (des Londoniens qui font du bon spiritual jazz), mais aucun de leur deux albums ne sont sorti en CD, et du coup , je passe mon tour. Tant pis pour leur g.... , car les deux disques seraient déjà chez moi depuis leur sortie.


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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Cooltrane » sam. 2 mai 2020 22:10

Douglas a écrit :
sam. 2 mai 2020 17:29
C'est vrai que les Cds avec leur boîtier en plastique sont souvent assez moches, mais, pour ce qui est du jazz "vivant", celui qui nous environne, il est souvent incontournable. C'est très coûteux de sortir un vinyle et beaucoup plus facile (encore que...) de sortir un Cd, beaucoup de musiciens d'aujourd'hui, sans beaucoup de notoriété sont obligés de sortir des Cds. Une grande partie de la musique de jazz de ce siècle n'est sortie qu'en Cd!
C'est§ effectivement assez chiant que les acteurs dui CD continuent à nous foutre du plastoche à la con, que ce soit pour les "jewel case" ou dans leur digipaks, alors que faire du tout-cartonné est tellement plus sympa (je pense au superbe album de Yazz Ahmed La Saboteuse)... et permet de supprimer le coté achat et stockage du plastoche.
Goldandlink a écrit :
sam. 2 mai 2020 19:00
En parlant de Blue Note, j'aime beaucoup l'album Blacks & Blues de Bobbi Humphrey, produit par Larry Mizell. On est dans le jazz funk de gout, cru 1974. Les morceaux sont groovy et tailles pour les virees en bagnole. Par example Harlem River Drive avec ces coeurs masculins limite gospel, la flute de Humphrey qui jamme sur une couverture synthetique, et un sacre jeu de basse. C'est juste parfait.

Oui, je dois dire que certains parlent du BN des 70's comme un déclin - commercial sans doute, mais pas nécessairement artistique - mais même McCoy Tyner a fait qqes splendides albums au tournant de la décennie.
Au risque de me faire conspuer par les intégristes, j'en suis parfois à me demander si je ne trouve pas BN meilleur dans les 70's que dans les 60's.

cet album-ci est un bon exemple.
Modifié en dernier par Cooltrane le sam. 2 mai 2020 23:03, modifié 1 fois.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par DaFrog » sam. 2 mai 2020 22:41

Ah ! Impulse! Quel beau label ... même en cd c’est réussi avec les digipacks
Rien que pour Alice Coltrane (sans même parler de John) et Pharoah Sanders (Thembi ...)
J’ai eu une grosse période « spiritual jazz » comme on dit, c’est chaud, ça fait voyager loin
Une grande affection pour Lonnie Liston Smith et ses Cosmic Echoes, quelques beaux disques sur Flying Dutchman, joli label secondaire 😎
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Cooltrane » sam. 2 mai 2020 23:16

DaFrog a écrit :
sam. 2 mai 2020 22:41
Ah ! Impulse! Quel beau label ... même en cd c’est réussi avec les digipacks
Rien que pour Alice Coltrane (sans même parler de John) et Pharoah Sanders (Thembi ...)
J’ai eu une grosse période « spiritual jazz » comme on dit, c’est chaud, ça fait voyager loin
Une grande affection pour Lonnie Liston Smith et ses Cosmic Echoes, quelques beaux disques sur Flying Dutchman, joli label secondaire 😎
Sans parler des albums de Mingus ou Gil Evans (Out Of The Cool & Into The Hot), etc.... :chapozzz:

Sinon, le "spritual jazz " est aussi une "invention journaleuse" d'après coup , car je n'en avais jamais entendu parler avant le chngement de siècle. Bien que le nom "New Thing" soit applicable durant les 60's, je crois que petit à petit il a métamorphosé dans cet espèce de jazz-rock-fusion du style McCoy Tyner et LLS.

Alors oui, les trois premiers LLS sont fabuleux. Le restant se désagrège petit à petit au fur et à mesure de chaque nouvel album.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par DaFrog » sam. 2 mai 2020 23:28

Oui, les étiquettes c’est réducteur et parfois trompeur mais ça permet en général de se faire une idée, au moins en gros, de ce à quoi s’attendre :)

Pour LLS, j’irais jusqu’à son Reflections de 76 même si la qualité décroît après le 3ème, je suis d’accord

J’avais oublié Mingus pour Impulse!
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 3 mai 2020 06:21

Cooltrane a écrit :
sam. 2 mai 2020 22:00

Je dois dire que je n'ai jamais vraiment fonctionné sur le jazz Blue Note et son Post-Bop (dénomination inventée de toute pièce après coup par les journos), mais Out To Lunch et à ranger avec So What, je trouve.
Quand moi aussi, au milieu des 80's, j'ai commencé à pénétrer le jazz 60's, je suis surtout tombé sur le label Impulse! et son jazz modal torride que je trouvais bien plus chaud que le froid clinique (et pour finir souvent trop à l'étroit de sa doctrine trop stricte) de BN.
Fin des 60's pour moi, c'est plutôt le label Milestone qui va prendre mes suffrages, et ce pendant une bonne partie des 70's.
Pour rebondir sur un ou deux points qui viennent d'être dits, il faut rappeler qu'il est un peu court de mettre un trait sur la période Blue Note et de biffer d'un coup quinze années de l'histoire du jazz (je pense qu'on sera d'accord sur ce point).

Pour les termes utilisés il y eut le be bop (Parker, Monk, Dizzy), le hard bop après l'arrivée des jazz messengers d'Art Blakey et le terme Post bop, qui est un peu "fourre tout" pour séparer ce qui prolonge le hard bop du free. Le "cool" est un sous genre qui traverse un peu tous ces courants. Il y a également le "free". Certains parlent des "modernes" pour indiquer les musiques plus actuelles et contemporaines (Brötzman, Nilsen Love, Evan Parker, William Parker, Derek Bailey, Joëlle Léandre).

S'il faut trouver un terme qui me paraît créer de toute pièce par les commerciaux c'est celui d'afro-futurisme, un ensemble un peu foutraque réunissant musique et peinture, Sun Ra et Alice Coltrane... Quant à "Spiritual music" c'est un terme également d'origine commerciale qui balaye la musique de Coltrane et des fils spirituels, ce qui fait beaucoup de monde. Ce terme a bien fonctionné car il permet de caractériser rapidement une musique, lors des compiles du genre on a tendance à refourguer beaucoup de "matériel" qui n'a rien de "spirituel".

Pour ce qui est de Impulse, le label décolle grâce à Coltrane et signe de fabuleux albums et de magnifiques artistes, personnellement je ne l'oppose pas à Blue Note et, comme tout le monde je pense, il constitue une importante partie de mes albums, mais je ne vais pas me lancer dans un périple à la "Blue Note" qui m'a permis de survoler quelques uns des albums qui m'ont procuré beaucoup de joie et que je n'avais pas ré-écouté depuis quelques années (voire décennie).

La "New Thing" ou "Great Black Music" sont des termes d'origine afro américaine, personne ne peut les contester.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 3 mai 2020 09:55

Cooltrane a écrit :
sam. 2 mai 2020 22:00

Oui, enfin bon, le problème, c'est qu'il y a de plus en plus de groupe qui ne pressent de CD au profit du 33T et cela me fait ch....

Je ^pense notamment à Wildflower (des Londoniens qui font du bon spiritual jazz), mais aucun de leur deux albums ne sont sorti en CD, et du coup , je passe mon tour. Tant pis pour leur g.... , car les deux disques seraient déjà chez moi depuis leur sortie.
A travers Wildflower, Idris Rahman et plus généralement le groupe I'll Considered on est confronté à un autre "marketing" que l'on rencontre beaucoup aujourd'hui, celui des niches.
Le groupe édite un certain nombre de vinyles en petite quantité, 300 copies par exemple, qu'il vend via bandcamp. Il a calculé qu'en vendant ce petit nombre d'albums il retombe sur ses pieds et fait même un petit bénéfice. Il créée ainsi la rareté et vend bien souvent, grâce à sa notoriété, ce nombre d'albums en pré-commande. Ensuite il réédite, toujours en petite quantité et sans risque, en faisant des bénéfices.
On a même vu ce modèle se diffuser de façon encore plus caricaturale avec les tirages "couleurs" d'un même album, certaines couleurs étant moins chères que d'autres. On s'adresse ici au collectionneur qui sera enclin à acheter uniquement des tirages couleurs et plutôt ceux qui seront tirés à très faibles exemplaires. Cela peut inciter la même personne à acheter plusieurs fois le même album!
Ta réaction est justifiée, en refusant d'acheter ce produit tu refuses d'entrer dans ce jeu et tu dénonces ce modèle.
Perso si la musique me plaît vraiment beaucoup j'achète quand même l'album, concernant les couleurs je me sens souvent plus en confiance face à un vinyle noir qu'à un transparent, rose ou vert... il y a une notable exception, l'album blanc des Beatles avec un vinyle blanc, très chic!
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Leutte » dim. 3 mai 2020 10:26

Douglas a écrit :
ven. 1 mai 2020 06:19
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Cet album, le premier pour Blue Note de la part d’Eric Dolphy, possède assurément un poids historique inégalé dans sa discographie. Sans doute, et avant tout, parce que c’est son dernier, ultime et magnifique, mais aussi pour la teneur de l’enregistrement, pour les intentions qu’il renferme et le tournant qu’il constitue, particulièrement pour les deux premiers morceaux de l’album.

Souvent, jusque dans la dernière partie de sa vie, Eric Dolphy a évoqué le « third stream », ce troisième courant qui échappe au jazz et tend à converger vers la musique contemporaine. On pourrait en voir la manifestation sur « Hat and Beard » et « Something Sweet, Something Tender ». Il me semble qu’un tel éclairage permet de mieux appréhender l’écoute de ces deux pièces, et même de l’album dans son entier, bien que le reste des titres restent attachés aux canons du be bop de façon plus traditionnelle.

L’équipe de musiciens est époustouflante, l’énoncé des noms suffit, Freddie Hubbard, Bobby Hutcherson, Richard Davis et Anthony Williams. Chacun d’entre eux est définitivement écrit au Panthéon du jazz ne serait-ce que pour avoir participé à cet album, comme l’a indiqué Dolphy « Tout le monde joue en leader sur ce disque », en effet chaque son, chaque vibration y est à sa place.

Je n’insiste pas sur les merveilles qu’il contient, les solos brillants des uns et des autres, les audaces multiples qui émergent sans discontinuer, car l’aventure va bientôt prendre fin, Eric atteint d’un diabète dont il ignore la sournoise présence, nous quittera en juin 64, quelques mois après ce vingt-cinq février qui vit naître cet enregistrement.

Top article Douglas! :super:
Il m'a redonné l'envie de tenter l'aventure de "sortir pour déjeuner".. Même en cette période!
compositions énergiques, incisives, mélodies accrocheuses, voix et harmonies au cordeau, fuzz et distorsions à gogo

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