J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 25 janv. 2021 06:48

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Voici un double Cd enregistré par la formation « Xol », un trio suisse composé par Guy Bettini à la trompette ou au bugle, Luca Pissavini à la basse et Francesco Miccolis à la batterie. L’enregistrement est live au Sowieso de Berlin, mais il y a deux dates, chacune correspond à un Cd et à un invité. Le premier Cd a été enregistré le quatre juin 2016 et le saxophoniste soprano finlandais Harri Sjöström est l’invité du trio. Le second est antérieur, il date de juin 2015 et c’est Peter Brötzmann au sax ténor et à la clarinette qui complète la formation.

C’est du free improvisé certifié 100% pur jus, ce premier Cd comprend deux pièces, « Öxö » et « Xöx », c’est un pur régal, une fois de plus Julien Palomo du label bien de chez nous « Improvising Beings » a eu du nez. Tous ces musiciens sont fabuleux, le trio met carrément les pieds dans les pas d’Albert Ayler, c’est intrépide et d’une énergie folle.

Sans doute les démons et les esprits ne proviennent ni du fond de la terre, ni des cieux, mais la voie tracée par le grand Albert est encore fréquentée par des adeptes venus de partout. Harri Sjöström, qui a joué aux côtés de Cecil Taylor, n’est pas le dernier à se reconnaître dans ces folles improvisations plus joyeuses et ferventes que ténébreuses, qui s’expriment ici avec un lyrisme fou.

Le second Cd avec Peter Brötzmann ajoute de la fureur au discours, il possède une telle puissance au ténor qu’il faut réduire les paramètres du volume si l’écoute se situe dans le prolongement du précédent. On s’attend bien évidemment à une musique pleine de paroxysmes, de montées sans merci, pleines de rage et de fureur. Bon, on n’est pas déçu, dès « Xolomoto » qui ouvre le Cd le message est bien reçu, si vous n’êtes pas un brave, passez votre chemin !

Les chemins d’Albert encore avec « Oxolo » qui propose une longue plainte, une sorte d’agonie qui s’étire avec des tambours qui font la trame, la basse qui geint et le ténor qui chante sa plainte, rejoint de temps à autres par la trompette de Guy Bettini qui lui fait écho. Un petit mot aussi sur « Moxolo », le dernier des cinq titres qui occupent le second C, transfuge de l'âme du grand incompris.

Cet album est un trésor pour les amateurs de free, d’Albert Ayler, et certainement à ranger parmi les indispensables de Peter Brötzmann.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 26 janv. 2021 06:53

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On le sait, le label Ayler Records a connu deux vies, cet album siège dans la première, du côté du fondateur, Jan Ström, qui créa le label en 2000 et le céda en 2009 à Stéphane Berland, ce dernier poursuit encore aujourd’hui l’aventure, luttant sans rien lâcher, contre vents et marées. Du coup, acheter un album chez Ayler records, c’est un peu plus que se procurer un chouette objet, c’est aussi faire acte de militantisme.

C’est écrit sur la couverture, Hamid Drake est à la batterie et Assif Tsahar au saxophone ténor, ça a été enregistré au Glenn Miller Café à Stockholm le 30 Novembre 2002. C’est le second album qu’enregistre le duo, le premier, toujours sur Ayler Records, date du mois de novembre 2001 et a été capté à New-York, il est excellent lui aussi, mais n’est plus disponible chez l’éditeur.

On connait bien Hamid Drake, né en cinquante-cinq en Louisiane, percussionniste et batteur, connaisseur de tous les styles, rock, blues, bossa, soul, il sait tout jouer, et surtout le jazz dont il connaît tous les tours et les détours, jouant de plus en plus free et improvisant en musicien libéré des règles qu’il a toutes apprises. Écouter Hamid Drake est toujours un privilège.

Son alter-égo est moins connu, Assif Tsahar est israélien, né en 1969, j’imagine qu’il s’est sublimé lors de ces soirées aux côtés du vénérable batteur, en tout cas c’est ce qu’il semble, adepte des sons extrêmes sur son ténor, il révèle de grandes capacités et le duo qu’ils forment n’a rien à envier aux albums historiques sortis sous cette formule ténor/batterie, on pense à Coltrane/Ali, Frank Lowe/Ali ou Shepp/Roach pour n’en citer que quelques-uns.

A noter une reprise de « Mother and Father » du contrebassiste Peter Kowald et une brève citation du thème cher à Rollins « Saint Thomas », à la fin de l’album.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 27 janv. 2021 06:43

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Il est des noms qui passent et s’oublient, reviennent et repartent, puis, au fil du temps, s’imprègnent dans votre cerveau sans que jamais ils n’incarnent une quelconque réalité matérielle ou s’attachent à un souvenir précis, juste une sensation et un sentiment de curiosité. Le temps passant, à l’occasion d’une réédition, la décision est prise, je vais me procurer ce « mono » du label Atlantic enregistré en 1955, le seul véritable album signé Tony Fruscella.

Il faut dire que j’aime beaucoup le trompettiste Chet Baker que j’ai vu un soir au New Morning et qui m’a marqué à jamais. Il se trouve que les deux prient dans la même chapelle, tous deux trompettistes, camés à fond, se traînant de réussites en échecs, doués pour transformer leurs cachets en poudre blanche et, surtout, le son de la trompette branché sur le spleen, la mélancolie, et la tendresse placée côté cœur.

Il faut bien écouter les chorus de Tony Fruscella, particulièrement dans les pièces lentes qu’il aime encore à ralentir, là se cachent les secrets de ce sentiment étrange qui nous prend, cette sensation douce-amère si particulière et si rare. Même les pièces vives et enjouées subissent ce curieux détour, ainsi « Salt » si bien parti dans la joie change de climat lors de son solo, comme un chat noir qui passe…

Et le pastoral « His Master’s voice » au démarrage un peu lénifiant, s’étale avec lourdeur lorsqu’il lui inflige son médicament, un gars vraiment spécial Tony, trompettiste maudit, il finira mal, sans domicile, atteint par une méchante cirrhose qu’il a mené au bout.

Tony Fruscella Quintet - His Master's Voice


I'll Be Seeing You


Blue Serenade - Tony Fruscella


Metropolitan Blues - Tony Fruscella


Salt
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Leutte » mer. 27 janv. 2021 10:08

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Albert Ayler - My Name Is Albert Ayler (1963)
Dans un des posts ci-dessus, j'ai lu une référence au bonhomme; ça m'a donné envie de réécouter. Et j'ai passé un bien agréable moment.
L'album débute par les mots énoncés timidement, "My name is Albert Ayler". Puis un court speech où j'ai cru comprendre qu'il était satisfait des opportunités d'enregistrer et de jouer en Scandinavie. Au Danemark notament, puisque c'est en compagnie du tout jeune NHOP*(16 ans seulement et déjà éblouissant) qu'il enregistre cet opus.
Donc après cette courte introduction "à capella", la musique démarre. Et là, finie la timidité!
Sax tenor au bec, Albert éructe son bouillonnement intérieur. C'est brut, c'est puissant, c'est free.
Bon, on peut pas dire que c'est la reconnaissance qui a étouffé la carrière d'Albert, qui finira suicidé en 1970.
Pourtant il avait un admirateur de marque(doux euphémisme) en la personne de John Coltrane, qui aimait dire qu'il lui enviait parfois son manque de technicité.. mère de toutes les audaces?
A noter que la musique avant-gardiste d'Ayler s'appuie notament sur deux classiques Bye Bye Blackbird et Summertime.

* Niels-Henning Ørsted Pedersen
compositions énergiques, incisives, mélodies accrocheuses, voix et harmonies au cordeau, fuzz et distorsions à gogo

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » mer. 27 janv. 2021 13:25



L'album sort le 5 février mais le mois dernier Archie Shepp et Jason Moran ont partagé le premier extrait de leur futur album, Let my people Go

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 28 janv. 2021 06:46

nunu a écrit :
mer. 27 janv. 2021 13:25


L'album sort le 5 février mais le mois dernier Archie Shepp et Jason Moran ont partagé le premier extrait de leur futur album, Let my people Go
Tous les duos ténor /piano de Shepp sont, jusqu'à ce jour, de remarquables réussites, voire plus, alors y'a pas de raison... j'ai vu des retransmissions en concert de ce duo et c'était sublime.
Ça sort en vinyle et en Cd et il y a peu de différence de prix entre les deux versions, pour le contenu je ne sais pas s'il est identique.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 28 janv. 2021 07:10

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Voici « Tamma » nom de l’album et de la formation norvégienne menée par le gambien Miki N'Doye. C’est la retransmission d’un concert donné au « Molde International Jazz Festival » les vingt-sept et vingt-huit juillet 1984, ce festival est une véritable institution en Norvège et l’un des plus anciens du vieux continent.

Don Cherry joue des percus et du N'goni, une guitare malienne, il est épaulé à la trompette par Per Jørgensen. Ed Blackwell joue des percussions et de la batterie, lui aussi est épaulé par un autre batteur, Finn Sletten qui chante également et par Miki N'Doye aux percussions. Sveinung Hovensjø est le bassiste et Erik Balke le joueur de anches, le flûtiste et percussionniste également. Tous chantent des airs traditionnels africains, un titre de Don Cherry et une composition signée Ebou Secka.

C’est bien évidemment la présence des deux membres d’Old and New Dreams qui mettent le projecteur sur cet album, et c’est bien une sorte de fusion à laquelle on assiste, entre musique africaine et jazz. Pourtant le parti-pris de départ et le choix des compositions fait pencher l’album côté Afrique, bien sûr on reconnaît les solos de Don Cherry et les apports du roi des baguettes et des sonorités fines, mais c’est bien à un album de musique ouest-africaine auquel nous avons affaire, les invités se fondant dans le collectif sans tirer la couverture à eux.

Ceci étant posé l’album est très agréable et ménage de grands moments, comme sur « Ebou » où tout s’emballe. C’est un album de percussions, de chants tribaux et d’improvisations bien sûr, plein d’énergie et de soleil…

Tamma with Don Cherry & Ed Blackwell - Don's Tune / Samodado


Tamma with Don Cherry & Ed Blackwell - Senegal


Ebou


Tara
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 29 janv. 2021 06:22

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La formation qui a enregistré l’album se nomme « Return Of The New Thing ». Historiquement cette dénomination pour cette « nouvelle chose », cette « nouvelle musique » est apparue dans les années soixante pour désigner la musique de John Coltrane. Elle provient directement de l’album de soixante-cinq cosigné par Archie Shepp, « New Thing At Newport », une œuvre considérable et trop souvent oubliée. La « New Thing » est donc une autre musique, par-delà le jazz ou toute autre musique.

L’Art Ensemble et les pères fondateurs du free comme Cecil Taylor ou Don Cherry s’inscriront pour la promotion de la « New Thing » comme dénomination première identifiant leur musique. Cette distanciation dans la dénomination constitue également une prise en compte complète du rôle de l’artiste dans son environnement social, économique et même politique.

Mais revenons à cette formation réunie à Paris par le pianiste et violoniste anglais Dan Warberton, elle est constituée par Jean-Luc Guionnet aux saxophones alto et soprano, François Fuchs à la basse et le nantais Edward Perraud à la batterie, ces gars-là sont tous capés et bardés de diplômes, passionnés par la musique improvisée, le jazz et la musique contemporaine.

L’album provient d’enregistrements effectués en studio pour le titre d’ouverture « Traque » qui date de 2002, et lors d’un concert au Festival Jazz à « Mulhouse in Mulhouse », en août 2000, pour le reste de l’album.

La première pièce d’une durée de près d’une demi-heure consiste en une longue et intense improvisation, acoustique dans son expression et « européenne » dans sa forme, des tourbillons d’impros qui se succèdent, se chevauchent ou s’expriment simultanément par les musiciens, alternant calme et intensité, rareté et densité…

Les pièces en live sont à l’avenant, riches et libérées, Guionnet et Perraud sont particulièrement efficaces, déménageant avec chambardement tandis que Warburton se souvient de Cecil Taylor. A d'autres moments comme sur l'introduction de "Babil" l'approche est plus contemporaine, des séquences successives de différentes intensités s'enchaînent, espacées par de courts silences, avant de se transformer en un flux free dévastateur.

Un album « Ayler Records », époque Jan Ström.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » ven. 29 janv. 2021 16:08

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L'un des maitres de la guitare jazz, si ce n'est le maitre. En tout cas celui qui a défriché le terrain pour tout les autres (et pas que des jazzmen). Parti de la tuberculose un jour de mars 42 à l'age de 25 ans.

Sur ce disque c'est crédité a son nom mais en fait c'est avec Benny Goodman en leader vu que Charlie a rien fait je crois sous son propre nom ou alors pas de quoi remplir un album entier.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » ven. 29 janv. 2021 16:19

Je me faisais une reflexion tout a l'heure je me demande si en moyenne c'est pas les jazzmen qui meurent les plus jeunes. Alors oui il a quelques exceptions.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par DaFrog » ven. 29 janv. 2021 21:40

Je pense pas. A part Charlie Parker à 34 ... Coltrane a dépassé les 40, Petrucciani n’était pas loin ... la plupart vieillissent plutôt bien
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 29 janv. 2021 22:42

nunu a écrit :
ven. 29 janv. 2021 16:08
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L'un des maitres de la guitare jazz, si ce n'est le maitre. En tout cas celui qui a défriché le terrain pour tout les autres (et pas que des jazzmen). Parti de la tuberculose un jour de mars 42 à l'age de 25 ans.
En effet surdoué qui a poussé la précocité j'usqu'à trépasser deux ans avant d'atteindre l'âge du "Club des 27"!

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Le dernier à droite est un intrus.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » sam. 30 janv. 2021 05:07

DaFrog a écrit :
ven. 29 janv. 2021 21:40
Je pense pas. A part Charlie Parker à 34 ... Coltrane a dépassé les 40, Petrucciani n’était pas loin ... la plupart vieillissent plutôt bien

Ca dépend ce que tu considere comme jeune


Coltrane avait 40 ans, Booker Little 23 ans, Scott La Faro 25, Charlie Christian 25, Paul Chambers 33, Albert Ayler 34 ans, Eric Dolphy 36 ans, Wynton Kelly 39 ans, Bud powell 41 ans, Art Tatum 46 ans, Lester Young 49 ans Cannonball Adderley 46 ans, jimmy Garrison 42 ans, Tony Williams et Bill Evans 51 ans. Et je peux t'en citer encore un paquet qui sont morts aux alentours des 50 ou moins. Et je prend pas ceux qui sont mort dans la fin de la cinquantaine (Mingus, Baker, Pepper) ce qui n'est pas hyper vieux non plus.

Je crois me souvenir avoir vu passé une étude la dessus il y a quelques années ou les jazzmen en moyenne mourrait plus jeune que les autres musiciens et que ceux qui vivait le plus vieux c'était les Bluesmen

Le truc c'est que ceux qui vivent souvent vivent vieux.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 30 janv. 2021 08:03

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Voici « Circuit City », le dernier opus de Moor Mother alias Camae Ayewa dont on a déjà parlé à propos d’Irreversible Entanglements, d’ailleurs on retrouve ici deux transfuges, Aquiles Navarro à la trompette et aux percussions ainsi que Tcheser Holmes à la batterie et aux percussions également.

Moor Mother est avant tout une poétesse engagée, ici dans le rôle de la récitante, qui délivre ses messages sur fond d’œuvre théâtrale avec partie chorégraphique et environnement musical très tendu, un free jazz échevelé, très impliqué. Dans sa démarche, bien que l’environnement socio-culturel soit très différent, elle me fait penser à Colette Magny qui chantait ses textes dans un univers free.

Ici nous en sommes assez éloignés car Moor Mother semble vouloir, sauf contresens de ma part, intégrer sa démarche pour la lutte des noirs américains, l’égalité des droits et contre le mal-logement, à l’intérieur de l’Afro-futurisme, donnant à ce « mouvement » entre guillemets, un peu de corps, car il faut bien le dire, on a vu fleurir ce terme pour des raisons souvent commerciales, rappelons que cette dénomination est apparue au début de ce siècle et qu’il récupérait Sun Ra ou Alice Coltrane, sans que ceux-ci n’aient jamais déclaré appartenir à quelque mouvement que ce soit, particulièrement Sun Ra qui a résisté à toutes les tentatives de récupération à son époque.

Moor Mother, basée à Philadelphie, enregistre beaucoup et collabore également avec des artistes d’International Anthem. « Circuit City » me plaît beaucoup, il possède une grande force orchestrale tout au long des quatre pistes, chacune représentant un acte de l’œuvre théâtrale. Il y a une progression implacable qui s’affiche ici, finissant avec le titanesque "No More Wires". Il y a un côté étouffant et oppressant dans cette épopée free-jazz/électro qui file entre nos oreilles, je ne suis pas devin mais cet album me paraît important, bien qu’il soit d’un accès réputé difficile.

Il y a également Steve Montenegro à l’électro, Luke Stewart à la basse, Keir Neuringer au saxophone et Elon Battle qui chante, très bien, sur la piste trois, comme une respiration sur cet album exigeant.

Act 1 - Working Machine


Act 2 - Circuit Break


Act 3 - Time of No Time


Act 4 - No More Wires
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par DaFrog » sam. 30 janv. 2021 08:27

nunu a écrit :
sam. 30 janv. 2021 05:07
DaFrog a écrit :
ven. 29 janv. 2021 21:40
Je pense pas. A part Charlie Parker à 34 ... Coltrane a dépassé les 40, Petrucciani n’était pas loin ... la plupart vieillissent plutôt bien

Ca dépend ce que tu considere comme jeune


Coltrane avait 40 ans, Booker Little 23 ans, Scott La Faro 25, Charlie Christian 25, Paul Chambers 33, Albert Ayler 34 ans, Eric Dolphy 36 ans, Wynton Kelly 39 ans, Bud powell 41 ans, Art Tatum 46 ans, Lester Young 49 ans Cannonball Adderley 46 ans, jimmy Garrison 42 ans, Tony Williams et Bill Evans 51 ans. Et je peux t'en citer encore un paquet qui sont morts aux alentours des 50 ou moins. Et je prend pas ceux qui sont mort dans la fin de la cinquantaine (Mingus, Baker, Pepper) ce qui n'est pas hyper vieux non plus.

Je crois me souvenir avoir vu passé une étude la dessus il y a quelques années ou les jazzmen en moyenne mourrait plus jeune que les autres musiciens et que ceux qui vivait le plus vieux c'était les Bluesmen

Le truc c'est que ceux qui vivent souvent vivent vieux.
Booker Little et Scott la Faro, j’avais oublié, même pas atteint le club des 27
Tu as raison, les autres ne sont pas morts bien vieux mais pour certains, les mélanges alcool/drogue n’ont pas beaucoup aidé, des vies de patachon :vieuzzz:
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 31 janv. 2021 07:26

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Sorti au mois de mai dernier, « Calculus » est un nouvel épisode des aventures de Zorn, sans que celui-ci n’appartienne à aucune des nombreuses séries qui parsèment son œuvre. Il est interprété par le trio de Brian Marsella qui joue du piano, Trevor Dunn de la basse et Kenny Wollesen de la batterie, cz sont des familiers du travail de Zorn, d’ailleurs, pour qui suit un peu son œuvre, on retrouve des paysages connus et des pratiques usitées.

Il est sous-titré « Étude mathématique du changement continu », ce qui semble ouvrir une piste. Peut-être que cette virtuosité extrême et tourbillonnante qui emmène son trio à la limite de ce qui est possible engage-t-elle une certaine stabilité provoquée par la vitesse ?

Et ces changements de styles qui interviennent sans cesse sont, sans doute, une image « du changement continu », comme indiqué sur le « obi » qui accompagne le cd : « de l'atonalité épineuse au minimalisme touchant, en passant par le jazz brûlant, le funk, le folk, l'exotica, l'ambiance, le bruit et plus encore, c'est l'une des musiques les plus ambitieuses et les plus vastes jamais créées pour un trio de piano jazz. »

C’est donc dans ces « changements » que résident les mystères de la mathématique zornienne, ces glissements inouïs où tout se transforme à la vitesse de la durée de l’intervalle entre deux notes, ce qui semble relever de la magie n’est peut-être que le résultat virtuose d’un calcul.

En tout cas la fascination opère, les deux pièces sont magnifiques « The Ghost Of Departed Quantities » et « Parabolas », dans un registre qui subjugue plus qu’il n’émeut, esthétiquement parfait, toujours irréprochable.

Jusqu’où le sorcier nous emmènera-t-il, lors de la présentation magistrale de ses tours ?
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 1 févr. 2021 08:05

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Voici « Oh My, Those Boys! » un album conçu par un étrange duo de basses, Barre Phillips pour la basse traditionnelle et Motoharu Yoshizawa pour la basse électrique cinq cordes fabriquée par le musicien lui-même. L’album a été conçu à partir d’un enregistrement live du cinq avril 1994, au Café Amores à Hofu près de Yamaguchi au Japon.

Le titre de l’album reprend le nom des deux compositions qui ont été jouées ce soir-là, « Oh My! » d’une durée de cinquante-cinq minutes et « Those Boys! » qui dépasse les vingt minutes. Ils ne représentent qu’une partie de ce qui fut présenté aux spectateurs lors d’un concert qui dépassa les trois heures ! Déjà certains sentiront « la patte » du label NoBusiness Records, spécialiste de ce genre de sauvetage inattendu. En effet l’album est sorti en 2018 sous l’effet d’une collaboration avec Takeo Suetomi de « Chap Chap Records ».

Barre Phillips est bien connu dans notre univers occidental, on ne le présente plus, c’est un des maîtres de l’instrument, une référence incontournable dont le seul nom peut déclencher un achat auprès de l’aficionados. Mais que dire de Motoharu Yoshizawa ? Il est largement passé sous les radars et sa renommée, me semble-t-il, est bien moindre, pourtant il est reconnu comme un interlocuteur estimable par Barre Phillips, puisqu’il s’associe à ses côtés dans un duo.

Motoharu Yoshizawa a également joué dans les années soixante et soixante-dix auprès d’autres grands musiciens comme Elvin Jones, Derek Bailey, Steve Lacy ou Keiji Haino. Il faut dire qu’il est d’une génération plus ancienne, né en 1931, et le voici, sur cet enregistrement, entrant dans le crépuscule de sa vie dont il en décidera la fin. C’est un vénérable musicien adepte de free-jazz.

A l’écoute, les deux bassistes sont très différents et il est aisé de les distinguer, l’acoustique et l’électrique dialoguent, se répondent et se complètent dans une incroyable richesse sonore, chacun écoute l’autre, le suit, le complète et offre une nouvelle direction. Ce jeu les fascine et on sent l’attraction que chacun opère sur l’autre, il n’y a pas de mystère, la durée hors-norme du concert prend ses sources dans cette complémentarité-là. Les deux pièces jouées sont très différentes, l’une plutôt apaisée et l’autre plus sombre, comme la manifestation d’une opposition jour/nuit.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 2 févr. 2021 07:24

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Voici un bootleg de Pharoah Sanders, sous le nom de « Juan Les Pin Jazz Festival 68 » sous sa forme Cd, ou « Live At Antibes Jazz Festival Juan-Les-Pins July 21, 1968 » pour la version vinyle, celle-ci est interdite à la vente sur Discogs, il est d’ailleurs incompréhensible que la version Cd soit dispo car, selon toutes vraisemblances, c’est la même.

Les bandes proviennent d’un enregistrement de la diffusion du concert pour la radio WDR 3, qui est allemande et non pas française comme indiqué par erreur sur les notes de pochette, l’album est paru en 2018 sur « Hit Hat » (à ne pas confondre avec Hat Hut) dans sa version Cd, et sur Alternative Fox, en 2019, dans sa version vinyle.

La qualité du son est assez moyenne, voire insuffisante, mais les enregistrements de Pharoah ne sont pas légions et celui-ci atteste d’un basculement artistique déjà opéré à cette période. Il dure aux alentours de trente-sept minutes en un seul bloc qui passe très vite.

Pharoah au ténor est secondé par Lonnie Liston Smith au piano, Norman 'Sirone' Jones à la basse et Majeed Shabazz à la batterie, le quartet interprète un medley incorporant des improvisations, « Venus » et « The Créator has a Master Plan ». L’album se situe après la sortie de « Tauhid » et avant celle de « Karma », seul Lonnie Smith sera encore présent aux côtés de Pharoah sur ce dernier.

Hormis la confirmation du basculement vers le post-bop, si ce n’est le cri que l’on entend parfois et qui soulève l’âme, comme un souvenir des années passées aux côtés de John Coltrane, il n’y a guère d’enseignements à retirer d‘un tel album, les pièces jouées sont bien en place et déjà maîtrisées, Majeed et Norman Jones me semblent très bons et seule la piètre qualité sonore à certains moments orientera la destination d’un tel album plutôt vers les inconditionnels du saxophoniste, qui retrouveront, avec certitude, les frissons qu’ils espèrent !

Improvisation (Live: Juan Les Pin Jazz Festival 1968)


The Creator Has a Master Plan (Live: Juan Les Pin Jazz Festival 1968)


Venus (Live 1968)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 3 févr. 2021 06:31

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Un album de 2007 enregistré par Fred Frith, un fantastique guitariste co-fondateur d’Henry Cow, et Chris Brown que je ne connais que par l’intermédiaire de cet album. En fait rien d’étonnant à la rencontre de ces deux-là puisqu’ils sont collègues au Mills College, à Oakland, en Californie. C’est une réalité étasunienne que l’on connaît peu, l’un des débouchés possibles pour un musicien ayant une certaine renommée et quelques diplômes je pense, est l’enseignement. Par ce biais pas mal de musiciens s’en sortent financièrement.

Concernant Fred Frith, son enseignement porte sur l’improvisation et la composition, Chris Brown, lui, enseigne la musique électronique. Sur l’album Fred se consacre aux guitares, acoustiques où électriques et Chris au piano et à l’électro. C’est au collège que les deux lascars vont enregistrer l’album, entre 2002 et 2004, après un travail de mixage, il paraîtra en 2007.

Je dois dire que j’aime vraiment beaucoup ce que fait Fred Frith et cet album me va bien, toutefois c’est assez d’avant-garde et, par exemple sur « Thick Air », il y a une certaine rareté du son, les interventions sont pointillistes, frappées d’un côté et frottées de l’autre, les sons sont soumis à une lente évolution et gagnent, vers la fin, en intensité. Le titre suivant est au contraire luxuriant, bruissant, dynamique, il s’élève, croît et monte encore…

Cet album est comme un « paquet-cadeau », on ne sait pas trop ce qu’il y a dedans, les titres sont d’une extrême variété mais, en même temps, sont soumis aux mêmes contraintes auxquelles obéissent le duo, pourtant il baigne dans une grande sérénité, un album d’extérieur, plein d’air, de ciel bleu et de respirations, très « Zen », quelque chose qui repose et fait du bien, relaxant, comme de la légèreté, des bulles qui s’envolent…

Si ce n’est le terrible « Telltale Streamers of Dust » le titre d’ouverture, sombre et inquiétant, angoissant même, du coup la trajectoire générale croît vers la lumière et le soleil, c’est pourquoi il est recommandé… aux enfants !

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » mer. 3 févr. 2021 09:36



Trio Chick Corea-John Patitucci et Vinnie Colaiuta enregistré en 92.


Une autre époque, Colaiuta qui fume sa clope peinard tout en jouant de la batterie :hehe:

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