J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 6 avr. 2020 15:36

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Pour rester dans la rubrique Blue Note indispensable, voici le « Memorial Album » de Clifford Brown, sorti en 1956, il contient des enregistrements du 9 juin et du 28 août 1953. Pour un aperçu un peu plus complet du talent du magnifique trompettiste on pourrait ajouter l’album « In Concert » avec Max Roach.

La session de la première face correspond à celle du 28 août avec Gigi Gryce, Charlie Rouse, John Lewis, Percy Heath et Art Blackey. La seconde, celle du 9 juin, avec Lou Donaldson, Elmo Hope, Percy Heath, et « Philly » Joe Jones. Je n’ajoute pas le nom des instruments, ces deux formations ressemblent tellement à deux « All Stars » qu’il me semble inutile d’en rajouter, c’est dire aussi le niveau de réputation de Clifford Brown !

Clifford est un modeste, un timide, il ne se met jamais en avant et même, cherche à se faire oublier dans l’orchestre ! Une incongruité pour un talent de cette espèce, rare, brillant et raffiné. A cette époque ils étaient trois à jouer à un tel niveau, outre Clifford il y avait Fats Navarro, deux qui se ressemblent assez, le troisième c’est Booker Little, le caprice du temps a voulu que ces trois-là traversent la même période du be bop, à la vitesse des comètes, avec cette même fulgurance, happés chacun en pleine jeunesse par un destin tragique.

Ça sonne 1953, juste après l’écoute du Sonny Rollins on prend conscience des quatre années qui séparent ces deux enregistrements. « Easy Living », la ballade est vouée au trompettiste qui y montre toute sa justesse, le détachement de chaque note, le léger vibrato qui fait vibrer le son et surtout la puissance et la précision, tout y est parfait. Sur « Cherokee » voué au tempo ultra rapide Clifford montre sa dextérité, sur le fil du rasoir, dans une course échevelée qui laissera pantois son auditoire et admiratif ses collègues musiciens, toute sa maîtrise technique est ici rassemblée, précision experte et feeling, c’est aussi ça Clifford !

Clifford Brown - 1956 - Memorial Album - 01 Hymn Of The Orient


Clifford Brown - 1956 - Memorial Album - 02 Easy Living


Cherokee / Clifford Brown Memorial Album


Clifford Brown - You Go To My Head
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 7 avr. 2020 05:17

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Toujours sur Blue Note un formidable et atypique album signé par Art Blakey and The Afro-Drum Ensemble, « The African Beat » qui a été enregistré en novembre 1962. Cet ensemble célèbre la réunion entre des musiciens issus des Etats-Unis et d’autres, essentiellement des percussionnistes, venus d’Afrique.

Les étatsuniens sont bien connus, outre Art Blakey il y a Curtis Fuller qui délaisse le trombone pour le Timpani, Ahmed Abdul-Malik à la basse, Garvin Masseaux aux percus et surtout Yusef Lateef en pleine forme qui joue de la flûte, du sax ténor et du hautbois. Chief Bey, Robert Crowder, James Ola Folami, Solomon G. Ilori et Montego Joe sont réunis autour des percussions pour célébrer en compagnie d’Art Blakey et de Curtis Fuller une orgie rythmique qui fête l’Afrique et ses traditions.

Ahmed Abdul-Malik tient le tout avec sa basse tandis que les tambours créent des rythmes de folie, propres à inciter à la danse et à la transe. Un tapis de velours pour Yusef Lateef impérial, variant les couleurs et les instruments, grand maître du souffle et des mélodies.

Prayer / Ife l'Ayo (There is happiness in love) - Art Blakey and the Afro-drum ensemble


Love, The Mystery Of - Art Blakey and the Afro-drum ensemble


Obirin African (Women of Africa) - Art Blakey and the Afro-drum ensemble


Art Blakey & The Afro-Drum Ensemble - Ayiko Ayiko (Welcome, welcome, my darling)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par The lad » mar. 7 avr. 2020 09:51

Douglas a écrit :
mar. 7 avr. 2020 05:17
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Toujours sur Blue Note un formidable et atypique album signé par Art Blakey and The Afro-Drum Ensemble, « The African Beat » qui a été enregistré en novembre 1962. Cet ensemble célèbre la réunion entre des musiciens issus des Etats-Unis et d’autres, essentiellement des percussionnistes, venus d’Afrique.

Les étatsuniens sont bien connus, outre Art Blakey il y a Curtis Fuller qui délaisse le trombone pour le Timpani, Ahmed Abdul-Malik à la basse, Garvin Masseaux aux percus et surtout Yusef Lateef en pleine forme qui joue de la flûte, du sax ténor et du hautbois. Chief Bey, Robert Crowder, James Ola Folami, Solomon G. Ilori et Montego Joe sont réunis autour des percussions pour célébrer en compagnie d’Art Blakey et de Curtis Fuller une orgie rythmique qui fête l’Afrique et ses traditions.

Ahmed Abdul-Malik tient le tout avec sa basse tandis que les tambours créent des rythmes de folie, propres à inciter à la danse et à la transe. Un tapis de velours pour Yusef Lateef impérial, variant les couleurs et les instruments, grand maître du souffle et des mélodies.

Prayer / Ife l'Ayo (There is happiness in love) - Art Blakey and the Afro-drum ensemble


Love, The Mystery Of - Art Blakey and the Afro-drum ensemble


Obirin African (Women of Africa) - Art Blakey and the Afro-drum ensemble




Art Blakey & The Afro-Drum Ensemble - Ayiko Ayiko (Welcome, welcome, my darling)
Disque de fête ! et puis, quelle panache cette pochette : mauve sur orange et la Mistral d'Excoffon destructurée. Reid Miles s'est amusé.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 7 avr. 2020 12:21

The lad a écrit :
mar. 7 avr. 2020 09:51

Disque de fête ! et puis, quelle panache cette pochette : mauve sur orange et la Mistral d'Excoffon destructurée. Reid Miles s'est amusé.
Merci pour cet éclairage avisé, en suivant la piste j'ai découvert un truc bien sympa...

http://www.roger-excoffon.com/portfolio ... e-mistral/
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 7 avr. 2020 13:43

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Le premier album de Joe Henderson est sorti sur Blue Note en juin 1963, on remarque immédiatement la formidable pochette avec un cadrage audacieux qui caractérise le style « maison ». Joe Henderson au ténor est richement doté d’accompagnateurs de luxe. Kenny Dorham (tp), McCoy Tyner (p), Butch Waren (b) et Pete La Roca(d) déjà écouté aux côtés de Sonny Rollins. Assez curieusement le nom de McCoy Tyner ne figure pas sur le recto de la pochette aux côtés des autres musiciens, probablement pour des questions de droit, à l’âge de vingt-trois ans, il a déjà enregistré deux albums pour Impulse.

Kenny Dorham offre les deux premières compositions au leader qui signe les autres titres. L’album est typique du style hard bop tel qu’il figurait à l’époque, une session parmi d’autres pourrait-on dire avec l’air blasé d’un enfant gâté… On remarque le titre d’ouverture de la seconde face « Recorda - me » qui connut une belle reconnaissance, souvent repris, mais figure également « Blue Bossa » de K Dorham et « Homestretch » virevoltant qui fait place à une virtuosité millimétrée.

Une belle entrée en matière pour Joe Henderson qui confirmera avec d’autres grands albums.

Joe Henderson & Kenny Dorham - 1963 - Page One - 01 Blue Bossa


Joe Henderson Quintet - Recorda-Me


Joe Henderson & Kenny Dorham - 1963 - Page One - 03 Homestretch
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Cooltrane » mar. 7 avr. 2020 18:49


Le premier album de Joe Henderson est sorti sur Blue Note en juin 1963, on remarque immédiatement la formidable pochette avec un cadrage audacieux qui caractérise le style « maison ». Joe Henderson au ténor est richement doté d’accompagnateurs de luxe. Kenny Dorham (tp), McCoy Tyner (p), Butch Waren (b) et Pete La Roca(d) déjà écouté aux côtés de Sonny Rollins. Assez curieusement le nom de McCoy Tyner ne figure pas sur le recto de la pochette aux côtés des autres musiciens, probablement pour des questions de droit, à l’âge de vingt-trois ans, il a déjà enregistré deux albums pour Impulse.

Une belle entrée en matière pour Joe Henderson qui confirmera avec d’autres grands albums.
Been heureusement que tu me dis que c'est McCoy au piano, car je ne l'aurais probablement reconnu, car son jeu est assez atypique sur cet album (et de plus son nom est absent sur la pochette avant) :faché2: .

Sinon, je suis bcp plus familier avec Eddie Henderson (trompettiste), surtout durant les 70's, mais je dois encore bcp explorer ce que Joe à fait dans ces années-là.

Des suggestions, STP??

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 7 avr. 2020 21:11

Cooltrane a écrit :
mar. 7 avr. 2020 18:49

Le premier album de Joe Henderson est sorti sur Blue Note en juin 1963, on remarque immédiatement la formidable pochette avec un cadrage audacieux qui caractérise le style « maison ». Joe Henderson au ténor est richement doté d’accompagnateurs de luxe. Kenny Dorham (tp), McCoy Tyner (p), Butch Waren (b) et Pete La Roca(d) déjà écouté aux côtés de Sonny Rollins. Assez curieusement le nom de McCoy Tyner ne figure pas sur le recto de la pochette aux côtés des autres musiciens, probablement pour des questions de droit, à l’âge de vingt-trois ans, il a déjà enregistré deux albums pour Impulse.

Une belle entrée en matière pour Joe Henderson qui confirmera avec d’autres grands albums.
Been heureusement que tu me dis que c'est McCoy au piano, car je ne l'aurais probablement reconnu, car son jeu est assez atypique sur cet album (et de plus son nom est absent sur la pochette avant) :faché2: .

Sinon, je suis bcp plus familier avec Eddie Henderson (trompettiste), surtout durant les 70's, mais je dois encore bcp explorer ce que Joe à fait dans ces années-là.

Des suggestions, STP??
Je n'ai qu'une vision parcellaire de sa discographie, son meilleur album sur Blue Note pour moi est "mode For Joe", j'ai également "Inner Urge" qui est pas mal, mais, toi qui aime McCoy Tyner je pense que tu as déjà "The real McCoy" où il est vraiment excellent, mais le meilleur pour moi c'est son duo avec Alice Coltrane "The elements" qui devrait te plaire si tu ne connais pas. Autrement les autres Blue Note que je connais sont plus mainstream.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 8 avr. 2020 05:51

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Un autre Blue Note qui passa relativement inaperçu lors de sa sortie en 1971, période à laquelle le label commençait à battre de l’aile. « The Song Of Singing » est un album du trio de Chick Corea (p) accompagné de Dave Holland (b) et de Barry Altschul (d), ce même trio qui, accompagné par Anthony Braxton, forme le groupe Circle, éphémère comète qui éclaira le free jazz de trois splendides albums en cette même période.

Voici cette magnifique section rythmique qui se livre au classique exercice du trio piano, basse, batterie. Classique ? Oui dans la forme, mais on en restera-là, pas de conservatisme ici, la musique s’échappe des carcans et s’envole de ses propres ailes, quelques thèmes et structures ici ou là, deux pièces de Dave Holland et une de Chick Corea, mais surtout une grande liberté et deux magnifiques improvisations totales situées chacune au milieu des faces.

Ce qui fait de cet album une pièce particulièrement réussie, outre le talent immense de chacun, ce sont les interactions entre les musiciens, complémentarité, anticipations, relance, tout prend, à la façon d’une greffe bien réussie qui fait naître de magnifiques fruits, et, pour finir l’album une belle reprise du Nefertitti de Wayne Shorter…

Chick Corea - Toy Room


Chick Corea - Ballad I


Chick Corea - Flesh


Chick Corea - Nefertiti
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 8 avr. 2020 13:33

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Alors qu’il prospectait dans un club de Harlem à la recherche de bons musiciens, Alfred Lion tomba sur l’organiste Jimmy Smith, il fut immédiatement impressionné et lui proposa un contrat dès le premier morceau terminé. Il faut dire que Jimmy Smith était alors très impressionnant en live et les albums studios peinent à rendre ça. Les morceaux s’étiraient et il était impossible d’en caser plus de deux par face, le double album n’existant pas encore on contournait en créant un vol. 1 pour le premier album et un vol. 2 pour le second, enfin c’est ainsi que ça aurait dû se passer, mais cette notion de volume, sur cette sortie de 1956, n’est encore que fictive et, ponctuellement, on se bornera à parler de l’album « rouge » et de l’album « vert ».

Aujourd’hui un peu oublié, ou gentiment méprisé, on ne parle plus beaucoup de Jimmy Smith et pourtant ce fut longtemps le musicien vedette le plus lucratif pour le label. La magnifique aventure Blue Note, avec tous ces musiciens qui sortent des albums, doit beaucoup à l’orgue Hammond B3 de Jimmy qui renflouait les caisses, on comprend les raisons de l’importante discographie qu’il a enregistrée sur le label.

Y’a un truc chez moi avec Jimmy Smith, j’ai l’impression de l’avoir toujours connu, même minot, je le connaissais et l’aimait avant de l’avoir sérieusement écouté, un souvenir de quelque part, totalement flou, juste un nom et une sensation, un « feeling », une écoute qui avait dû me scotcher et son nom que j’avais gravé, entre mes deux oreilles, ce sentiment est toujours là, du coup je suis à la fois sincère et totalement partial envers Jimmy Smith, d’ailleurs Miles Davis a dit de lui qu’il était « la huitième merveille du monde », pas rien comme compliment.

Ce sont ses deux premiers live, huit titres, deux par face, un orgue génial, une guitare jouée par Thornel Schwartz, j’aime quand le son des cordes s’échappe en solo, et une batterie, celle de Donald Bailey, tcha ba da, tcha ba da… Ce trio est parfaitement équilibré, complémentaire, solidaire. Ah Oui, j’oubliais, on y est vraiment à l’intérieur du club, bruits des voix, applaudissements et encouragements, ambiance chaude et chaleureuse.

S’il vous faut choisir entre les deux volumes, préférez le second, le « vert » !

Jimmy Smith - Live at the Club Baby Grand, Vol. 1 - The Preacher


The Incredible Jimmy Smith ‎– At Club "Baby Grand" Wilmington, Delaware, Vol. 2 (Full Album) 1956
Tracklist:
A1 Caravan (Ellington, Mills, Tizol)
A2 Love Is A Many Splendored Thing (Webster, Fain) 10:20
B1 Get Happy (Arlen, Koehler) 21:10
B2 It's Allright With Me (Cole Porter) 28:28
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par The lad » mer. 8 avr. 2020 14:46

Douglas a écrit :
mer. 8 avr. 2020 13:33
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Alors qu’il prospectait dans un club de Harlem à la recherche de bons musiciens, Alfred Lion tomba sur l’organiste Jimmy Smith, il fut immédiatement impressionné et lui proposa un contrat dès le premier morceau terminé. Il faut dire que Jimmy Smith était alors très impressionnant en live et les albums studios peinent à rendre ça. Les morceaux s’étiraient et il était impossible d’en caser plus de deux par face, le double album n’existant pas encore on contournait en créant un vol. 1 pour le premier album et un vol. 2 pour le second, enfin c’est ainsi que ça aurait dû se passer, mais cette notion de volume, sur cette sortie de 1956, n’est encore que fictive et, ponctuellement, on se bornera à parler de l’album « rouge » et de l’album « vert ».

Aujourd’hui un peu oublié, ou gentiment méprisé, on ne parle plus beaucoup de Jimmy Smith et pourtant ce fut longtemps le musicien vedette le plus lucratif pour le label. La magnifique aventure Blue Note, avec tous ces musiciens qui sortent des albums, doit beaucoup à l’orgue Hammond B3 de Jimmy qui renflouait les caisses, on comprend les raisons de l’importante discographie qu’il a enregistrée sur le label.

Y’a un truc chez moi avec Jimmy Smith, j’ai l’impression de l’avoir toujours connu, même minot, je le connaissais et l’aimait avant de l’avoir sérieusement écouté, un souvenir de quelque part, totalement flou, juste un nom et une sensation, un « feeling », une écoute qui avait dû me scotcher et son nom que j’avais gravé, entre mes deux oreilles, ce sentiment est toujours là, du coup je suis à la fois sincère et totalement partial envers Jimmy Smith, d’ailleurs Miles Davis a dit de lui qu’il était « la huitième merveille du monde », pas rien comme compliment.

Ce sont ses deux premiers live, huit titres, deux par face, un orgue génial, une guitare jouée par Thornel Schwartz, j’aime quand le son des cordes s’échappe en solo, et une batterie, celle de Donald Bailey, tcha ba da, tcha ba da… Ce trio est parfaitement équilibré, complémentaire, solidaire. Ah Oui, j’oubliais, on y est vraiment à l’intérieur du club, bruits des voix, applaudissements et encouragements, ambiance chaude et chaleureuse.

S’il vous faut choisir entre les deux volumes, préférez le second, le « vert » !
Sa discrographie quasi-éléphantesque est impressionnante. Outre les pré-cités et le …plays Fats Waller que j'ai un soir survolé, je ne connais pas du tout sa période Blue Note. Mes classiques maison de Jimmy Smith sont deux LP qu'il a sorti chez Verve entre 67 et 68, Respect et Stay Loose. Clairement deux disques récréatifs que je trouve fabuleux soutenus par les marlous Grady Tate et Bernard Purdie qui rajoutent un peu de funkiness. Des disques que je range d'ailleurs à côté de Brother Jug de Gene Ammons (Prestige) et Tobacco Road de Jack McDuff chez Atlantic.

Si je ne devais retenir qu'un titre, ce serait sûrement cette version d'anthologie de Funky Broadway qui atomise celle Wilson Pickett. Tu parlais de feeling, le père Smith démontre un tel flair et une classe internationale sur ce titre si sharp qu'il fût introduit dieu mod (Pas de jaloux, ce sont des polythéistes) — Edit : Après une réecoute, il faut aussi saluer le jeu admirable du guitariste sur ce titre, il fait le job.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 8 avr. 2020 18:39

The lad a écrit :
mer. 8 avr. 2020 14:46

Sa discrographie quasi-éléphantesque est impressionnante. Outre les pré-cités et le …plays Fats Waller que j'ai un soir survolé, je ne connais pas du tout sa période Blue Note. Mes classiques maison de Jimmy Smith sont deux LP qu'il a sorti chez Verve entre 67 et 68, Respect et Stay Loose. Clairement deux disques récréatifs que je trouve fabuleux soutenus par les marlous Grady Tate et Bernard Purdie qui rajoutent un peu de funkiness. Des disques que je range d'ailleurs à côté de Brother Jug de Gene Ammons (Prestige) et Tobacco Road de Jack McDuff chez Atlantic.

Si je ne devais retenir qu'un titre, ce serait sûrement cette version d'anthologie de Funky Broadway qui atomise celle Wilson Pickett. Tu parlais de feeling, le père Smith démontre un tel flair et une classe internationale sur ce titre si sharp qu'il fût introduit dieu mod (Pas de jaloux, ce sont des polythéistes) — Edit : Après une réecoute, il faut aussi saluer le jeu admirable du guitariste sur ce titre, il fait le job.

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L'extrait proposé est en effet excellent!
A l'écoute de Jimmy Smith on a l'impression qu'il possède une maîtrise dans son jeu très tôt dans sa discographie, dès ses albums de 56. On n'assiste pas à une évolution très importante au niveau de sa technique, de son jeu ou même de l'instrument auquel il restera fidèle. C'est plutôt l'environnement ou l'inspiration qui peuvent marquer les différences, entre un live et un album de studio par exemple, ainsi qu'au niveau des techniques d'enregistrement, étant entendu que Blue Note, avec Rudy Van Gelder est ce qui se fait de mieux en matière de qualité technique.

J'ai dix Blue Note plutôt anciens avec un son d'époque, mais en bon état d'écoute, des rééditions pour la plupart. Communément on recommande généralement "The Sermon" qui est excellent, avec un "all stars" très alléchant. On peut citer également "Midnight Spécial" avec sa chouette pochette et Stanley Turrentine, ou "Crazy Baby" avec pas mal de standards, en trio cette fois. Mais parmi ceux que j'ai il n'y en a pas de moyen. Sur Verve "The cat" est vraiment bon ainsi que "Bluesmith", on peut ajouter les rencontres avec Wes Montgomery, forcément.
Il existe également deux autres live (Vol1&2) que je n'ai pas écouté mais qui ont bonne réputation, "Groovin' at Smalls' Paradise".

Je te remercie également pour tes conseils d'écoute avec des références que je ne connais pas^^
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 9 avr. 2020 06:08

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C’est presque une évidence d’évoquer Stanley Turrentine après avoir parlé de Jimmy Smith. Voici ‎ « Easy Walker » un album enregistré en soixante-six et paru en soixante-sept. Ce qui happe de suite c’est la pochette, Reid Miles et son œil, pour quelques temps encore, cette création, sublime, est l’une de ses dernières sur Blue Note…

Le son chaud et velu de Stanley ici à son apogée et, comme il faut du soutien pour bâtir un espace douillet et cozy, voilà McCoy Tyner qui arrive, avec Bob Cranshaw à la basse et Mickey Roker à la batterie, pas de révolution ici, juste du bon son, épais, velouté, doux, chaleureux, à certaines occasions on pourrait presque dire « sexy » …

Il y a même cette reprise de « What the World Needs Now Is Love » signée par David Bacharach, ballade pop qui s’étale au soleil, c’est peut-être ce détachement qui fera souvent accoler le terme « Soul jazz » aux albums de Stanley Turrentine.

« Hey Babe ! A drink ? »

Meat Wave


Intermission Walk


What The World Needs Now Is Love


Alone Together
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 9 avr. 2020 13:53

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Blue note, sentant le vent tourner, a l’habileté de s’ouvrir aux jeunes musiciens ayant des conceptions un peu avant-gardistes. Cet enregistrement date de la fin de l’année 1963 et sortira donc en 1964, déjà Ornette Coleman et John Coltrane repoussent toujours plus les limites et s’ouvrent à de nouvelles conceptions. C’est le jeune tromboniste de 26 ans, Grachan Moncur III, qui a la charge de prendre le virage. L’album qui marquera ce tournant, « Evolution », est tout simplement exceptionnel.

Un casting de rêve, Tony Williams, dix-huit ans, à la batterie, Bob Cranshaw à la basse, Bobby Hutcherson, 22 ans au vibraphone, Lee Morgan et sa trompette, et le magnifique Jackie Mclean qui rend la monnaie de sa pièce à Grachan qui est venu enregistrer sur deux de ses albums.

La section rythmique est sublime sur cet album, tout en légèreté, elle tisse une atmosphère cotonneuse et aérienne constituée de fines mailles dessinées par le jeu tout en finesse de Tony Williams auquel répond la rondeur de la basse de Granshaw, habile à créer des espaces de liberté d’où s’échappent des bulles d’air envoyées par les mailloches du magnifique Bobby Hutcherson.

Forts d’une telle assise il est aisé aux solistes de s’envoler et de créer, Lee Morgan se cantonne avec habileté dans ce qu’il sait si bien faire, ce n’est pas de lui que l’on attend quelques audaces, elles surgiront dans le jeu de Grachan Moncur et celui Jackie Mc Lean, tous deux promptes à répondre à l’extraordinaire souplesse de la section rythmique.

Quatre pièces qui filent à une vitesse folle, un autre album suivra, et un fameux !

Air Raid (2008 Remaster)


Evolution (2008 Remaster)


Grachan MONCUR III "Monk in wonderland" (1964)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Pills » jeu. 9 avr. 2020 14:45

Bah mon vieux t'es en train de nous faire un topic Jazz de référence, vraiment merci à toi :chapozzz:

coltan
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par coltan » jeu. 9 avr. 2020 17:19

Oui c'est top, surtout que douglas couvre quasiment toutes les périodes du jazz !

Pour une fois, j'ai un bon nombre des derniers disques chroniqués à la maison, je me les suis donc ressortis.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 9 avr. 2020 21:15

Pills a écrit :
jeu. 9 avr. 2020 14:45
Bah mon vieux t'es en train de nous faire un topic Jazz de référence, vraiment merci à toi :chapozzz:
Je te remercie pour tes encouragements, mais faut bien s'occuper un peu pendant le confinement, du coup j'en profite pour réécouter quelques albums et chaque écoute en entraînant une autre voilà, voilà...
coltan a écrit :
jeu. 9 avr. 2020 17:19
Oui c'est top, surtout que douglas couvre quasiment toutes les périodes du jazz !

Pour une fois, j'ai un bon nombre des derniers disques chroniqués à la maison, je me les suis donc ressortis.
On pourrait remonter encore plus loin avec Duke Ellington, Fats Waller, Louis Armstrong etc... car le jazz et ses dérivés nous racontent une histoire passionnante mais il y a tant d'albums que je fonctionne surtout par associations dans le choix des présentations, le catalogue Blue Note est tellement riche qu'il faudrait se mettre à cinquante pour espérer en faire tour, il faudrait que le confinement dure encore quelques semaines également, hum...
:nono:
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 10 avr. 2020 05:15

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Un autre artiste de la maison Blue Note qui fit parler de lui. Un coup de tête peut-être, Freddie Hubbard participa au « Free-Jazz » d’Ornette Coleman, puis retrouva ses pénates avec la vitesse de l’escargot qui rentre dans sa coquille.

En attendant « Hub-Tones » est son sixième album sur la note bleue en moins de deux ans, un tir groupé remarquable d’autant qu’ils sont tous de qualité, celui-ci est enregistré en octobre soixante-deux et ressemble à un grand cru, admirez la pochette!

Le trompettiste est entouré par le remarquable altiste et flûtiste James Spaulding qui s’avère être un atout majeur sur cet enregistrement, d’Herbie Hancock, alors prometteur pianiste de vingt-deux ans, de Reggie Workman, pilier, et de Clifford Jarvis, l’autre pilier : c’est du solide !

On pourrait commencer par les douceurs, les deux morceaux où James Spaulding sort sa flûte, « Prophete Jennings » et « Lament for Booker », en hommage à Booker Little décédé un an auparavant suite à une maladie rénale, deux merveilles, la première tendre et insouciante et la seconde plus grave et poignante. Pour autant il ne faudrait pas résumer cet album à ces deux moments de grâce et les autres titres s’ouvrent plus largement au hard boppeur qu’il a toujours été, rythme enlevé, solos calibrés, beaucoup de maîtrise et de savoir-faire réunis ici.

You're My Everything (Remastered 1999/Rudy Van Gelder Edition)


Prophet Jennings (Remastered 1999/Rudy Van Gelder Edition)


Lament For Booker (Remastered 1999/Rudy Van Gelder Edition)


Hub-Tones (Remastered 1999/Rudy Van Gelder Edition)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par coltan » ven. 10 avr. 2020 09:41

On reste sur Blue Note avec Art Blakey et ses "disciples" ici composé de Lee Morgan, Wayne Shorter, Bobby Timmons, Jymie Merritt pour ce bel album sorti en 1961.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 10 avr. 2020 12:49

coltan a écrit :
ven. 10 avr. 2020 09:41
On reste sur Blue Note avec Art Blakey et ses "disciples" ici composé de Lee Morgan, Wayne Shorter, Bobby Timmons, Jymie Merritt pour ce bel album sorti en 1961.

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Grand album et morceau "culte"!
:super:
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 10 avr. 2020 13:25

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Fouiller dans le label Blue Note est une opération pleine de risques car elle peut paraître sans fin, c’est sans doute la maison de disques la plus exceptionnelle pour ce qui est du jazz, et, ça devient encore plus une évidence si on s’intéresse aux fifties et aux sixties ! Pourtant la musique rencontrée est très diverse pour peu que l’on s’attache à picorer sans à priori.

Hank Mobley par exemple fait partie des « hussards » du label, à la fois vétéran et toujours sur la brèche, il a enregistré l’un des plus beaux albums du label pour l’année 1960 « Soul Station ». Un simple quartet avec Art Blakey à la batterie, Wynton Kelly au piano et Paul Chambers à la basse, Hank est le seul souffleur, au ténor, ce qui n’est évidemment pas un rôle aisé quand, à la même période, la concurrence se nomme Coltrane qui en a traumatisé plus d’un (Sonny Rollins), d’ailleurs Hank a participé à l’album de Miles Davis « Someday My Prince Will Come » aux côtés du géant.

Avec Hank, seul le plaisir de jouer compte, et, quand on l’entend, ça transpire la joie de vivre… Deux standards et quatre compos « maison » sont au menu, il est vrai qu’il possède un don pour composer de chouettes mélodies, et voici une équipe de seconds couteaux qui nous tricote un chef d’œuvre du genre, sans chichi, en toute simplicité mais avec classe et élégance.

Hank Mobley - Remember


Soul Station (Remastered 1999/Rudy Van Gelder Edition)


Hank Mobley - Dig Dis


Split Feelin's (Remastered 1999/Rudy Van Gelder Edition)
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