J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Blues traditionnel ou blues blanc, jazz, soul, funk, c'est ici.
Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 11 avr. 2022 03:09

Image

Peter Brötzmann, Maâlem Moukhtar Gania, Hamid Drake – The Catch Of A Ghost (2020)

Voici l’avant-dernier enregistrement de Peter Brötzmann, il date de mai 2019, soit un mois avant « Memories Of A Tunicate » enregistré au mois de juin de la même année. Il a soixante-dix-huit ans et il est toujours vaillant, solide comme un chêne, il souffle encore et encore, avec toujours la même colère, je parle peu de Brötzmann mais je l’ai beaucoup écouté, même si ça reste presque marginal au regard de sa discographie, très étoffée, avec des enregistrements de concerts qui sortent à intervalles réguliers, beaucoup d’anciennes et mémorables performances.

Il s’était exprimé il y a bien longtemps à propos de cette puissance qu’il développait en jouant, il l’expliquait comme étant l’expression d’une angoisse et d’une colère qui l’habitait, suite au passé de son pays, pensant particulièrement à la deuxième guerre mondiale, à la culpabilité que la génération précédente avait transmise, mais il pensait également à son père, à sa vie et à ses actions.

Il a pu évoquer aussi d’autres raisons moins personnelles, d’un autre ordre, artistique. Mais ça n’a pas d’importance, cet homme est un roc hypersensible. D’ailleurs il est intéressant de regarder attentivement ses pochettes d’albums, pas celle-ci car elle fait exception, il ne l’a pas signée. Son art est brut et primitif, mais aussi essentiel, tribal, très expressif, on lit son âme à travers elles, elles sont répertoriées sur « Graphic Works 1969-2016 » chez ‎ Wolke Verlagsges. Il existe même un autre volume, mais je ne l’ai pas encore consulté.

Que dire de cet album ? C’est vraiment un magnifique enregistrement, de ceux que j’aime par-dessus tout. Une longue suite pour démarrer, trente-trois minutes de folie, puis trois pièces de onze à quatorze minutes. Peter Brötzmann joue du sax ténor ou du tárogató, cet instrument d'origine hongroise, entre saxophone et clarinette.

Maâlem Moukhtar Gania joue du guembri et chante, représentant de la musique gnaoua, frère du Maâlem Mahmoud Gania qui jouait autrefois avec Peter Brötzmann et qui est décédé. Le guembri est cette guitare basse africaine un peu rustique, qui envoûte et participe à la transe qui ne manque pas de s’emparer des esprits de certains parmi le public, pour peu qu’on lâche le contrôle et qu’on se laisse « habiter » par les esprits-amis.

Hamid Drake, le fabuleux batteur est là lui aussi, une belle âme, le sourire toujours bienveillant et les rythmes jusqu’au bout des doigts, les grooves malins, impeccables, il se construit lui aussi, au fil des albums un statut de géant.

Trois continents réunis ici, au « Teatro San Leonardo » de Bologne, en Italie.

Quel album ! Les applaudissements après les pièces sont restitués, ce qui permet d’évaluer l’enthousiasme exceptionnel du public ce soir-là…

Image

The Catch of a Ghost


Almost with the Sun


Sound That Shimmers


Dip and Dive
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 12 avr. 2022 04:33

Image

Nik Bärtsch's Ronin – Live (2012)

Un album de 2012, mais cette musique en elle-même est intemporelle et se moque des modes et du temps, d’ailleurs tous les albums de Nik Bärtsch que j’ai écoutés sonnent un peu de la même façon, ça ne ressemble pas à du Keith Jarrett, mais tout comme lui, sa production est imprégnée par une forte empreinte assez vite reconnaissable.

Nik Bärtsch est suisse d’origine, de la région de Zurich, né en 1971. Il a subi une grande influence de la culture japonaise et n’hésite pas à qualifier sa musique de « Funk Zen », ce qui est pas mal trouvé, quand on l’écoute. Il a beaucoup joué dans les clubs de son pays, il y est très célèbre, une sorte d’institution musicale.

Il enregistre chez ECM et commence à avoir une importante discographie de haute qualité. Peut-être n’est-il pas nécessaire de tout posséder car les albums sont empreints d’une forte identité et se ressemblent, mais rien n’empêche de s’attacher à ce musicien et de le suivre pas à pas, bien sûr.

Ce qui caractérise sa musique c’est, plus que le minimalisme, l’aspect répétitif. La musique se développe en strates évolutives avec des aspects répétitifs à chaque étape. Des changements subtils se font parfois entendre et chaque saut d’une strate à l’autre est qualitatif et emporte. Ainsi la musique est essentiellement rythme, pulsé par l’ensemble des musiciens, il y a des solos, mais ils ne sont pas le cœur de la musique. Il n’est pas faux de dire qu’ainsi la musique échappe au jazz, d’une certaine façon.

Du coup c’est une musique très écrite et très structurée, ce qui se vérifie sur ce double album live. Le premier Cd contient une heure de musique et le second trois quarts d’heure. Bien qu’on ait la sensation de suivre la musique lors d’un même concert, c’est inexact car les lieux varient au fil des morceaux, ainsi on voyage entre Lörrach, Leipzig, Vienne, Tokyo, Amsterdam, Mannheim, Gateshead et Salzau. C’est à cette dernière étape que le bassiste change.

Ce petit tour nous indique que Nik n’est pas trop connu par chez nous, mais ça viendra forcément, juste une question de temps, car sa musique est unique. J’ai eu la chance d’assister à une retransmission d’un concert dans un club de Zurich, avec une formation plus récente et plus étoffée, ici c’est un quintet, au « Moods » ils étaient neuf mais ça ne change rien en profondeur. Ce qui m’a frappé le plus c’était son bonheur de jouer, ses sourires envers les musiciens, cette attention continuelle et l’implication de tous dans le même projet sans que jamais un parmi eux ne tire la couverture à lui.

Je vous précise les noms des musiciens de l’album, c’est tout de même le minimum : Nik au piano et au Fender Rhodes, Sha à la basse clarinette et au sax alto, Björn Meyer à la basse, Kaspar Rast à la batterie, vieil ami de Nik et divin batteur et Andi Pupato aux percussions.

Vous pouvez écouter celui-ci ou un autre, rien de grave. Je ne l’ai pas signalé mais tous les titres ici ont été remaniés bien qu’ils sortent tous du répertoire ancien, ils sont formés sur le type « Modul » suivi d’un numéro. « Ronin » est le nom de l’un des groupes qu’il anime.

Il n'y a pas d'extrait de cet album, alors en voici d'autres, dans une version différente, non ECM.

MODUL 42 - at the ceiling


Video LLYRIA Modul 47 RED VERSION


Nik Bärtsch's RONIN, Part of MODUL 35, Live at Oslo Jazzfestival 2014


Nik Bärtsch's RONIN - jazz baltica 2011 fragm. 1


MODUL 22
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 13 avr. 2022 03:34

Image

Jeremiah Chiu & Marta Sofia Honer – Recordings From The Åland Islands (2022)

Il est arrivé ce matin, le dernier International Anthem, pas tout seul, il a partagé la place dans le colis avec un autre, pour plus tard. Celui-ci possède semble-t-il des vertus médicamenteuses. Imaginez par exemple que vous subissiez un choc émotionnel fort, par exemple un jour d’élection, vous pouvez essayer cet album, peut-être atténuera-t-il votre dépit et aidera-t-il à vous redonner ce sentiment de confiance naturelle, que méritent vos semblables.

Souvent on classe ce genre de musique dans l’ambient. Une catégorie un peu à part, qui n’est pas du jazz, mais plutôt un genre de musique paisible et dépaysante, censé relaxer et réconforter. Cet album s’inscrit bien dans cette mission, d’abord par l’appel au field recordings. La nature et ses bruits, le chant des oiseaux, le bruit de l’eau qui coule, du vent qui passe, les sons du ciel et de la mer qui se mélangent, toutes ces vibrations captées, enregistrées puis restituées dans une habile reconstitution sonore où ils se mélangent avec d’autres, nées de mains musiciennes.

Jeremiah Chiu joue du piano, de l’orgue, du synthé, de la basse et d’un matériel électro assez complexe semble-t-il que je ne détaille pas ici. Mais on comprend qu’il est créateur d’univers et d’espaces sonores. C’est lui aussi qui parcourt les Îles de Åland, un archipel situé dans la mer Baltique, entre Suède et Finlande, là où, l’été, le soleil ne se couche jamais. Il est armé de son magnétophone et vêtu de ses habits de chasseur de sons.

Marta Sofia Honer joue de l’alto, mais pas du sax, plutôt dans la catégorie violon, elle fait également tinter les carillons, utilise les synthés et bidouille les sons également. Tout démarre à partir d’une musique improvisée, captée lors d’un concert dans une église médiévale. Ce qui sera la matière première à partir de laquelle seront ajoutés différents ingrédients, et particulièrement l’éventail des sons recueillis dans la nature, étape cruciale, car c’est elle qui concourt à l’originalité de l’opus en lui offrant l’immensité d’un cadre extérieur.

Ces expériences sont très gratifiantes, elles offrent un mélange entre sons naturels et sons synthétiques, les deux se confondant parfois comme s’ils frayaient, les instruments traditionnels sont garants de l’équilibre et de la solidité de l’architecture globale, même si elle semble fragile et branlante, mais toujours harmonieuse et délicate.

Un album qui s’écoule à la façon d’un songe, comme un voyage onirique dans le monde des îles Åland.

Il est à noter qu’un petit livret couleur comportant textes, photos et paysages est inclus dans l’album, ce qui est rare chez International Anthem.

Jeremiah Chiu & Marta Sofia Honer - "Snåcko"


Jeremiah Chiu & Marta Sofia Honer - "Stureby House Piano"


On the Other Sea


By Foot By Sea
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 14 avr. 2022 03:32

Image

Various ‎– Great Jewish Music: Serge Gainsbourg

Voici un exemplaire d’une série qui ne s’est pas trop bien développée chez Tzadik, la « Radical Jewish Culture » qui ne contient que quelques Cds, dont celui-ci consacré à serge Gainsbourg. Un autre est consacré à Burt Bacharach, un autre à Marc Bolan, un autre encore à Sasha Argov, compositeur d’un grand nombre de chansons, et le dernier est consacré à un autre inconnu pour ce qui me concerne, Jacob Do Bandolim, joueur de violon et de mandoline.

Un anonymat que ne partage pas le grand « Serge », l’un des plus grands interprètes de la chanson française. Je ne m’attarde pas sur ce sujet autour duquel il y aurait tant et tant à dire, mais concentrons-nous plutôt sur cet hommage qui a pour origine la décision de John Zorn et l’engagement artistique de la maison « Tzadik » et de beaucoup de ses membres.

Alors certes, le jazz n’est qu’une composante dans la musique de Serge Gainsbourg, notamment pour ses albums les plus anciens, mais je retiens cet album surtout pour les musiciens qui gravitent ici, dont un grand nombre sont issus de la scène jazz. Pour autant ce n’est clairement pas un album de jazz, d’ailleurs c’est parfois un album de rien, délirant et divaguant, sautant du coq à l’âne et de la carpe au lapin.

Vingt et un titres ici, une somme considérable, sans ordre particulier, la plupart connus, et même très, mais un ou deux m’échappaient, bien que j’aie l’intégrale du monsieur... comme ce « Contact » interprété par John Zorn. Globalement on reconnaît bien les pièces et on assiste à quelque chose qui respecte la chanson, mais parfois ça part carrément en zerbouille, il y a une version métal de « L’Homme à La Tête De Chou » par le groupe Ruins, une version ralentie, et chantée à côté, des « Sucettes » par un certain « Jon » et d’autres trucs bien bizarres, mais elles se situent plutôt dans la seconde partie de l’album.

Il faut dire qu’il y a plus de soixante-quinze minutes de musique ici, des interprétations exceptionnelles et d’autres qui sont peut-être à oublier, mais les unes comme les autres sont rares. Quelques noms pour situer, Mike Patton pour « Ford Mustang », Fred Frith « The Ballad of Melody Nelson », Cyro Baptista « Là-Bas c’est Naturel », Ikue Mori « Pauvre Lola », David Shea le très beau « Initials B.B. », Medeski, Martin et Wood avec « Intoxicated Man », Eszter Balint avec l'excellent « Un poison Violent » et Marc Ribot et sa version de « Black Trombone ».

Ce n’est qu’une petite partie, c’est sorti en quatre-vingt-dix-sept, et j’ai eu un énorme plaisir à écouter cet album, qui ne sera cependant réservé qu'aux admirateurs de Lucien Ginsburg.

Elysian Fields - Les amours perdues (Serge Gainsbourg cover)


Requiem Pour Un Con - Franz Treichler (trip hop)


Fred Frith -The Ballad Of Melody Nelson


Mike Patton ► Ford Mustang


IKUE MORI Pauvre Lola


Ruins - L'Homme à tête de chou


John Zorn - Contact

11. Un Poison Violent, C'Est Ça l'Amour.mp3
(11.8 Mio) Téléchargé 48 fois
21. Black Trombone.mp3
(8.76 Mio) Téléchargé 45 fois
12. Initials B.B.mp3
(8.86 Mio) Téléchargé 45 fois
04. La Bas C'Est Naturel.mp3
(12.76 Mio) Téléchargé 43 fois
18. Intoxicated Man.mp3
(8.22 Mio) Téléchargé 44 fois
We will dance again...

Avatar du membre
Piranha
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 1302
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 22:13
Localisation : Angers
Contact :

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » jeu. 14 avr. 2022 11:54

Oui il est bien ce tribute.
Acheté à l'époque je l'ai aussi pas mal écouté.

Des reprises variées, aux timbres divers mais toujours sincères

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 14 avr. 2022 17:23

Oui, plus souvent dans les sommets que dans les vallées...

Demain... Le retour d'ECM !

Image
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 15 avr. 2022 04:17

Image

Mark Turner – Return From The Stars (2022)

Retour vers l’actualité avec cet album du saxophoniste ténor Mark Turner, ici en quartet, sans piano, mais avec Jason Palmer à la trompette, Joe Martin à la basse et Jonathan Pinson à la batterie. Mark écrit les compos également, sur le petit livret intérieur de cette production ECM, on le voit sur trois photos, dont deux où il écrit, le stylo à la main.

Ce petit détail est très signifiant car l’écriture est ici d’une précision rare, dans les parties, assez nombreuses, où le saxophone joue en même temps que la trompette, parfois lors d’escalades techniques impressionnantes, la synchro est millimétrée, rien ne dépasse, à tel point que j’ai pensé à « la ligne claire » au temps de la Bd belge, ce savoir-faire simple et prodigieux, d’une efficacité redoutable.

Si mark Turner est impressionnant, son acolyte Jason Palmer l’est tout autant, et sans doute même davantage, il faut dire qu’il remplace l’immense Avishai Cohen qui tenait ce même instrument, lors de la dernière apparition de ce quartet, en 2014 !

Mark Turner est donc un technicien brillant, et cette technique est mise au service de la musique, ce qui va de soi. Ce qui le caractérise le plus, à mon avis, c’est le timbre, non pas fluet ou mince, ce serait exagéré, mais sans amplitude, pas de gros son comme souvent j’aime, ou de puissance pleine de chevaux et de watts, on retrouve davantage l’école ancienne, « cool », avec ce son propret, plein de tenue.

Les deux à la rythmique sont vraiment impeccables, Joe Martin est agréable à écouter, suivre la ligne de basse est un régal dont il ne faut pas se priver, le son ECM éclate ici dans doute sa beauté et son équilibre, l’occasion de signaler que l’album a été mixé aux Studios La Buissonne de Pernes les Fontaines, un chemin que connaissent nombre de productions ECM désormais.

L’album ne souffre d’aucun défaut, les pièces sont équilibrées en qualité, j’ai du mal à en extraire une qui pourrait sortir de lot. Les solistes sont inspirés, particulièrement Jason et Joe, ce dernier se régale en compagnie du volubile Jonathan Pinson à la batterie qui brille également.

Un album qui affiche, finalement, un certain classicisme.

Nigeria II


Lincoln Heights
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 16 avr. 2022 05:19

Image

Trondheim Jazz Orchestra & Ole Morten Vågan - Plastic Wave (2021)

Une sortie d’il y a quelques mois que j’ai bien appréciée et que j’ai écoutée plusieurs fois, il faut dire que c’est un double Cd assez copieux, qui avait en son temps été mis à l’honneur dans les « sorties du mois » de Jazz Magazine, numéro de février.

Le « Trondheim Jazz Orchestra » nous vient de Norvège et plus particulièrement de la petite ville de « Trondheim » qui lui a prêté son nom. Il s’est forgé une solide réputation lors de son album sorti en 2018, « Happy Endlings » … que je n’ai pas écouté ! La discographie de cet ensemble à géométrie variable est assez pléthorique, d’une qualité suffisante pour intriguer jusque dans notre pays.

Nous-même possédons un ensemble orchestral qui pourrait évoquer le cousin norvégien, le « Surnatural Orchestra » coche pas mal de cases qui lui ressemblent. Il faudrait ajouter l’extraordinaire effort sur les pochettes incroyables du « Surnatural » qui lui donne un cachet artisanal et une belle authenticité, mais c’est une autre histoire.

C’est le bassiste Ole Morten Vågan qui organise cette belle omelette norvégienne et compose l’intégralité des pièces. Sa notoriété est telle qu’il arrive sans peine à drainer le meilleur des musiciens de son pays, pour un résultat, il faut le dire très bluffant. Le premier Cd est excellent et le second peut-être encore meilleur !

Ils sont quatorze rassemblés, dont deux batteurs, histoire de nourrir la machine, cuivres, anches et cordes abondent, je n’énumère pas, ce serait fastidieux, s’y ajoute sur « Food Chain Reaction » la présence du poète Frode Grytten qui nous offre quelques mots en norvégien.

Ce n’est pas particulièrement free, ni vraiment d’avant-garde, mais les compos sont souvent complexes et peuvent évoquer parfois la musique la plus moderne, mais en conservant toujours des repères rythmiques qui ne laisseront jamais personne se perdre tout à fait. Ce subtil équilibre est la clef qui permet à l’orchestre de pencher toujours du côté de la « musique populaire », tout en donnant du grain à moudre aux amateurs d’audaces sonores.

Je n’évoque même pas les solistes, toujours de haut niveau quel que soit le poste au pupitre, certains sont un peu plus gratifiés que d’autres mais chacun possède son moment de gloire et surtout la prise de son permet de tout identifier avec une grande facilité. Signalons la présence d’une chanteuse, Sofia Jernberg qui met un peu d’humain dans la machine.

Je vous renvoie à la chro savante de Thierry Benizeau sur Jazz Mag qui vous donnera encore plus l’envie.

Plastic Wave


AfterMath Rock


Fanfare


Eldhinger
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 16 avr. 2022 10:37

Je remonte:

Image

Le Surnatural Orchestra a sorti l’album « Ronde » en 2015, en fouillant un peu dans la discographie du groupe je viens de me rendre compte qu’un autre album est sorti en 2018, « Esquif », et qu’une nouvelle sortie est prévue au mois de juin prochain ! Il va falloir me mettre à jour car ce groupe n’a jamais déçu mon attente. Il est vrai que des albums exceptionnels ont marqué son existence, des concerts remarquables également.

On ne sait trop s’il faut parler d’orchestre ou si « fanfare » ne serait pas plus adéquat, le nombre de musiciens participants au groupe est très impressionnant, autour d’une vingtaine environ, selon les périodes, bien que le groupe connaisse globalement une grande stabilité. Des musiciens de talent, c’est indéniable, mais je ne peux citer que deux individualités qui ont su s’en extraire, le trompettiste Antoine Berjeault et Antonin Leymarie dont il faudra reparler.

Finalement rien d’étonnant à cela, car ce qui fait la force du collectif, c’est précisément l’esprit de groupe, nul n’est besoin d’un leader ou d’un chef au sein du Surnatural Orchestra, un organisateur musical c’est suffisant. Pas de hiérarchie, ni même d’étiquette pour ne pas s’enfermer, juste le plaisir de jouer, de créer, de se fondre dans la musique et la création musicale.

Cet album, tout comme le précédent « Pluir » sorti en 2012 est vraiment très réussi. L’orchestre est composé de huit joueurs de cuivres, sept de anches, deux flûtistes et une section rythmique de quatre membres en comptant le pianiste, mais ce qui marque surtout c’est l’interaction et la complexité dans le traitement entre ces différentes sections. Parfois on pense au kollektief de Willem Breuker, certains passages renvoient au Mike Westbrook Brass Band et d’autres à certaines œuvres majeures de Carla Bley, parler d’influences serait sans doute trop, des couleurs voisines plutôt, ce groove continuel, ces impros savantes, cette énergie et cette richesse créative qui ne s’arrêtent jamais sont les marques d’un groupe important !

Pour écouter:
Modifié en dernier par Douglas le dim. 17 avr. 2022 02:18, modifié 1 fois.
We will dance again...

Avatar du membre
nunu
Modérateur
Modérateur
Messages : 8855
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 17:47

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » sam. 16 avr. 2022 16:14

Image

Surement la période la plus radicale de la carrière de Miles. Double LP sorti chez Hi Hat en 2020

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 16 avr. 2022 17:41

nunu a écrit :
sam. 16 avr. 2022 16:14
Image

Surement la période la plus radicale de la carrière de Miles. Double LP sorti chez Hi Hat en 2020
C'est vrai que c'est bien, mais attention ce ne sont pas des enregistrements officiels, donc pas sûr de pouvoir les revendre sur Discogs, par ailleurs j'ai vu les vinyles à un prix horriblement chers (entre 30 et 40 boules à la fnac), les originaux ne sont que des bandes radio, à mon avis il vaut mieux préférer les Cds...
Ça existe aussi sur Parachute recording ou sur Iconography.

Il y a aussi le "Live In Tokyo 75" sur Hit Hat, pareil c'est bien, mais vaut mieux le cd, ventes bloquées sur Discogs.
On y trouve des enregistrements non présents sur les officiels (Agharta et Pangaea).
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 17 avr. 2022 02:38

Image

Steve Coleman And Five Elements – Live At The Village Vanguard Volume II (MDW NTR) – 2021

Celui-ci attendait patiemment son tour, c’est encore un double Cd, bien plus plein que le précédent, on frôle les limites de stockage, c’est dire qu’il faut plus de deux bonnes heures et dix minutes pour en venir à bout, pourtant ça passe vite, peut-être la magie du lieu, le Village Vanguard rempli de légendes, j’imagine ce que cette scène représente pour un musicien, entre peur et consécration, un mélange qui doit donner envie de tout donner…

L’enregistrement live s’est déroulé en mai 2018, la patronne iconique des lieux, Lorraine Gordon, est attablée toujours au même endroit et les musiciens qui quittent la scène doivent passer devant elle. Chacun sait qu’elle n’est guère commode et qu’elle ne mâche pas ses mots. Il se raconte même que la matriarche aurait frappé un musicien qui se faisait la malle par la porte de derrière, pour aller voir sa petite amie…

C’est pourquoi il y avait ce soir-là comme une légère tension, c’était en effet la première fois qu’un rappeur montait sur la scène la plus prestigieuse du jazz. Par bonheur le « Steve Coleman And Five Elements » fit un malheur et le public se montra très enthousiaste, et c’est avec un sourire que « Koyaki », vocaliste et rappeur, fut salué par la reine des lieux lorsqu’il passa devant elle, lui disant « Tu es merveilleux ».

Âgée alors de quatre-vingt-quinze ans elle décéda quelques semaines plus tard, un fait qui ne découle pas de ce qui précède, car le rap ne tue pas si longtemps après ! Sa vie fut bien remplie, elle fut l’épouse d’Alfred Lion, patron de Blue Note, puis de Max Gordon, propriétaire du Village Vanguard. Elle s’occupa et pris soin, elle aussi, tout comme « la baronne », de Thelonious Monk…

Peut-être êtes-vous, tout comme moi, intrigués par la présence de ces hiéroglyphes en tant que thématique principale pour la décoration de cette pochette. C’est que Steve Coleman s’intéresse à l’Égypte ancienne et plus particulièrement à la Géométrie Sacrée Égyptienne qui est à l’origine des hiéroglyphes, et cet énigmatique « MDW NTR » qui se trouve à la fin du nom de l’album est lui en rapport avec la parole divine des Dieux anciens.

Je ne veux pas faire de prolongement avec les vieux totems que sont les « Live At The Village Vanguard » de Sonny Rollins et de John Coltrane ou même le « Sunday At The Village Vanguard » de Bill Evans ou la suite extraordinaire des soirées d’Art Pepper absolument bouleversantes, mais…

C’est du très, très solide ! Steve est bien sûr avec son sax alto, on l’a compris, le rappeur Koyaki se fonde avec mesure et intelligence dans ce « flow » jazzy, Jonathan Finlayson est à la trompette, Anthony Tidd à la basse et Sean Rickman à la batterie.

La seule question que je me pose c’est de savoir quelle sera la réponse de la postérité face à cet album exceptionnel, entrera-t-il, lui aussi, dans la légende ? Sera-t-il l’objet d’un culte comme le furent ses illustres prédécesseurs ? Le temps finira par donner sa réponse, mais vous n’êtes pas obligés d’attendre jusque - là pour vous faire, par vous-même, votre propre idée…

Voici le morceau d'ouverture , prélude à une chaude soirée!
01. Menes To Midas (Live).mp3
(28.72 Mio) Téléchargé 46 fois
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 18 avr. 2022 02:15

Image

Sylvain Rifflet – Aux Anges (2022)

Sylvain Rifflet est un musicien que je suis, l’oreille attentive à beaucoup de ses sorties, j’avais bien aimé « Perpetual Motion (A Celebration Of Moondog) » et « Mechanics » et encore davantage l’excellent « Troubadours » et l’enthousiasmant « Rebellion(s) ». Alors il est tout naturel de s’intéresser « Aux Anges », d’autant que la curieuse assemblée ici rassemblée m’intrigue déjà.

Sylvain au sax ténor, évidemment, mais également à la « shruti-box et à « l’homemade music-box », voilà d’étranges boîtes qui me laissent pantois. Le finlandais Verneri Pohjola est à la trompette et à l’électro, Philippe Gordani aux guitares et l’excellent Benjamin Flament aux percussions. Voilà une belle équipe de troubadours qui semble bien avoir le profil et les atouts pour partir en quête des anges…

Mais qui sont ces anges ? Sylvain y répond en parlant de son « intimité musicale », ainsi les entités en question seraient des musiciens, des personnages qui ont à voir avec sa vie, au travers de ses amitiés et de ses influences. Des pistes sont données au travers des titres des chansons et de ce qu’elles laissent à deviner. Ce qui a donné naissance à un jeu de piste dont voici quelques réponses.

« Abbey » c’est évidemment Abbey Lincoln et « Baldwin » l’écrivain James Baldwin, ceux-là sont les plus simples. « Sven Coolson » est le surnom de Stan Getz dans les années cinquante, « The Viking’sWaltz » c’est évidemment une allusion à Moondog dont il est un fervent admirateur et spécialiste, il lui a même consacré un album, on ne pouvait y échapper !

« Cake Walk From A Spaceship » est le nom de son album précédent, en duo avec le trompettiste Verneri Pohjola, celui-ci je ne l’ai pas encore écouté. « Awkward Commute » serait dédié à Jon Irabagon, je l’ai lu alors pourquoi pas, mais ce « trajet difficile » est celui de son plus proche ami musical et compagnon de route, celui avec lequel il a énormément partagé et célébré les différents hommages à Moondog.

Le très beau « duo » qui termine l’album est une improvisation entre les deux souffleurs de l’album, mais attention, il faut encore patienter car il existe un morceau caché, une improvisation du groupe, à la mode d’autrefois…

Bel album, assez intimiste, de ceux qui se partagent.

Sven Coolson


Déjà vu (official video)


Abbey


Mésanges (Official video)
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 19 avr. 2022 05:13

Image

Avishai Cohen ‎– Naked Truth (2022)

Allez, autant commencer par ce qui pourrait être un défaut, la durée de l’album nous projette un demi-siècle en arrière, trente-cinq minutes seulement, c’est un peu short, il est vrai ! Mais on ne peut juger de la qualité de l’album au temps qu’on passe à l’écoute, pas plus que de la qualité d’une peinture au temps qu’il a fallu pour la peindre.

Si ces trente-cinq minutes sont sublimes, exceptionnelles, et vous transportent hors du temps, alors que valent les mesures ? Pesées, périmètres et aires s’évanouissent. Si ces trente-cinq minutes ne vous quittent plus et que vous réécoutez en boucle ces notes qui vous envoutent, vous font fermer les yeux, et ouvrir votre esprit vers des lieux et des contrées dont vous seuls connaissez le chemin. Si la magie de cette musique tient à l’intime…

C’est que Avishai Cohen, déjà, avec « Into The Silence » avait tracé la route et montré le chemin. Il possède le secret de la note juste celle qui surprend et touche, pas à la façon d’un Monk, espiègle et malin, mais avec de l’audace, juste poser le pied un peu plus loin.

Il est entouré par Yonathan Avishai, pianiste au feeling extraordinaire, déjà vieux compagnon d’armes, de Barak Mori à la basse et de Ziv Ravitz à la batterie. Ils sont arrivés aux studios La Buissonne presque les mains dans les poches, mais avec des idées plein la tête et quelques notes griffonnées par Avishai Cohen.

Ensuite ça s’est enchaîné très naturellement, les mélodies se sont succédées, nées du lyrisme combiné des musiciens, les harmonies toutes en dentelles de Yonathan ont créé une architecture fragile et les impros se sont enchaînées, souvent délicates et sûres. La suite en huit mouvements s’est ainsi structurée, jusqu’au dernier titre « Departure », un poème de Zelda Schneurson Mishkovsky dont Avishai fait la lecture.

Ce dernier a coupé sa barbe, mais il reste ce grand trompettiste que l’on connaît, on admire la technique mais plus encore l’émotion qu’il transporte dans sa musique.

Un des sommets de sa discographie.

Naked Truth (Pt. 1)


Naked Truth (Pt. 2)


Naked Truth (Pt. 7)
Modifié en dernier par Douglas le mar. 19 avr. 2022 07:54, modifié 1 fois.
We will dance again...

Avatar du membre
nunu
Modérateur
Modérateur
Messages : 8855
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 17:47

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » mar. 19 avr. 2022 05:17

Le Avishai Cohen dont tu parles c'est le trompettiste je suppose ? Quelle idée d'avoir deux musiciens qui s'appellent pareil aussi, surtout avec un nom comme le leur :hehe:

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 19 avr. 2022 05:28

nunu a écrit :
mar. 19 avr. 2022 05:17
Le Avishai Cohen dont tu parles c'est le trompettiste je suppose ? Quelle idée d'avoir deux musiciens qui s'appellent pareil aussi, surtout avec un nom comme le leur :hehe:
Oui, des Cohen y'en a en pagaille!

Ils ne sont pas de la même famille évidemment, le bassiste est sans doute le plus connu, très médiatique il fait une belle carrière en mettant en avant les belles mélodies, mais c'est un contrebassiste de grand talent et un chanteur qui se révèle. Il a également enregistré avec un orchestre symphonique.

Le trompettiste est mon préféré, un peu errant musicalement, il a enregistré deux albums merveilleux, "Into The Silence" et celui-ci, dans un style assez retenu et recueilli.

C'est le même qui est parti à l'assaut des "charts" avec la formation "Big Vicious", pour un album également très intéressant mais aussi très différent.

Un surdoué de son instrument.
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 20 avr. 2022 03:39

Image

Robert Glasper – Black Radio III (2022)

Cet album arrive de la façon la plus naturelle dans les rayons de ma Cdthèque, puisque je possède et apprécie les deux premiers volumes de « Black Radio » arrivés peu après leurs sorties, en 2012 et 2013, pour les ranger, cette fois-là, dans ma vinylothèque. Une différence toutefois, les précédents étaient au crédit du « Robert Glasper Experiment » avec le fabuleux Casey Benjamin. Il existe, pour les curieux, un troisième album de cette formation, « Artscience » qui se situe dans la même lignée artistique.

Il faut dire que j’avais fait connaissance avec cette dernière formation, encore un peu plus avant, lors d’une restitution de concert sur « Mezzo », avec un répertoire très centré sur Roy Ayers et une longue et dantesque version de « Everybody Loves The Sunshine », pendant laquelle le fameux Casey usait du vocoder, avec une certaine modération toutefois, ce qui ne fut pas toujours le cas, si on pense au premier album de «R+R=NOW ».

Bon revenons à cet album qui devrait cartonner si le monde est fait comme on pense. Treize titres, tous axés sur un mélange « jazz – Hip Hop » avec, à chaque étape, un invité plutôt prestigieux, bien qu’en matière de rap, genre que j’apprécie assez souvent, ma culture est celle d’une quiche. Avec une certaine élégance, sauf confusion de ma part, chaque titre est crédité au nom, le plus souvent, des participants, bravo !

Je vous livre les noms des invités, à part Gregory Porter, Esperanza Spalding, bassiste et chanteuse, et Me'Shell NdegéOcello, bassiste et chanteuse également, ils ne me parlent pas trop, bien qu’il y ait des transfuges de « De la Soul » et de « A Tribe Called Quest ». Ainsi, il y a Amir Sulaiman, Killer Mike+BJ The Chicago Kid+Big KRIT, D Smoke +Tiffany Gouché, Q-Tip, Yebba, HER, Lala Hathaway+Common, Musiq Soulchild+Posdnuos, Ledisi, Ant Clemons, jennifer Hudson et PJ Morton+India Arie.

J’imagine que ces noms peuvent parler à d’autres et évoquer un souvenir ou une référence connue. Bien que Robert Glasper soit connu en tant que pianiste, ce n’est ici qu’accessoire, pourtant il maîtrise les claviers à la perfection, c’est plutôt son charisme et ses talents de concepteurs et d’organisateur de projet qui sont à l’œuvre ici. Le format qui règne ici est celui de la chanson, exclusivement. Ne pas s’attendre à un rap échevelé, c’est plutôt ballades sucrées autour de la piscine, mais c’est bien fait.

Le titre phare « Black Superhero » est la marque d’un certain engagement, ainsi que « In Tune » qui ouvre l’album. « Why We Speak » est chanté par Esperanza Spalding en grande partie en français. Beaucoup de musique Soul ici et une reprise de Tears for Fears « Everybody Wants to Rule the World ».

Pour parler avec franchise ce troisième volume n’est pas, à mon humble avis, au niveau des deux précédents, bien qu’on passe un agréable moment, mais vous savez, les goûts et les couleurs…

Robert Glasper - Black Superhero (Official Music Video)


It Don't Matter


Robert Glasper - Shine ft. D Smoke & Tiffany Gouché (Official Music Video)


Robert Glasper - Why We Speak ft. Q-Tip & Esperanza Spalding (Official Lyric Video)
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 21 avr. 2022 04:31

Image

Sonic Youth Med Mats Gustafsson Og Merzbow – Andre Sider Af Sonic Youth (2008)

En écho à des échanges sur la formation Sonic Youth, voici « Andre Sider AF Sonic Youth », un album de 2008 dont le titre en danois signifie à peu près « L’autre face de Sonic Youth », il faut dire que c’est la coutume, sur SYR d’écrire chaque pochette dans une langue nouvelle.

Le Cd est donc sorti sur « Sonic Youth Records », le label du groupe, celui-ci est le numéro huit. En fait, il s’agit d’une collaboration qui regroupe Sonic Youth augmenté de Jim O’Rourke, et accompagnée par deux invités hors du commun, le saxophoniste suédois Mats Gustafsson dont on a déjà parlé par ici, et Merzbow aka Masami Akita, au laptop.

Sur le papier c’est effectivement très alléchant, ça ressemble d’emblée à un truc de fous, Sonic Youth c’est un excellent groupe de rock, mais il aime à dépasser ce statut et à franchir les barrières, et même, carrément toutes pour ce qui concerne le plus fou des Sonic, Thurston Moore. Sans doute que ce sont ses migraines incessantes qui lui ont court-circuité le cerveau, pour ainsi le projeter du côté des musiques hors normes et hors de contrôle.

C’est bon, il emmène la troupe avec lui, s’y ajoute le fou du free suédois Mats Gustafsson, un gars qui ne connaît pas de limite et joue du « biniou » comme personne, tous les saxs sont à sa mesure, particulièrement le ténor et le baryton. Merzbow aime la noise et la musique extrême, ça tombe bien, par ici on en veut, on est au concert et on est là pour ça !

Ça va donner, c’est sûr, ce premier juillet 2005 au « Roskilde Festival », et ça risque d’être dur pour ceux qui suivent, le célèbre « Black Sabbath » et son rock toxique, efficace, mais assez basique, la simplicité est toutefois un ingrédient qui bonifie souvent le bon rock, « Black Sabbath », va falloir déchirer !

Le principe de ce concert est assez simple, chacun entre à son tour, la première arrivée, Kim Gordon, se met à jouer, puis les Sonics se succèdent à intervalle régulier, arrive enfin le gros son de Mats Gustafsson qui libère l’énergie, et enfin Merzbow et son bruitisme toxique, la tension est à son paroxysme et ne tombera qu’à la fin de l’unique morceau joué ce soir-là, près de cinquante-huit minutes après.

La sortie est organisée dans l’ordre inverse, la guitariste, trompettiste quitte la scène, suivie à intervalle réguliers des autres musiciens qui regagnent l’ombre un à un, jusqu’à ce qu’on n'entende plus que le seul Merzbow et sa machine inhumaine, acclamé par la foule délirante.

Allez « Black Sabbath », au charbon !

Sonic Youth med Mats Gustafsson og Merzbow - Andre Sider Af Sonic Youth
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 22 avr. 2022 04:55

Image

Alan Shorter – Tes Esat (1971)

Celui-ci je vous la présente avec la pochette du vinyle, tellement plus belle que celle du Cd, hélas je dois me contenter de la moins prestigieuse des versions, mais qu’importe la musique est la même ! Pourtant les minutages annoncés pourraient laisser penser à un petit avantage côté Cd, mais ça semble assez marginal, les plus pointilleux iront jeter un coup d’œil sur « discogs », si l’envie se faisait sentir.

C’est un album que j’ai longuement guetté dans sa version originale, avec des flux et des reflux, finalement j’ai opté pour le choix raisonnable et je ne suis pas déçu. Je savais ce qu’il fallait attendre de cet album, un album free qui penche du côté de la déchirure, sans concession, de son époque, quoi.

Alan Shorter est trompettiste, c’est le grand frère de Wayne Shorter, côté musique, rien à voir, rien. Ici c’est du 100% pur jus de free. Alan c’est le frère un peu gênant, extrême, avec des trucs qui vont mal, des non-dits, c’est le musicien caché, resté dans l’ombre du génie. Une fois pourtant, Alan a participé à un album de Wayne pour un titre, « Mephistopheles » en soixante-cinq. Quand Alan est décédé, en quatre-vingt-sept, d’une crise cardiaque, Wayne l’a fait incinérer et a fait transporter ses cendres dans un temple japonais, sur le Fujiyama.

C’est qu’il brûlait Alan, et la proximité du volcan ne lui fait pas peur, les cendres appellent les cendres. Il signe les trois titres ici, « Disposition » qui s’étale sur vingt-sept minutes, « Beast of Bash », moins de trois et « One Million Squared » peut-être la plus réussie, d’une durée de onze minutes environ.

Alan est accompagné de Gary Windo au saxophone ténor, on se souvient de lui aux côtés du « Chris McGregor's Brotherhood Of Breath » ou du « Carla Bley Band », il est très bon ici. La légende Johnny Mbizo Dyani est à la basse, mais aussi au piano, à la flûte, et même aux cloches qu’il fait tinter. Rene Augustus est à la batterie et agite les cloches également…

C’est un album enregistré sur le label français « America Records » qui a signé de grands disques free de cette période. Ça s’est passé le onze mars mille neuf cent soixante-dix, dans les studios Decca de la rue Beaujon, nous dit-on.

Voilà, je ne vous en dis pas trop, sinon qu’il s’adresse avant tout aux amateurs de free, le sentiment également que l’on entend insuffisamment Alan sur cet enregistrement où les trois autres semblent peut-être encore plus en évidence, mais qu’importe il plaira de toute façon aux amateurs du genre…

Disposition (Instrumental)


Beast Of Bash (Instrumental)


One Million Squared (Instrumental)
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 22 avr. 2022 10:29

Une petite remontée concernant l'autre Avishai Cohen, le bassiste:
Douglas a écrit :
ven. 18 oct. 2019 18:50

Image

Je ne serais pas si sévère concernant Avishaï Cohen le bassiste, bien que j'admette que tous ses albums ne soient pas au niveau. Il a été pas mal critiqué suite à ceux où il chante ou joue en compagnie d'un grand orchestre, perso j'avoue ne pas être trop sévère, même quand il glisse dans l'easy listening, d'autres l'ont fait, c'est tout de même un énorme bassiste. Le voici à son meilleur sur l'excellent album "Gently Disturbed" où il joue en trio aux côtés de Mark Guiliana à la batterie (encore lui) et Shaï Maestro au piano, voici deux compos signées par le trio:

Eleven Wives



Pinzin Kinzin

We will dance again...

Répondre