J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 30 juil. 2021 01:10

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Ce double Cd représente assez bien ce que fut la musique de Don Cherry à un tournant de sa vie, captée ici à Châteauvallon en 1972, un événement alors diffusé en direct à la télé, ce qui montre qu’elle n’était pas si sclérosée que çà, la télé à papa.

Don Cherry prend un virage musical d’importance, il abandonne la trompette de poche, ses vieux amours, le jazz et le free, et le voici devenu chanteur, pasteur, joueur de piano et d’harmonium. Dilué dans « l’Organic Music Theater » il livre ici une performance étonnante très typique de la période hippie, Peace & love, à la recherche d’un idéal universel et communautaire.

Cet engagement de vie au travers de son art est évidemment un choix engagé, reflet d’une époque pleine d’idéaux dont certains se moquent aujourd’hui, le cynisme l’ayant finalement emporté sur une certaine naïveté, mais qu’importe, car à Châteauvallon c’était soir de fête !

Les voici rassemblés sur la scène, venus d’un peu partout, Don Cherry (piano, harmonium, tanpura, vocals), Naná Vasconcelos (berimbau, percussion), Christer Bothén (donso ngoni, piano, light percussion), Doudou Gouirand (soprano saxophone, alto saxophone, light percussion) et Moki Cherry (tanpura, vocals). On remarque la présence de Naná Vasconcelos qui annonce le groupe « Codona », la présence du français Doudou Gouirand et celle de l’épouse de Don Cherry, « Moki » qui a également organisé la scène et les décors avec ce style si particulier qui se déploiera également sur nombre de magnifiques pochettes.

Une musique, avant tout reflet des voyages au travers du monde, des rencontres avec les hommes et les femmes, et aussi avec les cultures, différentes, particulières, avec des parties communes aussi. Beaucoup de traditionnels sont chantés, des ragas, des chants brésiliens, des litanies africaines. On a souvent parlé de world music, et encore plus souvent aujourd’hui, pour réfuter le terme. Mais alors, en 1972, ces mots avaient une signification bien réelle, comme chantés ici, sur cet album, ils représentent ce que désigne vraiment ces deux termes : « World Music », telle qu’elle a été conçue par le plus grand messager du genre.

Modifié en dernier par Douglas le mer. 11 mai 2022 03:07, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 31 juil. 2021 02:34

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Blue Note Re :Imagined

Voici un album paru en fin d’année dernière, c’est une compile, format double vinyle, avec un thème « Blue Note Re :Imagined ». La nouvelle génération va donc interpréter des thèmes écrits autrefois par quelques vedettes du catalogue à la note bleue.

Parmi les interprètes il y a quelques têtes d’affiche en vogue, c’est un peu toujours les mêmes, Ezra Collective qui joue « Footprints » de Wayne Shorter, Alfa Mist qui a choisi « Galaxy » composé par Eddie Henderson, Nubya Garcia qui joue « A Shade of Jade » de Joe Henderson, Shabaka Hutching interprète « Prints Tie » de Bobby Hutcherson et la formation Melt Yourself Down qui a réimaginé « Carribean Fire Dance » de Joe Henderson, on peut y entendre aussi une belle reprise de "Rose Rouge" de St germain qui ouvre la danse.

Il y a également « Maiden Voyage » et « Watermelon Man » d’Herbie Hancock qui sont repris ainsi qu’un second thème de Bobby Hutcherson, « Montara », et un autre encore de Wayne Shorter « Armageddon » le plus réinterprété ici puisque « Speak No Evil » est repris par Emma et Jean Thacktray. Les amateurs de Laurence Mizell apprécieront « Ring Parade » interprété autrefois par Andrew Hill et ceux de McCoy Tyner « Search For Peace » repris par Ishmael Ensemble, et il y a d’autres interprétations encore…

Globalement l’album baigne dans une ambiance très soul, teintée parfois de hip hop et d’électro, un son plutôt dans l’air du temps qui laisse derrière lui le bop d’autrefois, les relectures sont donc dans le vent et le souffle du temps qui pousse vers l’avant la nouvelle génération de musiciens londoniens.

Beaucoup de remix ici, des relectures qui dépoussièrent un peu, sans pourtant que le besoin ne se fasse sentir, mais qu’importe, le challenge est là et il faut relever ce défi, ce qui plaira aux amateurs de sons modernes et aux curieux musicaux, en quête de frissons nouveaux, bien qu’ici la démarche commerciale ne soit pas bien loin.

Ezra Collective - Footprints (Visualiser)


Poppy Ajudha - Watermelon Man (Under The Sun)


Jorja Smith - Rose Rouge


Skinny Pelembe - Illusion (Silly Apparition)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 1 août 2021 03:36

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Voici « Le Quatuor De Jazz Libre Du Québec », une formation qui est présente sur FJMt° mais avec l’autre album, mais qu’importe, celui – ci n’est pas mal non plus. Il est sorti en 1969 sur London Records et a été assez souvent réédité, ce qui lui donne une bonne accessibilité.

Ils sont quatre donc, Jean Préfontaine au saxophone ténor, Yves Charbonneau à la trompette, Maurice C. Richard à la contrebasse et Guy Thouin aux percussions, il y a également un invité, Pierre Nadeau au piano.

En ces années lointaines le « Quatuor de jazz Libre Du Québec » était considéré comme un OVNI avant-gardiste de haute volée, le temps passant il s’est même forgé une légende et ce premier album dans sa version originale est devenu assez rare, mais il a su conserver son côté libre, sachant sortir des sentiers battus et des ornières, rebelle il était et rebelle toujours il est !

Le groupe a suivi Robert Charlebois en tournée, l’accompagnant avec efficacité. Entre 70 et 72 il a créé une « commune » politique et a animé « Le Petit Québec Libre » et s’est vu surveillé par la « Gendarmerie Royale du Canada » qui incendia même une grange où ils opéraient.

A la fin des années soixante le groupe devint une légende underground au Québec où il circuite, propageant la « Great Black Music » interprétée de façon locale et promouvant ce fameux « Québec Libre » qu’avait lâché De Gaulle sur les terres francophones.

Cet album, donc le premier et seul officiel, ne restitue pas entièrement la folie du groupe qui éclatait sur scène, contrairement au second paru ultérieurement et qui se verra célébré par FJMt°. Il est soutenu ou maintenu par une base assez classique dont il s’échappe par la rage de ses solos et ses audaces instrumentales qui font plaisir. Il y a même un certain souci de l’expérimentation qui se manifeste par exemple sur « Il n’avait jamais Fait Si Beau Si Longtemps ».

Une formation à découvrir, comme une offrande de la part de nos proches cousins.

Le Quatuor de Jazz Libre du Quebec - Fuseau


Le Quatuor de jazz libre du Québec - Stalisme dodécacophonique
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Message par Douglas » lun. 2 août 2021 04:06

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Une jolie pochette qui se double d’une activité ludique, en effet la position figée sur le jeu d’échec vous donnera l’occasion de résoudre un petit problème : les blancs jouent et font mat en deux coups, mat forcé évidemment. Juste pour célébrer l’élégance et la beauté du jeu, dans une suite de coups très courte, mais inattendue.

Elégance et beauté sur l’album également, mais surtout du surprenant et du créatif, comme sur l’échiquier. « Gruppo Di Improvvisazione Nuova Consonanza » est tout simplement le premier collectif de compositeurs à briser les murs et à ouvrir en grand l’espace de la composition libre et improvisée.

Ils ont tous l’air d’être très sages mais ce sont des fous furieux, Franco Evangelisti au piano et aux percussions, Egisto Macchi aux cordes et aux percussions, Antonello Neri au piano et à divers instruments, Giovanni Piazza au cor, à la flûte et au violon et, le membre de l'Orchestre italien Instabile, Giancarlo Schiaffini au trombone et à la flûte.

Mais ce n’est pas tout, il y a également celui qui est surtout connu pour ses bandes-son cinématographiques, Ennio Morricone lui-même à la trompette, à la flûte et à divers instruments. Une sorte de réunion de tout ce que l’Italie à créé de musiciens géniaux et qui a occupé tout l’espace de la création musicale underground italienne depuis le milieu des années soixante.

Un album qui fait merveille au moment de l’endormissement, quand la fatigue est là et que le corps se repose, sous la caresse de la petite brise qui rafraîchit, en vagues successives, les excès de l’été. Par à-coups réguliers, savamment orchestrés, bruits, légères percussions, grattements s’additionnent et s’organisent en un désordre apparent qui vous enveloppent en stimulant l’espace de tous côtés, ça y est, la magie est commencée, juste se laisser porter … Si tout se passe normalement, vous devriez vous endormir avant ou pendant l’ Omaggio A Giacinto Scelsi !

Une recommandation FJMt°.

Gruppo Di Improvvisazione Nuova Consonanza ‎- Musica Su Schemi (1976) (The Group) FULL ALBUM
00:00 A1. Schema 1
09:01 A2. Schema 2
20:20 B1. Schema 3
22:50 B2. Omaggio A Giacinto Scelsi

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Message par Piranha » lun. 2 août 2021 21:33

Un album "rare" de Pharoah Sanders : "Pharoah" (1977 Indian Navigation)

Rarement cité, il n'a jamais été réédité sinon de façons pas officielles (dont cette copie sur Alternative Fox, sortie en vinyl en 2020).
3 titres et 41 minutes de jazz spirituel où l'on entend PH chanté sur un titre et où la guitare se fait bien présente avec un superbe solo de Tisziji Muñoz

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L'extrait :

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 3 août 2021 02:19

Tu fais bien de signaler cette réédition, même si elle n'est pas officielle!

On avait parlé de cet album il y a quelques temps, je remonte...

Douglas a écrit :
mer. 21 oct. 2020 07:06
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Il existe deux couvertures, l'une marron et l'autre bleue, celle du Cd est très différente.

Je saisis l’opportunité qui m’est donnée pour dire deux petits mots de cet album très particulier dans la discographie de Pharoah Sanders. J’ai déjà évoqué sa grande rareté, elle s’explique assez facilement, Pharoah était en errance de label et une opportunité lui est proposée par "India Navigation Company", un label underground basé à New York, il signe. Faute de moyens le tirage est relativement confidentiel alors que la renommée de Pharoah ne cesse de grandir, la distorsion engendrée par ce grand écart explique les prix. Les seules rééditions vinyles qui se trouvent sur le marché sont pirates, imitant tant bien que mal l’original. Il y a fort à parier que les « masters » n’ont pas été utilisés.

Par contre, comme le dit fort bien whereisbrian « Harvest Time » qui occupe à lui seul la première face est une « merveille de titre [plein de] groove et [de] spiritualité ». Il se distingue du reste de la discographie de Pharoah par une économie de moyen et une certaine sobriété. Il est accompagné par le guitariste Munoz avec lequel il joue en duo pendant l’introduction, le bassiste Steve Neil et, vers la fin du titre, par Lawrence Killian aux percussions et Bedria Sanders à l’harmonium.

Le titre est très zen, ici pas de luxuriance au niveau des percussions ni d’exubérance d’aucune sorte, cette sobriété ne signifie pas une économie d’investissement de la part de Pharoah qui joue quasiment tout du long, en laissant un peu de place aux impros de ses partenaires tout de même, sans jamais risquer le cri dont il est habituellement un grand amateur. Le bassiste Steve Neil est le grand interlocuteur de Pharoah sur cette pièce, le son de la basse est primordial ici, lancinant, répétitif, plein de calme et de sérénité. Pharoah se repose sur ce groove délicat pour dérouler un solo passionnant où même la respiration s’entend, la prise de son est délicate, quel contraste avec la face deux beaucoup plus négligée !

Après l’extraordinaire réussite de la première face, la seconde passe (un peu) à côté. La formation se modifie avec l’arrivée de Jiggs Chase à l’orgue et de Greg Bandy à la batterie qui remplacent leurs homologues. "Love Will Find A Way" est très enlevé avec Pharoah au chant et aux percussions, on retrouve le sens de la joie et de la fête qui se manifeste souvent dans sa musique, festif et joyeux donc, mais la prise de son est lointaine pour la batterie et trop imparfaite, heureusement le solo de ténor est particulièrement réussi, ce qui équilibre l’impression d’ensemble, le solo de guitare de Munoz plaira aux amateurs de Carlos Santana qui retrouveront la couleur du maître guitariste.

Le dernier titre « Memories of Edith Johnson » en souvenir probablement de l’actrice de ce nom, est le plus court, cinq minutes, c’est sans doute également le moins mémorable, il prend la forme d’un spiritual, malheureusement la prise de son n’est pas à la hauteur.

On retiendra essentiellement cette première face éblouissante.

PHAROAH SANDERS - Harvest time
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Message par Douglas » mar. 3 août 2021 02:29

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Marion Brown ‎– Le Temps Fou

Une réédition très récente, et comme je ne l’avais pas celui-là… C’est la bande-son d’une musique de film, « Le Temps Fou » de Marcel Camus. Il est vrai que la musique est très descriptive et qu’elle semble coller à une suite d’actions, peut-être un casse avec fuite, un genre comme çà, semble suggérer la musique sur ce premier titre « Le temps fou ».

Après « Three For Shepp » sur Impulse et « Gesprächsfetzen », c’est le troisième album de Marion Brown, il est ici en bonne compagnie avec Gunter Hampel au vibraphone et à la clarinette basse, Ambrose Jackson à la trompette et au tambour, Barre Phillips à la contrebasse, aux castagnettes et au sifflet, Steve Mc Call à la batterie, au triangle et aux percussions et Alain Corneau aux percussions, que l’on entend au loin.

Au verso de la pochette figure la distribution cinématographique avec Nino Ferrer en vedette, Daniel Beretta, Jessica Dorn et Jacques Legras, le film sortira finalement sous le nom d’« Un été sauvage », en 1970. La bande son, elle, est devenue extrêmement rare, une pièce de collection dans sa version originale, le tirage étant limité à une faible quantité.

Alors forcément la pièce est belle avec l’excellent « Boat Rock » en début de face deux, sautillant et même explosif entre un vibraphone narratif, tout en suspens, et un Marion Brown explosif dont la sonorité du sax est attisée par l’acide de la trompette de Jackson toute en tension.

Puis vient « Ye Ye » énigmatique, en points d’interrogation, d’exclamation ou de suspension, jouant d’une grammaire où les phrases ne sont jamais à la forme affirmative. La dernière pièce, « en arrière » offre l’opportunité à chacun de jouer des percussions, le climat est tropical, la jungle, des animaux, du danger aux alentours, rien de rassurant dans ce monde hostile où la vie ne tient (c’est certain) qu’à un fil. La trame, ainsi, s’effiloche en gros plan sous les yeux des spectateurs...

Un bel album, cinq titres composés par Marion Brown et un autre « Cascatelles » par Barre Phillips. On se doute bien que le film ne méritait pas une très grande attention, mais il en est différemment de cette bande son plutôt free, se concentrant sur les climats et les ambiances, quelques plongées émérites en des lieux peu hospitaliers où l’auditeur peut risquer sa vie dans une ((toute relative) sécurité.

Marion Brown – Le Temps Fou [Full Album]

00:00 Le Temps Fou
05:24 Cascatelles
10:55 Song For Serge And Helle
17:34 Boat Rock
22:33 Ye Ye
28:41 En Arrière

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Message par Piranha » mar. 3 août 2021 11:49

Tiens écouté ce weekend.
Pas acheté (encore acheté ?). Il faut que je le réécoute

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 4 août 2021 03:48

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Archie Shepp ‎– Live In Paris 1974 - Lost ORTF Recording

Et voici venir un enregistrement inédit du Quintet d'Archie Shepp, enregistré à Paris le vingt-trois mars 1974, dans des conditions live, au Studio 104 de la Maison de Radio France. L’album comprend l’intégralité de la performance. Shepp au saxo est entouré du fidèle Siegfried Kessler au piano, de Bob Reid à la basse, de Noël McGhie à la batterie ainsi que du percussionniste Pablo Kino. C’est publié en vinyle par « Transversales Disques » qui avait également fait paraître l’album de Pharoah Sanders issu également d’un concert provenant des archives de l’INA.

Le grand intérêt de cet album c’est qu’il couvre une année muette en enregistrement de la part d’Archie Shepp, sauf erreur de ma part il n’a plus rien enregistré depuis « The Cry of My People » son dernier album enregistré pour Impulse les 25 et 27 Septembre 1972.

Il reprendra la suite des sorties officielles en 1975, le 12 Avril pour « There's a Trumpet in My Soul », le dix-huit juillet il enregistre les deux live à Montreux, les 4 et 5 Août 1975 c’est l’enregistrement pour Black Saint de l’énorme « A Sea of Faces », puis, sur Horo l’excellent « Jazz A Confronto 27 » et un peu plus tard, le 16 Octobre 1975 « Mariamar », puis le concert du 24 Octobre 1975 « À Massy - U-Jaama "Unité" » et, dès le lendemain, il enregistre l’album « Bijou », le dernier d’une année exceptionnelle, particulièment bien renseignée. L’Italie réussit bien à Shepp qui n’y a enregistré que des albums marquants, au moins trois très grands disques, cette année-là.

Je m’autorise ces nombreuses digressions car beaucoup trop souvent on ne considère dans sa discographie que les Impulse et quelques BYG, ce qui est une profonde erreur comme en témoigne cette riche année 75, d’autant que l’album de Massy est également un « must have ». Ça met le doigt également sur l’importance de cette sortie, particulièrement pour cette longue version de plus de vingt-quatre minutes de « Things Have Got To Change » qui a encore pris de l’épaisseur par rapport à la version Impulse, moins soul et plus tendue, elle est transfigurée et encore plus engagée.

Un standard en début de face deux, « Along Came Betty » de Benny Golson, Shepp a toujours aimé rendre hommage à l’histoire du jazz en réinterprétant ses classiques, il s’en est même fait un spécialiste. Pour finir une impro « Blues for Donald Duck » qui permet à ses musiciens de sortir des ornières et d’exprimer leur créativité.

Côté technique c’est tout à fait correct et le son est bon, sans atteindre l’excellence du studio mais qu’importe, l’intérêt est ailleurs.

Things Have Got To Change (Live in Paris 1974)


Along Came Betty (Live in Paris 1974)


Blues For Donald Duck (Live in Paris 1974)
Modifié en dernier par Douglas le mer. 11 mai 2022 03:18, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 5 août 2021 02:44

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Cet album n’est qu’en partie relié au monde du jazz, il appartient tout autant au rock, au prog ou à la fusion, mais on s’en bat un peu des étiquettes, car il est fameux cet album, une pépite qui ne doit rien aux poncifs du jazz-rock qui ont circulé sur la planète en des temps plus anciens, souvent ennuyeux, démonstratifs ou carrément pompiers.

Ici c’est plutôt de l’orfèvrerie, il a été enregistré en soixante-seize une fois que Hugh Hopper ait quitté le vaisseau amiral Soft Machine, juste après le « VI », c’est son second effort en solo, il succède à « 1984 », un bon album également, mais celui-ci me plaît davantage encore, et, pour tout dire c’est un des meilleurs de la planète « Soft Machine and C° ».

C’est aussi un album très accessible, avec des thèmes et du travail de studio assez important, peu d’improvisations, mais des collages, des enregistrements de flûtes compilées pour donner un effet de « masse », des basses sévères qui enveloppent, un Rhodes omniprésent et une identité très « Canterbury » au final.

C’est moins fin que du Soft Machine, mais cette légère protubérance colle admirablement avec l’image que renvoie Hugh Hopper. Toutes les pièces sont d’ailleurs signées du bassiste sauf le très beau « Lonely Woman » d’Ornette Coleman qui a droit au traitement « maison » lui aussi ! Les thèmes sont souvent directs avec impact quasi certain d’une très grande efficacité.

Pour autant la musique est plus complexe qu’il n’y paraît, côté rythmique c’est très puissant, riche et enlevé, ça envoie du bois et des cordes. Les solistes peuvent se reposer tranquille sur cette plateforme élastique, Mark Charig au cornet accompagné par Elton Dean à l’alto et au saxello en tête, en alternance avec Gary Windo, sa basse clarinette et ses saxs. Les musiciens alternent, se croisent au gré des enregistrements, mais tout gravite autour de Hugh.

« Hopper Tunity Box » possède un côté rock très appuyé, mais aussi une certaine nonchalance, un plaisir de jouer qui transpire. D’ailleurs ce côté studio très réel, s’efface derrière l’enthousiasme qui se lit ici, un peu comme si tout avait été écrit d’un jet, bien que la réalité soit très différente.
A recommander à ceux qui n’ont pas encore ouvert cette belle boîte !

Miniluv


SPANISH KNEE


THE LONELY SEA AND THE SKY


Facelift (Extended)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 6 août 2021 04:47

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J’ai écouté et découvert le guitariste Julian Lage lorsqu’il a enregistré aux côtés de John Zorn, peut-être a-t-il rencontré ce dernier par l’intermédiaire du batteur Kenny Wollesen qui les a côtoyés tous deux. Pour ce qui me concerne, que ce soit au travers de « Salem », du « Book Beri'ah » en 2018, ou de « Nove Cantici Per Francesco D'Assisien » de 2019, ou encore de « Virtue » ou de « Songs for Petra » en 2020, j’ai été séduit et même impressionné par ce musicien.

C’est la raison pour laquelle je n’ai pas attendu pour commander « Squint » qui vient de sortir sous le nom du guitariste. Il opère en trio avec le bassiste Jorge Roeder et le batteur Dave King qui qui tient également la batterie dans le groupe « Bad Plus ». L’album sort sur Blue Note, ce qui est une sorte de consécration pour un musicien de jazz, ça marche encore, après toutes ces années.

Il faut dire qu’ici on baigne dans le classicisme, Julian est un guitariste extrêmement doué, jeune, il sait déjà tout faire, tout jouer à la perfection. Pour un gars comme lui la seule chose que l’on demande c’est de savoir s’il a une âme, enfin si ça s’entend et je crois pouvoir répondre que oui.

Il pourrait se la péter, mais non, il penche plutôt côté Bill Frisell, souriant et modeste, enfin c’est comme ça que je l’imagine. Ici seulement deux reprises, le reste ce sont ses compos et pour ceux qui aiment avoir affaire à des trucs fins et mélodiques, Julian est leur homme !

La basse est ronde et complice, ces deux-là se fréquentent depuis longtemps et l'amitié les rassemble. Le jeu de Dave King à la batterie est moins évident, déjà dans le choix d’une sonorité assez sèche, habile mais très directe, j’allais dire rock, mais ce serait abusé.

Un chouette album de jazz, virtuose mais sans tape à l’œil, il passe très vite et le vinyle à la note bleue est bien joli…

Julian Lage - Boo's Blues


Squint


Emily


Quiet Like A Fuse
Modifié en dernier par Douglas le mer. 11 mai 2022 03:21, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 7 août 2021 03:10

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Marc Ribot's Ceramic Dog - Hope

Je suis avec assiduité le « Marc Ribot's Ceramic Dog », autrefois plus simplement nommé Ceramic Dog, sans doute des raisons commerciales poussent à mettre en avant le guitariste et principal compositeur pour le groupe, Marc Ribot, qui jouit d’un grand prestige bien au-delà du jazz.

Et d’ailleurs si ses racines sont bien jazz, cet album s’en éloigne d’une certaine façon, en rejoignant la musique rock et plus largement celle qui se moque des petites cases et des étiquettes. Cet album est fait pour plaire à tout le monde…

C’est un album du confinement, Marc Ribot a réuni son trio, Shahzad Ismaily à la basse et aux claviers en compagnie de Ches Smith, batteur, percussionniste et à l’électro. Les trois se sont rencontrés sans se toucher, séparés par des cloisons dans le studio, communiquant au travers des micros, le casque sur les oreilles, sans même pouvoir se voir…

De quoi laisser place à l’imagination, à l’intuitif, au feeling et, parfois les effets sont grands car l’album est magistral. C’est vrai, je suis fan, donc pas compliqué à convaincre, mais il me semble que cet album est une véritable réussite, en premier lieu par sa diversité, on glisse d’un style à l’autre sans que jamais ça n’étonne, un peu comme si la route le décidait et que le fil qui se déroule est à la fois sinueux et nécessaire.

Le premier vinyle est le plus immédiat, parfois carré, direct, qui touche au cœur, à d’autres moments il frappe par le côté, avec de petites banderilles qui arrivent au bon endroit, comme sur « The Activist » qui vise Donald Trump. Le format chanson est très usité et c’est plutôt un régal. Sur le second vinyle c’est un peu plus expérimental mais toujours aussi passionnant, musique de climat, de sensations, l’esprit s’envole et fait cache-cache avec le dehors où tout se ferme. La face D se fige pendant seize minutes, elle n’existe que sur quelques versions vinyles, un son continu qui varie parfois un peu, gagne puis perd en intensité, comme un drone…

« Hope » nous dit Marc Ribot, « c’est cela, oui… »

B-Flat Ontology


The Activist


Maple Leaf Rage


They Met in the Middle
Modifié en dernier par Douglas le mer. 11 mai 2022 03:23, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 8 août 2021 02:23

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Ran Blake Quartet - Short Life of Barbara Monk

Voici le seul album du « Ran Blake Quartet », il se nomme « Short Life of Barbara Monk », le pianiste est conforté par l’excellent Ricky ford au sax ténor, ED Felson à la basse et Jon Hazilla à la batterie, l’enregistrement est paru en 1987 sur le label italien « Soul Note », le petit cousin de « Black Saint », qui publie des bandes travaillées le vingt-six août 1986 dans les studios « Blue Ray Recording » dans le Massachusetts.

J’aime beaucoup cet album, moins intimiste que la plupart des albums du pianiste, mais qui dévoile une énorme variété de climats au fil des plages. On retrouve le goût de Ran Blake pour le travail bien fait, la plongée dans des mondes typés, l’orient et son exotisme « Una matika De Ruda », la montée dramatique avec « Impresario Of Death », la ballade lyrique avec « In Between », La frappe du destin sur « Short Life of barbara Monk ».

Cette dernière est bien la fille de Thelonious qui décéda suite à un cancer seulement deux années après son père. La mort n’est qu’un thème de passage ici, car les atmosphères varient, après le dansant « 23 Degrees North-82 Degrees West » arrive « Dark » plaintif et langoureux pour de nouvelles touches impressionnistes encore.

Ses compères sont parfaits, particulièrement Ricky Ford, très expressif dans la trame narrative, car ici on raconte, on monte des scénettes auditives et les pièces dévoilent un petit scénario, une histoire qui crée des images, comme au cinéma, mais chez soi, les yeux fermés. A ce jeu Ran est le meilleur et ses compères se plient volontiers aux trames imaginées par le bouillant compositeur. La paire rythmique est constitué par d’anciens élèves de Ran Blake, des familiers donc.

Vraiment un très très bel album, signé du magnifique pianiste !

Ran Blake - The Short Life of Barbara Monk


Ran Blake Quartet - Vradiazi
Modifié en dernier par Douglas le mer. 11 mai 2022 03:24, modifié 1 fois.
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Message par Douglas » lun. 9 août 2021 03:29

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Damon Locks Black Monument Ensemble - Now

Et voici le retour du Damon Locks Black Monument Ensemble dont le tout premier album siège fièrement en première position sur ce fil, présenté par Piranha, le cinq août 2019. Depuis le temps s’est écoulé, et le second album de la formation paraît à la pointe de l’actualité, toujours sur International Anthem, il se nomme simplement « Now » et est annoncé en précommande depuis un bail déjà.

Le mien est doré, en fait il tire plutôt vers le blond vénitien, on cherche vainement au creux de le main les cent quarante grammes annoncés, mais qu’importe, ça n’améliorerait de toute façon en rien le son. Cette fois-ci il semble que le pressage vienne d’Allemagne sans qu’il n’ait transité par Chicago, ce qui est de bonne gestion et améliore les délais de livraison. Espérons que cela ne fâche pas Angel Bat Dawid qui avait crié au racisme lors de son voyage chez nos voisins teutons, bien que, le temps passant, il semble qu’une lecture un peu moins accusatrice et plus mesurée se soit imposée dans ses propos.

A l’intérieur figure une affiche de bonne taille avec, au verso, divers renseignements, paroles et photos qui éclairent le projet musical. Voici l’équipe des musiciens, Angel Bat Dawid à la clarinette, Ben LaMar Gay au cornet et au melodica, Dana Hall à la batterie, Arif Smith aux percussions et Damon Locks aux samples et à l’électro. Il y a également des chanteurs et vocalistes, Phillip Armstrong, Monique Golding, Tramaine Parker, Richie Parks, Erica Rene et Eric Tre’von.

L’album passe très vite et dure un peu plus de trente minutes, il s’est enregistré à la fin de l’été de l’année dernière, en quelques jours seulement. Selon Damon Locks, les événements imposaient une question à laquelle il fallait réfléchir : "Puisque l'avenir s'est déroulé et a pris une forme nouvelle et dangereuse... que se passe-t-il MAINTENANT ?”

Il ajoute « qu’il s'agissait plus de se réunir pour communier et faire de l'art que de produire un album. » Bon maintenant que l’album est là, il nous faut l’écouter… Bien qu’il file à la vitesse d’une cellule au galop et qu’il faille souvent se lever pour tourner la face, il se cache de la bonne musique le temps de s’asseoir et de mettre le casque…

Sans surprise, musique tirant vers le gospel, les sonorités électros, les rythmes africains avec l’excellent percussionniste Arif Smith, des chœurs sympas, de beaux et courts solos de Ben LaMar et d’Angel Bat Dawid, des collages et des arrangements qui vont bien, et… vite il faut se lever !

A l’heure où les Cds frôlent les soixante-dix minutes de musique, c’est sûr que c’est bien short tout çà et qu’on aurait aimé que les réponses à la question posée soient plus développées… d’autant que des parties conversées sont collées entre deux pistes, sinon on ne dépassait même pas les trente minutes !

Finalement il manque un peu de poids cet album.

Damon Locks Black Monument Ensemble ‎– Now (2021)
Modifié en dernier par Douglas le mer. 11 mai 2022 03:26, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 10 août 2021 02:43

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Nurse With Wound - Rock’n Roll Station

Qui qu’écoute encore « Nurse With Wound » par ici ? Y’en a sûrement, alors pour les ceusses qui s’écorchent les zoreilles voici « Rock’n Roll Station » version « Abstrakce Records » remasterisée en version deux vinyles, sortie en 2020 avec un mix inédit de "Subterranean Zappa Blues". Y’a que huit cents copies, mais de toute façon ils mettront du temps à les vendre, zavez le temps, il en restera encore quand tous les Damon Locks Black Monument Ensemble seront vendus.

Ça commence par la version de Nurse With Wound du « Rock’n Roll Station » de Jac Berrocal, on ne sait pas très bien qui se trouve dans le rôle de Vince Taylor, mais ça le fait bien, on retrouve le côté lancinant et répétitif avec les mots qui cognent et les phrases chocs qui font mouche. Ce départ est significatif et préjuge de la suite.

Steven Stapleton joue des « Things that make noise », tandis que Colin Potter lui joue des « Things that change Noise » et que Peat Bog joue du didgeridoo et de la guitare rythmique. Les parties vocales sont partagées entre Sarah Fuller, Sarah Dawson, Dizzy, Ruby Wallis et Christal Belle Scradd.

De l’électro, pas mal, avec des boîtes à rythmes sans doute, quelque chose d’un peu expérimental mais pas trop, ou pas tout le temps, de quoi s’ancrer quelque part en tout cas, c’est très minimaliste et comme souvent dans ces cas-là très répétitif, avec des évolutions souvent lentes, ce qui n’exclue pas parfois la brutalité, mais pourtant il n’y a pas de sentiment d’agressivité : l’auditeur est plutôt coucouné.

Y’a de la masse, du poids, près d’une heure de bon, ça c’est pour ceux qui veulent pas se lever trop souvent pour se resservir la même soupe^^

On entend bien le didgeridoo sur « Two Golden Microphone », le plus vieil instrument du monde est à la fête, il est incorporé avec les sons les plus neufs, nés de l’électro, mais l’ambiance « jungle » qui sied si bien à cet instrument est présente. La pièce est hypnotique, les rythmes qui l’habitent se multiplient jusqu’à devenir essentiels, ils parlent au ventre, directement, se greffent des voix, des chants, basiques, deux syllabes, en rythme, et les sons s’envolent. Puissant.

Si les gens dansaient sur ces sons, à la plage où je vais, quand la nuit est noire, et qu’ils fermaient les yeux, alors ils seraient pris, ce serait, c’est certain, l’heure de la transe et des esprits. Par bonheur ils préfèrent la techno est basique, alors ils boivent.

Face C le voyage continue avec « A Silhouette and a Thumbtack Dance In Hyperspace », là, ils seraient plutôt contents, les danseurs pleins de bière, sur la plage, enfin juste le temps de cette pièce, squelettique, rythmique, qui vit sur quatre temps répétitifs tout du long, et puis vient la montée.

Vers « R+B Through Colis Browne », le morceau qui suit. Là ça se complexifie un peu, c’est toujours aussi minimaliste mais il y a du corps et surtout, les esprits chantent, et on sent bien qu’ils sont mauvais et qu’ils progressent vers nous…

Avant le morceau bonus qui ferme l’album, c’est l’heure de « Finsbury Park May 8th, 1_35PM (I’ll See You In Another World) », la pièce indus de l’album, enfin celle qui évolue dans ce registre souvent suivi par NWW, pièce en deux parties qui s’écoule vers un univers bruitiste et minimaliste.

« Subterranean Zappa Blues (Altrernative Mix) » n’est pas prévue à l’origine pour conclure l’album, ce rôle conclusif est échu à la pièce précédente qui s’acquitte très bien de cette fonction avec son « Welcome to Heaven ». Du coup ce morceau inspiré par Frank Zappa paraît un peu incongru et pas trop à sa place, mais la pièce est chouette et nous plonge assez bien dans l’univers du moustachu, ce qui fait que tout est pardonné…

Pas très jazz cet album, mais c’est son seul défaut !

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Nurse With Wound - Rock 'n Roll Station


Nurse With Wound - Two Golden Microphones (full version)


Nurse With Wound - The Self Sufficient Sexual Shoe


NURSE WITH WOUND / Finsbury Park, May 8th, 1:35pm ( I'll See You In Another World)
Modifié en dernier par Douglas le mer. 11 mai 2022 03:28, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 11 août 2021 05:13

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Lage Lund With Sullivan Fortner, Larry Grenadier & Tyshawn Sorey ‎– Terrible Animals

Voici « Terrible Animals » un album du norvégien Lage Lund, guitariste de son état. C’est un album que je dois à Jazz Mag qui l’a chroniqué ce mois-ci, j’aime la guitare jazz et bien m’en a pris, car l’album vaut grandement le détour. Méfiez-vous de la pochette et de ses petits airs rétro, elle est trompeuse et me présume pas du contenu.

L’album est assez récent en fait, bien qu’enregistré en avril 2018, il lui a fallu un peu de temps pour arriver en nos contrées. C’est un quartet que l’on entend ici, Sullivan Fortner est au piano, Larry Grenadier à la basse et Tyshawn Sorey à la batterie. C’est du solide, je connais Larry Grenadier pour l’avoir pas mal écouté, les deux autres sont tout aussi fameux, Tyshawn Sorrey est très volubile, d’une précision redoutable et ne joue pas trop des silences, c’est une sorte de chevalier de l’assurance tous risques.

C’est du velours pour Lage Lund qui joue également des effets, bien porté par Sullivan Fortner au jeu très post bop à tendance aventureuse, un as du répertoire « classique jazz » qui ne s’économise pas non plus. Lage Lund n’a plus qu’à s’envoler vers les sphères, on pense à Pat Metheny, mais aussi à Bill Frisell et surtout à Mary Halvorson.

Vous aurez le temps de vous poser pour vous faire votre idée, l’album dépasse les soixante-sept minutes, et, s’il est vrai que l’ensemble du répertoire signé Lund constitue un ensemble reconnaissable, chaque titre est particulier, avec son atmosphère, ses solos des uns et des autres, et permet au guitariste d’ouvrir largement ses ailes pour nous éblouir et nous surprendre à chaque fois, quel que soit le tempo.

Des contrastes aussi, bien qu’ici on n’ait rien contre les belles mélodies et les accords qui s’enchaînent bien, mais parfois des « effets » un peu surprenants, tendance noise, oui, oui. Quelques dissonances également qui surprennent, des bruits de fond également, c’est pourquoi la référence à Mary Halvorson n’est pas usurpée, puisque son nom évoque la modernité jazz, cadre qui convient assez bien au norvégien.

Un chouette album qui mérite votre écoute.

Hard Eights


Aquanaut


Suppressions


Haitian Ballad
Modifié en dernier par Douglas le mer. 11 mai 2022 03:30, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 12 août 2021 02:32

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Alors que je m’apprêtais à parler d’un album paru très récemment ne voilà-t-il pas que le Cd en question, neuf et à peine descellé me lâche sur un défaut de pressage, il faut savoir que ce genre de petits méfaits à de grands effets sur moi et que du coup j’ai posé le stylo à touches.

Le temps de me reconstituer, en fin de journée, je décide d’aller dénicher une vieillerie digne d’intérêt, bien que pas du tout à la mode : ce vieil album de Coleman Hawkins, la complète RCA en deux volumes, celui-ci étant le premier, nous plongeant entre 1924 et 1940. Il faut dire que l’époque était aux soixante-dix-huit tours, ce qui évidemment, tout ici rassemblé, raccourcit cette longue histoire en quatorze pistes bien serrées.

Cette collection, la « Black and White series » est sortie entre la fin des années soixante-dix et pendant les années quatre-vingts, celui-ci est le volume 170 ! C’est une série économique dirigée par RCA France qui contient un nombre incalculable de pépites, le plus souvent issues des « masters recordings » de la maison mère, comme ici.

Coleman Hawkins est resté longtemps dans la formation de Fletcher Henderson et a su donner ses lettres de noblesse au saxophone ténor, après lester Young et en même temps que Bud Freeman. On trouve ici la pièce qui le fit mondialement connaître des amateurs de jazz « Body and Soul » qu’il enregistra le onze octobre 1939.

Leader de la session d’enregistrement il illumine ce standard alors qu’il revenait d’Europe. On peut y entendre le gros son qui marque sa particularité, c’est ample et très rond, un poil velu avec un gros lyrisme, trois minutes pendant lesquelles il rénove le style du ténor, débarrassé des fioritures d’antan, allant à l’essentiel en utilisant, du grave à l'aigu, tout le spectre de son instrument.

Pourtant il ne faudrait pas réduire cet album à ce seul enregistrement, d’autres pièces sont également remarquables comme « One Hour » de 1929 ou « She’s Funny That Way » avec Thelma Carpenter au chant, ou encore « Bouncing With Bean », le « haricot » étant le surnom de Coleman Hawkins.

Il y a en fin d’album également quatre prises inédites, souvent avec un son assez terne mais dévoilant une jam de haut vol et quelques pièces en grand orchestre ! Le volume deux (Low Flame) est consacré aux années 1941-1947 et est tout aussi passionnant.

Coleman Hawkins-Body and Soul 1939.wmv


Coleman Hawkins And His Orchestra - She's Funny That Way


Coleman Hawkins (1904-1969) - One Hour 1929


Coleman Hawkins' All Star Octet - Bouncing With Bean
Modifié en dernier par Douglas le mer. 11 mai 2022 03:39, modifié 2 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 13 août 2021 03:06

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Fuji Yuki | Michel Henritzi | Harutaka Mochizuki : Shiroi Kao

Peut-être certains se souviendront de Fuji Yuki qui avait été évoquée ici, elle chante sur deux titres le second et le troisième. Figure également sur l’album Harutaka Mochizuki qui joue du saxophone alto sur les deux autres titres, c’est-à-dire le premier et le dernier.

Le troisième musicien, celui qui fait le lien avec les deux autres, c’est Michel Henritzi à l’électro, au lapsteel, à la guitare et aux percussions sur « Ano koe anata datta no » où Fuji pose la voix, il joue également du banjo sur « We Turn in the Night Endless » rejoint à nouveau par Fuji Yuki.

L’album est sorti en format quarante-cinq tours avec un obi, mais il contient un Cd ainsi qu’une carte postale et un insert au même format sur lequel sont écrits les renseignements discographiques. Il y a également un autre insert, cette fois-ci au format quarante-cinq tours, qui contient un très beau texte, poétique, décrivant l’album et sa musique.

L’album est paru sur « An'archives » le label français qui a publié le très beau coffret « Mobilis In Mobili » par Urabe Masayoshi, un disque intègre, fort et puissant pour qui s’en souvient.

Chaque pièce est un climat, une vignette, là est toute la magie de Michel Henritzi d’entrer dans des univers si dissemblables et d’apporter la contribution qui transcende et sublime, souvent au service de l’une ou de l’autre. « Naki tsuma no kushi » qui ouvre l’album est le titre le plus intense, Michel construit un mur du son puissant et terrible sur lequel Harutaka bute avec son saxo, fragile et frêle, presque plaintif, quand il se frotte à la force brutale du monde, désespéré...

Le titre suivant « Ano koe anata datta no » est en contraste total avec le précédent, ici la voix de Fuji flotte dans l’éther, évaporée, délicate et insaisissable, presque évanescente. Les cordes du banjo de Michel font merveille sur « We Turn in the Night Endless » qui dessine un paysage ouaté, fuyant, qui renait sans cesse sous l’effet des éléments, comme si la vitesse suffisait à donner le mouvement.

Peut-être pourrait-on parler de jazz en écoutant Harutaka, mais rien n’est moins sûr, chant tremblotant soufflé du bout des lèvres, au milieu des grands espaces dessinés par Michel, comme une âme qui part en peine…

Vraiment un bel album, découverte magnifique, il date de 2017…

Modifié en dernier par Douglas le mer. 11 mai 2022 03:41, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par vox populi » ven. 13 août 2021 10:57

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J'écoute très souvent les improvisations de Keith Jarret au piano.
C'est presque une expérience philosophique.
Il part d'une page complètement blanche (il s'exerce à désapprendre chez lui, à tout oublié pour n'être connecté qu'à son humeur du moment) et il improvise ..
C'est fascinant d'amener la musique aussi proche de soi.
Ce live est un de ses préférés. Il était visiblement d'humeur assez fougueuse, voir tourmenté ce soir là...

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 13 août 2021 17:28

A propos de Michel Henritzi il est l'auteur de Micro Japon, ouvrage sur le jazz au japon paru chez LENKA LENTE en Mars, 400 pages (un gros pavé) format 15 X 19,5. A base d'interviews.

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Quant à Keith Jarrett c'est évidemment une bonne adresse!
;)
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