J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 24 mars 2022 07:02

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Sonny Sharrock Trio ‎– Dance With Me Montana (1982)

Voici un album de Sonny Sharrock dont on ne parle pas très souvent. C’est un album « Marge » enregistré sous l’égide de Gérard Terronès, sans doute lui reprochera-t-on le peu de notoriété des deux accompagnateurs du guitariste, le bassiste Kendall Buchanan et le batteur Levender Cope qui ne sont tous les deux connus que pour cette participation à cet album.

Ce ne sont pas des virtuoses et leur accompagnement est basique, mais jugé suffisant par Sonny Sharrock pour l’accompagner lors de ce concert au « Jazz Unité » de Paris, La Défense, en cette fin du mois de mars 1982.

Du coup l’expérience pourrait annoncer un échec ou une déception, ce qui d’ailleurs pourrait être le cas pour certains, pourtant cet accompagnement frugal et basique permet à Sonny de rester sur ses fondamentaux et de démontrer avec une effarante véracité, l’éclat de sa sensibilité et de son feeling, sans faire jamais montre d’une technique démonstrative.

C’est la leçon de cet album, du coup vraiment très accessible, trois titres par face, tous signés du guitariste qui régale tranquille, sans prétention, mais avec justesse et simplicité. Jazz ? Oui et non, peut-être un peu rock ou même pop, les étiquettes ici s’envolent au fil des notes de cette guitare qui improvise au fil de l’eau.

L’autre grand intérêt de cet enregistrement c’est de tomber dans une période creuse de la discographie de Sonny, entre l’enregistrement de « Paradise » en compagnie de son épouse Linda et celui de « Last Exit » avec Peter Brötzman et Bill Laswell en 1986.

On retiendra plus particulièrement les deux longs titres, celui d’ouverture qui donne son nom à l’album et qui dépasse les dix minutes et celui de fermeture « She’s Only Fourteen » qui dure neuf minutes. Ceci dit les autres sont bien également, on ne peut regretter sur cet album que l’accompagnement un peu squelettique, voire anémique, mais ça n’empêche pas Sonny Sharrock de rester grand.

Pour ce qui concerne la pochette, je n’ai jamais trop su quoi en penser, dans mon souvenir elle m’a bien plu lors de l’achat, une peinture du maquettiste Jean Buzelin, il y a également une belle photo au verso qui nous met en situation.

Dance with Me Montana


Sonny Sharrock Trio - Dick Dogs [Dance With Me Montana]


Sonny Sharrock Trio - She's Only Fourteen [Dance With Me Montana]


Sonny Sharrock Trio - Purple Blue Green and Yellow [Dance With Me Montana]
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 25 mars 2022 05:13

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Sonny Sharrock Band – Live In New York (1989)

Restons avec Sonny Sharrock pour ce « Live In New York » enregistré « live at the Knitting Factory » le 14 juillet 1989, un hommage au bicentenaire probablement, croire au hasard serait abusé… Lui aussi fait partie des enregistrements mineurs du guitariste, qui balance entre les styles.

Cette fois-ci côté rythmique il y a du répondant, rien moins que deux batteurs, Pheroan Aklaff et Abe Speller ainsi qu’un bon bassiste Melvin Gibbs, il y a également un chanteur, Ron « The Burglar » Cartel et un claviériste, Dave Snyder qui emmène avec lui le « son » typique de cette décennie.

Quatre billes d’un côté et trois de l’autre, ça commence bien avec « Dick Dogs » qui ouvrait également « Dance With Me Montana », plutôt pêchue cette version avec ce côté « Mahavishnu Orchestra » dès l’intro, ce qui ne présage rien de l’album par contre. Sonny est brillant à la guitare mais déjà on jette un regard méfiant vers Dave Snyder…

« Herbie’s Dance » nous offre quelques bons passages de guitare, ça surnage doucement. On s’énerve un peu avec « Elmo’s Blues » qui plonge vers les racines du Mississippi et ressuscite le blues, un des deux titres chantés par Ron Cartel avec « Money Honey » qui clôt l’album, une façon de glisser vers la tradition.

« My Song » qui ouvre la face B est sans doute la meilleure pièce ici, en tout cas la plus longue avec ses dix minutes, Sonny se lâche un peu, du coup l’intensité monte d’un coup et redescend, hélas, parfois aussi vite, quand il passe la main…

Pour ce qui me concerne, et considérant la première partie de sa discographie pour ce que j’en connais, je garde essentiellement « Black Woman » et « Monkey-Pockie-Boo », plus free et dans mes cordes. Mais il y a encore de belles choses à venir…

Dick Dogs


My Song


Dance with me Montana


Princess Sonata


Elmo's Blues
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 26 mars 2022 05:19

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Last Exit – Last Exit (1986)

Restons avec Sonny Sharrock mais pour vivre cette fois une aventure sonore d’une toute autre importance. Nous voici non plus dans une logique de leader, mais plutôt dans une volonté de collaborer et de vivre la musique ensemble. Sont réunis en compagnie de Sonny Sharrock, Peter Brötzmann aux saxs, Bill Laswell à la basse à six cordes et Ronald Shannon Jackson à la batterie et à la narration.

C’est une retransmission de concert qui se déroula au « New Morning » à Paris, en février 1986. Il faut dire que la formation n’enregistra qu’un seul album en studio, car le groupe préférait, plus que tout, les happenings sonores en face de leur public. Celui-ci est le premier live d'une série de cinq, la plupart des titres sont essentiellement improvisés à partir d'un canevas prévu à l'avance.

L'entente musicale est exceptionnelle entre les quatre, l'énergie qui circule semble sans limite et dépasse en violence bon nombre de groupe rock, d'ailleurs une partie du public est issu de la mouvance Punk, ça tombe bien, Last Exit est un groupe insoumis, sauvage et libertaire...

Ce qui caractérise cette performance c’est d’abord la tension continuelle qui parcourt l’ensemble de l’album, il n’y a que des géants à tous les postes, des pointures exceptionnelles, d’ailleurs il est impossible d’en isoler un, tant cette musique est fusionnelle.

L’original en vinyle se trouve facilement à pas cher et le son est bon. Le groupe se séparera quelques années plus tard après la disparition de l'extraordinaire Sonny Sharrock…

Last Exit – Last Exit [Full Album]

00:00 Discharge
03:24 Backwater
08:52 Catch As Catch Can
11:04 Red Light
19:02 Enemy Within
22:49 Crackin
30:36 Pig Freedom
34:37 Voice Of A Skin Hanger
36:22 Zulu Butter

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 27 mars 2022 04:01

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Last Exit ‎– The Noise Of Trouble (Live In Tokyo) - (1986)

Last Exit, épisode deux, live à Tokyo en octobre quatre-vingt-six, au « Parco Space Part3, puis au Pit Inn. Avec deux invités, le local Akira Sakata au sax alto et à la basse clarinette et Herbie Hancock lui-même au piano sur la dernière pièce « Help Me Mo I’m Blind ».

L’album commence par une sorte de medley en cinq parties qui s’enchaînent on ne sait trop dans quelle logique, un fourre-tout un peu délirant sans véritable fil directeur, puis viennent « Pig Cheese », l'excellent « Panzer Be-Bop » et « Base Metal » sur la première face.

Ils en sont à leur seconde tournée et se flairent du bout des doigts si j’ose dire, on sent qu’ici le sérieux a cédé la place à la dérision et à l’humour. Ça envoie toujours autant avec ce côté paroxystique toujours présent, mais on peut glisser tranquillou vers le blues, « You Got Me Rockin’ », le temps de deux minutes et remonter vers un « Take Cover » très speed, puis retomber dan les douze mesures et virer free la minute suivante…

Sonny Sharrock est à son affaire ici, « Pig Cheese » c’est lui, une façon d’avancer encore, dans les pas de Jimi. Décisif aussi sur ce be bop dégénéré qui rue dans les brancards, maltraité par cette rage free qui gronde. Pas vraiment de règle ici, mais ça semble s’organiser assez souvent autour de Sony Sharrock. Le gros son de Brötzmann, le batterie lourde de Shannon et le grondement de la basse de Bill, tous s’écoutent et rassemblent l’énergie.

Mais c’est surtout la face B qui est passionnante avec cet invité nippon dont la présence dynamite le groupe. Le duo de saxophones, Sakata à droite et Brötzmann à gauche qui se stimulent l’un l’autre, tandis que Bill Laswell délivre une rythmique élastique inébranlable sur « Blind Willie », et que Sonny balance free !

Ça se prolonge avec « Needles Balls » où les deux saxs dialoguent, rejoints un peu plus tard pour une impro collective sous l’égide d’Albert Ayler. Il faut dire que Ronald Shannon Jackson fut son batteur en 66/67, un tel compagnonnage ça compte dans une carrière ! La dernière pièce avec Herbie Hancock vaut aussi le détour, Sonny Sharrock prend une longue envolée, bien soutenu par Herbie qui se plonge sans mal dans ce feu bouillonnant.

Bien souvent tout ceci est indescriptible et peut sembler sans queue ni tête, mais avec de tels musiciens il se passe toujours quelque chose dans l’espace sonore, bien que tout ça file vraiment vite…

Last Exit's The Noise Of Trouble Track 3 - Panzer Bebop


Last Exit's The Noise Of Trouble Track 5 - Blind Willie


Last Exit's The Noise Of Trouble Track 6 - Needles Balls


Last Exit's The Noise Of Trouble Track 8 - Help Me Mo I'm Blind(With Herbie Hancock)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 28 mars 2022 03:34

La suite des aventures de Last Exit...

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Last Exit - Cassette Recordings '87

Toujours sur le label « Enemy Records » voici le troisième album live consécutif de la part de Last Exit, cette fois-ci en 1987, comme l’indique le titre de l’album. Le quatuor reste inchangé, tout au plus quelques ajouts d’instruments pour Brötzmann, le Tárogató et le saxophone basse. Malheureusement peu de renseignements sur la pochette vinyle d’origine, personnel, titres et lieux d’enregistrements…

Quoiqu’il en soit cette première face occupée par le seul « Line Of Fire », une compo des quatre, est absolument phénoménale, et se place très haut dans la discographie du groupe. Un blues, certes, mais qui ne se teinte de ses couleurs bleues que dans sa partie terminale, après de nombreux détours et de nombreuses explorations qui permettent à chacun de se montrer à son meilleur.

Ce qui tombe bien… car il y a un monstre à chaque poste, Ronald Shannon Jackson est tentaculaire, et, lui qui joua derrière Albert Ayler, n’est pas le plus malhabile sur ces groove rhythm’n blues tendances free, d’ailleurs l’entrée en matière est un bref hommage à Ayler de la part de Brötzmann qui sait d’où il vient.

Et puis il y la basse grondante de Bill Laswell qui ne cesse de gronder, une « Fender six strings bass » qui gravit les montées, descend les pentes et fonce plus vite que la marée du Mont St Michel quand elle galope la crinière au vent. Sonny Sharrock improvise à tour de bras côté droit avec une fougue inouïe, nourrissant d’un combustible incandescent le pavillon de son alter-égo qui souffle et s’époumone dans le cri ! Si je me fie à l’ordre d’écriture concernant les dates sur la pochette, ça se serait déroulé au Danemark, à Copenhague.

Mais, puisqu’il y a une face une, il faut aussi une face B, elle contient cinq titres et aurait été enregistrée pendant le célèbre « North Sea Jazz Festival » à La Hague, en Hollande. Elle est l’occasion d’écouter Ronald Shannon Jackson au chant sur « Big Boss Man », signé Jimmy Reed, qui ouvre la face, c’est assez bref, un blues d’un peu plus d’une minute avant de basculer sur « Sore Titties » qui s’étale, lui, nerveux et passionnant, tendu et lyrique même, propice à de sévères solos de Brötzmann puis de Sonny Sharrock…

Un peu plus loin Ronald Shannon Jackson chante à nouveau sur une de ses compositions, « Ma Rainey » c’est très convaincant, l’album se ferme au son de la guitare de Sonny Sharrock sur « My Balls/Your Chin » …

Vraiment un très bel enregistrement, peut-être mon préféré, free et probablement moins explosif que ses prédécesseurs, il semblerait qu’il ait connu une autre carrière sous un autre nom « From the Board » lors d’une réédition.

Line of Fire


My Balls/Your Chin


Last Exit - Sore Titties


Ma Rainey
Modifié en dernier par Douglas le ven. 7 juil. 2023 13:13, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 29 mars 2022 04:09

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Last Exit ‎– Iron Path (1988)

Puis arriva le seul album en studio du groupe Last Exit, « Iron Path », enregistré à Brooklyn, New York City, pour Virgin. Ils sont là tous les quatre, prêts à passer au polissage, au son propre, après un nettoyage à sec avant la dernière couche de vernis.

Bon l’entreprise n’est pas si simple, ça grince encore, ça couine même un peu, du coup, si l’album n’est pas réductible au free il plaira à d’autres encore, les progueux tendront l’oreille et se laisseront séduire par ce drôle d’album avec ces gars pas très nets, à l’air revêche.

Chacun y trouvera un héros, le plus facile à reconnaître c’est Sonny Sharrock qui joue de la guitare sans doute de façon bizarre, mais Hendrix est passé par là, il se cache dans le jeu du virtuose. Et puis il y a ce drôle de gars au sax avec ce gros son, si gros que ça éclate de partout quand il souffle, ça éclabousse dans tous les sens et vous attaque aux tripes, sans que vous n’y preniez garde, d’autant que sax et guitare font bon ménage, se cherchent souvent et se trouvent à chaque fois.

Le discret c’est Bill avec la basse, pourtant elle gronde elle aussi, mais ne franchit guère l’avant-scène et se cantonne dans l’obscur, essentielle pourtant, elle reste modeste et construit des ponts et des lignes sans se faire trop remarquer. Shannon, lui, tape, et on l’entend bien, souvent à l’avant en fait, côtoyant Sharrock ou Brötzmann et bavardant, dialoguant, les poussant…

Du coup l’album a de la pompe, ne recule pas devant les effets, même ceux qui peuvent sembler assez faciles, vu leur trempe. L’album file comme un récit, avec des épisodes, des chapitres qui s’enchaînent en entraînant le suivant, ce narratif soumet l’album à une forte identité, une solide empreinte insoupçonnée de la part du groupe qui ne semblait se soumettre qu’aux lois du « Live » et de l’énergie déployée.

Vous l’avez compris cet album étonnant est à part, d’une très grande qualité et d’une belle homogénéité, il plaira bien au-delà de la sphère jazz aux curieux musicaux venus de tous les horizons.

Last Exit: Iron Path (Full Album)

00:00 - Prayer
04:38 - Iron Path
08:05 - The Black Bat
12:40 - Marked for Death
14:57 - The Fire Drum
19:19 - Detonator
23:07 - Sand Dancer
25:02 - Cut and Run
27:32 - Eye for an Eye
32:24 - Devil's Rain

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 30 mars 2022 05:06

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Sharrock / Brötzman – Fragments (2003)

C’est un album de 2003 sorti à mille exemplaires numérotés, l’enregistrement est évidemment antérieur puisque Sonny Sharrock nous a quitté en mai 1994. Il s’agit de la restitution d’un concert au « Elbo Room » de Chicago, le deux décembre 1989, donc après la sortie d’Iron Path.

Il n’y a pas de titre ici, juste des numéros pour identifier les improvisations, les deux premières sur la face A, et les trois autres face B. On a vraiment l’impression d’y être, mais peut-être pour de mauvaises raisons car on entend le bruit des conversations, des rires et de la vaisselle, tout y est, nous sommes complètement immergés dans l’ambiance, sans protection d’aucune sorte, si ce n’est le travail de masterisation qui, ma foi, rend justice aux musiciens que l’on entend parfaitement. Nous sommes en fait en face d’un trio, Sharrock, Brötzmann et le public.

Ce sentiment d’être plongé dans l’arène a des vertus, il fait de nous des invités de dernière heure, un peu au fond de la salle, mais qui profitent du « gig » quand même, d’autant que la musique est vraiment bonne. Peter Brötzmann, on le sait est une figure essentielle du free européen, on connaît son gros son, sa raucité, son côté parfois effrayant, presque. Pourtant, ici, il est presque doux parfois, tendre, petit oiseau qui piaille doucement, bon, à son âge on ne se refait pas, il y a bien quelques vociférations, mais, au contact de Sonny, le voici calme et détendu.

C’est une des qualités de cet album, nous montrer une nouvelle facette de ces deux musiciens, plus mélodiques, reposés, se cocoonant dans cette atmosphère conviviale où l’on se sent bien, tout simplement. Jouer et y prendre du plaisir, à tour de rôle et ensemble, traçant son chemin tout en suivant celui de l’autre.

Cet album est fait de toute façon pour rester marginal, à cause du lo-fi sans doute, pourtant ceux qui l’écouteront, avec les yeux un peu fermés, un air un peu naïf sans doute, en s’imaginant être là-bas, au Elbo Room, alors oui, je crois bien qu’ils s’y plairont et partageront tout ça, les envolées de la guitare et les grognements du sax, les bruits du repas et surtout, ce bien être et cette chaleur, juste participer à ce partage…

Sharrock / Brötzmann - No3
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 31 mars 2022 04:50

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Von Freeman – Good Forever (2006)

Voici mon disque de chevet du moment, celui du soir, au moment de plonger plus profond dans la nuit, il fait le lien avec le monde des ombres et des esprits.

Von Freeman ! Une légende, il a joué toute sa vie et a enregistré son premier album seulement à cinquante ans. Non pas qu’il fut mauvais, car il a côtoyé les plus grands, tellement même qu’il est impossible de tous les nommer, citons au hasard Dizzy Gillespie, Roy Eldridge, Charlie Parker, Sun Ra en 48 et 49, Ahmad Jamal, Andrew Hill, Muhal Richard Abrams, Malachi Favors et beaucoup d’autres appartenant à l’AACM, j’arrête là car la liste est interminable, une légende je vous dis…

C’est également le père d’un autre saxophoniste, Chico Freeman, sans doute plus connu, c’est que Von Freeman n’aimait pas trop bouger, se sentant bien à Chicago, c’est un homme de racines. Ses frères aussi sont musiciens, Bruzz est batteur et George Freeman est guitariste, il emploiera Bud un temps dans son trio au « Persian » de Chicago. Les clubs il les connaît, Von, et les pratique abondamment.

Je crois bien que cet album est son dernier en studio, c’est un poison lent, il faut attendre un peu avant qu’il ne devienne toxique et que vous le reposiez « une dernière fois » sur la platine, j’en suis à pas mal de dernière fois déjà, alors je vous en parle, je comprends bien qu'il y a quelque chose d'anormal en ce qui me concerne, moi qui passe de galette en galette…

Il faut bien qu’il ait quelque chose de spécial, ce n’est pas si facile à trouver ou plutôt à expliquer, mais je crois bien que c’est le timbre, c’est à la fois rauque et chaleureux, doux en même temps. Me viennent Lester Young, en même temps qu’ Archie Shepp, j’entends un peu des deux dans la voix de Von, s’il fallait trouver des couleurs chez d’autres, mais il est unique. Côté technique il ne faut même pas en parler, la technique n’existe plus en tant que limite, le son du sax est branché directement au cerveau, arrivé à ce stade ça tient de la magie.

Il faut dire avant de quitter qu’une autre légende est là, Jimmy Cobb à la batterie, rien moins. Il y a également Richard Wyands au piano et John Weber à la basse.

Why Try To Change Me Now


A Night In Paris


Didn't We


Smile
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 1 avr. 2022 04:39

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Søren Kjærgaard, Ben Street, Andrew Cyrille – Femklang (2011)

Søren Kjærgaard est un pianiste danois, plutôt jeune, car il est né en soixante-dix-huit, à l’époque de l’enregistrement il était donc âgé de trente-trois ans. Ben Street, le bassiste, est américain, il a enregistré aux côtés d’Andrew Cyrille, mais aussi Sam Rivers, Tom Harrell, Billy Hart ou Kurt Rosenwinkel ainsi que sur des dizaines d’albums, en fait, c’est un musicien très recherché…

Andrew Cyrille n’est plus à présenter, il a fait le tour de tant de choses et est arrivé à une telle maturité qu’il faut parler de « sagesse », le concernant. La sagesse, pour un musicien tel que lui, serait de ne jouer que les notes essentielles, celles exigées par la situation à l’exclusion de toutes les autres qui ne seraient que parasites.

Ce que l’on conçoit si bien de la part d’un vétéran est étonnamment à l’œuvre ici, dans le jeu du plus jeune, et quelque chose de miraculeux se produit qui est perceptible à celui qui écoute et se concentre. Point de mélodie, de thème ou de faribole, il ne se passe en fait rien qui ne soit essentiel, du minimalisme avec une petite dose de musique répétitive, de temps à autres.

Elles tombent comme des gouttes de pluie, les notes du piano, elles descendent et font résonner le silence avec une évidence folle, chacune est à sa place et n’aurait pu être interchangeable. Les sons s’imbriquent logiquement en un ordre juste, et pourtant incroyable.

Chaque pièce est à sa place dans cette suite de neuf séquences tellement étonnantes, chacune répond à une façon d’ordonner les sons, pour que la beauté naisse, en même temps que la sérénité, comme narguant le désordre des choses en traçant une voie nouvelle…

Ici chacun est merveilleux, sage et parfait. L’art du trio piano, basse, batterie est difficile, j’en ai écouté pas mal, mais celui-ci me semble le plus étonnant peut-être, par exemple on y entend peu de virtuosité, mais on sait qu’ils se situent au-delà…

Il n’y a rien de démonstratif, jamais. Les trois sont à l’os : économe mais suffisant. Comme si tout avait été dit et que l’heure était à la synthèse. Juste l’essentiel. Le brut. La juste note.

The Loop (Variation One)


Row No. 18


A Diminished Proposal


Tale of Weaving
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » ven. 1 avr. 2022 06:26

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Le deuxième album du Tony Williams Lifetime sorti en 70. Sorti comme le premier album chez Verve. Williams enregistrera pour toutes les grandes maison du jazz ou presque : Blue Note, Verve, Columbia, avant de revenir chez Blue Note dans les années 80


On ne présente pas Tony Williams, virtuose de la batterie, professionnel a 13 ans, batteur de Miles Davis a 17 ans avec qui il restera de 1963 a 1969 et enregistrera In a Silent Way entre autres. Album sur lequel se trouve aussi John McLaughlin qui rejoindra Williams dans on projet. Ajoutons a ca Larry Young a l'orgue et on a le trio du premier album du groupe, Emergency, un double album. En 1970 arrive ce deuxième album, toujours avec ce trio augmenté d'un bassiste répondant au nom de Jack Bruce qui assure aussi le chant sur certains morceaux. A l'époque Bruce apres la séparation de Cream a commencé une carrière solo orienté jazz. Sur son deuxième album McLaughlin est d'ailleurs a la guitare.

C'est vraiment un excellent quatuor ca sera le seul album qu'il fera tout les 4, Le Tony Williams Lifetime continuera encore toute la décennie 70 mais je suis moins client. McLaughlin s'en va et après l'intérim d'un guitariste dont j'ai oublié le nom, c'est Allan Holdsworth qui arrive et c'est un euphémisme de dire que j'aime beaucoup moins son jeu que celui de McLaughlin (il m'horripile même). Entre temps Young et Bruce sont parti et d'autres musiciens arrive mais j'ai jamais retrouvé dans les autres incarnations du groupe ce qu'il y avait dans ses deux premiers albums.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 1 avr. 2022 11:47

nunu a écrit :
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Le deuxième album du Tony Williams Lifetime sorti en 70. Sorti comme le premier album chez Verve. Williams enregistrera pour toutes les grandes maison du jazz ou presque : Blue Note, Verve, Columbia, avant de revenir chez Blue Note dans les années 80


On ne présente pas Tony Williams, virtuose de la batterie, professionnel a 13 ans, batteur de Miles Davis a 17 ans avec qui il restera de 1963 a 1969 et enregistrera In a Silent Way entre autres. Album sur lequel se trouve aussi John McLaughlin qui rejoindra Williams dans on projet. Ajoutons a ca Larry Young a l'orgue et on a le trio du premier album du groupe, Emergency, un double album. En 1970 arrive ce deuxième album, toujours avec ce trio augmenté d'un bassiste répondant au nom de Jack Bruce qui assure aussi le chant sur certains morceaux. A l'époque Bruce apres la séparation de Cream a commencé une carrière solo orienté jazz. Sur son deuxième album McLaughlin est d'ailleurs a la guitare.

C'est vraiment un excellent quatuor ca sera le seul album qu'il fera tout les 4, Le Tony Williams Lifetime continuera encore toute la décennie 70 mais je suis moins client. McLaughlin s'en va et après l'intérim d'un guitariste dont j'ai oublié le nom, c'est Allan Holdsworth qui arrive et c'est un euphémisme de dire que j'aime beaucoup moins son jeu que celui de McLaughlin (il m'horripile même). Entre temps Young et Bruce sont parti et d'autres musiciens arrive mais j'ai jamais retrouvé dans les autres incarnations du groupe ce qu'il y avait dans ses deux premiers albums.
Un album vraiment top que j'aime également beaucoup et que tu as bien resitué dans son contexte, j'avais écrit ces trois lignes, à propos de cet album, il y a quelques années:

"Jazz, rock, électrique, rugueux, dirty et déjà, en cette année 70, on pourrait parler de Supergroupe bien avant que ce ne soit à la mode: Anthony Williams le protégé un peu insolent de Miles, monstre précoce virtuose de son instrument, Johnny Mclaughlin (oui pas de John encore...) à la guitare lourde et incendiaire, heavy avant l'heure, l'énorme Jack Bruce pour parfaire la fusion. C'est en écoutant un album comme celui-ci que l'on peut comprendre ce qui se cachait véritablement sous ce mot en train de se muter en genre. Et puis Larry Young alias Khalid Yasin, bien sûr, l'ancien avec son vieil orgue, le coloriste qui fait le lien et agglomère...
Un album qui libère un trop plein d'énergie dans une urgence libératrice, alors "PLAY IT VERY VERY LOUD" comme indiqué sur la pochette
!"
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 2 avr. 2022 03:21

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Bruno Ruder, Jeanne Added, Vincent Lê Quang – Yes Is A Pleasant Country (2011)

Restons en 2011 et dans le mode trio avec Jeanne Added au chant, Vincent Lê Quang aux saxs et Bruno Ruder au piano. C’est un album dont j’avais entendu parler il y a quelques années, et qui ne montrait pas facilement le bout de son nez. L’heure est enfin arrivée où j’ai pu me le procurer avec ses humbles atours, pochette cartonnée et livrée « promo », sur le petit label « Sans Bruit ».

Jeanne Added a connu un succès mérité dans un territoire un peu différent du jazz, elle a pu ainsi goûter à la popularité, sans toutefois quitter définitivement les territoires « jazz » qui la voient parfois revenir, le temps d’une participation à un concert ou à un événement musical.

Ce Cd nous la montre au service d’un répertoire où se côtoient Billy Strayhorn, Charles Mingus et Duke Ellington. Cependant, le plus prolixe est Vincent Lê Quang dont le nom apparaît huit fois dans l'écriture des compos. Jeanne cosigne un titre et compose seule le magnifique « I Carry Your Heart » qu’elle interprète divinement bien.

C’est une magnifique interprète qui pourrait surprendre ici, tant elle fait appel à la technique sans craindre les acrobaties vocales. Pour autant c’est très beau, d’autant qu’elle est très bien entourée, par Vincent Lê Quang au ténor ou au soprano qui ne craint pas de la doubler dans ses performances vocales, créant un superbe duo, comme sur « Reincarnation Of A Lovebird » de Mingus.

Bruno Ruder est un accompagnateur précieux pour porter la voix de Jeanne, lui apporter concours et support. Il aime aussi se promener le temps d’un solo, ou dialoguer avec Vincent histoire de faire sonner le Steinway. Il sait aussi gagner en force et faire rugir l’animal qui sommeille dans les cordes de son piano à « L’Heure Du Loup ».

Cinquante-sept minutes de musique, réfugiées sur ce petit Cd, de quoi faire chanter le temps au fil de ces chansons…

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 3 avr. 2022 06:25

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Barondown – Crackshot (1995)

Restons dans le monde des trios, et même dans les plus étranges et les plus atypiques. Celui-ci est en effet formé d’un batteur, Joey Baron, d’un saxophoniste ténor, Ellery Eskelin et d’un tromboniste, Steve Swell.

L’album est sorti sur le label « Avant », son numéro d’identification est « avan 059 » et il date de 1995. Il faut dire que ce label basé au japon est consacré aux musiques d’avant-garde ou expérimentales, il a été créé par l’intrépide John Zorn avant que n’arrive et se déploie Tzadik en 1995. Le dernier album du label Avant paraîtra en 2004, seule la compile « Naked City » sortira en 2005 !

Je suis assez fan de ce label, souvent audacieux comme ici, mais dans la forme seulement car la musique qu’il contient est très jazz, la couleur est assez inédite mais la musique est accessible. Il faut dire que les trois réunis ici sont des pointures incroyables. La liste des musiciens que Joey Baron a accompagnés est plus longue que le bras et contient des très grands noms du jazz genre Chet Baker, Art Pepper, Lee konitz, Jim Hall ou Marc Ribot, il y a même David Bowie ! Joey a également été leader de formation, comme ici, mais surtout il a été membre de « Naked City » et du groupe « Masada », avec John Zorn, Dave Douglas et Greg Cohen pour ce dernier.

Pour faire vite j’éclipse tout le bien que je pense du saxophoniste Ellery Eskelin et du tromboniste Steve Swell, mais l’écoute de l’album en dira beaucoup sur l’étendue de leurs talents. L’enregistrement a été capté « live », en deux jours, au « Sorcerer Sound » à New-York, en août 95, la qualité de la prise de son est véritablement au top.

Toutes les compos sont signées Baron et c’est un festival ici. Les deux solistes jouent parfois des riffs ensemble ou bavardent gentiment, mais plutôt en même temps, ce qui est tout simplement fascinant. La complémentarité est grande, il y a des rendez-vous dans les compos, et on sent que tout cela est millimétré, mais, en même temps c’est énormément improvisé.

Tous les titres sont excellents, mais je retiendrais « Toothpick Serenade » et son rythme lent, avec une structure assez simple qui ménage alternativement les solos, tandis que chacun accompagne l’autre, comme au temps d’avant. Il y a aussi « Punt » qui décoiffe, fait taper du pied et envoie du bois.

« Games On A Train » est la première composition longue, elle dépasse les onze minutes, tout comme le dernier titre de l’album. Aménageant quelques espaces free, le titre est assez fabuleux car on y sent presque physiquement le déplacement du train, propulsé par le jeu tout en tension de Joey Baron qui est absolument phénoménal ici, s’enrichissant constamment, on comprend assez rapidement à qui on a à faire, et c’est tout simplement bluffant. Les deux déploient leurs solos sur ce feu ardent, et ça pulse vraiment de partout !

L’album dépasse les soixante-dix minutes, imaginez la mine ici, à ce point je n’en suis qu’à la moitié !

Mais il y a quelques respirations avec des titres plus calmes, comme « Friend » ou « Oseola », des ballades qui s’étirent dans l’espace et font place à la rêverie et à l’imaginaire…

Bien que moderne, cet album est sans âge, tant il plonge dans la tradition, le funk ou le free, délivrant un mélange habile et haut de gamme, très accessible, un bijou conçu par des orfèvres…
04. Toothpick Serenade.mp3
(15.56 Mio) Téléchargé 63 fois
05. Punt.mp3
(10.93 Mio) Téléchargé 60 fois
06. Games On A Train.mp3
(25.86 Mio) Téléchargé 59 fois
02. Dog.mp3
(12.72 Mio) Téléchargé 56 fois
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Message par Douglas » lun. 4 avr. 2022 05:42

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Dave Burrell – Momentum (2006)

Le trio toujours, avec cet album du grand Dave Burrell pour un classique piano, basse, batterie. Le jeune batteur Guillermo E. Brown est épaulé par Michael Formanek à la basse pour former deux des trois points du triangle. L’album, enregistré en 2005, est paru l’année suivante sur le label « High Two », il ne contient que très peu de renseignements, mais indique tout de même que l’intégralité des compositions sont toutes signées du leader.

L’approche est beaucoup plus tellurique que sur l’album de Søren Kjærgaard cité plus haut. Ici on touche la terre et on remue le sol en retrouvant les racines. Dave Burrell se plaît à escamoter le temps pour situer sa musique dans une temporalité autre, sans âge, à la fois d’hier et d’aujourd’hui, ancrée dans le sol, mais dissonante parfois.

Il semblerait que les trois premiers titres aient été écrits dans l’intention de compléter, ou restaurer, la bande son d’un film français, muet, des années vingt, ce qui pourrait expliquer une écriture plutôt simple, parfois dramatique, propice à mettre en avant des images.

A l’écoute attentive, c’est très vraisemblable, musique écrite pour une B.O, pour autant, la musique est vraiment très réussie, une entrée en matière pleine de suspens avec « Downfall », suivie par « Broken Promise » et son thème qui insuffle l’inquiétude et le mystère, avant que le n’arrive le drame sur « Fade to Black », qui suggère la tristesse et le regret. Musique intemporelle, il est vrai…

La quatrième pièce « 4 :30 To Atlanta » est propice à faire émerger les qualités du jeune Guillermo E. Brown à la batterie, lui qui a joué avec David S.Ware et William Parker, avant de se fixer plus longuement en compagnie de Matthew Shipp. Le voici sur cette pièce, élevé au rang de soliste face au rythmicien Burrell, il nous montre ainsi l’étendue de son savoir-faire, bien secondé par Michael Formanek.

Ce dernier fait merveille sur le titre suivant « Cool Reception », magnifique blues, à la fois élégant, distingué avec ce je ne sais quoi de désespéré qui prend aux tripes, peut-être cette impression de fuite et de tourbillon qui précède le ralentissement et les discordances…

Après un « Momentum » grave, magnifique et ombrageux, « Coup d’Etat » termine ce superbe album qui connut un certain succès lors de sa sortie, ce qui est mérité, un des sommets de la carrière de Dave Burrell !

Dave Burrell - Cool Reception


Downfall


dave burrell – broken promise (2006)


Fade to Black
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Message par Douglas » mar. 5 avr. 2022 05:26

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Dave Douglas – Dark Territory (2016)

Voici un album paru en 2016 mais enregistré en 2014, c’est un cousin de « High Risk », voici « Dark Territory » fruit d’une certaine modernité, incarnée par un fameux quartet. Dave Douglas joue de la trompette, Jonathan Maron de la basse, Mark Guiliana de la batterie et Shigeto de l’électro. Ce dernier se nomme en réalité Zachary Saginaw, c’est un célèbre producteur dans ce style de musique.

On se souvient peut-être du groupe « Keystone » avec DJ Olive dont je vous avais parlé il y a quelques temps pour un album vraiment formidable, je ne sais si celui-ci se hausse à ces hauteurs, en tout cas constamment, mais, dix ans après, on retrouve des accents qui proviennent sans aucun doute de ce riche passé.

Et puis il y a ce qui se fait de mieux en tant que batteur dans ce créneau, Mark Guiliana est tout simplement l’un des tout meilleurs de la planète, il est juste phénoménal, d’une sûreté incroyable, il lui aurait suffi d’une seule caisse pour accomplir sa mission, ici l’équipement est au complet, batterie acoustique et électrique, c’est dire ce qui vous attend !

Shigeto est également un créateur de beats, il s’occupe également du décor, générant des tapisseries sonores et d’ambiances, car les textures évoluent vite ici, d’une pièce à l’autre tout change, tantôt rêveuses, tantôt tendues ou angoissantes. Les effets se multiplient et soumettent chaque titre à de nouveaux mondes. Ainsi nous parcourons ces territoires sombres en traversant d’étranges contrées, il n’est pas exagéré de parler de musique indus à certains moments ou lors de certains passages.

Celui qui nous relie encore au jazz c’est bien entendu Dave Douglas, par son jeu de trompette, encore exceptionnel, mais nous sommes habitués. Pour autant lui aussi use des effets et se plaît dans ces territoires fantastiques, révélateur d’une inquiétante et future réalité qui tangue, entre glauque et macabre. Le petit dernier, Jonathan Maron dont on n’a pas parlé, n’a pas l’air non plus d’un joyeux drille, c’est pas du genre à participer à la parade des Gilles en lançant des oranges au public lors des défilés. La basse est évidemment lourde et elle gronde, balance à l’occasion quelques riffs qui vont bien…

Un album qui pourrait plaire aux amateurs d’électro autant qu’à ceux qui aiment le jazz, aux jeunes et même aux vieux, et aux Gilles aussi, bien sûr !

Celine


All the Pretty Horsepower


Let's Get One Thing Straight


Mission Acropolis
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Message par Douglas » mer. 6 avr. 2022 03:46

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Universal Indians W/ Joe McPhee ‎– Skullduggery (2015)

L’année de sortie est d’importance car elle signifie qu’il s’agit du Cd, un vinyle augmenté de deux titres est paru l’année suivante, à l’heure du choix ça peut peser. Pourtant l’origine est bien la même, un concert de juin 2014 capté à Anvers, au Zuiderphuis, en Belgique. L’album est paru sur l’excellent label portugais « Clean Feed », un lieu où se cachent de magnifiques musiques alternatives.

Il y avait un temps où la question « Tu écoutes du Joe McPhee ? » se posait parfois dans le petit milieu des amateurs de jazz, une réponse positive suffisait à vous ranger du côté extrême du free, même si désormais ça fait sourire, car chacun possède dans un petit coin, son petit Ayler ou une version d’« Ascension ».

Joe c’est l’invité, il joue du saxophone alto et de la trompette de poche, « Universal Indians », dont le nom provient d’un titre d’Albert Ayler, est un trio formé d’un américain, John Dikeman aux saxophones ténor et baryton, et de deux norvégiens à la section rythmique, Jone Rune Strøm à la basse et Tollef Østvang à la batterie.

Alors oui, c’est free, d’ailleurs les quatre titres sont signés par les quatre musiciens, de longues improvisations dont « Dewey's Do » qui est un hommage à Dewey redman et « Skullduggery » à l’intention de Niklaus « Knox » Troxler, un graphiste suisse de Willisau, qui jouait occasionnellement du sax et que, j’écris cela en toute hypothèse, Joe McPhee aurait pu fréquenter. N’oublions pas qu’il a signé de nombreux albums chez Hat Hut.

Les deux souffleurs apportent beaucoup à la couleur de cet album, John Dickeman improvise avec beaucoup de force, d’autorité, imposant facilement le son du ténor ou du baryton, le son est rocailleux, terrien. Inversement Joe McPhee va apporter un peu de lyrisme et de poésie, presque du calme et de la respiration.

Ce jeu entre les deux instruments à vent est constant et riche d’une incroyable diversité et de richesse, mais l’intérêt de l’album ne tient pas qu’au seul jeu des souffleurs, car la rythmique est de qualité et s’exprime bien souvent en solo également, comme il sied aux lois du jazz, remarquons juste qu’ici tout semble égalitairement réparti, dans le respect de chacun.

L’album est superbe, ce free d’aujourd’hui a mûri d’une longue expérience, les énergies sont bouillonnantes mais se canalisent, et les temps à fortes intensités son tempérées par d’autres plus sereins, car la route est longue au fil de ces quatre titres qui s’étirent sur plus de cinquante -trois minutes, sans qu’une seule ne soit ennuyeuse.

Un bon album, même pour découvrir McPhee pour ceux qui ne connaissent pas encore.

Yeah, And?


Dewey's Do


Skullduggery


Wanted
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 6 avr. 2022 10:07

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Sonny Sharrock – Ask The Ages (1991)

Un album que j’écoute en pensant à Homeward et à nunu qui ont attiré mon attention sur cet enregistrement de Sonny Sharrock qui m’était encore inconnu. J’ai écouté pas mal de ses albums et vous en ai fait part pour une partie, mais celui-ci était passé à l’as, négligé, son importance avait échappé à ma vigilance. Il n’y a pas de réédition récente et l’objet est un peu cher pour un simple Cd, mais j’ai bien senti l’importance de ces recommandations, et le voici qui se déverse entre mes oreilles…

Du coup j’étais averti de cet accompagnement hors-norme, Pharoah Sanders au ténor et au soprano, Elvin Jones à la batterie et Charnett Moffett à la basse. Par le passé Sonny Sharrock a participé à deux albums de Pharoah Sanders, « Tauhid » et « Izipho Zam (My Gifts) » tous les deux enregistrés en 1969. Rien d’étonnant finalement à ce que Pharoah acquiesce à la demande du producteur Bill Laswell et accepte de participer à ce nouvel opus du guitariste free.

Ce dernier compose également, il est l’auteur de tous les titres. Sans doute toutes les compos ne se valent pas, mais c’est plus parce que certaines montent très haut que par insuffisance. Il y a de véritables totems ici, qui semblent en effet incontournables.

Dès l’ouverture on est saisi par « Promises Kept » de près de dix minutes, qui nous rassure sur la forme de Pharoah Sanders, on sait que sa production phonographique est un peu en dent de scie, au cours de ces années quatre-vingts, et bien, l’énergie et la puissance peu commune de Pharoah sont au rendez-vous, il retrouve l’énergie et son fameux « cri » devenu sa marque et sa signature.

Sonny Sharrock est lui aussi au rendez-vous de l’énergie dévorante, il se hisse à la hauteur du saxophoniste pour lui répondre et le soutenir avec la même puissance. L’autre pièce titanesque, peut-être encore plus remarquable, est « Many Mansions » d’inspiration coltranienne, Elvin et Pharoah ont dû penser à John en enregistrant ce titre d’anthologie, on y retrouve ce souffle spirituel qui fit tant dans l’épopée du géant.

Les autres pièces, sans atteindre les mêmes sommets sont cependant intéressantes, « Who Does She Hope To Be ? » est une chouette ballade avec un motif mélodique récurent assez habile, qui ne lasse pas, « Little Rock » se frotte au blues, il est notable qu’on y entend Elvin Jones jouer en soliste la plus grande partie du temps, offrant du grain à moudre à Sonny Sharrock qui s'envole...

« As We Used To Sing » est un terrain de jeu pour Sonny Sharrock qui développe ses conceptions de free-guitare lors de l’entame et même un peu plus, après un très beau solo de saxo. « Once Upon A Time » termine l’album de belle façon, un peu comme pour un hymne, avec des notes joyeuses et optimistes.

Certainement, comme il a été dit, un des meilleurs albums de cette année-là !

Promises kept


Many Mansions


Sonny Sharrock, Who Does She Hope to Be?, from Ask the Ages, Recorded 1991


Little Rock
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 8 avr. 2022 05:28

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Yusef Lateef – The Gentle Giant (1972)

Je vous avais parlé en bien de l’album « Détroit » de Yusef Lateef, sorti sur Atlantic en soixante-neuf, bien que possédant le vinyle « The Diverse Yusef Lateef » paru en soixante-dix je ne l’avais pas évoqué car il marquait un virage un peu commercial et, selon moi, se montrait moins exigeant. Voyons si « The Gentle Giant » a correctement rectifié le tir, toujours sur Atlantic et en studio. En tant qu’amateur de flûte-jazz, il se pourrait bien que par ici je trouve de quoi me repaître de bon son …

Côté personnel il y a du monde, Albert Heath à la batterie, Bob Cunningham ou Sam Jones à la basse, Eric Gale à la guitare et Kenny Barron au piano et piano électrique Fender, ce dernier apporte dans ses valises quelques-unes des plus belles compos de l’album, dont « Nubian Lady » qui ouvre merveilleusement le disque dans une veine assez proche de l’esprit CTI de Creed Taylor.

Il signe également « Jungle Plum » et « African Song » deux autres pièces dans ce même créneau, entre musique exotique et groove sautillant et funky. Son apport est décisif et fait pencher l’album du bon côté. Il y a également une reprise de « Hey Jude » signée de qui vous savez.

La pièce pèse neuf minutes et dix secondes, soit, en poids, un quart de l’opus… La première fois que je l’ai écouté c’était sans avoir lu les notes de pochette, à l’aveugle, comme j’aime bien quand je fais connaissance avec un disque. J’ai été pour le moins surpris et même un peu désarçonné car j’ai craint, pendant quelques secondes, au problème technique.

Si je m’étais montré plus curieux j’aurais pu lire l’avertissement qui figure à côté du titre du morceau, au verso de l’album, avec une loupe, il est vrai ! « Ne modifiez pas le niveau de lecture de votre équipement audio - Réajustez votre esprit ». En effet, une bonne moitié de la pièce est difficilement audible et le volume monte petit à petit en même temps que le morceau avance, pour atteindre le maximum de cet effet crescendo à la fin de la pièce ! Un peu comme si l’orchestre, parti de très loin, se rapprochait de vous et vous enveloppait entièrement lors du final. L’idée est intéressante mais sacrifie une partie de la musique au début du titre.

Pour le reste il y a des compos de Yusef et un traditionnel, « Lowland Lullabye » joué en duo entre Yusef Lateef à la flûte et Kermit Moore au violoncelle. Sur cette pièce il y a une ambiguïté, car Yusef n’est pas crédité sur ce titre si on se fie aux notes de pochette, c’est Kuumba "Tootie" Heath, aka Albert Heath qui est indiqué, mais à l’écoute, en fin de morceau, on entend une autre flûte qui s’ajoute d’où cette incertitude sur le flûtiste en chef !

Un album assez simple, dans l’esprit de l’époque, période avec une identité musicale qui continuera au moins jusqu’à « Autophysiopsychic » enregistré en 1977, dont je vous ai déjà parlé. C’est cette période que l’on qualifie parfois de « commerciale » de la part de Yussef Lateef, mais il y a de très belles pièces et de bons moments qui justifient l’intérêt que certains portent à cette période. On peut même la considérer comme parmi la meilleure de sa discographie si on aime le « son » de cette époque.

Pour ma part je l’aborde avec plaisir.

Nubian Lady (1972)


African Song


Hey Jude


Bellow Yellow Bell
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 9 avr. 2022 04:08

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Sonny Sharrock ‎– Guitar (1986)

Il est certain que celui-ci il me le fallait, tout d’abord pour continuer ce parcours un peu en profondeur dans la discographie de Sonny Sharrock, voici « Guitar », en solo ! Sonny face à lui-même grâce au re-recording, comme un zeste de pureté, du brut et de l’authentique en quête d’une émotion et d’une sincérité. Un exercice parfois austère qui ne ment pas.

Je me suis procuré le vinyle d’époque chez nos amis teutons, il faut dire que le label « Enemy Records » est basé aux States mais aussi à Munich, en Allemagne. Les deux créateurs en sont Bill Laswell et Michael Knuth qui se sont concentrés autour des musiques expérimentales et du free-rock, ainsi Sharrock et Last Exit en sont les figures de proue.

Cet album est pourtant difficilement identifiable avec des étiquettes, et je ne me risque pas au jeu des rapprochements et des comparaisons car il faudrait en mettre trop, tellement cet album possède un côté universel. Contentons-nous de signaler son identité principale : un album instrumental autour de la guitare solo, avec des improvisations et du re-recording.

Certes tel pièce « Blind Willie » sera plutôt planante, cette autre « Devils Doll Baby » plutôt blues et celle-ci, la déchirante « Broken Toys », aura des airs de berceuse et « Black Bottom », qui clôt la face une, marque le retour au blues. De l’autre côté on s’aventure encore, du rock’n roll avec « Kula-Mae » puis arrive une longue suite en quatre mouvements, « Princess Sonata :-» où folk et jazz s’entremêlent.

Je pense que, comme moi, les amateurs de Sharrock, s’ils ne sont pas allergiques aux albums solos, auront plaisir à écouter cette guitare, toujours imaginative. Historiquement, me semble-t-il, la première à entrer dans un groupe de free-jazz et à y faire sonner les vibrations de la guitare électrique sur le fameux « Black Woman ».

Cet album c’est tout simplement l’histoire d’un génie qui joue avec lui-même, en se regardant dans un miroir…

Sonny Sharrock ‎- Guitar (1986) FULL ALBUM

00:00 A1. Blind Willie
04:41 A2. Devils Doll Baby
08:48 A3. Broken Toys
15:27 A4. Black Bottom
19:23 B1. Kula-Mae
24:31 B2a. Princess Sonata: Princess And The Magician
28:36 B2b. Princess Sonata: Like Voices Of Sleeping Birds
31:45 B2c. Princess Sonata: Flowers Laugh
33:58 B2d. Princess Sonata: They Enter The Dream

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 10 avr. 2022 04:48

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Jemeel Moondoc & Muntu – The Intrepid Live In Poland (1981)

On revient à Jemeel Moondoc en remontant le temps pour arriver à l’année 1981 et à cette étape polonaise pour notre fougueux altiste. L’album n’existe qu’en vinyle, il n’a jamais été réédité. Sa seule sortie n’existe donc que sur le label polonais « PolJazz ».

Sans doute beaucoup le savent, les pochettes des vinyles polonais sont l’exact contraire des pochettes US. Ces dernières sont costaudes, à base de carton fait pour résister au temps, les pochettes polonaises font davantage penser à du papier un peu épais, elles se plient facilement et s’envolent également par grand vent. C’est le disque lui-même qui constitue l’ossature de l’ensemble et le rigidifie.

Le travail des éditeurs polonais n’est pas à négliger pour autant, on trouve par là-bas de belles productions de jazz, pour des artistes locaux ou internationaux. Il y a d’excellents albums comme celui-ci, ils peuvent même parfois sembler assez rares, mais il n’y a pas de véritable demande pour autant, les prix sont donc extrêmement raisonnables. Cependant vous n’obtiendrez qu’une pochette assez molle.

Celui-ci est une édition limitée, dite « promo » dans la « Club Edition ». Je ne sais pas ce qui se cache derrière ces étiquettes et n’ait aucune idée des tirages, juste qu’il était vendu par souscription, mais l’album mérite qu’on y jette une oreille.

Jameel Moondoc joue du saxophone alto, Roy Campbell de la trompette, William Parker est à la basse et Rashid Baker aka Rashid Bakr est à la batterie. C’est un enregistrement live en provenance du festival « Jazz Nad Odra » à Varsovie, en mille neuf cent quatre-vingt-un.

La première face comprend un titre, « Blues For Katie » d’une durée de près de dix-sept minutes. C’est une pièce très agréable qui se déroule en une succession de solos, l’occasion d’admirer nos solistes, particulièrement Jemeel et Roy qui brillent excellemment. William Parker est déjà énorme, tant dans les accompagnements que lors du solo, par bonheur le son est excellent, et restitue toutes les finesses sonores.

Deux titres siègent sur la face B, « Strona B » pour ceux qui veulent se lancer dans l’apprentissage du polonais, « First Feeding » qui est, à nouveau, une longue pièce, quatorze minutes et trente secondes au compteur. Après le titre « Mid Tempo » couché sur la première face ce titre est plus sombre, William Parker, à l’archet décline les sons graves et la tristesse envahit le plateau.

Le solo de Jemeel Moondoc est vraiment déchirant et Roy Campbell lui répond sur le même ton, avec la trompette bouchée. « The Intrepid » qui termine l’album est beaucoup plus vif, notamment lors de l’exposé du thème, à la façon d’Ornette Coleman, par contre les développements restent très lents, la pièce, ainsi contrastée balance entre ces deux extrêmes. William Parker joue tantôt de l’archet, tantôt pizzicato et Rashid Bakr, dans le lointain se démène pour envoyer de l’énergie.

Le témoignage d’un bon concert, on se souviendra que Jemeel Moondoc nous a quitté en août dernier, à l'âge de 75 ans, des suites d'une anémie.

Jemeel Moondoc, Muntu - Blues for Katie
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