J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 27 sept. 2022 02:53

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Magic Malik – Ka-Frobeat (2022)

Dès le titre on perçoit le jeu de mot, le fameux « Ka » qui est un tambour né en Guadeloupe, et donc un instrument traditionnel, et l’Afrobeat qui naît de ce « mot-valise », et on se souvient forcément de Fela Randsome Kuti et de son Nigeria natal, où il a créé cette extraordinaire musique qui est désormais un « genre » avec une véritable et forte identité. A tel point, qu’à l’instar d’un Bob Marley qui incarne le reggae, Fela incarne l’afrobeat, et personne ne peut effacer cela, même sa descendance.

Magic Malik, originaire d’une famille Guadeloupéenne par son père, bien que né en Côte d’Ivoire, situe donc son témoignage musical dans ce creuset commun qui existe entre Antilles et Afrique. Il faut dire qu’à l’origine « Ka-Frobeat » a été une création commune entre Magic et Hilaire Panda, bassiste et compositeur, originaire du Cameroun, mais ce dernier est décédé en 2018, peu de temps après la création de ce projet, il revient donc à Magic Malik de le faire vivre.

On le connaît essentiellement comme un flûtiste voué au jazz, c’est son terrain de jeu le plus connu, celui qui me l’a fait connaître et suivre avec intérêt. Il enregistre pour le petit label « Onze Heures Onze » qui recèle des trésors. Ici c’est très différent puis que c’est un album de chansons qui possèdent en commun d'être véhiculées par le créole guadeloupéen.

On peut parfois accéder assez facilement au sens des textes, ils sont reproduits sur un petit livret et empruntent pas mal au français, ainsi « Tout Biten Bout » s’éclaire rien qu’à l’écoute, par exemple. Il y a dix titres ici, celui qui fait l’ouverture « « Flè Koulèv » est repris dans une version live à la fin de l’album. Il y a également une sorte de « rap » très étonnant et assez savoureux apparemment, « Jénérasyon an jénérasyon nou ka vwè toujou memm kouyon », et ce conseil à la fin de la pièce « Eteins la télé, T’as la télécommande, mais c’est la télé qui te commande ! »

Ils sont onze musiciens, que des bons, ceux d’onze heures onze, et d’autres, et aussi pas mal d’invités, huit qui défilent dont Sandra Nkaké qui chante sur « Lè On Fanm Di’W Non » qu’elle a co-écrit. Et puis tout du long, cette flûte merveilleuse !

Le travail est vraiment soigné, le Cd également qui est complet et nous renseigne bien, ce qui est très apprécié. Entre jazz, impro et musique traditionnelle, l’album est une belle création qui reflète bien la musique d’aujourd’hui et les préoccupations de la lointaine Guadeloupe, si proche, et de plus en plus proche, cependant…

Flè Koulèv


Tout biten bout


Lè on fanm di'w non


Jénérasyon
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 28 sept. 2022 02:53

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Les 4 Filles de L'Industrie – Mina (2000 ou +)

Voici un album assez mystérieux et discret sur les infos qu’il nous livre, hormis les titres et le nom des musiciens, rien ! Il y a bien un lien, mais avec le temps la page n’est pas plus diserte. « Les 4 Filles de L'Industrie » ayant publié leur premier album « Ondine / Antenna » en quatre-vingt-dix-neuf, je pencherais, pour ce qui concerne l’année de sortie, vers deux mille, ou peut-être deux mille un ou deux mille deux, ça me paraît crédible, bien qu’en fait l’importance ne soit pas bien grande.

Comme il n’y a aucune indication de label, c’est probablement une autoproduction, c’était dans l’air du temps. Parlons plutôt de ce que l’on connaît, c’est-à-dire des musiciens dont les noms sont indiqués ainsi que les initiales des prénoms. Aux guitares il y a Jean-François Pauvros et Jean-Marie Messa, à la contrebasse Gérard Prévost, à l’électro Jean-François Binet et à la batterie Makoto Sato. Earnie Brooks qui participait au premier album n’est pas signalé ici, par contre il y a un chanteur, J. Nirouet, probablement Jean, de formation classique.

Il y a douze pièces, la plus courte est inférieure à la minute et la plus longue dépasse sept minutes. Il y a six musiciens, mais à chaque fois un musicien se repose la plupart des pièces sont donc jouées en quintet et la dernière, donc la douzième, est improvisée à quatre.

Pas de titres non plus pour les morceaux, juste des numéros, ainsi chacun peut lui donner le sien, selon son imaginaire et son ressenti. Il est certain que la présence sur neuf pièces de la voix du chanteur peut surprendre, le plus souvent placée dans les aigus, elle est clairement située dans la tradition classique et le mélange avec les instruments modernes pourraient en décevoir certains.

Pourtant elle s’intègre parfaitement à l’ensemble et prend sa place au sein des improvisations collectives avec naturel, ce qui aurait pu sembler incongru est parfaitement à sa place ici et, passé le premier étonnement, la force de la musique s’entend avec l’ensemble de ses composantes, sans qu’on n’y fasse plus attention après la première pièce.

Les guitares sont formidables ici, Pauvros est un improvisateur de premier ordre et dans cet environnement il s’éclate visiblement, son comparse Jean-Marie Messa le complète parfaitement. Mais il faut parler également du maître japonais des tambours et des percussions, Makoto Sato, parfaitement à l’aise dans cet environnement qui correspond exactement à ce qu’il aime, la musique se développe avec une belle inventivité, à la recherche de climats sonores riches et changeants.

Alors, je ne connais pas l’origine du nom de ce groupe, bien que ce soit intrigant, le mystère est entier. L’album plaira aux amateurs d’impros et de free, il séduira également par la diversité et l’étrangeté de ses climats, un beau voyage sonore.
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Message par Douglas » jeu. 29 sept. 2022 04:24

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John Zorn – A Garden Of Forking Paths (décembre 2021)

Voici un nouvel album de John Zorn qui plaira aux amateurs de guitares acoustiques. Il a composé tous les titres et dirige la musique, entouré de trois musiciens exceptionnels : Bill Frisell, Julian Lage et Gyan Riley. Neuf pièces ici, chacune incarnant un petit univers, tout en maintenant une parfaite cohésion d’ensemble.

On nous explique sur le « obi » attenant que Zorn s'inspire des contes énigmatiques du philosophe et écrivain argentin Jorge Luis Borges. Hélas mes connaissances littéraires m’empêchent de pousser plus loin dans ce sens, pour insuffisance, mais on peut faire confiance à maître Zorn qui ne laisse rien au hasard, il semblerait toutefois que le thème des labyrinthes soit une constante pour Borges, et certainement une piste pour Zorn qui ouvre l’album avec « Riverrun (Beckett’s Labyrinth ».

A l’écoute, le jeu du trio est magnifique, on entend le jazz, bien sûr, mais aussi la folk music, la musique classique ou même la country, tout se mélange et tout est à sa place. On parle souvent de complémentarité entre les musiciens dans ce genre de projet, mais à l’avance on sait déjà que tout sera parfait, cette idée de justesse et de perfection dans l’interprétation est une constante chez Zorn, avec la force d’une signature.

Quand il dirige comme il le fait ici, c’est qu’il y aura des improvisations, des bifurcations et des explorations nouvelles, certes, les plus grandes parties sont écrites et parsemées de consignes, mais la créativité n’est jamais en veille ! Souvent un des guitaristes s’échappe vers l’impro, et les deux autres le soutiennent, chacun pourra à tour de rôle se mettre ainsi un peu en avant, à l’intérieur des morceaux des espaces sont réservés à cet effet.

Un magnifique album de musique instrumentale avec de belles pièces qui se succèdent, « Circular Ruins » ou « The Rose of Paracelsus » ou encore « The Encounter » mais il est vraiment difficile d’extraire une pièce tant chacune se révèle superbe à l’examen attentif, car plus on s’y plonge et plus on l’aime…
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Message par Douglas » ven. 30 sept. 2022 05:00

Aaaah ! 97 quand tu nous tiens!

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Charlie Haden & Pat Metheny ‎– Beyond The Missouri Sky (Short Stories) – (1997)

Restons dans la communauté des « cordes » avec cet album de Charlie Haden et Pat Metheny que l’on trouve désormais facilement à bas prix. De quoi se consoler du prix des vinyles qui s’affole en cette rentrée. Acceptons comme un bon augure que cet album a reçu, peu après sa sortie, le Grammy Award du meilleur album de jazz instrumental en 1998. Je me fie rarement à ces distinctions mais j’ai écouté pas mal cet album ces derniers temps, et je ne peux que me rallier à ce choix, celui de la raison et du cœur.

On connaît l’écueil avec Pat Metheny, il peut arriver à ce grand guitariste de provoquer un certain ennui, mais tout aussi bien il peut vous enflammer et créer la passion ! Mais il y a Charlie Haden, il est dans mon Panthéon et n’est pas prêt d’en sortir, lui aussi peut créer le feu et trouver au coin de quelques accords une mélodie imparable, ou créer un climat chaleureux, ou sortir encore la note impromptue qui fait mouche.

Pat Metheny est né à « Lee's Summit » dans le Missouri et Charlie Haden y a vécu lors de son enfance et son adolescence, dans la petite ville de « Forsyth ». C’est de ce point commun qu’est né le titre de l’album, mais il y a une différence générationnelle entre les deux musiciens en même temps qu’un respect mutuel, les deux se connaissent et se fréquentent par intermittence depuis le début des années soixante-dix.

L’album est copieux et frôle les soixante-dix minutes, bien entendu Charlie Haden tient la basse et Pat la guitare mais également les « autres instruments », comprendre une petite touche de synthé par ci et quelques notes au clavier par là… Ce n’est surtout pas un album de démonstration technique du genre « m’as-tu-vu ?», bien au contraire, c’en est le contre-pied délicat, le lyrisme doux, les climats tendres et les atmosphères chaudes et langoureuses.

Les compos sont d’origines diverses, trois sont de Charlie Haden et une de son fils Josh, « Spiritual » qui ferme l’album. Pat Metheny est l’auteur de deux titres, on remarque le très beau « Tears Of Rain », autant qu’Ennio et Andréa Morricone qui sont repris ici par deux fois, sur la musique du film « Cinema Paradisio ». Il y a également un traditionnel, « He’s Gone Away » et d’autres reprises encore, treize titres au total, une sorte de fastueux partage auquel nous sommes invités.

Il faut tout de même souligner une certaine sobriété générale sur l’album, promouvant une musique intimiste, recherchant l’essentiel par l’économie de moyens et l’absence de fioritures. Tout l’art de cet album se résume à ça, en attendre autre chose serait aller au-devant d’une déconvenue, mais dans ce cadre-là, il est parfait.

Spiritual


Haden / Metheny - Cinema Paradiso


Charlie Haden & Pat Metheny - Beyond the Missouri sky


He's Gone Away
Modifié en dernier par Douglas le lun. 29 mai 2023 14:44, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 30 sept. 2022 15:25

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Vincent Sauve – la forêt dans la ville – petites musiques aléatoires (2022)

Dans ma commande chez « onze heures onze » en même temps que l’album de Magic MaliK il y avait celui-ci, « la forêt dans la ville – petites musiques aléatoires » de Vincent Sauve, d’après des compositions de deux mille vingt. Il semblerait qu’il existe une sorte de livret, mais il n’est pas fourni et il faut en faire la demande, il n’est pas spécifié si ce livret contient des indications pour l’écoute, ou bien s’il est destiné à un public de musiciens.

J’ai une version vinyle qui n’est pas irréprochable, par bonheur l’usage d’un « palet presseur » stabilise l’ensemble et atténue fortement les défauts. Vincent Sauve est compositeur et batteur, il est accompagné dans ce voyage par Maïlys Maronne au piano, Patricio Lisboa à la contrebasse, Magic Malik à la flûte, Bo Van Der Werf au saxophone baryton, Anthony Capelli au synthé modulaire et Vincent Raude aux paysages sonores.

La musique est minimale, squelettique, éparse dans le sens de l’économie. Elle est cependant rythmée et laisse une grande part au silence, et à une certaine « absence de musique » qui, par nécessité devient ainsi musique. Et la question se pose, est-ce le silence qui fait musique ?

Il y a des solos, que j’aime, dans cette toile pleine de trous, certains sont virtuoses, la flûte de Magic et le saxophone de Bo Van Der Werf, un peu. D’autres sont rares ou strictement rythmiques, voire répétitifs. Les autres instruments en somme, qui strient ou ponctuent savamment le silence pour le partager en tranches.

Il y a des mots, un projet, une démarche intellectuelle derrière tout ça, mais, sentant que ce niveau ne serait pas pour moi, je me contente d’écouter, me disant que l’essentiel doit se trouver dans cette démarche, peu active j’en conviens, mais essentielle car nous parlons de musique.

Quatre compos, « let bach », « le rebond », « le temps » et « louange », qui passent très vite, un quart d’heure par face, juste le temps de poser la tête de lecture sur l’album, vite se relever, tourner le vinyle, poser la tête de lecture sur l’autre face (attention à ne pas se tromper), se rasseoir rapidement, puis se relever dans le mouvement pour lever le bras et appuyer sur « stop ». Compter trente minutes et cinquante-trois secondes pour effectuer l’ensemble si vous y mettez du votre, les plus nonchalants passeront facilement le cap des trente et une minutes, et peut-être plus, selon leur nature…

Ceci dit c’est beau et hors-norme, les durées « contemplatives » sont inclues dans le temps global, mais passent sans qu’on n’y prenne garde. Bel album!

Le temps


Le rebond


Let Bach


Louange
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 1 oct. 2022 11:46

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Surnatural Orchestra – Esquif (2018)

Alors qu’on annonce une nouvelle parution prochaine, voici un enregistrement un peu ancien de l’extraordinaire Surnatural Orchestra, un grand orchestre français vraiment extraordinaire, le seul mystère qui l’entoure c’est son relatif manque de notoriété que je ne m’explique pas. Ils ont déjà sorti sept albums, tous excellents.

Celui-ci est un peu hybride car il est la bande sonore d’un spectacle qui inclut également des éléments visuels, apparemment de la famille des acrobates, de la danse et de l’équilibre. Cet aspect visuel contient également maquillages et costumes, un véritable spectacle, quoi !

D’ailleurs les musiciens sont également à l’œuvre, le trompettiste se retrouve en situation de jouer son solo debout sur une planche, elle-même en équilibre sur le ventre rond d’une bouteille de gaz ! Ou encore lorsqu’ils doivent se tenir à quatorze, avec leurs instruments, soubassophone compris, groupés sur une planche qui penche vers l’avant…

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La bande son est excellente, dès l’introduction on est happé par le truc et ça ne faiblit pas, ils sont tout de même dix-huit musiciens de très haut niveau qui connaissent leur affaire. Certains sont très connus comme Antoine Berjeault, Izidor Leitinger, Fanny Ménégoz, Julien Rousseau ou Boris Boublil. Côté musique, à l’écoute, sauf brièvement sur « Le Magicien », rien ne laisse vraiment transparaître de cet environnement visuel, tant les compos tiennent solidement la route.

Il y a un aspect théâtral chez le « Surnatural Orchestra » dont le jazz subit les influences de Kurt Weill et de la musique de Carla Bley. Je me rends compte de la grandeur de cette musique, de sa beauté, et je vois sa grande qualité d’expression, ainsi que son bel équilibre dans l’exécution, sans pouvoir en accorder le mérite à personne, sauf au collectif dans son ensemble : ils sont tous vraiment formidables et méritent une attention plus grande de la part des médias, c’est tellement évident !

Ici toutes les compos, de la première à la dernière sont véritablement réussies, tant pour la composition des thèmes que pour l’orchestration et l’interprétation, vraiment un sans-faute cet album. Souvent les Cds ont un format exceptionnel chez ce groupe, ici le Cd s’ouvre sur de nombreux volets présentant textes et photos, de quoi se plonger dans l’ambiance du spectacle, un coupon bandcamp est joint pour le téléchargement.

One / L'homme qui perdit son ombre


Zombie garden


Pauvre Paris


Trashimbrod


(à suivre, dans le désordre, mais à suivre...)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 2 oct. 2022 05:45

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Surnatural Orchestra – L'Homme Sans Tête (2009)

Vraiment emballé par ma précédente écoute je vous présente le second album du Surnatural Orchestra, c’est un double Cd qui tient dans un magnifique coffret contenant deux brochures, l’une est composée d’illustrations, dessins et photos mélangés, et d’un petit texte également, elle a pour titre : ce qui n’est pas visible n’est pas invisible (Camille sauvage). L’autre est une nouvelle de Nicolas Flesh dont le titre est « soif ». Il y a également un sommaire qui tient sur une solide page cartonnée. Les Cds contiennent deux fois quarante-deux minutes de musique environ.

Cet album est le second de la formation, il est sorti en deux mille neuf, six années après le premier volume, et neuf années avant « Esquif » qui se tient au-dessus, de quoi mesurer le chemin parcouru et, bien sûr, d’établir une sorte de bilan comparatif, tout en constatant que « Sans tête » ne manque ni de corps, ni de bras, puisqu’ici ils sont vingt-quatre, dont Antonin Leymarie à la batterie et aux percussions, non présent sur « Esquif » qui signe le très beau « Groumlat ».

Cet album étant double remarquons qu’une place est faite au tout venant et aux compos de chacun et, plus complexe, de l’ensemble de la formation. Quelques lignes sont présentes à ce propos, je vous en livre un extrait : « Les morceaux composés par le S.O. ont été créés grâce au Soundpainting, langage de signes universel de composition collective multidisciplinaire en temps réel, inventé par Walter Thompson. » ce n’est pas anodin car sept pièces sont signées par le collectif.

On retrouve dès le premier titre, « Berlusconi Sur Un Ecran » ou plus loin sur « Du rafting Dans Les ruelles » l’influence de Carla Bley et même du Liberation Music Orchestra et du Jazz Composer's Orchestra, pour les couleurs et les arrangements, il est difficile d’y échapper tant est grande l’importance de ces pionniers, en fin des années soixante et au début des années soixante-dix. Ce n’est que rendre une sorte d’hommage et affirmer une certaine culture que de saluer les « anciens », et même, dans ce cadre, citer franchement un air de Brassens au passage.

Les grilles sont moins serrées et plus lâches que sur « Esquif », il n’y a pas cette nécessité de faire mouche, directement et sans faille, mais plutôt de laisser la place à l’individu, à la créativité de quelques-uns et de libérer des espaces d’improvisations nombreux, sans doute à la demande. Ainsi la musique se libère et évolue à certains moments, en suivant l’inspiration de l'instant, s’inscrivant nettement dans un style free et libertaire.

D’ailleurs les prises proviennent en partie de concert à la Dynamo de Banlieues Bleues, ce qui privilégie la proximité et la spontanéité, deux vecteurs importants, on sent assez souvent une urgence dans la musique en même temps qu’une véritable puissance, comparable à celle d’un rouleau-compresseur.

Ainsi se conjuguent passages écrits et d’autres improvisés, un équilibre qui fait le jazz bien souvent, on remarque également la présence de nombreux musiciens communs aux deux albums, je n’ai pas fait le compte car ce serait fastidieux, mais c’est la marque d’un projet qui emporte l’adhésion de ses membres, plus ou moins connus, mais dans le respect et la reconnaissance de chacun.

On remarque également la présence de Boris Boublil non seulement aux claviers mais sur trois compos également, dont « My name Is Magne » très théâtrale, qui pourrait figurer sur un album de Fred Pallem sans problème. D’ailleurs on sent des connections et des fils qui pourraient relier ces deux formations.

Pour conclure, de la bonne musique en masse !

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Six apparitions de Berlusconi sur un écran


Groumlat


Gamelan


My Name Is Magne
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Ben-J » dim. 2 oct. 2022 09:20

nunu a écrit :
sam. 24 sept. 2022 16:04
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Je crois que ca s'imposait. RIP :chapozzz:
Quant on pense qu'il sortait encore un chef d'œuvre il y'a moins d'un an ... :-| :pleur2:

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Ben-J » dim. 2 oct. 2022 09:22

Douglas a écrit :
ven. 16 sept. 2022 10:51
Une petite remontée des Pyramides...
Douglas a écrit :
mer. 16 sept. 2020 06:02

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Idris Ackamoor est un des fondateurs du groupe « The pyramids » qui eut son heure de gloire entre 73 et 76. Après « We Be All Africans » et « An Angel Fell » il poursuit son retour chez « Strut Records », malgré ses soixante-dix printemps. Il faut l’en féliciter. « Shaman ! » est donc le troisième album qu’il enregistre en quatre années et c’est l’artiste japonais Tokio Aoyama qui signe la peinture dont est issue la très belle pochette.

Un beau double-album avec, à l’intérieur, un bon de téléchargement, c’est à signaler car c’est très pratique, un peu comme si vous pouviez écouter le vinyle en voiture, un truc à généraliser. Chaque face est composée par un acte, la durée est correcte, pas comme ces doubles LP qui contiennent quatre faces de treize minutes… On regrettera le pressage un peu cheap et le trou central du second vinyle au diamètre mal dimensionné.

Ici souffle l’esprit de Pharoah Sanders, l’influence est prégnante, Idris est clairement un enfant de ce que l’on a appelé le « spiritual jazz », les codes sont là, d’où une impression de déjà entendu qui n’enlève pas le plaisir de l’écoute, c’est à noter. Quelques beaux solos du ténor ou de l’alto tonifient l’album, il faut noter également le retour d’un « fondateur », Dr Margaux Simmons à la flûte qui offre une nouvelle palette de couleurs au groupe, qui possédait déjà le magnifique son du violon de Sandra Poindexter. La rythmique est également de feu, tout est bien en place.

La basse électrique de Ruben Ramos est un axe fondamental dans le « son » du groupe qui groove souvent de façon répétitive, avec également des riffs de guitares, ainsi se révèle l’autre influence majeure du groupe, celle du Miles période « électrique », cet aspect « funky » est la seconde jambe sur laquelle repose le style de ce groupe, bien armé pour affronter les lois du marché.

Et bien mon exemplaire ne contient pas le précieux lien de téléchargement.
Si quelqu'un à un autre lien de téléchargement je suis preneur.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 2 oct. 2022 09:57

Ben-J a écrit :
dim. 2 oct. 2022 09:22

Et bien mon exemplaire ne contient pas le précieux lien de téléchargement.
Si quelqu'un à un autre lien de téléchargement je suis preneur.
Je peux t'envoyer ça dans la journée, par "we transfer", le temps de télécharger, mais ce n'est que du mp3 (320 kb).

Je mets avec "An Angel Fell" et "we be all africans", si tout va bien.
;)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Ben-J » dim. 2 oct. 2022 10:34

merci beaucoup

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 2 oct. 2022 12:19

C'est fait! validité limitée

Idris Ackamoor & The Pyramids - Shaman! - mp3.rar - 140 Mo
Lien de téléchargement
https://we.tl/t-zW6LZCyYIC

Idris Ackamoor & The Pyramids - An Angel Fell - mp3.rar - 150 Mo
Lien de téléchargement
https://we.tl/t-zlqR7qKI0Y

Idris Ackamoor & The Pyramids - We Be All Africans (2016).rar - 86 Mo
Lien de téléchargement
https://we.tl/t-8GzFtDX1uV
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 3 oct. 2022 02:31

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Surnatural Orchestra – Tall Man Was Here (2020)

A l’heure où j’écris « Tall Man Was Here » représente pour quelques jours encore la dernière sortie du Surnatural Orchestra, grand orchestre phénoménal et fierté nationale que le monde entier nous envie, sans en avoir encore pleinement conscience. Cet album révèle une formation arrivée pleinement à maturité, qui démontre une très grande efficacité.

Il faudrait tout saluer, le travail sur les compos, l’orchestration, l’équilibre entre les sections et la qualité des musiciens, vraiment tous démontrent une très grande maîtrise depuis le titre d’ouverture, l’excellent « Baleines Boréales », jusqu’à la dernière pièce « En requiem » qui n’existe pas sur la version vinyle, mais est incluse sur le Cd joint. Cette attention démontre un grand respect pour l’acheteur et, accessoirement, potentiel fan de cette magnifique formation.

Assister à un concert du Surnatural Orchestra c’est profiter d’un « Concert scénographié avec fil conducteur ». Ainsi le public est-il associé au scénario et se trouve questionné sur la notion d’autorité. Les photos du livret nous promettent un beau bazar (comme disait l’autre) en tous cas. Je n’ai pas eu la chance d’assister à un concert du groupe et je sens les probabilités diminuer, mais sait-on jamais ?

Pour être juste il faudrait constater qu’il n’y a que des moments forts, mais s’il fallait choisir, je sélectionnerais, en plus de ceux déjà cités, « Heavy Yak », « Veracruz », « Tall Man is Dead » ou « La condamnation du yak », par exemple, qui ajoute un peu d’humour et de décalage, et mérite bien un petit satisfecit également, mais il n’y a aucun titre anodin.

Bon allez, courez l’acheter tant qu’il en reste. La version Cd tient dans un petit coffret noir en bois, avec, à l’intérieur, le Cd, le livret et une craie blanche qui vous rappellera l’école d’autrefois, avant que n’arrivent les tableaux blancs et les vilains feutres qui peinent à faire des « pleins et des déliés » à la façon d’avant, en utilisant si possible la même famille alphabétique, sans mélanger les lettres d’imprimerie et les lettres cursives, c’est mieux.

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Baleines boreales


Tall Man Is Dead


Heavy Yak


Retreat


En requiem
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 4 oct. 2022 02:53

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Surnatural Orchestra - Profondo Rosso (2013)

Voici le quatrième album du Surnatural, il tient à l’intérieur d’un livre, « Notes Pour Un Ciné-Spectacle », à nouveau une bande sonore avec une démarche visuelle associée, il faudrait même parler de B.O. car le cinéma est invité ici à travers « Profondo Rosso » le chef d’œuvre de Darion Argento, nous dit-on, il s’appellera « Les Frissons de L’Angoisse » de ce côté-ci des Alpes. Perso je ne connais de lui que « Suspiria », un film que les amateurs de bonne zique peuvent aller voir, ils ne seront pas déçus…

C’est sur cette trame, augmentée du tragique décès de Pasolini, retrouvé assassiné, pendant ces années de plomb, que s’inscrit notre « Profondo Rosso », dénonçant la possible arrivée d’un nouveau fascisme. De quoi nourrir l’imagination et la créativité insatiable du Surnatural Orchestra qui livre à nouveau une magnifique œuvre en dix-huit étapes.

Il faut croire que le cinéma stimule nos musiciens et surtout nos compositeurs qui s’avèrent à nouveau remarquables, le saxophoniste Fabrice Theuillon qui signe les très beaux « Reconstitution » et « Rideaux », Baptiste Bouquin, saxophoniste et clarinettiste qui a composé le superbe « Meurtre Dans La Salle De Bain » ainsi que « Villa Des Massacres » et « Congresso di parapsicologia » , le claviériste Boris Boublil qui a écrit « Mark Joue Du Piano » et « Ecole », ou encore le joueur de sousaphone et de scie musicale Laurent Géhant qui a composé « Meurtre du Spécialiste » avec ses glissements et ses changements de trajectoire.

Le saxophoniste Nicolas Stephan a écrit « Villa » l’avant dernière pièce de l’album qui donne à penser, et pour finir « Laisse-Toi Embrasser » de la part de Maxence Tual, récitant, et Thomas Buet ingénieur du son, comme quoi tout le monde s’y met et chacun a sa place. Le titre « Mort De Pasolini » est horrible, dans un style très réaliste, on peut zapper.

Ce petit tour, avec quelques titres triés, pour montrer que ces « presque inconnus » ont un talent monstre et beaucoup à dire, par chance existe le Surnatural Orchestra qui permet à chacun de s’exprimer et de briller. Ce collectif est tout simplement extraordinaire et ce quatrième essai une belle étape au milieu d’un sublime parcours.

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Reconstitution


Meurtre dans la salle de bain


Mark joue du piano


Villa
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 5 oct. 2022 02:45

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Surnatural Orchestra – Pluir (2012)

« Pluir » est le troisième album dans la discographie du Surnatural Orchestra, c’est aussi l’album que j’ai le premier écouté, après avoir vu la formation en concert lors d’une émission de télé, j’avais été immédiatement saisi et emporté par le lyrisme du groupe, sa jeunesse et son souffle épique. « Pluir » se présente comme un album ordinaire, ce qui en soi est déjà extraordinaire, mais je ne le savais pas encore, il est gonflé aux hormones de soixante-dix minutes de musique bienfaisante.

Je vous le présente presqu'en dernier, hors de tout souci chronologique, juste le fait du hasard, et peut-être aussi à cause de son statut de digipack, ce qui le rend hors-norme puisqu’il est sagement classé dans la lettre « S », alors que les autres n’y figurent pas, trop haut, ou trop long, ou bien encore trop massif… Il sera rejoint bientôt par le premier, puis par le nouvel album qui semble également simplement ordinaire, tout au moins dans la forme.

On retrouve nos géniaux compositeurs inconnus, les Géhant, Stéphan, Leymarie, Boublil, Theuillon, Saudek ou Hélary. Géniaux mais dans l’ombre, noyés dans la masse, le Surnatural qui compose aussi, et même majoritairement sur cet album. Je prends mon doigt pour compter, ils sont dix-neuf, de quoi occuper n’importe quelle scène et impressionner, même avant de jouer, alors imaginez pendant ! Ils sont nés d’une fanfare semble-t-il, quelle promotion ! Passer ainsi de marchant à assis, avec un tel talent !

Le problème avec cet album c’est que le morceau qui passe vous fait oublier le précédent, car il vous happe de suite, sans vous laisser une chance. Il y a ce truc d’Antonin Leymarie, qui poursuit également des projets par ailleurs, ça s’appelle « Party Party 1.2.3 » et c’est vraiment énorme, onze minutes hors du temps, quasi-symphonique sur la fin, il faut toute la finesse du Surnatural pour interpréter une telle pièce sans grandiloquence !

Puis arrive « Choses Sauvages » de Boris Boublil dont on sait le talent de compositeur, il offre un solo au sousaphone, on le voit, c’est un homme de bien et la compo se transforme en marche triomphante qui embarque l’entièreté des instruments à vent et de la rythmique, avant de s’éteindre, molle.

On nous indique sur le « bandcamp », ou le Cd se vend cinq euros (ou plus), qu’une pièce mystère est découpée entre les musiciens, chacun devient alors le chef d’orchestre et dirige sa création ou son impro à partir de son extrait. Ce qui deviendra, au final, l’album que l’on entend, une sorte de méthode ou le ludique tient son rang, même si on retrouve ici les habitués de l’écriture…

Il y a même une chanson, enfin un truc avec des paroles qui ressemble un peu à du rap-jazz, « What Is Collective ? » qui mérite le détour et peut-être un peu de votre temps, rassurez-vous les minutes consacrées à l’art et à sa contemplation ne sont pas enlevées de votre « capital vie », et même se rajoutent si l’on en croit les Sages Ecritures du « Bardo Thödol », enfin, si j’ai bien lu…

Avant de partir un petit mot pour la jolie pochette…

Pluir


Party Party 1, 2, 3


Choses sauvages


What Is Collective? (feat. Mahmoud the King)
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Message par Douglas » mer. 5 oct. 2022 15:06

Une petite remontée pour ce bel album, ici en vinyle, du Surnat' !

Surnatural Orchestra - Ronde (2015)
Douglas a écrit :
sam. 29 févr. 2020 08:10
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Le Surnatural Orchestra a sorti l’album « Ronde » en 2015, en fouillant un peu dans la discographie du groupe je viens de me rendre compte qu’un autre album est sorti en 2018, « Esquif », et qu’une nouvelle sortie est prévue au mois de juin prochain ! Il va falloir me mettre à jour car ce groupe n’a jamais déçu mon attente. Il est vrai que des albums exceptionnels ont marqué son existence, des concerts remarquables également.

On ne sait trop s’il faut parler d’orchestre ou si « fanfare » ne serait pas plus adéquat, le nombre de musiciens participants au groupe est très impressionnant, autour d’une vingtaine environ, selon les périodes, bien que le groupe connaisse globalement une grande stabilité. Des musiciens de talent, c’est indéniable, mais je ne peux citer que deux individualités qui ont su s’en extraire, le trompettiste Antoine Berjeault et Antonin Leymarie dont il faudra reparler.

Finalement rien d’étonnant à cela, car ce qui fait la force du collectif, c’est précisément l’esprit de groupe, nul n’est besoin d’un leader ou d’un chef au sein du Surnatural Orchestra, un organisateur musical c’est suffisant. Pas de hiérarchie, ni même d’étiquette pour ne pas s’enfermer, juste le plaisir de jouer, de créer, de se fondre dans la musique et la création musicale.

Cet album, tout comme le précédent « Profondo Rosso» sorti en 2013 est vraiment très réussi. L’orchestre est composé de huit joueurs de cuivres, sept de anches, deux flûtistes et une section rythmique de quatre membres en comptant le pianiste, mais ce qui marque surtout c’est l’interaction et la complexité dans le traitement entre ces différentes sections. Parfois on pense au kollektief de Willem Breuker, certains passages renvoient au Mike Westbrook Brass Band et d’autres à certaines œuvres majeures de Carla Bley, parler d’influences serait sans doute trop, des couleurs voisines plutôt, ce groove continuel, ces impros savantes, cette énergie et cette richesse créative qui ne s’arrêtent jamais sont les marques d’un groupe important !

Pour écouter:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 6 oct. 2022 02:19

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Surnatural Orchestra – Surnatural Orchestra (2003)

Voici le premier album du Surnatural et l’homme sans tête est déjà présent, déjà dix-neuf et encore pas assez, quatre invités viennent aider. Le Surnatural est un carrefour, on y fait des rencontres, on y passe, mais le plus souvent on s’y installe, beaucoup sont déjà là qui ne quitteront plus.

Très vite on arrive sur « Doïna », le traditionnel roumain, adopté par la musique Klezmer, premier gros choc pour cette première partie, qui se tient en troisième position, et qui reviendra, transformé, en place huit, sous le nom de « Doïna II » donc, exotique, lyrique, chantant et dansant, il tourne et rit, et pleure en même temps …

Ce mélange de musique Tzigane et Klezmer est l’ingrédient premier de cet album, que l’on retrouve sur « Kodashim » et tout au long de l’album, qui s’ouvre toutefois aux rythmes caribéens que l’on devine sur « La Sauce à Rachid » et ses chœurs dansants.

La représentation s’est déroulée à Paris, dans la salle de concert de la Maroquinerie, sur trois dates de décembre deux mille deux, d’ailleurs ici ou là on entend la foule qui se lève et applaudit ses héros du moment et ils le méritent bien. Ce qui frappe, au regard de la discographie, c’est déjà la grande maturité que l’on découvre ici, la maîtrise affirmée, l’enthousiasme que l’on ressent et qui ne s’éteindra jamais au fil des ans.

Bien qu’il y ait un creux de six années entre les deux premiers albums, il faut reconnaître que tout est déjà présent, la beauté des compos qui est une constante, la maîtrise dans les arrangements, l’omniprésence des anches et des cuivres en même temps qu’une magnifique rythmique. Et, faut-il le préciser, l’excellence des musiciens qui se fondent entièrement dans le collectif. En outre, bien qu’il y ait de solides structures, une grande place est octroyée aux solistes qui s’expriment souvent avec brillance et assurance.

L’album se termine sur « Les Tableaux » qui intervient après « Interlude c » qui nous rappelle que le « Surnatural » a d’abord été une fanfare avant de devenir un véritable Big-Band, un grand orchestre fantastique dès son premier essai discographique. Il arrive parfois que l’on remarque une évolution qualitative entre les albums d’une formation, ce n’est pas le cas ici, car ce premier essai est tout simplement un coup de maître. (Chanson cachée en fin d’album, mais faut être patient) …

Doïna I (feat. Christophe Monniot)


Doïna II


Kodashim (feat. Christophe Monniot)


La sauce à Rachid
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 7 oct. 2022 03:57

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Keith & Julie Tippett – Live At The Purcell Room (Couple In Spirit) – (2010)

Voici le couple peut-être le plus fameux du jazz Britannique, Keith et Julie Tippett en concert au London Jazz Festival de deux mille huit. A l’origine le concert a été enregistré en vue d’une diffusion sur le programme « Jazz on 3 » de BBC Radio 3. C’est le label Ogun qui a récupéré les droits de diffusion via le Cd, tout simplement sous le nom du lieu du concert : « Live At The Purcell Room ».

Une seule pièce est enregistrée, d’une durée d’un peu plus de quarante-six minutes. Elle est d’un seul bloc, entièrement improvisée, mais contient deux poèmes de Julie, le premier se nomme « Brittle Brimstone » et le second « Mirror-Image », ils se tiennent tous les deux écrits à l’intérieur de la pochette. Ces deux poèmes sont le « matériau » autour duquel l’improvisation se crée et se tisse.

La pièce avance donc à deux de front, à gauche keith est au piano, il utilise également des wood blocks, des cailloux à agiter, un carillon, des maracas, une boîte à musique ainsi qu’une flûte de pan en plastique. Au centre Julie chante, elle aussi utilise les percussions, tambourin, clochettes, piano à pouces, graines à secouer, tambours à main sri-lankais, bols chantants, xylophone balinais, « smile drum » ainsi que des baguettes de tambourin.

Est-il besoin de préciser que cet album risque de décevoir les amateurs du couple qui espèrent retrouver l’atmosphère de « Streetnoise » ici. Déjà la musique est improvisée, même le chant n’obéit à aucune règle, si ce n’est celle de la sensation, du ressenti organique des mots et des syllabes, qui sont brèves ou prolongées, montent dans les aigus ou redescendent dans les graves, obéissant à la respiration immédiate, guidée par le piano ou, inversement, lui dictant ses sensations.

On ne peut parler de genre ici, ni même de style car tout éclate par la nécessité de l’immédiateté, du ressenti, les mots seuls commandent aux interprètes qui leurs prêtent vie au moment où ils sont chantés ou accompagnés, portés et élevés, tordus ou sanctifiés. Seule compte l’interprétation au moment où elle est effectuée, par les deux musiciens.

Mirror Image est le nom que porte la pièce portant les deux poèmes. Le Cd est bien conçu avec une pochette très protectrice.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 7 oct. 2022 17:23

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whereisbrian a écrit :
ven. 7 oct. 2022 16:49
Batman & Robin, The Sensationals Guitars Of Dan & Dale, 1966
Disque sorti en 2018

Comme le nom de l'album semble l'indiquer, on y trouve Dan et Dale, Al Kooper, et Sun Ra (entre autres et pas dans son registre habituel)
Rock, Jazz, Rythm n Blues, Funk
Belle pochette et beau groove
Interpelé par l'ami whereisbrian je me décide à ressortir cette chroniquette du fond des âges...

Sun Ra : The Sensational Guitars Of Dan & Dale - Batman And Robin (1966)

Peut-être avez-vous entendu évoquer Batman en parlant des disques de Sun Ra, à première vue il n’y a aucun rapport, et les deux univers semblent totalement étrangers l’un à l’autre, mais il ne faut jamais jurer de rien avec Sun Ra, oui, au détour d’une escapade interstellaire, il a bien rencontré Batman, d’ailleurs cet enregistrement en est la preuve la plus concrète.

Pour d’évidentes raisons qui concernent la sécurité nationale des Etats-Unis, la rencontre s’est déroulée dans un endroit tenu secret, en utilisant des pseudonymes sensés garantir l’anonymat des intervenants lors de cette entrevue. C’est donc caché derrière le nom de “The Sensational Guitars of Dan and Dale” que Sun Ra mènera le projet. Pas seul, bien entendu, quoi qu’averti des règles du Showbizz, il se montre parfois tête en l’air… futé et malin, certes, mais un peu trop original. On lui adjoint donc un co-leader dans cette mission : Al Kooper, le vrai, celui du Blues Project. D’ailleurs Dan and Dale ce sont deux musiciens du Danny Kalb’s Blues Project: Danny Kalb and Steve Katz, futurs Blood, Sweat & Tears.

Les équipes sont donc ainsi formées : Marshall Allen, John Gilmore et Pat Patrick côté Sun Ra. Danny Kalb, Steve Katz, Andy Kulberg et Roy Blumenfeld côté Al Kooper. Pour bien brouiller les pistes, le dénommé Al Kooper démentira sa participation personnelle au projet, bien que son nom soit écrit en toutes lettres sur la pochette, mais nous menons l’enquête…

Pour faire bonne mesure on s’en tiendra à du solide rhythm and blues, de la musique carrée, nette, faite pour plaire au plus grand nombre. Surtout, on prendra bien garde à n’utiliser que des titres libres de droits d’auteurs, tombés dans le domaine public… comme du Chopin, du Bach ou du Tchaïkovski !

Le Boss, grand concepteur du projet, est le producteur Tom Wilson, mandaté par une fabrique de jouets à Newark, dans le New Jersey, il n’a pas de mal à convaincre nos héros (pas Batman, mais Sun Ra et la bande à Kooper) à commettre un album pour surfer sur la vague « Batman & Robin » qui déferlait alors sur le monde des médias, à travers une série télévisée à l’intention des enfants…

Dès le premier titre "Batman Theme" de Neal Hefti, le public ayant acheté l’album peut se rendre compte qu’il y a maldonne, la version ici proposée est très différente de celle de la série TV…La pochette accrocheuse était un leurre… On pense généralement que la voix féminine en avant des chœurs est celle de June Tyson, bien qu’elle ne soit pas créditée sur l’album. Le titre ne manque pas d’énergie et s’écoute fort bien, en tapant du pied (où (sur) ce que vous voulez…). C’est une musique joyeuse parfaite pour la danse, ou pour animer vos partys et vos soirées, propice à créer une ambiance festive et à faire tourner la tête à la plus rétive des chauves-souris !

On Remarque également le troisième morceau : « Batman and Robin over the roofs », pièce de plus de sept minutes particulièrement réussie, un bon blues rock traversé par un solo de guitare bien décapant, probablement de Danny Kalb.
" Robin's Theme " qui ouvre la seconde face est également un superbe titre, bien enlevé et très rock, chanté par une June Tyson très funky. Sur « The Penguin umbrella » on peut reconnaître une Polonaise de Chopin, tandis que la « Batmobile Wheels », elle, doit plutôt à Jean Sébastien Bach ! The Riddler's Retreat se remarque par la citation de « She loves you » des Beatles qu’on y entend. Par ailleurs les morceaux sont souvent traversés par des solos de sax chargés d’une lourde évocation érotico-chaloupée...

Driing ! Arf ! P….. de téléphone !
« - Hmmm !
- C’est Mike H.
La voix est âpre, sans douté chargée des alcools qui l’ont accosté cette nuit là, tandis qu'il faisait la tournée des clubs, comme il aime le faire…
- Al Kooper, de source sûre… Il n’a pas pu enregistrer ce jour là !
Je le connais Mike, quand il dit de source sûre, on peut lui faire confiance, encore une confidence qu’il a su arracher au coin d'un oreiller, pour sûr, c'est bien lui le meilleur.
- Ah, Ok Mike, affaire bien menée, c'est donc Sun Ra seul aux claviers! Passe me voir au Blue Note j’ai quelque chose pour toi. »

Si vous aimez Booker T. and the M.G.'s et le parfum des années 60 vous passerez un agréable moment, décalé ? Oui, négligeable ? Non…

Batman Theme


Joker Is Wild


Robin's Theme


Batman and Robin Over the Roofs
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par whereisbrian » sam. 8 oct. 2022 08:39

:chapozzz: :chapozzz:

Merci pour les précisions.
Un disque qui balance bien. Juste au niveau du son, je trouve qu'il y a un manque de précision (rythmique),
un genre de voile provenant probablement de la date de l'enregistrement.
Je ne sais pas trop comment et dans quelles conditions le CD (mon exemplaire d'écoute) a été produit.

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