J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 14 mars 2021 09:08

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Nurse With Wound ‎– Gyllensköld, Geijerstam And I At Rydberg's

Avant de parler de l’album lui-même, un petit mot sur « Rotorelief », le label qui a conçu cette réédition. C’est un petit label par la taille, mais grand par la qualité graphique de ses réalisations, il est situé en Ile et Vilaine, à Plélan Le Grand, à vingt-cinq kms de St Méen Le Grand, le pays du Bouchinot, si je ne me trompe pas. Rotorelief s’est spécialisé dans les musiques plutôt expérimentales, bizarres, très peu commerciales, mais également dans la musique psychédélique à travers des rééditions de « Sand » ou « Current 93 » qui est plus folk mais vous connaissez sûrement. Le catalogue contient pas mal de pépites, perso je me cantonne dans les vinyles et je n’ai jamais été déçu, tant par la qualité du pressage que par la beauté des pochettes qui font souvent oublier les originales.

Voici donc « Gyllensköld, Geijerstam And I At Rydberg's » de la part de « Nurse With Wound », le groupe de Steven Stapleton. L’original était assez court, un peu plus de trente minutes réparties entre les deux faces. Cette réédition est très augmentée puisqu’elle se présente sous la forme d’un double Lp incluant près de quarante minutes supplémentaires.

Là je manque vraiment de documentation fiable et de renseignements étayés, mais on trouve sur la face D une longue suite qui s’appelle « Journey Through Cheese » qui apparaît également sur un album de 2001 en version un peu plus longue, « Funeral Music For Perez Prado ». Sur la face C on trouve des remixes qui datent de 1993, dont une version alternative de « Dirty Fingernails » qui occupe la face B de l’album original ainsi que deux autres courts titres.

C’est de la musique expérimentale 100% pur jus, la décrire n’est pas facile car elle échappe aux normes habituelles, on retiendra cependant qu’elle est construite à partir de collages, de montages, qu’elle se montre parfois essentiellement répétitive. Chaque pièce est bâtie et structurée avec des lois différentes, elles provoqueront chez l’auditeur des réactions variées, qui sont conditionnées également aux habitudes d’écoute de l’auditeur en question.

Ainsi « Journey Through Cheese » par exemple, qui se trouve face D, avance avec la force d’une machine pendant la durée des vingt minutes qu’il occupe, il s’interrompt à intervalles réguliers, puis repart avec un entêtement buté dans un environnement sonore de fin du monde, bruits, éléments dramatiques, coups de marteaux et interventions sonores variées accompagnent cette marche forcenée.

« Several Odd Moments Prior To Lunch » qui stationne sur l’entièreté de la face A est très différent, on plonge dans un monde parallèle, entre les films d’angoisse et d’horreur, avec des voix d’outre-tombe, inquiétantes, des cris d’horreur et des rires sardoniques. Tout est mis en place pour créer un monde inquiétant, on retrouve le principe des collages et des motifs répétés jusqu’à l’obtention de l’atmosphère adéquate.

« Dirty Fingernails » sur la face B est encore plus froid, glaçant et même agressif et dérangeant, vous êtes prévenus, ici on ne vous épargnera pas…

Pour une entrée en matière un peu plus douce à la rencontre avec « Nurse With Wound » on peut conseiller, toujours sur Rotorolief, l’album « Homotopy To Marie ».

Nurse With Wound ‎– Several Odd Moments Prior To Lunch


Nurse With Wound ‎– Journey Through Cheese


Nurse With Wound ‎– Phenomenon Of Aquarium And Bearded Lady


Nurse With Wound ‎– Dirty Fingernails
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Message par Douglas » lun. 15 mars 2021 06:02

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Lakecia Benjamin ‎– Pursuance The Coltranes

Un album de la sortie du premier confinement, un peu mal tombé sans doute, pourtant c’est certainement un des meilleurs vingt-vingt, un grand cru, bien qu’il ne soit qu’une relecture, une réinterprétation, il me bluffe !

Elle s’appelle Lakecia Benjamin, elle est jeune, belle, et elle joue du saxophone alto, et sacrément bien, elle écrit, arrange et sort son troisième album, un hommage aux « Tranes ». Pourtant son créneau habituel c’est plutôt le jazz funk, elle a même joué avec Missy Elliot et Alicia Keys, et puis un jour, une amie, Georgia Anne Muldrow qui chante de sublime façon sur « Om Shanti », lui fait écouter un album d’Alice Coltrane.

Elle est comme ça, Lakecia, quand elle aime quelque chose, elle creuse, et plus elle creuse la discographie d’Alice, plus elle l’aime ! Et puis elle décortique aussi, les notes de pochette, c’est comme ça qu’elle lit, « John Coltrane », « Ah ! Elle avait un frère ! » Se dit-elle. Alors elle creusa encore, mais cette fois-ci autour de ce John, et là elle fut éblouie, scotchée !

Alors ici elle risque l’hommage aux deux Coltranes, Alice et John, d’où le nom « Pursuance : The Coltranes ». Elle ne s’embarrasse pas et sélectionne ce qu’elle aime le plus, et ça donne cet album. Côté Alice elle interprète « Prema », « Walk With Me », « Going Home », « Om Shanti », « Turiya And Ramakrishna » et « Affinity » (à ne pas confondre avec « Infinity » sorti en 72).

Pour John, voici la liste : « Liberia », « Central Park West », « Syeeda's Song Flute », « Spiral », « Alabama », « Acknowledgement » et « Pursuance ». Voilà, rien d’un best of…, juste les coups de cœur, et c’est bien, même très bien. Côté grands noms, ça défile aussi ici, mais c’est surtout la présence de Reggie Workman qui rassure et patronne, il saura raconter John et Alice, les faire revivre auprès de Lakecia, et c’est beaucoup.

Il y a aussi Marc Cary au piano, Dee Dee Bridgewater de passage, l’immense Georgia Anne Muldrow sur « Om Shanti », Me'Shell NdegéOcello à la basse, Ron Carter qui passe, Gary Bartz et plein d’autres musiciens talentueux.

Le danger c’était de trop coller au modèle, ce qu’elle évite avec soin, elle joue de l’alto, ça évite un peu le piège, d’autant qu’elle réarrange à sa sauce. Pour autant, elle n’évite pas les thèmes et y va franchement, chacun reconnaîtra les siens, elle essaie de garder la bonne distance et y arrive plutôt bien, mieux que d’autres qui s’y sont brûlé les ailes.

Avant de nous quitter il faut également réveiller le fantôme de Kenny Garrett ‎ qui, en 1996, composa déjà un album de réinterprétation des titres de John Coltrane, d’ailleurs son nom fait écho à celui de Lakecia Benjamin, « Pursuance: The Music Of John Coltrane ».

Liberia (feat. Gary Bartz)


Om Shanti (feat. Georgia Anne Muldrow and Meshell Ndegeocello)


Pursuance


Turiya and Ramakrishna


Alabama
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Message par Douglas » mar. 16 mars 2021 04:52

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Susan Alcorn, Joe McPhee, Ken Vandermark ‎– Invitation to a Dream

Deux souffleurs et une gratteuse : Suzanne Alicorn, Pedal Steel Guitar, Joe McPhee, Soprano Saxophone & Pocket Trumpet, Ken Vandermark, Tenor Saxophone & Clarinet. Voici le menu, frites-jazz à gogo, ça tombe bien j’aime ça. C’est sorti le 23 August 2019 chez Monofonus Press/Astral Spirits et ça pèse 48:55.

Vous voilà renseignés et un petit peu avancés, dedans y’a écrit un joli poème de Joe McPhee, en voici un tout petit extrait :

«Tomorrow yes
Tomorrow no
Do we stay
Or
Do we go »


Voilà, j’espère que ça vous a plu, ça résume beaucoup de nos interrogations et de nos vies. Joe, lui, il avance, il suit son chemin, il fait des tas de rencontres, il participe à des tas d’albums, semble ne jamais dire non et préférer dire oui, tant que ça ne se télescope pas. Et c’est heureux, car là où il est, se crée toujours quelque chose, comme si des graines de beauté poussaient tout autour de lui, sa venue suffirait donc.

Oui, mais non, car Susan elle aussi a un petit jardin, où poussent des violettes, toutes petites, à ras du sol, fragiles et parfumées, ne pas fouler ni arracher. Elle aime étirer les sons de sa guitare, pour qu’ils s’amplifient, puis diminuent et s’étiolent, laissant la place à un autre, qui perpétue le premier, prend de l’ampleur et meurt doucement avant qu’un autre n’arrive, encore plus beau…

Ken Vandermark, il est bien ici, il s’y plait, son affaire, c’est la rocaille, il fait pousser les cailloux et joue avec Joe, et joue avec Susan, il les chamboule un peu, mais tout doucement, un petit coup de souffle, par ici, et un autre par-là, c’est un gros Nours en fait.

Des fois on croit que, quand c’est free, ça crie, hurle et gueule même, et je ne sais quoi encore. Mais là non. Pas du tout. C’est juste beau. C’est que des poètes, avec des graines de beauté, des violettes et des tout petits cailloux. Tous les trois y signent tous les titres, c’est un trio de jardiniers qui plantent ensemble, arrosent et font pousser, haut, haut, haut, pour que ça soit beau et que les graines poussent tout autour, et que les violettes, elles, s’étalent en un splendide tapis, dense et parfumé …

Voilà, un disque d’émotion, de créativité spontanée, d’imagination, de bienveillance et d’écoute. Une merveille…



Joe McPhee, Ken Vandermark, Susan Alcorn in Montreal - 1 of 2


Joe McPhee, Ken Vandermark, and Susan Alcorn in Montreal - 2 of 2
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Message par Douglas » mer. 17 mars 2021 00:02

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Jean-Pierre Como ‎– My Little Italy

Jean-Pierre Como est surtout connu, pour ceux de ma génération, comme le co-fondateur du groupe de « jazz-rock » Sixun, dans les années quatre-vingts. Le voici à nouveau dans une actualité relativement récente avec un album sorti il y a environ un an, « My Little Italy ». On le comprend, Jean-Pierre retourne vers ses racines et retrouve le charme de l’Italie et de sa culture méditerranéenne.

Pourtant c’est avant tout un disque de chanteur, de crooner, romantique, c’est « Walter Ricci » qui prend le rôle du séducteur, avec cet accent italien et cette voix chaude qui susurre, vous tourneboule et vous accroche le cœur. Dans cette musique, j’entends des accents venus de partout, pourvu qu’il y ait du soleil, d’Italie, de Corse, mais aussi du Brésil avec « Mania » et des accents de l’Argentine aussi, comme sur « Dolce Tango » !

On pense aussi à Paolo Conte, mais en moins rude, moins « vite fait on emballe », ici on prend le temps, on développe, les solos prennent leur part, comme cette guitare sur « Stanza 103 », on tourne, on danse et on prend le soleil aussi, il faut dire que Como est souvent de la fête pour signer les compos.

Il y a même un titre à vocation internationale « top 50 » en anglais, ça s’appelle « These Four Walls », bon, c’est bien fait, signé de Coltman et Como, mais on sait bien que ça ne marchera pas, avec ce petit air de déjà entendu, mais c’est bien d’essayer, des fois que…

Deux instrumentaux tout de même dont « Chorino Amalfitano » où Como y va de son piano, l’occasion aussi de gouter au jeu brillant du grand « Dédé » Ceccarelli à la fête ici, derrière ses fûts.

Un album côté soleil donc, qui réchauffe et fait du bien à l’âme, léger, qui balance tout doux, charme et séduit, paresse aussi… A sortir aux temps chauds, ou, faute de mieux, quand le besoin de soleil se fait sentir !

Jean-Pierre Como - Stanza 103


Jean-Pierre Como - Nun è Peccato


Jean-Pierre Como - Dolce tango


Jean-Pierre Como - These Four Walls
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Message par Douglas » jeu. 18 mars 2021 03:28

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John Zorn ‎– John Zorn's Bagatelles

Après un long rodage et des interprétations « live » notamment en France, voici venir les « Bagatelles ». C’est une nouvelle série de John Zorn composée de trois cents titres dont voici une première concrétisation sous le nom de « The John Zorn’s Bagatelles », donc.

On retrouve l’esprit des "Books of Angel", ces compositions sont en effet destinées à être jouées par un important éventail de musiciens. Pour l’instant on en est tout au début de la diffusion, pour ce premier jet, il est prévu mille deux cents coffrets, dont cent qui sont signés.

Ce premier volet est donc constitué par un superbe coffret qui comprends quatre cds, le volume un que je vous présente aujourd’hui est consacré au Mary Halvorson Quartet. On y trouve Mary Halvorson et Miles Okazaki aux guitares, Drew Gress à la basse et Tomas Fujiwara à la batterie.

Neuf compositions sont au menu, elles apparaissent sous la forme « Bagatelle # 57 » ou « Bagatelle # 284 », c’est très beau, mais pas donné, prévoir quatre-vingts $ quand même, le coffret est stylé et les Cds plutôt chicos. J’imagine que ça va rester pendant quelque temps assez confidentiel, avant que n’apparaissent les volumes sans la box. Pour les liens youtube, Zorn est plus réputé pour les enlever que pour les mettre, il ne sera pas facile de se faire une idée sinon par des extraits de concert.

Concernant ce premier volume mon impression est extrêmement favorable, le duo des guitares est assez dantesque, il ne faudrait pas parler de challenge entre les deux musiciens, ce serait inapproprié, mais de complémentarité virtuose extrêmement propre et léchée.

Parfois l’énergie est très rock, tendue, bien emmenée par une rythmique sans défaut, ça glisse même funky à l’occasion sous l’impulsion de Drew Gress. Bon c’est également, jazzy, un chouïa expérimental, mais toujours plein de feu, les batteries chargées au max !

On se souviendra également que le Mary Halvorson Quartet était déjà présent sur le volume trente-deux des « Book Of Angels » dont la série ne voulait jamais finir, malgré les annonces, après une existence qui se prolongea pendant plus de treize années ! C’est donc celle qui fut l’auteur du dernier volume et qui mit fin à cette aventure, qui inaugure avec panache cette nouvelle série. Autrefois, sous d'autres cieux, on aurait dit: "Le changement dans la continuité"...

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Mary Halvorson Quartet plays John Zorn’s Book of Angels (Rotterdam, 1 September 2018) - C'est très brouillon peu en rapport avec ce qui est sur le Cd.
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Message par Douglas » ven. 19 mars 2021 05:21

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L'Étau ‎– Script Original

J’ai une telle passion pour le label « Disques Bloc Thyristors » que j’avais créé un sujet à son propos dans la rubrique label :
http://www.rock6070.com/forum/viewtopic ... 6&start=20

Certains albums sont très free pur jus, particulièrement les premières parutions, mais tout ça s’est épaissi sous la férule de Jean-Noël Cognard et le coffret « L’étau » qui arrive en bout de course, est une pure merveille. La formation était composée par (car il faut bien écrire au passé) : Michel Pilz à la basse clarinette, Paul Rogers à la contrebasse, Jean-Noël Cognard à la batterie et aux percussions et Keith Tippett au piano, piano préparé et aux maracas.

Et puis le pianiste britannique keith Tippett est décédé. Un chouette texte à l’intérieur signé Philippe Renaud, qui raconte comment tout cela s’est déroulé, dans les notes de pochette on indique que Keith souhaitait que tout ce qui était joué, soit enregistré, juste retour envers la musique improvisée. Le coffret « L’étau » comportait déjà quatre albums, sublimes. Alors, pour rendre hommage, on a fouillé dans les bandes et voici exhumés ces magnifiques enregistrements.

L’album est beau, gatefold, du carton dur avec une dimension hors norme, des couleurs vives, pourquoi pas ? On trouve ici une pièce en solo (Pilz), deux duos (Tippett-Pilz et Cognard-Pilz) deux pièces en trio et deux autres en quartet. Tous ces enregistrements datent de mars 2013 à l'Auditorium du Conservatoire de Châtenay-Malabry, comme à l’habitude. A priori trois cents copies uniquement.

Point de remplissage, dès « Premiers Rôles » on comprend et on est séduit, Keith Tippett est d’emblée virtuose, il glisse avec la fluidité et la vitesse d’une truite remontant le courant entre les obstacles, brillant et vif, adhérent au paysage ambiant et le métamorphosant en lui offrant mille couleurs nouvelles, Pilz, semble-t-il, n’a jamais aussi bien joué que dans cet environnement, membre incontournable de cette réunion de musiciens hors-pairs.

« Les châtiments corporels » est une improvisation remarquable, quelque chose qui a à voir avec l’empressement et la vitesse, une sorte de course éperdue qui s’affole, La sonorité du piano de Keith ressemble à un clavecin, piano préparé vers la fuite en avant. C’est son partenariat de presque vingt ans avec Paul Rogers qui l’a emmené aux côtés de Cognard et Pilz, deux duos qui s’imbriquent parfaitement, la puissance de Jean-Noël Cognard derrière les futs, combinée à une extrême sensibilité.

Une très belle version de « Round Midnight » clôt l’album avec un duo Cognard-Pilz d’un très grand lyrisme, qui suit « Ne jamais gâcher l’espace » … Bien que ces sommets-là paraissent indépassables, on attend toujours des nouvelles de Jean-Noël, en espérant une actualité ou un nouvel enregistrement...

Modifié en dernier par Douglas le dim. 22 mai 2022 06:04, modifié 1 fois.
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Message par Harvest » ven. 19 mars 2021 18:21

Faut que je me procure ce disque...j’ai peur que ce ne soit pas simple.

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Message par Douglas » ven. 19 mars 2021 19:02

Harvest a écrit :
ven. 19 mars 2021 18:21
Faut que je me procure ce disque...j’ai peur que ce ne soit pas simple.
Le plus simple c'est de commander directement sur le label:

https://tracelab.com/boutique/
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Message par Douglas » sam. 20 mars 2021 06:24

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Jacques Coursil ‎– Minimal Brass

Pour beaucoup, et c’est normal, Jacques Coursil est un trompettiste de free jazz qui participa, pendant les heures glorieuses du free à Paris, en soixante-neuf, à ce qui demeurera une brève étincelle de génie clairvoyant au milieu d’un paysage musical qui n’aspirait qu’à cela, je parle, vous l’avez deviné, de l’aventure Byg Actuel, riche de ses cinquante volumes dont chacun est devenu un pilier du renouveau musical.

Ce qui est remarquable c’est aussi de constater que « Byg Actuel » est toujours d’actualité cinquante années après, comme si la récolte se poursuivait encore de nos jours, et que les cris d’alors résonnaient toujours. Deux albums pour Jacques Coursil, le n°8 « Way Head » par le Jacques Coursil Unit et le n° 49 avec la fameuse « Black Suite ».

Je n’insiste pas sur l’épisode mais il ne venait pas de nulle part, auparavant Jacques était même passé chez Sun Ra, Frank Wright avec qui il a joué, et, surtout avec Bill Dixon, théoricien d’un free différent qui l’influença grandement, je pense. Il faut dire que, bien qu’il soit né à Montmartre, ses racines sont martiniquaises et qu’à New-York il se sent chez lui.

C’est un intello également, un fin linguiste, chercheur et théoricien, un ponte dans le genre, du coup, à avoir trop de cordes à son arc, il faut faire des choix et fixer des priorités. C’est ce qui explique ce long mutisme dont le sortira un de ses anciens élèves, alors qu’il était prof de français, dans la grosse pomme. Ça tombe bien, le gars en question il possède un petit label qu’il fait tourner pas trop mal, c’est bien de John Zorn dont on parle et de Tzadik qui va sortir cet album en deux mille cinq.

« Minimal Brass » sous-titré « fanfare for a poet », avec Jacques Coursil et sa trompette, ne fuyez pas ce n’est pas un concert solo où le gars est obligé de sortir ses tripes pour capter l’attention d’un petit auditoire, non, non, c’est tout autre chose !

Jacques interprète ici trois titres qui, regroupés, dépassent à peine les trente-deux minutes. Il faut dire que le projet ici est immense, et qu’un énorme travail de re-recording est à l’œuvre, on entend douze musiciens à l’unisson qui joue des trames hypnotiques, créent des tessitures subtiles qui se combinent avec habileté. Des tas de Jacques Coursil, en fait, qui jouent en même temps, pour vous !

Pour atteindre la plénitude dans les effets, Jacques utilise la technique du souffle circulaire ou « continu », un truc de fou qui fait qu’il souffle dans son instrument en même temps qu’il inspire, essayez un peu, mais pas trop longtemps ça pourrait s’avérer dangereux si vous persévérez au-delà du raisonnable…

Évidemment ce n’est pas free du tout, on pourrait davantage penser à de la musique à base de drone sauf qu’ici l’instrument est acoustique, le surplus d’âme qui s’empare de vous à son écoute ne signifie pas que vous êtes « marabouté » mais juste que vous êtes embarqué dans un voyage vers un ailleurs qui n’appartient désormais qu’à vous…

(pas d'extrait, hélas, ils ont tous été supprimés du tube)
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Message par Piranha » sam. 20 mars 2021 12:28

Merci je ne connaissais pas cet album de JC sur Tzadik.
Je vais de suite m'y pencher

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 20 mars 2021 22:19

Piranha a écrit :
sam. 20 mars 2021 12:28
Merci je ne connaissais pas cet album de JC sur Tzadik.
Je vais de suite m'y pencher
Oui, dommage qu'il n'y ait pas un petit extrait à se mettre sous la dent!
:miam:
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Message par Piranha » dim. 21 mars 2021 08:07

je l'ai récupéré grâce à l'oiseau bleu sans aucun souci.
:chapozzz:

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 21 mars 2021 09:33

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Adam Rudolph, Go Organic Orchestra ‎– Turning Towards The Light

Adam Rudolph est un gars de Chicago né en 55, il est percussionniste et compositeur, sa discographie est moins impressionnante par le nombre (encore que) que par la qualité de ses partenaires, ainsi il a côtoyé Yusef Lateef pendant plus de quinze ans, joué avec Sam Rivers, Pharaoh Sanders, Don Cherry, Jon Hassel, Wadada Leo Smith, Omar Sosa, Hamid Drake et plein d’autres encore…

Il a mené également plusieurs formations qu’il maintient au gré des enregistrements, comme « Adam Rudolph's Moving Pictures » ou le « Go: Organic Orchestra ». C’est la dernière évolution de cette dernière formation qui se présente sur cet album de deux mille quinze, « Turning Towards The Light ».

En fait cet album est la réunion de onze guitaristes de New-York qui forment un orchestre composé uniquement de joueurs de guitare, point. Les voici, en commençant par la section des guitaristes électriques munis de leurs effets, Rez Abbasi, Nels Cline, Liberty Ellman, David Gilmore, Miles Okazaki et Marvin Sewell.

Il y a aussi ceux qui jouent de plusieurs instruments, comme Jerome Harris qui joue de la guitare électrique, de la basse électrique et de la steel guitare, Joel Harrison à la guitare électrique et à la steel également et Kenny Wessel à la guitare électrique et au banjo. A la basse on trouve Damon Banks et Marco Capelli à la guitare acoustique avec effets. Voilà, le compte y est !

Bon, il y a quand même de sacrées pointures ici, Adam Rudolph lui organise, compose et gère l’ensemble, ça ne l’effraie pas il s’est intéressé aux musiques du monde, c’est un habitué de la complexité et des savants mélanges.

Nous sommes dans un registre très jazz qui s’équilibre grâce à la variété des instruments, même s’il y a une prédominance pour les guitares électriques, les effets multiplient à l’infini les possibilités. Sur le livret accompagnant les intentions d’Adam Rudolph sont expliquées pour chaque pièce.

Ainsi voici le texte d’accompagnement pour « Lambent » que j’aime particulièrement :
« Dans ce récit orchestral, des entités de formulations macro ou micro électromagnétiques brillent, tandis que Kenny et Malvin scintillent de manière radieuse. Des ostinatos circulaires superposent des surfaces légèrement ondulantes de modalités pan-magelan. Nels et David augmentent la brillance expressive. Et toujours le blues. »

Ce petit guide d’écoute éclaire les intentions de l’auteur en même temps qu’il indique le rôle des musiciens, ce qui, me semble-t-il, permet de mieux appréhender le projet. L’album est très « spatial » orientation « musique planante » sans se prendre la tête.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 22 mars 2021 05:52

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Charlie Rouse ‎– Yeah!

A la faveur d’un petit rappel récent voici un retour vers le saxophoniste Charlie Rouse, souvent considéré comme faisant partie intégrante de l’univers Monkien, il ne faudrait cependant pas oublier qu’il eût une vie avant, et une autre après la rencontre monastique. Pour preuve, entre autres, cet album enregistré en décembre 1960 et sorti en 1961, « Yeah ».

Ma version est celle du Cd made in France avec les bonus, trois titres enregistrés en juillet 61, dans une collaboration différente de celle de la session 1960, cette dernière comprenait Billy Gardner au piano, Peck Morrison à la basse et Dave Bailey à la batterie.

Plusieurs titres sont écrits par le saxophoniste, « Lil Rousin’ », Billy’s Blues » et « Rouse’s Point », les trois autres sont des standards. La re-masterisation effectuée sur le Cd rend justice au son du groupe, la sonorité ronde et chaude de Charlie Rouse, avec juste un rien de vibrato, est parfaitement rendue, tant sur les tempos rapides que sur les ballades, style « Stella by Starlight » où Charlie excelle.

Puisant à la source du be-bop, Charlie lui est resté fidèle, en cultivant un jeu un peu tendu, qui ne cherchait pas le salut dans l’expressivité démonstrative, lui préférant une certaine retenue qui conviendra si bien à l’univers monkien, attitude qui se retrouve également lors de ses performances scéniques. Ici la rythmique convient parfaitement, dans un classicisme efficace.

Sur les bonus, du beau monde, Art taylor à la batterie, Reggie Workman à la basse et Gildo Mahones au piano qui signe « Quarter Moon » un des trois titres présents ici. Un complément fort agréable qui convient bien.

Un bel album qui pourrait constituer un premier pas vers la découverte, sous un jour nouveau, d’un ténor habile et peut-être encore injustement sous – estimé, disparaissant derrière l’ombre tentaculaire du moine (pas Eddy Mitchell, l’autre).

Charlie Rouse - You don't know what love is


Charlie Rouse - Lil Rousin' (1960)


Billy's Blues - Charlie Rouse


Charlie Rouse - You don't know what love is


Stella By Starlight
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 23 mars 2021 07:59

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Juju ‎– Live At 131 Prince Street

Voici une nouvelle réédition en provenance du Label Black Fire, un fameux concert plein de bonne musique comme on l’aime, daté de 1973, et en provenance de la « Artist House Gallery » d’Ornette Coleman, à New York. De la « spiritual music » signée du groupe « JuJu » ! Cet enregistrement a connu sa première publication en 2002.

Ce groupe est constitué de Ken Shabala à la basse, Babatunde est à la conga, Al Hammel Rasul est aux claviers, au shekere et à la flûte, Plunky Nkabinde est au sax, à la flûte, au shekere et à la sonnaille (ou cowbell), Jalango Ngoma est aux timbales et à la conga et enfin Lon Moshe au vibraphone et à la flûte également.

Tous jouent des percussions et tous chantent. Bon vous l’avez remarqué à l’énoncé des participants, « JuJu » c’est le premier nom de la formation qui deviendra « Oneness of JuJu » dont on a déjà parlé. Quant à Lon Moshe c’est bien le même qui a créé la formation « Lon Moshe & Southern Freedom Arkestra ».

Il y a un inédit qui ne figurait pas sur l’édition originale, un titre de Pharoah: « Thembi ». L’édition Cd comporte un titre de plus que le double LP, « ROSALIE / JUJU’S DOOR », mais si vous passez par bandcamp vous bénéficierez également des téléchargements associés, ce qui n’est pas négligeable puisqu’ils contiennent deux autres titres bonus, «Black Experience (Live at 131 Prince St) » et « Logos / Mojo » soit encore trente minutes supplémentaires. Bien sûr la musique ne s’achète pas au kg, mais il vaut mieux faire ses choix en connaissance de cause, c’est tout ce qu’on demande !

Les morceaux sont longs et correspondent bien à ce qu’on attend d’une performance live au début des années soixante-dix. C’est Ornette Coleman qui a invité le groupe à jouer dans sa « gallerie », en fait, un loft situé au 131 Prince Street, pendant que lui-même s’absentait pour faire une tournée. C’est un des lieux qui a donné naissance à ce qu’on a appelé « la période des lofts » à New-York. Pour que la musique vive !

Le côté « live » est très important ici, car on y trouve ce qu’on aime, de longs solos qui n’en finissent pas, des développements qui prennent le temps, en lévitation sur une plateforme rythmique dense et variée, riche en timbres divers et exultations libératoires, des passages plus lents aussi, propices à la contemplation et à la méditation voire à la rêverie…

Le son de toute une époque…

JuJu - Thembi


Black Experience (Live at 131 Prince St)


Out of this World


Mozambique / Azucar Pa' Ti
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 24 mars 2021 04:51

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Sonny Simmons And Delphine Latil ‎– Symphony Of The Peacocks

Celui-ci je l’ai longtemps attendu avant d’enfin le dénicher, sitôt vu, sitôt pris. Pas cher même, un Cd de peu de prix, pourtant pour moi, il en a, rien que le temps de la recherche lui vaut son pesant d’or !

Mais tout s’explique, les musiciens d’abord, « Sonny Simmons And Delphine Latil », qui s’intéresse à ce point à Sonny Simmons et qui connaît Delphine Latil ?

Le titre ensuite « Symphony Of The Peacocks », qui s’émerveille encore devant la roue du paon ?

Le label ensuite, tout petit, même si Julien Palomo est un très grand ! D’ailleurs il en a sorti tant des enregistrements de Simmons, un coffret de six Cds, un autre de deux, avec Delphine et Thomas Bellier, le guitariste, je ne sais pas si je vous en ai parlé de celui-là, fameux il faut dire et d’autres albums encore !

Le tirage également, à l’avenant, petit, trois-cent-cinquante copies seulement, difficile à trouver et rare sur le marché, mais comme personne ne s’y intéresse les prix sont bas, c’est la loi de l’offre et de la demande qui veut ça.

La pochette peu avenante, en noir et blanc, le côté miniature vintage n’attire que l’œil curieux, elle n’indique rien du contenu, en dehors d’un homme noir et d’une harpiste, deux éléments clés, il est vrai, l’un pourrait figurer Sonny Simmons et l’autre Delphine Latil.

Mais, surtout il y a de la musique dedans, et là, je craque. Déjà Simmons joue du cor anglais et j’adore le son de cet instrument. Possiblement il pourrait être le meilleur joueur de cor anglais de l’ensemble de la famille jazz, et peu le savent, il est également possible qu’il faille s’intéresser à Sonny Simmons pour pouvoir seulement écouter jouer jazz un véritable joueur de cor anglais ! Bon il joue aussi du sax alto et, même, il chante sur « The Blues Of What It Is ».

Delphine Latil ici est étrange, son univers habituel c’est plutôt la musique classique, mais voilà elle est mutine et pas très conformiste, alors si on lui propose « jazz » ça peut la tenter, et de la tentation à l’action il n’y a qu’un pas qu’elle franchit allègrement si on sait lui demander, c’est pour ça qu’elle a dit « oui ».

Et justement ça colle super avec Sonny, il est heureux et elle aussi, ça s’entend quand on dresse l’oreille, ils se cherchent et se trouvent, et se trouvent sans même chercher. La harpe et le cor anglais ça va bien, la musique est calme et reposante, avec des montées et des descentes, et des espaces au bon endroit, la musique de la quiétude de l’âme pourrait bien convenir.

Mais tout cela n’a guère d’importance finalement, des milliards de paires d’oreilles et seulement quelques copies à se partager…
(Par contre, pas trouvé d'extrait).
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Message par Douglas » jeu. 25 mars 2021 07:50

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Muddy Waters ‎– Electric Mud

Pour changer, un disque de blues, « Electric Mud » de Muddy Waters. « Mud » pour « Muddy » sans doute mais aussi pour « boue », un jeu de mot auquel il est difficile d’échapper à l’écoute de cet album.

« Traîner dans la boue » pourrait convenir pour décrire l’accueil que reçu cet album par une partie de la critique américaine, celle des plus branchés, des plus spécialisés dans le blues et le jazz de la culture US, non, cet album n’est pas fait pour l’élite.

D’ailleurs la pochette originale est blanche immaculée, la couleur ne va pas, et pas la plus petite once boueuse ! Un album rallié à l’idéologie commerciale dominante, du blues blanc avec ce qu’il faut de psychédélisme pour passer à la caisse, des guitares de folie aux quatre vents et des standards qui défilent avec ce truc des Stones qui résume tout, « Let's Spend The Night Together ».

Pour autant le blues du delta est bien là, Muddy chante comme à l’habitude mais il a posé la guitare, se dessaisissant au profit de Pete Cosey, Phil Upchurch et Roland Faulkner et là, ça envoie sévère, l’esprit hendrixien n’est pas si loin et cette furie de guitares blues dépote tout, bien emmenée par l’énorme basse de Louis Satterfield.

Deux pièces signées du patron, dont une inédite « She's All Right » qui s’étale sur plus de six minutes et une reprise de « I'm A Man (Mannish Boy) » qui secoue bien. Il faut ajouter trois tueries de Willie Dixon dont un « Hoochie Coochie Man » d’anthologie.

Ouaip ce truc est fait pour se remplir les poches, depuis quand y aurait-il un veto au pays de l’oncle Sam et du St dollar ? Tant pis si les Etats-Unis ne lui font pas la fête à cet album, la vieille Europe s’en chargera et y verra plutôt un album précurseur, à l’initiative d’un Marshall Chess qui n’hésite pas à fusionner les genres, le blues et la musique psyché avec du fuzz, de longues impros propulsées par une basse royale et imperturbable…

[I'm Your] Hoochie Coochie Man


She's Alright


Mannish Boy


I Just Want To Make Love To You
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par coltan » jeu. 25 mars 2021 18:09

J'ai aussi ce cd de Charlier Rouse ! Je me rappelle encore de la claque que j'ai pris lorsque je l'ai écouté pour la première fois !

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Message par Douglas » ven. 26 mars 2021 10:53

coltan a écrit :
jeu. 25 mars 2021 18:09
J'ai aussi ce cd de Charlier Rouse ! Je me rappelle encore de la claque que j'ai pris lorsque je l'ai écouté pour la première fois !
Je confirme, l'album est excellent, écoutez les extraits si ce n'est pas déjà fait !
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 26 mars 2021 11:01

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Angel Bat Dawid & Tha Brothahood ‎– Live

Le dernier album du label International Anthem, « Live » signé par Angel Bat Dawid & Tha Brothahood est arrivé ce matin, précommandé il y a six mois, puis retardé, mais il est enfin là. Pourtant il a été fabriqué pas si loin, en Allemagne, il est bien costaud avec sa pochette gatefold solidement cartonnée. L’attirance germanique se vérifie une seconde fois à la lecture des notes de pochette traduites uniquement dans la langue de Goethe, mais parfois les apparences sont trompeuses.

Un double LP composé d’enregistrements de concerts, le premier extrait concerne le morceau d’ouverture, une reprise de Sun Ra, « Enlightenment », lors d’une prestation du 7 novembre 2018 au SAE Institute de Chicago. La seconde station est la plus longue, elle comprend le reste de l’album excepté la dernière piste, elle a été enregistrée le 1er novembre 2019 au Berliner Festspiele, à Berlin donc, la capitale de l’Europe, si, si puisqu’on vous le dit.

La dernière piste toujours à Berlin, le même jour, dans le cadre d’un débat-discussion. Ce qui permet à Angel Bat Dawid de souligner à quel point elle a mal vécu les incidents à caractères racistes qui ont parsemé son voyage dans la capitale européenne. Bon là je n’insiste pas, ceux que ça intéresse trouveront facilement de la documentation, sur bandcamp par exemple.

La musique (avant toute chose) disait St Paul alors qu’il scandait vers l’Aisne. Angel est accompagnée par la formation « Tha Brotherhood » et vient prêcher dans les lointaines contrées sauvages d’Europe pour y apporter la civilisation, l’amour et la tolérance. Son étape berlinoise était la première d’une tournée européenne dont je ne sais rien de plus.

Peut-être est-ce le sentiment d’avoir été discriminé qui l’a incité à tout donner, mais elle estime que ce concert est l’un de ses meilleurs de la tournée. « Le spectacle était très profond et m'a vraiment aidé à gérer toute la rage et les choses inconfortables que je ressentais... Cela m'a fait penser à tous les artistes du passé qui ont enduré beaucoup plus que je ne le ferai jamais avec cette industrie musicale. C'était un spectacle très libérateur et magnifique ».

Côté son, c’est correct sans plus, il y a eu probablement du re-recording, il y a un côté « soul » et un rappel aux musiques noires très agréable, le blues aussi est là, sous-jacent, glissé dans la trame. Beaucoup de chouettes chants, avec des chœurs, ça le fait bien. Les musiciens sont tous excellents, mais c’est sans surprise.

Pour ce qui est des accusations de racisme, ça me paraît tellement incroyable que ça me déstabilise presque, mais peut-être que chaque évènement, tel qu'il est décrit, peut avoir une lecture qui ne fait pas automatiquement entrer le racisme...

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