J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Blues traditionnel ou blues blanc, jazz, soul, funk, c'est ici.
Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 6 sept. 2022 03:21

Image

Johnny Dyani, Mal Waldron – Some Jive Ass Boer "Live At Jazz Unité" (2001)

Voici un album du duo Johnny Dyani et Mal Waldron, enregistrés en live le seize avril mille neuf cent quatre-vingt-un au Jazz Unité (Paris-La Défense). Christian Terronès a enregistré l’événement, ce soir-là, se disant que peut-être, un jour, ces bandes seront publiées, ce qui fut le cas, sur le label « Marge », dirigé par le mythique Gérard Terronès, qui fit tant pour le jazz français et la scène parisienne.

On y entend Johnny Dyani, que nous connaissons bien maintenant, jouer de la basse, en compagnie du pianiste Mal Waldron. Ce dernier est une institution, il a déjà été évoqué ici, souvent pour ses fabuleux duos avec Steve Lacy, mais on aurait pu parler de son album « The Quest » enregistré en soixante-deux avec … Eric Dolphy ! Pour épater encore on pourrait remarquer qu’il fut le dernier pianiste à accompagner la grande Billie Holiday, entre cinquante-sept et cinquante-neuf, mais il y a tant de pages à lire sur sa discographie que je passe mon tour…

Mal Waldron a également enregistré pour le label « Futura » de Gérard Terronès, ce dernier était pourtant du genre précurseur, offrant des tirages souvent de petite envergure, mais Mal ne s’intéressait qu’à la musique et peu à ce genre de détail… Ils s’appréciaient, cela suffisait.

Il faut également parler du titre trois, « Makulu-Kalahari » de Johnny Dyani, car la formation se modifie, Pablo Sauvage joue des percussions et Johnny chante et joue du piano. C’est un très beau titre plein de cette « africanité » que nous aimons dans le jazz.

Pour rester sur ce continent il suffit d’ouvrir la pochette du Cd, où une lettre manuscrite de Johnny Mbizo Dyani est dévoilée, elle indique le titre de l’album et parle du « Boer », ce hollandais venu coloniser l’Afrique du Sud et y installer l’apartheid. Il est comparé à un « loup, un être au cœur aveugle », Johnny évoque la fuite de son pays, l’arrachement qui suivit, et son horreur de voir des touristes aller y passer des vacances…

Toutes ces pensées sont présentes dans sa musique, dès le morceau d’ouverture, le très beau « Safari » signé par les deux musiciens, avant qu’ils n’interprètent « African Cake Walk » de Mal Waldron. Cette musique est de lutte et de témoignage, même si elle reste instrumentale. Les deux s’écoutent et improvisent sur « Strange Intrusions » par exemple où le dialogue est fécond, grave, avec un côté obstiné, désespéré et même dramatique, qui pointe dans les échanges, comme si défilait la bande sonore d’un film muet dont on imagine les images.

Puis vient la pièce emblématique de Mal Waldron « Blues For Mandela » qu’il est impossible de ne pas jouer, avec ses presque onze minutes c’est l’une des plus courtes ici, mais elle fait plaisir car ce blues est presque joyeux en regard de la pièce précédente. L’album se termine par la pièce la plus longue, « Time Will Tell », un titre prophétique qui porte la certitude que tout se saura et s’améliorera à la lumière du jugement du temps, bien que l’oubli, lui aussi, fasse également son œuvre.

Un album remarquable, intense, mais on n’y rigole pas trop.

Safari (Live at Jazz Unité)


African Cake Walk (Live at Jazz Unité)


Blues for Mandela (Live at Jazz Unité)


Johnny Dyani & Mal Waldron Duo - Time Will Tell [Some Jive Ass Boer “Live At Jazz Unité”]
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 6 sept. 2022 17:50

Image

Avram Fefer Quartet – Testament (2019)

Avram Fefer n’est pas un saxophoniste des plus connus par le public, bien qu’il ait un peu moins d’une dizaine d’albums à son actif, ce qui n’en fait pas un débutant. Mais tout cela n’est qu’un trompe-l’œil car, en fait, ce gars a énormément bourlingué, et pour une bonne part à Paris. C’est d’ailleurs ici qu’il va s’intéresser à la musique… africaine et arabe, en jouant avec des tas de musiciens de là-bas, il va même s’incruster dans un groupe d’acid jazz, « Beigels Daisy Toasts » qui sortiront trois albums en deux ans.

Il va ensuite jouer avec un grand nombre de musiciens, la liste est longue comme le bras, pour faire court voici quelques noms, David Murray, Butch Morris, Joseph Bowie, Mingus Big Band, Frank Lacy, Michael Bisio, Adam Rudolph et Greg Tate. Son truc c’est de s’intégrer dans des grands orchestres où il excelle, il comprend vite et est un vaillant soliste : c’est un gars que l’on recherche, il possède un profil idéal et sait tout faire. De plus il enseigne la musique, une autre carte qui lui permet de faire face à toutes les circonstances.

Mais parlons de ce quartet et de cet album « Testament » sorti sur le petit label portugais « Clean Feed ». Signalons avant tout qu’Avram dirige le plus souvent un trio composé d’Eric Revis à la basse et de Chad Taylor à la batterie, lui-même jouant du saxophone ténor ou soprano. Sur cet album il y a un invité spécial, Marc Ribot à la guitare, à l’énoncé des noms on comprend vite que ce quartet, c’est juste une machine de guerre incroyable !

Avram est compositeur de sept titres de l’album qui en contient huit. C’est Chad Taylor qui a composé la seule pièce non signée par le leader, le très beau « Song For Dyani », très grand bassiste dont vous connaissez la destinée et qui a laissé un grand souvenir dans le cœur de tous les musiciens qu’il a côtoyés.

C’est un album d’expert avec de grands musiciens partout, Eric Revis et sa basse énorme, le mât incontournable, celui qui tient la barraque d’une main qui ne tremble pas et autorise tous les possibles. Chad Taylor est un batteur très désiré et recherché, par les plus grands une sorte d’assurance tous risques, du coup il travaille tout le temps.

Marc Ribot est un des meilleurs de la planète sur la guitare, c’est un maître improvisateur et son nom suffit chez moi à déclencher l’achat, ils sont très rares les albums où il joue qui sont des ratages, ici il est phénoménal, mais c’est son ordinaire, écoutez « Magic Mountain » ou « Wishful Thinking » avec des solos mémorables et enflammés.

Admirons le très colemanien « Parable » où Avram et Marc improvisent ensemble en dessinant de voluptueuses spirales, avant que n’arrive un très bel hommage à « Essaouira », la ville marocaine, avec la rythmique qui s’ouvre aux vents de l‘océan et aux accents de la musique Gnawa avec cette rythmique qui balance et chaloupe.

A nouveau un superbe album venu du Portugal !

Essaouira


Magic Mountain


Song For Dyani


Wishful Thinking
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 7 sept. 2022 14:10

Image

James Newton – The African Flower - The Music Of Duke Ellington And Billy Strayhorn (1985)

C’est tout au début des années quatre-vingts que je me suis intéressé à James Newton, il faudrait par souci d’exactitude ajouter l’année soixante-dix-neuf qui vit sortir « Crystal Texts » et l’année soixante-dix-sept pour l’album « Flutes! ». Il y a une particularité assez rare concernant James Newton, c’est qu’il ne se consacre qu’à un seul instrument, la flûte exclusivement, alors qu’il était jeune musicien il fit don de sa clarinette basse à David Murray et ne revint jamais sur son choix.

Mais il possède une autre corde à son arc, et elle est d’importance ici, c’est un arrangeur exceptionnel, cet album est un bel exemple de son aptitude dans ce registre. En effet il consacre cet ouvrage à une relecture de certaines pièces du répertoire de Duke Ellington, incluant des compositions de Billy Strayhorn. Pas simplement une relecture actualisée mais bien une réinterprétation en profondeur.

Ce travail se tourne tout de même vers la tradition et n’inclut pas de passages free ou décalés, James se veut très respectueux et, par exemple, la partie vocale sur le titre « Strange Feeling » est synchro avec les vocaux d’époque, tant dans la tessiture que dans le style et le phrasé. Mais il y a un grand plaisir à écouter les solos, de flûtes notamment, ou de trompette bouchée, dans le style « jungle » d’époque.

Le répertoire est sans surprise, vous retrouverez tous ces titres fameux qui ont fait la gloire du Duke « Black And Tan Fantasy », « Virgin Jungle », « Fleurette Africaine », « Cotton Tail », « Sophisticated Lady » et « Passion Flower ». Que des valeurs sûres, peut-être avec l’idée de faire un « coup » commercial, car le répertoire est vraiment sans risque, mais reconnaissons en même temps que l’interprétation est sublime, comme ce « Sophisticated Lady » joué seul à la flûte. Il faut dire que pour le reste James est formidablement accompagné, Arthur Blythe au sax alto, Olu Daara au cornet, sir Rolland Hanna au piano, Billy hart à la batterie, Jay Hoggard au vibraphone, Rick Rozie à la basse, je ne cite que les principaux accompagnateurs, tous des musiciens très largement reconnus.

Il faut dire que lorsqu’il s’agit d’interpréter Ellington, en général il y a des volontaires, car tous les jazzmen américains sont redevables envers le Duke et lui vouent une très grande admiration, il a fait également énormément pour les luttes de la cause noire, déjà par son talent et un « Duke » n’est pas n’importe qui !

Un chouette album qui permet de réviser ses classiques en se faisant plaisir !

James Newton - Fleurette Africaine (The African Flower, 1985)


Virgin Jungle


Black And Tan Fantasy


Cottontail
We will dance again...

Avatar du membre
nunu
Modérateur
Modérateur
Messages : 8855
Enregistré le : mar. 30 juil. 2019 17:47

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » mer. 7 sept. 2022 18:23

Image

Freddie Green-Mr Rhythm

Le seul album en leader ( a ma connaissance) de Freddie Green. Pour les gens qui passent fortuitement pas la et qui ne sont pas connaisseur de jazz, Freddie Green a été pendant de nombreuses decennies le guitariste de Count Basie, avec ou sans son big band. Sa particularité est qu'il était quasi exclusivement un guitariste rhythmique, prenant très peu de solos. Ici dans cette album en leader c'est pareil il ne sort pas de son role et laisse les solos aux autres.

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 8 sept. 2022 03:22

nunu a écrit :
mer. 7 sept. 2022 18:23
Image

Freddie Green-Mr Rhythm

Le seul album en leader ( a ma connaissance) de Freddie Green. Pour les gens qui passent fortuitement pas la et qui ne sont pas connaisseur de jazz, Freddie Green a été pendant de nombreuses decennies le guitariste de Count Basie, avec ou sans son big band. Sa particularité est qu'il était quasi exclusivement un guitariste rhythmique, prenant très peu de solos. Ici dans cette album en leader c'est pareil il ne sort pas de son role et laisse les solos aux autres.
Ces guitaristes rythmiques sont essentiels également dans la musique manouche, sans qui elle perdrait une grande partie de son énergie. Le rôle paraît souvent secondaire voire effacé, pourtant il est primordial...
Faudrait que je m'écoute cet album!
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 8 sept. 2022 08:41

Image

Horace Tapscott – The Dark Tree Volume 1 (1990)

Voici le fameux « The Dark Tree » d’Horace Tapscott, il se présente en deux volumes séparés ou sous la forme d’un double Cd, pour ma part je n’ai que le volume un et je n’ai toujours pas écouté le volume deux, malgré tout ce temps écoulé. Il faut dire que la réputation de cet album n’est plus à faire, il est souvent considéré comme étant le meilleur enregistrement du pianiste, bien qu’il existe de merveilleuses sorties par ailleurs.

Le quartet est exceptionnel, John Carter à la clarinette, Horace Tapscott est au piano, Cecil McBee à la basse et Andrew Cyrille à la batterie, rien que les noms alignés sont déjà une éblouissante promesse et, on l’a compris, pas de déception ici, chacun donne le meilleur de lui-même, mais voyons cela.

Ça commence par le morceau titre, « The Dark Tree », une pièce de vingt et une minutes qui s’engage sur un train rapide, et chacun y va de son instrument pour nous décrire cet arbre sombre, cette basse immuable qui creuse énergiquement et s’enfonce dans le sol à la recherche de l’énergie, accompagnée par les frappes d’Andrew dynamiques et puissantes qui apportent les éléments vitaux et essentiels.

Et ce piano fort et robuste comme un tronc qui file haut, bien planté dans le sol, solide et répétitif, les rythmes évoquent la solidité, avec cet aspect central, comme un socle qui maintient, et permet l’élévation vers les branches et les tiges qui s’échappent dans l’air, vers le ciel, là ou souffle les vents de la clarinette, souples et changeants. La pièce est magnifique…

« Sketches of Drunken Mary » est tout aussi excellent, on retrouve cette dynamique puissante et surtout cette créativité continuelle qui puise chez Monk, pour mieux s’en échapper, et creuser vers de nouveau territoires quelques chose qui va plus loin que le simple post bop, incluant la liberté totale née de la « free » musique, particulièrement dans le jeu d’Horace et d’Andrew Cyrille. Mais l’auditeur n’est jamais perdu, plutôt hypnotisé par cette puissante dynamique.

Il faut dire que l’enregistrement est live, capté en décembre quatre-vingt-neuf au « Catalina Bar & Grill », à Hollywood, avec une qualité de son de très haut niveau. Alors forcément ça se sent et se ressent. « Lino’s Pad » est la troisième pièce ici, toutes les trois composées par Horace Tapscott, ça commence comme une marche très rythmée par Andrew Cyrille, Cecil McBee s’y accroche avec sa basse, et Horace dessine des lignes étranges au piano, et se lâche totalement avant lui-même de s’accrocher au rythme premier, pour quelques secondes, et de s’échapper à nouveau…

La dernière pièce est une reprise du tromboniste Thurman Green, « One For Lately », encore dix minutes de pure folie, c’est sûr que l’album est énorme, je ne me prononcerais pas pour dire si l’album est le meilleur de sa discographie, puisque je ne la connais que partiellement, mais cet album est vraiment top et hautement recommandable, une heure de bonne musique sans aucune faille.

Horace Tapscott ► The Dark Tree - Live 1990 [HQ Audio]


Sketches of Drunken Mary


Lino's Pad (Live)


One for Lately (Live)


Image
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 9 sept. 2022 03:41

Image

McCoy Tyner / Pharoah Sanders / David Murray / Cecil McBee / Roy Haynes – A Tribute To John Coltrane / Blues For Coltrane (1988)

A nouveau des musiciens de tout premier ordre pour rendre cet hommage à John Coltrane, nous sommes à la fin des années quatre-vingts et le répertoire n’est pas très révolutionnaire, mais les musiciens sont très capés, et parmi les mieux placés pour rendre cet hommage. Pharoah Sanders, Roy Haynes et McCoy Tyner ont accompagné Coltrane de son vivant, quant à Cecil McBee et David Murray ils ont été portés par sa musique et sont évidemment crédibles pour partager cette célébration.

Cecil McBee, McCoy Tyner et Roy Haynes participent à tous les titres de l’album, Pharoah Sanders n’intervient que sur les trois premiers titres et David Murray sur les trois derniers, le quatrième titre, « Lazy Bird », qui provient de l’album « Blue Train » de mille neuf cent cinquante-sept sur Blue Note, est interprété uniquement par le trio piano, basse, batterie, dans un pur style « be bop » d’époque.

L’album s’ouvre sur une compo hommage à Trane nommée « Bluesin’ For John C. », elle a été spécialement composée par McCoy Tyner et c’est Pharoah au ténor. Soulignons déjà que ce dernier joue dans un style post bop assez convenu, et que son jeu n’a rien à voir avec celui qu’il utilisait lorsqu’il jouait aux côtés de Coltrane au titre de souffleur en second. La pièce est assez basique sur une grille blues assez classique.

Le second titre est une reprise parmi les pièces les plus connues composées par John Coltrane, puisqu’il s’agit de « Naïma », un hommage à son épouse d’alors, écrit pour l’album « Giant Steps » de mille neuf cent cinquante-neuf, sorti sur « Atlantique ». Magnifique version ou Pharoah fait briller les souvenirs lointains, c’est très beau.

Le titre suivant également, « The Promise », traditionnel interprété pat Trane sur le « Live At Birdland » de mille neuf cent soixante-trois, le quartet prend son temps et dépasse même les huit minutes pour cette très belle version où Pharoah joue ses petits glissements personnels sur les touches de son sax, histoire de signer sa participation.

Une reprise encore pour rentrer dans les trois derniers titres de l’album, avec ce standard « I Want To Talk About You », que Coltrane a joué au festival de Newport en mille neuf cent soixante-trois. David Murray qui, s’il doit à Albert Ayler, doit tout autant à Coltrane, comme l’immense majorité des saxophonistes de cette génération. Le titre est également long dans un registre toujours aussi sage.

La pièce suivante est la plus free, il faut dire que cette fois-ci elle n’a pas de lien direct avec John Coltrane, « Last Of The Hipmen » est une composition de David Murray tout à fait excellente, où, porté par l’immense McCoy, il en fait une interprétation extraordinaire de son propre aveu : « I’ve never heard a piano player play with that kind of strength before » !

La surprise est pour la dernière pièce où les deux saxophonistes se rejoignent, je n’ai pas lâché le morceau plus tôt pour garder ce petit effet, mais pour cela il ne faut pas acheter la version vinyle de l’album, car elle n’existe que sur le Cd ! Sur le livret il est noté qu’il s’agit d’un extrait de « Meditations » sorti en soixante-cinq avec une variation autour de « The Father and The Sun And The Holy Ghost ».

La pièce cette fois-ci est free, ainsi la boucle est bouclée et l’hommage est complet, tant pour la chronologie que pour l’esprit artistique, même si on remarque que la période embrassée concerne la période où McCoy Tyner siégeait au piano. Franchement un bel Impulse.

McCoy Tyner, "Naima", album Blues for Coltrane: a tribute to John Coltrane, 1987


Pharoah Sanders, McCoy Tyner, et al "Tribute to John Coltrane - Blues for Coltrane, "The Promise"


Last Of Hipmen - a tribute to John Coltrane


McCoy Tyner, "Bluesin' for John C.", album Blues for Coltrane: a tribute to John Coltrane, 1987
We will dance again...

Avatar du membre
Bebeto
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 1892
Enregistré le : mer. 31 juil. 2019 15:47

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » ven. 9 sept. 2022 17:03

IMG20220909185246.jpg
IMG20220909185246.jpg (3.23 Mio) Vu 2949 fois
La France regorge de super zicos. Qui, hélas ne sont connus que de quelques heureux qui savent, et qui les retrouvent dans les festivals dédiés à cette musique plus que jamais ouverte aux quatre vents. Celui dont je vais parler a joué avec Dave Liebman, a participé à une cinquantaine d'enregistrements, a voyagé et sa musique porte les traces de ses pérégrinations. Il est mon quasi voisin, m'a offert dernièrement gentiment son cd, réalisé avec Ihab Radwan à l'oud. Pierre Diaz est un sax player, compositeur, sorte d'artiste total sympa, simple et aux multiples projets. Il compose pour des livres audio, notamment, pour une petite maison d'édition Babouche à oreille, donne des cours, se produit, Bref, un musicien en mouvement. Lors d'une conversation autour du jazz actuel, il me dit s'interesser à l'impro, mais pour lui donner des accents de composition. Je n'ai évidemment pas compris grand chose, mais nous nous sommes retrouvés autour du fameux quatuor de Wayne Shorter (Brian Blade...) pour comprendre un peu sa démarche.
Son duo SaxOud

Un extrait d'un livre audio auquel il a participé :
https://www.baboucheaoreille.com/copie- ... on-audio-1
Modifié en dernier par Bebeto le sam. 10 sept. 2022 14:56, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 10 sept. 2022 04:40

Bebeto a écrit :
ven. 9 sept. 2022 17:03
IMG20220909185246.jpgLa France regorge de super zicos. Qui, hélas ne sont connus que de quelques heureux qui savent, et qui les retrouvent dans les festivals dédiés à cette musique plus que jamais ouverte aux quatre vents. Celui dont je vais parler a joué avec Dave Liebman, a participé à une cinquantaine d'enregistrements, a voyagé et sa musique porte les traces de ses pérégrinations. Il est mon quasi voisin, m'a offert dernièrement gentiment son cd, réalisé avec Ihab Radman à l'oud. Pierre Diaz est un sax player, compositeur, sorte d'artiste total sympa, simple et aux multiples projets. Il compose pour des livres audio, notamment, pour une petite maison d'édition Babouche à oreille, donne des cours, se produit, Bref, un musicien en mouvement. Lors d'une conversation autour du jazz actuel, il me dit s'interesser à l'impro, mais pour lui donner des accents de composition. Je n'ai évidemment pas compris grand chose, mais nous nous sommes retrouvés autour du fameux quatuor de Wayne Shorter (Brian Blade...) pour comprendre un peu sa démarche.
Son duo SaxOud

Un extrait d'un livre audio auquel il a participé :
https://www.baboucheaoreille.com/copie- ... on-audio-1
Voilà qui semble très intéressant, j'accède bien au livre pour enfant (La sagesse de Nasreddine Hodja) mais pas au facebook, si éventuellement tu trouves un autre lien pour l'écoute...
Merci
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 10 sept. 2022 04:49

Image

Mike Anderson – Zalvi (2005)

Il est parfois étrange et tortueux le chemin qui emmène un album jusqu’à chez soi. Celui-ci en est un parfait exemple qui me laisse moi-même perplexe, pourtant son arrivée a suivi un cheminement logique, et, somme toute, plutôt habituel. Ça a commencé il y a un peu plus de quatorze mois, c’est assez précis, je l’ai ajouté dans ma la liste des albums recherchés, sur un site de vente bien connu auquel je fais souvent appel.

Rien pendant ces quatorze mois, et puis il y a une dizaine de jours je suis informé de sa présence chez un vendeur allemand, il, coûte douze € et cinquante centimes, c’est peu cher mais le vendeur exige une commande minimale avant achat, je trouve un album de James Blood Ulmer « Free Lancing » qui fera l’affaire et un quarante-cinq tours de « The Geeks » pour faire un compte rond et juste, au centime près.

L’objet arrive, il n’est gravé que sur une face, un long titre autour d’une vingtaine de minutes, il n’y a pas de pochette, mais une sous-pochette ajoutée, et il se tient dans une épaisse pochette plastique qui servait autrefois aux vinyles colorés, type « picture discs », ces derniers avaient souvent une assez mauvaise qualité sonore. Je trouvais un carton rigide blanc avec trou central pour le tenir bien confortable et conservait la protection de la pochette plastique.

Mais dans le même temps je me posais cette question : « Mais pourquoi ai-je classé cet album dans ma liste de recherche ? ». C’est la première fois que cela arrive, aucun souvenir ne remonte. Je vois bien que mes facultés cognitives ne sont pas irréprochables et que la mémoire s’échappe de temps en temps, mais là… je suis perplexe. Semblable aventure vous est-elle déjà arrivée ?

Quelques très rares éléments biographiques sont donnés sur le net : Mike Anderson a fait partie de l’Arkestra de Sun Ra en tant que percussionniste. Cependant ce renseignement ne peut à lui seul justifier un engouement, d’autant que chez Sun Ra tout le monde est percussionniste, pire même, à côté d’excellents percussionnistes tout à fait remarquables, siégeaient assez souvent quelques débutants musiciens, avec le statut de simple apprenti.

Un autre élément très sérieux à propos de Mike Anderson, aka « The Good Doctor », c’est qu’il est le directeur des archives de Sun Ra et, à ce titre, il tient un magnifique site sur le mage et, sans doute, il doit, je pense, être au minimum consulté pour les parutions d’album post-mortem. Mais ça ne me fait guère avancer dans mes investigations.

Du coup je penche pour une lecture dont j’aurais oublié l’importance, et là ça devient difficile de retrouver, car je picore énormément, j’ai évidemment pensé au « Son du Grisli » de Guillaume Belhomme sur Lenka Lente, une encyclopédie un peu fourre-tout, mais orientée free-jazz, qui frôle « le kilo », mais il n’est paru qu’au mois d’avril dernier, cherchez l’erreur…

Du coup, le mieux c’est d’écouter l’album, la face enregistrée de préférence, en remarquant que sur le label le musicien est photographié en train de souffler dans une trompette. Une courte introduction parlée nous indique le titre de la composition : « Tears for Albert Ayler », un hommage au saxophoniste défunt.

Le titre est beau, mais il est préférable de monter un peu le volume par rapport à votre niveau d’écoute habituel, car le son semble un peu « écrasé » et regagne un peu en définition avec un surcroît de puissance.

Il se développe sur deux axes distincts mélangés, d’un côté des sons très longs, peut-être des orgues, synthés ou autres qui occupent l’espace et, de l’autre, des instrumentistes, batteur, bassiste, saxophonistes, trompettistes, probablement en assez grand nombre qui délivrent un discours free improvisé et sauvage.

Ces éléments pourraient sembler en conflit mais, ce n’est pas le cas, car si les uns dynamisent les autres, en retour les autres apaisent, et semblent vouloir recouvrir ce tumulte. Une sorte d’allégorie autour de la musique du grand Albert.

Bien entendu il n’y a rien sur la pochette, sinon ces quelques mots sur le label « Zalvi » et « NWOS-23 », rien de plus. Je ne regrette pas mon achat, loin de là, bien qu’il vous dévoile que ma façon d’acheter les albums est sans doute peu habituelle et peut, parfois, mais c'est assez rare, aboutir à des déceptions, mais c’est aussi le prix des grands frissons…

Depuis il tourne, tourne, encore et encore…
We will dance again...

Avatar du membre
Bebeto
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 1892
Enregistré le : mer. 31 juil. 2019 15:47

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » sam. 10 sept. 2022 10:28

Douglas a écrit :
sam. 10 sept. 2022 04:40

Voilà qui semble très intéressant, j'accède bien au livre pour enfant (La sagesse de Nasreddine Hodja) mais pas au facebook, si éventuellement tu trouves un autre lien pour l'écoute...
Merci
J'essaierai de mettre un mp3 du cd dès que j'ai du temps, voici ce qu'il fait avec le trio Zéphyr :

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 10 sept. 2022 11:23

Bebeto a écrit :
sam. 10 sept. 2022 10:28
Douglas a écrit :
sam. 10 sept. 2022 04:40

Voilà qui semble très intéressant, j'accède bien au livre pour enfant (La sagesse de Nasreddine Hodja) mais pas au facebook, si éventuellement tu trouves un autre lien pour l'écoute...
Merci
J'essaierai de mettre un mp3 du cd dès que j'ai du temps, voici ce qu'il fait avec le trio Zéphyr :
C'est vraiment très beau ! Et pas que le jeu du saxophoniste, malgré que le son soit loin d'être parfait ça passe vraiment très bien, on est vite emporté par ce tourbillon !
We will dance again...

Avatar du membre
Bebeto
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 1892
Enregistré le : mer. 31 juil. 2019 15:47

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » sam. 10 sept. 2022 14:15

Ah merci, je le lui dirai. Il est très attaché à l'Espagne, comme son nom l'indique, et par la Méditerranée en général.

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 11 sept. 2022 04:15

Image

William Hooker Quintet – Channels Of Consciousness (2012)

Voici revenir William Hooker en compagnie d’un quintet de bonne tenue. Bien entendu il mène son attelage à la baguette, secondé à la rythmique par le percussionniste Sanga et le bassiste Adam Lane. Dave Ross joue de la guitare et Chris Di Meglio de la trompette. L’enregistrement s’est effectué lors d’un concert, le vingt-sept mars deux mille dix, au « Roulette » de New-York, un petit loft situé à Manhattan. C’est le label lithuanien « NoBusiness Records » qui est à l’origine de cette parution.

Comme souvent chez NoBusiness l’enregistrement est long et s’installe très largement dans l’espace possible du Cd, le poser sur le lecteur c’est également partir pour un long voyage musical. La première étape « The Unfolding » est extrêmement convaincante, on perçoit d’emblée qu’ici la pâture sera bonne, copieuse et bien fraîche…

Tout est au beau fixe, William Hooker est d’enfer et Sanga le complète formidablement, ça foisonne et fourmille, la rythmique est d’une solidité et d’une souplesse impressionnante, un bonheur pour Adam Lane à la basse et Dave Ross à la guitare, ce dernier se partage entre soutien rythmique solide et solis formidables, du velours pour Chris DiMeglio qui strie l’air d’envolées lyriques ou de flèches incisives.

Les pièces s’enchaînent sans interruption, laissant l’impression qu’il n’y en a qu’une seule qui file longuement, l’énergie est plus free que post-bop, une sensation de grosse chaleur est intense, avec une sensation de pesanteur massive qui pèse lourdement, comme si ça bouillait dans la marmite et que le couvercle allait bientôt exploser. Cette puissante énergie primitive touche à sa fin autour de l’énorme « Lower Interlude » où William Hooker et Sanga échangent furieusement, en poussant des cris, des encouragements, en glissant vers la cinquième pièce, « Character », qui marque un tournant, une respiration, c’est Dave Ross à la guitare qui prend la main et dessine de grands espaces herbeux…

La transition se fait avec un naturel stupéfiant, nous glissons ensuite vers un poème que lit Hooker, tournant autour d’un drame familial. La musique se détricote, se fait plus lâche et les espaces se creusent. Dave Ross est éblouissant et, tandis que les lignes de basse se font hypnotiques, il dessine des sonorités fantastiques avec sa guitare, sa discographie est minuscule, et pourtant quel talent !

Et voici le septième titre déjà qui s’affiche, « Three Hexagons », après le free, le blues et la country un peu, des percus et la basse qui s’étire, lentement, puis la trompette de DiMeglio qui se fait entendre, larmoyante, cueillie par la guitare qui passe… Et pour finir, un truc qui gonfle et qui gonfle encore jusqu’à exploser, ça s’appelle « Mother’s History (untold)» et c’est vraiment éclatant !

Superbe album du grand Hooker !

We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 12 sept. 2022 02:25

Image

Palm Unit – Don't Buy Ivory Anymore - The Music Of Henri Texier (2019)

Il fallait bien que ça arrive un jour, un hommage à Henri Texier, il le mérite bien, d’ailleurs ce gars fait tout simplement l’unanimité, je n’ai jamais entendu parler d’Henri de façon négative ou même faisant l’objet de la moindre réserve. « Réserve » le mot va bien ici puisqu’il évoque également le titre de l’album qui dénonce le trafic de l’ivoire et ses conséquences, la disparition possible des éléphants ! Un monde sans éléphants, c’est enlever toute une part de notre enfance et de l’imaginaire enfantin, une sorte de crime contre l’animalité en quelque sorte.

C’est sûr, Henri n’écrit pas de chansons, et pourtant sa musique n’est qu’un éternel engagement, à travers sa vie et sa manière d’être, ses voyages et surtout ses musiques qu’il campe avec un titre qui en dit souvent long, d’ailleurs il sait faire parler la musique, n’est-elle pas un langage universel ?

Mais il faut parler des musiciens ici, le « Palm Unit » qui rend hommage, après avoir honoré également Jef Gilson lors d’un précédent album. Le choix des pièces jouées est déjà une indication, il doit donner « sens » à la trajectoire du musicien, dégageant, malgré tout, il faut bien en convenir, une sorte de « best of », mais pourquoi pas ?

Ils sont quatre, Lionel Martin au saxophone ténor, Frédéric Escoffier au « bass synthé » et à l’orgue Farfisa, Philippe « Pipon » Garcia à la batterie et le cubain Abraham Mansfarroll aux percus, congas et bongo. Il faut ajouter également une invitée, Luna Garcia Odin qui chante sur « Le Piroguier » qui est également le seul titre non composé par Henri Texier. Signalons également le travail de Brüno pour la superbe couverture.

Les versions proposées des pièces si identifiables échappent (fort heureusement) à la simple copie, nous sommes au royaume du jazz et l’interprétation en soi est un art. D’emblée nous sommes face à une belle version de « Amir » entièrement défolkée mais très chouette. « Homme Rouge » est assez grandiose et s’affirme comme un grand moment de l’album, « Les Là-bas » de mon point de vue perd trop de sa magie, c’est un totem il faut dire…

La face A s’achève avec « Simone Signoret » un titre-hommage que je n’avais jamais encore écouté, je dois dire que je suis séduit par cette magnifique interprétation très sensible, notamment de la part de Lionel Martin qui joue à fleur de peau. Le titre original est interprété par l’«Henri Texier Azur Quartet » sur l’album « An Indian’s Week » de quatre-vingt-treize.

« Le piroguier » ouvre la face B, les arrangements sont un peu luxuriants mais ça passe plutôt bien, « Mad Nomad » également, le morceau-titre est mis en évidence « Don’t Buy Ivory Anymore » est magnifique ici, Henri aime l’Afrique, les gens qu’il a rencontrés là-bas, alors sans doute penche-t-il côté écologie et dénonce -t-il pour parti ce continent livré aux pillages et à la corruption.

Pour finir le bref « La Companera », ses percus et son côté théâtral pour se dire au revoir…

Don't Buy Ivory Anymore


Les la-bas


Simone signoret


Homme rouge
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 13 sept. 2022 02:38

Image

The Pyramids – Lalibela (1973)

A la faveur d’une réédition récente sur le label Strut, voici le premier album de la formation « The Pyramids », « Lalibela » paru en soixante-treize. Avant d’aller plus loin, précisions que cette réédition est une intégrale appelée « The 1970s Recordings », elle comprend les trois albums officiels de la formation, celui-ci, « King of Kings » et « Birth / Speed / Merging Suite » ainsi qu’un live inédit « The Pyramids: Live At KQED, 1975 ». Le tout est remasterisé et sort au format vinyle ou Cd, avec version numérisée associée si on passe par bandcamp.

Image

The Pyramids – The 1970s Recordings (2022)

On souligne particulièrement le rôle d’Idris Ackamoor, présenté comme le leader, il joue des saxophones alto et soprano, du bailophone, des talking drums et des marocan kay drum. Margaux Simmons aka Margo Ackamoor est flûtiste, elle joue également du piccolo et des percus, Kwame Kimathi Asante est à la basse, à la harpe ougandaise, au tambour éthiopien et à la flûte de bambou. Masai est signalé au sax soprano, à la flûte de bambou et aux percus, Hekaptah est à la conga et aux percus et enfin Marcel Lytle est batteur et percussionniste.

A l’énoncé des instruments on constate qu’une grande place est octroyée aux instruments de rythmes et de percussions, il faut dire que ces jeunes gens sont étudiants à l’Antioch College dans l'Ohio et qu’ils ont effectué pendant leurs études des voyages à travers l'Éthiopie, le Maroc, l'Ouganda, le Kenya et l'Égypte et croyez-moi, ces gars-là ont tiré un immense profit de leur périple africain.

Du début à la fin de l’album c’est toute l’Afrique qui vibre ici, ce premier album est avant tout un album de percussions, comme indiqué dans la liste au-dessus beaucoup de ces instruments viennent d’Afrique et sont originaux, pas de ceux fabriqués en série. L’ambiance est essentiellement tribale, elle respire la danse et la chaleur, la fête également bien que l’album soit enregistré entièrement au Schumacher’s Studios, en juillet soixante-treize.

Si vous n’aimez pas les percussions abstenez-vous, mais si, comme moi, vous en êtes friands, c’est un vrai régal, d’autant que les solistes trouvent ici une assise idéale, du coup, Idris au sax et Margo à la flûte s’en donnent à cœur joie. C’est également un album tout désigné aux amateurs de flûtes, elles sont de toutes sortes et très à la fête sur cet album, les saxophones également !

Une très belle réussite, un album proche des racines et un bel hommage à l’Afrique, un grand album des années soixante-dix, mais, alors, nous ne le savions pas encore…

Lalibela (Lalibela Opus Part 1)


High Priestess (Lalibela Opus Part 3)


Rock Churches (Lalibela Opus Part 4)


Indigo (Indigo Suite Part 1)
We will dance again...

Avatar du membre
Bebeto
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 1892
Enregistré le : mer. 31 juil. 2019 15:47

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » mar. 13 sept. 2022 22:27

C'est excellent. La claque en écoutant les deux premiers morceaux au casque, mon AKG (celui de Q), met en valeur les percussions. La prise de son a l'air magnifique, car déjà les liens YT sonnent terrib'.

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 14 sept. 2022 02:54

Bebeto a écrit :
mar. 13 sept. 2022 22:27
C'est excellent. La claque en écoutant les deux premiers morceaux au casque, mon AKG (celui de Q), met en valeur les percussions. La prise de son a l'air magnifique, car déjà les liens YT sonnent terrib'.
Bien vu! Le son a été remastérisé, les albums n'ont jamais aussi bien rendu !

Image

The Pyramids – King Of Kings (1974)

Kings Of Kings est le second album de la formation « The Pyramids », c’est aussi celui qui est le plus connu parmi la trilogie des années soixante-dix, notamment grâce aux rééditions d’époque mais aussi à celle des années deux mille neuf et deux mille douze. Petit à petit « King Of Kings » est devenu un secret parmi les mieux partagés, dépassant très largement en nombre les premiers possesseurs de cet enregistrement privé.

Il est sorti pourtant quelques mois après « Lalibela », on y retrouve bien sûr les mêmes ingrédients, un mix entre musique africaine et jazz américain, tendance « Pharoah Sanders » pourrait-on risquer, d’ailleurs l’un des changements notables entre les deux albums est probablement la mise en évidence plus importante du saxophoniste Idris Ackamoor et, pourrait-on ajouter, mais dans une moindre mesure, une place importante accordée également à la flûtiste Margo Ackamoor.

L’album s’ouvre sur l’excellent « Mogho Naba (King Of Kings) » qui est parfait dans son rôle d’entrée en matière, avec ce côté tribal, ces rythmes entêtants supportant des chants répétitifs, avant que n’arrive Idris qui se souvient de Coltrane. On remarque que les joueurs sur scène n’hésitent pas à revêtir des costumes africains et des peintures rituelles, misant énormément sur le côté afro, bien que l’album ait été enregistré à la campagne, à l’« Appalachia Sound Recording Studio », en Ohio, pas loin d’un site comportant d’anciens tumulus indiens indigènes.

La pièce suivante « Queen Of The Spirits » est divisée en trois parties formant une suite, la première est habitée par la flûtiste Margo Simmons qui se lâche pour une magnifique envolée très trippante, portée par une section rythmique extrêmement véloce, une entrée en matière qui maintient la grande tension qui règne depuis la première minute de l’album.

La seconde partie est très axée sur les tambours et les percussions, essayant de faire revivre des séances tribales où la danse est portée par les vibrations des tambours et des voix qui pulsent. La troisième section est plus douce, les rythmes sont plus lents et portent des chants répétitifs qui ne sont pas sans évoquer les compos de Don Cherry, grand spécialiste de ce genre de douceur…

Nsorama (The Stars) est la pièce la plus longue ici, l’auditeur attentif et scrupuleux n’hésitera pas à remarquer que le traitement de la pièce est sans doute même un peu long, et aurait gagné en efficacité en s’étalant sur une durée légèrement plus courte, mais ce n’est que du détail, car la pièce est magnifique, très hypnotique, avec une forte dynamique en ordre de marche, presque martiale, tandis que la flûte développe des improvisations incessantes, bientôt rejointe par le saxo d’Ackamoor qui se lâche à son tour, ça vire free à certains moments et l’improvisation se fait générale, le temps de quelques mesures, avant que l’ordre ne revienne et que la marche ne reparte. Cette ambivalence est la marque de la pièce qui oscille entre ordre et désordre, certainement le point d’orgue de l’album !

La dernière pièce, « My Africa », chantée avec un mélange de voix féminines au centre et masculines à l’arrière et à gauche, est vraiment très chouette, cette fois-ci le défaut est sans doute de passer trop vite !

Superbe album, de toute évidence.

Mogho Naba (King of Kings)


Queen of the Spirits, Pt. 1


Nsorama (The Stars)


My Africa
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 15 sept. 2022 01:51

Image

The Pyramids – Birth / Speed / Merging (1976)

Pour ce troisième album, The Pyramids restent attachés à la musique africaine qui les caractérise vraiment, cependant ils vont mettre leur africanité un peu moins en avant, si on compare ce troisième volume aux deux précédents, mais la musique africaine, mélangée à la culture jazz, reste leur signature. L’heure est au funk qui se vend, le jazz créatif se fait plus petit, résistant sur de petits labels comme « Black Jazz » ou « Strata East » ou même encore le tout petit « Philly Jazz » qui enregistre Sun Ra, Byard Lancaster ou Khan Jamal à Philadelphie, en cette fin des seventies.

Financièrement c’est un peu bancal, ce qui emmènera Idris Ackamoor à faire appel au soutien financier de son frère pour sortir ce dernier enregistrement privé, ils se regroupent dans la baie de San francisco, à Oakland, et se réunissent en novembre soixante-quinze, pour enfin entrer au « His Master's Wheels Studio », ce qui représente pour la formation, un véritable confort acoustique.

Au niveau du personnel il y a également quelques changements, le pianiste a quitté le navire et un bassiste acoustique, Heshima, se tient aux côtés de la basse électrique de Kimathi Asante. Pour le reste Idris et Margo sont les fers de lance, Augusta Lee Collins joue de la batterie, du talking drum et des percussions, et Kenneth Nash de la conga, des bongos, des stick drum du Guatemala, du rosenbow, un instrument à cordes, et des percussions. Un invité, Mcheza Ngoma, intervient également de temps en temps en tant que percussionniste.

L’album comprend plusieurs suites, "Birth/Speed/Merging" qui donne son titre à l'album, contient quatre parties, tout comme "Réaffirmation", "Jamaican Carnival" en contient deux et "Black Man And Woman", qui termine l’opus, en contient également quatre. Ce qui fait un total de quinze titres, la moyenne des pièces tournant autour des trois minutes.

Cette brièveté est un atout car on se rapproche des standards de l’époque pour espérer un « tube » qui ne viendra pas, mais le regroupement de cette découpe sous un même thème est un atout, cette fois-ci porteur car il donnera un climat et une unité de ton encore supérieure à l’album.

A son écoute on se régale des solos de Margo, toujours merveilleux, chacun est une gourmandise qui comblera l’auditeur, et comme les solos d’Idris ne lui cèdent en rien, on est vraiment à la fête ici et cet album n’est pas moins intéressant que les précédents, de belles couleurs, des rythmes prenants. Sans se tromper on peut affirmer que ces trois albums sont devenus, au fil du temps, des classiques de la "Great Black Music", mais attention, le coffret contient un quatrième volume, que nous promet-il ?

Black Man and Woman of the Nile, Pt. 1


Jamaican Carnival, Pt. 2


Pyramids - Part 2. Birth/Speed/Merging


Birth / Speed / Merging, Pt. 3
We will dance again...

Avatar du membre
Douglas
Membre VIP
Membre VIP
Messages : 4100
Enregistré le : mer. 11 sept. 2019 06:12

Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 16 sept. 2022 04:37

Image

The Pyramids – Live At KQED (1975)

Voici donc le dernier volume de cette intégrale des années soixante-dix, il s’agit d’un enregistrement live à « KQED », une TV de San Francisco semble-t-il. Ce cd supplémentaire est présenté comme un « bonus », il est vrai qu’il n’est pas bien long, un peu moins de vingt-huit minutes, mais parfois la durée ne fait rien à l’affaire.

Quatre titres seulement, le premier est « Jamaican Carnival » issu de l’album précédent. On retrouve Idris et Margo Ackamoor, Kimanthi Asante, Heshima, Augusta Collins et Mcheza Ngoma. Toute la formation. Le son est un peu moyen mais la portée historique justifie amplement la sortie de cet enregistrement, de plus il y a beaucoup d’enthousiasme et de folie dans cette musique.

Lors de « The King He Comes », Idris lâche les chevaux et s’embarque dans une envolée free vraiment décapante, prélude au solo d’Heshima qui ferme la pièce. La troisième pièce « Black man And Woman On The Nile » débute avec vocaux et percussions, avant que les Ackamoor ne jouent une coda, ensuite les deux improvisent et se rattrapent l’un l’autre, mais c’est Margo qui s’échappe la première, tel un oiseau montant vers le ciel, voletant et dessinant des parcours sinueux, bientôt elle se retrouve quelques instants en solo, et déjà s’ouvre le dernier morceau, « Theme For Margaux And Kay » avec les percus à la fête. Ça passe décidément très vite et, si les images avaient été là, nous aurions pu penser à une sorte de résurrection de l’Art Ensemble de Chicago, tellement l’apparence des musiciens est semblable à l’image créé par ces anciens, au travers des maquillages et des costumes.

Les Pyramids ont joué une dernière fois, ayant l’honneur d’ouvrir le « Berkeley Jazz Festival » en 1977, puis ils se sont séparés, mais, on le sait il y aura une résurrection, cette fois-ci sous le nom d' « Idris Ackamoor & The Pyramids », il y aura trois albums, « We Be All Africans » en deux mille seize, « An Angel Fell » en deux mille dix-huit et « Shaman! » en deux mille vingt.

La loi des rythmes voudrait qu’un nouvel album paraisse en deux mille vingt-deux, mais rien n’est annoncé pour l’instant.

The Pyramids a donc laissé une empreinte certaine dans l’histoire du jazz, il faudrait la ranger dans une case qui contiendrait à la fois l’africanité et le jazz post bop, et même free ! Sa trajectoire est originale, par la qualité des musiciens, Margo est merveilleuse à la flûte et Idris est loin d’être un manchot, la base rythmique est également fantastique. La reconnaissance est assez tardive, mais l’opportunité qui nous est offerte de se procurer cette magnifique réédition, est à saisir pour ceux qui ont apprécié ces belles musiques, la version Cd est très bien distribuée.

Jamaican Carnival (Live At KQED, 1975)


The King He Comes (Live at KQED, 1975)


Black Man And Woman of the Nile (Live At KQED, 1975)


Theme For Margaux And Kay (Live At KQED, 1975)
We will dance again...

Répondre