J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 1 janv. 2022 06:49

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Voici venir le cinquième volume des concerts de Sam Rivers publié sur le label NoBusiness Records, toujours des Cds gorgés de musique exceptionnelle, que ce soit en trio avec « Emanation » et « Ricochet », en quintet sur « Zenith », ou en quartet sur « Braids » et également sur ce cinquième volume, l’ordre des sorties des albums suit strictement la trame chronologique, ce qui est la bonne option. L’album se nomme « Undulation », comme les autres il est issu d’un concert, nous sommes le dix-sept mai 1981, à Florence, en Italie.

Sam Rivers joue du ténor, de la flûte et du piano, il est soutenu par Jerry Byrd à la guitare, Rael-Wesley Grant à la basse électrique et Steve Ellington à la batterie. L’album est séparé en treize sections, chacune se veut descriptive, nommant l’instrument qui joue le solo à l’intérieur de cet espace dédié, concrètement ça donne par exemple « Tenor saxophone section I » ou « Drum solo » ou encore « Guitar solo » et ainsi de suite…

L’album le plus proche dans sa discographie officielle est « Crosscurrent » de 1982, sorti sur « Marge », le label de Gérard Terronès, on y retrouve les mêmes musiciens, ici il est en tour de chauffe et le concert est somme toute déjà très abouti, il satisfera les amateurs de longues chevauchées improvisées, une spécialité de Sam. Toutefois ici il ne joue que de trois instruments, se concentrant au niveau du saxophone sur le seul ténor, bien qu’il soit dans ses habitudes d’ajouter le soprano ou même parfois l’alto dans l’éventail des couleurs musicales.

Sans surprise chaque musicien possède son heure de gloire et se retrouve en position de soliste, une constante lors des concerts, rien d’étrange, c’est juste l’esprit jazz qui souffle. « Undulation » est donc une longue pièce de plus de soixante-dix minutes qui s’écoule comme un flot, avec une légère coupure à la fin de la section sept (piano section II).

Historiquement on sort de la période des lofts et surtout du magnifique parcours avec Dave Holland, le tournant ici est surtout électrique et la magie fonctionne à plein, assister à un concert de Sam Rivers est une expérience inoubliable et marquante, « pris » du début à la fin, comme dans un long tunnel lumineux qui défile et éblouit. Si l’entrée dans le concert est un peu rude, car il semble manquer une partie de l’introduction, tout le reste file avec bonheur, la basse ronde, la guitare aguichante, la batterie toute en relance, tout concourt à faire de cet album un moment privilégié, le cinquième monument de ces magnifiques rééditions, on se rappelle que, si tout va bien, il devrait y avoir huit volumes.

Tenor Saxophone Solo


Guitar Solo


Bass Solo


Flute Solo


Drum Solo


Piano Section II
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 2 janv. 2022 03:20

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Il est arrivé sur son trente et un, le Levitation Orchestra, dans sa livrée japonaise, vinyle et Obi d’apparat, il se nomme « Illusions and Realities ». Il est un peu en retard, mais en avance de quelques mois par rapport au retard annoncé, une bonne surprise en somme. Le glissement vers une musique plus populaire était attendu, mais ça tient tout de même dans les principes, on reste du côté des musiques noires et des rythmes funky.

Axel Kaner-Lidstrom et sa trompette, Lluis Domenech Plana aux flûtes, ainsi que James Akers et Ayodeji Ijishakin aux saxophones gardent en vue le versant jazzy, avec de beaux solos qui font plaisir. Il y a également une section de cordes qui fait le pendant, Saskia Horton et Beatriz Rola au violon, Emma Barnaby au violoncelle, Maria Osuchowska à la harpe et Paris Charles à la guitare.

Il faut également parler des chants, très importants ici, le troisième ingrédient qui équilibre le tout dans un savant mélange, Plumm et Dilara Aydin-Corbett aka Dilarious assurent à ce niveau, on ajoute Hamish Nockles-Moore à la basse et Harry King à la batterie et l’orchestre est au complet.

Douze musiciens rassemblés à Londres sous la forme d’un « collectif » plus que d’un simple groupe, Axel Kaner-Lidstrom assurant la direction artistique. Comme à chaque fois on aura droit à l’afro futurisme et à Sun Ra ou au jazz spirituel, pourtant il vaut mieux chercher ailleurs, par exemple dans un engagement sociétal dénonçant les méfaits de nos civilisations actuelles, même si ces thèmes ne manquent pas non plus de défenseurs, qu’ils en fassent partie est plutôt au crédit de cette jeune tribu.

La situation d’équilibre entre tous les pôles musicaux est une véritable réussite de la part de chacun des membres de cette communauté créative, chacun ayant apporté son obole à cette coopérative, butinant dans son coin et rapportant vers la ruche le résultat de ce travail, avant la mise en forme collective qui rassemble ce qui réunit chaque membre du collectif, éliminant donc les aspérités et les formes non conventionnelles et privilégiant ce qui rassemble.

Du coup cet album plaira, il est fait pour ça et il le mérite.

Levitation Orchestra - Life Is Suffering / Send And Receive Love Only


Levitation Orchestra - Child: Part IV


Levitation Orchestra - Many In Body, One In Mind


Levitation Orchestra - Listen To Her
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » dim. 2 janv. 2022 09:54

Super Doug', je n'avais pas vu cette sortie. Connaissais le précédent de Liberation Orchestra
Levitation Orchestra - Inexpressible Infinity '19).
Groupe issu de la scène jazz anglaise, avec Sun Ra, Coltrane Alice et le spiritual jazz pour voie. Intéressant à noter comme, avec Kamasi et d'autres, le spiritual renaît ces temps-ci.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 2 janv. 2022 14:27

Douglas a écrit :
dim. 2 janv. 2022 03:20
Comme à chaque fois on aura droit à l’afro futurisme et à Sun Ra ou au jazz spirituel, pourtant il vaut mieux chercher ailleurs, par exemple dans un engagement sociétal dénonçant les méfaits de nos civilisations actuelles, même si ces thèmes ne manquent pas non plus de défenseurs, qu’ils en fassent partie est plutôt au crédit de cette jeune tribu.
Bebeto a écrit :
dim. 2 janv. 2022 09:54

Groupe issu de la scène jazz anglaise, avec Sun Ra, Coltrane Alice et le spiritual jazz pour voie. Intéressant à noter comme, avec Kamasi et d'autres, le spiritual renaît ces temps-ci.
:gratzzz:

Euh...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 3 janv. 2022 03:05

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Un musicien dont j’ai rencontré la musique pour la première fois lors d’un concert qu’il donnait en compagnie de Larry Coryell, avec lequel il s’avéra être un partenaire très à la hauteur. Il se nomme Juan Carmona, de nationalité française, né à Lyon, mais dans ses veines coule le Flamenco dont il est un immense spécialiste. Je dois dire que lors de ces soirées guitares je fus émerveillé par ce musicien exceptionnel qui n’eût aucun mal à se mettre au niveau de son partenaire, tant pour la vélocité que pour l’inspiration et l’improvisation.

Du coup ayant appris la sortie de cet album dans une page de magasine, je me suis enquis de « Zyriab 6.7 » sorti en vingt-vingt et un. Un livret qui fourmille de renseignements est joint au Cd, il sera pour moi d’un grand secours pour écrire ici pas trop de bêtises.

Zyriab est un musicien-poète qui parcourut la Méditerranée entre Bagdad et Cordoue lors du IX ème siècle, parcourant 6743 kilomètres sillonnés d’escales. Il est considéré comme étant l’inventeur de la musique arabo-andalouse, son parcours étant l’occasion d’échanges et de partages musicaux avec des partenaires de rencontre. C’est également lui qui introduisit l’oud en Andalousie après lui avoir ajouté une cinquième corde.

Comme l’a fait le vénérable Zyriab à son époque, Juan Carmona multiplie ici les rencontres, Ele Pele, Youba Adjirad, Ibrahim Maalouf, Wissan Joubran, Bijan Chemirani, Naseer Shamma, Duquende et bien d’autres encore… Nous sommes conviés à ces rendez-vous musicaux qui suivent le même itinéraire que celui parcouru autrefois par Ziryab, Juan Carmona invitant à chaque étape un artiste du pays où son illustre prédécesseur s’était arrêté. Onze pauses au total, chacune étant l’occasion d’interpréter un nouveau morceau dont il est le compositeur.

Ainsi, en vrac, les musique d’Iran, d’Irak, de Syrie, du Liban, de Palestine, d’Egypte, d’Algérie, du Maroc, d’Espagne et d’ailleurs sont magnifiquement célébrées par ces musiciens emblématiques de la Méditerranée, de sa diversité et de sa bouillonnante actualité musicale.


JUAN CARMONA • Llave de tu Corazón (Clip Officiel) feat: El Pele, Youba Adjrad, Istanbul Strings


De Bagdad a Córdoba (feat. Bijan Chemirani, El Pele)


Caravansérail (feat. Duquende, Ptit Moh)


Agua Dorada (feat. Duquende)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » lun. 3 janv. 2022 17:01

Douglas a écrit :
dim. 2 janv. 2022 14:27

Euh...
Les voies du jazz spirituel sont impénétrables...
Euh...
Celles de Douglas aussi, parfois.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 3 janv. 2022 17:57

Bebeto a écrit :
lun. 3 janv. 2022 17:01
Douglas a écrit :
dim. 2 janv. 2022 14:27

Euh...
Les voies du jazz spirituel sont impénétrables...
Euh...
Celles de Douglas aussi, parfois.
Pour redevenir un peu sérieux, le jazz spirituel a pris ses racines avec Albert Ayler, John Coltrane et Pharoah Sanders auxquels on joint volontiers Alice Coltrane essentiellement, ni Archie Shepp, Steve Lacy, Ornette Coleman ou Sun Ra ne se sont associés à cela.
Ensuite d'autres musiciens se sont associés par choix, la montagne John Coltrane étant devenu un passage obligé auquel il semblait presque impossible d'échapper.

On a pu reconnaître, particulièrement chez les saxophonistes, une influence Coltranienne qui au fil du temps a été appelée "spirituelle" souvent d'ailleurs pour des raisons économiques... On remarque également une influence du jeu de McCoy Tyner chez certains suiveurs également, tant son jeu était prégnant dans le son coltranien. Je ne développe pas plus, mais ce retour aux sources permet déjà de circonscrire le sujet.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » lun. 3 janv. 2022 19:07

Euh, Sérieux là ?...
Le genre irrigue certaines formations, Kamasi Washington ou Levitation Orch... Sun Ra pas associé au genre ? Ha ha ! Déjà, juste au cas où, l'autre nom du spiritual c'est l'astral Jazz, avec la mythologie égyptienne, notamment pour thématique, je t'invite à découvrir "Pyramids" de Sun Ra, puisque tu ne sembles pas connaitre. Et que faire de "Universal Consciousness" chef d'oeuvre spritual d'Alice auquel a collaboré l'avant-gardiste... Coleman ? Bref !
Le spiritual, si on veut le prendre dans une acception large a semé un peu partout, le cosmique allemand, le psyché, le rock de Santana (Caravanserai) ou le jazz-rock de McLaughlin, on le trouve sur le "Black Woman de Sonny Sharrock, le funk ou la soul de Earth Wind & Fire ou Marvin Gaye, la pop de Caribou, par exemple, dernièrement.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 3 janv. 2022 19:53

Bebeto a écrit :
lun. 3 janv. 2022 19:07
Euh, Sérieux là ?...
Le genre irrigue certaines formations, Kamasi Washington ou Levitation Orch... Sun Ra pas associé au genre ? Ha ha ! Déjà, juste au cas où, l'autre nom du spiritual c'est l'astral Jazz, avec la mythologie égyptienne, notamment pour thématique, je t'invite à découvrir "Pyramids" de Sun Ra, puisque tu ne sembles pas connaitre. Et que faire de "Universal Consciousness" chef d'oeuvre spritual d'Alice auquel a collaboré l'avant-gardiste... Coleman ? Bref !
Le spiritual, si on veut le prendre dans une acception large a semé un peu partout, le cosmique allemand, le psyché, le rock de Santana (Caravanserai) ou le jazz-rock de McLaughlin, on le trouve sur le "Black Woman de Sonny Sharrock, le funk ou la soul de Earth Wind & Fire ou Marvin Gaye, la pop de Caribou, par exemple, dernièrement.
Comme tu as du le remarquer je suis remonté à la naissance du ce jazz spirituel si empreint de Coltrane, d'Albert Ayler et de Pharoah Sanders qui sont l'origine de ce mouvement. Ce serait comme parler du bebop sans citer Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Max Roach ou Monk. Quand on doute il est bon de remonter aux racines, on comprend mieux.

Puisque tu parles de Sun Ra ne t'inquiète pas pour moi, je connais "pyramids" et plus d'une centaine d'autres albums que j'ai écoutés attentivement et qui siège non loin de moi, si je l'écarte de la "spiritual music" ce n'est pas sans fondement, d'ailleurs le parcours de Sun Ra a été précurseur, mais vers d'autres dimensions.

Christian Vander est un fou de Coltrane, la musique de Magma est-elle de la "spiritual music"?

Pour le reste la "spiritual music" apparue sur le tard est essentiellement un terme marchand, tout comme l'afro-futurisme qui est encore plus récent. Moi je parle ici du "jazz Spiritual" tel qu'il a été entendu dans la quête Coltranienne. Il se confond souvent avec l'influence de Trane lui-même qui a été prégnante sur plusieurs générations de musiciens, jusqu'à aujourd'hui, une partie de l’œuvre de Kamasi washington que tu cites est effectivement concernée, on pourrait également citer Charles Gayle, Frank Lowe ou David S.Ware pour une partie importante de leur production.

Pour en revenir au dernier album de Lévitation Orchestra, je ne le classe pas dans les albums de "Spiritual Music" ou alors "tout" est spiritual music, il est même assez curieusement irrigué à certain endroits d'une influence de musique classique blanche.

Maintenant chacun peut catégoriser comme il veut, ça ne me dérange pas que tu aies une vue plus globale du jazz spirituel, les petites cases dans lesquelles ont classe la musique sont souvent trop étroites il est vrai, et le plus important n'est pas de la mettre en boîte, ou alors que ce soit dans de jolis coffrets!
Modifié en dernier par Douglas le lun. 3 janv. 2022 22:00, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » lun. 3 janv. 2022 21:59

C'est pas bien grave ces histoire de chapelles hein ?

Le tout étant d'apprécier dans tous les cas les oeuvres de nos artistes préférés et il faut reconnaître que quelque soit leur étiquette, classement, genre, style (...), elles nourrissent notre âme. C'est bien ça l'important non ?

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 3 janv. 2022 23:15

Piranha a écrit :
lun. 3 janv. 2022 21:59
C'est pas bien grave ces histoire de chapelles hein ?

Le tout étant d'apprécier dans tous les cas les oeuvres de nos artistes préférés et il faut reconnaître que quelque soit leur étiquette, classement, genre, style (...), elles nourrissent notre âme. C'est bien ça l'important non ?
En fait tout ça c'était pour en arriver là:

Klameuhr

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » mar. 4 janv. 2022 05:32

Piranha a écrit :
lun. 3 janv. 2022 21:59
C'est pas bien grave ces histoire de chapelles hein ?

Le tout étant d'apprécier dans tous les cas les oeuvres de nos artistes préférés et il faut reconnaître que quelque soit leur étiquette, classement, genre, style (...), elles nourrissent notre âme. C'est bien ça l'important non ?
Carrément !

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 4 janv. 2022 06:11

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Voici une sortie de 2020 sur un label jusqu’alors pour moi inconnu, « Equinox ». Il relate un concert ou une série de concerts de 1986 lors de la tournée d’Ornette Coleman au Japon. Je ne possède pas toute la discographie d’Ornette, mais une grande partie quand même, ce qui m’autorise à piocher dans les cuvées un peu moins bonnes ou recommandées, ce qui est le cas ici…

Quoique…

Il se trouve que, par un heureux hasard, j’ai réuni, sans le vouloir et par le simple jeu de la chance, les meilleures conditions d’écoute pour ce skud. Il me fallait prendre mon véhicule de très bon matin pour me rendre à un aéroport distant d’environ deux heures de route, afin de récupérer dans un premier temps, et ramener dans un second, une personne très proche.

Je me suis approvisionné en Cds, mon support préféré pour ces longs trajets, d’autant plus que mon véhicule ne possède pas la technologie appropriée pour lire les clefs USB. D’emblée je glisse le premier Cd d’Ornette dans le lecteur, car ils sont deux, et c’est parti !

Je vous dis pas comme ce fut grandiose, la nuit, seul dans la voiture, quasi personne sur la route, juste rester vigilant à cause des animaux errants qui pérégrinent, par chance je n’ai croisé qu’une vache et un veau qui traversaient la route, il y avait bien quelques renards écrasés sur le côté et des chats dont les yeux brillaient, tout était normal.

Bien sûr on entendait un peu le moteur, quelques grincements à l’intérieur du véhicule, le doux roulis du diesel, le frottement des pneus sur la route, le vent parfois, et les voitures qui dépassent ne craignant pas trop les radars itinérants à ces heures matinales, les fixes sont tous répertoriés et intégrés dans les comportements des habitués.

Ornette donc, dont je percevais l’acidité du sax, le son sans doute un peu trop fort, mais c’est comme ça qu’il me convient, en conduisant je me branche direct à la musique, basses, batteries, guitares et l’alto qui domine, et je roule sans penser à rien, sinon à cette musique qui m’envahit, me porte, me fait trouver le temps court…

Et c’est bon, le premier dépasse l’heure, je mets le second et j’ai l’impression que c’est encore meilleur, je reconnais les titres qui défilent et se succèdent, génial, dément, quel pied ! Je sens bien que j’arriverai à destination avant la fin du Cd, et, comme je suis en avance j’en profite pour ralentir un peu, ça baisse la moyenne mais diminue l’attente à l’aéroport, mais, bientôt, ce dernier est en vue…

Je profite de l’heure matinale pour m’installer dans le fauteuil des douaniers, laissé vacant en leur absence, tellement plus confortable, en attendant l’arrivée de mon passager…

Vous avez intégré que question qualité sonore, ce n’est pas vraiment au top, la définition est moyenne, la vitesse de défilement des séquences sonores semble parfois assez bizarre, avec de la distorsion (Katheline Gray), tout cela s’avère assez cruel lors de l’écoute au casque, mais la musique d’Ornette est juste excellente et peut même se révéler sublime dans les conditions plus difficiles.

C’est le groupe « Prime Time » formé par Ornette qui joue ici, avec les deux batteurs, Denardo Coleman et Kamal Sabir, les deux bassistes électriques, Al McDowell et Larry McRae et les deux guitaristes Bernie Nix et Charles Ellerbee. Ce concert s’est déroulé à « l’Under The Sky » au Yomuri-Land Theatre East de Tokyo, le 27 juillet 1986, avant l’enregistrement de « Virgin Beauty » qui paraîtra un peu plus tard avec sa magnifique pochette.

L’album aurait bénéficié d’une remasterisation pour une diffusion radiophonique, mais là je ne me mouille pas trop, quoiqu’il en soit, pour moi l’album vaut véritablement le détour, il contient des moments uniques et constitue un complément idéal à tout véhicule roulant au diesel, juste avant que n’arrive l’aube et que la vie ne grouille trop…

Ornette Coleman "Dancing In Your Head" (Live Under The Sky festival 1986)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 5 janv. 2022 06:22

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Tournons-nous vers une musique plus rare avec « Gradually Projection » enregistré le neuf juillet mille neuf cent soixante-dix au club « Station 70 » de Shibuya. C’est sorti en 2001 sur DIW avec des annotations strictement en japonais, ce qui en limite tout de même la compréhension.

On retrouve deux musiciens dont on a souvent parlé par ici, Masayuki Takayanagi qui est guitariste et Kaoru Abe qui joue du saxophone alto, de la basse clarinette, de l’harmonica et du Shakuhachi avec anche. Une seule longue pièce de quarante-neuf minutes qui porte, sans doute, le morceau titre de l’album.

Cet album correspond selon certaines sources à la seconde partie d’un concert dont le premier volet se nommait « Mass Projection », ce titre représentant une certaine idée du jeu de Masayuki qui envoyait du son avec une réelle violence, Kaoru y répondait avec la même force et la même intensité. On y promet le feu et la folie. En attendant de pouvoir en faire moi-même l’écoute je me contenterai de cet opus, plus mesuré et contemplatif.

En effet pas d'agressivité ici, le registre est plus calme mais ménage cependant une réelle tension. Malgré la rondeur du son de la clarinette basse dont Kaoru joue abondamment, avec une réelle maîtrise, y cherchant souvent les sonorités les plus déchirantes, en cela déjà il innove et surprend. Il aime s’exprimer avec une grande expressivité, passer de l’ombre à la lumière, changer subitement de visage, tout souvent s'exprime en contraste puissant.

Son jeu à l’alto est des plus désespéré, mais il sait rebondir et repartir, essayant d’en extraire de nouveaux sons, le malaxant en tous sens pour en extraire un son neuf, il le tapote, pour en changer le timbre, la voix, le faire transmuter, il crachote aussi et l’anche elle-même est mise à contribution dans la recherche et la découverte...

Son âme a toujours été triste semble-t-il, il se range du côté des teigneux, de ceux pour qui rien n’est facile, sa vie est un roman et lui un héros tragique, pour qui s’y intéresse elle ne manque pas d’anecdotes surprenantes, pour le moins.

Masayuki Takayanagi ne joue que de la guitare acoustique, il renvoie sur cet album à Derek Bailey, bien qu'il est possible qu'à cette période il ne l'ai pas encore écouté, les silences, les espaces, une certaine économie dans le jeu, impossible de ne pas penser à ce cousinage musical, il dialogue avec son partenaire Kaoru Abe et lui offre des déserts, des plages froides au petit matin, comme une tristesse figée, des sons inouïs qui tissent des traits et des points, offrant une ligne, un chemin pour Kaoru, quelque chose de calme, qui pourrait apporter l’apaisement, le repos.

L’album est entre deux eaux, tantôt triste, tantôt plus serein et c’est au son de l’harmonica que l’affaire se clôt, comme dans un western au pays du soleil levant.

Kaoru Abe & Masayuki Takayanagi - Gradually Projection
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 6 janv. 2022 03:44

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Voici une réédition d’un bon album free des familles, « Yi Yole » sorti à l’origine sur le label « ICP », en soixante-dix-neuf. On y trouve le Sudaf Dudu Pukwana au saxophone alto et au sifflet, Han Bennink à la batterie, à la clarinette, au trombone et au violon alto et enfin Misha Mengelberg au piano.

Chacun y va de son morceau, « Yi Yole » est signé par le saxophoniste, « The King Of Weasle Is Called Easle » par le batteur et «Silopobock », qui occupe seul la face deux, par le pianiste. C’est Misha Mengelberg qui a effectué la prise de son de l’enregistrement en live à « Uithoorn », un festival situé aux Pays-Bas.

Dudu Pukwana est une figure importante du free jazz Sud-Africain, il est moins connu en France que d’autres musiciens comme Chris McGregor, Johnny Dyani, Louis Moholo ou Mongezi Feza, pourtant il jouait à leur côté dans le groupe Blue Notes, mais il s’installa principalement autour de la scène londonienne, et fréquenta également les musiciens néerlandais et allemands. Il fit parti également du « Brotherhood of Breath » et mourut à l’âge de cinquante et un ans.

Sa discographie personnelle n’est pas énorme mais il a beaucoup enregistré dans de multiples environnements liés au réseau musical qu’il fréquentait. On l’entend ici dans un parcours free qui lui convient bien, son jeu est chaleureux et parfois audacieux, mais il aime retrouver ses racines et rendre hommage aux classiques comme « When the saints go marching in » qu’il interprète en l’intégrant au titre « Uithoorn » de Misha.

Ce dernier est l’accompagnateur attendu, fantasque et impeccable dans son rôle de soutien indéfectible, mais le plus fou c’est sans doute l’impeccable Han Bennink, jouant de multiples instruments, imprévisible comme à son habitude, il participe très largement à faire de ce « petit » concert une fête.

On comprend bien que l’intérêt de cet album est de figer ce trio magique pour l’unique fois où il joua ensemble, alors profitons !

Dudu Pukwana/Han Bennink/Misha Mengelberg-Yi Yole (full album)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 7 janv. 2022 06:19

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Aujourd’hui voici un album de deux mille deux, enregistré en live l’année précédente au « Totem » à Paris. L’opus se nomme « Sōingyokusaiseyo », il est sorti sur le label « Elevage de Poussière », c’est un album en solo de Masayoshi Urabe.

De vous à moi, face à face et les yeux dans les yeux, je ne peux vraiment pas vous le recommander. J’ai trop peur que vous soyez déçu. Un gars tout seul avec son saxophone alto, c’est tout de même assez hard, bien qu’il y en ait qui s’en sorte, mais là... Déjà on voit la peine du gars, dans sa solitude sur scène, comme un exclu, un indigne ou un reclus. La scène devient une prison et le spectacle s’avère malsain.

D’ailleurs il n’est pas trop à l’aise Masayoshi, il se tord, se convulse, s’incruste le saxo entre le thorax et l’abdomen, baisse la tête et se tient courbé avant de s’asseoir, vaincu. C’est sûr il n’a pas une tête de vainqueur et, quand il se lève, il traîne les pieds, on les entend qui frottent le sol, le biniou semble une simple déco avant qu’il ne consente enfin à souffler.

Rien de victorieux en provenance du babil de son saxophone, ça pleure, ça geint, ça ne hurle pas, ni se révolte, que des larmes, quel spectacle désolant… Il souffle rarement, très peu et nous abandonne sans lutter face au silence, serait-il pleutre ? Parfois il trouve les aigus, il s’y plaît, c’est reposant et ça occupe l’espace, mais il lâche un cri, frappé, comme s’il avait reçu un coup.

[Intermède Tour De France] c’est sûr c’est pas Anquetil, ni Louison Bobet, ni Eddy, ni Poupou, ni même un porteur de bidons et encore moins un vainqueur d’étape, non, lui il lorgne vers la voiture-balai, son truc c’est plutôt regarder passer les trains, où les trucs qui passent, comme la chance qui ne revient jamais, et il attend, il attend [fin de l’intermède].

Comme il fait sur scène, en se murant de temps en temps dans le silence, pendant une minute, comme s’il était fatigué, lassé, vaincu. Non, je ne vous le recommanderai pas, ce putain d’album !

Sauf à accepter de rester humble et démuni face à ce spectacle, à cette musique si radicale, qui semble ne pas avoir de racines, ni d’histoire. En outre, il faut accepter également ce sentiment de dépression qui vous envahit, d’errance, de solitude. Comme un malaise à contempler, accepter d’y plonger pour le comprendre, en épouser les formes, les plaintes et les silences, rentrer dans le jeu de l’épave, là, et pleurer, et cueillir aussi un peu de cette beauté qui passe, dans les coulées de larmes de ce sax.

Heureusement, les applaudissements qui arrivent, enfin, sont très maigres, ils ne devaient pas être nombreux au Totem, il y aura peu de victimes, pas d’engouement, d’encouragements, ni même un sifflet, sans doute ne faut-il rien ajouter.

Quand même j’aurais bien aimé y être, pour voir ça, c’est tout de même étonnant, frappant, marquant, écouter l’album laisse place à l’imagination, mais assister à ce spectacle c’est un truc dont on se souvient, qui ne vous quitte plus, comme une expérience inédite, l’impression d’être coupé en deux, entre froideur et hallucination. Un truc qui bouffe ou amplifie le temps qui passe. Est-ce ça l’art ?

M’enfin, la main sur le cœur, celui-là je ne vous le conseille pas.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 8 janv. 2022 04:58

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Parlons à nouveau de Wadada Leo Smith, ici en compagnie de Sabu Toyozumi, l’album s’appelle « Burning Meditation », il est sorti en novembre deux mille dix-huit sur NoBusiness Records et fait partie de la « Chap Chap Series », des trucs japonais. Comme souvent, désormais chez NoBusiness vous avez le choix entre vinyle et Cd, mais avec des options différentes. Le vinyle vise le public des collectionneurs, il est limité à trois cents et contient quatre titres. Le Cd, lui, offre de meilleures dispositions pour l’amateur de frissons musicaux, il contient six titres et plus d’une heure d’enregistrements.

La qualité du son est exceptionnelle, nous plaçant au centre de la scène, qu’est-ce qu’on s’y sent bien ! Par bonheur cette impression n’est que virtuelle, et personne ne vous demandera de jouer d’un instrument.

Wadada est ici dans sa cinquante-deuxième année, nous sommes au Japon, en concert, le vingt-deux mars mille neuf cent quatre-vingt-quatorze, à l’Akarenga de Yamaguchi City. Il est renommé pour son jeu de trompette, mais il joue également du koto, de la flûte de bambou et des percussions. Son partenaire est nippon, c’est le célèbre joueur de batterie Sabu Toyozumi, il s’est fait une spécialité de jouer avec les musiciens américains ou européens qui venaient jouer au Japon.

Sabu confie qu’autrefois… « J’essayais d’imiter des batteurs comme Elvin Jones, Art Blakey, Tony Williams, Max Roach. Je pensais toujours à eux en jouant, ils étaient comme une ombre derrière moi. Je voulais les oublier mais c’était impossible, ils ont eu une grande influence sur moi. »

Ces mots me reviennent à l’écoute de ce disque car, de temps en temps, on se dit qu’il a été à l’école de Max Roach. Cette façon de faire chanter les tambours, avec de la hauteur et de la finesse, une certaine élégance teintée de grandiloquence également, un mélange qui libère une classe folle, comme sur « Don Cherry, A Silver Flûte Song ».

Wadada chante sur cet album, le magnifique « There Are Human Rights Blues » se rappelant aux origines, tandis que Sabu apporte avec tact la puissance de ses tambours. L’équilibre entre les deux est assez fascinant, d’un côté la forte expressivité de Leo Smith, tout en nuances et clarté, et de l’autre l’appui à la fois efficace et suffisant de Sabu, tous les deux virtuoses et complémentaires.

Un album superbe !
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 9 janv. 2022 07:12

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Sorti quelques mois après « Jesup Wagon » voici « Code Of Being » enregistré par le James Brandon Lewis Quartet et sorti en octobre deux mille vingt et un. Le saxophoniste ténor est accompagné par Aruán Ortiz au piano, Brad Jones à la basse et Chad Taylor à la batterie. L’album é été enregistré au mois de mai, en Suisse dans les studios Winterthur à Zurich, pour Intakt.

James Brandon Lewis est, sinon à la mode, du moins sur le devant de la scène et il n’y a là rien de scandaleux car il le mérite bien. Il se situe dans une certaine tradition du jazz, sans pour autant être traditionnel, car il sait s’échapper des codes et des règles tout en restant écoutable par tout un chacun.

Il me semble que ce qui le caractérise peut-être le plus, c’est son lyrisme, il conjugue le sens de la mélodie en même temps que celui de la tragédie, il sait également se montrer sentimental, emporter son auditeur et soulever l’âme avec facilité, on pourra se souvenir de Coltrane dans son jeu, comme sur « Code of Being », tout autant que de Sonny Rollins en écoutant par exemple « Archimedean » ou "Per 4".

Il ne s’échappe jamais dans le cri, mais il pratique le free et peut vous emmener au pays des dissonances sans que vous perdiez le nord, me semble-t-il, il y aura toujours un marchepied pour vous sauver. Ainsi on passe par de multiples voies différentes, y compris par les chemins plus traditionnels comme le blues ou les négro spirituals, le large éventail de la musique noire offre de multiples pistes à explorer et il s’y entend pour vous y emmener et vous les faire parcourir, tout en gardant une incroyable cohésion à son fabuleux quartet.

James Brandon est également un formidable compositeur, chacune des huit compos présentes ici est une perle, un terrain à improvisations, un territoire à défricher. Son quartet est formidable, des talents partout, Chad Taylor qui fait figure déjà de vieux compagnon ou Aruán Ortiz si complémentaire ou bien encore Brad Jones, le William Parker en second.

Encore une sortie magistrale de l’année qui vient de s’achever…

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 10 janv. 2022 01:13

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James Brandon Lewis - Chad Taylor: Live in Willisau

Poursuivons avec un autre album de James Brandon Lewis, sorti en avril deux mille vingt, il est constitué d’un duo saxophone ténor/batterie, le batteur étant son partenaire Chad Taylor. Ce dernier joue également du Mbira, un piano à pouces d’origine subsaharienne, sur « Come Sunday » de Duke Ellington et « With Sorrow Lonnie ».

L’histoire de ces duos est riche depuis le fameux « Interstellar Space » entre John Coltrane et Rashied Ali, on se souvient également de « Duo Exchange » avec ce même Rashied Ali et Frank Lowe ou encore de « Force-Sweet Mao-Suid Africa 76 » entre Archie Shepp et Max Roach. Trois réussites extraordinaires et, en cherchant un peu, on pourrait certainement en dénicher d’autres…

L’album qui nous concerne aujourd’hui est un enregistrement live provenant du Festival de Willisau, enregistré lors de l’édition deux mille dix-neuf, le premier septembre. Heureux ceux qui ont assisté à cet évènement car l’album a été reçu un peu partout comme une heureuse surprise. Ces deux musiciens n’étaient pas connus comme aujourd’hui, et cet album a servi de détonateur, à l’écoute, on comprend bien qu’il se passe, ce soir-là quelque chose…

Contrairement aux références citées plus haut, nous ne sommes pas ici sur des titres tentaculaires permettant de longs développements et de tortueuses improvisations, pas de transe ici. Les neuf pièces oscillent entre trois minutes quarante-quatre et dix minutes trente-deux, mais chaque titre est ciselé, l’occasion de montrer un nouveau visage, une nouvelle étape dans les climats, les développements.

Beaucoup de titres sont signés par le duo, mais outre Ellington, on retrouve un titre de Mal Waldron « Watakushi No Sekai », « Over The Rainbow » en citation à la fin de l’album, ou encore « Radiance » de Coltrane librement exploré, il faudrait encore signaler « Willisee » de Dewey Redman qui rappelle qu’à ce même festival, en mille neuf cent quatre-vingts, Dewey Redman et Ed Blackwell ont tous deux également enregistré un album ténor/batterie, « Red And Black In Willisau » sorti sur Black Saint Records.

Bien entendu on retrouve au fil de l’enregistrement l’énorme lyrisme de James Brandon, et ce jeu empreint d’une très grande diversité de Chad Taylor, toujours à l’affut de nouvelles nuances dans ce riche éventail, le duo en met plein les oreilles, j’allais dire « la vue », mais quel album !

Peut-être lui accorderez-vous une petite place dans vos écoutes, c’est là tout le malheur que je vous souhaite !

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 11 janv. 2022 06:01

Avant de retourner vers Willisau un petit retour vers une improvisation free sous la forme d'un duo guitare/batterie, entièrement improvisé:
Douglas a écrit :
ven. 13 nov. 2020 06:31
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Il y a longtemps qu’il n’a pas été question de Paal Nilssen-Love, et bien le voici en compagnie du guitariste Anders Hana avec lequel il a improvisé l’album « AM/FM ». Celui-ci a été enregistré live à « Tou Scene » à Stavanger en Norvège au mois d’août 2004. L'album a connu une première sortie limitée à cent cinquante exemplaires en 2005, puis a été réédité en 2010 sur PNL Records, le label de Paal Nilssen-Love, c’est celui que je possède. Un seul morceau loge sur l’album « AM/FM » qui est très court, trente-trois minutes et douze secondes.

On connait Nilssen-Love, ses qualités de batteur percussionniste, sa fougue légendaire mais aussi la qualité de son toucher quand il faut caresser les peaux. Anders Hana est moins connu mais il a tourné avec pas mal de groupes, allant du grindcore à lla musique expérimentale, il a même fait partie de Jaga Jazzist, mais il n’a pas froid aux yeux, c’est un risque-tout ouvert à tous les excès.

On peut donc en conclure que ces deux-là vont bien ensemble et qu’ils font la paire, c’est un peu l’impression que l’on a, mais, au final, mon ressenti est plutôt calme et serein, comme si la fureur avait quitté le navire, certes de la noise, du bruit et même un certain vacarme concèdera-t-on, mais sans agressivité inutile, d’ailleurs les cinq dernières minutes sont presque silencieuses avec un final qui va decrescendo, comme s’il fallait ranger les jouets avant de quitter la pièce…

Un chouette album, hélas trop court !

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