J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 24 mai 2020 20:36

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Anatoly Vapirov est l’un des jazzmen les plus reconnus du jazz soviétique, il joue des saxophones et possède une expertise dans l’histoire du jazz américain, ayant pratiqué l’école « bop », puis le jazz-rock et, enfin, un jazz aux sonorités plus expérimentales et contemporaines, comme en témoigne cet album de 1984. Rien d’étonnant dans ce parcours puisqu’il est professeur de musique au conservatoire de Léningrad où il s’est spécialisé dans les cours de saxophone. C'est également une figure éminente du jazz russe.

La première face « Invocation of a Spirit » est assez poignante, on pourrait y entendre les pleurs de l’âme slave et les tourments de l’esprit russe tel qu’il apparaît parfois dans la lecture classique, en même temps la pièce nous semble terriblement proche, elle se livre sur le ton de la confidence, entre classicisme et chamanisme.

Sur la seconde face le saxophone d’Anatoly se double du son d’un basson joué par Alexandrov, les improvisations fusent, courtes, s’interpelant, Sergey Kuryokhin au piano dramatise et s’inspire de Cecil Taylor, et, comme parfois Anatoly rappelle à la vie Albert Ayler, le free éclate au fil de cette « Invocation of Fire ». Le dernier mouvement autour du thème de l’eau permet à Sergey de déployer l’étendue de son talent, le « piano préparé » à l’œuvre nous plonge à nouveau dans le mystère.

Le jazz russe existe, je l’ai rencontré et il est fameux !

Anatoly Vapirov ‎- Invocations (FULL ALBUM, soviet free jazz, 1983, Russia, USSR)

A1 Invocation Of Spirit 00:00
B1 Invocation Of Fire 27:17
B2 Invocation Of Water 42:44

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 25 mai 2020 07:55

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Après un début de carrière internationale en tant que batteur-percussionniste aux côtés de Don Cherry, Okay Temiz a entamé une longue période de partenariat ou de collaboration avec un grand nombre de musiciens avant de créer le groupe Oriental Wind dont le premier album est sorti en 1977. La mode est à la « fusion », Oriental Wind saura s’inscrire dans cette mouvance tout en conservant ce qui fera sa différence, une influence turque et orientale qu’il mélange habilement au jazz et même au rock.

Cet album est le troisième du groupe qui surfe sur un accueil sympathique de la part du public qui apprécie ce mélange entre occident et orient. L’album a été enregistré aux Studios Ramsès à Paris, il existe un tirage français et un autre japonais pour cet album, mais il est surtout vendu en Turquie où il cartonne sévère, distribué par des labels locaux. La pochette ci-dessus est la pochette française, celle que je possède.

Il suffit de visionner un concert pour comprendre qu’ici tout tourne autour de la forte personnalité du leader qui organise l’ensemble de la musique, les autres musiciens, tous habiles dans leur rôle, sont d’origine turque. On remarque cependant la présence sur l’album du saxophoniste Dou Dou Gouirand qui a également écrit le titre « Egée ».

Ici tout est plaisir, joie, fête, la musique est agréable et s’ouvre aux charmes de l’orient, à l’exotisme à portée de main. Okay Temiz met en valeur la musique de son pays en électrifiant son folklore ou en jouant ses propres compositions. Un album pour la danse, le sourire et la convivialité.

Okay Temiz "Zikir"


Okay Temiz Oriental Wind Suzinak Semai [HQ Audio] Zikir 1979


Okay Temiz - Oriental Wind - Dolunay Zikir 1979 - (sur label turc)


Okay Temiz-Muş-1979 (version un peu différente sur l'album)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 25 mai 2020 21:04

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Michael Smith est un pianiste américain qui s’est exilé vers l’Europe, d’abord en Suède puis à Paris. Il a enregistré entre 1972 et 1986, puis a disparu des radars. Il a travaillé avec Paul Bley, enregistré aux côtés de Steve Lacy deux albums et un autre avec Anthony Braxton, et surtout il a enregistré des albums en solo dont celui-ci, « The Dualities of Man » sur le label italien Horo, en 1977. C’est un musicien que j’ai suivi d’assez près.

Le piano solo aime les vinyles nickels, sans bruit de fond, au son éclatant. Ici, on n’est pas chez ECM, mais si vous trouvez un l’album vous pourrez être surpris par sa qualité, les albums de Michael Smith ne se sont jamais tellement vendus et sa notoriété est faible, ce qui vous laisse toutes les chances de trouver des albums en parfait état d’écoute.

Je sais que parmi vous beaucoup seront d’accord pour admettre qu’un déficit de public ne préjuge en rien de la qualité d’un album ou de de la qualification d’un musicien. De mon point de vue, c’est un grand pianiste avec un immense talent, un toucher très sensible qui oscille entre Paul Bley qu’il a côtoyé et Ran Blake qu’il doit apprécier. Pour le caractériser plus précisément, il faudrait ajouter une sensibilité classique, peut-être du côté de Debussy, mais également de la musique contemporaine.

Sa musique est toute suspendue, avec des intervalles fréquents où les notes vibrent puis s’éteignent, des « blocs sonores » sont ainsi alignés, parfois composés d’une seule note ou de plusieurs en même temps, ou encore d’une séquence de notes d’une durée plus longue. Le registre grave du clavier est souvent sollicité. Cette façon d’agir crée une forte tension, continuelle, qui ne s’apaise pas.

Les titres ici sont assez évocateurs et relèvent de l’univers mental, « In Search of a Mind », « The Dualities of Man », « Schizophrenia », « Paranoia », je vous rassure c’est sans danger, on entend juste l’expression d’un monde intérieur qui se déchire et s’interroge.

C'est bien regrettable mais je n'ai pas trouvé d'extraits sur le tube
:/
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 26 mai 2020 08:17

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Hans Reichel est guitariste et surtout créateur d’instrument. Sa singularité nous renvoie à Derek Bailey avec lequel il partage le goût des sons inédits et l’ouverture vers une musique nouvelle. Cependant leur démarche est très différente, un peu comme Maurice Merle et les membres du Marvelous Band (cf page précédente), il décide de créer de nouveaux instruments théorisés à partir de manches de guitare électriques et des douze cordes attenantes. Les cordes sont accordées selon ses propres critères et le résultat est tout simplement bluffant, assez rapidement Hans Reichel est signé par le label allemand FMP.

« Bonobo » est le troisième album de Hans Reichel, en solo, armé de ses créations et qualifié de « guitar player » sur le dos de la pochette. Le premier objectif qui consiste à jouer une musique inédite, jamais entendue et sortant des sentiers battus est atteint, l’expérience musicale est absolument neuve. A l’écoute il n’est pas exagéré de penser qu’il y a un désir de plaire et de séduire par la musique, malgré l’étrangeté des sons, les dissonances et les audaces de toutes sortes. Nous voici embarqués dans un voyage assez hypnotique, irréel, planant, comme arraché à la réalité humaine, plongé dans une autre dimension, pour peu qu’on joue le jeu.

Impossible pour une oreille occidentale de ne pas penser à la magie du sitar, à ses improvisations vagabondes et surtout aux mélodies qui se dessinent étrangement, qui nous sont soufflées à l’oreille et qui nous bercent.

Hans Reichel – Bonobo
1 Gier I 00:01
2 Peter Zweifel 02:17
3 Lurch 04:58
4 Toeni 08:24
5 Moor 09:56
6 Bonobo II 15:13
7 Bonobo I 18:44
8 Mariahilf 22:44
9 Des Jägers Klage 25:14
10 Nicht Sand, Sondern Popel Im Getriebe 28:07
11 Gier II 29:37

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par DaFrog » mar. 26 mai 2020 09:21

Tu nous régales ! Dommage que je n'aie pas le temps, ni les bonnes conditions, de tout écouter et encore moins d'apprécier. Je survole pour l'instant, je reviendrai.

La référence à Paul Bley que j'aime beaucoup me donne envie d'écouter MJ Smith mais j'ai l'impression que ça va être coton ...
It’s too late to be hateful :ange:

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » mar. 26 mai 2020 11:17

DaFrog a écrit :
mar. 26 mai 2020 09:21
Je survole pour l'instant, je reviendrai.
tu es sûr de la seconde proposition de ta phrase ? :hehe:

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par DaFrog » mar. 26 mai 2020 11:41

It’s too late to be hateful :ange:

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » mar. 26 mai 2020 13:54

Douglas a écrit :
dim. 24 mai 2020 20:36
Image

Anatoly Vapirov est l’un des jazzmen les plus reconnus du jazz soviétique, il joue des saxophones et possède une expertise dans l’histoire du jazz américain, ayant pratiqué l’école « bop », puis le jazz-rock et, enfin, un jazz aux sonorités plus expérimentales et contemporaines, comme en témoigne cet album de 1984. Rien d’étonnant dans ce parcours puisqu’il est professeur de musique au conservatoire de Léningrad où il s’est spécialisé dans les cours de saxophone. C'est également une figure éminente du jazz russe.

La première face « Invocation of a Spirit » est assez poignante, on pourrait y entendre les pleurs de l’âme slave et les tourments de l’esprit russe tel qu’il apparaît parfois dans la lecture classique, en même temps la pièce nous semble terriblement proche, elle se livre sur le ton de la confidence, entre classicisme et chamanisme.

Sur la seconde face le saxophone d’Anatoly se double du son d’un basson joué par Alexandrov, les improvisations fusent, courtes, s’interpelant, Sergey Kuryokhin au piano dramatise et s’inspire de Cecil Taylor, et, comme parfois Anatoly rappelle à la vie Albert Ayler, le free éclate au fil de cette « Invocation of Fire ». Le dernier mouvement autour du thème de l’eau permet à Sergey de déployer l’étendue de son talent, le « piano préparé » à l’œuvre nous plonge à nouveau dans le mystère.

Le jazz russe existe, je l’ai rencontré et il est fameux !

Anatoly Vapirov ‎- Invocations (FULL ALBUM, soviet free jazz, 1983, Russia, USSR)

A1 Invocation Of Spirit 00:00
B1 Invocation Of Fire 27:17
B2 Invocation Of Water 42:44

J'ai écouté hier soir, vraiment bien aimé ce camarade Bolchevique. Du Supreme de Soviet

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 26 mai 2020 15:00

Bebeto a écrit :
mar. 26 mai 2020 11:17
DaFrog a écrit :
mar. 26 mai 2020 09:21
Je survole pour l'instant, je reviendrai.
tu es sûr de la seconde proposition de ta phrase ? :hehe:
Ne te laisse pas influencer par la propagande !
nunu a écrit :
mar. 26 mai 2020 13:54

J'ai écouté hier soir, vraiment bien aimé ce camarade Bolchevique. Du Supreme de Soviet
::d
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 26 mai 2020 15:10

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« Memhis Underground » est l’un des albums qui s’est le plus vendu de tous les temps. Sorti en 1969, il est signé par Herbie Mann et se veut une fusion entre jazz et rhythm & blues, on parle également de « soul jazz ». Du beau monde ici, Roy Ayers au vibraphone, Sonny Sharrock et Larry Coryell aux guitares auxquels s’ajoute la rythmique « maison », Reggie Young, Bobby Emmons, Bobby Wood, Tommy Cogbill, Gene Christman…

Côté répertoire ça assure sévère avec trois reprises « soul » qui proviennent du box-office, "Hold On, I'm Comin " interprété par Sam & Dave, "Chain of Fools" par Aretha Franklin et le quasi rock "New Orleans" qui a été chanté par Gary U.S. Bonds. Il faut ajouter le très bon titre « Memphis Underground » qui donne son nom à l’album et le traditionnel « Battle Hymn of The Republic ».
Il est clair que cet album est fait pour plaire et se vendre. En réponse il faut s’attendre à un rejet de la part des puristes et de la critique spécialisée, ce qui ne manquera pas d’arriver, d’autant que le terme « underground » dans le titre en fera sourire plus d’un.

Le temps est passé et, sans vouloir couper la poire en deux, on peut s’accorder autour d’un bon moment à passer à son écoute, se laisser transporter par le « son » bien ancré dans son époque d’un album qui a conservé une partie de ses couleurs d’alors, augmenté du charme désuet des saveurs anciennes.

Herbie Mann - Memphis Underground (1969)


Battle Hymn of the Republic


Chain of Fools


Hold On, I'm Coming
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » mar. 26 mai 2020 18:02

J'ai du mal avec la flûte en lead, et comme je le disais lors d'un précédent message, Mann me passe un peu au-dessus, l'impression qu'il fait de l'easy, Ayers aussi d'ailleurs. Maintenant, d'ac avec toi, derrière, ça envoie comme j'aime.

***v***
Image
Gianni Iorio & Pasquale Stafano: Mediterranean Tales, '20)
***v***

Le bandoneon de Iorio et le piano de Stefano. Bien entendu, on ne peut éviter de penser à Piazzola, Keith Jarrett également par l'épure du jeu. Ici tout est élégance, précision du jeu et romantisme de l'interprétation. Bien entendu, la mélancolie n'est jamais loin.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 26 mai 2020 21:57

Bebeto a écrit :
mar. 26 mai 2020 18:02
***v***
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Gianni Iorio & Pasquale Stafano: Mediterranean Tales, '20)
***v***

Le bandoneon de Iorio et le piano de Stefano. Bien entendu, on ne peut éviter de penser à Piazzola, Keith Jarrett également par l'épure du jeu. Ici tout est élégance, précision du jeu et romantisme de l'interprétation. Bien entendu, la mélancolie n'est jamais loin.
Les pianos, en bandoulière et à queue, riches ou pauvres, s'accordent bien aux accents de la mélancolie dont tu parles...
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 27 mai 2020 06:20

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« Metamusician’s Stomp » troisième et dernier album de la formation d’Andrew Cyrille & Maono a été enregistré en 1978 sur le label italien d’avant-garde, Black Saint. Tout d’abord il faut saluer l’excellent travail sur la prise de son, le quatuor est merveilleusement servi par le travail des ingénieurs qui se prennent pour des gars d’ECM !

C’est capital ici car cet album a besoin d’espace et d’air, la prise de son de chaque instrument est précise et millimétrée, ainsi chacun est audible avec une netteté qui autorise à prendre la musique non plus comme un ensemble, mais comme partie d’un grand tout, pour peu que l’on se concentre sur un élément ou un instrument. Ce risque de vagabondage peut aussi être « perturbateur » et nuire à la prise en compte de la cohésion d’ensemble, mais il autorise également de multiples écoutes différentes de l'album en alternant les points de vue.

De grands talents ici, Andrew Cyrille bien sûr, qui crée des espaces, des « trous d’air » où chacun peut butiner. Le rythme est elliptique, plus suggéré que joué, commenté qu’articulé. C’est la basse de Nick DiGeronimo qui devient l’instrument pivot autour duquel tout tourne. La trompette, la flûte et le bugle du grand Ted Daniel et le sax et la flûte de David S.Ware, immense ici, rauque, évoquant Sonny Rollins, puis s’offrant quelques audaces free, rappelant à chacun la puissance de son souffle.

Un bel album, incontestablement, passionnant comme un bon livre quand il est passionnant, une formation qui mérite d’être lue, c’est sûr.

Andrew Cyrille & Maono Metamusician's Stomp


Andrew Cyrille & Maono My Ship


Andrew Cyrille & Maono 5 4 3 2


Andrew Cyrille & Maono Speigelgasse 14 Reflections & Restaurants The Park Flight
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 27 mai 2020 16:18

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Il est des albums qui pèsent. D’un poids, d’une masse redoutable. Bien sagement alignés au milieu des autres, entre Ralf Towner et Randy Weston, une dizaine qui commencent par Ran. Et parmi cette dizaine, celui-ci précisément, bien que les neuf autres partagent eux aussi la dignité de ne pas être des albums comme les autres, une sorte d’aristocratie silencieuse qui s’établit au fil du temps.

Ran Blake aime les territoires peu courtisés, ceux des silences, des espaces savants entre les notes, des dissonances habiles, des sons graves où il peut s’installer. C’est un cinéaste, sa musique passe par l’œil et fait naître des images, comme si vous deveniez victimes d’autosuggestion, jouet sous les doigts habiles d’un magicien.

Son rapport avec le clavier est tout en sensualité, notes caressées, toucher délicat ou franc et dramatique, celui-ci n’a de rapport qu’avec l’émotion, sans émissaire ni transition, elle arrive brute, directe et vous touche immédiatement. Cette particularité fascine et envoute, créant une forme d’addiction terrible.

On sait à quoi on s’expose en piochant entre Ralf et Randy, la concentration est de mise et l’effet garanti et assuré, comme une piquouze, et puis il y a ce truc terrible qui vous guette à la fin de l’album, quand vous pensiez que vous vous étiez habitué, que vous alliez tenir, blindé, l’œil encore sec. « The Death of Edith Piaf » vous cueille et vous transperce, comme à chaque fois, « Tiens! Voici pour toi mon gaillard ! » Semble -t-il vous dire en vous regardant, amusé, du coin de l’œil. Oui, encore vaincu, mais ces défaites-là sont les plus belles, même si vous vous dites que vous n’êtes pas prêt d’y retourner, au pays de Ran, qui lit si bien en vous et vous retourne comme une simple crêpe…
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » mer. 27 mai 2020 17:54

***v***
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***v***

Björn J:son Lindh - Ramadan, '71)
Pour filer la thématique, jazz, orient et passage par la Suède, grand pays de jazz, des posts précédents, un disque que j'aime beaucoup, Björn est pianiste et flûtiste, à partir de combien d'instruments peut-on parler de multi-instrumentiste ?). Et comme vient de se finir le Ramadan, je propose d'y replonger le temps d'un titre.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par DaFrog » mer. 27 mai 2020 18:03

Ran Blake ... il était question il n'y a pas longtemps (sur ce sujet ou un autre, je ne sais plus) de Jeanne Lee, je pense illico à ce disque magnifique qu'est The Newest Sound Around, pépite estampillée 1962


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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Bebeto » mer. 27 mai 2020 18:39

Oh yeah, grand disque. Pas écouté depuis un moment. Demain...

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » mer. 27 mai 2020 18:50

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Circle-Paris Concert

Une facette de Chick Corea qu'on connait peut etre moins que ses travaux avec Return to Forever, d'ailleurs je pense que cet album, bien qu'enregistré en 71 est la sortie qui précède le premier album de Return to Forever en 72. C'est le grand écart stylistique, la on est plus dans un jazz d'avant garde assez free. Sorti chez ECM, pas leur meilleure pochette il faut bien l'avouer :hehe:



Pas trouvé d'extrait de cet album alors je mets un extrait d'un autre concert

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par DaFrog » mer. 27 mai 2020 19:08

Ralf, Ran, Randy ... où l’on apprend que chez M’sieur Douglas les disques sont classés par prénoms :)

A part pour Renaud et Vangelis, j’y avais pas pensé !

Le Circle de Corea, j’ai eu mais pas gardu. Trop free et austère pour moi de mémoire. Et je ne suis pas fan du jeu de Corea que je trouve technique, parfois bavard et sans tripes, comparé à son compère Jarrett, lyrique et échevelé, parfois trop, mais ça me parle plus.

Pas le temps d’écouter toutes vos propositions. Je reviendrai :siffle:
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » mer. 27 mai 2020 19:09

DaFrog a écrit :
mer. 27 mai 2020 19:08

A part pour Renaud et Vangelis, j’y avais pas pensé !
Vangelis il triche c'est meme pas son vrai prénom :hehe:

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