J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 28 févr. 2021 05:42

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Dave Gisler Trio with Jaimie Branch ‎– Zurich Concert

Il faut dire clairement les choses, ce qui a déclenché l’acte d’achat de cet album pour ce qui me concerne, c’est la présence de Jaimie Branch. Que la trompettiste soit là suffit à m’enthousiasmer, les deux albums de « Fly Or Die », l’incartade free de « Dropping Stuff And Other Folk Songs » sont autant d’étapes qui m’ont convaincues, et, je dois dire que, même si sa présence sur cet album n’est qu’en « invitée », je ne regrette pas mon emballement, l’album est somptueux !

L’affaire est suissesse, le Dave Gisler trio est en effet issu du pays des banques, du fromage et du chocolat (un petit cliché ça fait touriste dans ce monde qui en manque tant). Ça s’est passé au festival de Willisau en 2018, Dave Gisler, semble-t-il, partage mon admiration pour la trompettiste qu’il a écouté lors de ce festival, un mot qui signifiait encore quelque chose lors de ces années d"insouciance. Alors qu’on lui offre une « carte blanche » au festival du « Unerhört ! » à Zurich en 2019, il saisit l’occasion pour inviter l’atypique trompettiste à ce concert, cet album est le fruit de cette rencontre.

Dave Gisler est lui-même guitariste, son goût le pousse également vers le rock et la guitare est électrique, Raffaele Bossard est le bassiste, électrique aussi, et, pour compléter le trio, se trouve Lionel Friedli à la batterie. Ils ne sont sans doute ni vraiment connus, ni reconnus, mais ce sont des pointures et l’album rend justice au talent de ces musiciens.

Après quelques brèves répétitions le concert est donné pendant que les bandes tournent. Pour qui voudrait savoir à quoi ressemble un concert réussi, il suffit d’écouter cet album, une énergie incroyable se déchaîne sur scène, les étiquettes s’envolent vite et tout se mélange, rock et jazz se côtoient et fusionnent, le côté sauvage et indomptable de l’un fusionne avec la créativité et l’improvisation de l’autre, une synergie inespérée se forme et donne l’envie de pousser le son.

Les morceaux sont tous de Dave Gilsler et se répartissent en des entités de formes différentes, rock énergiques, blues écorché comme "Better Don't Fuck With The Drunken Sailor", ballades et même pièce expérimentale avec « cappucino », titre très aérien, ainsi on se promène dans plusieurs univers sans pour autant être n’être jamais lassé de ce voyage où l’indomptable Jaimie évolue avec une classe inouïe, s’intégrant de façon formidable au sein du trio, sublimant la musique et se hissant avec grâce au niveau des plus grands de son instrument.

Dave Gisler Trio with Jaimie Branch - CD Release Teaser, "Zurich Concert" (Intakt Records)


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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 1 mars 2021 05:41

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Gunter Hampel Group ‎– Music From Europe

Mais que faisait Gunter Hampel en 1966 ? je sais que cette question vous hante depuis des années, et bien voici enfin la réponse, il enregistrait avec son groupe cet album « Music From Europe », le 21 décembre 1966, à Baarn en Hollande.

Pour les "uns ou deux" qui ne connaissent pas le « Gunter Hampel Group » formation 1966, voici les noms : Willem Breuker joue des quatre saxophones les plus usités ainsi que de la clarinette et de la clarinette basse, Gunter Hampel joue du vibraphone, de la flûte et également de la clarinette basse, Piet Veening ne joue que de la basse sans clarinette et Pierre Courbois des percussions.

Voilà c’est fait pour les musiciens, maintenant les titres, le premier se nomme « Assemblage », c’est une suite d’une durée de vingt-minutes en comptant le temps de poser le Cd sur la platine. Ensuite la seconde pièce est un hommage à Eric Dolphy « Heroicredophysiognomystery » d’une durée de douze minutes, et, pour finir, une nouvelle courte suite en quatre parties « Make Love Not War to Everybody », ça dure presque neuf minutes et si, rien que le nom vous fait frissonner, c’est signe que vous avez gardé vos stigmates de « Baba cool » et qu’elles brillent encore au fond de vous, c’est bien, vous ne ressemblez ni à Romain Goupil, ni à Daniel Cohn-Bendit, je vous aime pour ça.

C’est sorti chez E.S.P, les frappés du free. Le vinyle original est paru en soixante-sept et c’est un véritable grand album, il respire à la fois le jazz et l’Europe, comme s’il avait été fondateur d’une sorte d’identité européenne, c’est sûr, il y a également le Peter Brötzmann Trio à la même période qui pourrait revendiquer, mais franchement ça n’a pas d’importance.

Les trois pièces sont passionnantes, je ne trouve pas l’album très très free, il a été en grande partie improvisé. Ces musiciens ont hérité de la culture européenne une formation classique, avec la rigueur et le travail sur l’instrument qu’elle implique, ce savoir ils l’ont mis au service d’une culture improvisée née de la musique noire américaine. Nous sommes en 66, ce sont donc des enfants de Coltrane, Mingus, Dolphy et Ornette Coleman que nous écoutons ici, et nous assistons à une fusion réussie entre l’apport européen et la Great Black Music, toute la valeur de cet album est là, reste juste à écouter.

Les notes de pochette de Gunter Hampel sont intéressantes et reflètent bien l’époque, cliquez sur l’image Discogs et vous pourrez les lire avec de bonnes lunettes : https://www.discogs.com/fr/sell/release/1771734?ev=rb

Gunter Hampel Group - Music from Europe

00:00​ Assemblage
21:59​ Heroicredolphysiognomystery
33:40​ Make Love Not War to Everybody

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par papilonaa » lun. 1 mars 2021 12:24

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pour ces 70 ans un grand du jazz français

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 1 mars 2021 22:10

papilonaa a écrit :
lun. 1 mars 2021 12:24
Firefox_Screenshot_2021-03-01T12-19-43.388Z.png

pour ces 70 ans un grand du jazz français
Je fais la connaissance de ce musicien grâce à ton post, par contre les deux rythmiciens me sont connus, John Betsch à la batterie et Reggie Johnson à la basse, vraiment des pointures. Le musicien Martiniquais semble très apprécié au Japon, j'ai vu sur discogs qu'il possède de nombreux albums édités ou ré-édités là-bas.
Merci pour cette très chouette découverte!
:chapozzz:
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Message par Douglas » mar. 2 mars 2021 09:08

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Binker And Moses ‎– Escape The Flames

Voici la suite des aventures de Binker And Moses, il me semble vous avoir rendu compte des étapes antérieures, particulièrement des enregistrements de 2017 qui ne cessent d’enrichir la discographie du duo, un peu comme si c’était une période indépassable, qui constituait un sommet de leur art, et qu’ils n’arrivaient plus à égaler ou à dépasser.

On se souvient de la sortie du très remarqué double LP « Journey To The Mountain Of Forever », constitué de deux albums distincts, le premier en duo et le second en sextet. Il fut suivi, en 2018, de « Alive In The East? », une relecture live du second LP de l’album précédent, enregistré au Total Refreshment Center en juillet 2017.

Et bien, l’exploitation de la mine continue avec « Escape The Flames », encore un enregistrement live de 2017 au même endroit, mais cette fois-ci, constituant en une relecture du premier album, celui du duo entre les deux compères. Encore un double LP tout à fait excellent, dispo également en téléchargement mais pas en Cd, et comme il est limité à cinq cents, à l’heure où j’écris il en reste encore un peu …

Ceux qui sont fans de cette formule, devenue populaire à la suite du brûlot de John Coltrane et de Rashied Ali « Interstellar Space », seront peut-être sensible à cette proposition. Incontestablement ce sont deux grands musiciens, pour quelques-uns ils représentent même le meilleur de la scène londonienne actuelle, mais tout se discute surtout les goûts et les couleurs.

Les pièces voient la relecture gagner en densité, en espace et en temps, il faut un double LP pour caser ce qui tenait en un. Le titre d'ouverture "The Departure " par exemple, qui durait à l'origine sept minutes, s’étale désormais sur dix-sept.

On retrouve le style de Binker Golding au ténor, avec un côté Lester Young et un autre Sonny Rollins, peu enclin aux effets grandiloquents, aux boursouflures et à l’hyper expression, une sorte d’antithèse d’Albert Ayler en quelque sorte. Moses Boyd est le batteur parfait, grand technicien, créateur d’espace et relanceur précis et idéal, il impressionne.

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Message par Douglas » mer. 3 mars 2021 06:24

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Damo Suzuki's Network featuring The Elysian Quartet ‎– Floating Element

On quitte un peu le jazz pour s’orienter vers la musique un peu plus expérimentale de Damo Suzuki, le légendaire chanteur du groupe de krautrock : Can. Il s’agit ici d’une performance en quatre parties appelée « Floating Element », jouée en live à la « Purcell Room du Queen Elizabeth Hall » à Londres en 2007.

Damo est entouré par l’Elysian Quartet composé de Jennymay Logan et Emma Smith au violon, Laura Moody au violoncelle et au chant et Vince Sipprell au violon alto. Deux invités sont également présents, Adem à l’harmonium et aux percussions ainsi que John-Paul Gandy au piano. Damo quant à lui se consacre au chant et est l’auteur de la composition qui dure soixante-dix-sept minutes.

Nous sommes ici bien loin de l’univers de Can, il serait inutile et vain de vouloir chercher une continuité, sinon dans la durée et la présence scénique de Damo sans doute très forte et prégnante, mais nous ne pouvons ici que l’imaginer, alors mieux vaut appuyer sur le bouton « off » et faire comme si nous partions de zéro, sous peine d’une grande déception.

Ceci étant posé, il faut se lancer à l’eau, s’habituer à la température en s’immergeant dans cet élément lors de la première partie, l’effort est récompensé grâce à la seconde, très rythmique, têtue, avec un Damo qui fait tourner la dynamo, très physique et démonstratif, et qui retrouve la puissance de l’énergie rock, créatrice d’émotion.

On reconnaît volontiers l’audace dont a fait preuve Damo Suzuki en embarquant un quatuor à cordes classique dans cette aventure, en ne niant rien de son passé, et s’ouvrant ainsi à la modernité et à la musique expérimentale et improvisée.

On comprend bien que la partie visuelle du show est importante et que, malgré son investissement impressionnant dans le chant et la performance, le fil se perd un peu dans les moments les plus calmes, plus particulièrement en milieu de la partie trois.

On retiendra essentiellement, outre la performance impressionnante de Damo, la démesure de ce projet dans laquelle se sont fondus totalement les musiciens de culture classique, improvisant avec une joie évidente et une créativité à la hauteur.

Floating Element (Live)
Modifié en dernier par Douglas le dim. 22 mai 2022 08:01, modifié 1 fois.
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Message par Douglas » jeu. 4 mars 2021 06:12

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Derek Bailey Mototeru Takagi ‎– Live At FarOut, Atsugi 1987

Voici un album sorti assez récemment sur le label Lithuanien NoBusiness Records, nous montrant le légendaire guitariste britannique Derek Bailey en 1987, à un moment où il étincelait, parcourant le monde et plus particulièrement le Japon où il rencontra, lors de plusieurs voyages, la fine fleur de l’improvisation nippone.

Le voici en compagnie de Mototeru Takagi, joueur de saxophone soprano appliqué, qui n’est pas sans rappeler Steve Lacy, au point que parfois il me semblait entendre l’illustre modèle dans la sonorité claire et imagée du souffleur japonais. Ce dernier se montre un locuteur loquace, tantôt pointilliste ou lyrique, se montrant parfois même audacieux, en sortant du cadre de l’usage classique de son instrument.

Il trouve en Derek Bailey un fameux comparse avec lequel il va dialoguer, tantôt les deux suivent des chemins parallèles, jouant avec les silences et les espaces, et tantôt leurs chemins se rejoignent, s’entrelacent et se mêlent en une danse parfois effrénée.

Drame des temps, si vous désirez acheter l’album il vous faudra choisir entre un Cd complet et bourré de bonne musique, et un vinyle qui ne comporte que des extraits, bien que ce ne soit pas spécifié sur la pochette. Ce qui n’enlève rien à l’allant de ce label qui se bat pour exister en proposant ce qui n’existe nulle part ailleurs, des enregistrements de grands musiciens qui resteraient dans les placards s’il n’existait ce souffle venu des pays baltes.

Modifié en dernier par Douglas le dim. 22 mai 2022 08:02, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 5 mars 2021 06:00

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Lon Moshe & Southern Freedom Arkestra ‎– Love Is Where The Spirit Lies

Les heureux possesseurs de la compile « Soul Love Now: The Black Fire Records Story 1975-1993 », parue chez Strut Records l’année précédente, connaissent les extraits les plus éminents du sous-label Black Fire. Parmi les groupes les plus en vue il y avait « Oneness Of Juju », en creusant un peu on tombait sur « Experience Unlimited » et, en cherchant encore, on découvrait le vibraphoniste Lon Moshe, dont la compile présentait la pièce la plus connue de son unique album : « Doin' The Carvin For Thabo ».

C’est précisément cet album qui a été récemment réédité sous la forme d’un double LP « Love Is Where The Spirit Lies » par la formation « Lon Moshe & Southern Freedom Arkestra ». Pour situer on baigne dans la « Spiritual Music », une musique méditative et recueillie qui peut rappeler celle de Pharoah Sanders, mais sans les saillies du saxophone, ou celle d’Alice Coltrane, mais centrée sur la black music.

Il y a du monde dans la formation, c’est pourquoi elle prend le nom d’Arkestra, je ne détaille pas le nom des musiciens, car il me semble que peu ferait résonner un écho parmi vous, sinon peut-être l’excellent trompettiste Marvin Daniels membre du « Southern Energy Ensemble » ou Jackie Eka-Ete qui chante avec « Oneness Of Juju ».

Ici la musique est fervente et soutenue par une imposante masse orchestrale, celle-ci se déploie souvent avec parcimonie, le piano dialogue avec le vibraphone, puis la basse égraine quelques notes, ainsi, petit à petit le morceau évolue en prenant de la force, les voix portent le chant des négros spirituals qui s’enrichissent des timbres de la masse instrumentale qui avance, en improvisant, vers ce qui est une prière, ou un chant sacré.

L’album est plein d’une beauté retenue, sans extravagance, la basse est souvent frottée avec l’archet, les clochettes bruissent à l’envie, les notes du piano rappelle le chant des églises et le vibraphone est volontiers hypnotique, anesthésiant, jouant avec les cordes des guitares qui dansent et vibrent sous le chant…

Je suppose que l’on pourrait appeler ça de la « free music », peut-être oui dans la forme, mais pourtant il me semble que ça n’en est pas. Spiritual music ? Cette fois-ci je crois que l’on peut répondre oui.

Lon Moshe's Southern Freedom Arkestra - Love is Where the Spirit Lies


Lon Moshe's Southern Freedom Arkestra - Survival Raga #9


Lon Moshe - Doin' the carvin' for Thabo


Ballad for Bobby Hutcherson
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 6 mars 2021 07:18

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François Couturier, Tarkovsky Quartet ‎– Nuit Blanche

Voici « Nuit Blanche » un album du « Tarkovsky Quartet » constitué par François Couturier au piano, Anja Lechner au violoncelle, Jean-Marc Larché au saxophone soprano et Jean-Louis Matinier à l’accordéon. L’album est sorti en 2017 sur ECM, on se souvient également de la parution récente de « Lontano » un album du duo Anja Lechner / François Couturier dont il a été question en page 63.

Cette fois-ci le « Tarkovsky quartet » est au complet. Il tient son nom du célèbre cinéaste Andrej Tarkovsky auquel François Couturier a rendu hommage dès 2006 avec « Nostalghia, song for Tarkovsky ». Depuis, ce nom s’est pérennisé au fil du temps.

Toutes les compositions sont signées du pianiste ou, pour celles qui sont nées de l’improvisation collective, par l’ensemble du groupe. On retrouve sur cet album ce qui a toujours été la marque de François Couturier, une « patte » classique et romantique qui habite la plupart des pièces de l’album, elle cohabite avec une atmosphère éthérée, dans un monde parfois immatériel fait de rêves, de vapeur et d’irréalité.

Mais l’album est long et contient dix-sept morceaux et chacun est un petit monde qui possède ses propres codes et son caractère, ainsi certaines plages sont dramatiques (Dakus), moyenâgeuses (Quand Ien Congneu A Ma Pensee), oniriques (la série des rêves), lyriques (Nuit Blanche) … C’est l’univers du cinéaste qui transparaît ici, ainsi derrière chaque pièce se cache un tableau, une séquence ou une émotion.

Le quatuor est magnifique et chacun joue son rôle à la perfection, piano à queue ou à bretelles, cordes frottées ou anches vibrantes, tout est à l’unisson, cette belle unité est juste sublime dans les pièces improvisées où les quatre ne forment plus qu’un, créateurs communs d’une classique beauté.

Tarkovsky Quartet – Nuit blanche | ECM Records


Tarkovsky Quartet - Nuit Blanche - Rêve 1


Tarkovsky Quartet | Music | Showcase (interview à la télé turque)
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Message par Piranha » sam. 6 mars 2021 18:06

Intéressant Lon Moshe. Je vais écouter sur la longueur


Ici en écoute la réédition 2020 du 45t du Théatre du Chêne Noir sorti en 1973.

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Superbes enregistrements de jazz spirituel avant gardiste
Bien évidemment c'est Souffle Continu qui est aux commandes, eux qui ont la charge de ressortir le label Futura, Saravah et d'autre aventuriers français

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 7 mars 2021 07:26

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Michel Portal ‎– MP85

Bonne nouvelle ce samedi, voici distribué dans la boîte « MP85 », le dernier album de Michel Portal enfin arrivé ! MP on comprend bien pourquoi et 85 eu égard aux 85 printemps écoulés depuis la naissance du Sieur.

Bonne nouvelle, oui, mais tempérée, après un rapide aller sur Discogs où je m’aperçois qu’une fois de plus, on doit subir la loi des marchands : le vinyle est un peu plus cher, ce qui paraît normal aujourd’hui, bien qu’autrefois le prix du vinyle n’excédait en rien celui du Cd, mais surtout, une nouvelle entourloupe une fois de plus, il y a dix minutes de musique en moins sur le vinyle, deux titres sont en effet absents ! J’essaierai de m’emballer moins la prochaine fois, afin d’acheter le Cd, moins cher et mieux loti pour ce qui m’intéresse : la Musique !

Après les albums de toutes les couleurs, les tirages volontairement ultra-limités, voici venir le temps de la musique réduite, où on coupe la cire sous le poids du saphir, et bien soit, je me résous au bon vieux Cd, fidèle en qualité, à l’apparat moins noble mais généreux sous le sabot, ne mégotant pas, et dépassant l’heure sans rechigner.

Foin de tout ça, concentrons-nous sur le sujet du jour : l’album de Michel Portal. Depuis quelques années ce dernier est souvent présent sur les écrans des chaînes musicales, particulièrement Mezzo qui a retransmis avec générosité des concerts toujours magnifiques, que j’aime voir et revoir lors des rediffusions, nombreuses sur ce type de chaîne. Michel, entouré par toutes sortes de musiciens de qualité, mais sachant à chaque fois montrer son talent unique, la touche qui le différencie et fait de lui un musicien incomparable, qui vous marque immanquablement.

Cet album a été enregistré entre les deux confinements, du vingt-six au vingt-neuf juin 2020, comme une respiration, un retour espéré vers la vie d’avant. Michel a organisé un nouveau quintet avec Nils Wogram au trombone, le magnifique Bojan Z aux claviers qui marque son retour, l’impeccable Bruno Chevillon à la basse et Lander Gyselinck à la batterie. Michel lui est toujours fidèle au soprano et aux clarinettes, basse et si bémol.

Cet album ressemble à un album de chansons, bien que l’on n’y chante pas, une dizaine de vignettes alignées et chacune ressemble à une histoire, à un voyage, à un sentiment de libération ou d’espérance. Ainsi Arménia est-elle inspirée par voyage en Arménie, African Wind suggère le souffle du désert, Desertown écrit suite à la visite d’une ville en ruine et Full half Moon, composé par Bojan Z, doit certainement à la nostalgie naissante au cœur de la nuit…

Des titres à l’écriture apparemment simple, propices à de magnifiques envolées par les différents solistes, pour rêver, s’échapper du quotidien, partir, loin, et fuir aussi, vers un ailleurs, harmonieux et mélodieux, comme inscrites ici, les lignes sur ce disque, réinventer quelque chose d’autre, respirer, libre enfin !

African Wind


Desertown


Armenia


Full Half Moon


Euskal Kantua
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 8 mars 2021 06:25

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Bernard Santacruz, Michael Zerang ‎– Cardinal Point

Il est des duos qui sont un peu inattendus, peu coutumiers, comme celui-ci qui réunit deux musiciens amoureux des musiques libres et sans entraves, Bernard Santacruz et Michael Zerang, le premier est contrebassiste, on se souvient de ses contributions auprès de Frank Lowe, en duo sur « Short Tales » et en trio sur « Latitude 44 ». Michael Zerang, lui, est batteur, il est très présent sur la planète free, mais il ne me semble pas avoir déjà mentionné son nom sur ce fil.

Il n’est que d’écouter cet album pour appréhender la richesse peu commune de son jeu, délaissant parfois totalement le rôle rythmique de son instrument pour en exploiter un autre potentiel, allant trouver dans les tambours des sonorités inusités, ou encore jouant tout simplement sur l’intensité du toucher, faisant chanter les caisses, caresser les toms ou laissant vibrer les cymbales. Il fait chanter son instrument, entamant un dialogue extrêmement fécond avec Bernard Santacruz.

Ce dernier lui aussi exploite à fond le potentiel sonore de sa basse, mais surtout il aime à la faire chanter, à l’utiliser essentiellement comme un instrument mélodique, ainsi, malgré l’usage confiné à la rythmique dévolu très souvent à ce duo rythmique, nous voici face à un ensemble entièrement tourné vers l’expressivité.

Michael Zerang a apporté une compo dans sa valise, « Sand Roses », tandis que Bernard Santacruz en a apporté deux, « Arlequin » et le superbe « White Horses » dernière piste de disque. On le sait Bernard est un orfèvre en matière d’écriture. Les autres titres sont tous des improvisations.

Au final, l’album est riche et gracieux, extrêmement varié, donnant ses lettres de noblesse à une formule de duo peu usité, voilà qui est réparé de la plus belle des façons.

Bernard Santacruz - Michael Zerang "Cardinal Point" FSR 27/2020


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Message par gabuzomeuzomeu » lun. 8 mars 2021 11:58

Ces azimutés du Brésil, qui balancent du world-jazz-funk tout azimuths, me font penser parfois à un Jimmy Smith délocalisé qui aurait fait muté ses cloportes (y'a une vanne carrément audiarophile à la clé !) ! ::d :gratzzz:

"Since their debut album release in 1975, Azymuth have risen to rank alongside the world’s greatest jazz, funk and fusion artists. As young men in Rio de Janeiro, they stood out for both their exceptional talent as musicians, and their wild rock‘n’roll antics in the predominantly middle-class worlds of bossa nova and jazz. Their signature “Samba Doido” (crazy samba) sound ruptured the tried and tested musical structures of the day, resulting in what can only be described as an electric, psychedelic, samba jazz-funk hybrid"

Azymüth - (1973​-​75) Volumes 1&2 (2019)

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L'humour est le seul vaccin contre la connerie… Le con lui n’a jamais trouvé la pharmacie ! (Aphorismes et Blues - Pierre Perret 2020)

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 9 mars 2021 07:09

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Brötzmann, Bauer, Trzaska ‎– Goosetalks

Restons dans les formations musicales peu courantes et très en marge. Voici en effet un trio très original, on y trouve le multi-instrumentiste Peter Brötzmann aux saxophones alto et ténor, Mikołaj Trzaska à l’alto mais aussi à la basse clarinette et enfin Johannes Bauer au trombone. On se souvient que ce dernier a joué aux côtés de Jean-Noël Cognard dans le groupe Brigantin.

Le Cd correspond à l’enregistrement d’un concert qui se déroula le vingt février 2008, au « Dragon Club » de Poznan en Pologne. Deux titres sont signés de Peter Brötzmann, « Two Birds In a Feather » et « The Albert is Missing Signal », les quatre autres sont des improvisations collectives et l’album frôle les cinquante-deux minutes.

Cet album est né sous le signe polonais, par le lieu, on l’a dit, par Mikołaj Trzaska qui est né à Gdańsk et aussi par le label qui a sorti le Cd, « Kilogram Records » également attaché au saxophoniste. La vocation de ce label est de favoriser la diffusion du free jazz en Pologne et de faire connaître les musiciens polonais à l’extérieur du pays.

Mais, en observant les titres des morceaux joués, on pourrait trouver un autre signe qui fédère cet album, celui des volatiles : « Goose Talks », « Ducks Call », « Birds in a Feather » ou « Peacock’s Nightmare ». Le patronage des canards, des oies, des paons ou des oiseaux plus généralement nous indique à quelle basse-cour nous avons affaire, ainsi caquetons, gloussons et piaillons avec nos musiciens qui eux-mêmes sont certainement d’affreux bavards. Et enfin, comme l’indique le dernier titre « The Albert Ayler is Missing Signal » les musiciens glousseurs sont également réunis sous le signe du free hérité d’Albert, pourtant le free penche côté sagesse et humour ici, ce qui est bon cygne euh… bon signe !

Ducks Call


StormIn The Wasserglass


Two Birds In A Feather


The 'Albert Is Missing' Signal
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Goldandlink » mar. 9 mars 2021 21:22

gabuzomeuzomeu a écrit :
lun. 8 mars 2021 11:58
Ces azimutés du Brésil, qui balancent du world-jazz-funk tout azimuths, me font penser parfois à un Jimmy Smith délocalisé qui aurait fait muté ses cloportes (y'a une vanne carrément audiarophile à la clé !) ! ::d :gratzzz:

"Since their debut album release in 1975, Azymuth have risen to rank alongside the world’s greatest jazz, funk and fusion artists. As young men in Rio de Janeiro, they stood out for both their exceptional talent as musicians, and their wild rock‘n’roll antics in the predominantly middle-class worlds of bossa nova and jazz. Their signature “Samba Doido” (crazy samba) sound ruptured the tried and tested musical structures of the day, resulting in what can only be described as an electric, psychedelic, samba jazz-funk hybrid"

Azymüth - (1973​-​75) Volumes 1&2 (2019)

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Compilation incroyable que ces deux volumes! Du jazz funk distortu par le soleil brésilien pour le rendre plus mangeable. J'aurai bien vu ce post dans le topic brésilien wink wink où j'ai parlé d'un album du groupe :)

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Douglas
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 10 mars 2021 06:57

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Pat Metheny - Road To The Sun

Voici venir le double LP de Pat Metheny « Road To The Sun » qui est encore tout frais. Un nouvelle fois nous allons franchir les genres établis et transgresser un peu, en tout bien tout honneur, bien sûr.

Comme tout le monde, je connais le guitariste et possède quelques enregistrements de lui, mais je suis loin d’être un spécialiste et pour moi c’est avant tout un virtuose élégant qui a su développer un style propre, les spécialistes décèlent chez lui une certaine faiblesse de la main droite compensée par une main gauche extraordinaire.

Je ne sais si cela a un rapport avec cette nouvelle étape franchie par le musicien, quoiqu’il en soit Pat Metheny est devenu, sur cet album, essentiellement compositeur. Ou bien est-ce sa collaboration auprès de John Zorn qui l’a incité à se concentrer sur cet aspect de son métier ?

Quoiqu’il en soit, voici deux longues suites pour guitare, la première se nomme « Four Paths Of Light », elle est constituée de quatre mouvements et à été écrite pour le guitariste de formation classique Jason Viaux qui l’interprète sur la face A de l’album. C’est une musique extrêmement tenue, on pourrait dire un peu guindée, on retrouve ici ou là l’évocation de genres plus populaires comme le flamenco ou la samba, mais l’expression est très classique.

La seconde suite est la plus longue, « Road To The Sun » est constituée de six parties, ce qui comprend les faces B, C ainsi qu’une partie de la D. Elle est interprétée par le « Los Angeles Guitar Quartet », une formation classique qui ne néglige pas les musiques « latines » également, voici le nom des guitaristes présents : Matthew Greif, Scott Tennant, William Kanengiser et John Dearman, mais je n’en connais aucun. Pat Metheny intervient par deux fois dans la suite, mais cette fois-ci en tant qu’invité-interprète.

C’est beaucoup moins coincé que la fort belle première suite, mais nous restons sur des bases très proprettes, la suite est plus variée, un peu plus folle et inattendue. Elle reste très stylée et laisse passer, surtout, plus d’émotion, se rappelant au Matheny de mes souvenirs. Ce dernier conclura lui-même l’album sur une composition d’Arvo Pärt « Für Alina » qu’il interprète en solo sur sa guitare Manzer Pikasso à 42 cordes. On se souviendra qu’il avait, dès 1989, interprété des œuvres de Steve Reich « Electric Counterpoint », que l’on trouve sur l’album en compagnie de l’extraordinaire « Different Trains » interprété par le Kronos Quartet.

Le pressage est véritablement excellent et l’album contient une "bonus track" : « Für Alina » qui, je vous rassure, figure également sur le CD. J’ai acheté le mien à la fnac et le livret intérieur joint est signé de Matheny, c’est une série limitée qui fait toujours plaisir, même si ça reste très impersonnel.
Modifié en dernier par Douglas le dim. 22 mai 2022 08:12, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 11 mars 2021 06:46

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Joshua Abrams' Cloud Script ‎– Cloud Script

Un album sorti en décembre 2020 mais enregistré en septembre 2016 dans les studios « Electrical Audio » de Chicago. Il reviendra au label Rogueart de donner vie à ces bandes sorties sous forme de Cd ou de vinyle, pour les distinguer sur catalogue ou sur le net, les vinyles possèdent une barre noire, blancche et rouge dans le sens de la diagonale.

C’est le Joshua Abrams' Cloud Script que l’on écoute ici, l’album se nomme donc, sans surprise, « Cloud Script ». Je vous avais présenté déjà deux albums de Joshua Abrams, « Natural Information » sorti en 2010 et « Represencing » qui date de 2012, on se souvient du Guimbri qui était l’instrument central des ces deux magnifiques albums. On va le constater, le présent album est très différent.

En effet, il s’inscrit dans un jazz plus « classique », bien que ce ne soit pas du tout du jazz traditionnel auquel nous avons affaire, mais nous abandonnons les instruments exotiques et électro pour retrouver un quartet conventionnel.

Ainsi Joshua joue de la basse, Gerald Cleaver de la batterie, Jeff Parker de la guitare et Ari Brown de saxophone ténor. Une très belle formation sur le papier avec des musiciens de renom, six compositions au total, toutes signées par Abrams. Ainsi nous retrouvons les équilibres propres au jazz moderne avec une grande place accordée aux improvisations.

On pense à Jeff Parker et sa guitare, bien sûr, ex membre de Tortoise et de l’AACM, déjà sur International Anthem au moment de l’enregistrement de cet album. Chacune de ses interventions est un régal.

Il faut aussi parler d’Ari Brown qui joua avec le Kahil El'Zabar's Ritual Trio pendant de longues années, y compris sur l’album où figure Pharoah Sanders, il fit également parti du groupe « The Awakening » à l’époque de « Black Jazz Records » et joua également dans la formation de Lester Bowie. Merveilleux saxophoniste au son pur et cristallin, plein de feeling, il maîtrise le post bop dont il peut se libérer si nécessaire pour s’échapper des trames traditionnelles.

Joshua Abrams lui aussi emmène sa basse dans des terrains moins conventionnels et en tire avec l’archet des sonorités inusitées, les morceaux ici sont plutôt courts et chacun dit beaucoup, le temps de quelques accords, la succession rapide des solistes apporte beaucoup d’énergie à l’enregistrement qui gagne encore quand l’impro est collective.

Gerald Cleaver est également une pointure du jazz moderne, il a joué avec tant de musiciens qu’il serait vain d’en faire la liste, il fait partie de la famille dont il est un noble représentant, entouré, ici, de ses amis.

Un court extrait de "Echo Tracer en écoute (3 mn):
https://roguart.com/product/cloud-script/163#mailing
Modifié en dernier par Douglas le dim. 22 mai 2022 08:15, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 12 mars 2021 07:20

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Matthew Halsall ‎– Salute To The Sun

Avec « Salute To The Sun », le dernier album de Matthew Halsall paru au cours de l’année précédente, nous nous trouvons face à un album calibré pour plaire au plus grand nombre. Matthew est un trompettiste de Manchester qui s’est spécialisé, depuis deux mille huit, dans la « spiritual music », il s’inscrit donc dans le jazz modal, tendance recueillie, en empruntant à John Coltrane, Pharoah Sanders ou Alice Coltrane pour n’en citer que quelques-uns.

C’est du travail bien fait, sans risque, ni véritable génie mais à la hauteur, difficile de se montrer déçu car l’exécution est parfaite, sans faire preuve pour autant d’originalité ou de créativité. Mais tout est en place, savamment composé et ça fonctionne à fond dans un registre où tout est déjà connu, il faut dire qu'ici on coche toutes les bonnes cases. Un album qui a dû bien se vendre je pense, d’ailleurs il n’y a rien là d’immérité.

Outre Matthew Halsall qui joue de la trompette et a écrit toutes les compos on remarque la harpiste Maddie Herbert, le flûtiste et saxophoniste Matt Cliffe, le joueur de kalimba, le « piano à pouces » africain, Tom Harris, instrument dont joue également le pianiste Livin Georghe, qui ajoute également le son du marimba à l’orchestre.

On comprend bien que nous baignons dans une atmosphère très « world », exotique, avec des sons au charme très typique, qui interviennent toujours au bon moment, solos venus d’ailleurs, surgis d’une musique spirituelle, qui se pose sur le jeu de percussions de Jack McCarthy, compère de Alan Taylor à la batterie et du métronome Gavin Barras à la basse.

C’est donc un album plein de sérénité et d’ondes positives que nous a concocté Matthew Halsal, des sensations très atmosphériques, reposant sur un tapis rythmique légèrement rebondissant, à la fois soft et souple. Les jeunes musiciens qui l’entourent sont tout à fait excellents, pourvoyeurs de solos inspirés, très en phase avec la musique sacrée, Matthew est d’ailleurs souvent lui-même au rendez-vous dans l’expression de ses émotions, efficace sans être démonstratif, avec un son assez « neutre », peu explosif et une virtuosité sans esbroufe.

Il est à noter que le double album est accompagné d’un bon de téléchargement utile pour les amateurs de musique dématérialisée.
Modifié en dernier par Douglas le dim. 22 mai 2022 08:17, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 13 mars 2021 06:59

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Sabu Toyozumi, Mats Gustafsson ‎– Hokusai

Le batteur japonais Sabu Toyozumi n’est pas un inconnu ici, puisqu’il a déjà été évoqué trois fois sur ce fil. Il aime les duos car ils font place à une grande liberté d’expression, le premier d’entre eux était en compagnie du tromboniste Paul Rutherford, le second, page vingt, avec l’excellent saxophoniste Kaoru Abe, et le troisième, page cinquante-cinq, avec Masahiko Satoh au piano. Que de bons souvenirs de musique free, vivante et ouverte.

Pour faire un duo il faut un compère, cette fois-ci c’est le grand Mats Gustafsson au saxophone baryton et à la flûte qui sera l’élu de ces deux jours de rencontre, les onze et douze juin 2018, au « Jazz Spot Candy » de Chiba, au Japon.

Mats a également été souvent évoqué par ici, en duo avec le batteur norvégien Paal Nilssen-Love, en page treize, pour l’album « The Vilnius Explosion », page dix-sept, avec son groupe « The Thing » et l’album « Garage » page soixante-quatre, et, enfin, il a participé à l’album « Duck Walks Dog » avec le Dux Orchestra, en page précédente.

Ces petits rappels pour témoigner de l’importance de ces musiciens dans mon petit panthéon personnel. La géographie n’a pas favorisé cette rencontre aux points de départ si éloignés, pourtant elle s’est faite, comme si une ressemblance, ou des intérêts similaires, ou même une simple curiosité avaient suffi à créer l’envie, le désir de compagnonnage.

Il est vrai qu’ils sont peu dans cette catégorie-là, les créateurs-poètes de la musique et des sons, ceux qui osent et risquent, ils se cherchent, se reconnaissent de suite et se trouvent. Animés d’un grand respect, ils vont créer un nouveau langage, prendre langue ici c’est souffler, battre, jouer et bâtir.

Le temps d’une rencontre, et se quitter, repartir, laisser un souvenir pour ceux qui sont venus. Témoins de l’échange qui se fit, de la création à deux, des vibrations, de l’édifice immatériel pourtant construit, comme un hymne à la beauté, quelque chose qui provient d’un don de soi, d’une offrande.

C’est tout ça qui se joue ici, et dans les « Chip Chap Series » de NoBusiness Records.

Modifié en dernier par Douglas le dim. 22 mai 2022 08:18, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 13 mars 2021 18:04

A propos de Mats Gustaffson, voici un extrait de son journal de quarantaine et l'adresse pour retrouver sa liste des 100 meilleurs albums de jazz suédois, selon lui:

https://www.lira.se/mats-gustafssons-10 ... -pa-skiva/

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Modifié en dernier par Douglas le dim. 22 mai 2022 08:22, modifié 1 fois.
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