J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 7 juil. 2020 14:47

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« Perception & Friends », le second album de la formation, a connu une seconde vie grâce à la réédition de 2019 chez Souffle Continu, l’original, au tirage confidentiel de 500 copies, étant devenu fort coûteux. Il n’y a que le troisième album du groupe, « Mestari », qui échappe à cette malédiction grâce à un tirage suffisant au « Chant du Monde ». Un petit passage par discogs risque de vous induire en erreur si vous vous arrêtez à la mention « genre » qui indique : jazz, rock. Non, point de rock ici, juste du jazz vivant, d’époque, tendance « free » avec il est vrai, un piano électrifié.

A l’origine du groupe on trouve le bassiste Didier Levallet, il fréquente alors la cave du Gill’s Club dirigé par Odile et Gérard Terronès, on connaît l’importance de ce dernier sur l’underground d’alors, particulièrement pour la création du fabuleux label Futura Records qui reste une mémoire vivante incomparable de la musique de ces années-là. Siegfried Kessler, le futur pianiste d’Archie Shepp, a enregistré le premier album de « Futura », il se joindra au groupe « Perception » et participera au premier album sorti chez Futura, ainsi que sur le morceau « Le Horla » sur celui-ci. Siegfried étant peu fiable et versatile il sera remplacé par Manuel Villaroel aux claviers. Toujours au Gill’s Club, Levallet rencontre le franco-vietnamien Jean-My Truong qui sera le batteur de la formation, le dernier musicien du groupe sera l’extraordinaire Jeff Seffer d’origine Hongroise, « Jeff » étant un pseudo, il est plus connu aujourd’hui sous le nom de Yoch’ko Seffer, un redoutable saxophoniste. Quelques invités de passage s’ajoutent ici ou là, Teddy Lasry, Jean-Charles Capon, Kent Carter, Daniel Brulé, Jean-François Jenny-Clarke, Louis Toesca…

Ce second album suit de peu le premier, cette précipitation oblige à l’auto édition, les trois compos signées Seffer sont fortes et puissantes, très coltraniennes, Yoch’ko est un musicien savant et érudit, il sait où il va, le style est direct, ça bouillonne sévère, très free en même temps. Les trois autres compos de Didier Levallet sont plus atmosphériques et éthérées. Au final un album très chouette qui plaira sans aucun doute aux amateurs du genre.

Perception - Colima


Perception - Mamelai - Perception and Friends


Perception "Le Horla"
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Leutte » mar. 7 juil. 2020 16:11

Douglas a écrit :
sam. 4 juil. 2020 06:39
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Voici « The Dreamers » un des projets les plus « Easy Listening » de la part de John Zorn, du coup l’album est devenu clivant, soit adoré, soit détesté, bien qu’il ne mérite pas ce dernier sort, pour ma part je n’hésite pas à me ranger du côté de ceux qui aiment et qui admirent.

Déjà Zorn a sorti « La grosse Bertha » appelant les musiciens du groupe Electric Masada à la rescousse, Marc Ribot à la guitare, Jamie Saft aux claviers, Joey Baron à la batterie, Trevor Dunn à la basse, Cyro Baptista aux percus et Kenny Wollesen au vibraphone, Zorn joue de l’alto sur un titre.

De la musique populaire donc, et fière de l’être, John revisite les genres avec gourmandise, justesse et un talent roué. Un grand voyage s’ouvre à l’auditeur, ça démarre à Hawaï avec de la « surf music », continue vers les musiques de film, des ambiances à la Ennio Morricone, il semble que l’on croise Carlos Santana au travers d’un miroir déformant, la world music, la musique de dessin animé, le minimalisme, l’exotica, le funk, le rock, le klezmer, tout y passe, la galerie des styles et des genres défile à grande vitesse et s’exécute avec un talent immense.

« Tout est bon chez lui, y’a rien à jeter » pourrait-on penser à l’écoute de cette exécution parfaite, qui soigne les détails, même le packaging est dans le ton, c’est là le savoir-faire et le grand professionnalisme de tzadik, l’artwork contient une plaquette d'autocollants représentant des personnages dessinés par la designer Heung-Heung Chin.

Un album grand public de Zorn qui, malgré cela, ne plaira pas à tout le monde…
(...)
Super post, qui décrit bien l'album et donne envie de l'écouter. C'est chose faite pour moi à l'instant!
Relativement easy Leastening(pour du john Zorn), mais pas tant que ça malgré les apparences, puisqu'on ne cesse ne naviguer d'un style de jazz à l'autre façon tour du monde.
Je suis d'accord avec le diagnostique; il sait tout bien faire le John Zorn. Y compris se faire plaisir, et ça s'est important pour un musicien.
Merci du conseil! La disco est tellement phénoménale* que c'est bien d'être guidé.. Sorti des Masada et du "Naked City", je ne connais pas grand chose au bonhomme.

*: 148 albums répertoriés sur RYM, et encore c'est que les studios!!!
compositions énergiques, incisives, mélodies accrocheuses, voix et harmonies au cordeau, fuzz et distorsions à gogo

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Message par Douglas » mar. 7 juil. 2020 17:46

Dans ce genre spécifique de l'Easy Listening, le seul album comparable, et peut-être même meilleur est "The Gift".

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John Zorn ‎– Music Romance Volume III: The Gift

https://www.discogs.com/fr/John-Zorn-Mu ... ase/407469
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Leutte » mer. 8 juil. 2020 07:29

Douglas a écrit :
mar. 7 juil. 2020 17:46
Dans ce genre spécifique de l'Easy Listening, le seul album comparable, et peut-être même meilleur est "The Gift".
John Zorn ‎– Music Romance Volume III: The Gift
Je l'écoute actuellement. Top! :super:
compositions énergiques, incisives, mélodies accrocheuses, voix et harmonies au cordeau, fuzz et distorsions à gogo

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 8 juil. 2020 10:00

Leutte a écrit :
mer. 8 juil. 2020 07:29
Douglas a écrit :
mar. 7 juil. 2020 17:46
Dans ce genre spécifique de l'Easy Listening, le seul album comparable, et peut-être même meilleur est "The Gift".
John Zorn ‎– Music Romance Volume III: The Gift
Je l'écoute actuellement. Top! :super:
Avec Dave Douglas à la trompette !

The Gift - Mao's Moon
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Message par Douglas » mer. 8 juil. 2020 11:35

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Retour à l’actualité des sorties avec ce « Gary Bartz and Maisha ». Gary Bartz appartient déjà à la légende du jazz, tout jeune il est impressionné par Charlie Parker c’est pourquoi il choisit le saxophone alto comme instrument de prédilection, il côtoie les grands noms de l’ère bop, il faut dire que son père tient un club de jazz à Baltimore. Il joue avec Max Roach, Art Blakey, Jackie McLean et bien d’autres encore, plus particulièrement McCoy Tyner et Miles Davis qui seront des influences prégnantes.

Aujourd’hui, âgé de soixante-dix-neuf ans, il sort en collaboration avec le collectif anglais « Maisha » un album enregistré en Hollande en 2019, une « Direct To Disc Session », il faut préciser que les protagonistes ont fait une tournée préparatoire qui a permis de bien se connaître et de faire fusionner les énergies. Il faut dire que Maisha a sorti en 2018 un magnifique album (de mon point de vue) « There Is A Place », précédé de l’E.P. « Welcome To A New Welcome » dispo uniquement sous forme de fichiers, ajoutons que le collectif est actif dans cette nouvelle vague anglaise qui fait tant parler.

Gary Bartz a toujours été rétif au free bien qu’il se soit accommodé de la musique modale et de la spiritual music, son jeu au sax est très axé vers les sons graves et son approche est assez traditionnelle. Deux titres ici sont à son actif, « Uhura Sasa » et « Dr Follow Dance », les trois autres compositions sont communes. L’album est court, trente-cinq minutes environ, la fusion d’ensemble est parfaite, de larges places sont faites aux improvisations, beaucoup de groove ici, de passages bien funk également, un plaisir de jouer évident. L’autre invité, le trompettiste Axel Kaner-Lidstrom de Cykada et Levitation Orchestra brille également, ce qui se traduit par un moment d’écoute bien agréable, ce qui est déjà beaucoup.

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Message par Cooltrane » mer. 8 juil. 2020 13:36

^^^^

rooooh merci tuyau (même s'il n'y a pas de CD, encore une fois :faché2: ) :super:

J'ai déjà vu Maïsha par deux fois.

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Message par Douglas » mer. 8 juil. 2020 15:05

Cooltrane a écrit :
mer. 8 juil. 2020 13:36
^^^^

rooooh merci tuyau (même s'il n'y a pas de CD, encore une fois :faché2: ) :super:

J'ai déjà vu Maïsha par deux fois.
Par contre le vinyle est assez cossu, 180gr, sous pochette, pochette intérieure, pochette antistatique. La qualité du son est irréprochable.
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Message par nunu » mer. 8 juil. 2020 15:26

Douglas a écrit :
mer. 8 juil. 2020 15:05


Par contre le vinyle est assez cossu, 180gr, sous pochette, pochette intérieure, pochette antistatique. La qualité du son est irréprochable.
Première fois que je vois le terme cossu accolé au mot vinyle :hehe:

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 8 juil. 2020 15:34

nunu a écrit :
mer. 8 juil. 2020 15:26
Douglas a écrit :
mer. 8 juil. 2020 15:05


Par contre le vinyle est assez cossu, 180gr, sous pochette, pochette intérieure, pochette antistatique. La qualité du son est irréprochable.
Première fois que je vois le terme cossu accolé au mot vinyle :hehe:
Oui, c'est imagé, en principe c'est pour une personne, exemple: Qu'est-ce qu'il est cossu ce nunu!
::d
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 9 juil. 2020 10:29

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Pour rester dans l’actualité tout en restant avec John Zorn, voici « Virtue » paru au mois de février. Il fait partie des « Archival Series » et se situe dans le prolongement de « Nove Cantici per Francesco d’Assisi » qui est un de ses projets récents les plus acclamés par le public. On retrouve donc le trio de guitare tout à fait exceptionnel composé par Bill Frisell, Gyan Riley et Julian Lage.

D’après les notes figurant sur le Obi, l’album s’inspire de Julian of Norwich, l'une des fondatrices de la mystique chrétienne. Un petit coup d’œil sur wiki :
« La bienheureuse Julienne de Norwich, née aux environs de 1342 et décédée en 1416, est une religieuse mystique anglaise ayant vécu comme recluse aux XIVe et XVe siècles […] En 1373, elle eut une série de 16 visions ou révélations elle dicta le récit. Ce texte est dense en sa simplicité et assez bref. Elle vit le Christ souffrant la Passion et des scènes semblables à des paraboles évangéliques […] On l'a par ailleurs surnommée la première femme de lettres anglaise. »

On connaît la rapidité d’écriture de John Zorn, sa précision redoutable et le sentiment de perfection qui envahit l’auditeur après l’écoute de chacune de ses pièces. Nulle déception ici, bien au contraire, l’enchevêtrement des guitares s’effectue en un merveilleux équilibre qui éblouit. Le « sacré » sur lequel repose les compositions ne m’atteint pas, mon armure païenne résiste et seul le lyrisme qui s’échappe des interactions entre les cordes me charme et m’envoute, propice à d’innocentes rêveries…

John Zorn ‎– Virtue (2020 - Album)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 10 juil. 2020 04:46

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Lorsque que l’on parle de Spiritual Music, et en oubliant l’aspect mercantile que la formule implique, on a tendance à oublier qu’Albert Ayler, tout autant que Coltrane, est le père du genre. Alors, si vous êtes en quête d’authenticité et que votre route discographique, balisée par les guides de tous poils, ne vous a pas encore confronté à la musique d’Albert Ayler, faites une pause, car c’est par ici que ça a commencé…

Pour bien comprendre tout l’intérêt de cet album il faut prendre un peu son temps et mettre un peu d’ordre dans la chronologie. L’année 1964 est cruciale dans la discographie d’Albert Ayler, artistiquement il est à son apogée, son art est brut et nu. Brut et nu, alors ça grince et ça saigne, un peu.

Spiritual music ? Oui, qui dit mieux : l’album « Spirits » sort le 24 février 1964 avec ses « bondieuseries » Spirits, Witches And Devils, Holy, Holy et Saints pour finir.

Le 14 Juin 1964 Albert Ayler se produit au Cellar Café de New York en trio, accompagné par Sonny Murray à la batterie et Gary Peacock à la basse. Beaucoup pensent que ce trio représente le sommet artistique de la musique d’Albert Ayler, ça remue les tripes et ça fend le cœur. Oui, ça secoue et ça fait chialer, un peu.

Les bandes du concert sont publiées en 1975 sur ESP, l’album s’appelle Prophecy. Ceux qui aiment Ayler l’achètent, un grand plongeon dans la Spiritual music, enfin, celle qui saigne et qui fait pleurer.

Il est chagrin Sunny Murray, déçu par le parti pris du label ESP de mixer en mettant en avant non pas le trio, mais Albert seul. Il dit juste et vrai. Il publie en 1996 un double Cd sous le titre « Albert Smiles with Sunny » chez « InRespect », un label allemand, le même concert mieux mixé et un second avec des inédits. Il faut dire qu’il détient une copie des bandes non mixées.

Un saut en 2020, ce sont ces mêmes bandes, avec la bénédiction des ayants droit, qui sont publiées ici, remastérisées, elles éclatent de mille feux. Il faut entendre la brillance du trio, Gary Peacock, pénétré par la musique, qui chante en même temps que sa basse, la clarté dans le jeu de Sonny avec une subtilité et une grâce qui apparaît soudain, le saxo d’Ayler à l’unisson soulevé par la section rythmique, le trio est magique, pour ceux qui comme moi ne disposaient que des enregistrements ESP d’origine c’est une redécouverte, un peu comme si, par une soudaine contraction de temps, l’album paraissait aujourd’hui pour la première fois, sans parler des inédits, jouissif.

Mais revenons à notre année 1964, le 10 juillet, un mois après les fameux concerts. L’album sort, il s’appelle « Spiritual Unity », les titres rôdés pendant les concerts sont là, « Ghost », « The Wizard » et « Spirits » également. Un album fou et mystique, un déchirement et une blessure, un sommet dont on ne descend qu’à ses dépens. Mon album préféré d’Albert, pour cette unité spirituelle qui est à l’œuvre et qui s’entend, et pas qu’un peu…

Par contre je n'ai pas trouvé de lien pour écouter, si quelqu'un est meilleur limier...
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 11 juil. 2020 04:34

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Chaque année le festival-salon professionnel « Jazzahead!» se déroule à Bremen (Brême), de nombreux groupes sont invités et jouent devant le public, la particularité c’est que le set dure peu de temps, environ quarante-cinq minutes et il est interdit de dépasser la limite autorisée. C’est l’occasion pour de nombreux groupes, plus ou moins confirmés, de se faire connaître. Il y a aussi quelques télés qui retransmettent, pour ce qui est du jazz, je suis très friand car le niveau est plutôt élevé, les groupes souvent inconnus ou très peu renommés, c’est aussi très varié, sans a priori et les musiciens sont très motivés car la rampe de lancement est efficace.

Ceci dit pour vous parler de Philip Clemo, musicien anglais, que j’ai découvert lors d’une retransmission. Il a sorti cinq albums entre 2004 et 2016, souvent quatre années s’écoulent entre deux parutions. « Dream Maps » est donc son dernier album, celui sorti en 2016, qu’il n’en ait pas sorti un autre depuis n’est pas très bon signe pour sa notoriété, pourtant c’est vraiment très bon, quelque part entre folk, Brian Eno et le jazz ambient, avec aussi un petit côté Thomas Carbou, dont j’avais parlé il y a quelques temps. Il faut dire qu’il joue de la guitare, électrique et acoustique, mais aussi des claviers, du thérémine et des effets électro. Il est aussi cinéaste et son show est également visuel, il se déroule avec un écran géant.

Pas moins de vingt et un musiciens participent à cet album, en voici quelques-uns : Arve Henriksen (trompette), Evi Vine (chant), Byron Wallen (trompette, bugle), Oren Marshall (tuba), Thomas Bloch (harmonica de verre, Ondes Martenot), Emily Burridge et Peter Gregson (violoncelles), mais seulement six étaient présents à Jazzahead, d’ailleurs la prestation scénique est assez différente de l’album dont l’ambiance générale semble plus aérienne et planante, avec une batterie au son plus éloigné.

A ranger dans la rubrique « les trucs pas trop connus qui ne vont pas cartonner ».

Dream Maps album preview with Arve Henriksen & Evi Vine


jazzahead! 2018 - Philip Clemo 'Dream Maps'


Philip Clemo's Dream Maps Live (2020 promo)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 12 juil. 2020 03:05

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Un bel album de Sonny Simmons sorti en l’an 97 du siècle précédent et enregistré deux années auparavant. La date a son importance, elle donne un contexte à cet album. Pas de cor anglais ici, mais du sax alto et une couleur très jazz, très coltranienne même. Les clins d’yeux sont nombreux, le troisième titre d’abord « Coltrane Story », un court hommage au géant, l’excellente reprise de « My Favorite Things » le cheval de bataille du boss, tout concourt ici à s’inscrire dans le sillon tracé par l’ange tutélaire.

Sonny Simmons est accompagné par une formidable section rythmique Travis Shook au piano, Reggie Workman à la basse et Cindy Blackman à la batterie. Certes Shook ne possède pas la « main gauche » de McCoy, dure et entêtante, mais il s’emploie tout de même, pareil pour Blackman qui n’a pas la puissance d’Elvin mais pousse vers l’avant avec ténacité.

« Black, Blue and Purple » et « American Jungle Theme » sont deux thèmes qui appartiennent également à la lignée coltranienne, ils sont vraiment excellents et confirment que cet album est entièrement tourné vers l’hommage au grand homme, comme un passage obligé par lequel il faut passer, l’ombre portée par Coltrane n’est pas près de s’effacer…

Sonny Simmons Quartet - Land Of The Freaks


Sonny Simmons Quartet - My Favorite Things


Coltrane Story


Sonny Simmons Quartet - American Jungle Theme


Black, Blue & Purple (For the Great Lord Alain)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 12 juil. 2020 20:47

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Ça fait plusieurs fois que je le réécoute celui-là, malgré les albums qui s’empilent, au casque ou en voiture, il fait son effet, mine de rien. A Paris donc, en 1963, un Blue Note, celui qui succède à « Go » ! Il me fait le même effet que le « Live au Vanguard » de Sonny Rollins, une succession de standards qui se succèdent, carrés, d’une exécution parfaite, comme si les fées du jazz passaient par là et avaient inoculé un sort à la musique afin qu’elle devienne addictive.

En apparence tout est normal, mais non, la voix de Pierre Michelot à la basse qu’on entend, le groove de Kenny Clarke, sûr et magistral, Dexter sur un nuage, inventif, qui sort la note qui tue, les enchaînements qui surprennent, redoutables, ça vous scotche sans jamais vous lasser, malgré cette grammaire que l’on connaît par cœur, on redécouvre les standards qui se drapent d’une nouvelle fraîcheur, comme s’ils avaient attendus leur heure pour exhaler de nouvelles fragrances…

« A night in Tunisia », dix mille fois écouté, prend ici une force incroyable, c’est peut-être la présence du magicien qui a attiré les fées, Bud Powell, ange damné du bop, seul véritable rival de Thélonious autrefois, les doigts caressent le piano, le toucher est d’une subtilité extraordinaire. L'album en entier se joue dans les détails, un engagement total et entier et tout danse et balance, vole et s’envole, régale et réjouit. Les deux derniers titres « Our love is Here to Stay » et « Like Someone in Love » ne faisaient pas parti de l’album original, ce dernier titre est interprété en trio piano, basse, batterie, une façon élégante de quitter l’album.

Dexter Gordon - A Night In Tunisia - Our Man In Paris


Dexter Gordon - Scrapple From The Apple


Dexter Gordon - Broadway


Dexter Gordon - Willow Weep For Me
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 13 juil. 2020 11:04

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Mon rapport avec la musique de Thomas de Pourquery a toujours été un peu compliqué, ça a commencé avec la diffusion d’un concert télévisé en provenance du festival « Jazz sous les pommiers » de Coutances, un concert vraiment génial qui m’a interpelé, je l’ai visionné de multiples fois avec toujours un plaisir extrême et, encore maintenant il me semble qu’il n’a jamais aussi bien joué, c’était, peut-être, en 2013, mais je ne suis pas formel.

Depuis je me suis intéressé à sa discographie, elle possède des hauts et des moins hauts, le musicien est talentueux, charismatique et intelligent, adepte d’un humour fin, il possède un côté surdoué et hyperactif indéniable, une ambition également, je pense, mais qui n’en a pas ? Il a été au centre de nombreux projets souvent passionnants, des réunions de fantastiques musiciens, il a même fait l’acteur dans un film, il n’aurait pas dû, enfin je me suis senti mal pour lui. Il possède un physique à la Hadji-Lazaro qui a mieux réussi dans ce domaine.

Il a pas mal bourlingué et la première reconnaissance du « grand » public s’est faite lors de la parution de « Play Sun Ra », il a alors bénéficié du soutien des magazines spécialisés et son heure de gloire semblait arrivée, l’album s’est bien vendu, pourtant il m’a laissé sur ma faim, je suis difficile, sans doute trop.

« Sons of Love » me plaît mieux, sur l’album on peut lire « Révélation de l’année, Les Victoires 2017 », « Choc jazz magazine » et « Un événement Télérama », une forte reconnaissance au talent du musicien et de la formation Supersonic dans son ensemble. Les compositions, sauf une signée Sun Ra, sont toutes de Pourquery, il a toujours un réel talent de mélodiste et même de « faiseur de tube », si le monde était bien fait il serait déjà un homme riche, mais le talent ne suffit pas il faut aussi faire avec les médias de masse.

Pour conclure, voici l’album d’entrée que je conseille pour découvrir l’univers passionnant de ce grand talent qui n’a pas fini de nous en faire voir, j’espère…

Thomas de Pourquery, Supersonic - Sons of Love

1. Titan : 00:00
2. Mermaids : 00:37
3. We Travel the Space Ways : 06:10
4. From Planet to Planet : 10:52
5. Let It Come : 17:35
6. Slow Down : 19:07
7. Diamond Brown : 25:29
8. Sons of Love : 27:14
9. Simple Forces : 31:30
10. Give the Money Back : 36:44
11. Revolutions : 45:13

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 14 juil. 2020 05:47

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Archie Shepp est certainement l’un des jazzmen que j’ai le plus écouté et admiré, pendant toutes les périodes musicales qui ont parsemé sa vie. Il souffle encore et c’est merveille que de l’écouter, son timbre et ce « son » qui lui est propre est certainement l’un des plus reconnaissables du monde du jazz.

A ce stade il me reste quelques rares albums que je n’ai pas écoutés, souvent cachés dans le tréfonds de sa discographie, des Cds le plus souvent, parfois des pépites et d’autres fois des enregistrements accrochés au fil du vent, l’affaire d’un coup, vite tiré et enregistré. Pourtant jamais de déception, Shepp est un gentleman, toujours de haute tenue, le niveau est forcément haut, assez élevé pour qu’il me touche singulièrement, comme il sait si bien le faire, sans jamais décevoir, il est tout simplement hors catégorie.

Voici donc « Chooldy Chooldy » enregistré en 2002 avec le « Just In Time Quartet » pour un petit label italien. Wayne Dockery est à la basse, Bobby Durham à la batterie et au chant sur « The Gypsy » et « This is always », Massimo Faraò joue du piano. Shepp, en plus du saxo qu’il enchante, chante également, sur le morceau titre, sur « Stompin’ At The Savoy » et sur « Tomorrow Will Be another Day » qu’il interprète une fois en studio et une autre fois en live, à la fin de l’album. Cinq parmi les neuf compos sont de Shepp, les autres titres sont des reprises.

Le répertoire se partage entre ballades, blues, standards et pièces de jazz post bop. On se promène donc ici dans une certaine tradition, une relecture et une appropriation de la culture américaine du siècle dernier, Shepp aime se tremper dans l’effervescence de ce bouillonnement autrefois si créatif, si nouveau et il ne manque jamais de glorifier l’histoire de sa musique.

Son jeu est toujours empreint de blues, avec ce son qui feule et s’achève souvent dans une sorte de cri si déchirant, il est arrivé à un stade où la technique ne compte plus, seule l’émotion importe, le discours se construit de façon naturelle et les acrobaties s’enchaînent au service d’un feeling unique. Pour le plaisir il chante, de mieux en mieux, avec cette voix éraillée au timbre singulier.

Un inaperçu de Shepp reste un bel album, donc.

Chooldy-Chooldy


Stompin' at the Savoy


The Stars in Your Eye


Une petite surprise pour mam'selle
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 15 juil. 2020 05:04

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A l’occasion du jeu « de similitude en similitude » cet album s’est invité, il faut dire que la pochette est assez particulière, ce portrait en gros plan d’un visage en noir et blanc fait apparaître un personnage au regard limite inquiétant. Pourtant la musique est aux antipodes de cette impression assez saisissante. Gageons que cette combinaison n’est pas pour rien dans la réputation de cet album très recherché.

Il n’est pas trop facile à trouver, paru en 1979, le tirage original sur vinyle n’est que de cinq cents exemplaires, ce qui en explique la rareté. Il est donc souvent proposé hors de prix, ma chance c’est de l’avoir acquis à temps, heureusement il existe une réédition CD, donc tout va bien ! Pour les fans du vinyle il existe également une version pirate tirée à 250 exemplaires interdite à la vente sur Discogs mais que l’on peut trouver chez Soundohm, marchand italien aux délais parfois très longs. Par contre je ne connais pas la qualité du pressage.

Al Basim, ou plutôt Basim Al-Hashimi, est un guitariste Irakien né à Bagdad. Arrivé aux Etats-Unis il a enregistré cet album, il y partage la vedette avec le flûtiste David Reskin, le batteur se nomme Phil Canter et le bassiste John Starrett. C'est un mix de musique orientale, de folk-prog et d'impro jazz. Du « folk-jazz » en quelque sortes. La musique est très enlevée, on plonge dans des jams aux accents psychédéliques vraiment sympa, ce qui explique que l'album soit recherché. Les extraits du tube permettent de se faire une idée précise.

Curieusement (j’ai envie de dire « inexplicablement ») sur la pochette, côté verso on peut lire quelques maximes traduites en français :
"La perfection n'est pas possible pour l'être humain, mais la voie à la perfection est une voie humaine" Ainsi que "La qualité humaine surpasse toute autre chose." Toujours dans ce mouvement francophile Il y a également deux titres écrits dans la langue de Molière: "Poitiers" et "Souvenir." Je n'en sais pas plus sur les rapports entre Al Basim et la France, mais il rejoindra notre pays après son étape états-unienne. C’est ainsi, dit-on, qu’il côtoiera les Gypsy Kings !

Al Basim "One Camel In Alaska"


Al Basim - Poitiers


Al Basim - Souvenir


Al Basim - Open Space
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Douglas
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 16 juil. 2020 05:17

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La période post Impulse de Pharoah Sanders est souvent sujette à caution, voire soupçonnée de trahison artistique. Ce procès est souvent excessif et masque une partie essentielle de l’œuvre de Pharoah, les albums enregistrés sur « Theresa Records » réservent quelques très bonnes surprises, comme ce « Journey To The One » double LP enregistré en 1980.

La pochette d’origine est en carton solide comme on aime sur les pressages US. Le contact est rassurant. Au dos on peut lire la liste des musiciens principaux, John Hicks et Joe Bonner aux claviers, Ray Drummond à la basse, Idris Muhammad à la batterie, Yoko Ito Gates au koto sur « Kazuko (Peace Child) » et Eddie Henderson au bugle. De nombreux autres participants sont également présents, mais la liste est longue et varie au fil des titres.

Certes, le free n’est présent qu’au travers de quelques rares solos qui glissent presque malgré eux vers le cri, laissant place à un post bop assez convenu, mais une certaine grâce toute coltranienne est présente et les références au quartet mythiques sont nombreuses. "After The Rain", ballade signée Coltrane est interprétée, ainsi que « Easy To Remember" de Hart et Rodgers que Coltrane a joué sur l’album « Ballads ».

On trouve également présentes des influences indiennes sur « Soledad » avec sitar et tabla et d’autres japonaises avec le koto sur « Kazuko ». Un parfait album de freak, mais pas que, même si ça peut surprendre on y trouve une ballade soul chantée, « Think About The One », en début de quatrième face, pièce très agréable, mais côté vocal elle est surpassée par l’étonnant « You've Got To Have Freedom » au début de la troisième face dont l’introduction rappelle les meilleurs souvenirs de Pharoah. Le dernier titre « Bedria », à nouveau une ballade mais cette fois-ci dans le registre habituel de Pharoah, de la paisible spiritual music. Il faut aussi ajouter « Doktor Pitt » et « Greetings To Idris » qui ouvrent l’album avec une force exceptionnelle.

C’est l’impression générale qui domine ici, loin des chevauchées au sax aux côtés de Coltrane, mais de la quiétude et de la paix, du calme et de la sérénité, un album finalement plébiscité par le public qui lui fera un très bon accueil.

Pharoah Sanders ‎- Journey To The One (1980) (Full Album)

00:00 Greetings To Idris
07:30 Doktor Pitt
19:49 Kazuko (Peace Child)
27:58 After The Rain
33:37 Soledad
38:40 You've Got To Have Freedom
45:32 Yemenja
51:13 Easy To Remember
57:46 Think About The One
01:02:06 Bedria

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Suricate » jeu. 16 juil. 2020 09:53

Je me fais vieux ? je gagne en maturité ? j'écoute de plus en plus de jazz et délaisse le rock.

En ce moment passe un classique :

Dexter Gordon - go! - de 1962, sa période européenne je crois. Le jazz un nouvel univers pour moi.

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