J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 9 nov. 2021 03:37

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Le contrebassiste britannique Barry Guy possède une solide formation de musique classique et surtout contemporaine, mais l’improvisation l’intéresse également, il participe même au Spontaneous Music Ensemble. Cet éclectisme nous rappelle le basque Michel Portal dont on a parlé un peu au-dessus, Barry est juste un peu plus jeune d’une dizaine d’années.

Il est également compositeur et a su, au fil de sa carrière, multiplier les rencontres et les expériences. Cet album, le sixième du label NoBusiness Records a été enregistré live le 11th Janvier 2009, à l’église Sainte-Catherine de Vilnius. Barry y joue en solo sur deux titres et en duo sur trois avec Mats Gustafsson qui joue du sax baryton et de la flûte. Je ne m’appesantis pas sur la passion que je nourris pour ce musicien.

Dès le titre d’ouverture, « Can Ye Wheeple, Puggy ? » la magie opère, après une courte introduction, Mats Gustafsson trouve les sons déchirants qui vous emportent, sortant direct du buffet les cartes maîtresses ! De ces moments saisissants qui vous arrachent en quelques secondes. La tension qui précède et le relâchement qui suit sont la marque des grands !

Arrive ensuite la première pièce en solo de Barry Guy, « Odyssey », titre grâcieux et lyrique, avec ce son de basse ample, volumineux, la compo est vraiment très belle, le chant d’un grand maître de l’instrument qui offre à la basse le rang qui lui revient, celui d’un instrument mélodieux aux possibilités tout simplement extraordinaires, loin de l’austérité que parfois on lui prête.

Le second duo « Flisk The Thrapple » est une impro qui se développe par bribes, comme si les deux se cherchaient, des points, des traits, des vaguelettes, un bref cri et un ronronnement, puis la lente montée en tension du duo qui conjugue ses efforts, avant de lentement varier les motifs, se défiant presque…

La face B est occupée par deux titres, chacun d’une dizaine de minutes. Elle s’ouvre par le second solo de Barry Guy, « Sleep Leaper (for Alan Davie) », il y joue alternativement de l’archet et pizzicato, l’occasion d’entendre un des grands maîtres de l’instrument créer un univers tourmenté, par la seule force de sa basse, c’est à la fois inouï et fascinant.

La dernière pièce, « Blad As Skelloch » voit le retour du duo, c’est énorme, presque effrayant, j’imagine la quiétude habituelle de ces lieux, habités par cette musique plus inquiétante que sacrée, ouvrant des blessures dans ce chœur, dont la fonction est d’apporter la paix aux hommes, le réconfort lors de la peine.

Cette sauvage musique est-elle impie ? Ne représente -t-elle pas l’âme humaine dans sa vérité, avec les tourments et les douleurs ? Et la quiétude aussi, qui arrive également, possiblement, en fin de piste…

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 10 nov. 2021 03:21

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Comme pour beaucoup ici je suppose, l’Art Ensemble fait partie des meubles, sa discographie occupe les rayons jusqu’à l’année quatre-vingt-cinq environ, sans compter les albums en solo qui fleurissent au fil des noms des musiciens qui le compose. Le groupe est emblématique de la musique free et les albums qui marquent son évolution sont des étapes souvent passionnantes et indispensables pour l’amateur.

Et puis au fil du temps, l’attention se lâche un peu et les repères discographiques sont moins nombreux, ainsi ce « Coming Home Jamaica » m’était-il inconnu, peut-être le format Cd à une époque où je flashais presqu’ exclusivement sur le vinyle ou, sans doute plus sûrement, une période où les priorités de la vie paraissent plus importantes que la musique.

Bref, il m’apparait comme neuf, comme s’il venait de naître. Joseph Jarman n’est plus là, il a payé son impôt au temps qui passe. Les autres continuent la route, après en avoir goûté le plus incertain et le plus difficile, ils bénéficient désormais d’un statut plus confortable et rassurant, d’ailleurs, semble-t-il, ils sont ici en mode « vacances » à Bonham Springs, en Jamaïque.

Ils ont droit à plus de deux mois de répétition dans un studio pendant l’hiver quatre-vingt- quinze/quatre-vingt-seize, une situation quasi bourgeoise pour ce quartet qui fut si révolutionnaire. Malachi Favors, Roscoe Mitchell, Lester Bowie et Famoudou Don Moye ont bien mérité de goûter au repos et à l’insouciance, ce sentiment de sécurité s’entend d’ailleurs dans la musique jouée ici.

Très peu d’expérimentation ou d’explorations aventureuses mais des titres au format plus courts, la plus longue des huit compositions atteint les douze minutes, « Mama Wants You » qui est sans doute le titre le plus accrocheur, signé de Lester Bowie et Malachi Favors. L’autre compo assez longue « Malachi » est probablement celle qui se rattache la plus au passé, je l’aime également beaucoup avec ses méandres impressionnistes.

On remarque également « Strawberry Mango » et ses airs de reggae, plaisant et décontracté, ainsi que « Lotta Colada » à la structure caribéenne, le titre final qui paraît un peu scolaire. L’album file assez vite et son approche est aisée, assez loin des turpitudes passées.

Art Ensemble Of Chicago – Coming Home Jamaica (1998 Full Album)
00'00 - 1 Grape Escape
03'55 - 2 Odwalla Theme
09'01 - 3 Jamaica Farewell
11'50 - 4 Mama Wants You
23'23 - 5 Strawberry Mango
27'09 - 6 Villa Tiamo
28'52 - 7 Malachi
38'20 - 8 Lotta Colada

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » mer. 10 nov. 2021 23:45

Oui il est très bien cet album. Un des premiers que j'ai apprécié du groupe.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 11 nov. 2021 04:12

Piranha a écrit :
mer. 10 nov. 2021 23:45
Oui il est très bien cet album. Un des premiers que j'ai apprécié du groupe.
En effet, ce pourrait être un album d'entrée idéal pour découvrir les mondes de l'Art Ensemble...
;)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 11 nov. 2021 04:37

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Je m’étais promis après l'écoute de « Coda - Orchestra Suites » de faire ce petit retour en arrière vers « The Jazz Composer's Orchestra Update », album que j’avais mis de côté lors de sa sortie dans un petit (tout petit) coin de mon cerveau, en me promettant de me le procurer pour, en fait, finalement l’oublier, voilà c’est réparé.

C’est bien une « mise à jour » de l’extraordinaire « The Jazz Composer's Orchestra » sorti en 1968 dont il est ici question, ce dernier est tout simplement un totem du free-jazz et des musiques improvisées. Avec un tel miroir, le challenge est immense pour Michael Mantler, pourtant, en choisissant une voie médiane, non pas une nouvelle interprétation mais une réécriture du projet initial, il s’élève à une œuvre différente et réussit parfaitement l’exercice.

Il s’appuie sur le guitariste Bjarne Roupe, extraordinaire dans ses solos sur « Update Eleven », « Update Twelve pt 1 » et « Update Twelve pt 2 ». On se souvient que Bjarne sera de la partie sur « Coda – Orchestra Suites » paru il y a peu. D’autres musiciens remarquables encore, le pianiste David Helbock, le saxophoniste ténor Harry Sokal magnifique lors des solos, il faut également ne pas oublier le saxophoniste alto Wolfgang Puschnig ainsi que Michael Mantler lui-même, époustouflant à la trompette.

Mais l’essentiel du son présenté ici, l’est par le « Nouvelle Cuisine Big Band » dont sont extraits ces solistes, hormis Mantler et Roupé qui ont un statut à part. Il y a donc une vingtaine de musiciens qui forment: une section de anches, ils sont sept, une section de cuivres, ils sont sept également, un pianiste, trois bassistes, on se souvient qu’ils étaient dix sur l’album de soixante-huit, il y a également un batteur, Lukas Knöfler et le big band est dirigé par Christoph Cech. Pour être complet il faut également ajouter les quatre membres du « radio.string.quartet.vienna » un quartet à cordes.

Tous les titres exécutés ont un nom qui commence par « Update » suivi d’un chiffre, par exemple l’album s’ouvre avec « Update One » et se poursuit avec « Update Eight », la progression numérique n’est pas respectée. Globalement c’est magnifique, malgré tout éloigné de l’album de 1968, pour des raisons évidentes que je n’énumère pas ici.

Mais c’est très beau, certaines pièces sont faciles à identifier si on se réfère à l’édition originale, d’autres plus difficilement et d’autres encore paraissent neuves à mes oreilles, il faudrait une écoute comparative pour mettre un peu d’ordre, mais je n’en ai pas le temps et surtout je n’en vois pas trop l’intérêt car l’album se suffit largement à lui-même. Il est possible que la réponse figure dans les notes de pochette, mais là encore je ne maîtrise pas et le livret est copieux.

Je recommande l'écoute de cet album et de ce musicien, Mike Mantler suit une trajectoire assez unique et remarquable, et, bien qu'il fasse l'admiration de beaucoup, sans doute demeure-t-il encore sous-estimé.

Les extraits sont live et ne proviennent pas de l'album, vous n'y retrouverez pas le son ECM:

hr-Bigband & Michael Mantler: The Jazz Composer's Orchestra Update 6


Michael Mantler The Jazz Composers Orchestra Update.


Michael Mantler The Jazz Composers Orchestra Update.


MICHAEL MANTLER THE JAZZ COMPOSER'S ORCHESTRA (un extrait immédiatement reconnaissable).
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Message par Piranha » jeu. 11 nov. 2021 11:53

Douglas a écrit :
jeu. 11 nov. 2021 04:12
Piranha a écrit :
mer. 10 nov. 2021 23:45
Oui il est très bien cet album. Un des premiers que j'ai apprécié du groupe.
En effet, ce pourrait être un album d'entrée idéal pour découvrir les mondes de l'Art Ensemble...
;)
Avec les Stances à Sophie, ce fut le cas.
Les deux empruntés à la Bibliothèque du coin.

A l'époque, voulant découvrir le jazz, un peu plus loin que Brubeck, Basie et Horace Silver, je picorais (un peu) au hasard, sur les noms entendus, les relations entre artistes.

Pêle mêle ont été ainsi abordés les oeuvres de Surman, Freddie Hubbard ( :love1: ), Ornette, Stanley Turrentine...
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 11 nov. 2021 15:02

Piranha a écrit :
jeu. 11 nov. 2021 11:53
Douglas a écrit :
jeu. 11 nov. 2021 04:12
Piranha a écrit :
mer. 10 nov. 2021 23:45
Oui il est très bien cet album. Un des premiers que j'ai apprécié du groupe.
En effet, ce pourrait être un album d'entrée idéal pour découvrir les mondes de l'Art Ensemble...
;)
Avec les Stances à Sophie, ce fut le cas.
Les deux empruntés à la Bibliothèque du coin.

A l'époque, voulant découvrir le jazz, un peu plus loin que Brubeck, Basie et Horace Silver, je picorais (un peu) au hasard, sur les noms entendus, les relations entre artistes.

Pêle mêle ont été ainsi abordés les oeuvres de Surman, Freddie Hubbard ( :love1: ), Ornette, Stanley Turrentine...
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"Les Stances à Sophie" est un indispensable, je te suis ! Dans ta liste je relève John Surman dont on parle trop peu, un mélodiste exceptionnel qui se maria admirablement avec "le son" ECM.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » jeu. 11 nov. 2021 15:22

Effectivement, avec ce côté "planant", je dirais même "ambient" permettant aux plus candides d'aborder le jazz en le mettant en relation avec d'autres univers (électronique, rock...)

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 12 nov. 2021 04:24

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Voici un gros pavé de Sun Ra enregistré en 1971 et paru, ou réédité, en deux mille vingt. En effet une partie du matériel présent ici est déjà connu et une autre inédite, en outre ce quadruple Cd ou l’onéreux coffret de vinyles, ont l’avantage de regrouper des documents sonores tous issus de la même période, ce qui donne cohérence à cette édition. Ajoutons qu’une remasterisation a été effectuée ce qui constitue une raison supplémentaire pour se pencher sur cette parution.

C’est en 1970 que Sun Ra quitta pour la première fois l’Amérique pour entreprendre une tournée européenne qui le vit jouer en France à Saint Paul de Vence les trois et cinq août 1970 et qui donna naissance aux deux volumes des « Nuits De La Fondation Maeght » sur Shandar. Mais il circuita également au « Donaueschingen Music Festival » et au Festival de Jazz de Berlin ainsi qu’au Royaume-Uni.

Le succès rencontré l’incita à effectuer une autre tournée vers le Danemark et vers… Le Caire et l’Egypte, étape qui donnera naissance à quelques albums réunis ici, sur cet « Egypt 1971 ». Voici donc des versions remasterisées de l’album « Dark Myth Equation/Visitation/Nature's God » également appelé « Live In Egypt, vol.1 » qui tient sur une partie du premier CD.

Le second album, « Live In Egypt, vol.2 » ou « Nidhamu » fait également partie du premier Cd. Le troisième album « Horizon » se tient sur le second Cd augmenté de quatre titres supplémentaires, tous issus des mêmes dates, il y a environ une heure de prestations ici, c’est du copieux.

Les deux derniers Cds sont constitués par des inédits, « Unreleased recordings » réunis pour la première fois sur cette édition. C’est Hartmut Geerken, dont on a déjà parlé ici, qui détenait ces archives, passionné de free et de Sun Ra son rôle s’avère une nouvelle fois décisif et irremplaçable.

Je ne vais pas m’appesantir longuement sur ces albums, il n’y a rien d’absolument indispensable ici pour qui a déjà parcouru l’œuvre du mage, mais ces enregistrements sont absolument représentatifs de cette période, on y trouve tout ce qui caractérise cette entrée dans les années soixante-dix, une certaine prépondérance du free, mais un répertoire qui fait également sa place aux beaux thèmes. On y trouve également les solos de Sun Ra au moog synthé qui fleuraient bon cette période. Son groupe est absolument à son zénith, je n’énumère pas la longue liste des musiciens, tous des solistes extraordinaires, qui plus est heureux de jouer en Afrique, en Egypte, Au Caire.

Ce sont des témoignages qui peuvent intéresser ceux qui ne connaissent pas déjà les albums, mais aussi les collectionneurs à la quête d’inédits, une mine donc, avec plusieurs versions différentes des mêmes titres, mais c’est le jeu, forcément.

Pour autant, avec un point de vue élargi, ne figurent pas là les plus belles pépites de Sun Ra, ses plus emblématiques enregistrements, mais une somme remarquable, typique de la musique jouée en cette période, la musique de Sun Ra évoluant par "stade", ce qui est déjà beaucoup. A noter le faible prix de la version Cd, un rapport qualité/prix absolument renversant !

Live! In Egypt Dec 71


Live ! In Egypt Dec 71 B
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 13 nov. 2021 04:13

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Après le très beau « Joy » sorti l’année précédente, voici le nouvel album de Sophie Alour « Enjoy » qui nous renvoie également au plaisir de l’écoute, malgré la pandémie et l’absence de scène pour les musiciens. On pourrait s’étonner de la présence de cet album car il reprend la plus grande partie de son prédécesseur mais il a été enregistré à la Grange au Lac à Evian, avec, précise-t-on, la participation de France Télévisions, dans les conditions du live donc, mais avec les restrictions d’alors.

Sont présents une partie des musiciens ayant participé à l’effort précédent, ceux de la section rythmique, à savoir Damien Argentieri au piano, Philippe Aerts à la contrebasse et Donald Kontomanou à la batterie. Les autres sont des nouveaux, venue d’Irlande Fiona Monbet est au violon, Raphaëlle brochet au chant indien, Abdallah Abozekry au saz et au chant, le « saz » est une sorte de luth à long manche, Abdallah est le frère de Mohamed Abozekry, le joueur de oud sur « Joy », il faut également compter sur le macédonien Ersoj Kasimov à la derbouka, une sorte de tabla en provenance des Balkans, et bien sûr à Sophie, son sax ténor et sa flûte.

Cet album trouve sa justification dans le prolongement qu’il opère à la suite de « Joy », une nouvelle vision opère avec l’arrivée de tous ces musiciens, le mouvement d’ouverture multiculturel déjà présent sur le précédent album s’accélère envers la musique tourbillonnante des Balkans, la musique Celte de chez nous où Indienne de l’orient plus lointain.

Ainsi l’album paraît presque neuf, entouré de nouveaux atours, et les titres défilent en s’ouvrant à d’autres parfums. Peut-être que l’absence de nouvelles créations de la part de Sophie peu apporter quelques regrets, mais toutes ces compositions qui sont siennes, prennent de nouvelles couleurs et nous font visiter de nouveaux paysages, alors il ne faut pas nourrir de regret.

Pour les amateurs de récompenses l’album a reçu le « Grand prix du disque Prix Django Reinhardt » de la part de l’Académie du Jazz, ma foi cette distinction honore un très bel album dont la qualité principale, outre sa très haute tenue, est son ouverture à l’altérité.

SOPHIE ALOUR disque ENJOY (Songe en forme de fougère)


SOPHIE ALOUR disque ENJOY (Exil)


La chaussée des géants


Joy


ENJOY - extraits
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 14 nov. 2021 11:35

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Je me souviens la dernière fois que j’ai vu Magma c’était à la fête du PCMLF (Parti communiste marxiste-léniniste de France) qui s’est dissout en 1988, pourtant rien d'un groupuscule, y’avait du monde à ce concert, j’étais en compagnie de membres du dit parti, des bons potes mais je n’aimais pas l’embrigadement et mon cœur penchait plus à gauche, c’est dire à quel point j’étais infréquentable. J’avais été subjugué lors de ce concert, surtout par Vander, il m’a bien secoué ce soir-là, le gars !

Mais ça, c’est du passé, j’ai acheté le double Cd à la Fnac, heureusement il y avait le prix vert parce qu’autrement c’est moi qui serais devenu vert, vingt-trois boules quand même, mais ça les vaut, un morceau de McCoy Tyner « For Tomorrow » et un autre de Michel Graillier « Auroville », une contribution nette au jazz, et Christian, et le petit Top, Jimmy le fils.

Le premier Cd, issu du concert de Perpignan lors de la tournée deux mille vingt, recueille les trois premiers coups de massue « Theusz Hamtaahk (fragment) », « Wurdah Ïtah (fragment) » et « Mëkanïk Dëstruktïw Kömmandöh (fragment) », l’ensemble frôle l’heure, par chance de simples fragments, l’équation totale aurait été fatale, même si, déjà, je chancelle.

Pourtant il y a moins de jambes et de bras qu’autrefois, les excellents Simon Goubert et Thierry Elkiez aux claviers, Rudy Blas à la guitare, le jeune Top à la basse, Christian à la batterie et au chant, mais c’est Hervé Aknin dans le rôle de Klaus, Stella Vander chante et tambourine, ainsi qu’Isabelle Feuillebois qui, elle, grelotte également.

Et des chœurs, Sandrine, Sylvie, Laura ainsi que Thierry, tout ça représente pas mal de monde, mais on ne retrouve pas l’impression de puissance implacable et mécanique qui broyait tout sur son passage dans les temps d’avant. Par contre c’est compensé par de la nuance, de la féminité, une sensibilité qui respire plus qu’elle n’assomme ou étouffe. Plus poétique et moins zombi en somme.

Toujours les compos d’avant, mais elles chantent plutôt que d’être martiales, ainsi Magma évolue, encore et encore, c’est ce qu’on souhaite et qu’on espère, plutôt que de se caricaturer jusqu’au grotesque, comme le font les groupes qui nous sortent toujours des variations du même album, souvent en pire, au fil des décennies.

Pourtant le destin frappa et les fit taire, la tournée pris fin à Saint-Etienne, devenue dernière ville étape, tout le monde à la maison, c’est l’heure du grand confinement, chacun chez soi, « fermez boutique » comme elles disent au hand !

MAGMA Perpignan 8 mars 2020 Part 1- Document AKTMAGMATV


MAGMA Perpignan 8 mars 2020 Part 2 - Document AKTMAGMATV


MAGMA Perpignan 8 mars 2020 Part 3 - Document AKTMAGMATV
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 14 nov. 2021 20:46

Interview avec Christian et Stella Vander.

MAGMA | Les Victoires du Jazz 2020 | Music Awards y compris une interprétation de "Zombies"

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 15 nov. 2021 06:05

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Voici le dernier Kenny Garrett « Sounds From The Ancestors » sorti il y a un mois ou deux, il se caractérise par un certain classicisme, du post bop de bon aloi, comme l’altiste sait très bien faire, huit titres plutôt copieux, ça dépasse largement l’heure et frôle la limite de capacité d’enregistrement.

A vrai dire on ne peut dire que du bien de cet opus, il vous prend comme il faut, sans s’annoncer, dès le second titre « Hargrove », l’hommage à Roy bien sûr, avec des insertions vocales d’«A Love Supreme » qui visent juste, un zeste de soul, de bonheur, un album pour la joie.

Impression qui se confirme sur « When The Days Were Different » qui suit, avec ces airs de Stevie Wonder, ça groove et vire gospel avec les voix de Chris Ashley Anthony et Sheherazade Holman. On poursuit la plongée encore avec « For Art’s Sake », Art Blakey bien sûr, et la mise en avant de ces vieux Fender Rhodes qui font entendre la voix ! L’album ne cesse de raviver des réminiscences issues du passé et, en conséquence, nous fait de l’œil en flattant nos bas instincts, mais, que voulez-vous, impossible de résister à ça !

L’autre pôle important de cet album est le rôle des percussions, impossible d’ignorer ce retour en grâce, Ronald Bruner à la batterie, Rudy Bird aux percussions, Lenny White à la caisse claire ou Pedrito Martinez à la conga apportent ici ce parfum irrésistible caribéen qui fait virer l’album de temps à autre en tempête afro cubaine, on pense à « What Was That ? » ou « Soldiers of The Field / Soldats des Champs ». Cette dernière insertion, en français dans le titre, rend hommage aux soldats haïtiens qui se sont battus contre les Français pendant la Révolution haïtienne.

« Sounds From The Ancestors », la chanson titre, est sans doute l’apogée de l’album, après un départ au piano de Kenny, place à Dwight Trible, le vocaliste dont on a déjà souligné par ici l’étrange art, capable de vous faire frissonner avec les sons inouïs de sa voix. C’est un hommage émouvant aux « ancêtres », aux chants qui les soutenaient dans les travaux des champs, à la foi qui aidait à se tenir droit, aux tambours qui portaient au loin les voix et l’identité.

L’ultime pièce est l’écho du morceau d’ouverture, pour que la boucle soit fermée… Un album très attachant qui plaira sans doute à beaucoup.

Kenny Garrett - Hargrove (Official Audio)


Kenny Garrett - Sounds from the Ancestors (Official Audio)


Kenny Garrett - Soldiers of the Fields / Soldats de Champs (Official Audio)


Kenny Garrett - For Art’s Sake (Official Audio)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 16 nov. 2021 06:33

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Un album sorti fin juin, un curieux duo flûte / batterie, l’air et la terre qui se jaugent. Fanny Ménégoz joue des flûtes et Rafael Koerner de la batterie, les deux composent mais en alternance. Pour la publication du cd ils ont fait appel à un label allemand « Neuklang », et pour financer tout ça, un système de conscription s’est mis en place avec efficacité.

L’un des charmes de l’album est le choix de l’instrumentation, un antagonisme apparent stigmatise cette drôle d’association, tout là-haut l’air, l’éther, ce qui s’envole, léger, et, tout en bas, les percussions, terreuses, enracinées, lourdes et brutales. Pourtant ce ne sont qu’apparences et préjugés entre les mains de ces deux-là, qui ne croient pas aux fariboles et aux lieux communs.

Si le jeu de la flûte se situe au niveau où l’on pense, peu disposée à s’alourdir, les percussions, elles, s’élèvent haut et la rattrapent dans son vol, lui offrant assise, réplique et une branche où se poser. Ainsi les deux sont complices et nous emmènent dans un improbable vol, en nous proposant ce « Voyage au creux d’un arbre », titre de l’album et première pièce où tout, déjà, se dit.

Il faut dire que les deux se connaissent bien, ils font partie de « l’Orchestre National de Jazz », cette institution déjà un peu vieille qui se régénère en suivant des directions nouvelles tous les trois ou quatre ans, lorsque le musicien en chef laisse la place au suivant.

Alors, si on imagine une formation classique qui s’entend un peu ici, on mise également sur les improvisations folles et la prédominance du feeling qui donne l’énergie et la flamme. L’heure est au calme, aux silences qui s’insinuent, garder la forme, l’esquisse, en un mouvement épuré, et se laisser emporter, comme une feuille morte, par la force du vent qui souffle… Ou bien marcher, un peu, puis courir pour prendre l’élan et s’affranchir, enfin, des lois de la gravitation.

Chouette album en vérité.

Voyage au creux d'un arbre


Agitation


Pointe de la courte dune


Sensible zone
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 18 nov. 2021 06:40

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Un concept, ou juste une histoire qui remonte à 1996, et qui se perpétue encore, avec discrétion une fois l’année, « Le Festival De l’Eau » est son nom. Cette manifestation se déroule en deux étapes distinctes, la première en Afrique où la musique prend sa source et s’écoule au fil de l’eau, il suffit de la cueillir en descendant un fleuve, faire étape, jouer et écouter. La seconde partie se déroule en Europe, souvent en France, où cette même musique est jouée, restituée avec toute la force de son identité et de sa mémoire, « La mémoire de l’eau ».

Cet album a fixé cette toute première descente au fil de l’eau, sur le fleuve Niger, d’Ayorou à Boubon (aka Niamey) en passant par Méhana, Sawani, Garié (aka Tillaberi) et, la dernière étape, Gotheye. C’est un album du retour aux racines, initié par Camel Zekri, en même temps qu’un album de rencontres et d’échanges, comme le renseigne le livret.

Ceci est le témoignage de cette première aventure où treize artistes africains et européens « avec une équipe de cuisine, un technicien chauffeur, un soko (homme du fleuve), un capitaine et ses deux hommes d’équipage descendent le fleuve Niger […] dans la longue pirogue de bois « haoussa », les instruments, les casseroles, les tentes, les hommes » … L’eau est la route, elle est le chemin qu’il faut suivre, elle est la vie.

Au fil des étapes la liste des musiciens s’allonge, ils sont de partout, du Niger mais aussi de Tunisie et du Mali, d’Algérie et du Sénégal, d’Allemagne et de France. Vingt-deux sont répertoriés sur le livret, et le mélange, né de la rencontre entre toutes ces cultures, n’effraierai pas l’amateur de jazz qui y retrouvera les racines et la spontanéité, la musique traditionnelle africaine mais aussi l’improvisation jazz et la musique libre telle qu’elle s’exprime ici dans toute sa modernité, car l’impro est le lien qui permet l’échange et la création. Souvent souffle l'ombre de Barney et de Moshi.

Un album remarquable.

Camel Zekri - Boubon


Festival de l'eau- Sur le mouhoun / Camel Zekri / Dominique Chevaucher / Les arts improvisés


Festival de l'eau - Sur le mouhoun 1- Camel Zekri / Dominique Chevaucher / Les arts improvisés
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 19 nov. 2021 04:23

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Voici un nouvel album entre deux mondes, le premier monde c’est celui du jazz avec des musiciens à la notoriété bien affirmée pour la plupart, Jî Drû voix et flûte et Sandra Nkaké au chant qui sont également les compositeurs et principaux animateurs ici, bien qu’ils se fondent dans un collectif « Tribe ».

On peut également entendre Marion Rampal au chant, Thomas de Pourquery au sax alto, Anne Pacéo au chant, Antoine Berjeaut au bugle et à la trompette, Jérôme Perez à la guitare électrique et Sophie Bernado au basson, ceux-là sont ceux qui me parlent, mais il y a encore une pléiade de musiciens fantastiques qui jouent ici.

Le second monde c’est celui de la pop et de la chanson, d’une certaine « soul » également. Les pièces s’offrent aisément, groovies, mélodiques, parfaitement maîtrisées et calibrées, elles coulent comme du miel dans un climat plutôt cosy, chaleureux, feutré et confortable. Avec de tels musiciens le projet, parfaitement calibré, tient forcément la route, les chansons défilent avec la même douceur et à aucun moment, l’ennui n’arrive, il n’y a pas non plus de véritable prise de risque, plutôt de l’habileté et un souci de perfection, pour que tout tienne, bien ficelé.

Ça vole parfois haut, comme sur le dernier titre « Tribe from The Ashes » et ses aspirations candides, mais l’album est né du confinement, alors tout va, même les rêves les plus fous.

Sorti sur le « Label Bleu » Amiens.

TRIBE FROM THE ASHES – EMPTY SPACE [ Session live ] (Lionel Belmondo au ténor)


Tribe From the Ashes - NINETEEN [OFFICIAL VIDEO]


Tribe From the Ashes - EURYDICE [OFFICIAL VIDEO]


Love Sublime


Tribe from the Ashes
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 20 nov. 2021 05:16

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Voici le premier album de l’ « Otomo Yoshihide's New Jazz Orchestra » sorti en l’année 2005, il se nomme « Out To Lunch », un nom qui parle d’emblée à l’amateur de jazz, car c’est l’œuvre peut-être la plus connue d’Eric Dolphy. La lecture que va en faire Otomo se situe entre l’hommage et la réécriture respectueuse, mais... Ce traitement est poussé, considérable, amplifié, comme un miroir grossissant qui va faire surgir les ombres, les contrastes, entre le distendu, déformé et tordu, difforme et même parfois agressif.

Déjà ils sont une quinzaine ici face au quintet de Dolphy, de l’électricité, synthé et guitare électrique qui s’affrontent aux sonorités acoustiques, le stockage de masse du Cd qui autorise de prendre le temps, « Straight Up And Down - Will Be Back » qui dure vingt-sept minutes et quarante-cinq secondes face au vinyle qui stationne à quarante-deux minutes pour l’entièreté des pistes.

Pas de duel ici, un hommage donc, qui s’affirme dans chaque morceau, plutôt au début, puis, ça glisse… Et c’est plutôt bon ! Dolphy n’est déjà plus un bopper, il a fréquenté la pente, il est ailleurs, dans un au-delà, Otomo suit le sillon et le fait sien.

Il introduit de l’anxiété sur « Somethin Sweet, Something Tender », de l’énergie puissance mille sur « Gazzelloni » qui devient tentaculaire, il complexifie « Out To Lunch » et transforme « Straight Up And Down » en errance poétique et rêveuse, ajoutant l’expression « Will Be Back » dans le titre, reprenant ainsi la photo de couverture de l’original de Dolphy, avec ce cadran horaire figurant l’heure d’ouverture et de fermeture d’un commerce et cette promesse de retour, on sait, désormais, que de retour il n’y aura pas.

Une œuvre free, avec des grands à tous les postes, on remarque singulièrement le distingué Mats Gustafsson au sax baryton. Il faut souligner également cette pochette remarquable qui s’insinue bizarrement dans la tête, sans trop savoir pourquoi…

Une belle œuvre de l’ONJO.

otomo yoshihide's new jazz orchestra - out to lunch [2005] full album

01 Hat And Beard - 00:00
02 Something Sweet, Something Tender - 06:11
03 Gazzelloni - 15:31
04 Out To Lunch - 19:50
05 Straight Up And Down/Will Be Back - 29:31

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 21 nov. 2021 05:30

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Un album que j’ai écouté au moins six ou sept fois ces derniers temps, un truc qui fait du bien et qui peut se conjuguer avec l’endormissement (je suis doué pour l’endormissement) ou la lecture, en général la musique s’efface derrière les mots, mais elle berce et aime les voyages. Mais cette galette est surtout agréable lors de l’écoute – écoute, sans accessoire, avec l’esprit bien éveillé.

Byard Lancaster est à l’œuvre et il fait tout ici, voix, piano, flûte, piccolo, basse clarinette, sax alto et soprano, percussions, bref, tout ! L’album s’appelle « Personal Testimony » avec un sous-titre, « Then And Now », mais attention il y a une duplicité ou plutôt un piège qui se dévoile en regardant le verso de la pochette : en fait il faut lire « Then » un enregistrement de soixante-dix-neuf, et « Now » qui, lui, date de deux mille sept.

Deux œuvres jumelles mais éloignées dans le temps, ça tourne autour des vingt-neuf minutes pour le premier volet et des vingt-huit minutes pour le second, un équilibre apparent qui cache tout de même une certaine disparité, « Then » me régale un peu plus que « Now », mais ce dernier s’accorde tout de même parfaitement avec son prédécesseur, alors ne pinaillons pas.

Byard Lancaster est un homme rusé, il trompe sa solitude et notre attention en utilisant la bonne vieille technique du re-recording, se démultipliant ainsi de temps en temps. On l’a compris également, il varie les instruments et ne laisse pas s’installer un son monocorde qui pourrait engendrer la monotonie.

Le plus souvent il joue doux, caresse en tendresse et batifole folâtre. Juste un glissement sur le dernier titre de « Then », « Mind Exercise » un solo d’alto saxé désaxé qui vrille un peu, avant de passer à « Prayer Cry » premier titre de « Now » avec les voix qui arrivent, tribales, un air d’Afrique.

Quinze titres au total qui nous proposent un cheminement varié, mais toujours dépouillé, minimal et intimiste, d’ailleurs Byard nous offre une grille de lecture en choisissant un sous-titre évocateur pour chacune des pièces ici.

Le plaisir de l’écoute est au rendez-vous et se renouvelle sans jamais lasser, ah ! comme je me dis de temps en temps, je suis content de l’avoir celui-là !

Miss Nikki


In Lovingkindness


Byard Lancaster - Loving You


Global Key
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 22 nov. 2021 06:36

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Voici « Always Born » un album sorti en 1988 en Cd et l’année suivante en vinyle sur le label suédois Silkheart Records. Il est signé par le « Charles Gayle Quartet » et a été enregistré les dix et onze avril 1988, le numéro de catalogue est le « 115 ». Il sera suivi par les deux albums en trio enregistrés les treize et quatorze avril 1988, « Homeless » le numéro « 116 » et Spirit Before le «117 ». Charles est au ténor, partageant les solos avec John Tchicai au saxophone soprano, Sirone est à la basse et Reggie Nicholson à la batterie.

Sur cet enregistrement Charles Gayle s’inscrit avant tout comme un fils spirituel d’Albert Ayler, pas comme un suiveur, ni même comme un disciple, mais il a été très certainement marqué par la force spirituelle d’Albert Ayler, on retrouve en effet dans son jeu cette puissance hyper expressive qui se manifestait dans celui de son aîné.

Ce son énorme et généreux, au bord de l’outrance ou de l’explosivité, ou bien encore ces feulements plaintifs et déchirés, comme si le timbre de son instrument semblait soumis à la torture, sans doute une façon de jouer avec l’embouchure de l’instrument en même temps que d’appuyer sur les pistons. C’est donc sans surprise qu’il s’inscrit dans un registre très lyrique et expressif, tout en improvisant avec une science consommée, dévoilant la blessure.

John Tchicai a connu Albert Ayler, il a joué sur « New York Eye and Ear Control » en 1964 en compagnie du saxophoniste au cœur pur. Il fait l’effort ici de se rapprocher de la hargne de son partenaire et s’avère un duettiste très complémentaire, c’est l’un des attraits indiscutables de cet album, Charles s’avérant lui aussi un alter égo respectueux.

Pourtant celui qui éblouit dans son jeu c’est Sirone, il tient entre ses doigts une grande part de la réussite de l’album, il maintient l’édifice et lui donne des tons qui réchauffent, et l’oreille le suit bien souvent pour ne pas se perdre dans les méandres. Il faut également saluer Reggie Nicholson à la batterie, très énergique et généreux, résolument free, également.

La session suivante en trio sera encore plus émouvante, mais ce qui se passe ici relève déjà de grands moments de l’histoire du free jazz.

Always Born


Needs


Solid Clouds


Then Offer All
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 23 nov. 2021 05:57

Un petit mot sur cet album pour vous signaler que Sélène Saint-Aimé a été nommée "Révélation (Prix Frank Ténot)" aux Victoires du Jazz 2021. La cérémonie s'est déroulée au mois de juin et a été diffusée récemment sur France 4. Vu le Covid il n'y a pas eu de grand messe, du coup à mon avis c'était encore mieux avec une très grande place faite aux lauréats qui ont pu s'exprimer abondamment. L'occasion de découvrir une musicienne très charismatique, passionnante dans son discours, avec plein de petites anecdotes à raconter.

On pouvait également écouter de la même façon quelques nominés qui se sont déplacés, et ça fait plaisir aussi car, même s'ils n'ont pas gagné, il n'y avait que de la bonne musique au final et ils se sont autant exprimé que les gagnants. C'est sûr qu'en remettant les récompenses en juin on se prive d'une bonne moitié des sorties de l'année et que tout ça n'est, au final, qu'un prétexte à fêter le Jazz.

Je vous avais posté y'a pas longtemps le "groupe de l'année 2020", Magma, et on n'est qu'à moitié surpris de voir une joie sincère dans les yeux des promus. En général le choix est assez consensuel et il faut un "profil" pour figurer ici, il y a peu de chances d'y voir des musiciens free (Joëlle Léandre, Marc Ducret...) mais les musiciens présélectionnés sont évidemment des pointures.

Si vous entendez parler d'une redif, regardez ou enregistrez, l'émission est bonne, la musique est bonne et les acteurs sont excellents, tous dans leur rôle évidemment!
Douglas a écrit :
jeu. 15 oct. 2020 05:57
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Sélène Saint-Aimé a réalisé ses études musicales en région parisienne, bassiste par choix, au fil des rencontres elle décide de se parachuter à New-York où elle se perfectionne et se confronte, mais c’est en France qu’elle grave son premier album “Mare Undarum” qu’elle enregistre au Studio Pigalle.

Sélène Saint-Aimé joue de la contrebasse et chante, voici l’équipe des amis-musiciens dont elle s’entoure : Guillaume Latil au violoncelle et Mathias Lévy au violon pour les cordes, Irving Acao au saxophone et Hermon Mehari à la trompette, ça c’est pour les vents et Sonny Troupé au ka et à la batterie pour la base rythmique.

L’album est sorti uniquement en vinyle sur le label Komos, il est tiré à trois cents exemplaires et chacun est numéroté. On peut le trouver facilement sur bandcamp ou à la fnac on peut aussi l’écouter sur le tube où figurent de nombreux extraits, il a par ailleurs été chroniqué et bien reçu dans les revues de jazz.

L’album est sage, acoustique, l’impression que tout se passe autour de la basse et de la voix de Sélène qui imprègne fortement sa marque avec, je trouve, une certaine gravité. Elle compose également, cinq des neuf titres et rend hommage à son « mentor » Steve Coleman qui l’a épaulée. L’Afrique chante aussi, elle s’entend dans la musique des mots, des murmures et de l’émotion qui passe, soulignée par les vibrations des cordes, le duo basse violoncelle est lyrique à souhait.

Seul bémol, le pressage n’est pas parfait, mais là, elle n’y est pour rien.

Mare Undarum : Part I


Mare Undarum part II - Sélène Saint-Aimé


Partialis.


Feuillée et Beer - Sélène Saint-Aimé
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