J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Leutte
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Leutte » jeu. 16 juil. 2020 15:39

Suricate a écrit :
jeu. 16 juil. 2020 09:53
Je me fais vieux ? je gagne en maturité ? j'écoute de plus en plus de jazz et délaisse le rock.

En ce moment passe un classique :

Dexter Gordon - go! - de 1962, sa période européenne je crois. Le jazz un nouvel univers pour moi.
ça c'est rigolo, moi c'est presque l'inverse; à fond de rock sixties/seventies entre 15 et 20 ans. Quasi-exclusivement du jazz(bee bop et free peu de swing..)/jazz rock entre 20 et 30 ans. Une période un peu mixte avec beaucoup de "World Music" (Klezmzer, Manouche, balkan..) et de fusion entre, on va dire entre 30 et 35 ans. Et depuis 10 ans retour au rock au sens large plein pot!
Mais comme on dit, dans mon cas comme peut être dans le tien: quand on aime une fois c'est pour toujours..
compositions énergiques, incisives, mélodies accrocheuses, voix et harmonies au cordeau, fuzz et distorsions à gogo

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 17 juil. 2020 05:40

@ tous les deux:
"bah, quand la musique est bonne, bonne, bonne..."
:hehe:
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 17 juil. 2020 06:44

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A travers cet album Jean-Marc Montera choisit de rendre hommage aux poétesses de la « Beat Génération ». Reconnaissons qu’à l’évocation de cette période de la vie culturelle américaine ce sont essentiellement des noms masculins qui défilent, aussi, après la lecture du livre de Brenda Knight « Women of the Beat Generation », Montera décide de donner écho à quelques-unes d’entre elles.

Il s’entoure de trois autres guitaristes, Lee Ranaldo, Jean-François Pauvros et Noël Akchoté ainsi que d’une récitante dont le timbre de voix et la diction épousent magnifiquement le projet, Sophie Gontier. Fanny Pacoud au violon, Ahmad Compaore à la batterie et Ernie Brooks à la basse (sur une partie des titres) complètent cette toute nouvelle formation, qui s’est rencontrée pour la première fois au complet dans le studio d’enregistrement, improvisant totalement et gravant l’album en une seule prise.

Les poèmes en anglais sont écrits et traduits sur le livret d’accompagnement, ainsi personne n'est perdu. Un beau travail de Radio-France au travers de son label « Signature », le « coffret-livre » qui contient le double Cd est somptueux. Les poétesses retenues se nomment Anne Waldman, Hettie Jones, Janine Pommy Vega et Ruth Weiss. Les mots sont simples, ce sont ceux de tous les jours, ils sont puisés dans le quotidien, c’est le choc, l’agencement, la répétition, l’architecture grammaticale, le rythme et la musique qui les portent, qui nous touchent et créent l’émotion, pas de tabou mais une urgence, il faut « ouvrir les portes de la perception » …

Vraiment superbe.

Jean-Marc Montera: What's Up? Femmes poètes de la Beat Generation


Sophie Gonthier, Lee Ranaldo, Noël Akchoté, Jean-Marc Montera, Ernie Brooks, Ahmad Compaore, "train Song".
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 17 juil. 2020 20:28

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Un album qui réunit trois grands maîtres de l’improvisation, le saxophoniste Evan Parker au soprano et au ténor, le bassiste Barry Guy et Paul Lytton à la batterie. L’album a été enregistré lors d’un concert au Théâtre Am Gleis, à Winterthur en Suisse, en septembre 2011. Il est sorti en vinyle ou Cd sur le label Lithuanien NoBusiness Records, spécialisé dans le jazz actuel.

Ce trio est trentenaire lorsque cet album sort, non pas qu’ils ne jouent qu’ensemble depuis trente ans, bien au contraire, ils multiplient les collaborations avec nombre de grands musiciens, mais ils ont signé le premier de leur vingtaine d’albums il y a trente ans, l’album « Tracks » sur « Incus », enregistré en 83. Ceci pour souligner la très grande complicité qui existe entre ces trois-là, ça confine au magnétisme car ce n’est pas seulement qu’ils jouent ensemble, mais ils improvisent ensemble, créent la musique à deux ou à trois, s’écoutent, se devinent et se comprennent.

Comme il arrive parfois une drôle d’alchimie s’opère ou le trois se transforme en un, cette fusion télépathique s’entend, surtout lorsque les trois se fondent en même temps pour former une nouvelle texture mouvante qui s’anime et prend vie de manière extraordinaire.

Pas besoin d’électricité pour que la fusion se fasse ici, l’énergie se libère en se frottant au contact des partenaires, le battement des baguettes sur la peau ou le métal vibre, les cordes grattées ou frottées résonnent avec rondeur et gravité et l’air se transforme en résonnances et en vibrations. Ainsi la musique naît, vit et se régénère.

Un magnifique enregistrement fruit d’une remarquable osmose forgée au fil des ans.

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Message par Douglas » sam. 18 juil. 2020 15:56

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Une petite plongée dans l’underground de l’année 1977 dans notre pays à nous, du côté de Chartres où ça a commencé et puis le groupe s’est promené ici ou là, avec ce gars qui enregistrait tout ce qu’il pouvait, il jouait également de la gratte et du sax alto, mais il jouait aussi avec le Korg 700 et le Synthi AKS, son nom ? Dominique Grimaud, je vous en avais parlé déjà à propos du groupe Video-Aventures, mais là c’est avant, encore plus jeune, encore plus fou. Plus fou, oui, heureusement, et ils en sont conscients, ils le revendiquent même, c’est pourquoi ils choisissent un nom de groupe provo et évocateur, « Camizole ».

Ça se passe en deux étapes, celle dont on parle est la seconde et correspond donc au second album, celui qui s’appelle « Camizole », ça nous avance peu sachant que le premier (enregistré en 75) s’appelle également « Camizole », une histoire de fous je vous dis. Ils sont quatre, outre Grimaud il y a Françoise Crublé qui joue du sax alto et de la guitare, elle aussi, Jacky Dupéty au sax ténor, au hautbois et aux percussions et Jean-Luc Dupéty à la trompette, au tuba et à la batterie.

Un seul langage, l’improvisation totale, la mode est au free, alors on fonce, on y va, un vague schéma, une structure brinquebalante qui tiendra ce qu’elle tiendra, ce qui compte avant tout c’est la spontanéité, l’écoute, la création collective, le plaisir de jouer et de créer ensemble.

A cette période ils sont en contact avec Etron Fou Leloublan, Lard Free, Urban Sax et même Henry Cow, pour situer un peu, bien qu’ils soient probablement les plus barrés du lot. On pourrait également citer Lindsay Cooper qui invite Françoise Crublé à rejoindre le « Féminism Improvising Group ». A noter une session à la Maison de la Radio ou Camizole enregistre pour la première fois en studio. Dix minutes sont ainsi proposées sur la réédition de l’album chez Souffle Continu. Une façon de quitter le Lo-fi qui préside sur le reste de l’enregistrement, mais on perd beaucoup en spontanéité et en créativité, le groupe se montrant très timoré dans ce nouvel environnement.

Tout simplement un groupe culte.

Camizole – Camizole (Full Album) [Spalax Music / SouffleContinu]

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 19 juil. 2020 15:51

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Un album de John Zorn sorti sur Tzadik ‎ dans les « Archival Series ». Comme le nom l’indique ces archives sonores regroupent en premier lieu les rééditions du travail de John Zorn avant l’arrivée de Tzadik, en 1995. Elles concernent également des chapitres imposants comme les « Filmworks » ou les « Book of Angels » et nombre d’albums du maître. Ici notre album est le premier de la série des « Moonchild » qui contient sept volumes. Il est sorti en mai 2006 et la série s’achèvera en 2014 avec « The Last Judgment ».

Concernant le titre « Moonchild (Songs Without Words) » les mots dans la parenthèse ont leur importance et décrivent pour une part ce qui nous attend, compte-tenu que Mike Patton a pour instrument « la voix » que l’on entend. Des onomatopées donc, cris, murmures, râles, hurlements, gémissements, plaintes, il éructe, vocifère ou psalmodie. Nous voilà plongés dans un univers qui parfois peut sembler dément, copulant avec l’âme noire du métal le plus noir, repoussant les limites les plus extrêmes. Nous voilà plongés dans l’univers d’Antonin Artaud, d’Edgar Varèse ou d’Aleister Crowley auxquels l’album est dédicacé.

Les autres compagnons d’aventure de Mike Patton sont Trevor Dunn à la basse, il est énorme, les deux musiciens se connaissent parfaitement bien et le formidable Joey Baron tient les baguettes à la batterie. John Zorn écrit, compose et dirige. En fait pas de jazz ici plutôt du métal, de la noise et de l’expérimental. Une énergie, surgit des abîmes, qui se déploie avec force, habilement menée et dirigée par le sorcier, on baigne dans le lugubre et le lancinant, le maudit et le malsain, le démoniaque et le diabolique.

John Zorn est souvent là où on ne l’attend pas, ça fait partie de son charme…

John Zorn - Hellfire


John Zorn - Possession


Moonchild - Moonchild


John Zorn - Equinox
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 20 juil. 2020 09:25

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Je ne sais quel canal j’ai suivi en 1981 pour me trouver connecté avec la musique de Kip Hanrahan, toujours est-il que son premier album « Coup de tête » m’est resté entre les deux oreilles avec une force inouï. Ce « son » si personnel et identifiable sans doute, ou « India Song » qui alors stationnait grave à l’intérieur, et ces stars agglutinées sur l’album, incroyable ! Et puis Jack Bruce est arrivé sur « Desire Develops An Edge », le chef d’œuvre, énorme et boursouflé, fallait oser quand même ! Arriva ensuite « Vertical's Currency », troisième étage de la fusée et troisième choc d’affilée…

Kip est percussionniste, peut- être parce qu’il a grandi dans le quartier portoricain du Bronx, d’ailleurs je l’ai d’abord et longtemps imaginé Portoricain, ça collait tellement à sa musique, mais c’était une erreur, c’est un juif irlandais. Il est aussi compositeur, arrangeur mais c’est surtout un immense rassembleur de talents, venus pour beaucoup de la planète « Jazz ». Sa musique est légère, elle sautille sur les tambours et s’échappe en volutes vocales, en fumées évanescentes…

Cet album est tout petit, un E.P. qui m’avait échappé à sa sortie, très chouette ce « A Few Short Notes From The End Run » sorti en 86, quinze minutes de bonne musique enregistrée entre 84 et 85, on retrouve Jack Bruce sur trois titres et sa voix sur « Two » le titre d’ouverture, écouter Jack chanter est toujours un privilège et rien que pour ce titre je suis déjà amoureux de cet album. D’ailleurs ce mini-Kip est un concentré puissant de ce qu’il fait et de ce qu’il est, une magnifique réduction sur laquelle se pencher, avant d’y plonger…

Two (from Kip Hanrahan / A Few Short Notes for the End Run amcl 1011EP)


SMALL CHANGE - KIP HANRAHAN


Kip Hanrahan - The First And Last To Love Me


Kip Hanrahan - Mañenguito`s Magic Afternoon
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Algernon » lun. 20 juil. 2020 11:29

Douglas : une pointure et surtout un passionné.
Ce n'est pas moi qui la ramènerais dans le domaine du jazz, ma culture étant mini mini. :cote:

Récemment, j'ai quasiment découvert, même si je l'avais déjà entendu le titre "Mercy, Mercy, Mercy"
composé par Joe Zawinul, que je trouve très classe.
Par contre, je ne connaissais pas du tout Julian "Cannonball" Adderley. Je me suis enrichi la tête today.
Il y a une adaptation en langue française sixtize par Noël Deschamps (1967) "Merci, Merci" (la facilité)



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Je ne suis pas trop vieux pour ces conneries.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 20 juil. 2020 20:27

Algernon a écrit :
lun. 20 juil. 2020 11:29
Douglas : une pointure et surtout un passionné.
Ce n'est pas moi qui la ramènerais dans le domaine du jazz, ma culture étant mini mini. :cote:

Récemment, j'ai quasiment découvert, même si je l'avais déjà entendu le titre "Mercy, Mercy, Mercy"
composé par Joe Zawinul, que je trouve très classe.
Par contre, je ne connaissais pas du tout Julian "Cannonball" Adderley. Je me suis enrichi la tête today.
Il y a une adaptation en langue française sixtize par Noël Deschamps (1967) "Merci, Merci" (la facilité)
Je pense qu'ici, sur le forum, tout le monde est passionné et qu'on a tous à apprendre les uns des autres, tu vois ce "classieux" "Mercy, Mercy, Mercy" de Zawinul je ne pense pas le connaître et du coup c'est toi qui me guide. Il est vrai que "ce bon vieux Joe" est un sacré compositeur, il a écrit "In a silent way" par exemple, quant à Julian "Cannonball" Adderley on conseille souvent l'album "Somethin' Else" miroir du fameux "Kind of Blue" de Miles Davis.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 21 juil. 2020 06:25

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Joëlle Léandre est une contrebassiste et compositrice issue de la scène « classique » et « contemporaine », par choix et par goût elle a quitté le domaine de la musique écrite pour explorer le monde des musiques improvisées, elle dirait : Moins penser la musique que la jouer, retourner vers la musique de mémoire, la musique « orale », quitter le confort de la musique blanche occidentale et rejoindre l’océan des musiques de transmission, les musiques naturelles dont parle Derek Bailey.

Sa discographie est immense, dépassant les cent trente albums, elle enregistre énormément, toujours engagée dans un projet, une commande ou une rencontre, son chemin est rempli d’une énorme quantité de témoignages sonores qui enrichissent la mémoire et témoignent d’une femme libre. Son chant est l’expression de la liberté, celui d’une créativité sans limite.

Akosh S. est un musicien hongrois, à l’âge de vingt ans il rejoint la France, il joue du saxophone, de la flûte et de la clarinette mais il serait plus juste de le ranger dans la catégorie de ceux qui n’en ont pas, les multi-instrumentistes. Il connaît le succès avec son groupe "Akosh S. Unit" et enregistre de superbes albums. C’est la période où il croise le groupe Noir Désir, en 96, des collaborations naîtront de cette rencontre. Ils joueront en première partie de la formation rock et Bertrand Cantat participera même à l'Unit. Les années passant Serge Tessot-Gay collaborera également avec Akosh.

Cet album est le second qui réunit ces deux magnifiques improvisateurs, cette fois-ci sur la scène à « l’Olympic Cafe » de Paris, vers 2007 ou 2008. On pourrait dire que Joëlle est dans son jardin car elle aime jouer devant le public, jouant pour lui, sa musique est une offrande. Akosh lui aussi est animé par cette veine populaire, c’est dire si le disque est beau et accessible.

Une rencontre juste magique.

Part 1.


Part 2.


Part 5.


Part 7.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 22 juil. 2020 14:45

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Il est un mélange de musique qui s’avéra heureux et porteur d’un riche avenir, c’est le mariage du jazz et de la musique traditionnelle de l’Ethiopie, on lui donna un nom, l’éthio-jazz. C’est une aventure qui débuta au début des années soixante dans les bars d'Addis-Abeba, et qui petit à petit, gagna une renommée internationale.

Il ne s’agit pas de faire un historique ici mais de se plonger en deux mille quatre, à un moment où l’histoire de l’éthio-jazz prit un curieux et heureux détour. En effet il faut faire un bond vers Boston aux Etats-Unis où un big band de jazz, « Either/Orchestra », s’est spécialisé dans la musique éthiopienne depuis pas mal d’années, alors forcément le répertoire de l’éthio-jazz, ils connaissent sur le bout du doigt.

Finalement rien de surprenant à ce qu’ils soient invités, en janvier 2004, pour jouer au Festival de musique éthiopien à Addis-Abeba. Sans s’attarder davantage sur l’émotion des uns et des autres, les états-uniens réalisant leur rêve et les éthiopiens ravis et flattés de cette reconnaissance venue du pays qui fit naître le jazz.

Ce « Live in Addis » témoigne de ces concerts qui furent l’occasion de rencontres, mais aussi de lectures nouvelles avec des arrangements écrits pour l’occasion. Mulatu Astatqé, Bahta Gèbrè-Heywèt, gétatchèw Mèkurya, Tsèdènia Gèbrè-Marqos et Michael Bèlaynèh se joignirent à l’Either/Orchestra et ce fut une grande fête au cours de laquelle le public enthousiaste s’enflamma pour l’évènement.

C’est le volume 20 des « Ethiopiques » où l’on entendit un groupe américain jouer de la musique éthiopienne en Ethiopie.

Amlak abét abét (Live)


Bati (Live)


Embi ba (Live)


Shellèla (Live)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 23 juil. 2020 11:22

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On plonge vers le free avec un saxophoniste ténor brésilien dont on parle trop peu, Ivo Perelman. Sur cet enregistrement de quatre-vingt-seize il s’adjoint deux maîtres musiciens qui ne cesseront de faire parler d’eux, le pianiste Matthiew Shipp et le bassiste William Parker. Une configuration sans batteur n’est pas pour effrayer les musiciens dont les subtilités du tempo sont inscrites dans leurs gènes, mais pour l’auditeur il y a un risque que les rythmes fantomatiques ne déroutent, voire ne dessinent un abîme dans la structure musicale…

En fait tout dépend des pièces, parfois les assauts sautillants du ténor soutenus par la vélocité de la basse suffisent à porter l’ensemble, qui, du coup bénéficie d’une très grande légèreté, d’autres fois les abîmes vaporeux, qui naissent de la faible intensité de pièces plus intimes, semblent nous mener au bord du précipice. Matthew Shipp au piano ne manifeste que rarement l’envie d’utiliser son instrument comme un palliatif rythmique, préférant apporter de la matière au dialogue avec ses partenaires.

Le titre "Adriana" a presque l’air d’un hit, bon je rigole un peu, mais le titre évolue tout seul avec une chouette mélodie qui lui donne de la distinction et de la tendresse. « Elephants Have Brains » dont le titre fait d’une évidence une affirmation qui bouscule et interroge, portée le côté grave et majestueux de la compo.

Onze titres au total, enregistrés en studio, qui défilent à grande vitesse, certainement pour donner le vertige à ceux qui se sentent aspirés par le vide et voient le sol se dérober sous leurs pieds, la densité corporelle, par la magie du peyotl de Dom Juan, prendra forme d’un oiseau dont les ailes n’en finiront pas de planer, en direction du sol, tourner… tourner, encore et encore…

Ivo Perelman - Cama de Terra
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 24 juil. 2020 13:17

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Voici « Animal Fièvre » un album signé A.C. Hello, Anne-Claire de son prénom, poétesse, écrivaine, elle performe sur scène, lit ses textes, les porte, leur donne vie, sens, jusqu’à la transe, transformant les mots en image, en émotion. On pourrait parfois penser que c’est cru, d’un réalisme absolu, que ça bouscule les interdits, que c’est carnivore même. Enfin, cette lucidité sur notre monde nous en renvoie une image hideuse et odieuse. Rude à l’écoute, les mots, ça déchire comme les écrits d’Antonin Artaud et la peinture du Caravage, c’est rude et ça bouscule, dérange, sans compromission aucune.

Comme pour l’album de Charles Pennequin & Jean-François Pauvros, c’est sorti sur Trace label. Je suis loin d’en avoir fait le tour, ni même d’en avoir commencé réellement la digestion. Il y a un accompagnement musical et là c’est un défi. Le challenge est clair, comment greffer des sons à ce qui se tient debout avec la seule force de la voix, du parler, nu et vrai ?

Faire appel à des grands, à ce qui se fait de mieux, de plus sensible et qui sait se mettre au service de. Ceux des Disques Bloc Thyristors sont là, ils cochent toutes les cases et délivrent un accompagnement sans faille, remarquable. Comme indiqué dans le commentaire du label « en amplification de la densité poétique ». Les voici, les braves : Jac Berrocal à la trompette, Jean-Noël Cognard à la batterie, Patrick Müller et Guillaume Loizillon à l’electrosonics, Thierry Müller à la guitare, au Farfisa et au synthétiseur, Quentin Rollet au saxophone et au Monotron, Laurent Saïet à la guitare et à la basse.

Deux Cds, le premier très homogène, enregistré en direct à l’auditorium du conservatoire de musique de Châtenay-Malabry. Le second tout aussi beau mais d’un esthétisme différent. Des concerts regroupés d’un peu partout, les deux derniers titres live aux Instants Chavirés et « La dictature de la valeur d’échange » en solo au Salon du livre libertaire.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 25 juil. 2020 05:01

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A.R. Penck, de son vrai nom Ralf Winkler est peintre, sculpteur, batteur et pianiste. Pourtant ce n’est qu’une partie de son activité, citoyen de la RDA, il a dû pour se nourrir exercer de multiples petits boulots. Engagé politique, il passe finalement légalement à l’ouest en 1980. Malgré qu’il soit mieux connu en tant que peintre, son activité musicale est aujourd’hui très sûrement réévaluée et son œuvre est plébiscitée et recherchée par les amateurs de free. Il est également à l’origine du label qui a sorti ses albums dont les pochettes sont très reconnaissables, la « touche » du maître est aisément identifiable, s’apparentant à des œuvres rupestres ou des calligraphies.

La série des « Be Cool In Munich » est constituée de quatre albums distincts, avec un personnel fluctuant mais relativement stable. A l’origine six albums étaient prévus, mais il n’en sortira que quatre. On estime la date des concerts qui sont à l’origine des enregistrements à 1985, mais ça reste incertain. Nous nous intéressons au second volume car il y a un extrait sur le tube.

Frank Lowe est au saxophone, Billy Bang au violon, Butch Morris au cornet, A.R. Penck Au piano, Frank Wollny à la guitare, Heinz Wollny à la basse et Dennis Charles à la batterie. Le groupe est éblouissant et performera de façon durable pour donner matière à cette belle série d’albums. Il existe très peu de renseignements sur ces œuvres, aucune n’est signée ce qui laisse penser tout naturellement que la musique est essentiellement improvisée, il n’y a pas de titre non plus. Le verso de la pochette est consacré à nommer les participants de ces six albums.

La magie de cette musique est toute contenue dans la liberté qui a permis sa création, ces longues jams qui s’étalent dans la durée et évoluent en prenant le temps, sans démonstration technique, uniquement pour le feeling, le plaisir d’avancer ensemble, chacun dans les pas de l’autre. Partie américaine et allemande se mélangent avec un plaisir qui jaillit, le drumming carré de Denis Charles, l’entêtant motif répétitif de Frank Lowe et la gratte très en avant de Wollny offrent une assise presque « rock » sur cette première face qui oscille entre free et ambiance « funky ».
Etonnant !

TTT featuring A.R. Penck - Be Cool In Munich (Part 1)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 26 juil. 2020 08:38

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Ambrose Akinmusire a gagné dans le monde du jazz une stature déjà impressionnante. Trompettiste au meilleur niveau, il a su se faire une place de tout premier plan dans le milieu du jazz contemporain. Sûr de lui mais toujours modeste, il attire l’attention par la brillance de son jeu en perpétuelle recherche, et par des séquences mémorables qui captivent le public.

Je n’ai pas encore écouté ses deux premiers albums, mais « The Imagined Savior Is Far Easier To Paint » sorti en 2014 est absolument excellent, « Origami Harvest » de 2018 a été très récompensé malgré la complexité que l’on y trouve, et, entre ces deux-là, « A Rift In Decorum (Live At The Village Vanguard) », double Cd sorti en quartet en 2017, est celui qui fait l’objet de mon choix. A noter qu’un nouvel album « On The Tender Spot Of Every Calloused Moment » vient de paraître en Cd je crois, mais j’attends la sortie vinyle, normalement dans environ un mois. C’est un artiste Blue Note.

Ambrose est royal lors des concerts, sans esbrouffe, la note juste, l’audace au bon moment, juste pour surprendre, accrocher l’auditoire et l’embarquer dans son monde, suivre son flux est propice à l’extraordinaire et à la rêverie, les deux se mélangent et fond naître un manque lors du petit pas vers l’arrière, mais il sait toujours laisser la place, qu’importe, il reviendra lors d’un prochain chorus. Les musiciens qui l’entourent sont également immenses, Sam Harris au piano, Harish Raghavan à la basse et Justin Brown à la batterie.

« Moment In Between The Rest » est extraordinaire, sur un tempo extra lent, Ambrose joue avec sa trompette plus qu’il ne joue de la trompette, on entre dans la relation intime entre le musicien et son instrument, il en livre le secret des sons avec une délicatesse inouïe, se livrant à un ballet d’une très grande sensualité, nous faisant partager avec délicatesse l’intimité qu’il partage, du frémissement de l’embouchure à la caresse du piston. Les petits mots entre parenthèses (to curve an ache) nous précisent mieux l’intention du musicien, courber, plier ou tordre la douleur.

« Trumpet Sketch » est également un autre sommet de l’album, après une introduction en escalier il fait place à un solo très free de Sam Harris, ensuite Ambrose improvise de façon ahurissante, répondant à la section rythmique qui le pousse sans le ménager, particulièrement Justin Brown qui frappe comme un damné. Mais il faudrait également parler d’Umteyo qui ferme l’album avec élégance.

Un double Cd gorgé de musique qui s’inscrit dans l’histoire du club mythique, avec, c’est à noter, de nouvelles compositions qui se sont étalées lors de deux concerts dont les dates ne sont pas précisées.

Maurice & Michael (sorry i didn't say hello)


Moment In Between The Rest (To Curve An Ache)


Trumpet Sketch (milky pete)


Umteyo (Live)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » dim. 26 juil. 2020 18:23



Le premier album de Shining qui comme les deux suivant a toute sa place ici. A partir du 4 ° album il passeront a un mélange de d'avant garde et de metal.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par DaFrog » dim. 26 juil. 2020 18:34

Tellement de découvertes à faire ...
Douglas, tu dois avoir une discothèque fournie !
Je vais me laisser tenter par le Kip feat. Jack Bruce

Merci pour tes chroniques :alcool1:

PS j’imagine que tu les postes sur des forums plus orientés jazz, ou sur un blog ?
It’s too late to be hateful :ange:

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 26 juil. 2020 20:51

nunu a écrit :
dim. 26 juil. 2020 18:23


Le premier album de Shining qui comme les deux suivant a toute sa place ici. A partir du 4 ° album il passeront a un mélange de d'avant garde et de metal.
Très agréable en effet cet album de Shining!
Merci
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 26 juil. 2020 21:01

DaFrog a écrit :
dim. 26 juil. 2020 18:34
Tellement de découvertes à faire ...
Douglas, tu dois avoir une discothèque fournie !
Je vais me laisser tenter par le Kip feat. Jack Bruce

Merci pour tes chroniques :alcool1:

PS j’imagine que tu les postes sur des forums plus orientés jazz, ou sur un blog ?
Beaucoup de beaux albums à découvrir en compagnie de Kip Hanrahan !
Je poste uniquement ici, pas d'autre forum ni de blog, de vieux textes qui trainent sur le net ici ou là...
Pour les albums ils ont tendance à s'entasser, c'est vrai.
We will dance again...

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 27 juil. 2020 04:56

Image

Une autre façon de parler d’A.R. Penck au travers de cet album signé Franck Wright. Il est spécifié que le saxophoniste est accompagné par Coen Alberts à la batterie, Peter Cowald à la basse, ainsi que la formation T.T.T. Cette dernière signifie « Triple Trip Touch » elle est constituée par A.R. Penck que l’on retrouve ici au piano, à la flûte et au chant ainsi que par Frank Wollny à la guitare. Heinz Wollny, le troisième membre du trio n’est pas crédité en tant que musicien sur la pochette, mais il effectue la prise de son.

Comme les autres albums enregistrés sur le label d’A.R. Peck, il entre dans la catégorie des enregistrements « privés ». L’album ne possède pas non plus de date d’enregistrement écrit sur la pochette, mais on s’accorde à dater sa sortie en 1983. Deux titres figurent sur la première face et un seul sur la face B, « An Other Day », mais, à l’écoute, il y a un second titre qui est la suite du second morceau de la face A « Do You Like it ».

C’est toujours pour moi un plaisir d’écouter « Le Révérend » Frank Wright, on le qualifie souvent de saxophoniste « hurleur » tellement il pousse les sons de son saxophone vers le cri et l’extrême, ici on peut ajouter une performance vocale qui ressemble plus à une psalmodie qu’à un chant. Il n’y a pas tant que ça d’albums avec Frank Wright, pour beaucoup, il est plus particulièrement connu grâce à sa performance sur Byg Records avec le fameux « One For John » en hommage à Coltrane, qui est resté dans les mémoires.

Ici on baigne dans le free, tendance « don de soi de façon généreuse et sauvage », c’est bien bon, avec une petite pièce pour « An Other Day ». Frank Wolny est très présent, la guitare semble essentielle ici pour équilibrer et pousser l’explosivité de Frank, Peter Cowald est lui aussi à l’œuvre apportant une énorme touche de créativité, il ajoute une couleur très personnelle au son de l’album.

Il y a le morceau titre en écoute sur le tube, c’est pourquoi j’ai choisi de vous présenter cet album. On peut penser, sans risque de se tromper que l’album n’est pas très courant et qu’il pourra intéresser ceux qui aiment « creuser » un peu, même si nous sommes ici dans une « niche » …

Rev. Frank Wright - Run With the Cowboys
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