J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 20 juil. 2022 16:36

En 1993 sort l'album " Ed Kelly & Pharoah Sanders - Ed Kelly & Pharoah Sanders " non encore écouté.

L'année suivante (1994) c'est le tour de l'excellent " Solomon's Daughter" par Franklin Kiermyer & Pharoah Sanders que voici:
Douglas a écrit :
ven. 10 janv. 2020 06:17
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(La pochette originale)

Franklin Kiermyer est un batteur canadien né en 1956, il se passionne pour le free jazz et la musique de Coltrane, ne dédaignant pas les derniers albums du géant, pour lesquels il s’est passionné. S’étant installé à New-York aux environs des années quatre-vingt-dix (je ne connais pas la date précise) il s’est fait connaître et a sorti un premier album sous son nom en 1993.

Ensuite il a fait la rencontre de Pharoah Sanders et le projet d’un album s’est vite concrétisé, la parution s’est faite en 1994 sous le nom de « Solomon's Daughter », la pochette laisse paraître un co-leadership entre le batteur et le vétéran saxophoniste. La parution d’une réédition de l’album avec trois titres bonus en 2019 sur le label « Dot Time Records » redonne au projet un coup de projecteur bienvenu. Notons que Franklin Kiermyer apparaît cette fois-ci comme unique leader sur la pochette, Pharoah est relégué au statut de sideman avec John Esposito au piano et Drew Gress à la basse. Il est vrai que le batteur a signé toutes les compositions…

Le souffle de Pharoah est encore puissant et cet enregistrement le montre sous son meilleur jour, physique, engagé, retrouvant la flamme de la jeunesse, il est incontestable qu’ici quelque chose d’ancien resurgit qui doit à Pharoah, mais au Pharoah qui soufflait aux côtés de Trane, j’ai presque envie de dire, me situant à nouveau dans cette période: « à la place de Trane » …

Je ne sais pas si cette magie provient du jeu du batteur, mais je ne l’exclus pas, lui aussi se donne à fond et les roulements de tambours annoncent le frappement des cymbales comme au temps d’autrefois, à cet égard les deux premiers titres nous offrent vingt-neuf minutes pleines de magnificences et de souvenirs enfouis qui s’éclairent à nouveau !

Le lien bandcamp vers la réédition:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 20 juil. 2022 17:55

Un autre album est sorti en cette année 94, c'est celui de "Maleem Mahmoud Ghania & Pharoah Sanders - The Trance Of Seven " que j'attends prochaînement.

Du coup voici "Message From Home", de l'année 95, qui marque la collaboration de Pharoah avec Bill Laswell, qui aura des hauts et des bas...
Douglas a écrit :
dim. 15 déc. 2019 05:05
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Un Pharoah Sanders de 1995 : « Message From Home » colporte plutôt de bonnes nouvelles et constitue une étape plutôt réussie de la part du vieux ténor. Sans doute cet album ne porte -t-il pas toutes les promesses des feux de la jeunesse, mais incontestablement il s’en rapproche, Bill Laswell, ici producteur, a eu la main heureuse…

C’est donc le regard dans le rétro que l’on écoute cet album et si le ténor peine à nous arracher le cœur comme autrefois, on en retrouve le son et le flux. Sur « Nozipho » particulièrement on se rapproche très près des souvenirs anciens et on aimerait que ça ne s’arrête pas, que ça dure encore et encore…

L’Afrique est souvent présente, elle s’affiche au premier plan sur « Kumba » où la kora de Foday Musa Suso nous renvoie au cœur de la Gambie, musique joyeuse et enlevée sur « Tomoki » où les tambours d’Hamid Drake et les percus d’Aiyb Dieng s’affolent et pour clore l’album le souffle du sax porté par les tambours et la guitare congolaise de Dominic Kanza sur "Country Mile"…

Pharoah Sanders- Nozipho


Tomoki


Our Roots (Began In Africa)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 21 juil. 2022 01:34

L’album qui suit représente les albums sortis sur le label Japonais « Venus Records » sous le nom de groupe « Pharoah Sanders Quartet ». Il y a là :

- Crescent With Love (1993)
- Ballads With Love (1994)
- The Creator Has A Master Plan (2003)

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Pharoah Sanders – Ballads With Love (1994)

Sous cette forme l’album est sorti en 1994, mais en fait il s’agit de la réédition d’une partie du double Cd « Crescent With Love » paru l’année précédente sur Venus Records également, l’album existe également avec des pochettes différentes, il faut donc être vigilant car c'est un véritable casse-tête. Les sessions d’enregistrement se sont déroulées au « Sear Sound Studio » à New York les dix-neuf et vingt octobre mille neuf cent quatre-vingt-douze.

Cette sélection s’organise principalement autour de la notoriété des pièces originales, ainsi on retrouve « Body And Soul », « Misty » ou « In A sentimental Mood » pour situer les enjeux. Allons directement à l’essentiel, l’album est une vraie réussite si on considère son objectif, à savoir jouer des standards à la perfection, en respectant les canons du jazz traditionnel.

Pas de folie ici, de créativité hors-sujet où de glissements hors des voies traditionnelles, tout est contrôlé et rien ne dépasse. D’un autre côté c’est parfait et même assez éblouissant, même s’il est difficile d’écouter l’album en pensant que ce n’est pas Pharoah qui joue, mais un autre saxophoniste lambda, histoire de recréer mentalement un autre contexte...

Les titres se suivent sans ennui, on ouvre avec l’excellent « Too Young To Go Steady » très « ballade » dans ce contexte, évidemment, ça continue avec « Feelin’ Good » et le très beau « Light At The Edge Of The World », une musique de film. Pharoah est parfait, sage avec un phrasé cristallin, juste de légers « growls » sur « Body And Soul », on ne se refait pas, mais l’ensemble est très clean. La version de « In A sentimental Mood » est tout simplement magique.

William Henserson est le pianiste, Charles Fambrough à la basse et Sherman Ferguson à la batterie, tous les trois excellents, tant dans le soutien que dans les solos, tous dans un style post bop revendiqué. Rien ne dépasse et tout va, le pressage est japonais et la qualité sonore est tout simplement remarquable, à ce niveau c’est juste une « expérience », comme écouter un pressage « Denon » par exemple. Cette dimension est très importante ici, c’est juste un truc « à vivre » si l’occasion se présente.

Tout est dit, donc, cet album est évidemment conseillé si on est amateur de ce genre de sucrerie, c’est un pur régal, mais à des années-lumière de « Karma », évidemment.

Pour les amateurs de ce genre de musique, il existe, toujours sur « Venus Records », quelques albums de Shepp assez fabuleux…

Il n'y a pas d'extrait pour "Ballads With Love" du coup Voici l'intégrale deux Cds:
1 Lonnie's Lament 00:00
2 Misty 07:57
3 In a Sentimental Mood 13:42
4 Softly for Shyla 20:17
5 Wise One 24:01
6 Too Young to Go Steady 37:48
7 Body and Soul 43:46
8 Naima 52:46
9 Feelin' Good 59:30
10 Light at the Edge of the World 01:06:46
11 Crescent 01:13:10
12 After the Rain 01:23:01


Pharoah Sanders Quartet Crescent With Love
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 22 juil. 2022 03:00

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Pharoah Sanders – Save Our Children (1998)

Bon, ce n’est pas un secret, il faut bien l’admettre et regarder la vérité en face, il y a dans la discographie de Pharoah beaucoup de hauts, le plus souvent, mais également quelques ratés un peu contestables, de ceux qu’on n’aurait ni aimé connaître, ni aimé rencontrer. Celui-ci en fait partie, peut-être pas en entier, et sans doute, pour atténuer, nous pourrions trouver en Bill Laswell un co-responsable, mais ça ne change rien.

Dès, et surtout, sur le morceau titre qui ouvre l’album, la charge est lourde, les plus triviaux lâcheront : « Mais qu’est-ce que c’est que cette bouse ? » ainsi ils feront part du désarroi qui les assaille, deux minutes dix après le début de la pièce, quand arrivent ces voix étranges, incongrues, presque comiques qui ridiculisent la musique, au bout de quatre minutes dix, on sombre dans le grotesque et on a un peu honte pour notre héros, qui chute gravement.

Une fois qu’on a bien ri avec les copains il suffit de prendre l’habitude d’ouvrir l’album à la seconde pièce « Midnight In Berkeley Square » pour redevenir sérieux, non pas que le titre soit une réussite, mais il passe à la façon d’une ballade pop et sucrée, un standard où Pharoah pose un long solo romantique sans aspérité.

Puis arrive « Jewels Of Love » là où le cas de notre barde barbu s’arrange enfin, la pièce est longue, quatorze minutes pendant lesquelles Zakir Hussain s’exprime enfin avec les tablas à l’avant, Trilok Gurtu joue des percussions, on entend également un drone à l’arrière, arrivent ensuite harmonium et pianos électriques. Le soprano de Pharoah s’échappe ensuite au-dessus de la masse rythmique avec un son hyperléché qu’on ne lui connaissait pas, sans doute le travail de Bill Laswell…

« Kazuko » qui suit se nourrit également à l’électro et aux synthés. La pièce échappe à nouveau au contrôle de Pharoah qui d’habitude ne joue pas dans cette cour- là. On se croirait dans certaines pièces de John Surman, qui fait ça très bien. Pharoah lui aussi du coup, mais on ne l’attendait pas sur ce terrain, une pièce d’atmosphère inattendue mais pas incongrue, finalement.

La petite pépite de l’album serait plutôt « The Ancient Sounds », là c’est carrément bon, on retrouve un peu de cette « spiritual music » dont il a été si souvent l’un des meilleurs dépositaires. Tout est bien en place et tout va, Pharoah se lâche enfin, grâce également au travail de Bill qui fait merveille ici, dans les arrangements et la production, onze minutes hors du temps, c’est pas si mal finalement, il n’y en a pas tant, des albums qui vous accordent çà, au bout du compte…

L’album se termine sur une pièce signée de Zakir Hussain et de Pharoah, autour d’un thème de musique hindoue, où Zakir chante et dialogue avec un instrument trafiqué, peut-être le soprano de Pharoah ?

The Ancient Sounds


My Jewels Of Love


Kazuko (Instrumental)


Midnight In Berkeley Square (Instrumental)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 23 juil. 2022 03:23

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Kahil El'Zabar's Ritual Trio Featuring Pharoah Sanders – Africa N'da Blues (2000)

Damn ! Voilà un album qu’il est bon ! Le Ritual Trio est bien là au complet, avec Kahil El’Zabar à la batterie et aux percussions, Ari Brown au piano, au sax ténor et au soprano, et Malachi Favors à la basse. L’invité est exceptionnel, c’est Pharoah Sanders évidemment, avec son sax ténor.

C’est un album Delmark, il rassemble donc des grands noms du jazz et du free, jusqu’ici tout est normal, même la rencontre est normale et évidente, Kahil et Pharoah se fréquentent depuis le milieu des années soixante-dix et il arrive assez souvent à Kahil d’aller faire le bœuf avec Pharoah quand ce dernier a besoin d’un percussionniste, il faut dire qu’alors, au temps d’avant, Kahil jouait aux côtés de Rahsaan Roland Kirk et que Pharoah adorait le multi instrumentiste, c’est comme ça que les liens se tissent et s’entretiennent…

Le Ritual Trio, on le sait, joue en fait rarement en trio, il y a souvent un invité, un éminent musicien de passage, de ceux que l’on aime et qui passe dans le coin, alors on parle et on décide de faire un album. L’invité, quel qu’il soit, est tout de suite à son aise, il fait déjà partie de l’aventure, sa place est faite, il n’y a plus qu’à s’installer et jouer.

Ici Kahil a écrit deux titres pour Pharoah, « Africa N'da Blues » car, pour Kahil, Pharoah porte sur ses épaules la musique de l’Afrique Noire, de ses rythmes et de ses traditions, il a également écrit « Pharoah’s Song », c’est un prince, il sait recevoir. Pour être complet il faut citer également une invitée, Susana Sandoval qui porte le Spoken Word sur le magnifique « Africanos/Latinos », qui est une petite merveille, peut-être le sommet ici, balance doucement dans le groove tissé par Kahil…

La troisième pièce est une reprise de « Miles’ Mode » de Coltrane, ici bien enlevée, avec la rythmique démultipliée de Kahil et l’architechture be-bop de la pièce. Le solo de Pharoah est tout en énergie déployée fait place bientôt à celui d’Ari Brown au sax, Malachi Favors est un immense contrebassiste, il a pas mal bourlingué avant de se poser au sein du trio, il nous tricote ici un petit solo des familles, puis arrive l’heure du standard de chez nous « Autumn Leaves » et c’est Ari Brown, au piano, qui ravit.

« Africa N'da Blues », le morceau titre plonge dans la musique des années Coltranienne, allant de soixante à soixante-quatre, ce qui convient à Pharoah qui s’y trouve également bien, ne retrouvant le cri que lors de quelques rares scories qui font, le plus souvent, le plaisir de son public. « Pharoah’s Song » se déploie sur un groove malin, souple et continu, on y chante et le ténor s’y déploie gentiment, déployant un thème répétitif répondant à la voix. Puis vogue la musique sur les rythmes doux…

L’album se termine sur la première prise de « Ka Real » de Joseph Bowie, la seconde étant placée à l’ouverture de l’album, un peu comme un miroir. Un bien bel album qui fait honneur aux participants et qui leur donnera l’envie de se revoir, ce qui sera fait à l’occasion d’un live qui sortira en 2008.

Ka-Real


Africanos/Latinos


Pharoah's Song


Kahil El'Zabar's Ritual Trio - Africa N'da Blues
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 24 juil. 2022 03:03

Celui-ci aurait mérité d’être rétrogradé d’une position pour respecter l’ordre chronologique des enregistrements, mais pas trop grave ! Il aurait pu être suivi de l’album « The Alex Blake Quintet Featuring Pharoah Sanders - Now Is The Time » que je n’ai pas encore écouté, mais peut-être que cela arrivera un jour… De toute façon la chronologie n’est intéressante que lorsqu’elle éclaire la musique en lui donnant du sens.

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Pharoah Sanders, Hamid Drake, Adam Rudolph – Spirits (2000)

Et voici Pharoah enregistré au « Montreal Jazz Festival » le quatre juillet quatre-vingt-dix-huit en compagnie de deux fabuleux musiciens, ils signent à trois les compos car ici on improvise ! Pharoah joue du saxophone ténor, des flûtes en bois, du hindehoo, une flûte jouée par les « Ba-Benzele » un peuple Pygmée de la République Centrafricaine et il chante aussi.

Hamid Drake joue de la batterie électronique, des tablas, du daf, un tambour sur cadre persan dont on joue en Iran et au Moyen Orient, de tambours sur cadre de différentes tailles et également de la voix. Le troisième larron, Adam Rudolph joue des congas, du djembé, du udu drum, une percussion en argile qui ressemble à un vase, du piano à pouces, du tambour parlant, du bendir, des flûtes de bambou, du gong et des percussions, il utilise également le chant diphonique, il peut en effet chanter en produisant un timbre vocal doté de deux notes de fréquences différentes.

La liste des instruments est longue, mais rien qu’en la lisant on peut déjà avoir une idée de la musique et des projets qu’elle recèle. Cet album est construit autour des percussions du monde entier, deux maîtres-percussionnistes sont ici aux côtés de Pharoah, Hamid Drake, le grand batteur de jazz bien connu, ouvert à toutes les musiques et Adam Rudolph qui s’intéresse tant au jazz qu’aux musiques ethniques qu’il a beaucoup étudiées.

Le titre « Spirit » n’est pas vain, la musique jouée se revendique spirituelle dès le titre, elle n’est pas cependant sans aspérités ni surprises, chaque musicien apportant sa propre « pierre » à cet ensemble. L’album s’ouvre avec « Sunrise », qui indique le lever du soleil, le plus long titre de l’album, et se termine une heure plus tard avec le dixième titre, « Sunset », quand l’astre solaire se couche.

Décrire cette musique n’est pas des plus simples car elle est très riche et très variée. Quelques marques fortes cependant, la musique ethnique accompagnée de percussions, de flûtes et de chants comme sur « Calling To The Luminous Beings » par exemple. « Morning In Soweto », la seconde piste est plus jazz, car on y entend le sax de Pharoah qui chante sur des rythmes entraînants et dansants. Pharoah est ici chez lui, si ça lui chante, il pousse son sax dans ses retranchements et se lâche à fond, et c’est bien.

Sur « The Thousand Petalled Lotus » qui suit, il s’arrache même à fond et libère les enfers, les anges déchus sont convoqués autour de ce lotus aux mille pétales et Pharoah gronde. Les Esprits des eaux sont convoqués sur « Uma Lake » et toute une faune aquatique s’agite et grouille. « Ancient Peoples » est dédié aux anciens, tambours et flûtes parlent aux Esprit et convoquent la sagesse millénaire, pour que perdure la vie et la coutume.

« Sunrise » qui ouvre l’album indique la naissance du jour, l’apparition de la lumière et de la chaleur qui donnent sens à la vie et au monde, la musique est calme et tranquille. Elle se partage entre le chant diphonique qui fonctionne à la façon d’un bourdon qui traverse la pièce, les Tambours sur Cadre de Hamid Drake qui apportent souplesse et rythmes, semblant se multiplier sous les doigts du sorcier, Pharoah souffle et apporte douceur et lenteur, calme et sérénité.

« Sunset » impose également sa paix, avec grandeur et gravité, pour laisser la place au repos des hommes, ainsi qu’aux esprits de la nuit…

Un bel album, très riche, ceux qui étaient présents au festival de Montréal doivent encore posséder le souvenir de cette musique, car elle n’est pas de celle qui s’oublie.

The Thousand Petalled Lotus


Calling To The Luminous Beings


Morning In Soweto


Pharoah Sanders, Hamid Drake, Adam Rudolph – Spirits (2000 - Live Album)

01. Sunrise
02. Morning In Soweto
03. Thousand Petalled Lotus
04. I And Thou
05. Uma Lake
06. Ancient Peoples
07. Calling To The Luminous Beings
08. Roundhouse
09. Molimo
10. Sunset

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 25 juil. 2022 03:35

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Kahil El'Zabar's Ritual Trio Featuring Pharoah Sanders – Ooh Live! (2008)

Seconde rencontre enregistrée entre le trio de Kahil El’Zabar et Pharoah Sanders, c’est en concert et la rencontre s’est déroulée en octobre deux mille à Chicago, à la « Hot House » qui n’existe plus désormais. Le Ritual est au complet, Kahil, Malachi Favors que l’on entend à son meilleur ici et Ari Brown qui ne cesse de surprendre tant il se démultiplie avec talent et bonheur.

Le premier des quatre titres se joue avec le trio au complet, mais sans invité, « Autumn Leaves », ces « Feuilles Mortes » de Kosma qui traversent les océans et le monde, trouvent ici une sublime interprétation avec Ari Brown au piano qui dévoile l’étendue de ses talents, lui qui est connu d’abord pour son jeu au saxophone est brillantissime au clavier, sans doute est-ce la durée, avoir le temps de prendre son temps, de s’étendre et de s’étaler, ce qui est sûr c’est que cette version de près de dix-neuf minutes est vraiment magnifique ! L'album commence très fort !

Sur la seconde pièce l’invité de marque, Pharoah Sanders au sax ténor, intervient sur une belle pièce de Kahil El’Zabar, « In The Lanf Of Ooh ! », et là c’est plus particulièrement Malachi Favors à la basse qui le pousse dans ses retranchements, et voici le vieux Pharoah qui est bousculé dans les cordes, poussé à joué free pour notre plus grand plaisir, le pièce est fantastique, nourrie d’une énergie débordante et féroce, chacun prend sa place dans cette montée en tension qui tient sur le premier quart d’heure de la pièce, et Pharoah s’y montre tout simplement exceptionnel !

Ensuite Ari Brown prend un solo au piano, poussé par le bouillonnant contrebassiste qui ne lâche pas un pouce de terrain, la pièce se charge encore en électron tandis qu’Ari Brown se prend pour Cecil Taylor et que Kahil, à l’arrière frappe les cymbales comme le faisait Sunny Murray autrefois, avant que Pharoah ne revienne pour conclure brièvement la pièce. Vingt-cinq minutes sont passées et ça brûle dans la Hot House !

La troisième pièce est un traditionnel « This Little Light Of Mine » jouée en trio, on entend le thème de « Sometimes I Feel Like a Motherless Child » en introduction, c’est très beau, un chouette quart d’heure qui passe, mais où est Pharoah ?

Il revient sur la dernière pièce, « Ka’s Blues » signée par Kahil comme le suggère le titre, un boogie endiablé que Pharoah anime du sax et de la voix, le titre évolue sur une grille populaire, Pharoah s’y accroche et balance le boogie : « I’ve Got The Blue ! » chante-t-il en hélant le public, ainsi se termine ce chouette concert où on aurait aimé se glisser, attention cependant la dernière pièce ne dure pas sept minutes comme indiqué sur la pochette, mais dix-sept minutes, le temps de bien faire chauffer l’ambiance avant de se préparer pour la sortie…

L’usage est de sacrer « Africa N'da Blues » comme le représentant le plus notable de la rencontre Pharoah/Kahil, pour ma part, mais ce n’est qu’une lubie personnelle, je place celui-ci au-dessus, particulièrement pour l’ambiance chaleureuse et la gestion du temps lors de ce concert, même s’il est vrai que j’aurais aimé que Pharoah joue un peu plus, tout de même...

Autumn Leaves


In the Land of Ooh!


This Little Light of Mine


Ka's Blues
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 25 juil. 2022 13:05

Après avoir enregistré "With A Heartbeat" en co-lead avec Graham Haynes, album sorti en 2003, Pharoah fait une autre rencontre discographique en tant qu'invité de luxe:
Douglas a écrit :
mar. 27 avr. 2021 14:51
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David Murray & The Gwo-Ka Masters Featuring Pharoah Sanders - Gwotet (2004)

On connaît David Murray et sa discographie longue comme le bras, avec des hauts et avec des bas, des changements de styles entre free et post bop, des ouvertures à l’Afrique et aux autres musiques, électro et hip hop en tête. C’est un homme de rencontres aussi, on pourrait même dire « essentiellement » tant il s’embarque vite quand le partage se propose. Il s’est même rapproché de l’Afrique et des Antilles en plantant ses racines à Menilmontant, où il s’est installé.

« The Gwo-Ka Masters » c’est le guitariste et chanteur Christian Laviso et le percussionniste guadeloupéen Klod Kiavue, ce dernier est également fin connaisseur de son île, de ses secrets, de son histoire et des musiciens qui perpétuent les véritables traditions.

Ami, si ton oreille est branchée côté Caraïbes, ce qui va suivre te parlera de suite, il va falloir se lever et danser, te souvenir des « neg’ marrons », des griots et des histoires qu’on raconte autour du feu… Les cuivres chauds et brûlants rutilent aux rythmes des percus, du tambour ka, et de la batterie… d’Hamid Drake !

Autre invité de prestige, histoire de réveiller le passé, Pharoah Sanders est là sur trois titres, « Gwotet », « Ouagadougou » et « Ovwa », il est tout simplement fantastique et je me dis qu’il a dû s’en raconter entre David Murray et son illustre aîné. Pour dire vrai et appréhender la puissance réel de cet album il faut prendre en compte près d’une quinzaine de musiciens qui ont partagé ce brûlot musical,y compris une grosse section de cuivres et une autre de anches bien sûr.

David Murray & The Gwo-Ka Masters Featuring Pharoah Sanders - Gwotet (Radio Edit)


David Murray & The Gwo-Ka Masters -- O'leonso


Ovwa (feat. Pharoah Sanders)


Ouagadougou (feat. Pharoah Sanders)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 25 juil. 2022 16:41

Une sortie de 2014, nous approchons de la fin de ce périple...
Douglas a écrit :
jeu. 26 août 2021 03:35
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Chicago/São Paulo Underground Feat. Pharoah Sanders – Primative Jupiter

Voici donc un album relatant la rencontre entre Rob Mazurek et Pharoah Sanders, elle s’est déroulée le onze août 2013 au « Jazz em Agosto Festival » à Lisbonne. C’est donc l’excellent label portugais « Clean Feed » qui a fait paraître ces enregistrements. A ce stade il faut être un petit peu précautionneux car il existe deux versions de cet album sous deux noms différents. Celui-ci correspond à la version vinyle, ton vert, elle se nomme « Primative Jupiter ». Elle est constituée de quatre titres, deux par face.

L’autre version est en Cd, couverture sur ton gris, elle possède également son intérêt car le support est plus musclé côté musique, autour de soixante-quatorze minutes contre seulement trente-six pour le vinyle. Pour autant pour avoir l’intégralité du concert il vous faudra les deux, deux titres du vinyle sont en effet absents du Cd. Pour ma part je me suis procuré les deux dès la sortie.

Rob Mazurek a réuni une partie du Chicago Underground et une autre du Sao Paulo Underground. Lui-même joue du cornet, de la flûte, de l’électronique et de la voix, en provenance de Chicago, Chad Taylor est à la batterie et au mbira, le fameux piano à pouces. De Sao Paulo, Guilherme Granado est aux synthés, samples, aux percussions et à la voix, Mauricio Takara à l’électro, percus et joue du cavaquinho, une petite guitare d’origine portugaise. Matthew Lux est à la basse électrique.

On connaît déjà Rob Mazurek ici et son goût pour l’électro sous toutes ses formes, c’est donc une influence majeure de cet album, l’autre vent puissant ce sera l’invité de prestige qui en sera l’auteur, Pharoah Sanders et son saxophone ténor qui apportera son feeling jazz si reconnaissable.

La réunion est réussie bien que Pharoah ne réussisse pas à lui seul à équilibrer l’électro-jazz qui s’étale en vaste nappes sonores, mais il se donne à fond et c’est plaisir que d’entendre ce mélange inédit et audacieux, on sent la joie et la fête, ce qui est déjà beaucoup !

Spiral Mercury


Asasumamehn
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 26 juil. 2022 02:44

Le plus récent des enregistrements de Pharoah, une divine surprise qui enchanta le monde du jazz et des musiques du troisième type...
Douglas a écrit :
mer. 7 avr. 2021 16:27
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Floating Points, Pharoah Sanders & The London Symphony Orchestra ‎– Promises (2020)

Floating Points, en fait, c’est un homme, Sam Shepherd, musicien électronique britannique, entre autres activités, c’est lui l’initiateur de ce projet. Son trait de génie ici porte un nom : Pharoah Sanders, la légende en marche, encore debout… et en fauteuil aussi.

Avec ses vieux restes qui tiennent toujours et l’extraordinaire maturité musicale dont il fait preuve, il porte sur ses épaules une bonne partie de l’album et l’élève tout là-haut. Certes, ce n’est plus l’éclat flamboyant de la jeunesse, l’engagement physique total qui se terminait autrefois dans le cri, devenu le prolongement naturel de son expression, dans l’éclat de sa vérité et la pureté de sa sincérité.

Le vieux Pharoah puise dans ses ressources pour transmettre désormais la paix et la quiétude, la sagesse et l’harmonie, c’est une belle âme qui se livre, pleine de spiritualité. Pour cela il faut remercier Sam Sheperd car il a permis que cela arrive.

Le « London Symphony Orchestra » est aussi de la fête, mais grâce à un collage sonore : il n’est pas raconté que Pharoah ait rencontré les cordes. Il y a neuf mouvements qui se succèdent et l’orchestre symphonique intervient à partir du sixième, la force puissante des cordes réunies soulève aussi et c’est beau, à beaucoup on peut faire beaucoup.

Et puis il y a Sam également, il a trouvé un agencement avec sept notes qui filent tout au long de l’album, une répétition entêtante qui ne s’arrête pas, pour former un thème qui apaise, mais qui, au fil des minutes et des écoutes peut risquer la monotonie. Il joue également du piano, du clavecin et du celesta, c’est lui l’organisateur, le démiurge. Il décide du climat musical, privilégie l’ambiant, la musique qui plane.

Il y a ce côté futuriste qui se frotte au classicisme et à la réalité organique. L’électro, le grand orchestre symphonique et le saxophoniste, Sam Shepherd, le London Symphonique Orchestra et Pharoah Sanders. Une trinité improbable qui se rencontre ou se croise, dès la conception il y a un aspect « préfabriqué », avec des assemblages dont seul Sam possède la clef.

Un grand merci à lui pour avoir pensé au grand souffleur et s’être occupé de lui, en retour, ce dernier lui a fait également la plus belle des offrandes.

Floating Points, Pharoah Sanders & The London Symphony Orchestra - 'Promises' Full Album
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 26 juil. 2022 02:52

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Pharoah Sanders – Juan Les Pin Jazz Festival, 68 (2018)

Celui-ci doit être un album pirate, comme il y en a souvent sur le label « Hi Hat » (à ne pas confondre avec le très sérieux « Hat Hut »). L’album se présente comme un gros paquet de trente-huit minutes en une seule pièce. On reconnaît à la fin la voix d’André Francis effectuant des annonces et présentant les musiciens, ce pourrait donc être, à l’origine, une captation de Radio France, mais ce n’est qu’une hypothèse car sur l’album on parle plutôt de la station de radio française WDR3, peut-être affiliée de Radio France...

Nous sommes en juillet mille neuf cent soixante-huit, année révolutionnaire, certainement un terrain favorable à la musique de Pharoah Sanders et au free jazz en général, très prisé des étudiants en cette période de contestation et de bouleversements.

Les titres se présentent sous la forme d’un Medley, donc, avec une succession de titres qui sont enchevêtrés et se succèdent les uns à la suite des autres, comme un long chapelet d’une seule pièce. Voici le nom des pièces, « Improvisation », « Venus », « The Creator Has A Master Plan », Stage Announcements » et « Applause ».

Pharoah est signalé au ténor et aux percussions, Lonnie Liston Smith au piano, Norman « Sirone » Jones à la basse et Majeed Shabazz à la batterie. Le concert a donc été donné entre « Thembi » et « Izipho Zam (My Gifts) », un an après le décès de John Coltrane. Malgré son statut d’album non officiel, cet enregistrement a cependant de l’intérêt car il nous présente Pharoah à une période un peu vide de sa discographie.

Bien entendu on reconnaît « Venus » et « The Creator » mais surtout on trouve un Pharoah, sinon dans le tourment, du moins dans la bourrasque, entier dans son engagement physique quand il joue, ne lésinant pas sur l’effort et se donnant avec une belle générosité dans la fureur et le cri, sans pour autant que ce soit difficile à écouter, car tout vient au bon moment, là où il choisit de prolonger l’effort plutôt que de se taire, car là où il va, peu s’y risquait, alors.

Du coup ce long ruban musical ne manque pas d’intérêt, le quartet est très opérationnel, tous sont très bons, on peut entendre chacun, même s’il y a un léger souffle qui reste audible. Pharoah est très lyrique, la musique à venir est déjà largement en germe et pour tout dire, cet enregistrement est une véritable aubaine, à ne pas négliger si vous tombez dessus.

Improvisation (Live: Juan Les Pin Jazz Festival 1968)


The Creator Has a Master Plan (Live: Juan Les Pin Jazz Festival 1968)


Colors (Live 1968)


Venus (Live 1968)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 27 juil. 2022 03:35

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Maleem Mahmoud Ghania with Pharoah Sanders – The Trance Of Seven Colors (1994)

Celui-ci il vient d’arriver dans sa livrée vinyle, une réédition donc, sortie en 2019. Cet album est le témoignage d’une véritable rencontre et même celui d’un échange. Il possède un peu la saveur du « Live At The Panafrican Festival » enregistré à Alger pendant le festival de 1969, en face de la mosquée Ketchaoua, pour ce qui est de la ferveur et de l’authenticité, mais avec un son moins brut de décoffrage, moins de moiteur, et donc moins de folie.

Mais nous sommes au Maroc, dans la maison du Caïd Khoubane de la Médina d'Essaouira, au début du mois de juin quatre-vingt-quatorze. « The Trance Of Seven Colours » est un album de musique Gnawa du Maroc, enregistré par Maleem Mahmoud Ghania et les membres de sa famille. C’est une musique de transe qui s’adresse au corps et lui permet d’accéder à un état second, dans le but de guérir ou de purifier, mais, plus sûrement, de repartir plus léger.

Cette cérémonie est ritualisée souvent le temps d’une nuit complète, le temps de franchir les sept étapes, chacune correspondant à une couleur, à un rythme, une mélodie, un encens et à un comportement. Ainsi sont convoqués la vue, l’ouïe, l’odorat, le son et la danse.

L’instrument de base est le « Le Guimbri de Ghania » qui est fabriqué par les membres de la famille est une sorte de basse recouverte de peau de chameau, les cordes sont faites d’intestin de chèvre, elles sont pincées, mais on peut également l’utiliser comme un tambourin. Hélas il n’existe pas de photo correspondante sur la pochette du double album.

Pharoah Sanders est donc l’invité de cette cérémonie et c’est tout naturellement avec ce statut qu’il intervient, de mon point de vue avec un grand bon sens et beaucoup de respect. Il se greffe au cérémonial, sans le détourner, ni le dénaturer. A ce niveau tout est question de regard et de compréhension, on comprend bien vite que tout se passera comme il convient.

C’est Bill Laswell qui s’occupe de la captation du son sur place et de l’enregistrement. Il faut l’en féliciter car il a su conserver le naturel et l’authenticité, ce qui donne un crédit de premier ordre à la qualité de la rencontre.

Cet album s’adresse donc aux amateurs de Pharoah qui le découvriront très à la hauteur dans ses interventions, mais aussi aux amateurs de musiques authentiques, avec ici une cérémonie de guérison qui ne peut que faire du bien, de mon côté je me sens déjà beaucoup mieux depuis que je l’écoute…

Maleem Mahmoud Ghania-The Trance Of Seven Colors [Full Album]

(1) La Allah Dayim Moulenah 00:00 (11:09)
(2) Bala Moussaka 11:10 (3:55)
(3) Hamdouchi 15:06 (9:05)
(4) Peace In Essaouira (For Sonny Sharrock) 24:12 (7:22)
(5) Boulandi Samawi 31:35 (13:54)
(6) Moussa Berkiyo / Koubaliy Beriah La’ Foh 46:00 (4:34)
(7) Salat Anbi 50:35 (8:18)
(8) Casa Casa Atougra 58:54 (5:04)
(9) Mahraba 1:03:59 (7:47)

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 27 juil. 2022 09:57

Voilà, le parcours de Pharoah s'arrêtera pour l'instant ici.

Après un départ dans l'ombre tutélaire de John Coltrane, ou le jeu de Pharoah au son énorme et généreux, épousera l'épopée coltranienne jusque dans son dernier souffle. Ce n'est pas la partie la plus facile de l’œuvre de Coltrane mais c'est certainement la plus trippante!

Pharoah balancera ensuite entre deux styles, la musique extatique dans le sillon d'Alice Coltrane, ou bien une musique plus festive, imprégnée d'influences des musiques africaines ou caribéennes.

La période Impulse reste indépassable pour la plus grande partie des albums que Pharoah y a enregistré, c'est là que l'on trouve les chefs-d’œuvre incontournables mais aussi des albums pétris d'excellence.

La suite est plus diverse et atteint un peu tous les degrés dans la qualité, le petit tour de piste que j'ai effectué dans sa discographie pourra peut-être aider à choisir quels albums se procurer ou écouter, les extraits youtube associés sont sans doute les meilleurs guides pour se faire sa propre idée.

Il y a des albums importants oubliés, par exemple "Symphony For Improvisers " de Don Cherry ou encore "The Jazz Composer's Orchestra " de 68 où Pharoah est phénoménal le temps de quelques minutes, je vais essayer de trouver le temps pour vous en parler, d'autant que pour l'album de la JCOA, j'ai un truc déjà prêt.

Je tourne la page vers un groupe important, même si son influence fut plus londonienne que continentale. Il s'agit du groupes Blue Notes dont les albums sont remarquables, bien que peu nombreux.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 28 juil. 2022 03:51

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Blue Notes Legacy – Live In South Afrika (1964)

Blue Notes est une formation de Jazz Sud-Africaine créée au Cap en 1962. La formation comprenait alors Chris McGregor au piano, Dudu Pukwana au saxophone alto, Mongezi Feza à la trompette, Nikele Moyake au saxophone ténor, Johnny Dyani à la basse et Louis Moholo-Moholo à la batterie. On connaît l’importance de ces musiciens dans l’histoire du jazz et de l’influence importante qu’ils ont eue, particulièrement en cette période où les orchestres multiraciaux étaient interdits, en Afrique du Sud.

Voici en quatre étapes discographiques la petite histoire de ce groupe au travers des enregistrements réalisés alors, entre 64 et 87. Je documente à partir du coffret Cd « Blue Notes – The Ogun Collection » et des nombreux ajouts qu’il contient, multipliant souvent par deux la documentation sonore autour de ces quatre albums.

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Le premier d’entre eux est un enregistrement live à Durban, en Afrique du Sud, en 1964, qui a été pour la première fois édité sous la forme d’un Cd en mille neuf cent quatre-vingt-quinze seulement, retrouvé dans les archives de Chris McGregor et confié au label Ogun. Ce concert se déroula lors d’une sorte de tournée d’adieu, peu avant que les musiciens ne s’envolent pour la France afin de participer au Festival de Juan Les Pins, prélude à un exil total et à une installation en Angleterre.

La musique du sextet n’indique pas encore les bouleversements qui vont suivre, elle semble assez sage, mais on sent parfois, sur « Two For Sandi » par exemple comme un souffle chaud qui brûle et emporte la musique. C’est sans doute la raison pour laquelle les organisateurs du festival de Juan ont décidé d’inviter la formation à participer au célèbre festival. On peut également penser que cet orchestre « métissé » méritait appui et soutien, d’autant que les musiciens de jazz d’Afrique du Sud étaient encore méconnus.

Hormis pour le standard « I Cover The Waterfront » les titres joués sont tous signés par les musiciens de la formation, deux titres sont de McGregor et quatre de Dudu Pukwana. Le sextet est au niveau question technique et harmonique, la musique est vraiment agréable et dans l’air du temps, sans être d’avant-garde elle se structure autour d’un post-bop, courant alors.

La rythmique est souvent sage et même plutôt basique, mais vraiment en place, le soutien est là, quelques saillies des solistes peuvent parfois évoquer le New York Contemporary Five, par quelques rares fulgurances de Dudu Pukwana, mais globalement on se tient sage. Difficile d’imaginer l’influence que ces gars-là auront sur toute la musique britannique, très bientôt.

La qualité sonore du document a profité du savoir-faire d’Ogun et est assez satisfaisante, même si, évidemment, elle n’atteint aucun sommet, mais c’est très écoutable et chaque instrument reste identifiable.

Un album dont l’intérêt historique est évident.

The Blue Notes - B My Dear


The Blue Notes (South Africa) France 1964 (live video) (ne fait pas partie de l'album)


(de la gauche vers la droite) Chris MacGregor piano, Dudu Pukwana alto, Nikele Moyake tenor, Mongezi Feza trompette, à l'arrière Johnny Dyani basse et Louis Moholo batterie

Louis Moholo & Chris Mc Gregor & The Blue Notes in Europe


Clip of Blue Notes at Antibes 1964
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 29 juil. 2022 03:05

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Blue Notes ‎– Blue Notes For Mongezi (1976) – FJMt°

Basé à Londres le groupe ne peut économiquement pas tenir et se disperse. Johnny Dyani rejoint Don Cherry, puis Steve Lacy accompagné par Moholo-Moholo. Les autres, au fil du temps, ont fondé le Brotherhood Of Breath de Chris McGregor qui va déferler sur l’Europe. Mais ce qui va sonner les retrouvailles c’est le brusque décès, à l’âge de trente ans, du trompettiste Mongezi Feza, suite à une pneumonie, en décembre mille neuf cent soixante-quinze.

Neuf jours plus tard Mongezi est inhumé, au sortir de la cérémonie, Dudu Pukwana, Chris McGregor, Louis Moholo et Johnny Dyani se réunissent dans une salle de répétition de Londres et jouent. C’est leur prière à eux, leur communion, une façon de faire face, de libérer les émotions et la peine, juste jouer, sans délibérer ni même parler ou convenir de quoi que ce soit, la musique telle qu’elle vient, qu’elle se fabrique et naît, chargée du souvenir de Mongezi Feza, trompettiste émigré, venu se réfugier à Londres et y mourir.

La musique qui va naître là va prendre plusieurs formes enregistrées, tout d’abord sous la forme d’un double LP sorti en soixante-seize. Quatre mouvements occupent chacun une face de l’album et libèrent quatre-vingt-cinq minutes de musique enregistrée. C’est la version originale.

En deux mille huit, à la faveur de la sortie du coffret « The Ogun Collection », c’est l’intégralité de la musique enregistrée qui est publiée, c’est-à-dire deux heures trente-six de musique au total, une montagne ! Les Cds sont désormais disponibles séparément, sans le coffret, il est à noter que les deux pistes de chaque coffret se confondent en une seule et que son audition demande une assez longue disponibilité, pour que l’expérience soit totale et immersive. Le vinyle fait également l’actualité à la faveur d’une réédition.

Que dire de cette musique ? Elle est évidemment terrible, forgée par les circonstances tragiques, et il y a des moments où l’on pleure, mais elle est également de renaissance, l’esprit survit dans la musique de chacun et dans l’unité de l’ensemble, elle est aussi de racines, qui plongent dans la terre d’Afrique, et de lumière pour ceux qui sont là-haut et surtout pour celui que l’on célèbre et que l’on aime, pour qui l’on prie.

La musique naît librement et s’exprime comme une catharsis, une façon de franchir le passage, les chants sont puissants quand ils s’expriment, funèbres et pourtant forts de la vie qui les porte, entre le cœur qui bat encore et la mort qui arrive, sur la crête qui sépare vie et mort. Là où se place la musique, pour que la vie gagne et triomphe.

La musique est bouillonnante, tribale, elle va chercher dans les racines et remonte des enfers, elle est free mais aussi africaine et jazz, percussions, tambours et clochettes, chants, cris et invocations, saxophone en improvisation totale, sifflets stridents et Johnny Dyani qui chante, et chante encore, longuement, pour que, lorsque la nuit arrive les esprits soient apaisés, enfin.

Inutile de préciser que ces albums sont absolument hors-normes, puissants, tant par les circonstances qui ont présidé à leur création que pour l’intensité extraordinaire de la musique qui s’exprime, libérant une grande variété de climats et de sentiments, d’une très grande intensité, jamais encore rencontrée. De ces trucs qui vous marquent.

C’est aussi une musique de l’exil, de l’arrachement à son pays, à sa culture, à sa famille, alors que le plus jeune n’avait pas vingt ans, mais c’est aussi une musique qui traverse les frontières et germe dans la lointaine Europe, une identité qui voyage et s’implante.

Cette très longue durée, alors nécessaire, de la musique qui s’exprime, peut constituer un obstacle pour l’auditeur, il faut de la disponibilité, un certain engagement, une volonté affirmée pour atteindre la concentration suffisante, cette musique n’est pas pour tout le monde. Pourtant elle n’a jamais été enregistrée autrement qu’en live, ici sur magnéto à bande avec un son très correct, malheureusement elle n’a jamais eu l’honneur du studio, il faudra encore attendre d’autres tristes circonstances, pour que cela arrive enfin.

Pour ceux qui franchissent les obstacles, dont le premier est de trouver les albums, l’invitation qui nous est donnée à assister à cette veillée funéraire africaine, est plus qu’une réelle chance, un magnifique partage.

Blue Notes - Blue Notes For Mongezi (Full Album)


Blue Notes For Mongezi (Uncut Ogun Collection Version)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 30 juil. 2022 02:18

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A nouveau un enregistrement en live, que voici dans son intégralité lors de sa publication dans la « Ogun Collection ». Il s’est déroulé en public au « 100 Club », situé au 100 Oxford Street de Londres. La petite histoire raconte qu’ils sont passés peu de temps après les Sex Pistols, mais c’est juste pour le fun. Il a été enregistré par Ron Barron le seize avril 1977. Un premier album riche en extrait était paru sur vinyle en mille neuf cent soixante-dix-huit.

On retrouve les musiciens restants des Blue Notes. Nick Moyake le saxophoniste ténor quitta assez vite Londres et retourna chez lui, et le trompettiste Mongezi Feza décéda en soixante-quinze à l’âge de trente ans. Il reste donc Dudu Pukwana aux saxophones alto et soprano, Chris McGregor au piano, Johnny Dyani à la contrebasse et Louis Moholo à la batterie et aux percussions. L’enregistrement tient sur un Cd qui dure environ soixante-quinze minutes.

Les enregistrements des Blue Notes sont rares et donc précieux, celui-ci est vraiment magnifique et bénéficie d’une belle qualité technique. Chacun des membres du quatuor joue avec un grand cœur et une grande précision, Dudu Pukwana peut faire figure de « vedette » car il bénéficie du rôle de soliste et chacun de ses solos est propice à libérer des applaudissements et des marques d’enthousiasme, mais tous sont incroyables, que ce soit Chris Mcgregor qui assure fréquemment une pulsion rythmique très régulière au piano, bien épaulé par le bassiste-chanteur Johnny Mbizo Dyani devenu au fil des années une personnalité musicale importante de la scène anglaise, ou bien encore Louis Moholo batteur-percussionniste en chef remarquable en tout.

La musique jouée ici plonge ses racines dans la musique Sud-Africaine, on y joue des titres traditionnels ou tribaux, issus de la mémoire collective dans la tradition « Kwela ». Ce mélange avec de la musique issue du jazz, et même du free, crée une sorte de « choc des cultures », bien que cette rencontre soit belle et enrichissante, et n’a rien d’une confrontation stérile. Dans ce contexte le savoir-faire des musiciens est tout simplement extraordinaire, ils sont les seuls dépositaires au monde de ce mélange alors étrange et inédit.

C’est dire la rareté de cette musique, elle en devient même émouvante et l’écouter est un privilège. Souvent elle chante la vie et ses airs sont optimistes et souriants. Cependant une partie du répertoire échappe à la tradition, ce sont les musiciens qui ont composé les thèmes, Dudu Pukwana ou Chris McGregor. Il y a également deux compos de Gary Windo et Nick Evans, des membres du « Chris McGregor's Brotherhood Of Breath ».

Cet album devrait également bénéficier du train des rééditions qui sortiront sur le label Cafe Oto Otoroku. Ah oui ! Malgré le titre de l'album, il n'y aura jamais de volume deux...

Blue Notes – Blue Notes In Concert

1.Iizwi / Msenge Mabelelo 12:35
2.Nqamakwe 05:44
3.Manje / Funky Boots 13:45
4.We Nduna 10:38
5.Kudala (Long Ago) 10:37
6.Mama Ndoluse / Abalimanga 05:48 (1977)

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 31 juil. 2022 03:16

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Blue Notes – Blue Notes For Johnny (1987)

L’intitulé du titre est signe de mauvais présage, il nous rappelle à un passé proche. Ça s’est passé en Allemagne, à la fin d’une tournée, Johnny Mbizo Dyani est décédé brusquement en 1986, après une représentation à Berlin-Ouest, un vingt-quatre octobre.

Voici ce que déclarait Louis Moholo pour expliquer la décision de partir, de s’exiler : « Nous étions des rebelles et nous essayions de fuir cette histoire d'apartheid. Nous nous sommes rebellés contre le régime d'apartheid, disant que les blancs et les noirs ne pouvaient pas jouer ensemble. Nous nous sommes levés. »

Le prix de l’exil et de sa cause, l’apartheid, est élevé, et même exorbitant. Moyake est décédé en 1969 à l'âge de trente-cinq ans. Feza est décédé en 1975 à l'âge de trente ans. Dyani est décédé en 1986 à l'âge de quarante ans. Pukwana et McGregor sont tous deux décédés en 1990, Pukwana était âgé de cinquante et un ans et McGregor de cinquante-trois ans ! Point de centenaire, de nonagénaire, d’octogénaire, de septuagénaire, ni de sexagénaire à l’horizon ! Seul Louis Moholo-Moholo est encore en vie, pour raconter tout ça.

Une petite anecdote concernant le vénérable batteur, car cela vous a peut-être intrigué, Louis Tebogo Moholo est devenu Louis Moholo-Moholo, l’explication de ce changement de nom tient à ce qu’il est devenu chef de sa tribu au décès de sa grand-mère….

Pour en revenir à cet album, il ne contient pas l’urgence qui se tenait sur « Blue Notes For Mongezi », enregistré dans une salle de répétition avec un magnéto qui tourne et deux micros qui captent. Ici le temps a tenu sa place et l’enregistrement s’est déroulé dix mois après le décès du bassiste-chanteur, les trois survivants des Blue Notes se sont donc rencontrés dans un studio professionnel pour la première fois dans l’existence de la formation.

Les cicatrices se sont un peu refermées, les plaies de la séparation également, le temps qui passe sait faire ces choses-là. Chris McGregor est toujours à son piano et Dudu Pukwana à ses saxos, alto et soprano, quant à Louis il est assis derrière sa batterie et ses percussions. La version Cd s’est également enrichie en titres, neuf au lieu de six, car on y trouve trois versions alternatives.

L’heure n’est plus à l’improvisation totale, au fil de l’eau, les titres existent déjà, ils seront porteurs de l’improvisation du moment, telle qu’elle naît à l’heure du souvenir, quand les images se recréent, se forment, se déforment et puis s’en vont, remplacées par une nouvelle forme… Ainsi l’émotion est vive, à fleur de peau.

La composition de Johnny Dyani le superbe « Funk Dem Dudu » est présent par trois fois, en ouverture de l’album, puis deux autres versions alternatives sont placées en fin d’album. On retrouve également « Eyomsi » et le sautillant « Ithi Gqi », deux autres compos du contrebassiste défunt. Dudu Pukwana a écrit « To Erico » et « Blues For Nick », McGregor « Monks & Mbizo ». Il y a également des traditionnels Sud-Africains qu’ils aiment jouer, car ils sont leur identité, « Ntyilo Ntyilo » et « Nkosi Sikelete l’Afrika ».

Cette fois-ci le son est vraiment superbe, rendant justice au trio, la musique est pleine de force et de nostalgie, de couleurs nouvelles et inédites, emplies de l’histoire humaine et de sa souffrance, et de sa joie aussi. Elle se manifeste aussi dans la vie qui coule encore dans les veines du Chef Maholo-Maholo qui vécut suffisamment pour voir la fin de l’apartheid, les musiciens noirs et blancs jouant ensemble dans le même orchestre, ensemble !

Blue Notes - "Funk Dem Dudu - To Erico"


Blue Notes - Ithi Gqi
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 31 juil. 2022 06:35

Okay Temiz / Johnny Dyani – Witchdoctor's Son (1976)


Je remonte cet album de Johnny Dyani qui mérite qu'on s'y attarde...
Douglas a écrit :
sam. 23 mai 2020 08:10
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Voici un album dont l’original est paru en Turquie à mille exemplaires en 1976. Pas si facile à dénicher, mais heureusement il y a eu des rééditions ces derniers temps. L’album souffre d’une prise de son peu dynamique et peu précise, brouillonne, mais la rencontre est de qualité, principalement entre le batteur percussionniste Okay Temiz et le bassiste Sud-Africain Johnny Dyani qui chante également et joue du piano.

Chacun compose sa face, la première est occupée essentiellement par des compositions traditionnelles turques arrangées par Okay Temiz, il a également composé le titre d’ouverture. C’est un musicien très expérimenté qui a participé à l’éclosion du post-bop en Europe, il a également joué avec Don Cherry dont les conceptions musicales sont à l’œuvre ici.

Johnny Dyani est un musicien très estimé sur la scène musicale, lui aussi a joué aux côtés de Don Cherry à l’époque de l’extraordinaire « Orient » sorti au japon en 1973. D’ailleurs le trio de base était formé par Okay, Johnny et Don, d’une certaine façon cette trinité fonctionne encore sur cet album ou le titre de Don « Elhamdülillah Marimba » est repris par le duo, un des sommets ici.

Deux autres musiciens turcs participent à l’album, Saffet Gündeger joue de la clarinette et du violon, Odüz Durukan de la basse électrique, et, pour finir les présentations, un homme venu du froid, le suédois Gunnar Bergsten au saxophone.

Les deux faces sont d’inspiration très différente, la première, turque consiste essentiellement en une relecture extrêmement modernisée, à l’énergie presque rock, de traditionnels, elle est épatante et sent bon les parfums du Moyen-Orient. La seconde est plus africaine, plus funk et rythmée, elle suscite la danse et respire la sueur, elle s’ouvre au balancement des corps autour d’un feu imaginaire. Regrettons à nouveau ce low-fi, même s’il se fait oublier au fil de l’écoute

Okay Temiz / Johnny Dyani - Elhamdulillah Marimba


Okay Temiz & Johnny Dyani - Witchdoctor's Son - Black Sea Waves


Okay Temiz & Johnny Dyani - Witchdoctor's Son - Orient Trip


Okay Temiz & Johnny Dyani - Witchdoctor's Son - I'm Green Lamp
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par dark pink » dim. 31 juil. 2022 07:06

Après toute cette série passionnante sur Pharoah Sanders, la question est : Lui arrivait-il d'arrêter de jouer de la musique ? Non ? :hehe:
En tout cas, merci pour ce tour exhaustif ! :chapozzz: J'ai quelques disques de lui mais j'ignorais qu'il en avait enregistré autant !

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 31 juil. 2022 09:51

dark pink a écrit :
dim. 31 juil. 2022 07:06
Après toute cette série passionnante sur Pharoah Sanders, la question est : Lui arrivait-il d'arrêter de jouer de la musique ? Non ? :hehe:
En tout cas, merci pour ce tour exhaustif ! :chapozzz: J'ai quelques disques de lui mais j'ignorais qu'il en avait enregistré autant !
Merci de mettre un peu d'animation par ici !
:hello:

En matière de jazz les musiciens ont tendance à enregistrer beaucoup, toujours prêts à sortir un album pour pouvoir faire bouillir la marmite!
Du coup Pharoah ne fait pas partie des plus prolixes, il serait même assez sage de ce côté -là, il faut dire qu'il possède une notoriété assez large et qu'il vend plutôt bien !
Je suis passé à côté de pas mal d'albums de la disco officielle dont je n'ai fait que citer le nom ...

Pour l'heure je profite de ton passage pour remonter un album du "Chris McGregor’s Brotherhood of Breath" avec les membres des Blue Notes :
Douglas a écrit :
jeu. 28 mai 2020 03:19
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Voici « Procession » un album Live du « Chris McGregor’s Brotherhood of Breath » enregistré à la Halle aux Grains par le Centre Culturel de la ville de Toulouse le 10 mai 1977. Trois morceaux interprétés par une brochette impressionnante de musiciens. Il n’y a que des pointures, je vous lâche les noms : McGregor, Mike Osborne, Dudu Pukwana, Evan Parker, Bruce Grant, Harry Becket, Mark Charig, Radu Malfati, Johnny Dyani, Harry Miller et Louis Moholo. Vous mettrez les instruments en face des musiciens, la plupart sont très connus.

Le big band du Brotherhood of Breath aura tenu environ sept ans, période pendant laquelle quatre albums sont parus, mais ils se reformeront passagèrement et d’autres albums live sortiront si bien que la discographie dépasse aujourd’hui la dizaine d’albums.

La fine fleur du jazz anglais et du Commonwealth est représentée à l’intérieur de la formation. Tout a commencé avec un trio sud-africain, composé par le pianiste Chris McGregor, le saxophoniste Dudu Pukwana et le batteur Louis Moholo. A partir de cette ossature se sont greffées d’autres branches pour aboutir à un groupe où le plaisir de jouer et d’être ensemble est essentiel, l’ingrédient principal est la bonne humeur et la joie qui transpirent ici, même si l’enregistrement peine à retransmettre cette énergie particulière et la puissance à l’œuvre sur scène.

« Kwhalo » qui occupe à lui seul la seconde face constitue le cheval de bataille de cet album qui bouillonne et transpire de feu et de flammes, rougeoiements incandescents qui irradient force et liberté, jusqu’au cri. Heureux ceux qui étaient là ce 10 mai de 77 !

Chris McGregor's Brotherhood of Breath 1977 Toulouse Full Album
We will dance again...

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