J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 4 sept. 2021 03:52

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Conjure ‎– Music For The Texts Of Ishmael Reed

Un album sorti sur American Clavé que j’avais acheté à sa sortie pour Kip Hanrahan, bien qu’il apparaisse en petits caractères sur la pochette, c’est bien lui le « boss » ici. Il faut dire qu’il ne manque pas de grands noms sur cet album, c’en est même incroyable, une véritable pléiade, tellement même qu’il est difficile de tous les citer…

Mais avant un petit mot sur Ishmael Reed, c’est tout de même lui qui donne son titre à l’album : « Music For The Texts Of Ishmael Reed », c’est donc l’auteur des paroles ici, écrivain, poète, narrateur, spécialiste de la langue parlée par les « blacks » de là-bas, une sorte de griot américain, on regrette qu’il n’y ait pas de livret pour fixer tout ça.

Les compos sont signées par Taj Mahal, Allen Toussaint, David Murray, Steve Swallow, Carla Bley, Lester Bowie, Kip hanrahan et Carman Moore, pas de reprise ici et ils jouent tous sur l’album. Mais il y a également, Olu Dara, Jamaaladeen Tacuma, Billy Hart, Robert Jason, Milton Cardona, Elysee Pyronneau, Billy Hart, Ishmael Reed et d’autres encore… Produit par Kip Hanrahan, ça a été enregistré entre août et septembre 1983 et sorti l’année suivante, en décembre. La pochette est brillante et c’est le sixième album du label.

C’est tout de même fameux, évidemment on ne trouve pas la « couleur musicale » d’un album de Kip, quoiqu’on s’en rapproche par l’apport des percussions, mais ici c’est plus « black », soul, la voix grave et inimitable de Taj Mahal qui cartonne ici, les compos de Carla Bley et Steve Swallow, si soignées, « l’Oakland Blues » de Carman Moore, les intervention d’Olu Dara, si brillantes, on glisse dans les genres, jazz bien sûr mais populaires, vers la soul et la pop, carrément, et toutes ces percus qui donnent ce cachet si particulier.

La formation se nomme « Conjure », à l’occasion je pourrais vous parler de « Cab Calloway Stands In For The Moon » leur second et avant-dernier album.

Oakland Blues


Betty Ball's Blues


Fool-Ology (studio)


Jes' Grew


The Wardrobe Master Of Paradise
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 5 sept. 2021 04:06

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Retour vers Chico Freeman et « Peaceful Heart, Gentle Spirit », un album sorti en 1980, succédant à « Spirit Sensitive ». C’est un album du soleil, un peu insouciant, contemplatif, un album d’été au charme exotique et naturel, mais pas que... D’excellents musiciens, à grande réputation sont ici rassemblés en compagnie du multi-instrumentiste. James newton d’abord, aux flûtes, kenny Kirkland au piano, Jay Hoggard au vibraphone, John koenig au violoncelle, Buster Williams à la basse, Billy Hart à la batterie et Paulinho Da Costa et Efrain Toro aux percussions.

A l’énoncé des instruments présents on peut déjà imaginer la musique que nous allons entendre, prédominance des flûtes, présence du violoncelle et du vibraphone et surtout de deux percussionnistes qui ne sont pas manchots, ça va assurer côté rythmique et enchanter côté envolées colorées, d’autant que Chico joue des saxs mais également de la clarinette et de la clarinette basse sur l’hommage à Dolphy « Freedom Swing Song ».

Alors que la chanson titre ouvre l’album en regardant vers le Brésil et les Iles Caraïbes, le dernier titre de la face « Look Up » est un peu plus tendu, porté par la course de la basse de Buster Williams, Chico y répond d’une façon survitaminée, donnant un petit coup d’énergie à l’album. Mais ce n’est que passager.

« Nia’s Song Dance » retrouve une dominante plus tranquille, la danse oui, mais gentiment balancée, rythme doux et léger, un peu smooth, on repart vers les températures chaudes, la végétation luxuriante et les climats insouciants et légers. Le dernier titre « Morning Prayer » est plus recueilli, avec ce titre on s’en doute un peu, on ressent un sentiment de contemplation et même à certains moments comme une sorte de béatitude…

En conclusion un album assez varié qui balance entre insouciance et sérénité, deux ingrédients qui ne se côtoient pas si souvent de façon générale sur les albums, mais l’unité de style subsiste car on glisse d’une ambiance à l’autre sans ressentir de sentiment d’opposition.

chico freeman - peaceful heart, gentle spirit


Chico Freeman - Freedom Swing Song (Dedicated to Eric Dolphy)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 6 sept. 2021 02:03

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Konstrukt, Thurston Moore – Turkish Belly

Konstrukt est une formation d’origine turc, basée à Istambul, qui verse dans l’électro, la free-music et l’avant-garde, à ce titre elle invite régulièrement des joueurs d’horizons divers, et particulièrement de free, à jouer en sa compagnie lors de concert, ce qui donne souvent matière à des live intéressants que l’on retrouve ensuite sur disque. J’ai quelques témoignages dans les rayons, comme la rencontre avec Peter Brötzmann ou celle avec Joe McPhee.

Il y a quelques jours est sorti un album de ce type, mais pas de musicien free cette fois-ci, mais un habitué des musiques expérimentales et de traverse, qui est également, à sa façon, une légende de la Rock music, Thurston Moore, surtout connu comme guitariste de Sonic Youth mais qui possède sous son nom une discographie pléthorique.

Konstrukt c’est Korhan Futacı à l’alto, à la flûte, aux boucles et à la voix, Umut Çağlar aux synthés et à la guitare, Apostolos Sideris à la basse et Berkan Tilavel à la batterie. Thurston Moore joue de la guitare, comme il sait faire. Ici tout est entièrement improvisé, on lance, on démarre et on voit. Le concert s’est déroulé au SalonIKSV à Istanbul en février 2020.

L’atmosphère est à l’électricité, à la création d’ambiances, de climats, de paysages. Ainsi des sections musicales apparaissent en tant qu’unités qui deviendront, une fois titrées, des morceaux. Sur l’album tout est enchaîné et tout glisse, lisse, d’une page à l’autre, seule la fin de la face indique une coupure.

C’est intéressant et plutôt bien fait, quand on se plonge dans la musique et qu’on se laisse embarquer ça fonctionne assez bien, c’est parfois tendu, très rock, notamment la rythmique. On flirte avec l’indus à certains moments, c’est dire qu’il n’y a pas de compromission, mais évidemment la musique est évolutive et varie au fil de l’écoute, sans finalement n’être jamais ni agressive ni dérangeante.

Une musique qui sort un peu des ornières avec un excellent Thurston Moore qui participe, aux avant-postes, à la folie ambiante. Ah ! Oui, il y a un bon de téléchargement vers bandcamp à l’intérieur de la pochette du vinyle et c’est limité à cinq cents.

(P'têt pas, direct, au réveil...)

Konstrukt & Thurston Moore - Uğultular (Live) [Audio]


Konstrukt & Thurston Moore - Yapayalnız (Gezerler Sokaklarda) [Live] [Audio]


Konstrukt & Thurston Moore - Zor (Live) [Audio]


Sis (Live)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 6 sept. 2021 14:11

Une petite remontée avec une mise à jour des fichiers d'écoute:
Douglas a écrit :
ven. 12 mars 2021 07:20
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Avec « Salute To The Sun », le dernier album de Matthew Halsall paru au cours de l’année précédente, nous nous trouvons face à un album calibré pour plaire au plus grand nombre. Matthew est un trompettiste de Manchester qui s’est spécialisé, depuis deux mille huit, dans la « spiritual music », il s’inscrit donc dans le jazz modal, tendance recueillie, en empruntant à John Coltrane, Pharoah Sanders ou Alice Coltrane pour n’en citer que quelques-uns.

C’est du travail bien fait, sans risque, ni véritable génie mais à la hauteur, difficile de se montrer déçu car l’exécution est parfaite, sans faire preuve pour autant d’originalité ou de créativité. Mais tout est en place, savamment composé et ça fonctionne à fond dans un registre où tout est déjà connu, il faut dire qu'ici on coche toutes les bonnes cases. Un album qui a dû bien se vendre je pense, d’ailleurs il n’y a rien là d’immérité.

Outre Matthew Halsall qui joue de la trompette et a écrit toutes les compos on remarque la harpiste Maddie Herbert, le flûtiste et saxophoniste Matt Cliffe, le joueur de kalimba, le « piano à pouces » africain, Tom Harris, instrument dont joue également le pianiste Livin Georghe, qui ajoute également le son du marimba à l’orchestre.

On comprend bien que nous baignons dans une atmosphère très « world », exotique, avec des sons au charme très typique, qui interviennent toujours au bon moment, solos venus d’ailleurs, surgis d’une musique spirituelle, qui se pose sur le jeu de percussions de Jack McCarthy, compère de Alan Taylor à la batterie et du métronome Gavin Barras à la basse.

C’est donc un album plein de sérénité et d’ondes positives que nous a concocté Matthew Halsal, des sensations très atmosphériques, reposant sur un tapis rythmique légèrement rebondissant, à la fois soft et souple. Les jeunes musiciens qui l’entourent sont tout à fait excellents, pourvoyeurs de solos inspirés, très en phase avec la musique sacrée, Matthew est d’ailleurs souvent lui-même au rendez-vous dans l’expression de ses émotions, efficace sans être démonstratif, avec un son assez « neutre », peu explosif et une virtuosité sans esbroufe.

Il est à noter que le double album est accompagné d’un bon de téléchargement utile pour les amateurs de musique dématérialisée.

Salute to the Sun


Tropical Landscapes


Harmony with Nature


Joyful Spirits of the Universe
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 7 sept. 2021 02:03

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Contrepoint – Contrepoint

« Monster Melodies Records » est un label créé par les propriétaires du magasin de disque du même nom, situé à Paris au 9 rue de Déchargeurs dans le premier arrondissement. Ils tiennent la boutique depuis 1985 et ont créé le label en 2013. Une histoire qui rappelle un peu l’aventure « Vapeur Mauve » qui travaille dans un esprit voisin, à la recherche de trésors anciens, enfouis, cachés et parfois oubliés.

Les albums conçus par Monster mélodies sont vendus à un prix légèrement supérieur au prix moyen, mais ils sont beaux, contiennent des « goodies », ici une carte postale avec la photo du groupe « Contrepoint » ainsi qu’une affichette pour un concert au format A3. L’album présenté est limité à mille mais reste très facilement trouvable.

Il est issu d’un album gravé sur acétate en 1971, c’est-à-dire plutôt dans les débuts du groupe qui s’éteindra en 1976. On y entend une forte influence de Soft Machine d’une part et de musique free d’autre part. La plupart des maisons de disques à l’époque ne pensaient qu’au profit, Contrepoint, avec sa musique assez sophistiquée n’avait aucune chance, malgré le talent des musiciens.

Ils sont quatre, Jean-Pierre Carolfi au piano et à l’orgue Hammond, Robert Taylor au saxophone, Jean-Pierre Weiller à la basse et à la guitare et enfin Mike Freitag à la batterie. Tous les enregistrements ici sont « live », des extraits de concert dont une suite en quatre parties qui fut en partie enregistrée sur une compile, « Unfathomable Of The Seventh Time » dont les deux premiers mouvements sont sur la face A et les deux derniers de près de vingt minutes stationnent sur la face B après le court « Interlude Free 2 ».

Côté son, c’est sans surprise, sans finesse ni précision mais, néanmoins, présentable et écoutable, pour moi ça va, vu les circonstances l’album vaut vraiment le coup. Il y a toute une petite histoire à lire sur la page du label où l’on parle des relations de Jean-Pierre Weiller avec Hugh Hopper, Robert Wyatt et « Joy of Toy » de Kevin Ayers. On y parle même de Syd Barrett et des Beatles, si, si. C’est ici :

https://www.monstermelodies.fr/contrepoint

Par contre je n’ai pas trouvé d’extrait !
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 8 sept. 2021 04:08

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Sonny Simmons - At The Rive De Gier

Sur ce coup-là j’ai vraiment eu un coup de bol, acheté sur le net en surfant tranquilou, et tout à coup le voilou ! Le prix était petit, tout comme le tirage, soixante-dix exemplaires seulement, c’est écrit au dos de pochette, bon c’est un Cd, et même un CDR, la couleur bleutée en atteste.

Bon, d’un autre côté ils ne sont pas des mille et des cents à courir après un tel enregistrement, Sonny Simmons à l’alto seul, pendant trente-neuf minutes. Je me dis que ce coup de chance m’est échu suite à une recherche et que le hasard n’explique pas tout… Bon, bon, je plastronne un peu bêtement mais je connais la facette illusoire des objets et la vanité qu’il y a à s’approprier les biens de ce monde…

Reste la musique et ces moments passés à écouter le gars derrière son sax qui nous offre son chant. Ici c’est du live « At The Rive De Gier » au Rhino Jazz Festival, le 17 octobre 2001, dix mois après la fin du monde. Une seule pièce « Title » de la durée indiquée plus haut. Sonny Simmons est un habitué de l’exercice, il s’y est assez souvent frotté et celui-ci est son quatrième enregistrement du genre.

Évidemment, lors d’une telle performance, la peur c’est la panne. Panne d’idées, d’inspiration, de manque de continuité dans l’enchaînement des notes qui se suivent en chapelet. Avec Sonny et ce concert, bien qu’une telle appréhension surgisse dans mon esprit aux aguets, rien de tel ne se produit.

L’inspiration est là, source créative libérée par la technique du musicien, expert dans son instrument qui est devenu, au fil du temps, comme un prolongement de lui-même, branché directement à son esprit créatif. Les lignes sont fluides et s’enchaînent avec une facilité évidente, elles sont portées par l’âme et branchées au monde intérieur.

Le temps se distend et se transforme au gré de l’instrument, la « possession » subie et acceptée vous projette dans une dimension où les minutes filent à la vitesse des secondes, jusqu’au bout d’un voyage dont la fin se transforme en frustration, comme dans un rêve interrompu…

Puis les mots de Sonny qui nous dit au revoir... en français !
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 9 sept. 2021 04:41

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Voici « Mustang » de Curtis Amy, discogs signale sa sortie en 1966 mais il semble que ce soit une erreur, en effet il est millésimé 1967 sur verve Records. Curtis est un vieux de la vieille puisqu’il est né en 1927, pourtant son jeu est bien ancré dans son temps et on perçoit dans ses solos les influences de John Coltrane, c’est incontestable. De plus jeunes que lui n’iront pas aussi loin dans la modernité et le modal.

Il joue du sax ténor et du soprano, accompagné par Jimmy Owens à la trompette et au bugle, Leroy Cooper, au sax baryton, Kenny Barron au piano, Carl Lynch à la guitare, Edgar Willis à la basse, Bruno Carr à la batterie et Eva Harris au chant sur « Please Send me Someone to Love ».

Entre septet et octet il y a du monde, ça sonne parfois un peu à l’ancienne comme sur « Enolo » mais aussi très moderne sur le morceau principal de la face une, « Shaker Heights » de près de douze minutes, un régal, bien emmené après le court et puissant « Mustang » qui ouvre l’album… et également la seconde face avec une version plus charnue !

« Please Send me Someone to Love » est un blues de Percy Mayfield composé en 1950 pendant la guerre de Corée :

« Heaven please send
To all Mankind
Understanding and
Piece of Mind »

La dernière pièce est également une reprise, un standard, « Old Devil Moon » tant de fois interprétée par Sonny Rollins et Chet Baker, une très belle version ici qui met en valeur le batteur Bruno Carr.

Un chouette album qui se laisse écouter avec grand plaisir, il n’existe qu’en LP original apparemment, sur le mien, au verso figure écrit au crayon à papier « 1966 » par l’ancien propriétaire je suppose, de quoi ajouter un peu de trouble sur l’énigme de départ, d’autant qu’aucune date ne figure sur l’album lui-même.

Curtis Amy Mustang (long version)


Curtis Amy - Shaker Heights


curtis amy - bongo blue


Curtis Amy - Please send me someone to love
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Harvest » jeu. 9 sept. 2021 07:33

Douglas a écrit :
mar. 7 sept. 2021 02:03
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Contrepoint – Contrepoint

« Monster Melodies Records » est un label créé par les propriétaires du magasin de disque du même nom, situé à Paris au 9 rue de Déchargeurs dans le premier arrondissement. Ils tiennent la boutique depuis 1985 et ont créé le label en 2013. Une histoire qui rappelle un peu l’aventure « Vapeur Mauve » qui travaille dans un esprit voisin, à la recherche de trésors anciens, enfouis, cachés et parfois oubliés.

Les albums conçus par Monster mélodies sont vendus à un prix légèrement supérieur au prix moyen, mais ils sont beaux, contiennent des « goodies », ici une carte postale avec la photo du groupe « Contrepoint » ainsi qu’une affichette pour un concert au format A3. L’album présenté est limité à mille mais reste très facilement trouvable.

Il est issu d’un album gravé sur acétate en 1971, c’est-à-dire plutôt dans les débuts du groupe qui s’éteindra en 1976. On y entend une forte influence de Soft Machine d’une part et de musique free d’autre part. La plupart des maisons de disques à l’époque ne pensaient qu’au profit, Contrepoint, avec sa musique assez sophistiquée n’avait aucune chance, malgré le talent des musiciens.

Ils sont quatre, Jean-Pierre Carolfi au piano et à l’orgue Hammond, Robert Taylor au saxophone, Jean-Pierre Weiller à la basse et à la guitare et enfin Mike Freitag à la batterie. Tous les enregistrements ici sont « live », des extraits de concert dont une suite en quatre parties qui fut en partie enregistrée sur une compile, « Unfathomable Of The Seventh Time » dont les deux premiers mouvements sont sur la face A et les deux derniers de près de vingt minutes stationnent sur la face B après le court « Interlude Free 2 ».

Côté son, c’est sans surprise, sans finesse ni précision mais, néanmoins, présentable et écoutable, pour moi ça va, vu les circonstances l’album vaut vraiment le coup. Il y a toute une petite histoire à lire sur la page du label où l’on parle des relations de Jean-Pierre Weiller avec Hugh Hopper, Robert Wyatt et « Joy of Toy » de Kevin Ayers. On y parle même de Syd Barrett et des Beatles, si, si. C’est ici :

https://www.monstermelodies.fr/contrepoint

Par contre je n’ai pas trouvé d’extrait !
Disque acheté à sa sortie. Très bonne surprise…mais on sait qu’en France à cette époque il était difficile d’être soutenu par les maisons de disques. D’où tous ces groupes qui ont peu ou pas enregistré ou tourné vers une musique de variété…

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 9 sept. 2021 20:17

Harvest a écrit :
jeu. 9 sept. 2021 07:33

Disque acheté à sa sortie. Très bonne surprise…mais on sait qu’en France à cette époque il était difficile d’être soutenu par les maisons de disques. D’où tous ces groupes qui ont peu ou pas enregistré ou tourné vers une musique de variété…
D'où l'intérêt de labels comme celui-ci ou Vapeur mauve, du coup je suis très friand de ce genre de parutions !
:]
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 10 sept. 2021 03:47

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Chrys Cole / Oren Ambarchi - Hotel Record

Bon, là je lâche un peu le territoire jazz pour faire un pas de côté vers l’électronique et l’ambiant. Un album de 2017 que j’ai envie de réécouter, un album de musique intime presque, la vie d’un couple formé par deux musiciens Chrys Cole et Oren Ambarchi, ce qui est sûr c’est qu’il y a des moments pour cette musique-là.

Quatre faces, électro, synthés, guitare, vocoder, orgue, légères percussions, mais aucune indication instrumentale, du field recording, c’est sûr ! Chaque face porte en elle une identité différente. Les lieux d’enregistrement de chacune d’elle est également différent, ainsi on voyage. Quasi rien n’est indiqué, si ce n’est l’indication de ces lieux. Ko Pha Ngan en Thaïlande, Oakland aux États-Unis, Melbourne en Australie et EMS, Stockholm en Suède, d’où le titre « Hotel Record ».

On ne connaît pas la relation qui existe entre les quatre faces et les quatre lieux, c’est à chacun de repérer les indices sonores pour se faire une idée, la pluie, les moteurs, les cigales, les grenouilles et autres indications guideront vos hypothèses. Il y a également les titres qui peuvent vous aider, un par face bien sûr. « Call Myself », « Francis Debacle (Uno) », « Burrata » et « Pat Phet Gob », ça a été enregistré entre novembre 2014 et juillet 2016.

« Pat Phet Gob » capte les sons émis par les animaux en Thaïlande, une « chorale » animale se met en place, alors que quelques moteurs se font entendre de temps en temps, la séquence rythmique un peu sauvage est rejointe par une sorte de drone sur lequel viennent se poser quelques bribes de voix.

Ces mêmes traces vocales qui habitaient épisodiquement « Call Myself » sur la première face, sur le tapis d’orgue et de guitare, dans une atmosphère ouatée, dans la chaleur des corps encore présente sur les draps remontés, entre soupirs et balbutiements.

Une petite pépite dans son genre, en quelque sorte.

Crys Cole & Oren Ambarchi「Hotel Record」(2017)

01 - Call Myself 00:00
02 - Francis Debacle (Uno) 17:35
03 - Burrata 36:29
04 - Pad Phet Gob 43:34

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 11 sept. 2021 03:16

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Un album « America » d’une série de quinze albums de free jazz sortis entre 1969 et 1973. Le label est français, cousin de « Musidisc » qui est sans doute plus connu. Certains parmi ces albums sont assez réputés car ils sont parus en même temps que la série « Byg Actuel », d’ailleurs quelques artistes sont communs, l’Art Ensemble, Archie Shepp, Frank Wright, Steve Lacy, Anthony Braxton et bien sûr Dave Burrell avec cet « After Love ».

On se souvient des albums sortis sur Byg dans la série « Actuel » (en référence au célèbre journal), « Echo » et « La Vie De Bohème », le premier cité date de 1969, le deuxième de 1970 et celui-ci de 1971. Bien que le plus marquant soit « Echo » ce dernier ne manque pas d’intérêt, il réunit une belle équipe de musiciens.

Dave Burrell est bien entendu au piano, Alan Silva au violoncelle électrique et au violon, Don Moye à la batterie et Roscoe Mitchell aux anches, c’est tout de même là une réunion de personnalités impressionnantes ! Ce quartet ne demeure en cet état que sur la face B, occupée par le titre « My March » bien qu’il faille également y ajouter Michel Gladieux à la basse. Sur la première face ce dernier est remplacé par Ron Miller à la basse et à la mandoline et Bertrand Gauthier y joue de la batterie. Deux pièces donc, la première qui donne son titre à l’album est sise face A, et est divisée en deux parties, « Questions and answers » et « Random ».

L’album est bien réussi, free mais sans agressivité, ce qui domine c’est la puissance rythmique qui offre une assise sans faille qui permet aux solistes d’émerger dans la facilité. Les cordes sont très présentes, violon et violoncelle surgissent en stries, comme des incisions. Roscoe Mitchell est très volubile, délivrant un long solo continu, riche et bien mené. Canal droit Dave Burrell improvise à la façon de Taylor, mais le son du piano est assez éloigné dans le spectre général.

La face B est également exquise, on remarquera vers la fin de la pièce la voix de Michel Gladieux, qui faisait partie de la formation Dharma, crier dans le lointain « Vive la Révolution Mondiale » plusieurs fois, ce qui donne à cet album ce cachet d’époque qui demeure assez inimaginable aujourd’hui.

After Love (Part 1 "Questions And Answers")


After Love (Part 2 "Random")


My March (Instrumental)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 11 sept. 2021 14:24

Je remonte l'album Echo de Dave Burrell, présent également dans la sélection Free Jazz Manifesto !

Douglas a écrit :
mar. 8 juin 2021 05:42
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Voici un album de la mythique série BYG Actuel qui deviendra un repère historique dans l’histoire du free jazz. Elle voit le jour en mars 1967, elle est créée par trois passionnés dont la première lettre du nom formera le sigle BYG : Fernand Boruso, Jean-Luc Young et Jean Georgakarakos. Le premier à quitter le navire en 1969 sera Boruso, il sera remplacé par Claude Delcloo, à la fois batteur du « Full moon Ensemble » et fondateur du magazine « Actuel » qui alors ne se préoccupait que de jazz. Ainsi naîtra la série « BYG Actuel ».

Celui-ci porte le numéro vingt et on n’est pas déçu. C’est le pianiste Dave Burrell qui est ce jour-là le leader, il forme un septet de dingues, Sunny Murray à la batterie, Alan Silva à la basse, Clifford Thornton au cornet, Grachan Moncur III au trombone, Arthur Jones au sax alto et Archie Shepp au sax ténor. Ça se passa à Paris, le treize août 1969.

C’est un disque de pur free-jazz, basé sur une improvisation collective. Le pianiste Dave Burrell propose sa conception au septet réuni ce 13 août 1969 : deux notes complétées et amplifiées jusqu'à épuisement. C'est intense, puissant, sans répit, l'énergie renaît et se renouvelle sans cesse, un bouillonnement sonore continue s'autoalimente, sans montée ni paroxysme : tout, tout de suite ! Il explique : « C’est une manière certaine de découvrir un grand nombre de choses au sujet de ces deux notes, et de soi-même ».

Dans son commentaire Philippe Robert évoque le Festival Panafrican d’Alger et conclue : « L’Afrique est là ». Pour la petite histoire une grande partie des musiciens enregistrés dans cette illustre série sont passés par ce festival juste avant d’arriver à Paris.

La seconde face, pourtant bien intense, paraît, en comparaison, bien paisible, le morceau « Peace » l’occupe en son entier. Il évoque la sérénité et la contemplation, le mouvement et la grâce, la lumière, l’air et l’eau.

Un album mieux qu’à sa place dans la sélection FJMt°, un autre de la série est également dans la sélection, mais la majorité des albums auraient pu y figurer…


Dave Burrell-Echo (1969)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 12 sept. 2021 02:45

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Retour vers la sélection « Free Jazz Manifesto » avec cet album du « Khan Jamal Creative Arts Ensemble » et de son unique album « Drum Dance To The Motherland » enregistré le six ou le sept octobre 1972 et paru en 1973, dans un pressage original privé de trois cents exemplaires dont la distribution ne dépassa guère la limite de Philadelphie, cité qui vit naître, on s’en souvient, le mage lui-même : Sun Ra !

La filiation sera plus spirituelle que musicale, bien qu’on ne puisse éloigner les influences indirectes, concèdera-t-on. L’enregistrement de cet album se déroula dans le sous-sol d’un café situé pas très loin de l’université de Philadelphie. Le lieu peut avoir son importance car ce qui étonne ici, c’est le son ! Du coup on regardera du côté de la musique psychédélique, ou encore du dub, et on pense à Lee Perry. Le gars qui serait à l’origine de cette captation dans ce lieu appelé « The catacombs » se nomme Mario Falana, son génie particulier tient à sa façon de mettre en avant, des tambours ou des percussions en les extrayant de la masse sonore.

C’est une des choses spéciales à écouter ici. Mais il y a également le jeu de Khan Jamal au vibraphone, son instrument principal, mais il joue également de la clarinette et du marimba. Il y a également Alex Ellison aux percussions et à la batterie, Dwight James à la batterie également, au glockenspiel et à la clarinette, Billy Mills aux basses et la talentueuse Monette Sudler à la guitare et aux percussions.

On comprend bien qu’ici les rythmes sont à la fête, et comme on a parlé de dub, de Lee Perry, d’un lieu très particulier quant au son, à la réverbération, aux « Catacombes », on devine une expérience sonore inédite ces années-là, et on a raison. L’album dépasse les quarante minutes d’une musique étonnante et novatrice.

Quatre titres ici, l’album s’ouvre sur « Cosmic Echoes » où l’on entend ces fameux effets sur les tambours et le glockenspiel, nous plongeant dans un bain sonore inédit. Sur « Drum Dance » ça groove sévère, l’influence africaine s’installe clairement, tandis que les clarinettes sonnent au-delà de la réverbération massive, puis arrive l’heure du marimba et de la basse lancinante…

La troisième pièce « Inner Peace » est la plus longue, elle frôle les seize minutes, on y remarque particulièrement le jeu de Monnette Sudler à la guitare, très belle pièce. L’album se ferme sur « Breath of life », qui étonne lorsqu’une voix, surgie d’une radio se fait entendre, les réverbérations s’étalent en festival au rythme de cette basse hypnotique et entêtante…

Comme l'indique la pochette j'ai la version Cd, il existe deux rééditions vinyles pour les amateurs fortunés. Un superbe album à écouter !

the khan jamal creative arts ensemble breath of life drum dance to the motherland
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 13 sept. 2021 03:51

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Cet album est à la fois un « classique » de David S. Ware et un pilier de la Maison de Disques NoBusiness Records, il porte les n° 4 et 5 du label (c’est un double LP), sorti en 2009 il contient le concert du 24 Mars 2007 au « Lithuanian Russian Drama Theatre » de Vilnius en Lituanie. Malheureusement, diffusé alors à mille exemplaires, il est depuis longtemps épuisé !

David S. Ware au saxophone ténor est entouré de Matthew Shipp au piano, William Parker à la basse et Guillermo E. Brown à la batterie, un quartet d’enfer avec lequel il a beaucoup tourné, particulièrement Shipp et Parker. Ici l’osmose est complète, plutôt que de saluer le leader il faut rendre hommage à ce quartet magnifique, en effet l’enregistrement est assez exceptionnel et constitue un des sommets de la formation, quel que soit le centre d’intérêt que l’on choisisse, tant l’ensemble que chacun en particulier.

Ça commence très fort avec « Ganesh Sound », un thème provenant de l’album «Renunciation », il est ici magnifié sur cette première face sublime où David nous embarque dans un tourni époustouflant. Suit « Theme Of Ages » et « Mikuro's Blues » sur la seconde face, mais c’est sur la troisième que tout s’emballe avec « The Stargazers », une reprise du titre de Sun Ra qui occupe la face trois et une partie de la quatre.

C’est un standard de Sun Ra qui interprétait volontiers ce titre lors de ses concerts, mais la version offerte ici pourrait être la version définitive tant elle est puissante, soulevée par une force extraordinaire, un véritable torrent qui envoie sévère, surtout si on pousse un peu le son. Quand David lâche la bride, c’est William Parler qui maintient la tension avant d’être rejoint par Shipp qui, sous l’impulsion de Guillermo, soutient David lors du final, sur la dernière face.

Une improvisation « Lithuanian Whirl » signe artistiquement ce concert qui se termine avec le magnifique « Surrendered ». Un album à recommander à tous les admirateurs de David S. Ware qui trouveront ici une très belle page. A ses débuts, NoBusiness Records a tout de même enregistré quelques totems, un démarrage de choix !

Régalez-vous avec la vidéo Youtube!

David S Ware Quartet_Live in Vilnius_Part 1_Willliam Parker / Matthew Shipp


David S Ware Quartet_Live in Vilnius_Part 2 William Parker / Matthew Shipp


The David S Ware quartet live in Vilnius
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 14 sept. 2021 04:16

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Anne Paceo – Circles Live

Une affaire dont je ne me souviens pas trop des débuts, en me connectant à son site les circonstances me reviennent… Un E.P. appelé « Circles live » pour célébrer les cinq ans de « Circles », l’album phare de sa discographie, l’occasion pour elle de lancer dans le même temps son propre label, « jusqu’à la nuit ». Cet E.P. est limité et numéroté, une sorte de souscription à base de précommandes est lancée, c’était y’a quand même pas mal de temps car l’album a été sévèrement retardé.

Mais il est arrivé aujourd’hui, point de numéro, mais une dédicace avec un petit dessin signifiant une batteuse, c’est très mignon. L’enregistrement provient du festival « Jazz Sous les Pommiers » à Coutances, le 27 mai 2017. Je n’y ai jamais mis les pieds, mais de nombreux concerts ont été diffusés sur Mezzo et franchement ça donne envie d’y aller, l’ambiance qui y règne semble magique et décontractée, entre les mains de passionnés.

Un quartet de haute volée, Anne à la batterie et au chant, Christophe Panzani au saxophone, Tony Paeleman aux claviers et Leila Martial, magnifique et inoubliable au chant, particulièrement sur « Birth & Rebirth » où elle bouleverse.

On remarque également une belle version de « Tzigane » avec de belles interventions de Panzani et Paeleman, également une chouette fin d’album avec « A Tempestade » qui s’élève bien. Pour autant ces versions nouvelles ne remplaceront pas le « Circles » original, qui reste l’album référence de l’artiste, me semble-t-il. Bon j'allais oublié "Toundra" qui est une des pièces choisies pour lancer l'album et qui permet d'écouter les prouesses vocales de Leïla Martial ...

A Tempestade (Live at Festival Jazz sous les Pommiers)


Anne Paceo - Circles live / "Toundra" ( official audio )


Sunshine (Live at Festival Jazz sous les Pommiers)


Anne Paceo - Circles / Tzigane ( live )


Anne Paceo - Circles / Birth and rebirth ( live )
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 14 sept. 2021 15:02

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Tiziana Ghiglioni / Enrico Rava / Mal Waldron – I'll Be Around

C’est sûr que celui-ci ce n’est pas un album de Kéké, c’est plutôt l’inverse, de ceux qui sont oubliés, et même dont on ne parle jamais. Jamais. Pourtant les trois, là, posés là, côte à côte, ils sont grands, mais à leur façon. Sans esbroufe, ni faire de bruit, ils se déplacent en pantoufles, pour ne pas gêner.

Peut-être le plus modeste de ces trois modestes ce serait Enrico Rava, et sa trompette. Quand on l’interview il passe beaucoup de temps à dire du bien… des autres trompettistes ! Si, si, sans déconner il est fan d’Avishai Cohen qui l’étourdit ou de Dave Douglas qu’il place là-haut. C’est sûr, peut-être qu’il avance moins vite en agitant les pistons, mais chaque note qu’il joue compte et se trouve à la bonne place et arrive pile poil, au bon millième de seconde. Mais ça, il n’en parle pas.

Sa carrière est longue comme le bras, il a joué avec Cecil Taylor, avec les grands du free teuton, avec Gato Barbieri, Lee Konitz, Roswell Rudd et tellement d’autres, ramassé des prix à la pelle. Mais surtout il a formé plein de jeunes musiciens qu’il fait jouer dans ses formations, un travailleur de l’ombre, juste sérieux.

Tiziana Ghiglioni elle aussi ne fait pas trop de bruit, le timbre est juste, il va droit, sans fioriture. Un album de standards qu’elle fait sien, se promenant avec aisance dans la douceur et l’émotion, trouvant le cœur des mots pour en extraire l’essence, sans vibrato.

Mal au piano, son jeu de géant en quête de la note essentielle, qui ne bavarde pas, indispensable. Une sorte de minimalisme qui va bien avec Enrico et Tiziana, ces trois-là se sont bien trouvés, c’est ce qui fait l’album grand, mais modeste quand même !

They can't take that away from me
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 15 sept. 2021 08:52

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Chico Freeman encore, avec le fameux « Spirit Sensitive » si souvent cité, un album de ballades et de standards, une réussite parfaite parue sur le label « India Navigation » en 1979.

Juste avant de le déposer sur la platine j’entendais déjà les premières notes d' « Autumn In New York » qui me traversaient l’esprit. A chaque morceau qui passe tout revient, les solos qui filent presque par cœur et je pense de suite à Shepp qui, dans ce registre, excelle également.

Chico au ténor, John Hicks au piano, Cecil McBee à la basse et Billy Hart à la batterie, juste un changement sur la dernière piste « Don’t Get Around Much Anymore » ou Famoudou Don Moye joue la batterie, quel orchestre réuni sur cet album !

Chaque pièce est une réussite, l’émotion dégagée est très forte, chaque seconde est pesée, jusque dans les détails, il faut dire que la prise de son est de haut niveau, on entend chaque respiration avec l’impression d’être aux premières loges, précision et chaleur du son se conjuguent pour nous offrir ce bouquet de ballades tranquilles qui se succèdent en une belle harmonie. Il n’est que d’écouter pour être saisi par la qualité de cet album.

Il est à mettre entre toutes les oreilles, sauf pour celles allergiques aux ballades, mais là où il se plaît le mieux c’est dans le confort d’un bon casque ou d’une bonne chaîne Hi-Fi, au calme, sous le soleil, et même, en bonne compagnie. C’est un album de plénitude, qui chauffe et réchauffe, il aime également le coin du feu avec sa cheminée.

Il existe une réédition Cd avec des « bonus tracks », je ne l’ai pas écouté mais, vu que ça provient du même tonneau, il y a fort à miser que ça doit être également excellentissime…

Autumn in New York (feat. Cecil McBee, John Hicks, Billy Hart)


Chico Freeman - Wise One


Don't Get Around Much Anymore (feat. Cecil McBee, John Hicks, Billy Hart)


A Child Is Born (feat. Cecil McBee, John Hicks, Billy Hart)


Peace (feat. Cecil McBee, John Hicks, Billy Hart)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Mister Brown » mer. 15 sept. 2021 16:52

John Coltrane....
Je n'ai pas la culture historique jazz de Douglas, dont je lis les chroniques avec passion....
Tout ce que je peux dire, à ceux qui ne sont pas forcement amateurs de jazz, c'est d'écouter ce morceau....
C'est tout simplement un des morceaux de musique du 20ième siècle.
C'est le quatuor historique coltranien, d'un niveau de créativité et de poésie qui n'a pas vraiment d'équivalent dans le monde du jazz.
Le solo de McCoy Tyner au piano, c'est mon enfance en hiver sur la plage de Trouville qui défile, avec le vent, le petit train et les donuts sur la plage....
Une musique universelle, qui peut parler à n'importe quel humain sur la planète.
Si tu te sens exclus du monde du jazz, qui oui est un monde exigeant mais fondamentalement badass...., écoute ce morceau....

John Coltrane, My favorite things en 1961...


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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 16 sept. 2021 03:25

Mister Brown a écrit :
mer. 15 sept. 2021 16:52
John Coltrane....
Je n'ai pas la culture historique jazz de Douglas, dont je lis les chroniques avec passion....
Tout ce que je peux dire, à ceux qui ne sont pas forcement amateurs de jazz, c'est d'écouter ce morceau....
C'est tout simplement un des morceaux de musique du 20ième siècle.
C'est le quatuor historique coltranien, d'un niveau de créativité et de poésie qui n'a pas vraiment d'équivalent dans le monde du jazz.
Le solo de McCoy Tyner au piano, c'est mon enfance en hiver sur la plage de Trouville qui défile, avec le vent, le petit train et les donuts sur la plage....
Une musique universelle, qui peut parler à n'importe quel humain sur la planète.
Si tu te sens exclus du monde du jazz, qui oui est un monde exigeant mais fondamentalement badass...., écoute ce morceau....

John Coltrane, My favorite things en 1961...

Le thème provient d'un standard qui prit naissance dans une comédie musicale de Broadway. Coltrane aimait ce morceau très ouvert qui lui permettait d'improviser longuement. Il le joua lors de ses concerts tout au long de sa vie, à l'image de sa musique la pièce évoluait considérablement au fil des années, jusqu'à être transfigurée et même devenir très peu reconnaissable, si ce n'est quelques bribes du thèmes qui surnageaient, comme sur cette version jouée sur l'album " John Coltrane ‎– Live At The Village Vanguard Again! " sorti en 1966 où il en offre une version de près de vingt et une minutes:

My Favorite Things (Live From Village Vanguard/1966)
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 16 sept. 2021 03:53, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 16 sept. 2021 03:35

J'en profite pour remonter ce post où il est question d' "Offering: Live At Temple University ", un sacré concert qui offre également une version bien allumée du standard préféré de John.
Douglas a écrit :
mer. 18 mars 2020 08:37
Image

Quand il est paru en 2014, je l’avoue, cet album m’a bouleversé. Tant d’années passées en compagnie de la discographie du géant, à l’écouter, à la scruter même, à me fondre dans sa musique, les albums de toutes les époques, mais celle qui m’a le plus fasciné, interrogé, remis en cause, c’est la dernière, celle qui dépasse l’entendement, dépasse l’idée même de musique…

Il est arrivé en 2014, son nom, Offering: Live At Temple University, double LP cossu avec des cartes postales à l’intérieur, insert, pochette Impulse US, numéroté, du solide. Pour ce qui est de l’enregistrement la qualité technique est assez moyenne, la prise de son imprécise, un morceau est incomplet, le rendu est très imparfait mais un effort est fait pour l’écoute des ténors. Je conseille de monter le son.

Le contexte de ce concert n’a rien de réjouissant, il s’est déroulé à Philadelphie en 1966, le onze novembre. L’époque n’était pas très propice au jazz d’avant-garde, le lendemain la presse titrera « Une pauvre affluence au show de Coltrane », un tiers de la salle est remplie et elle se vide pendant le concert. L’échappée commence dès le début avec une version de « Naïma » transfigurée. Et puis il y a « Crescent » le premier chef d’œuvre ici, Pharoah dépasse tout, une expérience d’écoute difficile à transmettre tellement elle est intense, mais certains n’y entendront que du bruit. Je pense qu’encore aujourd’hui beaucoup n’iront pas au bout de cet album, y’a des trucs qui ne sont pas fait pour tout le monde, on ne peut rien y faire, c’est comme ça...

Pourtant, en 2014, entendre Coltrane ressuscité des morts, ce fut un cadeau extraordinaire, miraculeux, particulièrement pour ce concert précis, pour ces moments de sincérité totale arrachés au temps, cette version de « Léo » complètement allumée, irréelle, transcendée par le souffle du ténor de Pharoah qui se donne totalement, se vide de son énergie, tout au bout du souffle et du don de soi. Place ensuite à une tornade de rythmes engagée par Rashied Ali et l’armée des percussionnistes qui se consume, complètement survoltés, chose inouïe, Coltrane scande une mélopée, il chante ! Micchael Brecker était présent il raconte sur Jazzmag n° 665 : « Je me souviens que Coltrane tapait sur sa poitrine en criant. J’étais abasourdi, je ne m’attendais pas à ça. En découvrant le CD (un pirate) je me suis aperçu qu’il ne criait pas mais qu’il chantait magnifiquement, très fort, tout en intervalles. La musique était très free. Coltrane était évidemment incroyable, et Sanders au-delà de tout ce qu’on peut imaginer. » Vient le solo de Trane, le souffle est plus court désormais, les phases sont brèves mais s’enchaînent fiévreusement donnant un sentiment d’urgence, la musique s’emballe… puis tout à coup s’arrête d’un coup, le bras se lève : Il faudra imaginer la fin de son solo.

De l’autre côté de la galette, face D, « Offering » qui claque, lumineux, Coltrane quasi seul, bien que l’on entende Alice au loin, la courte pièce s’achève avec un solo de basse de Sonny Johnson. « My Favourite Thing » au soprano pour finir, un tapis de percussions incessant et Steve Knoblauch, au soprano lui aussi qui déchire à son tour… Coltrane a dû batailler encore et encore pour imposer sa musique, si belle, si incomprise, il y a quelque chose de pathétique, là.

Sept mois avant la fin.

Naima (Live At Temple University/1966)


Crescent (Live At Temple University/1966)


Leo (Live At Temple University/1966)


Offering (Live At Temple University/1966)


My Favorite Things (Live At Temple University/1966)
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