J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 28 oct. 2021 04:50

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Et voici le genre d’album fait pour me plaire, en premier lieu parce qu’il est issu de la découverte de bandes magnétiques enfouies dans le passé, oubliées et sauvées on ne sait pas trop comment, souvent par des passionnés qui cherchent et creusent comme de fins limiers, et lorsqu’ils trouvent, ressuscitent et redonnent vie à la musique des temps anciens, c’est un peu plus qu’ils réaniment, les souvenirs et la fraîcheur d’une époque, sa candeur et ses espoirs aussi.

Les bandes datent de 1973 et l’édition vinyle de 2019, sur « Dogtown Records », est limitée à cinq cents mais ça reste très accessible encore. Le seul défaut que l’on soulignera c’est la durée de l’album, trente et une minutes ça fait short aujourd’hui, mais comme tout ça n’est que du bonus il faudrait être ingrat ou cuistre pour se plaindre, dégustons plutôt chaque seconde qui passe, comme si elle avait été volée au temps qui fuit…

On se souvient peut-être du « Khan Jamal Creative Arts Ensemble » et de son unique album « Drum Dance To The Motherland » dont il a été question en page quatre-vingt-neuf, et bien Khan Jamal, le vibraphoniste qui dirigeait la formation joue ici également, en compagnie de la magnifique Monette Sudler à la guitare électrique. Il faut ajouter l’excellent Byard Lancaster au saxophone alto et nous obtenons les trois compositeurs de cet album.

Ils sont accompagnés par Billy Mills à la basse, Omar Hill aux percussions, Rashid Salim aux congas et Dwight James à la batterie. Ils forment ensemble « Sounds of Liberation » qui sortit un autre album en 1972, « New Horizons », unique enregistrement connu de la formation avant que celui-ci ne soit déterré, ce premier effort est célébré par la sélection FJMt°, il est assez emblématique de la scène de Philadelphie.

Cette session live a été enregistrée à l'Université de Columbia, on y entend un mélange spiritual -funk qui peut évoquer la musique de Pharoah Sanders, particulièrement dans le jeu et l’écriture de Byard Lancaster notamment sur « Keno » ou sur « Sweet Evil Mist » particulièrement excellent. Le jeu de Monette Sudler est également remarquable à la guitare, se conjuguant au son du vibraphone de Khan Jamal, comme sur « Thoughts » qui ouvre l’album. A noter que Byard Lancaster est également connu comme étant flûtiste, bien qu’il ne soit pas crédité ici.

L’unique pièce de la face B « New Horizon (Back Streets Of Heaven) » approche les onze minutes et s’inscrit davantage dans un style funky, avec ses chants et sa chaleur communicative. Notons que la pochette de ce bel album est signée par Leroy Butler qui œuvra également pour des couvrantes de Sun Ra.

Thoughts


Sweet Evil Mist (Rib Crib)


Badi


New Horizons (Back Streets of Heaven)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 29 oct. 2021 02:09

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Pour rester dans l’année soixante-treize écoutons le Black Artists Group (aka BAG) et son unique album « In Paris, Aries 1973 ». Mon vinyle est une réédition récente qui reproduit fidèlement l’album d’origine, ainsi, ici, pas de face mais un program I et un program II, chacun de ces programs contient deux titres, ça c’est pour la forme.

Pour le reste, des musiciens bien connus : Joseph Bowie (le frère de Lester) au trombone et à la conga, Baikida E.J. Carroll à la trompette, au bugle, à la basse, aux cloches et au tambour de bois, Charles Bobo Shaw à la batterie et aux percussions, Floyd Le Flore à la trompette et Oliver Lake aux saxophones, à la flûte et au marimba. Chaque musicien joue en outre de divers instruments et percussions qui ne sont pas détaillés sur la pochette, vous l’avez compris ça vient de toutes parts dans un registre libre et improvisé.

Un insert signé de Julian Cowley est joint à l’album et éclaire les circonstances de l’enregistrement. Ces musiciens de St Louis migrent vers Chicago où ils se joignent à L’A.A.C.M. La venue à Paris de l’Art Ensemble de Chicago, d’Anthony Braxton, de Leroy Jenkins et Leo Smith qui furent bien accueillis incitèrent de plus en plus de musiciens free, en quête de reconnaissance, à y venir.

Cet enregistrement est un témoignage de cette période. Un aspect dramatique s’ajoute aux circonstances qui l’entourent, en effet Kada Kayan, le bassiste qui devait accompagner la formation est décédé suite à une maladie juste avant le départ vers la France. C’est pourquoi Baikida E.J. Carroll joue de la basse ici, l’album est dédicacé à la mémoire du musicien.

Les amateurs de l’Art Ensemble ne seront pas dépaysés, ceux parmi vous qui sont entrés dans le free avec les enregistrements BYG Actuel retrouveront des caractéristiques communes. On soulignera particulièrement les deux pièces entièrement improvisées, « Echos » qui ouvre l’album et « OLCSJBFLBC bag » qui le ferme, et qui sont particulièrement stimulantes en matière de jeu sur l’espace, l’intensité et la variété infinie des timbres et des sons qui proviennent de partout.

Les deux autres pièces plus structurées de Charles Bobo Shaw et Oliver Lake ne manquent évidemment pas d’intérêt non plus. Un album bien dans son époque.

Black Artists Group - Echos


Black Artists Group (Oliver Lake) - Re_cre_a_tion


Black Artist Group(Oliver Lake) - Something to play on


Black Artist's Group Part 1/2 (Live video - 1973) (Sans doute un concert pour Radio France puisqu'on y entend André Francis présenter le groupe de façon synthétique, le parallèle avec l'Art Ensemble est également évoqué.)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 30 oct. 2021 05:32

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Un album acheté, lors de mes récentes pérégrinations, à la « Bouquinerie Des Sœurs Et Frères De La Côte », quelques bacs de vinyles entourés par des bouquins de toutes sortes, un chouette lieu situé au Cours Julien, pour ceux qui connaissent. C’est un « Prestige » de soixante-cinq qui m’a fait de l’œil, le recto est bien sympa et le verso également avec quelques noms connus, le trompettiste John Coles, le saxophoniste et flûtiste Pat Patrick qui demeura aux côtés de Sun Ra, dans l’Arkestra depuis 1954. Mais aussi Yusef Lateef dont on a parlé pas mal ici, il joue des saxs, du woodwind et de la flûte.

Et pourtant l’important n’est pas là, ceux qui comptent le plus ici ce sont les obscurs, les sans-grades, ceux qui triment et s’agitent. D’abord celui qui dirige ici, Ahmad Kharab Salim, compositeur et arrangeur également, il dirige ce « big band » au premier rang duquel règnent les percussionnistes, ceux qui frappent et tapent, agitent et secouent, les maîtres des tambours et des instruments associés.

Philemon Hou, son tambour et son xylophone africain, Osvaldo Martinez, son bongo, la conga et les cloches, Julio Callazo, ses shakers et sa conga, les congas encore avec Marcelino Valdes et Juan Cadaviejo et enfin William Corea qui joue des timbales et clôt la liste des percussionnistes. C’est l’Afrique qui s’entend ici, les rythmes de l’Amérique Latine également qui fraient avec le jazz et ses solistes échevelés.

On pense immédiatement à « Orgy In Rhythm » d’Art Blakey ou à « The African Beat » qu’il sortit quand il fut à la tête de « l’Afro-Drum Ensemble ». Ces références s’imposent me semble-t-il et éclairent d’emblée sur le type de musique qui nous attend. Quatre titres ici, deux par face, voués aux rythmes, à la danse, musique tribale et essentielle, organique presque, elle s’installe, envoûtante avant de vous prendre si vous n’y prenez garde !

Il est aisé aux solistes de s’installer sur cette moquette tapissée de mousse, chacun à leur tour ils se lancent et nous enivrent, le griot n’est pas loin, c’est certain, tout tourne, branle et secoue, je ne sais si la possession est proche, mais la transe a sa place ici, au milieu de la musique…

A K Salim (Usa, 1965) - Afro Soul Drum Orgy

"Afrika (Africa)"
"Ngomba Ya Tempo (Elephant Dance)" – 9:44
"Kumuamkia Mzulu (Salute to a Zulu)" – 19:22
"Pepo Za Sarari (Trade Winds)" – 26:23

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 31 oct. 2021 05:13

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Joshua Abrams Natural Information Society ‎– Mandatory Reality

Voici à nouveau un album de Joshua Abrams, cette fois-ci dans le cadre de la « Natural Information Society », un projet sorti en avril 2019 qui se nomme « Mandatory Reality », j’ai la version double Cd qui contient environ une heure et vingt et une minutes de musique, de quoi se plonger, avec douceur, longuement dans un bain hypnotique et méditatif…

Le chicagoan s’entoure de musiciens de qualité, on reconnait le cornettiste Ben Lamar Gay et le joueur de sax alto Nick Mazzarella qui sortirent des albums sur international Anthem, un petit signe également envers le percussionniste Hamid Drake qui, ici, joue des tablas et du tar.

Sont également présents Lisa Alvarado qui joue des gongs et de l’harmonium, Mikel Avery qui utilise le tam-tam et également les gongs, Ben Boye joue de l’autoharp électrique et du piano et enfin Jason Stein qui s’exprime au moyen de la basse clarinette. Le leader quant à lui reste fidèle à son guimbri, cette sorte de guitare à trois cordes pincées originaire de Guinée. Il faut ajouter que l’ensemble de ces musiciens est également crédité à la flûte dont ils jouent ensemble en fin d’album.

Quatre pièces ici, les deux premiers titres sont particulièrement longs, « In Memory's Prism » dure 23 minutes et trente-neuf secondes, « Finite » qui enchaîne s’étale sur trente-neuf minutes et cinquante secondes. Le rythme est ici très lent, très répétitif et l’évolution des morceaux est très progressive, avec des modifications millimétrées qui opèrent sans qu’on y prenne garde, ainsi l’auditeur est pris dans une transe hypnotique presque irréelle où le temps qui file est imperceptible, à tel point que l’album, particulièrement le premier cd qui contient une heure de musique, pourrait servir de thérapie et provoquer un endormissement pour peu que la position du corps le permette.

Il va de soi que l’album opère différent si on se concentre de façon analytique sur l’évolution de la musique ou si on se laisse emporter par le courant qui vous emmène et vous emporte. Il faut dire que la sonorité grave du guimbri, dans un registre comparable à la basse, est particulièrement efficace pour s’adresser directement à votre corps, surtout lorsque les motifs sonores sont répétés.

Imaginez l’effet de la clarinette basse conjugué à celui du guimbri, de l’alto répétitif et des rythmes lancinants des percus, vous serez bel et bien piégés dans les filets du sorcier, envoutés par la force ensorcelante de cette musique ! Toute la magie est là, contenue dans l’addiction qu’elle procure en vous proposant un endroit ouateux, chaud et protecteur où elle vous plonge…

JOSHUA ABRAMS & NATURAL INFORMATION SOCIETY - FINITE (excerpt)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 1 nov. 2021 07:32

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Voici le guitariste japonais Otomo Yoshihide enregistré le douze octobre deux mille quatre au « Shinjuku Pit Inn » de Tokyo. Il joue en solo, enfin théoriquement car en fait les notes de pochette qu’il écrit précisent un peu les choses…

La pochette, tout de noir avec des écritures blanches, présente en haut à droite un trou circulaire d’environ un centimètre de diamètre. Sur le Cd une coccinelle est dessinée, l’emplacement et la taille correspondent exactement au trou décrit ci-dessus, si bien que lorsqu’ils coïncident, l’animal est visible par la petite lucarne.

Cette coccinelle n’est pas là par hasard, elle s’est invitée lors de l’enregistrement de la dernière piste de l’album « Lonely Woman » en se posant sur le micro principal. « Au Japon, on dit que les esprits des morts reviennent sous forme de papillons de nuit. Mais qu'en est-il des coccinelles ? » confie Otomo, c’est donc ainsi que « Lonely Woman est plus un duo qu’un solo ».

Outre le très beau « Lonely Woman » il y a deux autres reprises sur cet album, « Mood Indigo » de Duke Ellington et « Misty » d’Erroll Garner, le guitariste signe les autres titres. Ces pièces ainsi que trois autres s’inscrivent dans une certaine tradition de la musique japonaise, avec cet esprit « Zen » et méditatif qu’on lui attribue fréquemment, ainsi ces pièces sont-elles le plus souvent assez mélodiques, bien que parfois des accents rappelant Derek Bailey fassent leur apparition, épiçant la musique d’un peu d’étrangeté.

Deux autres pièces, « Rig » et « Cylinder » prennent le contrepied total de ces prestations et nous rappellent qu’Otomo Yoshihide fut autrefois l’élève de Masayuki Takayanagi, et nous voilà plongés face à une barrière sonore violente et dissonante propre à nous faire sauter sur notre siège, bien que les habitués du musicien se sont déjà faits à cette idée et connaissent la trempe du créateur de la formation « Ground Zero ».

Vraiment un très bel album à recommander. Hélas pas trouvé d'extrait pour cet album!
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Mister Brown » lun. 1 nov. 2021 12:59

Bonjour Douglas,
Tu connais ça ? Brian Brown Quintet, un ensemble australien des 70ies



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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 1 nov. 2021 16:28

Mister Brown a écrit :
lun. 1 nov. 2021 12:59
Bonjour Douglas,
Tu connais ça ? Brian Brown Quintet, un ensemble australien des 70ies


Bonjour à toi, ou plutôt bonsoir!

Non je ne connaissais pas cette formation, j'ai vu qu'il y avait eu une réédition cette année, le vinyle original se raréfiant, la faute aux collectionneurs qui les stockent à leur domicile
:faché2:
Bon, bon c'est plutôt bien, dans le style "fusion" que tu aimes, avec ici un orchestre assez conséquent et c'est bien foutu, et un petit côté musique de film qui va bien!
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Mister Brown » lun. 1 nov. 2021 16:33

Douglas a écrit :
lun. 1 nov. 2021 16:28
Mister Brown a écrit :
lun. 1 nov. 2021 12:59
Bonjour Douglas,
Tu connais ça ? Brian Brown Quintet, un ensemble australien des 70ies


Bonjour à toi, ou plutôt bonsoir!

Non je ne connaissais pas cette formation, j'ai vu qu'il y avait eu une réédition cette année, le vinyle original se raréfiant, la faute aux collectionneurs qui les stockent à leur domicile
:faché2:
Bon, bon c'est plutôt bien, dans le style "fusion" que tu aimes, avec ici un orchestre assez conséquent et c'est bien foutu, et un petit côté musique de film qui va bien!
Oui on peut trouver ce vinyl à 20 euros désormais alors que l'année dernière il n'était accessible qu'aux collectionneurs richissimes.

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Message par Piranha » lun. 1 nov. 2021 17:03

Douglas a écrit :
lun. 1 nov. 2021 07:32
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Voici le guitariste japonais Otomo Yoshihide enregistré le douze octobre deux mille quatre au « Shinjuku Pit Inn » de Tokyo. Il joue en solo, enfin théoriquement car en fait les notes de pochette qu’il écrit précisent un peu les choses…

La pochette, tout de noir avec des écritures blanches, présente en haut à droite un trou circulaire d’environ un centimètre de diamètre. Sur le Cd une coccinelle est dessinée, l’emplacement et la taille correspondent exactement au trou décrit ci-dessus, si bien que lorsqu’ils coïncident, l’animal est visible par la petite lucarne.

Cette coccinelle n’est pas là par hasard, elle s’est invitée lors de l’enregistrement de la dernière piste de l’album « Lonely Woman » en se posant sur le micro principal. « Au Japon, on dit que les esprits des morts reviennent sous forme de papillons de nuit. Mais qu'en est-il des coccinelles ? » confie Otomo, c’est donc ainsi que « Lonely Woman est plus un duo qu’un solo ».

Outre le très beau « Lonely Woman » il y a deux autres reprises sur cet album, « Mood Indigo » de Duke Ellington et « Misty » d’Erroll Garner, le guitariste signe les autres titres. Ces pièces ainsi que trois autres s’inscrivent dans une certaine tradition de la musique japonaise, avec cet esprit « Zen » et méditatif qu’on lui attribue fréquemment, ainsi ces pièces sont-elles le plus souvent assez mélodiques, bien que parfois des accents rappelant Derek Bailey fassent leur apparition, épiçant la musique d’un peu d’étrangeté.

Deux autres pièces, « Rig » et « Cylinder » prennent le contrepied total de ces prestations et nous rappellent qu’Otomo Yoshihide fut autrefois l’élève de Masayuki Takayanagi, et nous voilà plongés face à une barrière sonore violente et dissonante propre à nous faire sauter sur notre siège, bien que les habitués du musicien se sont déjà faits à cette idée et connaissent la trempe du créateur de la formation « Ground Zero ».

Vraiment un très bel album à recommander. Hélas pas trouvé d'extrait pour cet album!
Merci
Pas de video de l'album en question mais celle-ci d'une apparition à la télé japonaise



Rafraîchissant !!

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 1 nov. 2021 21:14

Piranha a écrit :
lun. 1 nov. 2021 17:03
Pas de video de l'album en question mais celle-ci d'une apparition à la télé japonaise



Rafraîchissant !!
Merci, la vidéo est chouette, il fallait la trouver celle-là (l'avantage de parler japonais :hehe: )

mais elle ne correspond pas à la version de l'album qui paraît presque folk à côté, celle-ci est bien déjantée !
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 2 nov. 2021 03:28

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Ils sont rares à mettre les tripes sur la table comme ça, on pense à Ayler, à Coltrane, à Pharoah pendant ses jeunes années. Peut-être faut-il avoir trop souffert, ou bien avoir la foi débordante d’un fou de Dieu, je ne sais que dire mais Charles Gayle est de ceux-là. J’avais cité cet album lorsque j’avais évoqué « Homeless », sélectionné par FJMt°, pour ce qui me concerne « Spirits Before » qui le précède dans l’ordre des sorties, est plus fort encore, plus prenant, plus viscérale.

Peut-être suis-je tout seul sur ce coup-là, car cet album n’est encensé nulle part, enfin pas à ma connaissance, mais il m’apparaît grandiose, par la fêlure qu’il révèle et la déchirure qu’il contient. D’une sincérité folle, avec des accents provenant du tréfonds, le timbre comme une blessure.

La vie a été rude pour Charles Gayle, il semblait se moquer de l’aspect matériel des choses quand il jouait aux coins des rues ou sur les quais du métro, alors qu’il était sans domicile, c’est sans doute là qu’il a appris à faire sortir le cri de l’intérieur, ça a duré vingt ans avant que n’arrive sa musique dans les bacs, produite par Silkheart, un label suédois.

Ça s’est passé en 1988 et trois enregistrements sont parus qui ont changé son destin. Ici il joue en trio avec Sirone à la basse et Dave Pleasant à la batterie, comme sur « Homeless », Gayle n’a aucun mal à embarquer les deux autres dans son trip, ils sonnent comme un, ensemble, unis, dans la même direction. La passion et même parfois la souffrance, la plainte ou même la rage peuvent s’entendre ici, il suffit de se brancher sur le canal de son sax et d’en épouser le flux, de le faire sien, pour mieux ressentir.

Charles Gayle ne plaisante pas avec la religion, la foi le porte, le pousse et le motive, ainsi il semble parfois excessif comme le sont souvent les hommes entiers, son chemin ne semble pas rencontrer le doute, après tout c’est peut-être la foi qui l’a sauvé ? Albert Ayler n’était-il pas taillé dans le même bois ?

La version Cd comprend deux titres supplémentaires, « Black Oil » et « Sometimes » et atteint soixante-sept minutes. Ces deux titres sont tout aussi exceptionnels que le reste de l’album.

Eternal Now


Spirits Before


Give


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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 3 nov. 2021 02:45

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Voici un autre album de 1988, « The Hill » par le David Murray Trio. Ce dernier ne manque pas d’allure avec les grands Richard Davis à la basse et Joe Chambers à la batterie, ainsi qu’au vibraphone sur « Chelsea Bridge » de Billy Strayhorn. David Murray, lui, joue de la basse clarinette en plus du saxophone ténor qui reste cependant son instrument de prédilection. L’album est enregistré sur Black Saint, label qu’il a affectionné en cette période, y enregistrant un bon lot d’albums. Celui-ci est très réussi.

La formation en trio n’est pas très habituelle pour David Murray, il se complait souvent plus entouré, par bonheur ses partenaires vont lui permettre, au fil des échanges, d’afficher sa grande sensibilité. Comme sur la pièce qui donne son titre à l’album, où chacun joue de façon aérée, se partageant un vaste espace où les cordes de la basse de Richard Davis sont frottées à l’archet, traçant des lignes et des ellipses autour desquelles tout se construit, y compris les rythmes fins, économes et subtils du vieux Joe Chambers, passé grand-maître à ce jeu-là.

Reste à vagabonder pour David qui ne se fait pas prier et discourt avec volubilité, arborant le style qu’on lui connaît, un peu comme Shepp, coulant, mais sans ce gros son qui caractérise son aîné, il arpente la colonne d’air avec une délicatesse qui le rapproche de Ben Webster, comme sur « Chelsea bridge » occupant l’espace central du spectre sonore. Sur « Take the Coltrane » de Duke Ellington il nous régale particulièrement avec cette pièce tout en réminiscences hard-bop.

L’album oscille ainsi entre une certaine tradition et une démarche plus libérée des formes, dialoguant avec Richard Davis sur « Herbie Miller », à la façon d’une conversation, il faut dire que Richard sait mettre en mot, en phrases et en texte, l’archet vif, bondissant ou caressant, habile à tous les échanges.

Une belle rencontre à trois.

The Hill


Take the Coltrane


Fling


Santa Barbara and Crenshaw Follies
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 4 nov. 2021 03:34

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John Zorn / Fred Frith : Late Works

« Vingt diou ! d’vingt diou ! Simone apporte les couteaux, on rentre au labo ! C’est l’heure de la Cérémonie Fétide ! Les cochons vont trinquer ! »

Voilà le genre de propos qui peuvent survenir quand s’ouvre l’album, la scène sonore qui s’ouvre à vous, quand vous écoutez « Foetid Ceremony » le titre d’ouverture, est telle que les horreurs les pires peuvent vous être suggérées, malgré vous, aussi policé que vous soyez. C’est la faute à John Zorn et à Fred Frith, deux qui s’la pètent et qui ne vous épargnent guère.

Nous sommes pourtant prévenus sur le livret intérieur « All Tracks are live real-time improvisations », du genre qu’on lâche les cris de pourceaux sans pouvoir les retenir, c’est saignant là-dedans, ça s’attache au croc du boucher et ça gigote en couinant, comm’ de juste, comm’ par hasard, mais on m’la fait pas à moi, je vais me réveiller, sortir du sommeil imagé !

Que nenni mon ami, te voilà au pays des lattes-antimoustiques, des chevaux rééduqués, des chapeaux déconcertés et des anges harcelés ! Il va falloir faire face au sax alto de Zorn qui vrombit, hurle et s’emballe, clapit, frémit et geint ou bien encore, à l’heure de « The Fourth Mind », se déplie, charme et grandit, encore et encore, pour que tout redevienne beau !

Son compagnon de route est lui aussi, le plus souvent, un triste sire qui sabote, dépote et crachote, voire pire, empire et use et abuse de l’électricité avec sa guitare-fusil qui zigouille à vous les arracher !

Bon, je vous rassure tout cela n’est que délire d’un esprit fiévreux qui lutte. Un album Tzadik de la « Key Series », la quatrième rencontre entre ces deux-là, pour la première fois en studio. Un album sans limite, comme on les aime.

Pas d'extrait trouvé, hélas!
:pigkiss:
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 5 nov. 2021 05:57

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Encore un album qui frôle les limites, même s’il reste raisonnable, des impros à fond, qui s’enchaînent en un certain ordre, style trax 1, trax 3, trax 4 et ainsi de suite jusqu’à trax 14, l’ultime pièce. Ne pas en déduire qu’il y a quatorze morceaux car il manque des pièces au puzzle, la trax 2, la trax 10 et la 11, sans doute éliminées par manque de place pour tenir sur la durée d’un Cd. Si vous choisissez la version vinyle il faudra encore en éliminer, la 7, la 8, la 13 et la 14. Et pour clore le chapitre sur l’ordonnance des morceaux, sachez qu’il existe, si,si, la trax 9a et la trax 9b.

Un trio à l’origine de toutes ces trax, Makoto Kawabata plus connu comme guitariste du groupe « Acid Mothers Temple », Richard Pinhas, guitariste mythique de Heldon et Yoshida Tatsuya, batteur de Acid Mothers, Painkiller, Koenjihyakkei et de Ruins, toutes ces indications sont assez limitatives car les trois sont des musiciens voyageurs, sans tabous, ni entraves, ni limites.

On pourrait parler de « free-rock » ici, mais pas à la façon de Barney Wilen, plutôt dans une veine électrique souvent identifiée au rock et dans un esprit de créativité spontanée qui s’attache plus au free jazz, c’est d’ailleurs le terrain de jeu privilégié du batteur Yoshida Tatsuya qui s’est longtemps nourri de cette liberté-là.

Nous sommes en 2016 aux studios Condorcet où s’est effectuée cette session d’enregistrement. Il ne faut pas se le cacher les deux guitaristes captent rapidement toute l’attention, et ce n’est qu’ensuite que l’on se concentre sur le jeu du batteur.

Makoto Kawabata, comme indiqué sur les notes de pochette joue en lead et de ses « War Guitars », tandis que Richard Pinhas joue également en lead mais avec ses « Delayed Guitars », c’est dire si les effets sont puissants ici. Richard et Makoto ajouteront chacun de leur côté des solis additionnels et des lignes de synthé une fois rentrés à la maison, un travail fantastique pour un résultat très à la hauteur.

Il y a peu de pauses dans cette stridence musicale, c’est sauvage, puissant et tendu, Yoshida tape fort sur les tambours, presque violent, les cymbales aussi mais on les entend peu, surgissant à peine du flot ravageur.

Un album qui pourrait tout autant plaire aux amateurs de jazz qu’à ceux de rock, mais il serait mieux de dire à ceux du free ainsi qu’à une certaine catégorie de métalleux ou même, car ça brasse large, de musique psychédélique.

Malheureusement c'est encore râpé pour les extraits, je n'en n'ai pas trouvé, je m'en remets à plus fin limier que moi (Piranha par exemple)...
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » ven. 5 nov. 2021 09:48

:)

Quelques extraits ici : https://www.soundohm.com/product/trax-lp
On peut l'acheter

Ils parlent aussi d'un croisement de Sonny Sharrock et de Sonic Youth

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 5 nov. 2021 18:42

Piranha a écrit :
ven. 5 nov. 2021 09:48
:)

Quelques extraits ici : https://www.soundohm.com/product/trax-lp
On peut l'acheter

Ils parlent aussi d'un croisement de Sonny Sharrock et de Sonic Youth
Je te remercie pour les extraits, même courts ils renseignent bien sur le style de la musique.

J'en profite pour parler un peu de la boutique Soundohm, de Milan, car j'ai eu le statut de membre il y a quelques années et je peux faire part de mon expérience.
Comme on peut le voir en parcourant les rayons de la boutique c'est une véritable mine avec des choix très pointus et plein de trucs qui donnent envie d'écouter!
Beaucoup de free, d'électro surtout, mais aussi de library music, du psyche et d'albums provenant de la Nurse WW List.

C'est plutôt bien classé et le site a été refondu il y a une ou deux années suite à des attaques, devenu la cible, peut-être, d'un client mécontent. Ça vous plantait votre machine et le gars vous envoyait des messages dans votre boîte courrier sur le site même (inquiétant).
A l'époque le gars qui gérait s'appelait Fabio, il était très sympa et, semble t-il, s'est un peu effacé, mais ça reste à préciser.

Le statut de membre est intéressant si on achète beaucoup, 10% de réduction et frais de port gratuit, les albums gratuits sont plutôt rares bien qu'annoncés dans le statut de membre, par contre je me souviens d'une année où ils ont fait une campagne de promos sur certains articles qui étaient vraiment intéressants financièrement, surtout si on voit le prix de ces albums aujourd'hui. L'inconvénient c'est qu'il faut attendre d'avoir une commande de 140 € avant que le déclenchement de l'envoi ne s'effectue, ce qui est cher et pousse aux achats.
Autrefois, il y avait une participation financière dès l'inscription mais je n'en vois plus la mention sur le site, donc il se peut que ça n'existe plus.

J'ai dû rester membre trois années, je m'étais inscrit en même temps qu'un ami qui lui n'est resté que quelques mois, car il y a un "mais"!
Évidemment je ne me prononce pas sur l'état de la formule aujourd'hui car je ne suis plus membre, ce serait malhonnête.
Mais le problème principal, celui qui a provoqué mon départ, c'est l'extrême lenteur des livraisons, il faut imaginer que le stock n'est pas à disposition ou alors en quantité minime, et qu'ils déclenchent la commande auprès du fournisseur après que vous-même aient commandé sur leur site.
D'où des délais forts longs, des albums qui mettent plusieurs mois à arriver, des manques également, et des temps d'attente extrêmement pénibles bien que vous ayez effectué le paiement.

J'ai appris par incidence qu'eux- mêmes ne se précipitaient pas pour payer leurs fournisseurs. Il m'est arrivé de recevoir des albums en état indigne, deux au total, mais ça ne fait pas plaisir.
Fabio lorsqu'il dirigeait la boutique, avait toujours le mot et le geste, ce qui arrangeait bien. Mais les choses changent.

Le truc vrai qui arrive une fois dans votre vie:

Ils ont un site sur discogs et par, erreur, ils ont envoyé à mon domicile une palette rempli de colis avec une centaine d'albums. En fait des stocks de deux albums, en vinyle et en Cd, le camion est arrivé et pas de doute mon nom et l'adresse étaient bien la mienne, mon épouse à fait rentrer tout ça à la maison et je fus bien surpris de voir tout ça au retour du travail.
J'ai gardé un vinyle et organisé l'expédition retour, mais je sais bien que je suis un benêt dans ce monde de requins et de marchands!
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 6 nov. 2021 03:25

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Voici l’album « Men’s Land » de Michel Portal enregistré sur le « label Bleu » paru en 1988. Il est enregistré live l’année précédente au Grand Théâtre de la Maison de la Culture d’Amiens, dans le cadre du Festival International de Jazz. Ceci posé il y a un peu du beau monde.

L’hôte d’abord au sax ténor et à la basse clarinette, Jack DeJohnette à la batterie, Jean-Francois Jenny Clark à la basse, Dave Liebman au saxophone soprano, Harry Pepl à la guitare et Mino Cinelu aux Percussions. Je vous avais prévenu.

Quatre titres sur le Cd et seulement trois sur le vinyle, « Pastor » la compo de Michel a disparu, tombée aux oubliettes. L’album s’ouvre sur « Ahmad The Terrible », une compo de Jack DeJohnette bien servie par Dave Liebman au soprano qui ouvre la saga des solos, le thème est vif et sautillant entre danse et parade, ce qui profite au soliste qui virevolte et s’échappe en tous sens en butinant autour d’un thème qu’il déchiquette à l’envie, Michel prend la suite au ténor, en s’inscrivant dans son sillon avant de passer le témoin à Harry Pepl à la guitare qui s’inscrit également dans cette même virtuosité, taquiné par la section rythmique qui le relance à l’envie.

C’est vraiment tout à fait excellent, mais les habitués de Michel portal savent à quoi s’attendre venant de ce curieux musical, toujours parfait dans ses prestations, modeste et heureux de jouer. La seconde pièce « Men’s Land » donne à entendre Michel Portal à la clarinette basse, ce qui pour moi fait partie du meilleur à entendre de la part de ce merveilleux musicien.

Il signe la pièce en collaboration avec Mino Cinelu, ce dernier écrit également un beau solo, c’est pur régal que de l’écouter se démener avec les tambours et les peaux. Le duo est chaleureusement applaudi par le public qui se manifeste à l’endroit où s’achève également la première face du LP.
« Pastor » qui suit n’est en rien superflu ici, il s’inscrit parfaitement dans la suite des pistes, Jean-François Jenny Clark s’y illustre ainsi que Harry Pepl, les souffleurs arrivent en fin de piste pour jouer la coda.

La dernière pièce « Easy’Nuff » est la plus longue ici, d’une durée de plus de dix-huit minutes elle occupe à elle seule la face B du vinyle, on y retrouve Dave Liebman qui vient seconder Michel Portal, il est également le signataire de la pièce. Le morceau est magnifique, on y entend un peu de la quête coltranienne, dans l’ambiance générale de la pièce mais aussi dans les solos qui se suivent, la clarinette basse de Michel Portal puis le soprano de Dave Liebman, sans oublier Jack DeJohnette qui fait chanter les tambours et vibrer les cymbales, qui a dit que les solos de batterie étaient ennuyeux ?

Encore un superbe album de la part de l’un des plus créatifs musiciens français.

Michel Portal - Ahmad the Terrible (feat. Dave Liebman & Harry Pepl)


Michel Portal - Men's Land (feat. Mino Cinelu)


Michel Portal - Pastor (feat. Jean-François Jenny Clark & Harry Pepl)


Easy'Nuff (feat. Dave Liebman & Jack Dejohnette)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 7 nov. 2021 03:22

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Cet album fait renaître en moi les moments passés à lire le fameux « Free jazz Black power » de Philippe Carles et Jean-Louis Comolli, sorti lors de sa première édition en 1971. Un livre dont la lecture a été fondamentale dans la compréhension historique, économique et politique du free jazz.

Le héros du jour, Imamu Amiri Baraka, aka Leroy Jones, enregistrait peut-être cet album au même moment, « It’s Nation Time » a laissé une trace importante dans l’histoire du free et de la musique noire américaine, hélas l’album resta longtemps indisponible, mais une réédition vinyle d’excellente qualité est sortie sur Motown en 2018.

Je n’ignorais pas que cet album était largement parcouru par le « Spoken Word » et mon manque d’habilité dans les langues ne m’encourageait pas à partir en quête de l’objet, jusqu’à une période où, après avoir écouté et apprécié « The Last Poets », mais aussi le titre « Sweet - Black Dada Nihilismus » sorti sur le premier album ESP du « New York Art Quartet » avec LeRoi Jones en récitant, son acquisition me parut indispensable. La présence de cet album dans la sélection FJMt° est également une reconnaissance à postériori, mais n’aurait-il pas fallu également y faire figurer l’album du « New York Art Quartet » de 1965 ?

Un album historique donc, en général ce n’est pas de ceux dont il est le plus facile de parler, c’est souvent même assez paralysant, mais laissons les mots glisser…

L’album est conçu autour de sections qui se croisent et se succèdent. Les chorales d’abord, « Male & Female voices », qui chantent et soulignent le spoken word. Les « Africans drummers », percussionnistes joueurs de congas, shikari et cow bell. Le « R & B Group », voué aux musiques du même nom, ils sont huit, excellents. Et puis la section « New Music », avec Gary Bartz au sax alto, Lonnie Liston Smith au piano, Reggie Workman et Herbie Lewis à la basse ainsi qu’Idris Muhammad à la batterie. On peut également citer Gwendolyn Guthrie au chant.

Au total l’équipe tourne autour d’une trentaine de musiciens qui font vivre la musique vivante noire de l’époque de façon habile et merveilleuse. Aucun moment faible, les groupes interagissent avec un naturel confondant sans que jamais l’intérêt ne s’estompe, tout s’imbrique, les sections sont une force qui maintiennent et constituent l’ensemble. Les chants ici sont revendicatifs et révolutionnaires, l’album est un véritable manisfeste qui porte la poésie d’Imamu Amiri Baraka, le message se résume dans le titre : It's Nation Time !

Peace In Place


Come Back, Pharoah


Who Will Survive America


It’s Nation Time


Pamoja Tutashinda
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 8 nov. 2021 03:36

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Restons avec la sélection FJMt° pour cet album du « Free Music Quintet », une formation européenne qui sortit en 1968 l’album « Free Music One And Two ». Il s’enregistra très précisément dans la ferme qui figure sur la photo de pochette, enregistré les 24 et 25 juin 1968 dans une grange en briques à Baarn, aux Pays-Bas. Les bâtiments de la ferme datent de 1880 et sont la propriété d’Erwin Somer, le violoniste, vibraphoniste et percussionniste de la formation.

Ils sont tous hollandais, le plus connu est sans doute le batteur-percussionniste Pierre Courbois, il est accompagné par Ferdy Rikkers à la basse, Boy Raaymakers à la trompette, au bugle et aux percussions et Peter Van Der Locht aux saxophones, aux flûtes ainsi qu’aux percussions également. C’est du free pur jus d’époque, avec départ lent et apport continu de percussions. Philippe Robert parle de « pulsions expressionnistes » et de « climats débridés bien dosés ». Chaque mot est d’une grande justesse et a son importance, comme toujours avec cet auteur.

Les deux faces sont occupées par un titre « Free Music No. 1 » face A et « Free Music No. 2 » face B, l’impro est totale mais on peut penser qu’une organisation globale ait été conçue verbalement par les musiciens, probablement guidée par Pierre Courbois, les percussions servant d’ossature musicale à la matière sonore jouée ici.

Malgré la moindre renommée des musiciens ici rassemblés, l’œuvre enregistrée a attiré l’attention des spécialistes et des érudits du free par sa grande qualité, d’une certaine façon on pourrait dire qu’elle synthétise le genre et même anticipe son évolution, tout y est, la prédominance des percus, les montées free, le travail sur l’espace, la variété des timbres et la multiplicité des couleurs instrumentales.

Pour tout dire la musique est d’une grande beauté en même que d’une grande liberté, il faut ajouter également la qualité des solistes, leur complémentarité, Peter van der Locht aux saxs et le trompettiste Boy Raaymakers se trouvent en faisant preuve d’une très grande écoute en même temps que d’une compréhension quasi télépathique.

Reste à trouver la réponse au mystère de la pochette, ils sont sept sur la photo mais il n’y a que cinq musiciens, qui sont les deux autres personnages ?

un album ESP en écoute ici:

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par coltan » lun. 8 nov. 2021 12:20

Top le portal !

J'ai un exemplaire en double en format poche du livre "Free jazz Black power" de Philippe Carles, si jamais il y a des intéressés.

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