J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 26 sept. 2021 09:15

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Itakura Mineko, Shin'ichi Isohata, Michel Henritzi RQRQ – 情趣演歌

A nouveau un album un peu en marge de nos préoccupations « Jazz » mais qui pourrait cependant intéresser, déjà parce qu’il provient du label An'archives dont les centres d’intérêt principaux sont axés sur la musique japonaise, aussi parce que le travail de ce label est toujours hyper soigné et respectueux.

Sur cet album l’univers est axé davantage sur la musique folk avec une pointe de noise de temps à autres. Il s’intègre dans la série « Enka Mood » qui se concentre sur un aspect de la musique japonaise que l’on pourrait comparer à une version nippone de la musique country & western pour faire simple, des chansons un peu conservatrices mais très populaires. Sur la face une on trouve un trio formé par Mineko Itakura, Shin'ichi Isohata et Michel Henritzi.

« Kiri No Mashüko » qui signifie « Le Brouillard sur le Lac Mashüko » ouvre l’album, c’est une reprise d’un succès sorti en décembre 1966 qui se vendit à plus de six cent mille exemplaires à l’époque, très beau, très folk. La seconde pièce « Kyoto Kara Hakata Made » qui signifie « De Kyoto à Hakata » est une chanson de Fuji, sortie en janvier 1972, elle se concentre autour des pensées d’une jeune fille voyageant en train, recherchant son amour perdu :

Le froid sur mes épaules, la bruine lourde
L’impossibilité de te quitter me pèse
Les cloches sonnent, et j’ai pitié de moi
Comme si j’étais une idiote
De Kyoto à Hataka, je te poursuis
Femme à la dérive, vers l'ouest…

J'ai grandi à Kyoto, maintenant je suis habitué à Hakata
Même ce charmant accent a disparu maintenant
Seule, je ressens vivement ce malheur
Je me répète que je suis toujours malchanceuse
De Kyoto à Hataka, je te poursuis
Femme, qui aujourd'hui encore pleure sans toi


En toile de fond, sur cet air chanté, accompagné par une guitare sèche, un drone discordant strie la chanson comme pour imager l’infernale douleur.

Face B la première pièce « Gondora No Uta » est la plus ancienne ici, puisqu’il une version chantée dès 1915, inutile de dire qu’elle fit une très longue carrière chez nos amis nippons.

La vie est brève
Tombez amoureux, jeunes filles
Avant que le noir dans vos cheveux
Ne commence à s’estomper
Avant que la flamme dans vos cœurs
Faiblisse et meurt
Car le jour qui passe,
Ne reviendra jamais.


La seconde pièce est interprétée par Yuka Ijichi, Doronco, ex Rallizes Dénudés et Mitsuru Tabata qui participa à la formation Acid Mother temple, la pièce « Onna No Iji » a été créée en 1965 avant de devenir un succès dans l’archipel.

Toujours dans ce même esprit folk qui domine ici l’album se referme avec « Soshū Yakyoku » qui berce et ravit, comme l’ensemble de cet album, charmant, donc.

On soulignera l’aspect impeccable de la présentation, avec une enveloppe contenant des cartes postales et de longues explications sur les circonstances qui entourent l’histoire de ces chansons ainsi que des extraits qui permettent d’en comprendre les paroles, c’est en anglais, limité à 275, en version dix pouces et la couverture est gatefold, avec obi.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 26 sept. 2021 20:11

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Poursuivons la balade avec Chet Baker et l’album « Rendez-Vous » co-signé par Jean-Paul Florens à la guitare et Henry Florens au piano. Pour être complet il faudrait citer Jim Richardson qui joue à la basse et Tony Mann le batteur. L’enregistrement s’est déroulé à Londres les quatre et cinq septembre 1979.

L’album s’ouvre avec le sautillant « Blues For Inge » signé par le guitariste, Chet y fredonne au rythme de la musique brésilienne. Dès la pièce suivante on retrouve une ballade avec le standard « What’s New » qui s’écoule tranquille au rythme des solos qui se succèdent. « Old Date » cette fois-ci signé par le pianiste, sur un tempo un peu plus rapide avance dans ce même registre cool, la douceur semble présider sur cet album, le bon goût également avec ce petit plus un peu raffiné qui s’entend ici.

Puis arrive « Darn That Dream » plus ténu encore, dentelle fine et soyeuse qui s’égrène en un duo guitare, trompette d’une infinie délicatesse, quelque chose qui s’envole et se perche tout là-haut, inaccessible…

La face deux s’ouvre en standard, « My Funny Valentine » plus doux encore, plus mystérieux et plus élégant, piano, basse et trompette échangent et se comprennent, se tutoient et se font des grâces dans le plus fin raffinement musical. Ça s’accélère un peu avec « Secret Love » qui marque le retour d’un rythme plus marqué avec la batterie qui chauffe, l’occasion d’un chouette solo de guitare un peu énervé qui remue et fait du bien.

Mais déjà l’album arrive près de la fin, c’est l’heure de « Round Midnight » et du dernier standard signé Monk, l’heure du moine ou du prophète, c’est selon. Une splendide version, entre respect et retenue, comme ils savent faire.

Le petit label « Bingow Records » aura donné pendant sa courte vie l’occasion à Chet Baker d’enregistrer deux albums d’une très grande qualité, celui-ci mais aussi « All Blues » dont on a déjà parlé. Des albums un peu cachés, peu distribués, qu’il faut aller chercher. L’admirateur n’hésitera pas, qui ira malgré tout, car quand on aime…

Blues for Inge


Chet Baker - What's New


Chet Baker - Round' Midnight - Take II


Chet Baker - My Funny Valentine


Chet Baker - Secret Love
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 27 sept. 2021 09:09

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Voici le troisième chapitre des aventures de Gato Barbieri chez Impulse, l’album se nomme « Chapter Three: Viva Emiliano Zapata ». Il ne ressemble pas aux deux premiers volumes qui sont directs de décoffrage, pris sur le vif avec toute l’énergie qui suinte, on pourra regretter cet état de fait, mais pour autant il serait dommage de passer à côté de cet album, plutôt ambitieux, enregistré en studio fin juin en 1974, avec un grand orchestre dirigé par le célèbre Chico O'Farrill.

Ce serait long d’établir la liste des musiciens, citons plutôt quelques individualités bien connues, en commençant par le bassiste Ron Carter, le batteur Grady Tate, les percussionnistes Ray Mantilla, Portinho, Ray Armando et Luis Mangual. Il faut signaler également une importante section de cuivres et divers autres musiciens, guitaristes, pianistes, flûtiste etc…

L’ambiance studio et les nombreuses parties écrites ainsi que les arrangements brident un peu cette spontanéité qui ralliait les suffrages sur les deux premiers chapitres, mais l’album a des qualités qui méritent un satisfecit. Les compos sont signées par Gato, excepté deux titres, « Milonga Triste » qui ouvre l’album et « Cuando Vuelva A Tu Lado » un remake de « What A Difference A Day Makes ». Pour autant ce sont bien les compositions écrites par l’Argentin qui semblent les mieux réussies.

« Lluvia Azul » avec son intro dramatique et son développement insouciant, car là-bas, sous les tropiques, figurez-vous que la pluie est bleue. « El Sublime » qui suit sur la face une, a été titrée ainsi par Michèle Barbieri, épouse de Gato, qui a poussé ce cri du cœur juste après son interprétation dans les studios d'enregistrement. C’est sans doute le lyrisme exacerbé de la compo qui a inspiré ce qualificatif.

Quand arrive le final « Viva Emiliano Zapata » qui décoiffe sévère, Gato explique ainsi la raison de ce titre « Viva Emiliano Zapata is so titled because at the particular moment in Latin America, there is nothing else to say », c’est dit. La pièce balance, bousculée par les percussions qui poussent, Gato monte à certains moments jusqu’au cri qui s’annonce libérateur…

Un album qui mérite sa place dans les chapitres, à ne pas négliger.

Gato Barbieri, "Milonga triste", album Chapter Three: viva Emiliano Zapata, 1974


Gato Barbieri, "Viva Emiliano Zapata", album Chapter three: viva Emiliano Zapata, 1974


Gato Barbieri, "Lluvia azul", album Chapter three: viva Emiliano Zapata, 1974


El Sublime
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 28 sept. 2021 02:51

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Une nouveauté de fin juillet reçue aujourd’hui et écoutée dans la foulée. C’est signé William Parker, compositeur et bassiste, Ava Mendoza à la guitare électrique et Gerald Cleaver à la batterie. L’album se nomme « Mayan Space Station », c’est un vinyle paru sur l’excellent label « Aum Fidelity ». Il contient quatre titres, deux par face, ainsi qu’un coupon de téléchargement avec l’album et deux titres supplémentaires. Par contre l’adresse de téléchargement indiquée sur le coupon est inexacte, point de bandcamp, il faut aller directement sur le site du label.

Il y a ce petit quelque chose qui émane de la pochette qui laisse présager une musique qui sort un peu des sentiers battus. Cette pyramide Maya au milieu de la jungle luxuriante suggère que des forces surnaturelles se cachent en ces lieux, pouvoir des mythes liés aux Dieux anciens, aux griots et aux puissances cachées de l’univers.

Dès le morceau d’ouverture, « Tabasco » on comprend que cet enregistrement n’est pas « pur jazz » mais qu’il lorgne côté rock avec cette guitare électrique qui improvise sans cesse, lançant des stridences continuellement alors que la basse bétonne et que la batterie tricote des rythmes répétitifs à perspective évolutive.

Sur le morceau titre « Mayan Space Station », William Parker joue de façon répétitive et hypnotique avec des variations cependant, qui arrivent sans qu’on y prenne garde, Ava Mendoza pourrait évoquer Sonny Sharrock, référence incontournable, c’est le pôle innovant ici, improvisant continuellement de façon stellaire, c’est elle la vedette, à l’avant tout du long, derrière ils travaillent pour elle.

Mais il est également intéressant d’écouter le jeu de Gerald Cleaver, immense aux cymbales, qui ouvre la porte et l’espace tout grand pour qui veut s’engouffrer, et le boss William qui ouvre free, en solo, sur « Canyons of Light », une pièce majuscule.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 29 sept. 2021 04:15

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Bien que l’original soit français, j’ai la réédition US ! Comme quoi parfois ça marche à l’envers, pourtant l’album, lui, a bien la tête à l’endroit. Un excellent album de Chet Baker, « Broken Wing », sorti en France en 79, donc. Les albums de Chet sont parfois touchés par la grâce, celui-ci roule dans le peloton de tête, avec ses standards inévitables et son titre où Chet chante, « Oh You Crazy Moon ».

Pour moi, avec Chet c’est simple, ça s’est passé lors d‘un concert au New Morning. Ce fut le plus beau concert de ma vie, deux ou trois ans avant qu’il ne cane, déposé mort, devant son hôtel à Dam. Je vous raconterai une autre fois, mais ce gars tutoyait les anges. Peut-être est-ce d’avoir trop frôlé l’odeur du caveau…

Ici, je repense à tout ça, c’est que l’album est bon. Le groupe, Phil Markowitz au piano, Jean-François Jenny Clark à la basse et Jeff Brillinger à la batterie, enregistré au studio Davout à Paris le vingt-huit décembre 1978. Les trois, là, sont des cadors, il faut dire que parfois Chet n’est pas trop bien entouré, mais quand il file au studio, en général, c’est costaud.

Quand il joue Chet se branche direct à l’âme, il aime les ballades, les standards, pour lui ce qui compte, c’est la perfection dans l’exécution. L’émotion, quand la bonne énergie est là, doit se transmettre, toucher directement au cœur. C’est simple et c’est comme ça que ça doit se passer.

Alors, Phil Markowitz et ses marqueurs romantiques, Jean-François et sa basse ronde, chaude, vibrante, et Jeff, caressant, léger et aérien, tout concourt à cette ambiance recueillie qui permet au grand cygne de s’envoler…

Broken Wing


Oh You Crazy Moon


Black Eyes


Blue Gilles


How Deep Is the Ocean
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 29 sept. 2021 12:13

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Voici un album qui pourrait un jour connaître une réévaluation, il date de 1969 et possède encore une fraîcheur exceptionnelle. Il fait partie de ceux qui jamais ne lassent, mieux, il semble s’améliorer au fil des écoutes et des ans. Je l’ai depuis longtemps, sous sa forme d’origine, un peu frustre au niveau de la technologie d’enregistrement, pour autant, c’est sûr, c’est ainsi qu’il est le plus beau !

Ce « Yusef Lateef's Detroit Latitude 42° 30' Longitude 83° » n’a pas pris une ride, il sortirait aujourd’hui et pourrait grimper au sommet des charts. Il groove encore terrible, sans doute serait-il considéré trop court aujourd’hui, mais ici tout est écrémé au niveau de l’excellence, de la première note à la dernière. Pourtant ce n’est pas un album dont on parle trop, assez curieusement, je ne me l’explique pas…

Il possède juste une particularité, le dernier titre « That Lucky Old Sun », la pièce la plus longue de l’album, un peu plus de sept minutes, est issue d’une session différente, antérieure, de soixante-sept me semble-t-il. La formation y est un peu anémiée si on la compare au reste de l’album, Yusef est au ténor, Hugh Lawson au piano, Cecil McBee à la basse et Roy Brook Jr à la batterie, c’est également la seule pièce qui n’est pas signée Yusef Lateef.

Une ballade en fait, qui va bien, où le sax de Yusef fait merveille, tranquille, histoire de quitter l’album relax, sur une note plus classique. Le quartet se donne le temps d’enfiler les solos, cool, pour se dire au revoir.

Pour le reste, c’est La Grosse Bertha, Yusef ajoute la flûte à son arc, Thad Jones, Jimmy Owens et Snookie Young aux trompettes, Eric Gale à la guitare électrique, Cecil McBee à la basse, Chuck Rainey à la basse électrique, Hugh lawson au piano et aussi Ray Baretto et Albert Heath aux percussions et Bernard Purdie à la batterie. Il y a également un quartet à cordes qui intervient sur quatre des huit titres.

L’hommage à Detroit, la ville où Yusef est né et a grandi, se teinte ainsi de couleurs rythmiques luxuriantes et d’une atmosphère de musique urbaine, telle que l’on pouvait la créer en cette toute fin des années soixante. La polyrythmie et le groove qui imprègnent le sillon deviennent addictifs et se transforment en une certaine frustration quand les trop courtes pièces s’achèvent, alors que tout laisse à penser qu’elles pourraient continuer, et prendre à nouveau leur envol…

(Côté extraits je tartine un peu car les pièces, toutes excellentes , sont très courtes)

Bishop School


Livingston Playground


Yusef Lateef - Eastern Market


Belle Isle


Raymond Winchester


Woodward Avenue


Russell and Eliot
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 30 sept. 2021 04:55

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Le quatrième et dernier chapitre des aventures « Impulse » de Gato Barbieri s’effectue "Alive in New-York", entre le vingt et le vingt-trois février 1975, live au Bottom Line. Aucune surprise ici, on retrouve le lyrisme exacerbé de notre saxophoniste qui monte en température par palier, comme sur le titre d’ouverture « Milonga Triste », ça commence tout doux puis s'échauffe progressivement, avant de retrouver le calme de départ.

Côté musiciens c’est toujours du très solide, Howard Johnson au bugle, au tuba, à la basse clarinette ainsi qu’au tambourin, Eddie martinez au Rhodes et au piano électrique, Paul Metzke à la guitare, Ron Carter à la basse, Portinho à la batterie et Ray Armando aux congas et aux percussions.

La seconde pièce « La China Leoncia » déroule ses quatre parties jusqu’à la fin de la face, c’est sans surprise, parfaitement exécuté par ces grands professionnels, toujours dans ce même esprit que l’on connaît avec une ambiance très chaude, sans toutefois atteindre les flamboyances des deux premiers chapitres, mais sans décevoir non plus.

La face B s’ouvre avec la reprise de « Baihia » d’Auguia Demendes que Gato a enregistré sur « Fenix », on s’inscrit dans un registre ballade pendant la première partie de la pièce, puis la rythmique s’envole sous l’impulsion du Rhodes conjugué à la guitare. « Lluvia Azul » est la pièce finale de cet album qui ne recèle aucune surprise, ni en mal, ni en bien.

Un album dont on peut aisément se passer si on possède les albums majeurs du saxophoniste, mais au hasard d’une pérégrination on peut tout aussi bien l’acquérir et passer à ses côtés quarante minutes plaisantes et festives. Une façon de rentrer dans la période « cocktail » de Gato qui s’avèrera assez triste au fil des albums…

Milonga Triste


La China Leoncia (Part 2)


Baihia


Lluvia Azul
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 1 oct. 2021 03:18

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Yog Sothoth - Yog Sothoth

Voici un album de 1984 pas très facile à catégoriser, ce qui est, dans un certain sens, plutôt bon signe, ça met en évidence sa personnalité, son identité et son caractère, autant de qualités qu’il mérite. En insistant un peu on pourrait risquer prog, Zeuhl, jazz, free, improvisations, expérimental et même musique contemporaine, tout cela est un peu vrai car l’album est une hydre, il est à la fois fabuleux et possède plusieurs têtes, ce qui ne doit pas nous déconcerter car « Yog Sothoth » est également le nom d’une créature fantastique née sous la plume de Lovercraft.

Le groupe est composé de très brillants musiciens venus d’univers différents : Philippe Guillot au sax et à la flûte, Jean-Yves Joron aux claviers, Pierre-Gédéon Monteil à la basse, Olivier Lechien à la batterie et Pascal Morrow au violon auxquels s’ajoutent deux invités qui ont bien fait de passer, Mark Sims au trombone et Cathy Camilleri au chant.

Cet album est vraiment très riche et le jeu puissant à la basse, le rythme foisonnant et éclaté de la batterie ainsi que les interventions justes et précises de l'orgue font penser effectivement à la Zeuhl voire au RIO, mais ce n'est là qu'un aspect réducteur du potentiel du groupe qui s'échappe sans cesse des codes et des cases pour visiter tous les territoires à portée, avec une verve inextinguible, explorant, au fil des morceaux, jusqu'au free, particulièrement sur "Fou: L'Art Noir" qui occupe toute la face B.

Mais je gage que "Nekrosis" vous ouvrira certainement l'appétit, ainsi que l’improvisation qui s’enchaîne, « Maint Rêve Vesperal Brûlé Par Le Phenix » ! Les deux faces de l’album sont très longues, dépassant les vingt-deux minutes pour ce qui restera malheureusement le seul et unique album de cette formation prometteuse, mais dont l'aura restera underground.

Au moins l’album ne passa pas totalement inaperçu, il garde encore aujourd’hui un certain attrait pour les collectionneurs, il est vrai que cet OVNI basé sur une nouvelle de Science-Fiction se démarque totalement de la musique des années quatre-vingts !

Nekrosis - Yog Sothoth
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 2 oct. 2021 03:27

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Les pieds enracinés dans les années 50, rattaché au mouvement cool initié par Miles Davis et même Lester Young, Chet Baker n’est pas un défricheur, il ne cherche pas à faire reculer les limites de la musique, non, son propos est ailleurs, il voue sa musique à la recherche d’une certaine perfection, jouer et interpréter le mieux possible.

Doué depuis toujours, il n’a jamais appris la musique et n’a d’ailleurs jamais su la lire, tout s’est fait naturellement, prodige, remarqué par Charlie Parker lui-même, sa trop grande facilité lui vaudra quelques jalousies qui nuiront à son début de carrière, mais c’est une autre histoire...

Entre l’ado à la belle gueule et l’homme au visage buriné qui s’éteindra au milieu de la nuit, en 1988, il se passera une vie turbulente comme en témoigne chaque ride de son visage, il connaîtra la faim, le froid, la prison et, pire peut-être, des périodes d’oubli.

Au milieu des années soixante-dix, commence la deuxième vie de Chet Baker, il tourne en Europe et fait du « porte à porte » musical, enregistrant beaucoup d’albums (près de 80 en dix ans, de 78 à 88) avec des formations presque toujours différentes, au gré des rencontres et des producteurs et de temps à autre, un chef d’œuvre, comme ici, nous sommes à Copenhague et l’enregistrement se fera très rapidement. Il faut une alchimie spéciale pour créer ces pépites-là, le talent d’un seul ne suffit pas, et même le talent de trois, c’est de la fusion des trois en un que se fera l’osmose…

Chet Baker a de la musique l’idée la plus haute, il faut le voir se concentrer pendant un concert ou lors d’un enregistrement pour appréhender la hauteur de l’enjeu, ici l’entente est parfaite, la virtuosité est mise au service de l’écoute, jusqu’au dernier frémissement de la vibration de corde de la contrebasse sur « Blue room », ou encore de la singularité délicate du son de la guitare sur « Star eyes ».

Quand il chante « But not for me » ou « The Touch of Your Lips » il joue de la voix comme d’un instrument, le souffle tendu, fragile, au bord de la fêlure, sublime et sans défense… Il atteint ce point d’équilibre où naît un peu plus que la musique : la grâce, nous emportant loin du lien qui nous attache à la terre, générant un sentiment de communion fraternelle. Eh oui, il arrive à nous émouvoir avec de vieux standards, inépuisables, par sa seule interprétation à fleur de peau.

Vaporeux et délicat cet éther musical est un souffle d’émotion pure.

But Not for Me


The Touch of Your Lips


Blue Room


I Waited for You


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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Cooltrane » sam. 2 oct. 2021 16:14

à venir.... :ghee: :love1:

Je crois qu'il n'y a que Trane au-dessus de lui (Graham Collier) dans mon panthéon.




Il y a aussi ceci :chapozzz:


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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 2 oct. 2021 16:28

Du coup je remonte ce sujet à propos de "Darius", un excellent album !
Douglas a écrit :
sam. 1 févr. 2020 07:34
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L’album « Darius » interprété par l’ensemble « Graham Collier Music » n’a rien à voir avec le roi de Perse de l’antiquité, c’est simplement le surnom que porte Graham Collier, bassiste et compositeur de la formation. Ce vinyle est sorti en 1974 et la pièce « Darius » d’une durée de 44 minutes s’est vue séparée par les deux faces du disque, l’édition Cd de 2000 présente le morceau d’un seul tenant, en compagnie de « A New Dawn » pièce intéressante mais qui n’a rien à voir avec l’épopée magnifique de Darius, toujours aussi magique aujourd’hui.

Graham Collier compose avec une précision exemplaire, un habile organisateur de tensions, possédant, en plus, un talent certain pour dénicher les meilleurs musiciens pour intégrer ses projets et s’inscrire en solistes brillants dans le canevas défini. Ainsi l’équipe des musiciens est composée par Harry Beckett (trompette et bugle), Geoff Castle (piano électrique), Graham Collier (contrebasse), Ed Speight (guitare), Derek Wadsworth (trombone), et John Webb (batterie), un sextet d’une rare cohésion pour un album qui reste inexplicablement encore dans l’ombre.

Les références auxquelles on pense ne manquent pas, Soft Machine, Nucleus et le Miles électrique évidemment, toutefois le côté « british » de la musique est puissant et, bien qu’il s’agisse incontestablement d’un album de jazz, on sent qu’il peut plaire aux amateurs de musique progressive. L’enregistrement est public « live at Cranfield Institute of Technology », d’une excellente qualité sonore, le Cd a par ailleurs bénéficié d’une re mastérisation.

Graham Collier - Darius Part 1


Darius Part 2


Darius Part 3


Darius Part 4
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 3 oct. 2021 03:24

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Voici un bel Impulse de Yusef Lateef enregistré « Live at Pep's » comme l’indique son titre, à Philadelphie le vingt-neuf juin 1964. Il existe aujourd’hui des extensions avec des titres inédits mais, pour ma part, je ne parle que de l’album sorti en soixante-cinq, avec ses sept titres, tel qu’il parut alors, je m’appuie sur les précieuses notes de pochette de Don Heckman.

L’un des intérêts de cet album c’est d’entendre Yusef dans son costume de multi instrumentiste. C’est l’un de ses charmes indiscutables il aime jouer de différents instruments, les apprendre et les faire sonner à sa façon. Son instrument principal reste le saxophone ténor, c’est également un flûtiste remarquable, mais son domaine ne connaît pas de limite et sa pratique est multiple.

Dès le titre d’ouverture « Sister Mamie » il joue du shannas, c’est un instrument à double anche assez proche du hautbois dont un des meilleurs spécialistes est le virtuose indien Bismallah Khan qui fut autrefois écouté par les plus grands jazzmen. Cette pièce est magnifique !

« Number 7 » est d’abord illuminé par l’excellent trompettiste Richard Williams qui est un des attraits de cet album, puis Yusef joue un solo avec une flûte de bambou qu’il a lui-même fabriquée, ainsi on baigne dans une sorte de blues qui s’échappe vers la musique indienne ! On reste avec le blues sur la dernière piste de la face « 12 Tone Blues » avec un très beau et court solo de basse de la part d’Ernie Farrow.

La seconde face s’ouvre sur une reprise de « See See Rider », cette fois-ci le leader effectue son solo avec un hautbois, ajoutant encore une nouvelle palette aux couleurs de cet album qui, tout en s’avérant assez traditionnel dans ses choix musicaux, est une merveille dans la diversité des sons et des instruments.

« The Magnolia Triangle » la compo suivante est écrite par le batteur James Black, un hard bop traditionnel où le ténor se fait entendre, ouvrant la suite des solos, trompette et batterie. Le titre suivant « The Weaver » émane de la période où Yusef jouait dans le Cannonball Adderley Sextet, une période de sa vie pendant laquelle il a brillé au sein de ce magnifique orchestre, la pièce est excellente avec un Mike Nock au piano qui se distingue, ajoutant quelques dissonances bienvenues.

Pour finir « Slippin’&Slidin’ » avec Yusef à la flûte qui retrouve une rythmique vive et enjouée, pour dire au revoir…

Yusef Lateef Live At Peps - Sister Mamie


Yusef Lateef Live At Peps - Number 7


See See Rider (Live At Pep's Lounge, Philadelphia / 1964)


Yusef Lateef - Slippin' 'n' Slidin'
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 3 oct. 2021 15:32

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Un petit retour vers la sélection « Free jazz Manifesto » avec cet album émanant du « Billy Bang's Survival Ensemble », du free sans conteste ni tabou, de quoi passer un bon moment hors du temps pour qui se plonge dans ce bain musical. L’enregistrement se déroule le seize mai 1978, live, lors d’une émission radiophonique diffusée par la Radio de l’Université de Colombia.

Cet album a été longtemps le tout premier témoignage de cette formation, mais le petit label lithuanien NoBusiness Records a fait œuvre de recherche en déterrant les bandes de « Black Man’s Blues », d’un an plus précoce, mettant à disposition l’enregistrement de la participation de la formation à la manifestation « A Day in Solidarity with Soweto » qui se déroula à New York. Les prix de l’original semblant vouloir monter, l’édition sur Cd des deux enregistrements précités mets à disposition tout cela à un prix raisonnable, la qualité du son est très satisfaisante.

Musicalement, tout ce qui est enregistré ici peut se rattacher au mouvement de la scène des Lofts à New-York, on y retrouve cet esprit engagé, ce besoin de « dire », de témoigner. On y sent également le désir de partage et la manifestation d’une grande stimulation. On ressent toute cette chaleur à l’écoute de l’album.

Billy Bang joue évidemment du violon, le Survival ensemble est ici constitué par les saxophonistes Bilal Abdur Rahman au ténor et soprano et Henry Warner à l’alto, le bassiste William Parker et les percussionnistes Rashid Bakr et Khuwana Fuller, mais comme souvent, les percussions c’est pour tout le monde, lorsqu’on ne souffle pas.

L’album est puissant, vif, incendiaire et habité. Ça déménage sévère, chauffe de partout, les quatre pièces filent à vitesse grand "V", emportant tout. Pour autant c’est propre, pensé, organisé, pas fou-fou, l’énergie est débordante mais canalisée.

Billy Bang's Survival Ensemble – New York Collage (Full Album)

00:00 – 12:11 Nobody Hear the Music the Same Way (Dedicated to John Coltrane)
12:11 – 22:04 For Josie Part II
22:04 – 30:20 Illustration
30:20 – 44:37 Subhanallah

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 4 oct. 2021 06:14

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Voici le nouvel album de Julien Lourau, « Power of Soul », sous-titré « The Music of CTI ». Ces trois initiales représentent le célèbre label de jazz de Creed Taylor, je vous ai présenté il y a peu l’album de Chet Baker « She Was Too Good to Me » qui représentait symboliquement le retour de Chet, revenu des enfers. On y a vu un peu ce qu’était CTI, un label un peu sucré qui n’hésitait pas à sortir les cordes si nécessaire, mais également d’assurer au niveau du son, qualité et rondeur mises en avant. Pour mémoire c’est aussi Creed Taylor qui fut à l’origine du célèbre et tentaculaire label « Impulse » en 1960.

Julien Lourau plonge dans le répertoire du label pour en ressortir un double album vinyle de très haute tenue. Ado il s’était intéressé à CTI par l’intermédiaire du saxophoniste Stanley Turrentine qui le fascina, ainsi que par le travail d’Eumir Deodato aux arrangements. Les titres ont été choisis en faisant émerger du répertoire quelques « succès » de l’époque, Julien remarquant que le label est désormais dans l’air du temps et que beaucoup s’y intéressent.

Julien Lourau joue du saxophone, après avoir expurgé les cordes et la masse des cuivres des morceaux choisis, il s’entoure d’Arnaud Roulin aux synthétiseurs analogiques, de Léo Jassef au piano, oubliant le Fender d’époque, de Sylvain Daniel à la basse et de Jim Hart à la batterie. Nous sommes plongés dans un bain revivaliste d’une exceptionnelle qualité, tant au niveau du son que de l’interprétation.

Je suis depuis assez longtemps le travail de Julien Lourau et cet album est incontestablement une de ses belles réussites, dans le registre qu’il aime, pas d’esbroufe ni de prise de tête, mais un grand respect du public, on remarque également la présence de Bojan Z sur la dernière pièce « Love and Piece », il joue de la guitare en hommage à son frère, guitariste disparu.

Bien que la philosophie de CTI soit tournée vers le commerce et l’envie de plaire au grand public, Julien a su rester sobre, fidèle à lui-même, malgré la perche tendue. Merci à lui.

People Make the World Go Round


Power of Soul


Piece of Mind


Love and Peace
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Message par Piranha » lun. 4 oct. 2021 16:57

Douglas a écrit :
lun. 4 oct. 2021 06:14
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le label est désormais dans l’air du temps et que beaucoup s’y intéressent.

Ah ouai ?
Je me rappelle qu'au début des années 2000 il avait une belle cote auprès des dj soul jazz
Content que cela reprenne ,il y au delà du glucose quelques belles perles.

Il faut dire que les pochettes aident bien

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 4 oct. 2021 20:21

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Arrive le Chet Baker Trio composé du maestro à la trompette et au chant, de Niels-Henning Ørsted Pedersen à la basse et de Doug Raney à la guitare, un trio sans batterie donc. L’album est enregistré « Live At Jazzhus Montmartre » à Copenhague, le quatre octobre 1979. C’est le second album d’une série de trois issus du même concert, celui-ci se nomme « This Is Always », il est sorti en 1982. Le premier, « Daybreak » était paru en 1980 et le troisième « Someday My Prince Will Come » paraîtra en 1983, tous sur SteepleChase Records.

Quatre pièces ici, deux par face, pour commencer un standard que Chet a beaucoup joué en cette période « How Deep is the Ocean » suivi du plus rare « House Of Jade » de Wayne Shorter. Cette face une nous montre un trio très concentré, ce qui est plaisant avec cette formule à trois c’est que chacun peut s’exprimer assez longuement, les pages de solo des uns et des autres se succèdent avec une certaine rapidité, même si Chet s’offre la part du lion.

On retrouve son goût pour les atmosphères calmes et apaisantes, laissant libre cours à la tendresse et à la poésie. Les ballades sont belles, aériennes et pastorales et les vibrations sont toutes en cordes, caressées, frottées ou grattées. Le souffle de Chet forme un nuage éthéré qui s’échappe et s’envole, avant de mourir et renaître…

Mais je préfère encore la face B, d’abord cette belle interprétation de « Love For Sale » qui nous sort d’une certaine léthargie qui guettait, le tempo est un peu plus vif et la pièce avance en forme de point d’interrogation. Et puis il y a surtout « This Is Always » qui clôt l’album de la meilleure des façons, la pièce d’Earl Coleman vibre sous le chant de Chet, toujours inimitable, déchirant.

Encore un bel album, avec une pièce finale remarquable.

Chet Baker Trio - How Deep Is The Ocean


Chet Baker Trio - House Of Jade


Chet Baker Trio - Love For Sale


Chet baker Trio - This Is Always
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 5 oct. 2021 12:14

En rapport avec le précédent, je remonte le fameux "Lebroba", vraiment un superbe album !

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Un album ECM enregistré en juillet 2017 à New York et sorti en novembre de l’année suivante, encore un trio mais cette fois-ci avec un leader batteur, Andrew Cyrille, en compagnie du trompettiste Wadada Leo Smith et du guitariste Bill Frisell. Les noms eux seuls font frémir. A ce propos le nom de l’album, « Lebroba » provient des lieux de naissance des musiciens « Le » comme Leland dans le Mississipi pour Leo Smith, « Bro » comme Brooklin pour Andrew Cyrille et « Ba » comme Baltimore pour Bill Frisell. Tout à coup on se sent plus savant !

On sait ce que l’on peut attendre d’un album ECM au niveau du son et, en effet, la musique est calibrée au millimètre pour rentrer dans le cadre. Rien de surprenant quand on connaît ces trois mastodontes. La première face est occupée par une pièce de Bill Frisell qui ouvre l’album « Worried Woman » et suivie d’une longue compo de plus de dix-sept minutes de Leo Smith, un hommage à Alice Coltrane : « Turiya : Alice Coltrane Meditations And Dreams : Love ».

Quand on connaît Leo Smith, son goût pour les silences, la musique elliptique, parfois presque désintégrée, on n’est pas surpris par le traitement ici, tout en fines subtilités, comme dessiné dans l’espace. L’espace justement qui est aussi le territoire d’Andrew Cyrille, ce dernier est un expert en création de territoires, de lieux étranges avec des vides et des pleins, il souligne plus qu’il ne soutient en rythme et en creux, créant anticyclones et dépressions, se jouant des reliefs et de la géographie.

« Lebroba » signé Andrew Cyrille nous montre bien comment ces trois-là sont semblables, un peu timides et très respectueux, bâtisseurs de mondes en pointillés où ne se joue que la juste note, sans rien de superflu. Du nécessaire et du précis, mais de l’instinctif aussi, on ne réfléchit pas trop : les idées jaillissent de partout !

« TGD » l’impro à trois est à cet égard révélatrice, magnifique aussi. La dernière pièce est à nouveau signée Andrew Cyrille, « Pretty Beauty » avec ses airs contemplatifs, navigue entre calme et sérénité, on se dit, en cette fin de parcours, que chacun sort grandi de cet album, peut-être que la qualité première ici c’est la capacité à écouter l’autre, à s’y connecter pour mieux le deviner.

Quel album !

Lebroba


TGD
Modifié en dernier par Douglas le mar. 13 déc. 2022 12:44, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » mar. 5 oct. 2021 18:24

Je me promene sur Youtube et je tombe la dessus, joli casting

Par contre je sais pas ou Metheny va se fringuer mais qu'il change de fournisseur, c'est quoi cette chemise :hehe:


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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 6 oct. 2021 04:36

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Et maintenant un album en provenance de Tzadik, le label de John Zorn, paru en 2012 dans la « Spotlight Series » qui est consacrée aux jeunes musiciens à travers le monde, on se souvient de l’album de « Guillaume Perret & The Electric Epic » qui cartonna cette année-là… Ici c’est le groupe « Many Arms » qui est en vedette, un Power Trio en provenance de Philadelphie.

Le guitariste de la formation c’est Nick Millevoi dont je vous avais parlé pour son excellent album de 2016, « Desertion ». Ici l’atmosphère est presque opposée, beaucoup plus tendue, quasi « Heavy Metal » sur la première pièce de l’album, « Beyond Territories » qui semble tourner sur elle-même avec ses motifs répétitifs et son énergie lourde qui ne laisse pas de quartier.

Johnny DeBlase est à la basse et Ricardo Lagomasino tient la batterie. C’est le troisième album de la formation et le second sur Tzadik, il contient trois suites, chacune signée par un des membres du groupe, si la première, on l’a vu est féroce, la seconde, « In Dealing With The », également toute en électricité, est plus apprivoisée, presque calme, malgré ses motifs entêtants.

« Rising Artifacts in A Five-Point Field » constitue la troisième pièce du puzzle, signée par le bassiste elle lui offre l’opportunité de montrer de quoi il est capable, et il envoie croyez-moi. Les trois sont virtuoses et généreux, un peu métal, un peu punk et un peu free, sans tabous, pourvoyeurs d’une énergie à la fois jeune et pure, violente et sincère.

Idéal, pour se purger le cerveau.

Many Arms- Rising Artifacts in a Five-Point Field


En live!

Many Arms 'Beyond Territories' p1 live at Silent City Distro - Ithaca Underground 4.8.12
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 6 oct. 2021 21:40

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