J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 19 avr. 2021 02:55

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Marion Brown ‎– Afternoon Of A Georgia Faun

Un album ECM que je m’étais procuré en version US, avec un coin coupé, quelques temps après sa sortie. Je me souviens de ma perplexité à son écoute, il ne correspondait en rien à ce que j’attendais. Pas de furie free, ni d’envolées sauvages, il était devenu, au fil du temps, un de mes albums préférés d’endormissement, particulièrement pour la face une qui contient le morceau titre « Afternoon of a Georgia Faun », il évoque la nature, ses bruits, les animaux, la vie autour du point d’eau…

Ça aurait pu être une musique de film, avec des intrigues, des sentiments inquiets, du suspens même, une musique pour image, ou bien encore la bande son d’un rêve éveillé, avec des mystères, des voix venues d’outre-monde, qui traversent l’espace et le fendent…

C’est le quatrième album sorti chez ECM, avec une pléiade de grands noms. Marion Brown, bien sûr, un extraordinaire musicien et un homme bon et généreux, il joue du sax alto, du zomari, un instrument à anche africain et des percussions. Il semble bénéficier aujourd’hui d’une sorte de renouveau, il est écouté par les plus jeunes et bénéficie d’une réévaluation de son œuvre, ce qui est mérité.

Est également présent Anthony Braxton, multi instrumentiste, je passe sur l’éventail des instruments dont il joue, car ils sont très nombreux, tout comme pour Bennie Maupin, souffleur lui aussi, il y a également Chick Coréa aux claviers, Jeanne Lee et sa voix, Andrew Cyrille aux percussions, quel festival me direz-vous !

En effet, et il y a encore cinq musiciens moins renommés, vous découvrirez leur nom au dos de la pochette, tous jouent également des percussions. Il faut préciser qu’alors tous ces musiciens n’étaient pas encore des stars et qu’une telle réunion de talents était encore possible. Cet album est vraiment étonnant, unique et précurseur.

La seconde face, la plus renommée sans doute, est dédiée au titre « Djinji’s Corner », ici l’atmosphère est plus free, plus théâtrale, plus étouffante également, l’auditeur est sous pression, la voix de Jeanne Lee joue un grand rôle dans cette atmosphère un peu surnaturelle.

L’album est court, trente-cinq minutes denses et pleines, il mérite une écoute attentive et un vinyle sans défaut, la touche ECM fonctionne à plein sur cette œuvre et la pureté du son fait partie intégrante de la magie, il faut écouter les détails, le frotté des peaux, pour être en mesure de bénéficier d’un véritable dessert acoustique.

Afternoon Of A Georgia Faun


Djinji's Corner
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 19 avr. 2021 15:18

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Ray Russell ‎– Live At The I.C.A.

En parcourant mes étagères à la recherche d’un bon album free je tombe sur celui de « Ray Russell Live At The I.C.A. », et oups ! J’avais oublié que c’était un test pressing, la pochette est la bonne mais les labels sont peu diserts, des codes de lettres et de chiffres et un A4 de chez RCA contenant divers renseignements. Cet album est tout de même une légende du free jazz britannique, même si le secret reste bien gardé.

Mon document indique la date du onze juin 1971 et le Ray Russell Quintet à l’œuvre, les titres sont détaillés avec le minutage correspondant, alors que ce dernier n’est pas indiqué sur le verso de la pochette. Cette dernière indique par contre le nom des musiciens aux côtés du compositeur et guitariste Ray Russell. Harry Beckett est à la trompette et au bugle, Tony Roberts au sax ténor, à la basse clarinette et à la flûte, Daryl Runswick à la basse et Alan Rushton à la batterie.

Tout en menant une brillante carrière de musicos de studios, Russell a eu l’opportunité de sortir cet album free dès soixante et onze, une période où les labels recherchaient des musiciens s’exprimant dans ce style, et cet enregistrement de concert contient quelques passages d’anthologies avec une guitare flamboyante et déjantée.

Il est évident que la plupart des pièces contiennent une très grande part d’improvisations, et les tensions décroissent aussi rapidement qu’elles croissent, on pense à John McLaughlin à cette même période et au virage vers une nouvelle musique déjà négocié par Miles et ses adeptes.

Il existe une édition Cd très augmentée avec Gary Windo aux saxophones, un choix très convenable. Par contre, pas trouvé d'extrait!
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 20 avr. 2021 05:10

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Christiane Bopp, Jean-Marc Foussat & Emmanuelle Parrenin ‎– Nature Still

Voici « Nature Still » un album en quatre étapes, conçu et signé par un trio magnifique, Christiane Bopp au trombone, Jean-Marc Foussat au Synthi AKS et Emmanuelle Parrenin à la vieille à roue. Il faut ajouter les voix dont chacun use. Les instruments réunis ici témoignent d’un télescopage temporel, la vieille et le synthi réunis pour célébrer, au-delà du temps, la nature, tantôt morte, tantôt vivante.

Le chemin est dur et la route ardue. La réunion de ces trois musiciens rassemble des horizons très divers, Christiane est issue de la musique contemporaine, Jean-Marc du jazz et du milieu underground et Emmanuelle a un passé plutôt folk. Les parcours sont différents mais il était écrit qu’une rencontre à trois devait se faire.

Cela se passa le premier février 2018 à la Générale à Paris, puis A La Maison, en avril, à La Garenne Colombes, où l’on entend le bourdon d’Emmanuelle traversé par les nappes vaporeuses du Synthi Aks et par la voix cuivrée et métallisée du trombone. Les chants sont sombres, tristes et inquiétants, ici l’espoir, c’était avant.

C’est lent, une impression de musique indus, machine, rythme très mécanique, avec des sons aigus, des grincements, des accélérations parfois. Et la voix d’Emmanuelle, triste, destin apocalyptique, funèbre…

Au loin, une gare, sonnent les cloches, un nouveau départ ?

Christiane Bopp - Jean-Marc Foussat - Emmanuelle Parrenin @ La générale - 1/02/2018
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par The lad » mar. 20 avr. 2021 16:10

Harry James - Buy The Numbers (2021)

Découvert via la page instagram du label new yorkais Potions Music hier après-midi, écouté quatre fois dans la soirée sur Spotify et acheté en deux exemplaires ce matin sur bandcamp (#lenouveaumillénaire) — petit tirage (300) et c'est le deuxième service. New yorkais exilé à Windy City, percussionniste au sein du quarter art rock Chandeliers qui reprend le travail de Terry Riley, Moondog et tout ces noms qui filent la trique aux instits qui écoute du jazz, Harry James livre un disque solo de hip hop fait à la main. Sans machines, les voiles laissent apparaître les fils d'une structure jazz qui fait ressortir une fragilité qui anime les quelques faiblesses et accidents de l'album et le rend d'autant plus attachant. On y entend toutes les légendes validées et très populaires, Alice Coltrane, Dorothy Ashby (Dapper), Les McCann, Galt McDermott, Philipp Glass (The Bandit) et on devine évidemment les pré-cités. Ça m'a bien plu. Poke à Goldandlink, Homeward et Maxime et tout les esthètes dans les parages… Ce disque pourrait sonner chez vous aussi.

Achète : https://harryjames.bandcamp.com/album/buy-the-numbers

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par whereisbrian » mar. 20 avr. 2021 17:58

Très cool, j'aime bien !

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 20 avr. 2021 18:11

The lad a écrit :
mar. 20 avr. 2021 16:10
Harry James - Buy The Numbers (2021)

Découvert via la page instagram du label new yorkais Potions Music hier après-midi, écouté quatre fois dans la soirée sur Spotify et acheté en deux exemplaires ce matin sur bandcamp (#lenouveaumillénaire) — petit tirage (300) et c'est le deuxième service. New yorkais exilé à Windy City, percussionniste au sein du quarter art rock Chandeliers qui reprend le travail de Terry Riley, Moondog et tout ces noms qui filent la trique aux instits qui écoute du jazz, Harry James livre un disque solo de hip hop fait à la main. Sans machines, les voiles laissent apparaître les fils d'une structure jazz qui fait ressortir une fragilité qui anime les quelques faiblesses et accidents de l'album et le rend d'autant plus attachant. On y entend toutes les légendes validées et très populaires, Alice Coltrane, Dorothy Ashby (Dapper), Les McCann, Galt McDermott, Philipp Glass (The Bandit) et on devine évidemment les pré-cités. Ça m'a bien plu. Poke à Goldandlink, Homeward et Maxime et tout les esthètes dans les parages… Ce disque pourrait sonner chez vous aussi.

Achète : https://harryjames.bandcamp.com/album/buy-the-numbers

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Dommage, je crois qu'il faudra attendre le troisième service pour en écouter davantage !
:nono:
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par The lad » mar. 20 avr. 2021 19:01

Douglas a écrit :
mar. 20 avr. 2021 18:11
The lad a écrit :
mar. 20 avr. 2021 16:10
Harry James - Buy The Numbers (2021)

Découvert via la page instagram du label new yorkais Potions Music hier après-midi, écouté quatre fois dans la soirée sur Spotify et acheté en deux exemplaires ce matin sur bandcamp (#lenouveaumillénaire) — petit tirage (300) et c'est le deuxième service. New yorkais exilé à Windy City, percussionniste au sein du quarter art rock Chandeliers qui reprend le travail de Terry Riley, Moondog et tout ces noms qui filent la trique aux instits qui écoute du jazz, Harry James livre un disque solo de hip hop fait à la main. Sans machines, les voiles laissent apparaître les fils d'une structure jazz qui fait ressortir une fragilité qui anime les quelques faiblesses et accidents de l'album et le rend d'autant plus attachant. On y entend toutes les légendes validées et très populaires, Alice Coltrane, Dorothy Ashby (Dapper), Les McCann, Galt McDermott, Philipp Glass (The Bandit) et on devine évidemment les pré-cités. Ça m'a bien plu. Poke à Goldandlink, Homeward et Maxime et tout les esthètes dans les parages… Ce disque pourrait sonner chez vous aussi.

Achète : https://harryjames.bandcamp.com/album/buy-the-numbers

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Dommage, je crois qu'il faudra attendre le troisième service pour en écouter davantage !
:nono:

Je pense que j’ai fait une erreur dans l’adresse du bandcamp, il semble qu’il y ait encore des disques disponible : https://harryjames.bandcamp.com/album/buy-the-numbers
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » mar. 20 avr. 2021 19:39

The lad a écrit :
mar. 20 avr. 2021 16:10
Harry James - Buy The Numbers (2021)

Découvert via la page instagram du label new yorkais Potions Music hier après-midi, écouté quatre fois dans la soirée sur Spotify et acheté en deux exemplaires ce matin sur bandcamp (#lenouveaumillénaire) — petit tirage (300) et c'est le deuxième service. New yorkais exilé à Windy City, percussionniste au sein du quarter art rock Chandeliers qui reprend le travail de Terry Riley, Moondog et tout ces noms qui filent la trique aux instits qui écoute du jazz, Harry James livre un disque solo de hip hop fait à la main. Sans machines, les voiles laissent apparaître les fils d'une structure jazz qui fait ressortir une fragilité qui anime les quelques faiblesses et accidents de l'album et le rend d'autant plus attachant. On y entend toutes les légendes validées et très populaires, Alice Coltrane, Dorothy Ashby (Dapper), Les McCann, Galt McDermott, Philipp Glass (The Bandit) et on devine évidemment les pré-cités. Ça m'a bien plu. Poke à Goldandlink, Homeward et Maxime et tout les esthètes dans les parages… Ce disque pourrait sonner chez vous aussi.

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Merci, intéressant
Au fait, pourquoi deux exemplaires. Un lien mathématique avec le nombre d'écoutes sur Spotify ::d ?

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 20 avr. 2021 20:30

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Joëlle Léandre, François Houle, Raymond Strid ‎– Last Seen Headed Live At Sons D'Hiver

Joëlle Léandre est une des figures les plus importantes du jazz de chez nous, et d’ailleurs aussi, car la planète jazz n’aime pas les frontières. Ça tombe bien qu’on parle de frontière car le clarinettiste qui joue en sa compagnie est Canadien, ce n’est pas François Carrier, le gars de Chicoutimi, non, non, c’est bien un François mais son nom est « Houle ». Quand on le cherche on dit « Houlé François ?» et il répond, « Derrière mes clarinettes ».

Joëlle Léandre elle aussi pourrait se cacher pour faire des blagues, mais ce n’est pas son genre, elle arbore fièrement la basse qu’elle étreint comme s’il s’agissait d’une partie d’elle-même, une extension en quelque sorte. Il faut dire que c’est une personnalité, un caractère même, très exigeante et entière, elle est au service de son art, ce qui fait que chacun de ses albums marque un pas de plus vers la construction d’une œuvre de plus en plus considérable.

C’est aussi une femme de rencontres, elle a joué avec la crème des musiciens des musiques improvisées et ses participations sont toujours très remarquées, il n’est que de scruter sa discographie pour être ébloui. Mais ses deux partenaires ici sont plutôt des familiers, François Houle et Raymond Strid, le percussionniste suédois, reviennent assez souvent à ses côtés.

Voici le trio sur scène, au Centre Culturel André Malraux à Kremlin-Bicêtre, le vingt-quatre janvier 2009 pour une longue suite en sept parties, « Last Scene Headed » qui se nourrit d’improvisations continuelles, fusionnelles, absolument remarquables. Chacun apporte considérablement au collectif et la musique se forme et prends corps de façon naturelle, les rouages sont bien graissés et elle avance avec force, imperturbable et évidente, comme si tout était facile et allait de soi.

Vraiment un très bel album sorti chez Ayler Records.

Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 02:53, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par The lad » mar. 20 avr. 2021 20:35

Piranha a écrit :
mar. 20 avr. 2021 19:39
The lad a écrit :
mar. 20 avr. 2021 16:10
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Merci, intéressant
Au fait, pourquoi deux exemplaires. Un lien mathématique avec le nombre d'écoutes sur Spotify ::d ?
C’est plus pragmatique que mathématique : ça peut toujours intéresser des potes et le cas échéant ça peut être une monnaie d’échange...
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 21 avr. 2021 10:53

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Thomas Savy French-suite

« Plus Loin Musique » est un label consacré au jazz, il est basé à Rennes et a signé quelques grands noms, Avishai Cohen, Sophie Alour, Christian Escoudé, Emmanuel Bex, Eric Le Lann, Pierrick Pédron, Tigran Hamasyan, Omer Avital, et d’autres encore… Malheureusement il semble ne plus donner signe de vie depuis 2014. Pourtant, en 2009, est arrivé une étape qui semblait riche d’avenir : le label sortait son centième enregistrement.

C’est le joueur de clarinette basse, Thomas Savy, qui souffla cette bougie et, pour célébrer l’événement, le label décida de sortir ce centième Cd de façon originale : en lui offrant l’apparat d’un EP quarante-cinq tours, en respectant le format, et, petit luxe supplémentaire, la pochette est ouvrante et un livret accompagné de dessins légendés par Thomas Savy lui-même est inclus à l’intérieur de la pochette.

J’aime beaucoup le son de la clarinette basse, je dois cet amour aux grands anciens qui ont su révéler, dans la musique de jazz, la beauté de cet instrument. Depuis il n’est plus rare de le rencontrer dans beaucoup de groupes. Thomas Savy, qui l’a étudié en jouant de la musique classique, ne dédaigne pas s’encanailler avec de la musique jazz, il compose, aime improviser, respirer l’atmosphère club, ou jouer dans les concerts. Son parcours ressemble, par ce trait, à celui de Michel Portal, grand joueur de clarinette basse également.

Thomas est ici en trio avec Scott Colley à la basse et Bill Stewart à la batterie, des musiciens avec lesquels il n’avait jamais joué, la rencontre se fera à New York et l’enregistrement également, avec un résultat merveilleux.

Je ne pense pas que l’album ait tant que ça cartonné, c’est dommage car il le méritait, de par l’excellence des musiciens, la beauté des compos, la précision dans les deux reprises, « Come Sunday » du Duke et « Lonnie’s Lament » de Trane. Je ne sais si c’est dû à une trop grande « propreté du son », peut-être trop léché, ou bien certains l’ont-ils senti trop froid, ancré dans une sorte de classicisme.

Pour ma part cet album fait partie de ceux que je réécoute régulièrement et avec plaisir, comme aujourd’hui, afin de goûter à nouveau à la saveur chaleureuse et velouté de la clarinette basse, particulièrement à l’aise avec ce soutien rythmique doué d’une grande précision et d’une grande sensibilité. Il faut donner une chance à la « French Suite » !

Part II Ignition - Thomas Savy - Victoires du Jazz 2010 (ce n'est pas le trio qui figure sur l'album)

Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 02:56, modifié 3 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 21 avr. 2021 21:48

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 22 avr. 2021 05:49

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Mary Halvorson – Joe Morris ‎– Traversing Orbits

Voici un - magnifique- duo de guitaristes. Le maître et l’élève - enfin autrefois - qui se retrouvent à égalité - ils sont amis. Ils jouent tous deux-brillamment - de la guitare électrique. Il y a une dame – Mary Halvorson - et un monsieur – Joe Morris.

Il n’est pas dit qui joue – à droite - ni qui joue – à gauche. C’est à vous de trouver. Je ne connais pas trop- le monsieur - mais il me semble reconnaître - la dame - à gauche du spectre – bouhouou - sonore.

C’est électrique mais sans pédales, pour autant ça ne tourne pas – dans le vide. Les deux virtuosent – à fond – ils ne vont jamais là où l’on pense qu’ils vont aller.

Si – uniquement si – c’était de la BD, ils ne seraient jamais – non jamais – dans les cases. Ou une partie du monsieur – seulement – ou de la dame. En musique - c’est moins grave et - parfois – c’est même mieux. En free surtout, car – tout est permis – ou presque.

Car il faut bien s’entendre – et s’écouter. Ils sont deux - maîtres – maintenant. Le maître Morris et la maîtresse Halvorson. Si vous écoutez – bien – concentré, ça peut vous tourner la -tête – provoquer une sorte d’ivresse – comme un roulis. C’est signe que vous êtes - bien barrés- et que ça roule - pour vous. Là – à ce moment – il faut fermer les yeux et bien respirer -pffff. L’effet -peut-être – passager.

Tout ça reste – malgré tout - assez sage. Vous pensez à Derek Bailey – moi aussi – ou peut-être à Fred Frith ou à d’autres encore - Noël Akchoté - Sonny Sharrock – Raymond Boni - Ray Russell - Marc Ducret – Masayuki Tagayanagi - et d’autres encore… On y est- et on y pense aussi.

Autrement – titre - TRAVERSING ORBITS
label – Rogue Art.
Année – 2018.
Compositeurs - le Maître et la Maîtresse.
Lieu – At The Bunker - Brooklyn – New York – USA.

https://roguart.com/product/traversing-orbits/128
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par vox populi » jeu. 22 avr. 2021 08:06

Après avoir regardé le documentaire consacré à Lee Morgan et sa femme (qui le tua) je m'écoute ce disque

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Je conseille et le documentaire (i Called him Morgan) et le disque

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 22 avr. 2021 08:48

vox populi a écrit :
jeu. 22 avr. 2021 08:06
Après avoir regardé le documentaire consacré à Lee Morgan et sa femme (qui le tua) je m'écoute ce disque

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Je conseille et le documentaire (i Called him Morgan) et le disque
L'homme d'un grand succès: The Sidewinder. En effet l'histoire dit qu'il mourut sur scène comme Molière...

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 22 avr. 2021 17:37

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Sonny Simmons Trio ‎– Live - In Paris

Le Sonny Simmons trio enregistré au « Club La Ville », à Paris, en deux mille un. A ce stade il y a deux choix possibles, soit on aime l’ambiance « club » avec un petit peu de casse au niveau de la restitution sonore, soit on laisse de côté pour n’écouter que les albums propres et parfaitement enregistrés.

Pour ce qui concerne cet album la restitution est bonne, au pire acceptable par moments, car on entend les conversations du voisin de table, des bruits de vaisselle, celui qui passe à côté du micro… Jamais tout en même temps, mais vous n’échapperez pas à cette ambiance particulière, qui fait également le charme de ces soirées, pour les amateurs des ambiances tardives, entre chien et loup, où la fatigue et l’alcool assomme, alors que le saxo vous prend le cerveau, la basse les tripes et le cymbales vous cinglent les oreilles…

J’espère pour vous qu’il y a dans votre tête le souvenir incroyable d’une nuit où le jazz vous a pris, pour vous emmener dans l’entre-deux, avec les larmes prêtent à sortir, le cœur serré, et que vous auriez aimé, que ces instants durent, encore et encore, jusqu’au bout de la nuit…

Ce concert, ça pourrait être ça, mais par délégation seulement, car il aurait fallu être là-bas, au Club de La Ville, à Paris, tandis que Sonny embouchait le cor anglais pour vous transporter vers « Ancient Egypt », alors qu’avec son alto, il venait d’envoyer « My Favourite Things », coup sur coup deux uppercuts majeurs !

L’immense Jacques Avenel à la basse, lui qui a joué avec tant de monde le voici aux côtés de George Brown, le batteur installé en France. Une section rythmique qui envoie gros. L’enregistrement ne restitue pas le travail de ces deux musiciens avec finesse et minutie, c’est très amateur, mais on en distingue suffisamment pour suivre l’affaire de près et le micro sait se mettre à portée pour traiter les solos intéressants, comme Avenel sur « Reverent Church ».

Je suis bien là, à réécouter le double Cd avec le casque, près de cent minutes quand même, mais de temps en temps je lève la tête pensant que ma tendre et douce m’appelle, que nenni ! C’est une voix féminine blottie dans un coin de mon casque qui me hèle de temps à autres… Mirage sonore plus vrai que vrai.

Il y a pas mal de standards du bop qui défilent, « Hot House », « Salt Peanuts », « ‘Round Midnight » et « My Favorite Things » déjà signalé, de quoi plaire au public, le reste des morceaux sont signés Simmons. Ce dernier a écrit un gentil mot au recto du Cd, à l’intention de Paris, des français et des parisiens, je n’en dis pas plus, mais par les temps qui courent, je prends volontiers.

Allez, bienvenue au club !

Ancient Egypt


My Favorite Things


Reverent Church


Voodoo Hoodoo Funk
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 03:00, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 23 avr. 2021 09:44

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Ran Blake - Jaki Byard ‎– Improvisations

Voici un duo de pianistes, Ran Blake et Jaki Byard, réunis autour d’un album qui porte bien son nom « Improvisations ». Un enregistrement « Soul Note » qui date de fin mai 1981, enregistré dans les Studios Barigozzi de Milan.

Quelques standards, « On Green Dolphin Street » qui ouvre l’album, « Tea For Two » et « Victoria » que je ne connais pas. Les autres compositions sont donc des impros du duo, à l’exception de « Wende » signé Ran Blake.

Pour moi Ran Blake est à droite, le jeu dramatique, économe du pianiste, qui joue des silences et des notes parfois très appuyées le font reconnaître. Ran aime partir à l’aventure, quitter les sentiers battus pour trouver son chemin, celui qui lui ressemble et qui fait style. Souvent, il écrit des histoires sonores à la façon d'un cinéaste qui construit son film, son jeu se situe dans un scénario dont il nous peint le déroulé. Mais ici, il est placé dans une position plus singulière, dans un dialogue très fécond avec son alter égo Jaki Byard.

Celui-ci est à gauche, son jeu est plus rythmique, avec des nuances romantiques. Il me semble que sa souplesse naturelle l’adapte bien au jeu de son partenaire, et qu’il lui répond admirablement, lui renvoyant une réplique toujours intelligente et pertinente, lui aussi joue à l’occasion avec économie et même parcimonie, comme dans un miroir. Mais c’est bien lui qui relance avec des plans rythmiques infaillibles.

C’est un véritable dialogue auquel nous assistons, les deux pianos Yamaha C3D se font réponse avec une clarté qui permet aisément de suivre cette brillante conversation. On distingue les discours sans difficulté, et la beauté souvent tranquille de ces échanges fait mouche et touche. Ici Ran Blake sort du bois, débusqué par le traqueur Jaki, et ce dernier s’adapte parfaitement au style bâti au couteau de son illustre partenaire.

Un beau disque de plus.

ran blake - jaki byard - 4. wende


ran blake - jaki byard - 1. on green dolphin street


ran blake, jaki byard - 5. tea for two


ran blake, jaki byard 7 sonata for two pianos
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 03:02, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Harvest » ven. 23 avr. 2021 10:50

Je ne connaissais pas ce disque. J’aime énormément Ran Blake et Byard je le connais depuis Mingus. Conclusion ? Il me faut ce disque :chapozzz:

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Douglas
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 23 avr. 2021 17:56

Harvest a écrit :
ven. 23 avr. 2021 10:50
Je ne connaissais pas ce disque. J’aime énormément Ran Blake et Byard je le connais depuis Mingus. Conclusion ? Il me faut ce disque :chapozzz:
Tu dis vrai, il y a beaucoup de Soul Note et de Black Saint qui sont passés sous le radar!

:voiture:
Lui il s'en fout des radars!
:hehe:

Pour redevenir sérieux, je place Ran Blake très haut et c'est un musicien que je suis. Pour être juste Jaki Byard est également un très grand pianiste qui ne m'a jamais déçu, notamment un "Futura" vraiment excellent, mais je le connais moins bien.
Bienvenue chez vous, à la petite épicerie indépendante...

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 24 avr. 2021 05:55

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Baptiste Boiron, Bruno Chevillon, Frédéric Gastard ‎– Là

Une fois n’est pas coutume, voici un double Cd sorti sous le label de Stéphane Berland « Ayler Records », digipack trois volets enregistré au Centre d’Art de Kerguéhennec, à Bignan, en février vint-vingt et tout juste paru.

Un trio à l’œuvre, avec une composition originale, ce qui n’est pas fait pour déplaire, d’autant que le résultat est très satisfaisant. Pour commencer, un jeune leader – compositeur, Baptiste Boiron aux saxs soprano, alto et ténor, en compagnie du contrebassiste Bruno Chevillon et de Frédéric Gastard au saxophone basse. La couleur de ce dernier instrument et l’absence de batterie donnent une couleur nouvelle à ce trio novateur, et c’est très appréciable.

Il y a quelques reprises comme « Fleurette Africaine » de Duke Ellington, « Prayer » de Keith Jarrett et « Lonnie’s Lament » de John Coltrane. Chacune d’entre elle propose une version innovante, habillée de couleurs nouvelles. Les autres compos sont donc signées Baptiste Boiron.

L’album se nomme « Là », c’est également le nom d’une compo. Il faut aussi souligner le casse-tête qui vous attend si vous êtes amateur d’anagramme, ils se cachent dans certains titres, « avec StyLe » devient Steve Lacy, « Dur trac Mec » devient Marc Ducret, un musicien maison. Il y a aussi « nus, MonoliThe ok » qui est assez facile à trouver ou « hAt noyant Bronx » un saxophoniste, « « Bander brutaL » un batteur, « trace de Fard Gris » et « B- Choir nu, l’envol », deux familiers.… Les majuscules donnent des indices décisifs, mais il y en a un que je n’ai pas réussi à déchiffrer pour le moment, « MAlin né délivré », ça pourrait être André Minvielle, mais il y a les accents qui posent problème.

Après ces minutes ludiques parlons un peu de Baptiste Boiron, un musicien solide qui a fait ses écoles en pratiquant la musique contemporaine et s’éveille à la liberté que procure le jazz, comme beaucoup d’autres qui lui ressemblent. Ces allers-retours entre les musiques contribuent grandement à se mettre au service de la musique au singulier, ce qui, je pense, réconciliera tout le monde.
Le premier album est vraiment très beau, empreint de grâce et de beauté, avec ce saxophone basse qui réchauffe, des airs de musique de chambre combinés aux escapades montagneuses d’un Steve Lacy. Le second est plus poétique, aérien et vaporeux, un pied dans la musique contemporaine, ce qui n’exclue pas les impros.

Un bel album à ne pas négliger, conjugué à des activités ludiques, que demander de plus ?

Baptiste Boiron's Trio "Là" - MAlin né délivré (excerpt)


Teaser Boiron-Chevillon-Gastard


Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 03:04, modifié 1 fois.
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