J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 30 nov. 2020 07:22

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Bill Frisell commence à avoir une discographie longue comme le bras, c’en est même impressionnant, mais il lui manquait un album Blue Note, c’est fait avec cet album de 2019 « Harmony » qui marque son entrée vers le plus prestigieux des labels de jazz. Pour autant, et curieusement, il n’est pas tant question de jazz que cela sur cet album aux influences country, qui s’écoule sous forme de chansons.

Une chanteuse donc, Petra Haden, qui n’est pourtant pas si éloignée du monde du jazz puisque son père n’est autre qu’un monument, le contrebassiste Charlie Haden. Un autre guitariste fait son entrée dans le monde de Frisell, Luke Bergman qui sait un peu tout faire, s’associer à la guitare aux côtés de Bill, chanter ou jouer de la basse. Il y a également Hank Roberts, le joueur de violoncelle qui lui est un fidèle du leader.

Le répertoire contient quelques standards ou traditionnels mais surtout des compos de Frisell, nouvelles ou ré-arrangées pour figurer ici. L’impression est très folk, malgré que les sonorités jazz n’aient pas disparues, il faut dire que l’album répond à une commande qui met en valeur la chanson américaine. Gageons que cet album, bien qu’il obéisse aux critères demandés, soit une fenêtre ouverte et innovante vers un ailleurs, le monde paisible, rêveur et poétique de Bill Frisell…

Bill Frisell - Everywhere


Bill Frisell - God's Wing'd Horse


Fifty Years


On The Street Where You Live
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 1 déc. 2020 06:27

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Je dois admettre que le nom du « Melodic Art-Tet ‎», bien que cette formation se soit formée au tout début des années soixante-dix, ne me disait absolument rien. Mais j’ai des excuses : il n’existait pas d’enregistrement ! Pourtant, certains noms de musiciens qui font partie de la formation ne me sont pas inconnus.

Les fondateurs d’abord, le batteur Roger Blank qui participa à l’Arkestra de Sun Ra dans les années soixante et enregistra sur « Tauhid » de Pharoah Sanders, et le compositeur-saxophoniste Charles Brackeen venu de Strata-East. A ces deux-là vient se joindre un immense musicien, Ronnie Boykins, bassiste, lui aussi dans l’Arkestra de Sun Ra, un véritable pilier de la formation qui prit à un certain moment une très grande importance dans le son de l’Arkestra, véritable centre de gravitation de l’orchestre. Le quatrième membre du groupe est le fantastique compositeur-trompettiste Akmed Abdullah aka Ahmed Abdullah, lui aussi est familier de Sun Ra, il fréquentera les lofts de New-York et participera aux séances « Wilfflowers » organisées par Sam Rivers.

Attention cependant, car si la formation indiquée ci-dessus est bien celle qui tourna et circuita à l’époque, ce n’est pas exactement celle que l’on entend pendant une heure vingt, sur ce Cd. En effet, c’est une captation de concert qui fut enregistrée à la station de radio de l'Université Columbia WKCR, en octobre 1974, avec le tout jeune William Parker qui remplace Ronnie Boykins à la basse. Il est heureux que cet enregistrement existât, car le groupe ne vécut qu’entre 1970 et 1974.

Quatre titres, le plus court d’une durée de douze minutes et le plus long qui dépasse la demi-heure. Même si le son n’est pas absolument parfait, le témoignage est fort et je suis un inconditionnel de ce qui se passe ici, chaque seconde qui s’écoule est pur bonheur. L’idée même que cette musique ait pu être préservée de l’anéantissement me remplit de joie, qu’il y ait, quelque part des traqueurs d’enregistrements oubliés ou déchus exalte mon imagination et ma reconnaissance, afin que rien ne puisse échapper à la mémoire, ce qui se passe ici, c’est comme un tableau de maître retrouvé ou une sculpture sortie de terre, merci à NoBuziness Records de diffuser ces précieux albums. On pourrait également associer Jean-Marc Foussat et Fou records qui font une œuvre salvatrice en ressuscitant les concerts du 28 rue Dunois.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Leutte » mar. 1 déc. 2020 10:18

Image(mdp=jazzparadescargar)
John Coltrane - The John Coltrane Quartet Plays (1965)
1.Chim Chim Cheree 6:56
(From Walt Disney's Mary Poppins)
(Richard M. Sherman-Robert B. Sherman)
2.Brazilia 12:54
(John Coltrane)
3.Nature Boy 8:01
(Eden Ahbez)
4.Song of Praise 9:47
(John Coltrane)

John Coltrane, soprano saxophone, tenor saxophone
McCoy Tyner, piano
Jimmy Garrison, bass
Art Davis, bass (#3)
Elvin Jones, drums

Quand on parle de John Coltrane on pense bien sûr à "Giant Steps", "A Love Supreme" voir à "My Favorite Things".
Rarement à Celui-là...
Sorti en 1965 comme "A Love Supreme", et qui peine à sortir de son ombre.
Je l'ai découvert il y a 20-25 ans, à une époque où j'étais Coltranophage. Emprunté à la médiathèque puis gravé sur CD(et oui le "budget étudiant" c'est pas top) , cet opus est rapidement devenu un de mes petit chouchous.
Alors oui je l'ai moins écouté que "A Love supreme", mais néanmoins je le considère comme son complément idéal, une sorte de petit frère valeureux sous-estimé .
L'album s'ouvre sur l'inédit Chim Chim Cherry, une reprise d'un theme de la B.O. de Marry Popins/Walt Dysney( :hehe: ). Ce titre est superbe, on retrouve l'esprit "Love Supreme", on pense à Pursuance(le solo de batterie en moins..), avec une évolution progressive qui ne cesse de gagner en intensité et en émotion tout au long de ses 6 minutes 59; ce qui est sûr c'est que pas un seul instant on ne pense à Marry Poppins :hehe: .
On enchaine ensuite avec Brazilia, et ses fulgurances Free Jazz(mais sans les excès qui suivront dans les années à venir). Mon titre préféré du LP. Le sax de John crie, gémit, hurle, pleure.. et nous avec. Cette version est de loin ma préférée(et pourtant celle de "The Complete 1961 Village Vanguard Recordings" est déjà excellente).
La "face B" s'ouvre sur Nature Boy, le classique de Eden Ahbez. Là encore ma version préférée, loin devant celle de Miles, amha. Savourez les nappes de piano de McCoy Tyner.. Enfin le disque se termine sur le très bon Song of Praise et son introduction troublante par un solo de basse de Jimmy Garrison.
Ce disque anti-conformiste et audacieux me semble un des plus dignes représentants de l'alchimie du Quartet de John Coltrane.

Alors quand hier, je suis tombé sur ce disque en vinyle, je n'ai pas hésité un seul instant
Image
compositions énergiques, incisives, mélodies accrocheuses, voix et harmonies au cordeau, fuzz et distorsions à gogo

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Pills » mar. 1 déc. 2020 12:40

Leutte a écrit :
mar. 1 déc. 2020 10:18
Image(mdp=jazzparadescargar)
John Coltrane - The John Coltrane Quartet Plays (1965)
1.Chim Chim Cheree 6:56
(From Walt Disney's Mary Poppins)
(Richard M. Sherman-Robert B. Sherman)
2.Brazilia 12:54
(John Coltrane)
3.Nature Boy 8:01
(Eden Ahbez)
4.Song of Praise 9:47
(John Coltrane)

John Coltrane, soprano saxophone, tenor saxophone
McCoy Tyner, piano
Jimmy Garrison, bass
Art Davis, bass (#3)
Elvin Jones, drums

Quand on parle de John Coltrane on pense bien sûr à "Giant Steps", "A Love Supreme" voir à "My Favorite Things".
Rarement à Celui-là...
Sorti en 1965 comme "A Love Supreme", et qui peine à sortir de son ombre.
Je l'ai découvert il y a 20-25 ans, à une époque où j'étais Coltranophage. Emprunté à la médiathèque puis gravé sur CD(et oui le "budget étudiant" c'est pas top) , cet opus est rapidement devenu un de mes petit chouchous.
Alors oui je l'ai moins écouté que "A Love supreme", mais néanmoins je le considère comme son complément idéal, une sorte de petit frère valeureux sous-estimé .
L'album s'ouvre sur l'inédit Chim Chim Cherry, une reprise d'un theme de la B.O. de Marry Popins/Walt Dysney( :hehe: ). Ce titre est superbe, on retrouve l'esprit "Love Supreme", on pense à Pursuance(le solo de batterie en moins..), avec une évolution progressive qui ne cesse de gagner en intensité et en émotion tout au long de ses 6 minutes 59; ce qui est sûr c'est que pas un seul instant on ne pense à Marry Poppins :hehe: .
On enchaine ensuite avec Brazilia, et ses fulgurances Free Jazz(mais sans les excès qui suivront dans les années à venir). Mon titre préféré du LP. Le sax de John crie, gémit, hurle, pleure.. et nous avec. Cette version est de loin ma préférée(et pourtant celle de "The Complete 1961 Village Vanguard Recordings" est déjà excellente).
La "face B" s'ouvre sur Nature Boy, le classique de Eden Ahbez. Là encore ma version préférée, loin devant celle de Miles, amha. Savourez les nappes de piano de McCoy Tyner.. Enfin le disque se termine sur le très bon Song of Praise et son introduction troublante par un solo de basse de Jimmy Garrison.
Ce disque anti-conformiste et audacieux me semble un des plus dignes représentants de l'alchimie du Quartet de John Coltrane.

Alors quand hier, je suis tombé sur ce disque en vinyle, je n'ai pas hésité un seul instant
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Jamais écouté, je me fais ça dans la soirée, merci :)

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 1 déc. 2020 13:39

Leutte a écrit :
mar. 1 déc. 2020 10:18

Quand on parle de John Coltrane on pense bien sûr à "Giant Steps", "A Love Supreme" voir à "My Favorite Things".
Rarement à Celui-là...
Sorti en 1965 comme "A Love Supreme", et qui peine à sortir de son ombre.
Je l'ai découvert il y a 20-25 ans, à une époque où j'étais Coltranophage. Emprunté à la médiathèque puis gravé sur CD(et oui le "budget étudiant" c'est pas top) , cet opus est rapidement devenu un de mes petit chouchous.
Alors oui je l'ai moins écouté que "A Love supreme", mais néanmoins je le considère comme son complément idéal, une sorte de petit frère valeureux sous-estimé .
Je me permets d'extraire une partie de ton message car il met en exergue un sujet qui m'a longtemps questionné. Comme pour beaucoup "A love Supreme" est un album à part que j'ai vécu longtemps comme un aboutissement, et même un aboutissement indépassable. Pourtant Coltrane a poursuivi la route et, je n'ai pas la discographie sous les yeux, mais il me semble que l'album qui est paru juste après c'est ce fameux "John Coltrane Plays", assez logiquement il aurait dû figurer la suite.

Comme toi je me suis plongé dans sa discographie, de façon presque complète je pense, mais la période qui m'a le plus interrogée, c'est la dernière, l'ultime. Et longtemps je me suis posé cette question: Quel est l'album qui pourrait figurer une sorte de suite artistique à "A Love Supreme"?

S'il fallait poursuivre "la quête", suivre la route et aller encore plus loin, creuser encore, il me semble que l'album "Meditations" conviendrait bien, Pharoah Sanders épaule John Coltrane et Rashied Ali se joint à Elvin Jones. Le "Free" n'est ni une option, ni une fuite en avant, mais une marche indispensable et nécessaire pour avancer encore dans ce sentiment de plénitude qui s'est dégagé d'A Love Supreme.

Un album énorme, féroce et crépusculaire !

John Coltrane - Meditations (1966) full album


Je comprends bien qu'à ce jeu il n'y a pas de gagnant et que chacun peut faire un choix différent, "Transition", "First Meditation", "Interstellar Space", "Sun Ship" ou même "Kulu Se Mama" qui est magnifique et , bien sûr "John Coltrane Plays"... ou d'autres encore!
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Leutte » mar. 1 déc. 2020 21:04

Douglas a écrit :
mar. 1 déc. 2020 13:39
Je comprends bien qu'à ce jeu il n'y a pas de gagnant et que chacun peut faire un choix différent, "Transition", "First Meditation", "Interstellar Space", "Sun Ship" ou même "Kulu Se Mama" qui est magnifique et , bien sûr "John Coltrane Plays"... ou d'autres encore!
"Ascensions" par exemple.

Il y a un très bon docu sur Coltrane ("Chasing Trane") . Y compris l'après Love Suprême et l'incompréhension que ça a engendré également chez les fans les plus chevronnés. Pourtant quand on arrive à la période la plus free et qu'on voit John s'exciter dans tout les sens sur son sax, on se dit oui le mec est un explorateur, donc jusqu'au bout il continue d'explorer; du moment que la conviction et la passion transpire de chacune de ses notes rien d'autre ne doit compter.
Je ne sais pas apprécier Sun Ship. Mais je comprends que c'est ce qu'il devait faire (comme tu le dit très bien d'ailleurs).
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 2 déc. 2020 06:10

Leutte a écrit :
mar. 1 déc. 2020 21:04
Douglas a écrit :
mar. 1 déc. 2020 13:39
Je comprends bien qu'à ce jeu il n'y a pas de gagnant et que chacun peut faire un choix différent, "Transition", "First Meditation", "Interstellar Space", "Sun Ship" ou même "Kulu Se Mama" qui est magnifique et , bien sûr "John Coltrane Plays"... ou d'autres encore!
"Ascensions" par exemple.

Il y a un très bon docu sur Coltrane ("Chasing Trane") . Y compris l'après Love Suprême et l'incompréhension que ça a engendré également chez les fans les plus chevronnés. Pourtant quand on arrive à la période la plus free et qu'on voit John s'exciter dans tout les sens sur son sax, on se dit oui le mec est un explorateur, donc jusqu'au bout il continue d'explorer; du moment que la conviction et la passion transpire de chacune de ses notes rien d'autre ne doit compter.
Je ne sais pas apprécier Sun Ship. Mais je comprends que c'est ce qu'il devait faire (comme tu le dit très bien d'ailleurs).
Perso je n'ai jamais envisagé "Ascensions" comme une suite à "A Love Supreme", ni "Om" d'ailleurs, par contre il y a des "Live" qui amènent leur part à cette évolution...
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 2 déc. 2020 06:23

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Voici un album dont les notes de pochette donnent pas mal de clefs, je vais m’essayer à l’ouverture des serrures…

Ça commence au Village Vanguard avec l’album de Coltrane, le mythique « Live at the Village Vanguard Again ! » de 1966. Il se trouve que ce soir-là, au premier rang, le jour de l’enregistrement se tenait Joe McPhee. La légende est en marche.

Bien des années plus tard, le bassiste Joe Morris et le pianiste Jamie Saft échangeaient à propos de cet album, Jamie parlait aussi de son admiration pour la pianiste Alice Coltrane, qu’il admire énormément et qu’il aimerait faire un album où il s’inspirerait de son jeu. C’est de cette conversation que naît le projet de cet album avec le saxophoniste Joe McPhee et le batteur Charles Downs, deux noms qui s’imposent à Joe Morris, deux musiciens qu’il connaît !

Ce dernier, Charles Downs, en fait, est plus connu sous le nom de « Rashid Bakr », une légende du free jazz, c’est également le neveu de Jo Jones, une référence pour les plus anciens. Il a joué aux côtés de Cecil Taylor, Peter Brötzmann, Arthur Doyle, Billy Bang et bien d’autres...

C’est lors de la réunion du quatuor que Joe McPhee fait état de sa présence au concert de Coltrane, frappant les esprits, comme si tout s’enchaînait et allait de soi, il est décidé de se réunir autour d’instruments acoustiques, comme des braves.

C’est dans les montagnes « Catskill », aux studios de Jamie Saft que les amis se rejoignent, juste en bas de la rivière de Ticonderoga, un mot mohawk signifiant « confluent », là où les cours d’eau se mélangent.

C’est ainsi que cette histoire, qui débuta au Village Vanguard, se termina à Ticonderoga. Alors, si au détour d’un solo, vous entendez quelques notes de Coltrane, ou si le piano s’échappe comme celui d’Alice, dites-vous bien que tout est normal, ce ne sont que les souvenirs qui surgissent, comme le fait la source lorsqu’elle apparaît…

Beyond Days


A Backward King


Simplicity of Man


Leaves of Certain
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 3 déc. 2020 04:55, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 3 déc. 2020 04:34

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Allez les gars ! Poussez-vous un peu et faites la place ! Voici venir « Anna Högberg Attack », elles sont six venues de Suède et sont désireuses de faire valoir leur jazz sans compromission. Trois saxos à l’avant-garde, Anna Högberg à l’alto, Malin Wättring et Elin Larsson Forkelid au ténor et au soprano. Pas de quartier, vous êtes prévenus !

Lisa Ullén au piano, Elsa Bergman à la basse et Anna Lund à la batterie, une section rythmique sans faille, de quoi découper bien net. On retrouve quelques lignes sur le second album de la formation, « Anna », sorti début 2020, en page 50. Celui-ci est le premier album, sorti en 2016 avec une formation assez peu différente.

Les anches ne négligent pas thèmes et mélodies, ce qui va dans le sens des caresses, surtout lors des codas douces et harmonieuses, c’est parfois même très enlevé comme sur « familijen ». Mais ça saigne un peu également et ça déchire même, comme sur « borderline » qui pousse au crime, avec intensité, ce qui va plutôt dans les sens des coups et des hurlements, faut bien se lâcher quand même !

Elsa Bergman, lors de l’introduction pizzicato de « lisa med kniven » dessine une trame dramatique à partir de laquelle s’envolent les anches, qui tissent un fond mélodieux propice au jeu tout en taquinerie d’Anna Lund, tout en questionnement et en remise en question, l’aiguillon du coche qui pique la bête qui bien vite s’affole…

Sans parler du jeu particulièrement habile de Lisa Hulèn au piano qui, elle, aurait plutôt le rôle de la mouche du coche dans cet équipage inédit, elle pique, relance, remet en question, toujours à l’affût d’une plus grande liberté.

Un groupe de temps en temps bien free qui n’hésite pas, c’est sûr, à se bloquer sur le mode « Attaque » et ça fait bien plaisir, car, par ici, nous n’avons rien contre cette invasion viking-là, par Odin !

Anna Högberg – Attack (Full Album) [Omlott]
1. Attack
2. Familjen
3. Borderline
4. Lisa Med Kniven
5. Skoflikargränd
6. Regnet
7. Högberger

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 4 déc. 2020 04:39

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Voici un contrebassiste dont je vous ai dit quelques mots il y a peu alors qu’il officiait au sein du « Melodic Art-Tet ». Ronnie Boykins, je vous l’avais signalé, avait longtemps joué aux côtés de Sun Ra, au sein de l’Arkestra, entre 1958 et 1966, soit une période cruciale dans l’évolution de la formation qui évoluera, entre ses deux dates, d’un départ bop à un univers free. On peut estimer la participation de Ronnie Boykins à plus d’une trentaine d’albums de l’Arkestra qui seront publiés à partir de cette période.

Mais il y eut un avant et un après Sun Ra. Ainsi Ronnie a d’abord bénéficié d’une formation classique, ce qui explique son habileté au maniement de l’archet, avant de rejoindre le monde du jazz aux côtés de Von Freeman ou Johnny Griffin et du blues car il jouera aux côtés de Jimmy Witherspoon, Guitare Red ou Muddy Waters. Après son départ de l’Arkestra il jouera avec Archie Shepp, Steve Lacy, Marion Brown et beaucoup d’autres dont je ne fais pas la liste ici.

En écrivant ces lignes je suis privé d’internet, je ne puis l’affirmer avec certitude, mais il me semble bien que cet album ESP enregistré en 1975, est le seul qu’il ait enregistré en tant que leader. Un chouette album où il signe toutes les compositions, peut-être pour imiter les masses orchestrales qu’il soutenait, pendant sa période Sun Ra, il joue en septet.

Ainsi on trouve à ses côtés Joe Fergusson aux saxs ténor et alto ainsi qu’à la flûte, Monty Waters et James Vass au soprano et à l’alto, Daoud Haroum au trombone, Art Lewis aux percussions et George Avaloz à la conga. Il est également signalé sur la pochette que chacun joue également de divers instruments de percussion, cloches etc…

Nous retrouvons là un principe de base des formations dirigées par Sun Ra, qui exigeait de chacun qu’il soit également, et avant tout, un percussionniste. La dernière pièce de l’album, « The Third », de plus de douze minutes consiste en une large improvisation de l’ensemble du groupe qui joue essentiellement des percussions, avant que ne soit exposé le thème en toute fin de morceau.

Cette production ESP n’est pas très sophistiquée côté son, mais elle reste très acceptable, c’est un plaisir d’entendre la basse sautillante de Ronnie dans ce contexte, il a su développer un son énorme qui lui donne autorité, ainsi qu’une efficacité redoutable, avec une réelle précision qui parfois s’ouvre à des phases très synthétiques, rappelant l’économie d’un Count Basie qui savait, parfois, tout dire en quelques notes.

Un bel album pour le plaisir de jouer, sans esbroufe, plutôt sage même, comme on l’aime.

Ronnie Boykins - the will come, is now (spiritual jazz)


Dawn Is Evening, Afternoon


The Third I


Starlight at the Wonder Inn
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » ven. 4 déc. 2020 11:35

Douglas,

Quels seraient les albums à retenir de 2020 (hors rééditions) ?
Curieux de te lire :)

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 4 déc. 2020 17:56

Piranha a écrit :
ven. 4 déc. 2020 11:35
Douglas,

Quels seraient les albums à retenir de 2020 (hors rééditions) ?
Curieux de te lire :)
J'essaierai de te répondre avant la fin de l'année, il me faut le temps de faire le point avant de voir ça, j'ai dû écouter pas mal d'albums sortis cette année, c'est souvent difficile de choisir...
En tout cas celui-ci n'y sera pas, il est sorti officiellement le 6 décembre 2019, autrement il aurait regardé vers le haut de mon podium:

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » ven. 4 déc. 2020 19:32

Perso je retiens le Sophie Alour deja

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 4 déc. 2020 23:00

nunu a écrit :
ven. 4 déc. 2020 19:32
Perso je retiens le Sophie Alour deja
D'accord avec toi, j'avais pressenti qu'il irait haut celui-là:
Douglas a écrit :
sam. 13 juin 2020 20:28

Au jeu des mariages réussis il faudra ajouter cet album qui se place d’emblée vers le haut du panier des sorties pour cette première moitié d’année.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 5 déc. 2020 05:26

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Le désormais incontournable label « International Anthem » vient de faire paraître cet album il y a quelques jours seulement. C’est l’œuvre d’un duo inattendu, et même surprenant, deux instruments à cordes dont on n’imagine pas qu’ils puissent tomber en amour l’un de l’autre.

La contrebasse avec son gros ventre et sa voix grave et la harpe si gracile et fluette, je ne sais si c’est le mariage de la carpe et du lapin, mais c’est bien celui de Dezron Douglas et de Brandee Younger, car ces deux-là, suivant l’inclinaison, puis le penchant de leurs instruments, sont également tombés en amour.

Ça tombe bien, mais pour qu’une histoire soit belle, ou réussie, même un peu, un tout petit peu, il faut un drame, un coup du destin, un truc hachement grave qui tombe d’en haut, sur ceux qui sont en bas. Alors, c’est arrivé, le truc qui fait hachement mal : la covid. Du coup nos amoureux pleins de leurs histoires d’amour sont privés de public, du droit de jouer en concert, en cabaret, en boîte, dans le métro ou à la rue.

Alors « nous pouvons toujours créer » disent-ils, c’est un cas de « Force Majeure » disent-ils, et ils diffusent leur musique et les gens ont beaucoup aimé ça, c’est, comme ils disent, devenu « virale ». Ils ont joué leurs compos à eux, et des trucs d’amours, et des reprises d’Alice et de John Coltrane et de Pharoah Sanders « The Creator has a Masterplan » et des standards d’amour et même un joli truc de Kate Bush « This Woman's Work ».

Y’en a quinze très serrées sur l’album, c’est jazz, c’est folk, c’est beau, populaire, un peu on pourrait penser à « Amadou & Mariam » bien que, en fait ça n’ait rien à voir, déjà parce que, eux, ils voient très bien, vous voyez bien que ça n’a rien à voir.

Mais quand même ils sont tendres tous les deux et l’album est superbe, même si y’a pas Makaya McCraven, Jeff Parker, Junius Paul ni Alabaster non plus.

Gospel Trane


The Creator Has a Master Plan


Inshallah


This Woman's Work
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 6 déc. 2020 06:29

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Il est parfois intéressant de suivre le fil des personnages qui passent d’album en album, ici, deux nous sont connus : le saxophoniste alto Immanuel Wilkins et la harpiste Brandee Younger. Deux très grands musiciens, c’est une certitude, je pourrais ajouter malicieusement, « la preuve ils sont là », mais c’est tout à fait inutile.

Joël Ross est un vibraphoniste, originaire de Chicago mais il vit à New-York, c’est ici son second album, celui-ci est très beau en version double-vinyle. C’est un « Blue Note » et il se situe dans le créneau que je préfère de la part du label, éloigné des penchants très commerciaux qu’il n’hésite pas à arborer de temps à autre.

C’est un album de jazz, certes pas free, mais moderne, un savoir-faire qui n’a pas froid aux yeux et qui ne se donne pas de limite. On y retrouve pour une part ce qui a fait l’attrait « d’Omega », l’album d’Immanuel Wilkins. Une écriture très précise au service d’une énergie créatrice commune, qui se construit à partir des improvisations de chacun des composants du groupe.

« Good Vibes » est le nom de la formation qui accompagne Joel Ross, elle se compose, outre Immanuel Wilkins, de Jeremy Corren au piano, Jeremy Dutton à la batterie et Kanoa Mendenhall à la basse. Sur cinq titres Brandee Younger est l’invitée de marque de l’album. La harpe ajoute encore à la couleur et à la chaleur des timbres qui illuminent la galette, le vibraphone est lui-même un enchantement, il se fond parfois dans la masse sonore et tapisse le son de couleurs chatoyantes, ou il s’échappe en solos tourbillonnants et créatifs.

Jeremy Dutton à la batterie est lui aussi un extraordinaire rythmicien qui sait aussi faire chanter son instrument, chaque musicien est ici une entité brillante dont il est merveilleux d’isoler l’instrument pour mieux en saisir sa singularité, bien qu’elle ne prenne sens qu’en se mélangeant au grand « tout ». Cette sensation de plénitude qui remplit l’auditeur est constante pendant l’entièreté de l’écoute de cet album riche et sans faiblesse.

Gato's Gift


Joel Ross - More?


3-1-2


Dream
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 7 déc. 2020 01:51

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Black Unity Trio – Al Fatihah

Celui-ci on peut dire qu’il y a un sacré bout de temps qu’il était dans ma liste d’attente, le genre d’album presque impossible à dénicher. Pensez ! Cinq cents exemplaires diffusés en 1969 et c’est tout ! Heureusement, le temps, qui prend son temps, a mis fin à l’attente et une réédition est sortie, enfin, en vingt-vingt ! Par chance j’ai chopé le dernier exemplaire au Souffle Continu, mais l’album doit encore se trouver, sorti à 2000 exemplaires numérotés, il est cher, quarante boules ! Un bon plan : si le Père Noël passe dans vos parages, glissez-lui un petit mot.

En face du prix il faut dire qu’il y a du répondant, un travail qui commence à partir des bandes originales, c’est là le meilleur point de départ et, si on y ajoute le nec plus ultra de la technologie actuelle on aboutit à un résultat très supérieur, en définition du son, à l’édition originale, laissant entendre des détails inaudibles à l’époque. Ça ne remplace pas le sentiment de toucher de ses mains l’histoire de la musique en serrant une édition originale, mais c’est tout de même un grand plaisir et une grande satisfaction.

Il y a également une belle pochette gatefold en gros carton épais, une sous-pochette anti statique haut de gamme dans laquelle se glisse le vinyle noir de cent cinquante grammes et un gros fichier à télécharger, deux « gigots » trois en wav … L’essentiel des bénéfices est reversé aux membres du groupe qui sont toujours avec nous.

La pochette est extrêmement intrigante, des symboles musulmans et le nom de l’album « Al-Fatiha » qui est la sourate d'ouverture du Coran, le livre sacré. On retrouve les accents de la « spiritual music » héritée de John Coltrane bien que ce dernier soit catholique, comme quoi, c'est la foi qui fait foi.

C’est un trio, Abdul Wadud est à la basse et au violoncelle, Yusuf Mumin au saxophone alto et Hasan Al Hut aux percussions, seul le premier connaîtra une carrière de musicien professionnel. Yusuf Mumin alias Joe Phillips enregistrera cependant l’album « Burn Baby Burn » aux côtés de Norman Howard à la trompette en 1968, qui, cependant, ne paraîtra qu'en 2007, je vous en ai parlé page 58. Je vous avais fait part alors de mon engouement pour ce saxophoniste.

Cet enregistrement est un évènement par son existence même, puisqu’il est le premier enregistrement de free-jazz sorti de manière indépendante. On sait que Saturn, le label de Sun Ra a également sorti des albums artisanaux, mais ils n’étaient alors pas free. Celui-ci est enregistré très exactement le 24 décembre 1968, il y a cinquante-deux ans. Le temps de devenir une légende, particulièrement dans le cœur des collectionneurs, une sorte de Graal…

Black Unity Trio - Al - Fatihah

"Birth, Life And Death" - 00:00
"In Light Of Blackness" - 09:39
"Opening Prayer" - 18:47
"John's Vision" - 20:06
"Al-Nisa" - 28:43
"Final Expression" - 33:03

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 8 déc. 2020 04:49

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La découverte des derniers albums d’Archie Shepp qui me sont encore inconnus passent bien souvent par des Cds désormais, comme ce « Archie Shepp Quartet ‎– 'Round About Midnight (Live At The Totem Vol. 2) » que j’écoute en ce moment. C’est le même concert que celui du volume un, disponible en vinyle, lui, enregistré en public le 9 janvier 1979 au Totem-Stadium à Paris.

Les mêmes musiciens sont évidemment là, un quartet tout à fait excellent, que j’avais pu voir en concert cette même année, mais en Province. Archie Shepp et son saxophone ténor, Siegfried Kessler au piano, Bob Cunningham à la contrebasse et Clifford Jarvis à la batterie, Shepp a évidemment joué avec les plus grands musiciens, mais cette formation est particulièrement brillante et propose un équilibre idéal au jeu tout en nuance du talentueux ténor.

Le répertoire plonge dans les racines du jazz pour mieux en extraire la modernité. Deux pièces de Charlie Parker, l’extraordinaire « Donna Lee » qui ouvre le Cd et « Confirmation » qui le termine. Le standard de Monk « ‘Round About Midnight » et « Blues For Brother George Jackson », extrait d'Attica Blues, un titre engagé de Shepp qui frôle la demi-heure.

Cette longue interprétation est le point culminant de l’album, déjà par la longueur du développement, on sait que, à l’image de Coltrane avec lequel il a joué, Shepp aime développer longtemps ses solos, souvent par phases courtes, rapidement enchaînées, qui finissent par filer un long ruban qui s’étoffe, prend du poids et de l’épaisseur, de la force et de la densité, jusqu’à un paroxysme qui emporte le public dans une sorte de vertige. A ce jeu, ses partenaires de la tournée, et aussi des jours heureux, sont de divins accompagnateurs.

On se souvient également du Totem 1, avec une très longue version de « Things Have Got To Change » ainsi qu’un poignant « Poème For Mama Rose » et on se dit que, encore maintenant, malgré l’âge qu’il oublie quand il joue, assister à un concert du maître est un privilège qu’il ne faut surtout pas rater, si l’occasion se présente.

Archie Shepp Quartet - 'Round About Midnight - Donna Lee


Archie Shepp Quartet - 'Round About Midnight - 'Round About Midnight


Archie Shepp Quartet - 'Round About Midnight - Blues For Brother George Jackson


Archie Shepp Quartet - 'Round About Midnight - Confirmation
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 9 déc. 2020 05:47

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Voici « Out Loud » un double album de Franck Lowe enregistré en 1974, pour moitié au « Survival Studio » et pour l’autre au « Studio Rivbea », c’est l’époque des « Lofts », lieux dans lesquels les musiciens jouaient et improvisaient. Par exemple le « Rivbea » est un lieu réputé dérivé du nom des propriétaires, Sam Rivers et son épouse Beatrice.

L’album n’est sorti qu’en 2014 dans une version numérotée chic et luxueuse avec un beau livret et un bon de téléchargement qui concerne l’unique extrait de concert du groupe au « Studio Rivbea », l’enregistrement est très amateur mais c’est la seule porte d’entrée qui reste pour jeter un œil par le petit trou de la serrure. Le label « Triple Point Records » s’est spécialisé dans la fabrication d’album free luxueux, c’est vraiment un truc de dingue !

Un quartet d’enfer, Franck Lowe aux saxs ténor et soprano, flûte, percussions, congas, balafon, harmonica etc… Joseph Bowie au trombone et à la conga, William Parker à la basse et Steve Reid à la batterie. Que des musiciens dont il a déjà été question ici.

Le son est à la fois lumineux, pur et précis, mais il garde tout de même un petit côté amateur à cause de quelques scories qui ont résisté au traitement. Sur le premier album c’est Rashied Ali l’ingénieur du son et Scott Trusty sur le second. Trois compositions n’ont pas de nom, « Untitled », il n’y a rien à en déduire car elles sont excellentes, particulièrement l’incandescent « Untitled 2 » face B.

C’est une musique urgente, pleine de vitalité et d’énergie, quelque chose qui doit à une certaine sauvagerie, une musique de la colère et du paroxysme, quelque chose de libérateur aussi, un cri, une expression irrépressible de la Great Black Music. Sur la dernière face, l’arrivée du trompettiste Ahmed Abdullah dont on a parlé avec l’album du « Melodic Art-Tet » est un grand moment de « revival bop ».

Le hasard dans l’ordre des papiers est parfois créateur de coïncidences car Frank Lowe est lui aussi passé un peu plus jeune dans l’orchestre de Sun Ra et a joué également dans l’orchestre d’Alice Coltrane…

Frank Lowe Quartet Side A


Frank Lowe Quartet Side B


Frank Lowe Quartet Side C


Frank Lowe Quartet Side D
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 9 déc. 2020 16:53

Douglas a écrit :
lun. 7 déc. 2020 01:51
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Black Unity Trio – Al Fatihah
En vente sur le site à 30$, sans dépasser la limite de deux exemplaires:

https://www.gottagroovestore.com/produc ... l-fatihah/
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