J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 7 août 2020 03:15

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Je vous parlais il y a peu du « Live At Maya Recordings Festival » enregistré par Evan Parker, Barry Guy et Paul Lytton en 2011 et sorti en 2013, et bien voici un autre album du trio, « Concert In Vilnius » toujours sur « NoBusiness Records » mais enregistré en 2017, c’est le dernier album en date sorti par cette formation.

Lors du petit billet sur le précédent album, j’avais énormément insisté sur la complicité entre les musiciens, qui confinait en une sorte de fusion télépathique, tissée au fil des ans. Je n’insiste donc pas sur ce volet qui reste évidemment primordial, ça tient toujours et ce genre de lien dépasse même le sens commun.

En écrivant ces mots je pense à Misha Mengelberg, membre fondateur de l’ICP Orchestra qui, arrivé à l’âge, fut atteint par la maladie d'Alzheimer et, pourtant, continua à effectuer des tournées face à son piano, et aussi à son public, porté et pris en charge par l’intégralité du groupe qui le couvrit sous son aile, au-delà de ce qui paraissait raisonnable même. Souffrant pour lui des quolibets des ignorants et se partageant les charges attenantes. L’esprit reste accroché au corps et le souvenir des uns remplace la mémoire des autres.

J’écoute Evan Parker, Barry Guy et Paul Lytton et cette même humanité respire dans la musique, il semble que l’improvisation qui la guide, l’emmène et la transporte est toute entière issue de ce feeling-là, comme branchée aux forces vitales venues de l’intérieur, entièrement libérées des contraintes techniques ou matérielles, créant un univers sonore en dehors du temps et de l’espace ou une autre communication devient possible. C’est un peu le message d’«A Love Supreme » que l’on entend encore, si on tend l’oreille, ici.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 8 août 2020 05:32

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Un album bien distribué, chez tous les bons disquaires du monde entier, ce qui est une bonne chose compte tenu du message universel délivré par le magnifique Don Cherry. Un album qui fera la joie de tous les « babas » du monde entier épris d’universalisme et de paix, ainsi que des nostalgiques qui ont gardé un pied dans les années soixante-dix.

Le vinyle est sobre, simple, en couverture un portrait encore inédit, donc un peu à côté de la « fonction » pochette à laquelle on le soumet, ce qui est bien. A l’intérieur un coupon de téléchargement via bandcamp et une reproduction d’une carte de Moky Cherry, « Organic Music Tapestry » de 1975. Des petites attentions qui font mouche. Côté musique, c’est bon, bon, bon !

D’abord les musiciens, Don Cherry et son éternelle trompette de poche sa flute et la kora. Nana Vasconcelos aux percussions et au berimbau, un arc musical que l’on frappe. Gian Piero Pramaggiore à la guitare et à la flute et, pour finir, la compagne de Don, Moki Cherry au tanpura.

Nous voici transporté en 1976 avec l’Organic Music Society pour une prestation télévisuelle diffusée par la RAI, la télé publique italienne. Comme toujours avec Don Cherry, beaucoup d’improvisations, la priorité est à l’instant, même si le canevas des morceaux perdure, du coup les durées des titres sont très variables, jusqu’à onze minutes pour la plus longue pièce alors que deux d’entre elles n’excèdent pas les deux minutes.

Musique du monde, musique universelle, influences venues de partout, la magie opère comme à chaque fois avec Don, des mélodies incroyables s’accrochent au long serpent des rythmes qui préparent à la transe. L’orient et le bourdon de Moki, les rythmes de la musique brésilienne, la guitare folk de Jean Piero Pramaggiore et la musique noire et tribale se fondent dans le creuset de la musique sans frontière pour une expérience sonore libératrice.

Un album qui complète parfaitement les albums officiels de Don Cherry.

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Don Cherry ‎– Om Shanti Om (1976) - [2020 - Album]
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 9 août 2020 03:26

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Encore du frais avec cet inédit de Pharoah Sanders, pochette gatefold, carton dur et concert enregistré à Paris en 1975 au Grand Auditorium du Studio 104 de la Maison de Radio France, première édition officielle avec remastérisassions des bandes d’origine. Du bon travail côté son, donc, mais pas de mp3 fourni. Les photos de la pochette intérieure sont inédites et augmentées d’un texte documenté.

C’était un temps où Paris et la France avaient encore un rôle de tout premier plan et une influence importante sur la planète jazz, depuis, restaient surtout les multiples festivals d’été qui enchantaient le public et nourrissaient les musiciens, mais les temps changent…

Joint dans la documentation écrite ce que déclarait André Francis pour présenter les musiciens avant leur arrivée sur la scène : « Voici le quartet de Pharoah Sanders, avec Danny Mixon au piano et à l’orgue, Calvin Hill à la contrebasse et Greg Bandy à la batterie. Cette formation dans un chant d’amour œcuménique hérité de la dernière période coltranienne, mais mis en scène par Pharoah Sanders avec une emphase spectaculaire qui, lorsque l’on voit le spectacle risque de le faire ressembler à une fête de music-hall de patronage ».

Bon, André Francis a présidé de nombreuses années à la diffusion du jazz sur les ondes de Radio France, sa vision était souvent partiale et réactionnaire, il avait du mal avec le free, mais il a eu l’intelligence de ne jamais insulter l’avenir et de programmer toutes les musiques, même s’il égratignait volontiers d’un commentaire saignant ce qu’il n’aimait pas. Il a su également faire évoluer ses goûts, ce qui est bien. Il a gardé inexplicablement pendant très longtemps une dent contre Archie Shepp, ce qui peut sembler étonnant, celui-ci ayant toujours gardé des racines blues très présentes dans sa musique. Il faut comprendre qu’avant le net, le rôle des radios dans la diffusion du jazz était primordial, ce qui nous vaut ce genre d’album par ailleurs, venus de France ou même d’Italie.

Sans surprise on retrouve « Love is Here », « The Creator Has a Master Plan » et « Love is Everywhere » qui clôture de façon épique cet album qui réjouira les amateurs du Pharaon.

Un album qui complète parfaitement les albums officiels de Pharoah Sanders.

Love Is Everywhere (Live in Paris (1975))


Pharoah Sanders - The Creator Has a Masterplan


Pharoah Sanders - Farrell Tune (Live In Paris 1975)


Love Is Here 2 (Live in Paris (1975))
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 10 août 2020 04:12

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Retour avec A.R. Penck et TTT ainsi que d’invités prestigieux pour une longue impro de plus d’une heure et quinze minutes. Pour connaître les participants il faut creuser un peu plus loin qu’avec la seule documentation du livret d’accompagnement du Cd qui s’avère très partiell en informations. Il signale la présence de Gunter Hampel au vibraphone, à la flûte ainsi qu’à la basse clarinette ainsi que de son épouse l’extraordinaire Jeanne Lee au chant.

A.R. Penck est cette fois-ci à la batterie où il s’avère très efficace et Frank Wollny joue de la basse. Il faut ajouter Alan Silva aux claviers et Butch Morris au cornet et à la flûte, ces dernières informations sont connues grâce à la présentation du groupe vers la trente - sixième minute. Autre particularité, il n’y a pas de séparation entre les trois morceaux joués, le Cd se présente d’un seul tenant appelé « untitled », du Penck, quoi...

Côté musique le nom même des participants nous met à l’abri d’une déception mais, côté son, quelques bruits persistants du côté du canal gauche peuvent occasionner une gêne passagère en début d’écoute. A.R. Penck retrouve son instrument de prédilection, la batterie, ce qui lui permet d’élever son niveau de jeu, pour ce qui est de la maîtrise technique. D’un autre côté il n’a jamais été établi que la maîtrise technique est obligatoire pour faire passer son ressenti au travers de la musique…

C’est aussi une grande joie de retrouver Jeanne Lee au chant, vers la vingt-septième minute, où elle vocalise et improvise à la façon dont elle procède dans son groupe aux côtés de Gunter Hampel. C’est un peu éloigné de son expérience aux côtés de Ran Blake ou de Shepp sur Blase. Bien emmenée par ses partenaires elle s’envole petit à petit, et, le riche cocon qui l’entoure participe à cette liberté trouvée, le passage est magnifique.

Le Cd dans la durée est porté par une haute tenue musicale, sur la seconde pièce Gunter Hampel excelle à la clarinette basse, avec laquelle il délivre un solo extrêmement trippant. Il faudrait aussi s’arrêter sur Butch Morris également, ou Alan Silva, excellent au clavier, ou encore Frank Wollny à la basse, tous participent également à la réussite de ce bel album.

Jeanne Lee + Gunter Hampel und TTTT ‎– Im Stadtgarten Köln
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 11 août 2020 04:43

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Un album avec des références, des reprises en pagaille et en vrac piochées dans le répertoire de quelques pointures du free. Ornette offre cinq titres à la communauté, très typés, comme tout ce qu’il a signé. Albert Ayler est repris deux fois, « Divine Peacemaker » et « Angels », on note également une brève reprise de Charles Tyler avec « Legend of the Lawman ».

Ne cherchez plus très longtemps où sont les « hors la loi », ce sont eux, les damnés du free, hors des règles et des sentiers battus. Des irréductibles, des insoumis, ils ont trimé, dur, leur chemin a été rude et parfois même s’est arrêté avant l’heure.

Et pour rendre hommage à ces magnifiques « Outlaws in Jazz », le saxophoniste alto et baryton Daunik Lazro, le trompettiste Jac Berrocal, le contrebassiste Didier Levallet et l’homme aux tambours, Denis Charles se sont réunis pour célébrer cette musique avant tout joyeuse, festive et heureuse. Comme pour ne garder que les bons moments, ceux qui rient et ceux qui chantent… Au moins pour la plus grande partie de l’album.

Car il faudrait également parler de « Unknow Artist » joué par le seul Jac avec sa trompette, ou le tendu « O.A.C. » signé par Didier Levallet, toujours aussi fin compositeur. Il faut aussi signaler « Pat. » composé par Daunik Lazro, en circonvolution free, qui grince et qui pleure. Et de se quitter avec les anges d’Albert qui charrient encore nos souvenirs dans le flux des eaux de l’East River. Les rires et les larmes ainsi mélangés à la gloire de ces outlaws « toujours sur la ligne blanche » et parfois au-delà…
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 12 août 2020 05:08

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Vous ayant fait part il y a peu de ma découverte du bassiste Bernard Santacruz et l’ayant vivement apprécié aux côtés de Frank Lowe, je viens de renouveler l’expérience d’écoute avec « Latitude 44 », signé par le contrebassiste, enregistré en 1994 et sorti l’année suivante. Franck Lowe est déjà là, compagnon de route jouant du ténor, le percussionniste africain Cheick Tidiane Fall et l’homme aux tambours, Denis Charles (oui celui qui jouait aux côtés de Lazro et d’A.R. Penck, si on suit ça de très près).

Si on passe l’effet de fraîcheur et de surprise ressenti à propos de « Short Tales », on comprend, en écoutant le présent album, que le choc aurait eu lieu à l’écoute de celui-ci, si elle s’était déroulée dans l’ordre chronologique. La présence de Tidiane Fall est importante, il apporte avec lui les couleurs de l’Afrique, les senteurs originelles des percussions premières, on se souvient de l’extraordinaire « Diom Futa » qu’il enregistra aux côtés de Bobby Few et de Jo Maka.

Frank Lowe est tout simplement l’un des meilleurs saxophonistes de sa génération, un gros son bien rond qui sait se faire léger à l’occasion, ayant fait ses classes auprès des pionniers du free il n’a pas oublié non plus Sonny Rollins. Il se régale ici, virevolte et tisse de chouettes thèmes accompagnés de riches impros toujours justes, il manifeste avec simplicité la force de l’évidence. Quant à Denis Charles, le hasard fait qu’il joue partout dans mes récentes écoutes, un fil rouge qui se glisse sans même que je m’en aperçoive.

La beauté de « Short tales » est toute contenue dans ce « Latitude 44 ». Santacruz signe ou cosigne cinq titres, c’est un compositeur doué, un bassiste rigoureux, extrêmement lyrique, avec une âme grosse comme ça. Cheick Tidiane Fall et Frank Lowe ont également emmené une compo dans la valise et, petit clin d’œil à l’album du dessus, Ornette Coleman et Charles Tyler sont repris également !
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 13 août 2020 04:09

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Vol Pour Sidney (Retour) est un album qui me paraît indispensable, et pourtant…

Le clin d’œil à Tintin, au vol 714 et à l’étoile mystérieuse tenait la route au voyage aller, une question de calendrier, il datait de 92 ! Le retour vingt-huit années plus tard tombe un peu à plat.

On peut aussi penser que la tête de Sidney Bechet à qui l’album rend hommage est un peu saugrenue sur ce pied de champignon, mais ça peut faire rire les enfants, et çà, ça ne se discute pas.

Beaucoup se diront que Sidney Bechet c’est un peu vieillot, la musique à Papy, et pourtant avec ses airs de traditionnel, c’était un fameux punk à l’époque : On se souvient que lorsqu’il joua à l’Olympia en 1955, il déchaîna tellement le jeune public que celui-ci détruisit les fauteuils et la salle, la mémoire de l’évènement est gravée sur l’album « Le Soir Où... L'On Cassa L'Olympia » ! Incroyable !

Oui, c’est un indispensable, d’abord parce que c’est un « Nato », c’est-à-dire un peu plus qu’un Digipak, avec ses trois volets et son livret vingt-quatre pages plein de renseignements, d’illustrations et de textes en tous genres, les amateurs du label savent de quoi je parle.

Nato, ça veut dire également Jean Rochard, un type exceptionnel, créateur de « la maison de disques Nato » qu’il a fondé en 1980 avec beaucoup de musiciens de jazz associés, mais pas que. C’est un indépendant de l’époque Terronès, c’est dire. Je ne connais pas un seul des albums Nato qui ne vaille le coup, d’autrefois comme d’aujourd’hui, c’est dire !

Parlons de celui-ci tout de même, tous les styles de jazz sont là, parfois on pourrait même dire chanson, ou free, ou autre chose encore, toujours de grande qualité. On croise le groupe Ursus Minor, Tony Himas, Simon Goubert, Matt Wilson Quartet, plus d’une trentaine de musiciens qui se succèdent pour interpréter les dix-huit titres.

Grand album.

« J’ignore si c’est de la musique de la Nouvelle Orléans, du Texas ou de n’importe où, mais en tout cas, c’est de la musique, et ce vieux type sait vraiment la jouer. Il est fantastique. » Miles Davis à propos de S. Bechet

Jean Rochart / Vol pour Sidney - (Je découvre la vidéo en même temps que je la publie)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 13 août 2020 10:31

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Le journal d'époque!
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par DaFrog » jeu. 13 août 2020 15:18

Tu as bien raison de mettre en avant le travail de Rochard et de son label Nato. Éthique et précieux !

J’en ai profité pour écouter The Zimmerman Shadow, un album de « reprises » de Dylan décalées par Jef Lee Johnson, chanteur seulement honnête mais guitariste inventif.

Copieux livret comprenant des illustrations superbes de Stéphane Levallois !
It’s too late to be hateful :ange:

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 13 août 2020 17:10

DaFrog a écrit :
jeu. 13 août 2020 15:18
Tu as bien raison de mettre en avant le travail de Rochard et de son label Nato. Éthique et précieux !

J’en ai profité pour écouter The Zimmerman Shadow, un album de « reprises » de Dylan décalées par Jef Lee Johnson, chanteur seulement honnête mais guitariste inventif.

Copieux livret comprenant des illustrations superbes de Stéphane Levallois !
C'est l'occasion d'écouter un extrait musical, le post commençait à en manquer:

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par DaFrog » jeu. 13 août 2020 17:36

J’ai cru voir Hendrix dans un miroir !

La basse 5 cordes qui vrombit dans les basses fréquences devrait être interdite. Sur le disque c’est pareil, une sorte de bouillie indistincte qui me fatigue à la longue :/
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 14 août 2020 04:48

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Un album que je me suis procuré lors de la réédition vinyle de 300 copies, obi et deux inserts, carton dur, excellent pressage. L’original est sorti au japon, sur Cd en 1995. Le groupe Ground-Zero est surtout connu grâce à Otomo Yoshihide qui « compose » joue de la guitare et des platines. Il a aussi pas mal collaboré avec John Zorn à une époque.

Cet album est assez mythique et il bénéficie d’une aura assez particulière, mais il ne s’adresse pas forcément à tout le monde : il conviendrait plutôt de le classer du côté de la musique expérimentale, il n’est pas d’un abord séduisant sans être, pour autant, repoussant.

Sur la réédition vinyle l’album est double, sur la face D figure l’album original de Heiner Goebbels & Alfred Harth « Peking-Oper » d’après « Frankfurt – Peking » sorti en 1984, qui était lui-même inspiré par un opéra chinois des années soixante. L’idée de joindre la composition originale est tout à fait excellente, à postériori je me dis qu’il aurait même été préférable de commencer l’audition par cette face, de façon à mieux cerner le travail de collage de « Ground-Zero ».

Une autre idée, elle aussi excellente, est de réunir les faces A et C sur le premier disque et B et D sur le second, ainsi, à la condition de posséder deux platines, vous pourrez enchaîner l’écoute des trois faces sans qu’il y ait d’interruption pour un meilleur confort d’écoute. Mais si vous n’en possédez qu’une, comme le pauvre plouc que je suis, il faudra une manipulation supplémentaire et, là, le confort d’écoute est moindre, de plus, si vous possédez une mémoire de poisson rouge, et j’en connais au moins un, vous risquez de vous emmêler les pinceaux, le poids de l’habitude sans doute.

Côté musique ça reste frais et ça se tient encore très bien aujourd’hui. J’ai parlé de collage tout à l’heure car c’est la matière première de l’ouvrage, une sorte de regard en miroir des répétitions qui se manifestent sur l’œuvre originale. Comme souvent avec ce genre d’œuvre il est vain d’écouter avec une oreille analytique pour tenter de tout saisir et de tout comprendre, il est plus sage de rester à son poste d’auditeur et d’écouter, d’accepter la musique et de se laisser porter.

Apparaîtra alors, l’immense richesse de l’album sous cet enchevêtrement inextricable de sons venus de tous les horizons, l’ensemble est plutôt noisy, mais des plages calmes et reposantes arrivent aussi, qui vous maintiennent, pour vous emmener sans peine au bout du voyage.

A écouter.

Ground Zero - Revolutionary Peking Opera ver 1.28
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 15 août 2020 09:51

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Encore un album enregistré live dans un club, cette fois-ci au Danemark, plus précisément au « Jazz Club Montmartre » de Copenhague, le vingt et un Novembre 1963. La date est importante, Shepp est tout jeune, fasciné par Coltrane il joue dans l’orchestre de Cecil Taylor, co-dirige un groupe avec Bill Dixon et fonde le New York Contemporary Five qui comprend également Don Cherry et le danois John Tchicaï.

Cette formation fera une tournée en Scandinavie, précisément en 1963. Cet album, paru uniquement en 1980, est l’un des fruits tardifs de cette tournée, plus précisément à la fin de celle-ci, après que le groupe se soit éparpillé, Don Cherry et John Tchicai étant repartis vers New-York, Shepp, lui, reste sur place.

Il se trouve que la section rythmique attachée au club « Montmartre » est particulièrement brillante, on y trouve le pianiste Tete Montoliu, le bassiste Niels-Henning Ørsted Pedersen (souvent appelé NHOP) et le batteur Alex Riel. Du très, très costaud. En outre le saxophoniste baryton Lars Gullin est également présent, ce qui, si on ajoute Archie Shepp prend la forme d’un supergroupe.

A ce stade, impossible de ne pas évoquer le parallélisme avec la démarche d’Albert Ayler qui arriva, lui aussi, en Scandinavie, et enregistra avec une formation locale un album précieux « Something Different !!! » aka « The first recordings », le vingt-cinq octobre 1962 à Stockholm. Ces pays nordiques sont une véritable bénédiction pour les musiciens de free-jazz qui trouvent, enfin, des terres de compréhension pour assumer les bouleversements apportés par la « free music » !

Shepp s’empare de la scène et insuffle un vent d’insurrection, on sent déjà poindre son goût pour les longs solos, son style semble déjà presque abouti, sans être encore tout à fait à maturité, il sait faire entendre le son « velu » des anciens dans son jeu, Ben Webster et Coleman Hawkins en premier lieu, mais il fait surgir également la révolte et la colère. Il a grandi en s’opposant aux injustices raciales aux États-Unis et son jeu au sax fait place à la plainte et au cri.

Sous influence, même le sage Lars Gullin et son baryton s’essaient au cri et au dépassement, NHOP est magnifique, partout à l’aise, tout comme Tete Montoliu et Alex Riel qui s’efforcent de suivre le bouillonnant saxophoniste, ce qui nous permet d’avoir accès à un album important, et nous montre une étape remarquable des débuts discographiques de Shepp.

You Stepped out of a Dream (Live)


The House I Live In


I Should Care (Live)


Sweet Georgia Brown (Live)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 16 août 2020 06:14

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Pour tout changer, tout en restant avec Archie, place au rap, au vrai ! Je confesse que jamais je ne me serais intéressé à cet album de Rocé s’il ne contenait une influence jazz très marquée. Archie Shepp est l’un des pionniers du rapprochement entre le rap et le jazz, fidèle avant tout aux grands mouvements culturels afro-américain. On le constate par exemple sur l’album « Gemini », qui est sorti en 2008, avec Chuck D. de Public Ennemy, ou encore sur « Phat Jazz in Milano » paru l’année suivante en compagnie de Napoleon Maddox. Interrogé à ce sujet il déclara en 2007 : « Si j’étais né il y a trente ans j’aurais été un rappeur, pas un saxophoniste ».

Rien d’étonnant donc à ce qu’il accepte de participer sur trois titres à ce bel album du rappeur Rocé, amateur de free et de bonne musique. On entend Shepp sur "Seul", "Aux Nomades De L'Interieur" et "Identité En Crescendo". Shepp n’est pas le seul invité de renom, le talentueux et secret trompettiste Jacques Coursil participe lui aussi sur un titre « L’un et le multiple », il faut ajouter également le guitariste manouche Potzi sur un titre également, et, pour être complet on peut signaler deux samples, l’un de Michel Portal et l’autre d’Archie Shepp. Ayant de la suite dans les idées, Shepp persévèrera en participant également à « Cyborg » l’album de Nekfeu de 2016, une participation qui sauvera l’enregistrement de la mièvrerie.

Par contre celui-ci est vraiment une belle réussite, aux multiples et superbes influences bien digérées, un album intelligent, avec des textes de qualité, ciselés comme le magnifique « Aux nomades de l’intérieur ». L’écriture est mature et assumée.

Petit plus, le double LP offre un « download » qui autorise l’écoute en voiture, allez, en route !

Rocé - Identité en crescendo (2006)

01. Je Chante La France
02. Amitié Et Amertume
03. Seul (7'52'')
04. Le Métèque
05. Appris Par Coeur
06. Ma Saleté D'Espérance
07. Des Problèmes De Mémoire
08. L'Un Et Le Multiple
09. Les Fouliens
10. Ce Que Personne N'Entend Vraiment
11. Aux Nomades De L'Interieur (35'42'')
12. Besoin D'Oxygène
13. Identité En Crescendo (44'23'')

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 17 août 2020 04:39

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Avec le groupe « Catalogue » s’ouvre une nouvelle page de l’underground français. Mélange de free et de rock, d’impros lézardées et striées à l’électricité, de son un peu crade et de moments géniaux, lumineux qui scintillent et brillent dans les têtes de ceux qui passaient par là. Comme ce onze août à Antwerpen, ou Anvers pour ceux qui connaissent l’endroit, ça s’est passé à partir d’une heure trente du matin, Catalogue a joué, Catalogue est né. Par hasard le disque s’est fait, très vite, le chaos a été mis en boîte, et la première des quatre pages, « Antwerpen Live 11 Aug. 1979 1.30 H België » a pu être feuilletée.

Ces inconnus ont maintenant un nom, pour certains, on les croise, on les rencontre, et même on les écoute. Jac Berrocal, voix trompette et trombone, Michel Potage, voix, guitare, saxophone en matière plastique (comme Ornette), Patrick Prado, sax alto, harmonium et voix, Jean-François Pauvros, guitare et Jean-Pierre Arnoux à la batterie. Au tout début il y avait également l’écrivain Erich Dutertre qui écrivait pour le groupe aussi, mais la vie le quitta un jour de janvier quatre-vingts qu’il avait choisi et voulu, c’était un peu drôle ce jour froid de funérailles, où les musiciens se sont trompés d’enterrement.

L’album est vite passé, deux pièces affichées, « untitled » toutes les deux, la première de seize minutes et la seconde de dix-sept. C’est barré, hors limite, c’est mieux si on pousse le son, "out" les mecs, déchirent avant l’heure, certains diraient indus ou punk ou blues crado, plutôt un peu tout ça mélangé dans un shaker avec une sacré dose de free et de provoc. Un concentré hors normé de jus de bon son, lyrique même.

Pour se dégourdir les esgourdes.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 18 août 2020 02:34

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Celui-ci fait partie des dizaines d’albums dont je voudrais vous parler mais qui sont chassés par un autre apporté par le facteur, ou bien par l’actualité, ou encore par une remarque ou une association artistique qui fait que…

Mimi la pochette, vous allez craquer, c’est sûr… Le titre « Never Mind The Future » sur fond rose, au verso la mention « To be played LOUD », et bien allons-y ! Et je pousse le son ! A l’intérieur je lis « All Compositions by Paul Cock/Steve Jones/Glen Matlock/John Lyndon » et « #13 by Jacques revaux/Claude François », ça c’est pour la reprise de « My Way », en souvenir de qui vous savez. Vous l’avez compris c’est l’intégralité du « Never Mind the Bollocks » qui défile ici, réinterprété et transformé par Sarah pour une lecture nouvelle.

N’espérez pas retrouver la furie punk de l’original sur cet album, à ce jeux tout le monde serait vaincu et la partie serait dite, non, on garde le fiel, la révolte et même une idée de violence qu’on emballe dans un nouveau paquet cadeau.

Certains se rappelleront peut-être que j’avais déjà évoqué Sarah Murcia lors de l’album « Habka » en co-lead avec Kamilya Jubran, cet enregistrement est antérieur d’un an, sorti en 2016. On retrouve notre bassiste qui chante également, mais ce rôle de récitant /vocaliste est surtout confié à Mark Tompkins, qui danse aussi, mais çà, ça ne s’entend pas… Olivier Py est au sax, Benoît Delbecq au piano, Gilles Coronado à la guitare et Frank Vaillant à la batterie, c’est-à-dire le groupe « Caroline » augmenté, du sérieux, quoi !

La réinterprétation n’exclue pas la conservation des mélodies et le côté jazz n’empêche pas la rythmique de puiser son énergie dans le rock grâce au duo Coronado/Vaillant, même si l’aspect punk est plus présent dans l’esprit que dans la violence brute. Ici ça joue des dissonances, des brisures rythmiques et ça s’échappe de l’orthodoxie spécifiquement rock, bien que perce nettement l’influence de Lou Reed dans le chant de Mark Tompkins, dans la manière de gérer le temps également, on étire bien au-delà des trois minutes.

Un album vraiment intéressant qui m’intrigue toujours autant et que je réécoute à chaque fois avec la même intensité.



Après l'album un extrait de concert:
Never Mind The Future-Caroline-3 morceaux
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 19 août 2020 03:11

Image

Il y a six députés européens pour représenter le petit Luxembourg, soit un député pour 100 mille habitants. Par comparaison en France un député représente 842 000 habitants, c’est un mécanisme habile qui gère la sur-représentation des petits états dans cette belle démocratie européenne, en plus ils ont eu longtemps le joker Juncker à la tête de la commission, un qui a bien veillé aux intérêts du petit état coffre-fort de l’Europe.

C’est ainsi, je ne trouve pas ces gens bien sympathiques, je ne parle même pas du revenu moyen par habitant, pour ne pas trop semer la zizanie, mais il ne faut jamais généraliser, car là-bas, dans cet univers cossu vivent de grands jazzmen. Pour aujourd’hui nous nous intéresserons à Michel Pilz dont l’instrument de prédilection est la basse clarinette, et à Benoît Martiny, batteur.

Pour moi la clarinette basse a cessé d’être un instrument secondaire lorsque j’ai écouté Eric Dolphy, j’ai appris à aimer cet instrument en l’écoutant (peut-être) au-delà du raisonnable, s’il advienne qu’il soit déraisonnable de se passionner pour un instrument qui se plaît autant dans les graves. Du coup j’ai aimé également Jimmy Giuffre, Michel Portal, Louis Sclavis, Thomas Savy et bien sûr Michel Pilz.

On se souviendra également de la participation de Michel aux « Disques Bloc Thyristors » et du merveilleux « Binôme » qu’il enregistra avec Jean-Noël Cognard à la batterie. Je ne parierais pas que l’album dont je vous parle aujourd’hui surclasse celui de 84, bien qu’il soit très honorable.

Benoît Martiny est également leader d’une formation plutôt orientée jazz-rock, mais il peut tout aussi bien naviguer dans le free au fil des improvisations. Son jeu est ici très libéré, aéré, léger sur les cymbales. Les deux s’écoutent et discourent avec une visible envie de jouer, ils nous emmènent sans jamais nous perdre, dans des territoires connus et souvent parcourus.

Ces deux musiciens courent sans doute plus souvent dans les terres germaniques que dans celles de nos territoires, à nous de jeter une oreille un peu curieuse outre-Rhin.

Melu-Sina


De Gudden, de Wëllen an de Mëllen


Don't Explain - The Jazz Cigarette


Hallimasch
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par DaFrog » mer. 19 août 2020 05:11

Je connaissais Pilz de nom, à peine, mais j’aime aussi la clarinette basse et tu me donnes envie de réécouter Turbulences de Portal, magnifique !

Le disque cover des Pistols, il va falloir que je trouve le temps de l’écouter, l’idée me plaît :)
It’s too late to be hateful :ange:

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 19 août 2020 10:52

DaFrog a écrit :
mer. 19 août 2020 05:11
Je connaissais Pilz de nom, à peine, mais j’aime aussi la clarinette basse et tu me donnes envie de réécouter Turbulences de Portal, magnifique !

Le disque cover des Pistols, il va falloir que je trouve le temps de l’écouter, l’idée me plaît :)
C'est vrai qu'on parle insuffisamment de Portal, c'est toujours un très grand musicien, né en 1935 quand même!
J'espère que les liens t'aideront à te faire une idée, le Pilz est au complet avec ses quatre morceaux.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Algernon » mer. 19 août 2020 14:29

Douglas a écrit :
mar. 18 août 2020 02:34
Image

Après l'album un extrait de concert:
Never Mind The Future-Caroline-3 morceaux
Arty, tout de même. Ça me fait penser à des démarches artistiques genre The Flying Lizards
La pochette et le titre sont bien pensés.
Je ne suis pas trop vieux pour ces conneries.

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