J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 10 nov. 2022 17:31

Harvest a écrit :
jeu. 10 nov. 2022 11:08
Celui-ci aussi fait partie de mes albums préférés. :chapozzz:

J’ai eu beaucoup de difficultés à me le procurer et c’est seulement au début des années 90 qu’un ami m’en a ramené un exemplaire de Londres.

Depuis je me le passe régulièrement avec Bitches Brew.

Sinon, oui, Jeanne Lee a fait de bien beaux disques. J’ai celui avec Waldron bien sûr. :super:
Pour ma part je ne l'ai qu'en Cd, c'est sûr que la pochette vinyle doit faire son petit effet!
:]
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 11 nov. 2022 05:43

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John Zorn – Spinoza (2022)

Au rayon « Archival Series » voici un nouvel album de John Zorn avec l’excellente formation « Simulacrum » dont c’est le dixième essai discographique sous la houlette du génial compositeur. Assez curieusement il ne me semble pas vous avoir parlé de cette formation, voici donc l’occasion de réparer cet oubli.

Simulacrum c’est un trio formé par John Medeski à l’orgue, au Fender Rhodes et au piano, Kenny Grohowski à la batterie et Matt Hollenberg à la guitare électrique. L’éventail embrassé par ces trois-là est extrêmement large, du jazz au métal irait assez bien, en ajoutant toutefois « sur le même album » ou encore « dans la même composition ». On le comprend, ici il y a des sauts anguleux, d’un genre à l’autre, soudainement et sans prévenir, tout à coup…

Justement il n’y a que deux longues pièces, et sur chacune un invité, et, le premier n’est pas un de ceux que l’on attendrait en pareille compagnie, ou dans une telle aventure. Pourtant il fit parti autrefois d’une autre formation « extrême » de John Zorn : « Naked City ».

Le gars en question c’est le doux Bill Frisell, pour l’occasion il s’est coiffé en brosse, bien planqué derrière des lunettes noires, s’est affublé d’un perfecto, d’un vieux jean et de bottes Western, c’est sûr, y’aura du larsen au kilo et ça va cramer d’l’ampli ! Ça c’est ce qu’on aurait aimé en fait, mais un autre plat a été servi, avec moins d’épices et un rond de serviette sans épine.

Du coup tout arrive mais par intermittence, pour le graal il faut attendre plutôt la fin de cette première pièce, le dernier tiers, mais honnêtement c’est tout de même très bon, avec la perfection habituelle dans la forme, la marque zornienne.

La seconde pièce c’est le morceau titre « Spinoza », se pourrait-il que l’hommage au philosophe du dix-septième siècle soit encore plus saignant, les espoirs sont grands à l’énoncé du nom de l’invité, Dieu le père au saxophone alto, John Zorn lui-même ! Bon là on est servi, du gros, du lourd, du comme on aime, ça couine, ça crache, ça déchire, y’en a qui se lâchent…

Les métalleux seront à la fête, sur le petit « obi » accompagnant le Cd, comme sur tous les albums Tzadik on peut lire « le trio d'orgue le plus extrême de tous les temps », ou encore John Zorn « a composé deux longs concertos », et surtout pour faire le lien avec le philosophe « une vision musicale aussi radicale que la philosophie de Spinoza lui-même ».

Ça résume assez bien, une musique assez hardcore sous la forme d’un concerto, avec des parties qui s’enchaînent, composées de styles et de rythmes différents, incorporant des phases violentes et jusqu'au-boutiste, mais aussi quelques plus rares moments calmes.

De quoi passer un bon moment aux côtés, sinon du philosophe, du moins de l’excellent John Zorn !
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 11 nov. 2022 16:41

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Didier Petit – NOHC (1998)

Didier Petit est le fondateur du label "In Situ", mais aussi le créateur du groupe NOHC que l'on entend ici. Ce nom désigne "les atomes primitifs" N l'azote, O l'oxygène, H l'hydrogène, C le carbone, dont "toutes les plus improbables combinatoires engendreront la vie sur Terre" (D. petit - notes de pochette).

Didier Petit est violoncelliste, il a invité son ami Denis Colin à la basse-clarinette, Daunik Lazro au saxophone alto et baryton et Michael Nick au violon à former ce quartet pour le moins singulier. Le résultat est étonnant et sort des sentiers battus, le groupe fait montre d'une très grande originalité lors du développement de ces trois mouvements découpés en treize morceaux. On traverse des moments de grâce qui vous cueillent par surprise, l'osmose au sein du groupe aspire les talents vers le haut et ce groupe est pour moi une belle rencontre !

Régalez-vous avec cette "Soupe Primitive":

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 12 nov. 2022 06:33

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Loïs Le Van, The Bravo Big Band – Rendez-Vous A L'ovyne (2017)

Après avoir évoqué par ici « Vind », et en attente du prochain album qui ne saurait tarder, voici « Rendez-Vous A L'ovyne », un peu ancien déjà, mais qui possède son charme, je ne pense pas que l’on puisse parler d’un « crooner » à propos de Loïs Le Van, ni même convoquer Chet Baker et sa voix si caractéristique, contentons-nous simplement de goûter aux galettes offertes par notre compatriote et le Big Band Bruxellois.

Loïs ne se contente pas de chanter, il compose également les musiques, textes et arrangements sont confiés aux amis. Musicalement c’est assez moderne, tout en restant dans un cadre relativement traditionnel, on peut penser à Carla Bley ou au Surnat’, des pièces pas trop longues mais bien pensées et travaillées.

L’Orchestre du « Bravo Big band » est assez jeune et plein d’enthousiasme, on se berce aux accents du collectif qui se montre très brillant, construisant un magnifique cocon propice aux thèmes chantés, les enveloppant et leur donnant puissance et ressort. Je me contenterai d’évoquer les solistes qui apportent le sel de la musique, Rob Braken et Didier Vaganée au sax alto, Thomas Mayade au bugle, Jean-Paul Estié-Venart à la trompette et Matthias Van Den Brande au sax ténor.

Une petite photo, prise dans un escalier, nous montre le groupe au complet, plutôt masculin et jeune, mais il n’est pas possible d’identifier chacun. Le livret nous apporte les paroles, toutes en anglais, et divers renseignements et remerciements.

Le tempo des compos est souvent proche de la ballade, l’album file « cool », une grande part de son charme est lié au chant de Loïs, la voix est assez chaude, mais sans véritablement une grande ampleur, même si le vocaliste est doté d’une immense technique et d’une grande justesse qui lui permet à peu près tout dans son registre.

Ce qui fonctionne bien c’est sa douceur, son timbre apaisant, la voix est juste posée et vous touche sans effort, très naturelle, montant plus volontiers vers les aigus qu’elle ne tombe dans les graves, elle est au service des magnifiques compos comme « The Compass Song » qui ouvre l’album ou « Some Birds Sing Alone » qui le ferme ou encore le très beau "The Old Father and the Polaroid".

Il y a une courte nouvelle, imprimée à l’intérieur du Cd, qui nous plonge bien dans l’ambiance, entre rêve et réalité, « Quelqu’un avait sonné, et avait déposé sur le paillasson une boîte contenant une cassette audio, avant de filer dans l’obscurité. Sur l’étiquette de la cassette était inscrit Loïs sans plus d’éclaircissements... »

The Compass Song


Some Birds Sing Alone


The Old Father and the Polaroid


Gone By
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 13 nov. 2022 05:11

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Loïs Le Van - Vind 2.0 (2022)

Je me suis un peu perdu à la recherche du nom de ce procédé photographique qui constituait à faire la photo d’un sujet blanc sur fond blanc, qui aurait pu figurer ici pour décrire la pochette, en peinture on parlerait de monochrome. Le visage échappe en partie au traitement, du coup le regard prend du relief et transperce.

Après « Vind » voici venir « Vind 2.0 » probablement pour indiquer la continuité, de l’équipe d’abord, le trio reconduit. Sandrine Marchetti au piano, Paul Jarrett à la guitare et Loïs Le Van au chant et aux compositions, les paroles, toujours en anglais sont de Nicky Schrire, écrite à partir d’un thème suggéré par Loïs. L’album de deux mille dix-neuf était une véritable réussite, en même temps qu’une chouette surprise.

Alors du coup l’attente était grande, enfin pour ce qui me concerne, on voit bien souvent des châteaux s’écrouler, passée la seconde vague, et bien me voici rassuré l’album est une parfaite réussite, on retrouve la magie et la délicatesse du premier « Vind » avec des graves un peu plus accentués. Mais la même ambiance rêveuse et romantique dans un « entre-deux » éthéré, un « crooner » des notes inattendues, toujours, des surprises continuelles qui trompent nos anticipations et bâtissent des architectures nouvelles, inexplorées.

A cet égard « Isolate » est un pur chef d’œuvre, ça me cloue direct. Respect. Il y a également la rubrique « voix », c’est-à-dire chansons sans parole, « Bleu », « In G », « Barn På Mattan », « Paulux » et « La Poupée Près Du Train » qui fonctionnent tout aussi bien, la voix est suffisante et dessine des humeurs, de la tendresse, des sentiments aussi bien qu’avec des mots, elle crée des passages, des chemins et des paysages avec une facilité étonnante, il faut dire qu’à ce jeu, Sandrine et Paul sont également extraordinaires.

L’album est donc une réussite qui tient aussi à une certaine modestie du chanteur, rare cette façon de se poser sans jamais tomber dans la démonstration ou l’emphase, directement branché aux émotions qui naissent de l’intérieur, ce qui compte c’est toujours la note profonde, sincère, qui touche.

Loïs Le Van - Everything Must Change (Clip Officiel)


The Dying Light


Isolate


La poupée près du train
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 13 nov. 2022 15:21

Une petite remontée qui vient de loin...
Douglas a écrit :
sam. 12 oct. 2019 10:01
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Loïs Le Van n’en est pas à son coup d’essai mais il a toujours échappé à mes radars, c’est un article de presse qui m’a alerté et la présence quasi complète de l’album sur le tube qui m’a convaincu, il faut dire que j’étais préparé suite à l’écoute récente d’albums de Ran Blake avec ou sans Jeanne Lee…
Loïs c’est une voix, dans un autre registre que celle de Jeanne Lee certes, mais qui sait se faire instrument de musique, ou jouer avec les silences, ou bien encore frémir et faire vibrer les mots. Sandrine Marchetti est au piano et Paul Jarret, qui a signé quelques compos, à la guitare. Le trio est au diapason et l’enregistrement a capturé les premières prises pour que l’émotion passe…

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 14 nov. 2022 04:13

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Paal Nilssen-Love, Håkon Kornstad – Schlinger (2003)

Voici un album un peu ancien du batteur Paal Nilssen-Love, il l’enregistre en compagnie d’un compatriote de sa génération, le saxophoniste norvégien Håkon Kornstad que je ne connaissais pas avant cet album, bien qu’il soit déjà à la tête d’une belle discographie. Cet album ne possède rien de particulier sinon que deux pièces ont été enregistrées à la « Knitting Factory », un club de musique new-yorkais connu pour recevoir des musiciens d’avant-garde ou de musique expérimentale.

Paal Nilssen-Love aime ce genre de duos, il a enregistré beaucoup d’albums dans cette configuration, toujours pour le meilleur, celui-ci possède également bien des qualités, son duettiste au saxophone ténor est un comparse de talent, il possède un son assez rugueux, rêche, voire même râpeux, mais il sait également se faire lisse dans les moments moins tendus. La première pièce « Playmachine » lui offre l’occasion de nous faire découvrir une belle partie de sa panoplie.

La seconde pièce « One More Once » a été enregistrée à « Ungjazz », le festival de jazz de Lillehammer, on retrouve cette même fièvre. Paal reste l’extraordinaire rythmicien que l’on connaît, il sait tout de son instrument, et la formule du duo va très bien avec sa vaste connaissance technique. Il embrasse à lui seul l’amplitude rythmique nécessaire et ne manque pas de chauffer à blanc l'ambiance, créant une sorte de sentiment qui tient de « l’emprise », obligeant son partenaire à donner le meilleur de lui-même...

La troisième et dernière pièce « Arched Shape » possède une seconde partie plus calme et retenue, l’occasion pour Håkon Kornstad de révéler un aspect plus paisible de son jeu, à la fois paisible et lyrique, Paal se met au diapason et l’accompagne comme il convient.

Le duo saxo/batterie n’est pas si répandu que cela, souvent il en sort de magnifiques albums, voire parfois des chefs d’œuvre si l’on songe à « Interstellar Space » entre Coltrane et Rashied Ali, un sommet rarement atteint. Pourtant il comporte également de grands risques, l’absence de basse peut en effet s’avérer un handicap. Il faut une grande maîtrise pour s’y risquer, mais si l’expérience est bonne, le résultat n’est plus du tout conventionnel, et la musique y gagne beaucoup en originalité, avec un vernis brut et naturel.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 14 nov. 2022 17:14

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Cecil Taylor Quartet – Qu'a Yuba: Live At The Iridium Vol.2 (1998)

Avec la disparition de Cecil Taylor en deux mille dix-huit, c'est sans doute le dernier grand défricheur du free jazz qui disparaît, dans mon Panthéon, il a la dimension d'un Thelonious Monk, c’est la comparaison qui semble convenir, son importance sur l'évolution du jeu au piano est tout aussi considérable, d’ailleurs on n’est pas près de s’en remettre.

Je n'ai pas encore tout écouté de sa production phonographique. Cet album est arrivé il y a un peu plus de vingt ans, à la tête d'un quartet avec Harri Sjöström au soprano, Dominic Duval à la basse et Jackson Krall à la batterie. Il joue une pièce de plus de 47 minutes, "Qu'a Yuba" qui s'étale et se livre à nous avec toute la force rythmique développée par le bouillonnant pianiste au son inimitable, irréductible et absolument fascinant !

Il faut du temps à Cecil Taylor pour exprimer son jeu, sa différence, il faut aussi du temps pour entrer dans son monde si particulier, ceux qui feront l'effort verront une autre réalité, comme une nouvelle dimension qui se dévoile, un nouveau chemin à parcourir...

Pour ceux qui souhaitent découvrir le pianiste, un chemin possible :

- Conquistador ! (1966) l'album idéal pour une rencontre pacifiée.
- Nuits de la Fondation Maeght (1969) album de folie, un seul titre développé sur trois albums consécutifs, Cecil en proie aux flammes et à la fureur. Jimmy Lyons garde un pied encore accroché au hard bop, sublime !
- Nefertiti, The Beautiful One Has Come (1976) Des morceaux un peu plus courts, géant !
- Garden (1982) Cecil seul au piano, un chef-d’œuvre (Hat hut).
- Cecil Taylor European Orchestra : Alms / Tiergarten (Spree) (1989) Un autre sommet, à la tête d'un big band "hors catégorie"!

Cecil Taylor Quartet ‎– Qu'a Yuba - Live at the Iridium, Vol.2

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 15 nov. 2022 06:03

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Muriel Grossmann – Sudden Impact (2009)

Muriel Grossmann est une saxophoniste autrichienne née à Paris, elle a étudié la flûte mais préfère se consacrer au saxophone. Sur cet album elle ne joue que de l’alto, ce n’est qu’à partir de « Momentum » en deux mille dix-sept qu’elle s’enregistre également au saxophone ténor. Entre temps elle a joué également du soprano ainsi que du sopranino.

Née en soixante et onze, elle appartient à une génération qui se révèle de plus en plus auprès du grand public. Après un passage à Barcelone, elle s’est installée à Ibiza en deux mille quatre, où elle profite de la douceur méditerranéenne pendant la saison froide et des touristes l’été… Cet album est intéressant car il nous présente Muriel dans un contexte musical assez différent de sa musique actuelle, très imprégnée de l’influence coltranienne, jusqu’à y coller sans doute de façon exagérée, mais on en redemande…

De la même façon que l’on a plaisir à découvrir Muriel à l’alto, il faut tout aussitôt ajouter que ce plaisir est double, car son accompagnateur historique à la guitare, Radomir Milojkovic, est également présent sur cet album. On pourrait presque parler d’un duo tant l’un apporte à l’autre. Par contre le bassiste, Chema Pellico, semble de passage, il apporte tout de même et prend la part qui lui revient dans le trio.

S’il fallait trouver un point de repère ancien auquel se raccrocher pour identifier cette musique, on pourrait remonter jusqu’à Jimmy Giuffre pour la forme du trio, saxo, guitare et basse, même si le saxo est d’une tessiture différente. Il faudrait également considérer quelques nuances, prédominance des thèmes par exemple, mais resterait de toute évidence le côté aérien, libre, sans pulsation rythmique implicite très affirmée.

C’est ainsi que l’on pourrait appeler cette musique « free » par cet aspect, de plus les improvisations sont le moteur de cet enregistrement, bien qu’il y ait de nombreux passages écrits, mais le guitariste particulièrement est un improvisateur incorrigible, pour çà nous le saluons, on passe par ailleurs de doux moments à se consacrer à l’écoute de son jeu !

A cet aspect aérien et improvisé on pourrait ajouter le côté « jazz de chambre » qui nous vient de Jimmy Giuffre, la musique est souvent douce et feutrée, le bassiste n’est sans doute pas un extraordinaire virtuose mais il assure sa part et s’intègre parfaitement et modestement à la musique, acceptant le rôle d’axe autour duquel gravitent les impros.

Une facette intéressante et plus méconnue de Muriel est à découvrir à l’écoute de cet album !

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 15 nov. 2022 16:07

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Onze Heures Onze Orchestra – Vol I (2017)

Le "Onze Heures Onze Orchestra" est l'émanation de musiciens jouant pour le label "Onze Heures Onze". Celui-ci est français, créé par des musiciens jouant une musique caractérisée par un Jazz "cherchant", à la frontière de la musique contemporaine, les notions de rythme devenant parfois implicites ou même inexistantes.

Cependant aucune concession n'est faite envers une musique froide ou purement conceptuelle, les repères sont là, présents, afin que personne ne se perde. D'ailleurs on peut tout aussi bien se retrouver devant un bon rock qui donne envie de taper du pied !

La formation tourne autour de onze musiciens, ce qui n’est pas pour surprendre, quelques noms connus ici, Denis Guivarc'h et Stéphane Payen au sax alto, Franck Vaillant à la batterie, Magic Malik à la flûte ou encore Julien Pontvianne au sax ténor. De la qualité pour lancer une formation qui en est aujourd’hui à son quatrième album.

Bref, une musique de rencontre où chacun innove sans se prendre la tête, sans entrave et en conservant plus que tout le plaisir de jouer !

Onze Heures Onze Orchestra - Proverb - video stream


Onze Heures Onze Orchestra - XP31 - video stream


Raja
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 16 nov. 2022 05:06

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Spontaneous Music Ensemble – Oliv & Familie (1969 – réédition de 2014)

Si on veut comprendre un peu il faut passer par un petit historique de l’album. En fait ce Cd est une réédition augmentée. L’original est apparu sous le nom de « John Stevens Spontaneous Music Ensemble » en mille neuf cent soixante-neuf, une belle année pour nos musiques. Il était composé de deux titres, « Oliv I » et « Oliv II » que l’on retrouve ici, au beau milieu de cet album, et publiés alors par le label « Marmalade » de Giorgio Gomelsky.

En deux mille quatorze, lors de la réédition ont été ajoutés « Familie » qui ouvre l’album, une composition de près de vingt minutes, et « Familie (alternative ending)» qui clôt cette réédition. Il y a en tout plus de soixante-sept minutes bien pleines de bon free. Les sessions d’enregistrements sont différentes, les « Familie » datent de de janvier soixante-huit alors que les « Oliv » sont de février soixante-neuf, entre ces deux dates il y a eu pas mal de changements de personnel.

On y trouve une grande partie du free jazz anglais, les musiciens revendiquent l’influence du « Gagaku », la musique de cour japonaise, très lente et étirée, avec des voix qui semblent psalmodier des lamentations. « Familie » est donc chanté par Pepi Lamer et Norma Winstone aux voix, parmi les musiciens on retrouve les deux du « Spontaneous Music Orchestra » entendus plus haut, Trevor Watts joue du piccolo, Brian Smith de la flûte, Evan Parler du saxophone soprano, Peter Lemer du piano, Derek Bailey de la guitare, Nik Bryce du violoncelle, Jeff Bryce et Dave Holland de la contrebasse et bien entendu John Stevens de la batterie.

La première partie de la pièce est donc écrite, elle semble hors de la temporalité, tout concourt à créer un univers immatériel où le temps ne semble plus exister, flûtes et voix se mélangent et chacun participe à la création d’une sorte de torpeur, qui s’empare des auditeurs, piégés par le charme de cette musique emplie d’une grande beauté.

La seconde partie de la pièce est une totale improvisation où il semble que tout se détricote lentement, chacun retrouvant sa singularité dans un ensemble qui ne semble plus pouvoir maintenir sa cohésion, avant un retour au thème en conclusion. La seconde version de « Familie » est plus courte car, pour des raisons techniques, la première partie de l’enregistrement n’est pas exploitable, mais par bonheur la partie la plus intéressante, celle qui est improvisée, nous est proposée à la fin de l’album, onze minutes de musique inédite.

Mais il faut également parler des deux autres pièces « Oliv I » est joué par Derek Bailey, Pepi Lemer, Trevor Watts au sax alto, Peter Lemer et John Stevens auxquels s’ajoutent Johnny Dyani à la contrebasse, Kenny Wheeler au bugle, Maggie Nicols et Carolann Nicholls au chant, ça s’étoffe encore avec de nouvelles personnalités musicales très importantes.

La pièce est à nouveau magnifique avec Maggie Nichols, également compositrice du thème, que l’on voit sur la pochette entourée par Trevor Watts, John Stevens et Johnny Dyani. Nous voici replongés dans ce bain "hors du temps", Trevor watts improvise alors que les chants s’étirent de la même façon que sur « Familie », les trois voix féminines tissent une toile sonore sur laquelle Derek Bailey dépose quelques notes douces et rares…

C’est Johnny Dyani qui brise un peu cet enchantement-là, en dynamisant les échanges, les voix à l’arrière continuent cependant ces longues psalmodies et font l’effet d’une sorte de drone alors que Kenny Wheeler s’échappe avec une extrême brillance, dans un solo d’anthologie.

« Oliv II » est plus resserré avec Maggie Nicols qui chante joliment, Trevor Watts, Johnny Dyani et John Stevens sur sa petite batterie.

Bon, bon chef d’œuvre free et grand millésime, je ne peux pas dire mieux !

Spontaneous Music Ensemble - Oliv & Familie
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 16 nov. 2022 17:38

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Christy Doran, Erika Stucky, Fredy Studer, Jamaaladeen Tacuma - Call Me Helium: Doran Stucky Studer Tacuma Play the Music of Jimi Hendrix (2015)

Vraiment un chouette album de reprises de titres signés Jimi Hendrix. Un hommage mis en forme par des musiciens suisses auxquels vient se joindre Jamaaladeen Tacuma en qualité de Star Internationale !

Le danger de ce genre de projet c'est de trop coller au modèle et ainsi d'être sûr de rater sa cible : il est rare qu'une copie aussi bien faite soit-elle, vaille l'original ! Ici nous sommes dans l'entre-deux, entre l’exubérance d'un Gil Evans se prêtant au même exercice et la copie servile de la part du Fremont's Group.

Il ne reste donc qu'à profiter de ces relectures bienfaisantes...

Foxy Lady


Izabella


Hey Joe


In from the Storm / Sgt. Pepper
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 17 nov. 2022 06:11

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The Spontaneous Music Ensemble – Karyōbin (1968 – réédition de 2017)

Pour continuer avec le « Spontaneous Music Ensemble », voici « Karyōbin » enregistré le dix-huit février mille neuf cent soixante-huit avec le sous-titre « Are The Imaginary Birds Said To Live In Paradise ». Cet enregistrement est donc antérieur à « Oliv & Familie » présenté ci-dessus. Une autre pierre angulaire du free jazz anglais et même européen.

On retrouve Kenny Wheeler à la trompette et au bugle, Evan Parker au saxophone soprano, Derek Bailey à la guitare « amplifiée », Dave Holland à la contrebasse et le « boss », John Stevens à la batterie et aux percussions. La version de deux mille dix-sept est remixée et remasterisée, les rééditions « Emanem » sont très complètes et satisfont aux critères les plus pointus, le son est ici d’une très grande clarté, dépassant même en qualité sonore les enregistrements nippons qui font souvent références. Au strict critère de qualité sonore, l’enregistrement original est dépassé. Dans son intégralité l’enregistrement dure quarante-neuf minutes et vingt secondes.

Cette musique est cent pour cent « free », c’est-à-dire créée à partir de rien, ou plutôt de peu. De simples principes de respect entre musiciens sont la base ici, à savoir laisser chacun s’exprimer et ne pas tirer la couverture à soi, en couvrant le son de ses partenaires par exemple. Ainsi on abolit les structures habituelles, mélodie et rythme au profit d’une interaction entre les individus.

En réaction au free tumultueux et incendiaire des Shepp, Pharoah, Coltrane ou Ayler, on substitue un espace qui peut être calme, propice à l’échange, à la conversation, un lieu de liberté où la « parole » est libre, confiée à chacun, où peut s’exprimer l’altérité.

Ce qui importe ici c’est la qualité de l’échange, qui évolue en fonction des uns et des autres, ainsi la musique est en constante évolution et s’il y a des moments calmes il existe également des moments de tension, qui peuvent d’ailleurs se dénouer très naturellement. Derek Bailey développera tout au long de son œuvre des conceptions de l’improvisation très poussées qu’il théorisera dans son ouvrage « L'Improvisation : sa nature et sa pratique dans la musique ».

Cet album paraît donc fondamental, bien que sans compromission, son accès peut surprendre ou dérouter si on reste trop extérieur à ce qui se passe, l’émotion se libère dans les échanges et il est nécessaire de se plonger au milieu de cet apparent capharnaüm, pour en saisir le meilleur.

Spontaneous Music Ensemble - Karyōbin
00:00 Part I
26:45 Part II
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 17 nov. 2022 14:36

Une petite remontée pour un autre excellent album du Spontaneous:
Douglas a écrit :
mer. 12 mai 2021 21:13
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Spontaneous Music Ensemble ‎– Birds Of A Feather (1971)

Puisant toujours son origine dans la « bible », voici venir « Birds Of A Feather » par le Spontaneous Music Ensemble, un album sorti chez Byg en 1972, mais enregistré à Hérouville le vingt-sept juillet 1971. C’est une période limite pour les enregistrements Byg, par bonheur celui-ci n’a pas été sacrifié et la qualité reste honnête.

John Stevens est batteur, percussionniste et compositeur, Ron Herman est à la basse, Trevor Watts au saxophone soprano et Julie Tippetts ex Julie Driscoll (c’est inscrit ainsi au verso de la pochette) chante et joue de la guitare. Du lyrisme sur le premier titre « One, Two, Albert Ayler » un hommage au saxophoniste mort dans la misère, avec ses mystères.

Un certain radicalisme ici, une improvisation qui semble totale et collective, mais on reste souvent dans un relatif pointillisme, chacun s’inscrivant dans une zone spatiale qu’il ne quitte pas, ainsi se créent des monologues, dialogues, trilogues ou des espaces à quatre où chacun se répond, un peu comme le chant des oiseaux qui échangent par de courtes phrases, des pépiements spontanés, des gazouillements surprenants.

Mais ce « Birds of a Feather » s’interrompt quand la première face se termine et se poursuit sur la seconde comme si de rien n’était. Ici chacun apporte sa singularité qui forme une unicité inédite et féconde, c’est l’addition des bruit, sons, chants et improvisations issue des individualités qui crée une forme nouvelle, une « fusion » acoustique qui trouve sens et crée l’œuvre qui surprend, étonne et subjugue, voire crée avec le temps une certaine addiction.

Le Spontaneous Music Ensemble a su garder au fil des ans et des changements fréquents de personnel, ce qui fait l’essentiel pour un tel collectif : la créativité, le goût des improvisations et la recherche continuelle de la qualité au travers d’une remise en question constante.

Cet excellent album, retenu par FJMt°, n’est que l’un des épisodes de cette création, mais un des sommets, sans doute.

Spontaneous Music Ensemble - 1972
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 18 nov. 2022 04:47

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Michel Portal Unit – À Châteauvallon - No, No But It May Be (1973)

C’est album est incontestablement un classique du jazz français et même du jazz tout court, publié au « Chant du Monde », le magnifique label universel. C’est un enregistrement live enregistré le vingt-trois août mille neuf cent soixante-douze à Châteauvallon où j’aurais aimé être ce jour-là. Par bonheur il y avait l’ORTF avec André Francis, et les bandes tournaient. Vingt-six minutes du concert seront diffusées à dix-huit heures sur la deuxième chaîne, ce qui aujourd’hui serait impensable.

Le journaliste de Jazz Mag, Francis Marmande, qui était présent parle dans son compte-rendu des « immenses acclamations qui, en coulisse, réjouissaient Mingus » qui venait de quitter la scène. De quoi se faire une idée, il faut dire qu’il était jeune alors, Michel, il joue de la clarinette, des saxophones divers, du taragot et de son fameux bandonéon. Il est solidement accompagné par Bernard Vitet à la trompette, au cor et au violon, il y a deux bassistes d’exception, Beb Guérin et Léon Francioli ainsi que le grand Pierre Favre aux percussions diverses.

Et puis Tamia au chant, Francis Marmande écrira « …la voix de Tamia marque l’instant suspendu de ce concert. Transe de la modulation, la montée spectaculaire (présence du geste toujours) vers le cri, homologique en cela de percées de Portal, atteint un paroxysme sans hystérie, le point de rupture… et Tamia disparut dans la nuit de Provence. »

Il y a une seule composition partagée en deux parties, « No, no but it may be », dix-neuf minutes et quarante-deux secondes sur la première partie et vingt-sept minutes quarante-quatre de l’autre, ce qu’il faut pour s’inscrire dans la légende.

La recette ? Du free, des impros, la présence de Michel, son savoir-faire élégant, sa présence, sa démarche et ses trouvailles mélodiques et rythmiques, mais aussi l’à-propos de Bernard Vitet, toujours au bon endroit, au bon moment avec acuité, et les deux bassistes qui jouent à se compléter avec tellement de justesse que l’on croirait ce duo de toujours, et Pierre Favre si précieux dans ses interactions, là où on ne l’attend pas forcément, mais qui se trouve toujours précisément là où ça se passe… Et puis Tamia, si discrète avant que de paraître, au bon moment au bon endroit.

Du free, oui, mais comme une toile qui se tisse, à la fois minimale et intense, quelque chose qui raconte une histoire, une avancée progressive vers ce « quelque chose qui se pourrait… », cette possibilité d’être, de narrer, l’autre rôle de la musique…

Michel Portal Unit - Chateauvallon 1972- No,No But It May Be. 1/2


Michel Portal Unit - Chateauvallon 1972- No,No But It May Be.2/2
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Harvest » ven. 18 nov. 2022 10:48

J’aime beaucoup ce Portal que je n’ai pas écouté depuis longtemps. Je vais lui faire faire quelques tours de pistes. :chapozzz:

Le Spontaneous sur Byg voilà un disque que je n’ai pas beaucoup sorti de sa pochette, n’ayant su comment entrer dans cette musique très déroutante. Nouvelle tentative à venir après dépoussiérage. :ange:

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 18 nov. 2022 16:35

Harvest a écrit :
ven. 18 nov. 2022 10:48
J’aime beaucoup ce Portal que je n’ai pas écouté depuis longtemps. Je vais lui faire faire quelques tours de pistes. :chapozzz:

Le Spontaneous sur Byg voilà un disque que je n’ai pas beaucoup sorti de sa pochette, n’ayant su comment entrer dans cette musique très déroutante. Nouvelle tentative à venir après dépoussiérage. :ange:
Il est vrai que ce Portal est assez emblématique de son époque, rien que pour ça j'ai un petit faible!
:)
Concernant les quatre Spontaneous mon penchant ira vers "Oliv & Familie" un peu plus enraciné que les trois autres...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 18 nov. 2022 18:03

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Sam Rivers, Noël Akchoté, Tony Hymas, Paul Rogers et Jacques Thollot : Configuration (1996)

Sam Rivers appartenait à la même génération que John Coltrane, pourtant il n'enregistra son premier album qu'en 1965 ! "Configuration" que voici, est d'ailleurs lié à ce premier album par le titre "Béatrice", du prénom de son épouse, qu'il reprend ici.

Cet album date de 1996, Sam est entouré de Tony Hymas au piano, Paul Rogers à la contrebasse, Noël Akchoté aux guitares et Jacques Thollot à la batterie, ils enregistrent dans les désormais célèbres studios La Buissonne, pour le label Nato. Le remarquable Jean Rochard produit tout ça.

Cet album est un hymne à la liberté, en partant de la reprise la plus classique jusqu'aux improvisations les plus folles, en combinant les duos, les trios et toutes les formules possibles, nous sommes embarqués dans un voyage aventureux et poétique, sans calcul, conviés à la surprise des improvisations qui se révèlent à nous comme des promesses riches de secrets.

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Pour l’anecdote Caroline de Bendern qui figure ici au titre de photographe, a été surnommée « La Marianne de Mai 68 » pour avoir été photographiée, perchée sur les épaules de Jean-Jacques Lebel, plasticien et inventeur de happenings, brandissant le drapeau du FLN Vietnamien. Mannequin et aristocrate elle prend la pause en bonne professionnelle, mais sans arrière-pensée, bientôt elle devient célèbre par l’intermédiaire d’une photo prise par le photographe Jean-Pierre Rey. Elle sera déshéritée par ses aïeux scandalisés.
L’histoire ne se finit pas là puisqu’elle vécut en compagnie de Barney Wilen, on la voit sur la pochette de Moshi Too, puis elle devint la compagne de Jacques Thollot que l’on retrouve sur cet album, elle figure également sur la pochette de son album « Intramusique ».

Beatrice


Cheshire Hotel


Nightfall


Configuration
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 19 nov. 2022 06:26

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Mark Guiliana – The Sound Of Listening (2022)

Mark Guiliana fait partie des musiciens auxquels je suis très attentif, plus d’une fois il m’a subjugué et j’ai aimé suivre son parcours, qui file au gré du temps, vers différentes sortes de musique. Sa dernière sortie musicale avant cet opus, « Beat Music! Beat Music! Beat Music! », très moderne, dans le coup et dans le sens du vent qui passe, était une belle réalisation, c’est normal, Mark est un surdoué de l’instrument et tout ce qu’il touche est magnifié, y’a des gars comme ça !

Mais ici, il y a un truc en plus, et sans doute même davantage, l’album vous touche profond, porté par une grâce un peu spéciale. Ça tient à plusieurs choses, d’abord les musiciens, mais on y reviendra. On pourrait parler du sens mélodique car il y a de ça, mais un peu plus encore, un sentiment de dépassement dans le travail bien fait, il se dégage une certaine idée du beau, de l’idée poussée au bout, qui vous emmène, encore et encore, et quand ça semble fini, et bien non ! Il faudra attendre encore, jusqu’au bout de l’effet, d’un certain dépassement…

Mark est bien entendu à la batterie, c’est l’un des tout meilleurs au monde, il joue également sur certaines pièces des synthés, des percus et il utilise le « drum programming ». Un vieux complice de retour, Shai Maestro au piano, au melotron, au Fender Rhodes et à « l’Ampli Céleste ». Chris Morrissey est à la basse et Jason Rigby au sax ténor, à la basse clarinette, à la clarinette et à la flûte.

Il n’y a que des pointures, ici l’excellence est le minimum, partout où on se tourne il n’y a que merveilles. C’est comme ça, il faut juste s’y habituer, Shai est sans doute celui qui prend le plus de place parmi les musiciens invités, il n’hésite pas à prendre de l’espace, il faut dire qu’il a du talent à revendre, sur la dernière pièce « Continuation » il signe définitivement la pièce de son empreinte, et ce, malgré la brièveté de son solo.

Ce qui arrive ici est bien au-delà des mots, c’est à chacun d’écouter et de vivre l’expérience avec sa subjectivité et ses critères propres, pour ma part j’étais déjà préparé et ce fut facile de plonger dans cet univers avant de m’y pâmer, par ailleurs, l’album est facile d’accès et ne demande qu’à livrer ses beautés…

Mark Guiliana 'a path to bliss'


Mark Guiliana - 'the most important question' (official video)


Mark Guiliana - 'the sound of listening' (official video)


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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Harvest » sam. 19 nov. 2022 10:57

Douglas a écrit :
lun. 7 nov. 2022 14:59
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Melanie De Biasio - Blackened Cities - EP - (2016)

Melanie De Biasio, chanteuse belge, est certainement l'une des vocalistes les plus singulières que l'on ait été amené à entendre ces dernières années. Ici, elle prend le temps, plus de 24 minutes pour chanter les cités industrielles, comme celles de son enfance, à Charleroi.

Une voix qui serpente, qui s'arrête et écoute, ici on improvise, en ce sens on peut appeler ça jazz, même si les étiquettes, c'est pour rassurer les acheteurs de Manchester ou de Détroit, ces villes qui l'ont tant marquée. Un titre d'ambiance, une plongée juste lancinante, dans un monde brut, de brique, de pierre et d'acier...

En toile de fond, un synthé souffle un vent froid qui nappe le paysage. La vie cependant éclate, les rythmes s'affolent, le trio piano, basse, batterie porte les sons de la flûte de Mélanie qui s'échappent en volutes fiévreuses vers le ciel, comme soufflées par ces cheminées qui se dressent avec vanité, en noir et blanc, en écho au superbe cliché de la pochette, signé Stephan Vanfleteren.

Une étape de plus sur le parcours riche et prometteur d'une artiste
Superbe dont la voix, devenue trop rare, nous caresse, à fleur de peau...

Melanie De Biasio Blackened Cities 2016

Superbe. Je ne connaissais pas ce EP. Par contre je connais Charleroi. Et j’aime beaucoup les paysages industriels porteurs de mémoires.

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