J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Blues traditionnel ou blues blanc, jazz, soul, funk, c'est ici.
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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 24 déc. 2021 04:00

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James Brandon Lewis est un compositeur et un saxophoniste ténor de grand talent, à la tête du « Red Lily Quintet » il nous offre ici un album entre modernité et tradition, qui plonge aux racines, tant par son récit que par le feeling incroyable qui transpire au travers de cet album très prenant, ça s’appelle « Jesup Wagon » et c’est dédié à George Washington Carver, un scientifique à la fois botaniste, agronome, philosophe et musicien dont la vie l’a influencé, comme l’indique le livret joint à l’album.

James Brandon est accompagné par Kirk Knuffke au cornet, William Parker à la basse et au gimbri, Chris Hoffman au violoncelle et Chad Taylor à la batterie. Une telle équipe est garante de très haute qualité musicale et comme l’esprit du blues et de La Nouvelle Orleans pimente ce jazz très libre, c’est à un fabuleux mélange que nous sommes conviés.

Le modernisme fraie avec l’esprit ancien, les rythmes immuables garantissent la tradition et nourrissent la transe qui s’embrase au son d’un lyrisme forcené. Une sorte d’authenticité transpire dans cette musique éternellement vive et fulgurante, qui ne s’interdit aucune audace ni aucune transgression.

Cette dualité semble si naturelle et évidente qu’elle fait resurgir les ombres d’Ornette Coleman et d’Albert Ayler au fil de l’album, elles se dessinent dans le timbre des instruments, comme dissimulées, mais si présentes !

C’est un album qui baigne dans la culture jazz, dans son histoire et son évolution, comme le récit d’une passion qui se déroule entre nos oreilles étourdies par tant de savantes allusions et de réminiscences qui jaillissent du passé. Il y a une grande science à l’œuvre ici, je ne sais si elle a à voir avec George Washington Carver, mais avec James Brandon Lewis et ses incroyables musiciens, c’est sûr!

Au pied du sapin ça va crouler sous les Cds...



James Brandon Lewis’ Red Lily Quintet: Jesup Wagon | Roulette Intermedium (Cliquer sur "regarder sur Youtube" une belle version live!)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » ven. 24 déc. 2021 09:22

Considéré comme une des meilleures sorties de l'année.
Faut que je m'y penche sérieusement. Pour l'instant j'ai juste survolé

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 24 déc. 2021 17:07

Piranha a écrit :
ven. 24 déc. 2021 09:22
Considéré comme une des meilleures sorties de l'année.
Faut que je m'y penche sérieusement. Pour l'instant j'ai juste survolé
Oui, c'est très bon! Je reviendrai un peu plus tard sur James Brandon Lewis mais pour l'heure je donne la priorité aux nouveautés dont je n'ai pas parlé en cette fin d'année, les "International Anthem" commencent enfin à rentrer par exemple...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 25 déc. 2021 04:36

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Avec cet album on franchit un cap, un peu comme dans l’histoire du monstre de Frankenstein, Le savant Docteur Makaya va créer de nouvelles créatures, en déterrant du passé des œuvres anciennes, afin de leur donner une nouvelle vie.

On voit bien qu’il n’y a pas trop de naturel ici, pour son arrivée sur le label Blue Note, Makaya McCraven va bidouiller sec, ressusciter les morts et faire travailler les vivants à distance. Lui, il tire les manettes, autorise, choisit, élit, quasi seul à décider, charcutant les morts et manipulant les vivants, c’est sûr, le méchant Docteur, c’est bien lui !

Ses principales victimes sont des hard-boppers issus des années cinquante, Art Blakey en tête, mais aussi Horace Silver, Clifford Brown, Kenny Dorham, Bobby Hutcherson, Wayne Shorter et d’autres encore… Place à la grande mutation, on déterre et on recrée, il s’agit de redonner la vie ! Pour se faire et, enfin, finir par se prendre pour Dieu, Makaya dispose pour lui seul d’un instrument de la plus Haute Technologie, un studio d’enregistrement tout à son service.

Voici ses complices, qu’il fait travailler chacun dans l’ombre, en solitaire, Jeff Parker et sa guitare, Junius Paul à la basse, Marquis Hill à la trompette, Greg Ward au sax alto, Joel Ross au vibraphone… une fine équipe de spécialistes, les meilleures lames qui soient, lui-même à la batterie, l’affaire est vite enlevée et pliée !

Des mixtapes avec des intros à bases d’échantillons prélevés en copié/collé au passé, c’est sans doute moins bricolé que pour l’album « We’re New Here » issu de Gil Scott-Heron qu’il avait déjà exhumé. En récidiviste assumé il revendique tout et colle aux légendes d’encore plus près.

En définitive toutes ces relectures actualisées chagrineront l’amateur d’authenticités et régaleront ceux qui sont avides de dépoussiérer l’ancien, mais pas trop quand même. Ça passe très vite, une vingtaine de minutes par face, ça régale quand même mais ne vaut pas le travail des débuts me semble-t-il…

Quoique ?

A Slice Of The Top


Sunset


Autumn In New York


Frank's Tune
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Message par Piranha » sam. 25 déc. 2021 10:28

Du classique dépoussiéré. Respectueux mais pas idolâtré au point de ne rien changer

Reçu hier soir, un cadeau d'un de mes fils à qui j'avais offert l'année dernière un album de... Makaya pour découvrir le Jazz.
Depuis il l'a vu en concert (Clermont-Ferrand).
La boucle est bouclée

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 25 déc. 2021 16:18

Piranha a écrit :
sam. 25 déc. 2021 10:28
Du classique dépoussiéré. Respectueux mais pas idolâtré au point de ne rien changer

Reçu hier soir, un cadeau d'un de mes fils à qui j'avais offert l'année dernière un album de... Makaya pour découvrir le Jazz.
Depuis il l'a vu en concert (Clermont-Ferrand).
La boucle est bouclée
Pour ma part jamais vu sur scène, sinon sur une vidéo en live au festival "Jazz à Sète 2019", du coup ça donne une petite idée car c'était carrément bien !

Pour le reste c'est une voie puissante pour découvrir le jazz et il n'y a rien à redire !

J'en profite pur te souhaiter, ainsi qu'à ceux qui passent, mes bons vœux pour l'année qui vient et qui s'annonce hach'ment bien...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » sam. 25 déc. 2021 18:18

Merci Douglas ; je te présente également mes meilleurs voeux et bien sûr à toutes et tous
Que 2022 soit Jazz mais peut être moins improvisé :)

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 25 déc. 2021 22:03

Piranha a écrit :
sam. 25 déc. 2021 18:18
Merci Douglas ; je te présente également mes meilleurs voeux et bien sûr à toutes et tous
Que 2022 soit Jazz mais peut être moins improvisé :)
L'improvisation est au jazz

Ce que l'huile est aux sardines

La Bourgogne aux escargots

Et les bulles au Champagne !
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 26 déc. 2021 04:04

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Et voici le retour de Jeff Parker avec un album un peu surprenant, « Forfolks » un album de guitare sèche qui ne s’embarrasse pas des étiquettes et des genres, ainsi beaucoup opteront pour ce qui leur conviendra le mieux, folk ou jazz par exemple, pour peu qu’il leur semble important de catégoriser la musique…

Deux reprises ici, « Ugly Beauty » de Thelonious Monk et « My Ideal » un standard, les autres compositions, au nombre de six, sont de Jeff Parker. Jouer seul ne signifie pas pour autant ne jouer que des solos sans faire intervenir la technique d’enregistrement, ainsi nombre de pièces mettent l’artiste face à lui-même grâce au re-recording ou aux boucles enregistrées, comme sur cet album où l’apport de ces techniques évite le son monocorde et la monotonie.

Jeff extrait de son passé un vieil air de quatre-vingt-dix-huit enregistré alors avec Tortoise, le très beau « La jetée » qui clôt l’album avec une certaine grâce mélodique. Mais c’est l’entièreté de l’album qui baigne dans cette atmosphère épurée, entre grattements de cordes et silences voulus.

L’album a été enregistré en deux jours aux « Sholo Studio » à Altadena, en Californie, non loin du lieu d’habitation de Jeff, en juin deux mille vingt et un. Une proximité de confort qui permet de garder le fil, de suivre l’idée et de conserver une forte identité stylistique qui rend cet album assez inimitable, Jeff Parker restant un artiste à part.

Une singularité qui saute aux oreilles car ce parcours souvent improvisé, n’obéit pas aux règles communes et s’échappent aux lois du conventionnel, sans pour autant cultiver les dissonances où les distorsions. C’est plutôt dans le choix des progressions ou dans les développements qu’interviennent les surprises, les notes subtiles et les digressions habiles.

Un bel album de la part d’un grand guitariste ou la Suite inattendue For Max Brown.

Ugly Beauty


La Jetée


Excess Success


My Ideal


Four Folks
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » dim. 26 déc. 2021 08:28

Douglas a écrit :
sam. 25 déc. 2021 22:03
Piranha a écrit :
sam. 25 déc. 2021 18:18
Merci Douglas ; je te présente également mes meilleurs voeux et bien sûr à toutes et tous
Que 2022 soit Jazz mais peut être moins improvisé :)
L'improvisation est au jazz

Ce que l'huile est aux sardines

La Bourgogne aux escargots

Et les bulles au Champagne !

Je parlais de l'année à venir ::d
Merci pour ce retour sur le nouveau Jeff Parker. :super:

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 27 déc. 2021 04:05

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Et voici certainement l’une des plus belles sorties de cette année, « Trumpet » de la part de Wadada Leo Smith. Un joli coffret avec, à l’intérieur, trois Cds accompagnés d’un petit livret. Le son des albums a été capté dans l’église Ste Mary à Pohja, une petite ville à l’ouest d’Helsinki, en Finlande. Le bâtiment date du quinzième siècle et l’acoustique s’est avérée exceptionnelle pour restituer le timbre de la trompette de l’homme du Mississippi.

En effet, ce son est d’une pureté cristalline, la trompette est le seul instrument que l’on entende ici, c’est dire si la captation est d’une importance primordiale, à cet égard tout est absolument parfait. Reste à écouter l’artiste s’exprimer. Leo est un habitué de l’exercice, on se souvient de l’extraordinaire « Kabell Years: 1971-1979 » déjà présenté ici. Nous étions montés très haut, force est de constater qu’avec cet album, on ne redescend pas.

Il me semble que c’est une œuvre de l’intime, pour le créateur de toute évidence, mais également pour le récepteur, celui qui reçoit et écoute. Ce n’est pas de ces albums qui donnent peu et n’exigent de votre part qu’une attention furtive ou parcellaire, si tel serait le cas mieux vaut passer son chemin, afin de ne pas perdre son temps.

L’album porte et apporte beaucoup, il faudra l’écouter ou se laisser porter, ce qui est mieux encore, après s’être branché au son du cuivre, vif, vivace et vivant, qui vous parle et dessine, en votre âme, sensations et sentiments. Il respire, vous transporte en même temps que l’air. Vous élève même avec facilité, en vous arrachant à votre condition charnelle, s’abandonner et laisser filer, c’est juste magique.

Tout est sublime ici, du premier souffle au dernier relâchement qui vous dépose, transformé, calme et reposé. La médecine est puissante et performante. Quand ils auront bien défoncé la Sécu et qu’il ne vous restera plus rien dans les poches, pensez au bon docteur Wadada qui saura encore faire quelque chose pour vous…

Deux heures passées hors du temps, où le feeling l’emporte sur toute autre considération, le vieil homme, âgé de quatre-vingts ans, est juste exceptionnel.

Dommage que le lien manque...
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Homeward » lun. 27 déc. 2021 20:40

Beaucoup de choses à rattraper ici..
Merci à tous qui faites vivre ce fil. Surtout toi Douglas bien sûr, notre héros à tous. :chapozzz:

Ce soir:

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Sonny Sharrock - Ask The Ages (1991)

Retour aux premiers amours, un des disques qui m'a empoisonné au Jazz. Y avait Shepp et Miles aussi, celui du Plugged Nickel (j'aime la difficulté).
Bref grand moment, son chant du cygne en plus, fabuleuses compos, tout l'esprit du free et de la fusion, de Coltrane, du hard bop même aussi. Le mec a Elvin Jones et Pharoah Sanders en sidemen, bon, j'ai rien d'autre à dire.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 28 déc. 2021 04:15

Homeward a écrit :
lun. 27 déc. 2021 20:40
Beaucoup de choses à rattraper ici..
Merci à tous qui faites vivre ce fil. Surtout toi Douglas bien sûr, notre héros à tous. :chapozzz:

Ce soir:

Image

Sonny Sharrock - Ask The Ages (1991)

Retour aux premiers amours, un des disques qui m'a empoisonné au Jazz. Y avait Shepp et Miles aussi, celui du Plugged Nickel (j'aime la difficulté).
Bref grand moment, son chant du cygne en plus, fabuleuses compos, tout l'esprit du free et de la fusion, de Coltrane, du hard bop même aussi. Le mec a Elvin Jones et Pharoah Sanders en sidemen, bon, j'ai rien d'autre à dire.
Merci à toi également qui vient m'aiguillonner avec un album que je ne connais pas et, comme d'habitude tu as trouvé les mots qui donnent envie...
Zorro
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 28 déc. 2021 04:20

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On retourne avec Jeff Parker pour ce curieux double vinyle sorti sur International Anthem, arrivé seulement aujourd’hui. Curieux car il tient plus de l’électro, du Hip Hop, des boucles et des séquences que du jazz. Il est signé par un certain « JP », bon j’ai déjà vendu la mèche, c’est bien Jeff Parker, mais ici dans le rôle du roi des machines.

Avec ce genre de truc je sors clairement de ma zone de confort, mais c’est pas mal en fait, je regrette seulement l’absence de Obi, mais cette sortie semble différente de ses consœurs, par exemple il n’y aura qu’une version vinyle bleue ou noire, en édition limitée de 777 exemplaires, pas de version digitale ni de repress possible. Pas d’extraits non plus via bandcamp et même plus, le nom de Jeff Parker n’apparaît nulle part sur l’album.

[ Cependant écoutable sur le tube sous forme d'extraits pour donner l'envie]

Côté vinyles les pièces sont plutôt basiques, avec le groove toujours présent, essentiel et têtu, avec souvent cette guitare affolante tantôt rythmique tantôt soliste, c’est très funky, le nom de l’album est à lui seul révélateur «JF’s Myspace Beats ». Alors on tape du pied et secoue la tête, en rythme avec un sourire un peu naïf et béat, bah !

C’est aussi l’occasion d’une remontée dans le temps, vers les albums plus anciens, « Suite For Max Brown », et plus loin encore, du soul/jazzy des temps d’avant, quand Jeff jouait au DJ. Une remontée dans le temps mais aussi dans le style avec ce minimalisme, ces répétitions qui font le bon son, juste des rythmes, des « beats » à n’en plus finir, comme une collection qu’il offre en partage.

Alors ça loop, échantillonne, et groove un max avec justesse et précision, sans cesse et toujours, Hip Hop et lo-fi au menu…

JP's MB チョイス
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Homeward » mar. 28 déc. 2021 09:55

Douglas a écrit :
mar. 28 déc. 2021 04:15
Merci à toi également qui vient m'aiguillonner avec un album que je ne connais pas et, comme d'habitude tu as trouvé les mots qui donnent envie...
Zorro
Oh! Je suis très heureux (et étonné) de te le faire découvrir, c'est un immense album je trouve. Et envieux car j'aimerais le redécouvrir pour la première fois. :vieuzzz:
Très hâte de te lire là dessus!
Je vais me pencher sur ce Jeff Parker, les extraits précédents sont séduisants (très beau La Jetée effectivement) et je suis dans une grosse période guitare. :p

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 29 déc. 2021 05:20

Homeward a écrit :
mar. 28 déc. 2021 09:55
Douglas a écrit :
mar. 28 déc. 2021 04:15
Merci à toi également qui vient m'aiguillonner avec un album que je ne connais pas et, comme d'habitude tu as trouvé les mots qui donnent envie...
Zorro
Oh! Je suis très heureux (et étonné) de te le faire découvrir, c'est un immense album je trouve. Et envieux car j'aimerais le redécouvrir pour la première fois. :vieuzzz:
Très hâte de te lire là dessus!
Je vais me pencher sur ce Jeff Parker, les extraits précédents sont séduisants (très beau La Jetée effectivement) et je suis dans une grosse période guitare. :p
Ma culture jazz est parsemée de trous, il existe tellement d'albums que je n'ai pas écoutés! J'essaie de creuser quand je suis interpellé, et, pour ce qui est de Sonny Sharrock je dois en avoir six ou sept au compteur et quatre ou cinq pour Linda son épouse. Pour "Ask The Ages" je vais essayer de trouver un support à un prix convenable!

Pour ce qui est des recherches, elles sont souvent hors de prix et pour celles-là j'espère une réédition, et mieux, que cette dernière arrive à ma connaissance avant qu'elle ne s'épuise...

De toute façon la quête est vaine car le puits est sans fond, c'est la loi du genre...
:cote:
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 29 déc. 2021 06:02

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Depuis Noël, ils arrivent au rythme d’un par jour dans la boîte, après de nombreux mois d’attente, chacun dans leur étui en carton, les albums d’International Anthem. Aujourd’hui c’est « But Only After You Have Suffered » de Jamire Williams, un batteur - percussionniste et compositeur, connu également comme producteur de musique Hip Hop.

On ne quitte pas le monde de la bidouille, des trafics sonores, des échantillons, des boucles et autres effets de collage et charcutage dont les enregistrements d’International Anthem nous ont abondamment gratifiés. Celui-ci est très branché religion, voire un peu frappé, comme l’atteste le titre « C’est un mot », dit en langue française, qui clôt la face une, entre sermon et croyance mystique :

« Ce sont de justes sonorités d’un niveau supérieur
Ouvrons les fenêtres du paradis pour déverser les grâces que,
Par faute d’espace intérieur nous ne pourrions recevoir
Dieu est parmi nous, le seigneur est avec nous, cédons à l’esprit
Ces justes sonorités supérieures, ces purs jets de création du maître peintre
L’éloquence est pure et brute, la beauté est dans le disgracieux
A travers ces pensées composées dans des moments divins
Tout au nord, bien au- dessus des étoiles, très rare d’un niveau supérieur
Extrêmement supérieur, abstrait, prophétique, réalisable
Niveau, concevons intérieurement.
»

Un nouveau chapitre très actuel de la nouvelle musique d’aujourd’hui, où le jazz n’est qu’une composante parmi d’autres, d’un mix qui plonge ses racines et ses références dans la culture noire américaine. C’est plutôt bien fait côté son, l’atmosphère est souvent légère et la chouette mélodie n’est pas écartée, comme sur « Just Hold On », mais pas forcément bien traitée non plus, interrompue en plein élan.

Il y a ici une pléiade d’intervenants dont Chassol, invité surprise. Beaucoup de chants, et l’atmosphère est souvent recueillie, planante, faite de nappes superposées qui s’additionnent, se complètent et se transforment jusqu’à s’éteindre pour faire la place. Pas de temps morts ni de temps faibles, si on aime.

Jamire Williams - "When It Gets Dark" (ft. Kenneth Whalum)


Jamire Williams - "Safe Travels" (ft. Fat Tony & Zeroh) (Official Audio)


Just Hold On


C'est Un Mot
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 30 déc. 2021 03:40

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Voici le troisième album physique de la formation « Irreversible Entanglements », toujours sur International Anthem, mais cette fois-ci nous avons droit à un double album, « Open The Gates ». Sorti au mois de novembre, il arrive tranquillement dans nos contrées.

Les musiciens sont tous fidèles à la formation, Camae Ayewa également connue sous le nom de Moor Mother chante, récite et joue du synthé, Keir Neuringer joue du saxophone, du synthé et des percussions, Aquiles Navarro joue de la trompette et du synthe également, Luke Stewart est à la basse et Tcheser Holmes assis derrière sa batterie. Le groupe a enregistré l’album sur ses terres à Philadelphie.

Les faces s’étalent sur une durée située entre quinze et vingt et une minutes environ, comme à l’habitude bonne définition sonore et qualité de pochette de bon niveau. Par contre je ne comprends pas très bien leur système de distribution, certains proviennent des USA et d’autres d’Autriche semble-t-il, ces derniers sont moins bien emballés et moins soignés (insert plié, carton d’emballage trop petit pour la pochette plastique protectrice qui se froisse).

Côté musique c’est un pur régal, du spoken word soutenu par une musique lancinante, l’impression de rencontrer les enfants de l’Art Ensemble Of Chicago du début des années soixante-dix, pour ceux qui voient. C’est très rythmé, très groovy, des vents qui strient l’espace ou se déploient déchirés, quelques envolées free, du pur bonheur quand les chevaux sont lâchés.

Pourtant l’album semble de ce côté plus sage que les précédents, ainsi la rythmique demeure relativement posée, bien qu’elle ait ses moments également. C’est sans doute l’effet de la durée qu'autorise le concept du « temps long » plutôt que celui de l’explosion qui irradiait les précédents. Ainsi, l’album garde un pouvoir d’attractivité supérieur en s’élargissant à plus de monde, n’effrayant pas les plus téméraires.

L’improvisation est toujours présente mais elle prend toute sa mesure sur « Water méditation », la pièce fleuve qui s’étale sur plus de vingt minutes, signée collégialement par tous les musiciens du groupe. On pourrait entendre cette musique lors d’un live, chacun écoute et apporte son idée, son développement, les synthés sont à la fête, et les souffleurs, lorsqu’ils interviennent, se stimulent l’un l’autre, en un duo énergisant.

Un album jazz qui devrait le groupe à rencontrer un public plus nombreux encore.

Irreversible Entanglements - "Open The Gates"


Irreversible Entanglements - Keys To Creation (Official Audio)


Storm Came Twice


Lágrimas Del Mar
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 31 déc. 2021 05:13

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En voici un de la fin deux mille vingt, et, bien que posthume il est chouette et élégant, de plus j’adore cette pôchette et j’aurais acheté l’album rien que pour elle. Quelque chose qui touche directement, déjà le gars qui sort de l’ombre, mi vieux- mi gamin, ce sourire amical, son visage en entier rit et s’illumine, comme s’il attendait derrière le rideau avant d’apparaître soudainement.

C’est une petite souris, les épaules basses en arrière et cette bonne bouille qui pointe, surgissant par le bas dans le décor, juste du coin, là où il s’était tapi. Il est farceur et s’amuse avec nous, attire la bienveillance, il joue des couleurs, vives, elles lui vont bien, avec éclat, jaune et rouge lui donnent vie.

Misha c’est une légende, un point central de la musique free et improvisée de Hollande, à travers l’ICP Orchestra ou en compagnie du Willem Breuker Quintet. Sur cet album il joue du piano, improvise, compose et parle ou chante parfois, en français même sur la dernière pièce, cet album est un bel hommage à son talent, à travers des extraits de concerts dont les lieux sont les titres des thèmes joués.

Ainsi on commence à Amsterdam en deux mille dix, avant de faire trois étapes à Kiev en deux mille cinq, puis une à Pantin lors des banlieues Bleues de deux mille sept, le voyage se termine à Bologne en Italie, en deux mille deux. Ce choix du dernier album de l’année n’est pas du tout à fait au hasard, une façon d’honorer ce grand musicien, véritable génie d'occasion au style si personnel, atteint, sur le tard, de la maladie d’Alzheimer.

Les premiers à le remercier et à lui rendre hommage sont ses amis musiciens qui, malgré la maladie, l’ont emmené en tournée, le prenant en charge, chacun à sa façon, avec respect et amitié, même si l’esprit s’en va. S’occupant du corps. Le pianiste sera toujours suffisamment bon, tant que l’envie de jouer sera là, il aura sa place, avant que ne s'effacent, les données sur l'ardoise. Comme un juste retour des choses, lui qui fit tant pour les autres.

Ici on entend Misha, son jeu de piano si sûr, maîtrisé, avec toujours ce parfum d’enfance, mutin, qui se présente ici ou là, où on ne l’attend pas. Fils de Monk avant tout, de Cage qu'il aimait citer, son jeu est souvent savamment brinquebalant, mais par malice, facétieux, l’œil scintillant, qui frise… Il brille et étonne, fantasque, ses cathédrales sont de papier, ses improvisations extraordinaires, échappant au lot commun des pianistes, la faute à ce grain d’innocence, à ce pas de côté qu’il choisit, c’est là son sourire…

Il est parti en deux mille dix-sept, avec ses notes et son innocence, restent ces témoignages de ce qu’il fut et, par la magie des sons, qu’il est encore. Cabotin qui joue à nous faire peur avec cet ogre de Bologne, et toutes ces créatures qui sommeillent en son esprit, prêtes à surgir de derrière le rideau…

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 1 janv. 2022 06:42

Voici le premier volume des archives de Sam Rivers publié par No Business Records, "Emanation", un petit rappel alors que le volume cinq est sorti cette année:
Douglas a écrit :
dim. 28 juin 2020 05:05
Image

Suite de la publication des archives concernant Sam Rivers. Je vous avais proposé il y a quelques temps le second volume, je vais aujourd’hui vous présenter le premier alors que le troisième vient juste de sortir, il attend sur la pile, pas loin, huit volumes au total devraient être publiés. Chaque parution d’un enregistrement de Sam Rivers est une fête, le second était exceptionnel, celui-ci en trio est antérieur, il date du trois juin 1971 et a été enregistré au « Boston Jazz Workshop ». Une seule suite « Emanation », divisée en deux parties, la première fait trente-neuf minutes, la seconde quarante-cinq et des poussières.

On le sait Sam Rivers est un parfait multi-instrumentiste, aussi à l’aise avec chacun des instruments dont il joue, le saxophone, ténor ou soprano, la flûte et le piano. On l’oublie souvent car il a été connu sur le tard mais il appartient à la génération Coltrane, d’ailleurs il a enregistré sur Blue Note et a joué aux côtés de Miles Davis dans les sixties débutantes. Pour l’accompagner il est entouré de Cecil McBee à la basse et de Norman Connors à la batterie, c’est sa formation habituelle à cette époque, on la retrouve sur l’album « Streams » de 73 sorti sur Impulse. Un petit mot pour regretter la faiblesse de la prise de son concernant la basse, elle est présente mais très éloignée, pouvant parfois laisser penser que nous sommes face à un duo (j'exagère à peine).

Pour avoir déjà assisté à un concert de Sam Rivers, je connais sa capacité à jouer sur un temps long, sans compter, à construire ses improvisations, à les emmener à un aboutissement. Ici la tension accumulée atteint une sorte de sommet, d’apothéose, lorsque la voix de Sam crie et s’exclame, juste avant le solo de piano qui termine l’album, mais aussi pendant ce même solo, le sentiment d’être parvenu au bout du chemin, au point culminant d’où on ne peut que descendre, ou transmettre au silence…

Emanation, Part 1


Emanation, Part 2
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