J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 12 avr. 2021 14:49

Harvest a écrit :
lun. 12 avr. 2021 09:07
Douglas a écrit :
dim. 11 avr. 2021 10:29
Les listes d'écoute c'est souvent sympa, en voici une qui provient de Colombie, du département "Musique" de l'université "Javeriana". Elle s'intéresse au jazz, à la musique classique et traditionnelle ainsi qu'à la danse. La pratique instrumentale y est enseignée (le reste également) et les élèves travaillent du matin au soir (premier cours à 7 heures). Il y a du solide, du basique et de l'aventureux! Les infos proviennent d'Ingebrigt Haker Flaten qui y donna des cours pendant quelques semaines:


Image

On dirait une grande partie de ma discothèque... :ange:
De mon côté je dois avoir une petite moitié, d'un autre côté j'ai peu de Bill Evans mais j'ai les deux proposés, par contre je suis (assez) riche en Steve Lacy mais il me manque les deux qui sont proposés!
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 13 avr. 2021 03:42

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François Tusques ‎– Après La Marée Noire - Vers Une Musique Bretonne Nouvelle

Retour en 1979 avec cet album : « François Tusques ‎– Après La Marée Noire - Vers Une Musique Bretonne Nouvelle », ça c’est pour le recto, mais le verso lui aussi vaut le coup d’œil : « Rencontre - François Tusques – Sonneurs Traditionnels – Intercommunal Free Dance Music orchestra ». Ce rapide descriptif en dit long sur cet album souvent mésestimé, voire relégué à la rubrique des objets étranges venus d’ailleurs. Pourtant cet album est précurseur de ces mélanges entre le free jazz et les musiques traditionnelles de chez nous.

Comme si un pas avait été franchi, l’union bâtarde entre le jazz et le folk traditionnel. Précisément c’est exactement ce que cherche François Tusques, retrouver la musique populaire, pour lui c’est un objectif en soi. Du coup le free n’est pas trop free mais la musique bretonne est très bretonnante ! La pochette intérieure contient un petit texte qui évoque les racines culturelles des musiciens présents, sans surprise ils viennent de partout, je ne fais pas de redite, mais c’est très explicite. J’ajouterai cependant que si vous n’aimez pas la musique bretonne, tournez la page !

On comprend aussi très vite que François Tusques, lui, il l’aime, il s’y est d’ailleurs installé quelques temps. Comme beaucoup il a été révolté par la marée noire provoquée par l’Amoco Cadiz, l’année précédant la sortie de cet album. Certains titres dénoncent ces faits « Marée Noire » et « La marche des pollués ». On observera qu’il y a eu à l’époque une prise de conscience qui dépassa très largement la Bretagne et que, depuis, ces faits se raréfient.

Un petit mot concernant le label « Le Chant du Monde », l’un des plus merveilleux labels français, qui a sorti le disque alors qu’il était presque mourant, du coup l’album fut très peu soutenu. « Le chant du Monde » et des musiques révolutionnaires, ethniques, provenant de partout, le premier label universel spasma et couica en quatre-vingt-un sans que personne ne vienne à son secours !

Un petit mot aussi pour Jo Maka au saxo qui est ici, pour les « Diables de la montagne », les « Diaouled Ar Menez » venus des Monts d’Arrée, et aussi Michel Marre et tous ces gars des Fest noz qui sont là, les sonneurs bretons dont les noms sont tous à l’intérieur de ce bel album…

Marche des pollues


François Tusques & International Free Dance Music Orchestra "La rencontre" 1979
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 18:19, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » mar. 13 avr. 2021 07:41

Superbe, je ne connaissais pas ce disque de F. Tusques. En tant que breton cela m'intéresse fortement :]

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 13 avr. 2021 16:21

Piranha a écrit :
mar. 13 avr. 2021 07:41
Superbe, je ne connaissais pas ce disque de F. Tusques. En tant que breton cela m'intéresse fortement :]
Ce n'est sans doute pas son meilleur album, mais j'ai essayé d'en souligner les qualités, de la "World music", déjà !


Ton post me renvoie également à ma promesse.
:contrac:
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 13 avr. 2021 16:24

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Tanz Mein Herz ‎– Quattro

Retour au pays avec le nouvel album de «Tanz Mein Herz », il s’appelle « Quatro » et est sorti le vingt et un janvier de l’année vingt et un, ce qui fait qu’il est tout neuf. A nouveau très chiche en matière de renseignements, mais c’est la même formation qui a joué sur « Dosses », le précédent album dont je vous ai parlé il y a peu, d’ailleurs ce dernier est totalement repris dans des versions plus récentes.

En effet l’album a été enregistré à « Gamounet » en 2016, c’est un lieu associatif qui dépend du Centre départemental des Musiques et Danses Traditionnelles du Puy-de-Dôme. Si je ne me trompe pas. Deux beaux vinyles, avec des titres inédits également, une pochette « Silkscreen » et 444 copies dispos, la série limitée doit être absorbée depuis longtemps.

Je pense à l’ARFI, "L'Association à la recherche d'un folklore imaginaire " qui sévit encore dans le Lyonnais et je me dis qu’ici, il se pourrait que ce nom soit tout aussi justifié, la musique « imaginaire » folk en plus, comme si celle-ci, malgré qu’elle n’existât pas dans nos mémoires, puisqu’elle est vivante et qu’elle se crée, semble malgré tout ancrée dans notre cerveau primitif, comme une évidence qui se manifeste par une appropriation automatique et vitale.

Les rythmes d’abord, marqués du bois du sabot, peu variés et peu évolutifs. Le drone ensuite, la vielle à roue, la « boîte à bourdons » et la cornemuse, vous n’échapperez pas à la transe hypnotique et au balancement lancinant de ces jams atypiques. Les cordes aussi, guitare ou violon, tantôt basses, tantôt électriques qui fourmillent, dilatent le son, grincent parfois et font sirène. Et même, danses tribales, pourquoi pas ?

« Outro » qui termine l’album s’en démarque un peu par son côté kraut-expé, léger agressif, entre sirène d’alarme monocorde et la toute dernière note du « Metal Machine » de Lou Reed qui n’en finit jamais dans sa version vinyle, note perpétuelle, tant que l’électricité n’est pas coupée…

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Message par Piranha » mar. 13 avr. 2021 16:41

Douglas a écrit :
mar. 13 avr. 2021 16:24
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Retour au pays avec le nouvel album de «Tanz Mein Herz », il s’appelle « Quatro » et est sorti le vingt et un janvier de l’année vingt et un, ce qui fait qu’il est tout neuf. A nouveau très chiche en matière de renseignements, mais c’est la même formation qui a joué sur « Dosses », le précédent album dont je vous ai parlé il y a peu, d’ailleurs ce dernier est totalement repris dans des versions plus récentes.

En effet l’album a été enregistré à « Gamounet » en 2016, c’est un lieu associatif qui dépend du Centre départemental des Musiques et Danses Traditionnelles du Puy-de-Dôme. Si je ne me trompe pas. Deux beaux vinyles, avec des titres inédits également, une pochette « Silkscreen » et 444 copies dispos, la série limitée doit être absorbée depuis longtemps.

Je pense à l’ARFI, » L'Association à la recherche d'un folklore imaginaire » qui sévit encore dans le Lyonnais et je me dis qu’ici, il se pourrait que ce nom soit tout aussi justifié, la musique « imaginaire » folk en plus, comme si celle-ci, malgré qu’elle n’existât pas dans nos mémoires, puisqu’elle est vivante et qu’elle se crée, semble malgré tout ancrée dans notre cerveau primitif, comme une évidence qui se manifeste par une appropriation automatique et vitale.

Les rythmes d’abord, marqués du bois du sabot, peu variés et peu évolutifs. Le drone ensuite, la vielle à roue, la « boîte à bourdons » et la cornemuse, vous n’échapperez pas à la transe hypnotique et au balancement lancinant de ces jams atypiques. Les cordes aussi, guitare ou violon, tantôt basses, tantôt électriques qui fourmillent, dilatent le son, grincent parfois et font sirène. Et même, danses tribales, pourquoi pas ?

« Outro » qui termine l’album s’en démarque un peu par son côté kraut-expé, léger agressif, entre sirène d’alarme monocorde et la toute dernière note du « Metal Machine » de Lou Reed qui n’en finit jamais dans sa version vinyle, note perpétuelle, tant que l’électricité n’est pas coupée…

:super:
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 14 avr. 2021 07:39

Piranha a écrit :
mar. 13 avr. 2021 16:41
Douglas a écrit :
mar. 13 avr. 2021 16:24
Image

Retour au pays avec le nouvel album de «Tanz Mein Herz », il s’appelle « Quatro » et est sorti le vingt et un janvier de l’année vingt et un, ce qui fait qu’il est tout neuf. A nouveau très chiche en matière de renseignements, mais c’est la même formation qui a joué sur « Dosses », le précédent album dont je vous ai parlé il y a peu, d’ailleurs ce dernier est totalement repris dans des versions plus récentes.

En effet l’album a été enregistré à « Gamounet » en 2016, c’est un lieu associatif qui dépend du Centre départemental des Musiques et Danses Traditionnelles du Puy-de-Dôme. Si je ne me trompe pas. Deux beaux vinyles, avec des titres inédits également, une pochette « Silkscreen » et 444 copies dispos, la série limitée doit être absorbée depuis longtemps.

Je pense à l’ARFI, » L'Association à la recherche d'un folklore imaginaire » qui sévit encore dans le Lyonnais et je me dis qu’ici, il se pourrait que ce nom soit tout aussi justifié, la musique « imaginaire » folk en plus, comme si celle-ci, malgré qu’elle n’existât pas dans nos mémoires, puisqu’elle est vivante et qu’elle se crée, semble malgré tout ancrée dans notre cerveau primitif, comme une évidence qui se manifeste par une appropriation automatique et vitale.

Les rythmes d’abord, marqués du bois du sabot, peu variés et peu évolutifs. Le drone ensuite, la vielle à roue, la « boîte à bourdons » et la cornemuse, vous n’échapperez pas à la transe hypnotique et au balancement lancinant de ces jams atypiques. Les cordes aussi, guitare ou violon, tantôt basses, tantôt électriques qui fourmillent, dilatent le son, grincent parfois et font sirène. Et même, danses tribales, pourquoi pas ?

« Outro » qui termine l’album s’en démarque un peu par son côté kraut-expé, léger agressif, entre sirène d’alarme monocorde et la toute dernière note du « Metal Machine » de Lou Reed qui n’en finit jamais dans sa version vinyle, note perpétuelle, tant que l’électricité n’est pas coupée…

:super:
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Bah, je fais pas trop long et sans trop de pression, sinon que j'essaie d'écrire au moins une bafouille par jour, sur un album qui me donne l'envie. C'est ce dernier point qui m'apparaît le plus important, sur commande, c'est paralysant, il y a également les coupures internet qui peuvent ralentir le flux, ça arrive...
Et j'ai envie de vacances aussi!
::d
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 14 avr. 2021 12:22

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FUJI-YUKI ‎– Orient

Voici la chanteuse Fuji Yuki, aka Fujiyuki, chanteuse japonaise qui a sorti cet album en 2017. Je me l’étais procuré à sa sortie, il se nomme « Orient » et n’est pas très ordinaire. Déjà il échappe aux catégories, on pourrait le ranger dans le fourre-tout des musiques électroniques et expérimentales, mais ce serait un peu court car l’album est rempli d’une grande force spirituelle puisée dans les musiques anciennes.

Fuji Yuki chante et 821, l’autre membre du duo, est dédié aux chorus, mix. Il n’y a pas de pulsion rythmique, ce qui place l’auditeur souvent en terres inconnues, voici ce que déclare Kawabata Makoto, du groupe Acid Mothers Temple : « S'il était possible de projeter le son à travers un cristal, cela ressemblerait probablement à quelque chose comme ça. »

L’histoire raconte que cet album a été fortement influencé par un voyage de plusieurs années dans l’Union Européenne, pendant lequel Fuji Yuki a beaucoup visité les monuments religieux d’Europe, afin de s’imprégner de leur force spirituelle.

Souvent un bourdon est le centre autour duquel s’agglomère, s’enroule, la voix éthérée de Fuji, l’absence de pulsation rythmique oblige à une gymnastique qui tient du voyage en apesanteur, libéré des contraintes matérielles et corporelles, une voix qui flotte, s’envole, dépourvue de poids, hors de l’attraction terrestre, qui s’échappe, dont le centre de gravité est ce drone qui attire aussi les éléments de musique électronique.

Cette musique ne fait rien pour être aimée, semble-t-il, elle ne vous tend pas la main, ni ne vous prend par le bras, c’est à vous de marcher vers elle. Le dernier titre, « Fifth dawn – Sun », composé en deux parties, perd de sa pesanteur et, sous le coup de quelques tambours et des voix entremêlées, plus denses, est plus aisé à appréhender.

Un coupon de téléchargement est joint à l’album, mais je ne me risquerais pas sur sa validité actuelle.

White darkness : FUJI-YUKI from Sarry [ Japanese female vocal Drone ]


FUJI YUKI - Orient (Extrait: White Triangle)


Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 18:23, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 15 avr. 2021 04:14

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David S. Ware Trio Live in NY (2010)

Voici un magnifique document, un concert donné le quatre octobre 2010 au « Blue Note » de New-York. Deux sets séparés dans la même journée. David S. Ware en trio avec deux de ses plus fidèles compagnons, le grand William Parker à la basse et l’excellent Warren Smith à la batterie.

Pour préciser la situation de David Spencer en cette période, il faut savoir qu’il avait bénéficié d’une greffe des poumons quelques temps auparavant, on comprend d’emblée la situation délicate dans laquelle il se trouvait alors, il lui restait deux années et voici sa dernière offrande.

A la lumière de ces évènements on comprend mieux son choix de jouer de l’alto, sauf sur deux titres où il s’empare du ténor. Ce chant du cygne est magnifique, on le posera tout à côté de « The Balance (Vision Festival XV +) » qui fut enregistré quelques petits mois auparavant.

On nous dit que les pièces sont indiquées par des chiffres et des lettres, ceci du fait que David avait l’habitude de titrer ses compositions après en avoir écouté l’enregistrement, ce qui ne put se faire, d’où la respectueuse décision du label « AUM Fidelity » d’instituer uniquement des critères d’ordre. On comprend aussi que ce répertoire est entièrement inédit.

Le saxophone est un instrument de musique énergivore, exigeant, qui puise son combustible directement dans « l’expiration » humaine, prolongement du souffle, tel une voix riche de mille intonations, inflexions, couleurs… Inutile de préciser qu’à ce jeu la machine perd de sa puissance et que le cri, dont David Spencer était un fervent adepte auparavant, est absent de ces plages.

Pourtant le jeu est toujours passionnant, les « coulées » de notes fusent encore, les timbres sont variés et vont de l’étranglement au pur éclat de cristal, si le souffle est plus court, les séquences s’enchaînent avec une étonnante rapidité et l’énergie brûle encore avec une surprenante ténacité, deux heures de musique où David donne tout ce qu’il a, sans presque s’arrêter, comme s’il fallait tout donner, et donner encore ! Un chant du cygne qui inspire le plus grand respect.

Double Cd digipack, huit volets et plus de deux heures de musique, magique !

Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 18:26, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Leutte » jeu. 15 avr. 2021 07:21

Piranha a écrit :
mar. 13 avr. 2021 16:41
Douglas a écrit :
mar. 13 avr. 2021 16:24
Image

Retour au pays avec le nouvel album de «Tanz Mein Herz », il s’appelle « Quatro » et est sorti le vingt et un janvier de l’année vingt et un, ce qui fait qu’il est tout neuf. A nouveau très chiche en matière de renseignements, mais c’est la même formation qui a joué sur « Dosses », le précédent album dont je vous ai parlé il y a peu, d’ailleurs ce dernier est totalement repris dans des versions plus récentes.

En effet l’album a été enregistré à « Gamounet » en 2016, c’est un lieu associatif qui dépend du Centre départemental des Musiques et Danses Traditionnelles du Puy-de-Dôme. Si je ne me trompe pas. Deux beaux vinyles, avec des titres inédits également, une pochette « Silkscreen » et 444 copies dispos, la série limitée doit être absorbée depuis longtemps.

Je pense à l’ARFI, » L'Association à la recherche d'un folklore imaginaire » qui sévit encore dans le Lyonnais et je me dis qu’ici, il se pourrait que ce nom soit tout aussi justifié, la musique « imaginaire » folk en plus, comme si celle-ci, malgré qu’elle n’existât pas dans nos mémoires, puisqu’elle est vivante et qu’elle se crée, semble malgré tout ancrée dans notre cerveau primitif, comme une évidence qui se manifeste par une appropriation automatique et vitale.

Les rythmes d’abord, marqués du bois du sabot, peu variés et peu évolutifs. Le drone ensuite, la vielle à roue, la « boîte à bourdons » et la cornemuse, vous n’échapperez pas à la transe hypnotique et au balancement lancinant de ces jams atypiques. Les cordes aussi, guitare ou violon, tantôt basses, tantôt électriques qui fourmillent, dilatent le son, grincent parfois et font sirène. Et même, danses tribales, pourquoi pas ?

« Outro » qui termine l’album s’en démarque un peu par son côté kraut-expé, léger agressif, entre sirène d’alarme monocorde et la toute dernière note du « Metal Machine » de Lou Reed qui n’en finit jamais dans sa version vinyle, note perpétuelle, tant que l’électricité n’est pas coupée…

:super:
Tu devrais écrire des chroniques de disques cher Douglas
Je plussoie! Tu as du style et une analyse pointue. :super:
compositions énergiques, incisives, mélodies accrocheuses, voix et harmonies au cordeau, fuzz et distorsions à gogo

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 15 avr. 2021 15:02

Leutte a écrit :
jeu. 15 avr. 2021 07:21

Je plussoie! Tu as du style et une analyse pointue. :super:
Mais si peu de lettres!
:cote:
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 15 avr. 2021 22:08

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François Carrier Masayo Koketsu Daisuke Fuwa Takashi Itani ‎– Japan Suite

Je pourrais dire : « tiens c’est le premier disque de François Carrier que j’écoute ! ». C’est un gars de Chicoutimi, là-bas, au Québec, c’est peut-être l’éloignement qui excuse mon inculture, en tout cas sa discographie est assez nombreuse. Il est ici aux côtés d’une autre saxophoniste alto au jeu tout à fait différent, Masayo Koketsu.

Masayo est un peu bruitiste et très pointilliste, elle souffle avec économie, c’est la mouche du coche ! François est plus dans le classicisme dans sa façon de développer ses solos, son free est tempéré. Masayo aime à lancer des défis, c’est une belliciste, elle interpelle et gratouille. François feint de l’ignorer, d’abord, puis répond à sa façon, développe avec lenteur, douceur, il rassure et console.

Quand l’un se tait, l’autre se tait également. Quand l’une joue, l’autre joue aussi, parfois l’un écoute l’autre, il laisse la place, en fin de piste, quand on arrive à la dix-neuvième, sur les vingt-cinq que dure « Uchi-soto (Inside Outside) », mais ce n’est pas une capitulation, juste une renonciation temporaire…

Daisuke Fuwa est à la basse, il rit bien de tout ça, son jeu fourmille, il est volubile et gratte, gratte. C’est un créatif, toujours une bribe de mélodie qui sommeille au fond de sa basse, il monte et descend le long du manche, et chantent, et chantent les cordes. François et Masayo s’en saisissent à tour de rôle pour rebondir sur leur élasticité. Ils ont l’air sérieux comme ça, mais ce sont des gosses chamailleurs.

Takashi Itani tient la batterie, il aime les cymbales et en explore souvent les timbres, il peut se montrer sobre ou au contraire incandescent, il est parfois apaisé ou dramatique, il sait mettre le feu ou éteindre les flammes. Chacun tient son rôle pendant ces longues improvisations !

Nous sommes au Japon, en décembre 2019, précisément pour ceux qui s’y connaissent en géographie, à Yamaneko-ken, Ogose, Saitama. L’enregistrement est public, et, une fois de plus, c’est NoBusiness Records qui régale. La pièce en six parties s’appelle la « Japan Suite ».

Toujours ces longues improvisations, ces échanges continuels, ces créations extraordinaires et inattendues. C’est ce qui attire tous ces musiciens européens, la richesse incroyable d’un réservoir exceptionnel de musiciens japonais, prêts au dialogue, au partage et à la création commune, autour d’un langage ouvert, intense et créatif : le free jazz.

Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 18:29, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 16 avr. 2021 07:27

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 16 avr. 2021 22:20

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Frode Gjerstad & Paal Nilssen-Love ‎– Nearby Faraway (2017)

L’enregistrement de cet album date de fin 2016 et il est paru en 2017. La première rencontre entre ces deux musiciens, Frode Gjerstad et Paal Nilssen-Love, s’est effectuée en 1992. Ça s’est passé dans le groupe de Frode, « Circulasione Totale Orchestra », avec l’album « Enten Eller » sorti en quatre-vingt-treize. Ils n’appartiennent pas à la même génération, il y a le jeune et le vieux, mais il se doivent, se sont choisis et s’apprécient.

Quand il remue les souvenirs, Paal dit de son aîné : « Frode était l’un des rares en Norvège à jouer de la musique libre. D’autres le firent mais, pour différentes raisons, décidèrent d’arrêter […] Frode, lui, a continué dans cette phase de rébellion et de révolution. » Habituellement on appelle ça du free, mais inclusif pourrait-on dire, de celui qui n’exclue personne et rassemblerait plutôt.

Cet album est tout naturel finalement, une suite de rencontres dont voici le dernier volet. Ça s’est déroulé au « Gandsveien Studio » à Stavanger, en Norvège, le 12 septembre 2016. Frode Gjerstad joue des saxophones et des clarinettes et Paal Nilssen-Love de la batterie.

Le duo est intime, avec une certaine délicatesse, bien illustrée par le début de l’album, on sent de la retenue avec un infini respect, on sait où on va, on connaît le chemin, l’issue même, mais on prend le temps de pratiquer les sentiers et, quand il faut avancer de front, à l’heure de « The Ghost », on se soutient et on se prend par la main.

Vraiment, de mon point de vue, une très belle rencontre !

Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 18:31, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 17 avr. 2021 07:50

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Message par Piranha » sam. 17 avr. 2021 16:31

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Allez hop, focus sur le Théatre du Chêne Noir d'Avignon et ce 1er album sur Futura en 1971.
Ici la pochette de la réédition 2020 de Souffle Continu :love1:

Voilà ce qu'en disent Théo et Bernard
"En n 1972, Steve Lacy enregistra Solo, une des perles de sa discographie, au Théâtre du Chêne Noir à Avignon. L’année précédente (qui est aussi celle de la parution d’Aurora), la troupe d’acteurs éponyme, emmenée par Gérard Gelas, prenait ses quartiers dans cette chapelle du XIIe siècle. Le Théâtre du Chêne Noir n’est donc pas seulement un endroit ouvert à toutes les audaces artistiques, mais aussi le nom de la belle compagnie qui l’habite.
Gérard Terronès ne s’y était pas trompé, qui publia en 1971 sur Futura le premier disque du Théâtre du Chêne Noir. Il faut dire que l’équipe de Gérard Gelas était faite pour lui plaire : anticonformiste, excentrique, contestataire, vivante quoi... Chantante, aussi, comme le prouve aujourd’hui encore Aurora, enregistré à Avignon les 22 et 23 juin 1971. Créé quelques semaines plus tôt au Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine, Aurora est, selon les propres mots de Gelas, un conte fantastique avec des acteurs musiciens qui jouent l'histoire fabuleuse de la Terre et de ses enfants aux prises avec de terribles hommes-oiseaux qui volent de planète en planète afin d'asservir les habitants et de devenir les maîtres de l'univers. Le
sujet est ambitieux ; heureusement (pour le disque plus encore que pour la pièce), les acteurs sont aussi d’excellent musiciens ! Si l’on trouve le nom de « Chêne Noir » entre ceux de Checkpoint Charlie et Chillum dans la Nurse With Wound List établie par Steven Stapleton et John Fothergill, Aurora ferait plutôt penser à un mélange des Stances à Sophie de l’Art Ensemble Of Chicago et de la Divine Comédie de Bernard Parmegiani et François Bayle.
Il faut donc avancer avec prudence dans ce paysage de récitations et de chants, de mystères et de clameurs, où poussent les saxophones et les flûtes, les guitares électriques et les percussions... Le climax tragique pouvait-il se faire sans musique ? À la question, le Théâtre du Chêne Noir répond non et fascine en accordant, sans les ménager, le verbe et la musique. Bon spectacle !
"


On écoute :
on achète : https://www.soufflecontinurecords.com/p ... ora-ffl060

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Douglas
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 17 avr. 2021 22:08

Celui-ci je l'ai, mais dans une version "pirate" US, avec un son de qualité suffisante dans mon souvenir, du coup je ne me suis pas procuré la version du "Souffle". Le suivant est également recommandable et le petit 45 tours possède une face tout à fait excellente!
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 17 avr. 2021 22:28

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Lee Konitz ‎– Rhapsody

Je confesse volontiers ne pas écouter suffisamment Lee Konitz, voire être assez nul dans sa discographie, deux ou trois vinyles et ce Cd, pourtant j’ai un avis sur son jeu que, surtout, j’imagine et peut-être même que je fantasme. Alors je vais vous faire partager mon ignorance…

C’est un ami de Lennie Tristano, il a fait partie de l’école « cool » à laquelle on rattache Miles Davis, Stan Getz, Warne Marsh, Zoot Sims et d’autres. Ça, c’était avant, les années sont passées et Lee Konitz, il court.

Ici, il joue avec Helen Merrill, Joe Lovano, Bill Frisell, Paul Motian. Et Jimmy Giuffre, Paul Bley et Gary Peacock. Et d’autres, Clark Terry et Jay Clayton, et d’autres… Oui, je sais ça fait beaucoup pour un seul disque, mais il faut comprendre, les gens, ils arrivent, discutent le bout d’gras, jouent et s’en vont. Et puis une semaine après, on remet ça avec d’autres, et d’autres encore, un peu plus tard…

Et, quand on rassemble, ça fait ce disque, « Rhapsody » avec Lee Konitz en fil rouge, pas le nez qui clignote, non, non. Alors forcément c’est disparate, un peu, les styles divergent ! Mais ça tient debout, pour peu qu'on soit tolérant et qu'on aime les musiques. hélas il y a peu d'extraits dispos sur le net pour juger de cette extraordinaire diversité !

En fait le tout s’est joué en un peu moins de deux mois, juin et juillet de 1993. Et surtout y’a ce truc « Exposition » de dix-neuf minutes, avec Lee, Paul Bley, Jimmy Giuffre et Garry Peacock, déjà, ça fait moins rigoler. Le titre d’ouverture aussi, Helen Merrill, elle a ce truc dans la voix quand même. Et Clark Terry, le maître du be bop qui vient faire le clown avec Lee Konitz, on le reconnaît à l’appendice nasale et à sa façon de jouer et de déconner en même temps, Aaah ! Ce scat savoureux en fin de partie.

Lee Konitz- I Hear A Rhapsody (Helen Merrill)
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 18:33, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 18 avr. 2021 13:07

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Armonicord ‎– Esprits De Sel

« Armonicord », un nom qui fleure bon les années anciennes et l’underground de l’époque, la musique libre et l’espérance en porte-drapeau, comme un contraste avec ce qui nous arrive : l’horizon barré à dix bornes.

Qu’importe ! Un nom placé un petit peu plus haut que les autres sur la pochette, Jouk Minor ! Qui s’en souvient encore ? Compositeur ici de presque tout, sauf de « Manoir de mes Rêves » un souvenir de Django (ne jamais oublier Django) ! Il joue de beaucoup de choses, du sax baryton et du sopranino de la clarinette basse, de la clarinette, de la flûte, du gumbri et du piccolo.

L’album porte le doux nom d’« Esprits De Sel » et le quintet se nomme « Armonicord », c’est sorti sur le label « L'Électrobande » en 1977. Jouk est conforté par un groupe hors pair, Jean Querlier joue du sax alto, du hautbois, du cor anglais et de la flûte, Joseph Traindl (son nom est déjà de la musique, je me souviens de lui) joue du trombone, Odile Bailleux ne fait pas tapisserie, elle joue du clavecin, Christian Lété, qui nous ramène aux beaux jours, joue de la batterie, des percussions et de la trompe.

Trois pièces se succèdent, chacune séparée en parties plus ou moins nombreuses. Néanmoins l’interprétation libre est privilégiée et l’album se range radicalement dans la catégorie free, de nombreuses articulations sont prévues sous une forme convenue, il y a une évolution au fil de l’album et quelques courts passages écrits marquent des étapes.

Mais ce qui domine ici, par-dessus tout, ce sont les improvisations folles, le rôle dévolu au clavecin qui s’affiche parfois à l’avant du son, l’originalité de l’ensemble et l’ouverture à de multiples influences, d’autant que les couleurs sonores sont exceptionnellement riches et variées. Que ce soit au niveau des « vents » ou de la rythmique en perpétuel renouvellement.

C’est le seul album du groupe, il témoigne de la dernière évolution d’Armonicord qui connut une autre vie, peut-être, un jour, des bandes sortiront. Mais remercions déjà pour cet album qui marque par sa qualité une étape importante du free jazz hexagonal.

ARMONICORD "ESPRITS DE SEL" FULL ALBUM FREE JAZZ FRANCE 1977
Modifié en dernier par Douglas le jeu. 19 mai 2022 18:35, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 18 avr. 2021 21:45

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