J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Douglas
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 22 déc. 2022 05:33

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Calvin Keys – Blue Keys (2022)

On se souvient du mythique label « Black Jazz » de Gene Russell, Calvin Keys a fait partie des grandes signatures et de la légende de ce label, en enregistrant deux albums importants, le premier « Shawn-Neeq » en mille neuf cent soixante et onze, suivi en soixante-quatorze de « Proceed With Caution » qui était également fameux. C’est ce même Calvin Keys que nous écoutons ici.

Après avoir signalé qu’il fut également guitariste d'Ahmad Jamal et de Ray Charles, je passe sur une grande partie de sa bio pour en arriver à cet album, il y a un grand nombre de musiciens ici, certains en alternance. De grands noms comme Gary Bartz au sax alto, Steve Turre au trombone et aux conques dont il joue avec habileté, Babatunde Lea aux percussions, les bassistes Henry Franklin et Scott Brown, le saxophoniste Doug Rowan, les batteurs Thomas McRee et Mike Hughes, le claviériste Mike Rinta et l'organiste Mike Blankenship.

Les compos sont souvent co-écrites par Calvin et quelques musiciens faisant partie du plateau, il faut dire qu’il y a pas mal de blues ici et qu’il suffit de lancer la machine, les impros sont souvent le sel de la musique sur cet album bien sympathique, comme sur l’excellent morceau-titre ou sur « At Arrival » pour n’en citer que deux.

Car le blues est partout, souvent mélangé avec d’autres ingrédients, comme le funk, dès la pièce d’ouverture « Peregrine's Dive » et surtout sur celui de fermeture, l’excellent « BK 18 » qui groove un max, c’est vraiment redoutable. Pour autant la musique ne se limite pas systématiquement à des grilles simples, elle se fait également modale et ne craint aucune complexité, c’est ce mélange qui procure un charme considérable à cette musique.

Ainsi est-elle très populaire et très accessible, sa finalité est de plaire, sans facilité mais sans prise de tête non plus, le groove qui l’habite est son hymne et le meilleur des messagers, un langage qui parle à tous…

Blue Keys


At Arrival


Peregrines Dive


Bk 18
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Message par Douglas » ven. 23 déc. 2022 04:37

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William Parker – Universal Tonality (2022)

Pas loin de deux heures de musique réunies sur ce double Cd majestueux, en provenance des archives du contrebassiste. C’est un concert enregistré à « Roulette », loft new yorkais de Jim Staley, en décembre deux mille deux. William Parker a réuni en ce lieu pas moins de seize musiciens d’après le concept de « Tonalité Universelle » qui donne le titre à l’album, et qui pourrait signifier tout simplement « respirer ensemble ».

Vraiment difficile de citer tout le monde, mais il y a quelques pointures sur ce magnifique enregistrement, Billy Bang au violon, Dave Burrell au piano, Grachan Moncur III au trombone, Joe Morris à la guitare et Gerald Cleaver à la batterie. Il y a aussi un joueur de koto, deux joueurs de balafon, un joueur de chirimia mexicaine à anche double, une joueuse de komungo coréen, des joueurs de anches et de cuivres en nombre et surtout la vocaliste Leena Conquest qui chante, ou devient récitante : des poèmes et des textes écrits par William Parker lui ont été données, c’est elle qui choisit et décide de la forme qu’elle souhaite donner à ses interventions.

Cette grande liberté est le ciment fondamental ici, ainsi des grilles ont été distribuées aux musiciens qui peuvent les interpréter à leur convenance, ou même s’en extraire complètement. Elles nous sont fournies sous la forme d’un poster à l’intérieur du Cd, chacune représente des dessins pleins de belles couleurs, ici la musique est free mais paraît, à l’écoute et de façon étrange, construite avec précision.

Il n’y a que six pièces ici, allant de dix minutes quatorze à trente et une minutes, chacune d’entre elles est un voyage unique et extraordinaire guidé par cette respiration commune qui donne le tempo. Ainsi nous ne sommes pas dépaysés plus que ça, on retrouve pas mal de caractéristiques musicales liées au free jazz, on y entend du blues, de la musique africaine et ces sonorités de cordes venues du monde entier, sans jamais se laisser perdre, soutenus par un groove continuel qui assure et rassure.

Cet enregistrement est véritablement imposant, il arrive sur la platine et s’impose avec une force incroyable, qu’une telle musique soit possible on s’en doute, située entre les audaces de Charles Mingus et celles de l’Art Ensemble de Chicago, en ajoutant le chant parfois halluciné de Leena Conquest et cette dimension universelle qui éblouit.

Un jour on se rendra compte de l’importance de l’immense William Parker, et pas seulement comme musicien de jazz ou contrebassiste, mais comme d’un compositeur à l’envergure d’un Duke Ellington, enfin c’est la seule comparaison qui me semble pouvoir tenir, à l’écoute de ses nombreuses sorties discographiques, bien que mon aperçu ne demeure que parcellaire.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 24 déc. 2022 05:34

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Eyvind Kang – The Story Of Iceland (2000)

En provenance de la « Composer Series » de Tzadik voici « The Story Of Iceland » d’Eyvind Kang. Ce dernier est connu comme violoniste et joueur d’alto, il arrange, compose et s’intéresse à la musique « indépendante » et contemporaine, il est membre du groupe « Secret Chiefs 3 » qui enregistra des œuvres sous la supervision de John Zorn. Sur cet album-ci Eyvind joue également du tuba, de l’euphonium, de l’oud, de la guitare, des percussions et divers instruments exotiques.

Je ne cite pas les accompagnateurs car ils sont nombreux et changent au fil des pièces, signalons cependant Bill frisell sur « Hour Of Fair Karma » pour sa notoriété. L’album est très beau, les cinq premiers titres forment un cycle appelé « The Story Of Iceland ». La musique n’est en rien contemporaine ou déstructurée, bien au contraire elle semble puisée au fond des âges avec cette image de couverture qui s’ouvre sur le Moyen-Age, c’est donc un savant mélange qui nous est offert, avec des mélodies, des trames répétitives, une sorte de tension également qui s’évacue lentement.

Des mélodies simples s’imbriquent sur des rythmes qui évoluent sans qu’on n’y prenne garde, les climats créés sont envoutants et dépeignent cette terre d’Islande, avec à la fois sa froideur et son feu intérieur, il ressort de ce mélange une sorte de romantisme vagabond, de magnifiques paysages où se cachent des elfes, des géants, des trolls, des nains et des fantômes…

La sixième pièce qui n’appartient pas à la suite est assez différente, elle se nomme « 10 :10 (the beloved one) » c’est une pièce chantée par Eyvind Kang qui échange avec des voix féminines. La structure est très rock, sur un rythme assez basique, et surtout avec une certaine épaisseur, apportée par d’incessants ajouts instrumentaux, continuels, qui enrichissent la pièce en lui donnant un surcroît de puissance tout au long de ces dix minutes dix, l’impression est assez phénoménale…

Une courte pièce termine l’album au son du gamelan, l’orchestre de percussions traditionnel indonésien. Vraiment un bel album, dépaysant, étonnant, une impression de voyage, à la fois dans le temps et dans l’espace.
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Message par Douglas » dim. 25 déc. 2022 07:02

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Nelly Pouget, Marilyn Crispell – Le Voir (1998)

Voici Nelly Pouget, une artiste qui n’existe presque pas, ou alors si peu, et sans doute trop peu. Cherchez-là vous ne la trouverez pas, ou alors si peu, peut-être dans un coin d’internet, un coin tout petit et si petit qu’il ressemble à une petite annonce… Pour animer une soirée, ou pour donner un cours de musique, ou bien encore pour faire rire les enfants, ou leur raconter une histoire avec du souffle et du vent, c’est que « le dire » elle connaît…

Elle connaît aussi le monde, elle l’a parcouru, l’Afrique, l’Amérique et l’Europe, au temps d’avant, elle a enregistré quelques disques aussi, cinq, je connais les trois premiers et, il faut le dire, elle sait se faire accompagner, celui-ci, de quatre-vingt-dix-huit, est son troisième avec Marilyn Crispell, une pianiste majuscule. La première fois que je l’ai entendue c’était au piano solo sur « Rhythms Hung In Undrawn Sky » de quatre-vingt-trois, j’ai cru que c’était Cecil Taylor qui jouait dans les enceintes…

Ici c’est du haut niveau, pas trop free, juste un peu, pour faire pinouiller les grenouilles. Nelly, elle joue alternativement de ses saxos, le gros, le ténor, le plus petit, l’alto, et le droit, le soprano, elle est habile en tout. Il y a même un hommage à Albert Ayler, elle est véloce, son jeu évoque parfois Steve Lacy, à cause du phrasé, elle est aussi lyrique parfois.

Mais le disque file vite et s’en va, trente-cinq petites minutes de musique, originale il est vrai. Marilyne s’amuse avec son piano, elle accompagne, suggère, avec sa manière, habile et sûre, en dialogue constant, deux voix, il faut le dire.

Mais il faut aussi le voir et là, tout change, par une curieuse facétie des choses, elle qui est si absente de tout, présente en rien, donc, est cependant là où il faut, sur le tube où on peut la « voir »…

Le voir


Lumière


Paix


Hara
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Message par Douglas » lun. 26 déc. 2022 05:10

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Hadouk Trio – Shamanimal (1999)

Et l’envie vint de remonter un peu le temps avec le Hadouk trio, une formation que j’ai beaucoup écoutée car elle rassemblait à l’époque quelques-unes de mes passions d’alors, j’ai nommé le groupe « Gong » tendance « Shamal » et le jazz dans lequel je me noyais avec bonheur. « Shamanimal » est le premier album du trio, un chouette enregistrement qui hélas passa alors relativement inaperçu.

Le Hadouk Trio c’est tout d’abord le multi instrumentiste Didier Malherbe, qui joue du saxophone soprano, de la clarinette, des flûtes, des claviers, du doudouk, un instrument à anche double d’origine arménienne, du pékou, de l’ocarina, un petit instrument à vent. Loy Ehrlich joue du hajoui, une basse Gnawa, de la kora, de l’awicha, du n’goni et des claviers. Steve Shehan joue du djembé, des congas, de la derbouka, de l’hadgini, de la sanza, des cymbales…

Beaucoup d’instruments venus de partout, du monde entier, ce qui vaudra au groupe d’être souvent étiqueté dans la world music. D’ailleurs avec le Hadouk Trio les étiquettes volent facilement, on le classera avec facilité dans le jazz fusion, et même parfois dans le « Smooth Jazz », on ne parle pas à son sujet « d’easy listening » mais ça aurait pu !

De toute façon qu’importe les étiquettes seul compte le ressenti, et si on glisse dans cette musique avec facilité et bien tant mieux, pourtant le succès qui existât, ne fut que d’estime, hélas !

Ainsi la musique est agréable, exotique, électrique, elle s’offre facilement, n’est pas bégueule et ne fait pas de manières, il suffit de tendre l’oreille et de secouer gentiment la tête, on l’aime de suite. La chanson titre « Shamanimal » pourrait symboliser un peu tout ça, ou encore « Gopi » avec sa flûte exotique et la kora derrière qui fait bien.

La prise de son est impeccable, ça a été enregistré au « Studio de L’oiseau », sans plus de précision sous la supervision de Loy Ehrlich. On frôle l’heure de bonne zique, pour en profiter, il suffit de se laisser porter…

Hadouk Trio - Shamanimal


Hadouk Blues


Dragon de lune


Gopi
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 27 déc. 2022 05:04

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Hadouk Trio – Utopies (2006)

Cet album est le quatrième dans l’ordre chronologique, il y a une certaine continuité dans ce qui constitue les lignes de force de la formation, ainsi est toujours présente cette « world music » à travers la variété des instruments qui sont utilisés. D’ailleurs le nom du groupe semble construit à partir de la première syllabe du hajouj et de la dernière du doudouk, le mystère du nom du « Hadouk Trio » est ainsi expliqué.

On retrouve également cette musique policée, lisse, magnifiquement enregistrée qui semble sortir d’un laboratoire, en fait c’est au studio « Sextant – La Fonderie » que ça se passe, sans autre précision. Sur cette ligne ECM, les divers instruments utilisés en provenance du monde entier brillent de toute leur clarté.

On retrouve également le goût des mélodies, des ritournelles anciennes et d’une musique simple un peu désincarnée, sans chair ni mordant, une esthétique sans aspérité qui ne heurte personne, pure et jolie qui peut-être pourrait parfois engendrer chez certains le risque de l’ennui... Fort heureusement notre trio veille...

Il y a ici un invité particulier qui fréquente assez souvent également ces territoires, c’est le trompettiste Jon Hassell qui joue sur les trois dernières pièces, « Hijaz », « Parasol Blanc 1 » et « Parasol Blanc 2 », il a enregistré sa partie à Los Angeles, il se raconte qu’elle est arrivée dans nos contrées véhiculée par tapis volant, ce qui n’a jamais été démenti par ailleurs.

La pièce sept « Toupie Tambour » se distingue par une très belle introduction un peu free et des improvisations hélas un peu courtes. On trouve également une pièce très lyrique que l’on pourrait croire venue d’une mélodie ancienne, comme un morceau de patrimoine qui se promène, « Clef des brumes » est un peu hors du temps, elle pourrait même devenir chanson, avec une goutte de nostalgie.

Un album qui plaira sans problème aux amateurs du précédent.

Brasero des soucis


Suave Corridor


Hijaz


Clef des brumes
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 28 déc. 2022 03:44

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Hadouk Trio – Baldamore (2007)

Toujours avec le Hadouk Trio, voici « Baldamore », une performance en public qui se déroula au « Cabaret Sauvage » de Paris les 22 et 23 mai 2007. Le trio est stable et se tourne vers son répertoire pour nous offrir des versions chaleureuses, un peu différentes, de quatorze titres qui brassent bien le large éventail musical de la formation. Du jazz, des impros, mais aussi une ouverture vers les musiques folkloriques d’ailleurs, notamment par la présence remarquable d’invités.

Il y a quelques années j’avais suivi une retransmission télévisée de l’un de leur concert, à Paris La Défense, si je me souviens bien. C’était orienté, me semble-t-il, plus jazz encore, les musiciens étaient exceptionnels et le mélange musique du monde, à travers ces instruments venus de partout, et musique improvisée était une véritable réussite, je ne sais s’ils tournent encore, mais au cas où, ne les ratez pas…

La première invitée est une chanteuse en provenance de Mauritanie, elle se nomme Malouma Mint Meidah, elle marque l’interprétation de « Nnew » et de « Tourneblues » de sa forte personnalité, elle est née dans une famille de Griot, elle joue également de l'ardine, un instrument qui ressemble à la Kora. Il existe une version de ce Cd avec un Dvd de ce même concert, si ce choix s’offre à vous il faut pencher côté Dvd +Cd sans broncher.

Avec l’image en haute résolution sont ajoutés également quelques morceaux supplémentaires, au fil des soixante-quinze minutes proposées, il y a également un docu d’une trentaine de minutes qui nous montre la face cachée du Hadouk Trio, sa façon de créer les morceaux, d’envisager la découverte de nouveaux instruments à l’intérieur de la musique « jazz ». La façon de composer, le plus souvent à partir du « jouage »…

Le second invité est Bachar Khalifé qui ici ne joue pas de piano, mais du bongo et du rikk, un instrument qui ressemble à un tambourin, il joue sur deux pièces « Hijaz » et « Bal Des Oiseaux », le dernier titre de l’album. Le dernier invité est le trompettiste Nicolas Genest qui joue sur les trois dernières pièces.

Cette multiplicité de musiciens et d’instruments offre une palette incroyable de sonorités à cet album qui semble devoir sans cesse nous surprendre. Didier Malherbe est très à son affaire ici, sur la scène, c’est probablement là qu’il se sent le mieux, au contact de ce public qui le lui rend bien, c’est bien lui le petit lutin rêveur de la formation, celui qui apporte les mélodies et véhicule les forces de l’imaginaire.

Loy Ehrlich est son vieux compagnon, il a, de façon imagée, grandi à côté de Didier et le qualifie de "mentor", il est l’arrangeur du groupe, celui qui met du liant et structure l’équilibre, stabilise la machine pour que tout fonctionne et agisse. Steve Shehan représente la puissance du réel, des racines, il plonge dans le cambouis si nécessaire, pour que tout roule. Mais, plus que tout, ce qui compte c’est la complicité qui se glisse dans cette complémentarité, chacun admirant l’autre et le remerciant de sa présence.

Un bel album, entre folk, world et jazz…

Hijaz (Live)


Tourneblues (Live)


Dragon de lune (Live)


Hadouk trio – Baldamore
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 29 déc. 2022 05:58

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Hadouk Trio – Air Hadouk (2010)

Pour l’heure voici le dernier album du Hadouk Trio, en deux mille dix, à noter tout de même deux autres enregistrements parus en deux mille treize et deux mille dix-sept, sous le nom du Hadouk Quartet, avec le chanteur percussionniste « Jean-Luc Di Fraya » en remplacement de Steve Shehan et le guitariste Eric Löhrer en renfort, qui est également présent sur un titre ici, « Friday The 13th », une composition de Thelonious Monk.

Cet album se met au goût du jour en allongeant la durée d’enregistrement jusqu’à frôler l’heure. Il stationne dans le creuset « jazz-rock » tendance cool et démarre magnifiquement avec le titre « Lomsha » qui est un concentré des qualités de la formation. Beau thème, instruments exotiques, titre léger et aérien.

Cet album possède également une autre qualité qui n’est pas négligeable, en comparaison avec les autres. En effet chaque titre est détaillé, sur le livret d’accompagnement, par le nom des instruments que l’on peut y découvrir. Ainsi, pour la première fois, on peut lire le nom de l’instrument en même temps qu’on l’entend.

En concert il est plus aisé de suivre, il suffit de regarder les musiciens, mais sur Cd l’exercice devient quasi impossible sans être spécialiste des instruments du monde, par exemple il est difficile de différencier les flûtes entre elles, où les instruments à cordes sauf la kora, ou encore les différents instruments de percussions. Le doudouk est également aisément reconnaissable car Didier Malherbe l’utilise très fréquemment.

Le titre huit, « Hang2Hang » est également remarquable, il avance avec une trame énigmatique et mystérieuse qui pourrait devenir une superbe trame sonore pour un film policier. La courte pièce suivante est jouée au doudouk par Didier Malherbe, c’est une introduction à « Nambaraï », encore une belle pièce qui mérite une citation.

La Compagnie « AirHadouk » est décidément enthousiasmante et dépaysante, après avoir profité de ses treize destinations et atterrit avec un « Soft Landing », l’envie est grande de continuer le voyage en compagnie de ces pilotes d’exception. Bien que deux musiciens soient français et que le troisième habite également notre pays, le Hadouk Trio jouit d’une réputation bien au-delà de nos frontières, possiblement même plus importante que chez nous, son parti-pris musical en fait d’ailleurs une sorte de groupe sans frontière.

Didier Malherbe est toujours en activité, grâce à lui la planète « Gong » tourne encore…

Hadouk Trio - Yillah


Hadouk Trio - Babbalanja


Hadouk Trio - Hang2hang


Hadouk Trio - Dididi
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 30 déc. 2022 04:47

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Keith Tippett's Ark – Frames (Music For An Imaginary Film) – (1978)

Après le grandiose Centipede, voici une nouvelle page en grande formation pour Keith Tippett. Ils sont vingt-deux musiciens réunis pour cette nouvelle aventure. Assez curieusement chaque poste est doublé, deux pianistes, lui-même et Stan Tracey, deux trompettistes, Marc Charing et Henry Lowther, deux chanteuses, Maggie Nicols et Julie Tippetts, deux bassistes, Peter Kowald et Harry Miller, Louis Moholo à la batterie et Franck Perry aux percussions…

Je n’en cite que quelques-uns à titre d’exemple mais on constate qu’une bonne partie de la scène free anglaise est présente sur ce magistral album, tout aussi grandiose que le fameux « Centipede » qui frappa les esprits. Alors c’est géant, massif, puissant, quatre parties sont enregistrées, toutes composées par Keith Tippett.

La première qui commence tout doucement s’achève de façon emphatique, ce qui n’est pas sans rappeler quelques souvenirs de Magma, particulièrement à cause des voix, bien qu’il n’y ait pas de sons électrifiés de ce côté, mais il est difficile de ne pas se sentir emporté par la vague puissante qui gonfle et emporte.

Il y a également des cordes, quatre violons, deux violoncelles et deux basses, ce qui peut fonctionner en sections, mais aussi en improvisations libres, bien réparties dans la formation. Ainsi les parties écrites, souvent collectives, laissent s’échapper de magnifiques saillies souvent transgressives et bien juteuses, il ne manque pas d’excellent solistes ici pour nous emporter dans des délires bien trippants.

Il y a également des moments calmes, presque folk, où les voix distillent de fines mélodies, comme au début de la troisième partie, des passages de cordes plus calmes et mélodieux où la trame orchestrale se laisse guider par les cordes. L’ensemble bâtissant une suite aux couleurs différentes et complémentaires, mais les passages calmes, souvent introductifs, sont préludes à des emballements plus massifs où la puissance orchestrale se manifeste avec autorité, libérant les forces obscures qui guettent… Comme dans la dernière partie où l’on trouve des moments particulièrement free et débridés !

L’album original était paru sur un double album vinyle chez Ogun, depuis il y a eu quelques rééditions en double Cd forcément moins coûteuses. Une sélection FjMt°.

Keith Tippett's Ark - Frames Part 1 (2/2)


Keith Tippett's Ark - Frames Part 2 (1/2)


Keith Tippett's Ark - Frames Part 3 (1/2)


Keith Tippett's Ark - Frames Part 4 (1/2)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 30 déc. 2022 15:49

Et voici l'album qui a été élu "album de l'année" par les rédactions réunies de Jazz Magazine et Jazz News. Une distinction méritée...
Douglas a écrit :
mar. 2 août 2022 01:37
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Nduduzo Makhathini ‎– In The Spirit Of Ntu (2022)

Voici le nouvel album du pianiste sud-africain Nduduzo Makhathini, musicien dont nous avons déjà parlé par ici, d’abord pour son appartenance à la formation « Shabaka And The Ancestors », et aussi pour la sortie de « Modes Of Communication : Letters From The Underworlds » en deux mille vingt, qui était son premier album sur Blue Note. Voici donc le second, lui aussi sur Blue Note, une façon également de rester dans les territoires Sud-Africains.

En effet la musique jouée ici fait énormément référence au pays racine, par son actualité politique mais aussi par la culture des peuples qui l’habitent. D’ailleurs Nduduzo Makhathini est également guérisseur et, si sa musique ne dit pas qui a tort ou raison, elle se veut telle un baume qui apaise et guérit les plaies.

Voici les musiciens qui partagent et font vivre la musique de Nduduzo, ils sont jeunes pour la plupart, sont vraiment tous excellents et nous font passer un merveilleux moment en leur compagnie, la saxophoniste Linda Silkhakhane, le trompettiste Robin Fassie Kock, le vibraphoniste Dylan Tabisher, le bassiste Stephen de Souza, le percussionniste Gontse Makhene, le batteur Dane Paris et les chanteuses Omagugu et Anna Widauer, il y a également des invités de passage en petite quantité.

Toute la musique est composée par Nduduzo, seule la fort belle seconde pièce « Mama » est co-composée par Nomagugu Makhathini. D’ailleurs beaucoup de titres sont chantés, bien qu’il ne s’agisse pourtant pas de chansons classiques avec couplet et refrain, ici les voix disent aussi, elles sont souvent étranges et se perchent assez haut, juste pour surprendre et charmer, je pense.

L’album est ainsi fabriqué de pièces un peu bizarres avec une architecture étrange, qui fabrique de drôles de climats, c’est toujours à propos et presque même évident, pourtant rien n’est plus brinquebalant, inédit et personnel que ces agencements curieux.

La musique semble venir d’en haut comme une pluie fine où chaque goutte est une note qui tombe, note en provenance du piano, ou du vibraphone souvent magique, ou des percussions qui frappent ou même du batteur qui fait tomber les notes en grappes.

Dans cet équipage étrange ce sont les saxos, trompettes et bugle qui sont les plus conformes à ce qu’on attend d’une atmosphère jazz, les moins surprenants, Jaleel Shaw nous gratifie d’ailleurs d’un superbe solo de saxo alto sur « Emlilweni » qui emporte bien. Car cette musique est de voyage, très personnelle, elle puise dans les folklores locaux probablement, ses couleurs, ses thèmes, son âme, mais il ne faut pas oublier que le compositeur est grand et qu’il est le premier créateur ici.

C’est album est vraiment beau, si vous aimez les développements souvent lents, les surprises au bout de chaque séquence, les chants qui s’envolent au fil des compos qui s’enchaînent, sans jamais montrer de faiblesse ou de facilité, si vous aimez les brisures rythmiques, les sons riches et les vents qui soufflent à tout va, alors cet album est pour vous !

Nduduzo Makhathini - Unonkanyamba (Visualizer)


Nduduzo Makhathini - Mama (Visualizer) ft. Omagugu


Nduduzo Makhathini - Nyonini Le? (Visualizer)


Nduduzo Makhathini - Senze' Nina (Visualizer)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 31 déc. 2022 04:26

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Leon Brichard, Idris Rahman, Gene Calderazzo – Live at Mu 22nd of April 2022

En provenance du label « Ill Considered Music », voici le bassiste Leon Brichard, le saxophoniste ténor Idris Rahman et le batteur Gene Calderazzo en Live au « Mu », club de Kingsland high road à Dalston, un pur produit « Made in England ». Ici ce sont les sessions du vingt-deux avril deux mille vingt-deux, la première partie du second set. La politique de la formation est de privilégier les petits tirages, avec des épisodes, celui-ci est le premier …

L’album est limité, les rares annotations sont écrites à la main, il y a vraiment très peu de renseignements, le premier titre, « 'Mu' sessions 21st april 2022 Second set Part 1 » occupe la face une, pour une durée un peu inférieure à vingt minutes, les habitués du groupe ne seront ni surpris, ni déçus.

Le contrebassiste, Léon Brichard, est central ici, tout semble s’organiser et se construire autour de sa prestation, il est le pivot, l’axe autour duquel tout se construit. Le batteur lui-même semble agir comme un soliste, en alternant passages légers et commentateurs, ou présence plus importante lors de brefs moments d’intensité plus marquée.

Le discours d’Idris Rahman au saxo ténor est continuel, il dialogue avec chacun et puise ainsi sa force et sa conviction. Les fidèles de la formation retrouveront ce son fameux et cette inspiration qui caractérise le bonhomme, ça marche à tous les coups, une longue mise en attente avant une conclusion plus aboutie avec des accélérations…

Le trompettiste Robin Hopcraft est l’invité de cette session, il prend part à l’enregistrement sur la face B, c’est très cool, mais un brin bref, nous aurions aimé un poil plus. L’improvisation est évidemment reine, les conditions d’enregistrements semblent un peu austères et sans doute basiques, mais ça colle bien avec ce style de musique, qui ne recherche, ni la perfection du son ni sa propreté, et c’est très bien comme ça…

L’ensemble est finalement assez ascétique pour ce qui se situe autour de la musique, et le manque de renseignements est assez gênant, bien que l’essentiel ne soit pas là. Attention, car l’album provient d’Angleterre et les taxes, dans mon cas, n’ont pas été réglées, ce qui a augmenté sévèrement le coût de l’album et n’incite pas à renouveler une éventuelle autre commande dans l’avenir.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 31 déc. 2022 14:47

Toujours dans le cadre des distinctions 2022, voici le "Musicien étranger de l'année":
Douglas a écrit :
sam. 15 oct. 2022 02:29
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Julian Lage – View With A Room (2022)

Concernant cette musique on parle souvent d’Americana, ce genre regroupe la musique née sur le sol américain, incluant le folk, la country, le rhythm and blues, le rock 'n'roll et le bluegrass. Ça brasse large mais il n’y a ni le blues, ni le jazz. Pour ma part j’ai noté dans mes lectures que ce mot était souvent utilisé pour indiquer une musique influencée par la country et le jazz. Bill Frisell est également cité dans cette catégorie, on retrouve ce goût des grands espaces, de la country et d’une musique pleine d’allant, ouverte aux grands vents et à la nature.

Précisément Bill Frisell est présent sur une partie des titres de cet album, sept sur dix exactement, les trois autres sont en trio. Il n’y a rien de surprenant à la présence de Bill, on se souvient, un peu plus haut, de l’album de John Zorn « A Garden Of Forking Paths », où trois guitaristes se rencontraient pour un projet de musique fusionnelle, Bill Frisell, Julian Lage et Gyan Riley.

Ici c’est différent car Julian Lage se pose clairement en leader et le vieux Bill accepte volontiers le rôle de soutien, avec toute la modestie qui le caractérise. Sont présents également Jorge Roeder à la contrebasse et Dave King à la batterie, c’est bien celui du trio Bad Plus. Il y a cinq titres par face d’où se détachent « Tributary », « Word For Word » et « Echo » sur la première et « Let Every Room Sing » et « Fairbanks » sur la seconde, l’ensemble des compos sont signées par le jeune guitariste.

Sans surprise c’est magnifique, sans esbrouffe évidemment, juste une musique qui coule comme du miel, envahit l’espace et fait du bien, les deux guitaristes sont extraordinaires et celui qui tient ici le second rôle est également exceptionnel. C’est virtuose, mais sans être « m’as-tu vu ? ».

Les pièces en trio sont évidemment également passionnantes, « Word For Word » cité plus haut en est un exemple parfait, bien que j’apprécie énormément le travail délicat de Frisell sur les sonorités. Julian en trio fait davantage parler la virtuosité, se laissant guider par sa fougue, sans l’influence du vieux Bill et de son regard toujours souriant et bienveillant.

C’est un Blue Note, mon pressage est bon et le prix délirant.

Julian Lage - Tributary


Julian Lage - Word For Word


Echo


Fairbanks
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 1 janv. 2023 06:23

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Yaron Herman – Alma – (2022)

Yaron Herman est un pianiste franco-israélien qui vit à Paris, il devait devenir basketteur raconte sa biographie, mais un accident au genou lui fit modifier ses plans de vie, et il se mit ainsi au piano à l’âge de seize ans. Voici son dixième album, le premier que j’écoute, l’exercice est solitaire, il demande une bonne concentration du pianiste, mais aussi de la part de l’auditeur, non pas que l’album soit difficile mais il faut suivre le fil de l’écoute, pour en apprécier le charme qui ne se dévoile que lentement.

Hormis quatre pièces qui sont des reprises, « All The Things You Are » le standard bien connu, « Après un rêve » de Gabriel Fauré, « Yesh Li Sikuy » d’Eviatar Banai et « How Dare A Star » de Matti Caspi, les autres sont des pièces improvisées. Elles sont le plus souvent courtes et au nombre de dix-sept au total.

Inutile donc de vouloir suivre le fil d’un long ruban qui se déploierait à la façon d’un « Köln Concert » de Keith Jarrett, car les courtes séquences s’enchaînent chacune avec sa spécificité, pourtant il y a un liant évident qui rattache les morceaux les uns aux autres, et si le nom de Jarrett arrive sous mes doigts, ce n’est pas par hasard, car si le lien est brisé par la courte rupture entre les pièces, il semble bien qu’une forte identité habite l’album.

Chacune des lettres du mot « Alma » qui désigne le nom de l’album, regroupe également quatre ou cinq pièces de l’album. Ainsi la première lettre « A » correspond aux quatre premiers titres, « Forever Unfolding », « Cards », « Rituel » et « Magnolia ». L’œuvre s’articule donc autour de quatre ou cinq pièces qui s’assemblent, pour créer au final, une harmonie générale, c’est ce qu’il me semble devoir retenir à propos de l’architecture de cet album de cet album.

Côté son c’est vraiment parfait, condition indispensable à l’écoute du piano solo, il faut dire que l’œuvre a été enregistrée au Studio de Meudon & Salle Colonne, puis mixé et masterisée aux Studios La Buissonne, ce qui se fait de mieux par chez nous.

On peut sentir percer parfois un aspect « classique » dans la musique, bien que l’approche jazz ou moderne soit prépondérante, cet album ne peut donc échapper à cette influence « européenne » qui perce et pourrait qualifier assez bien l’album. On remarque une recherche mélodique constante ainsi qu’une variété rythmique qui favorise des ambiances très différentes, parfois joyeuses et dynamiques mais plus souvent romantiques ou nostalgiques, il peut également être un disque échappatoire ou d’endormissement, mais en aucun cas un album de voiture, ou alors, à la rigueur, de nuit…

Forever Unfolding


Ode to Nearness


Yaron Herman - Rituel


Song Without Words
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 2 janv. 2023 04:35

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Francesco Diodati, Leila Martial, Stefano Tamborrino – Oliphantre (2022)

Je ne sais trop comment je l’ai découvert celui-ci, mais, ni une, ni deux, il me le fallait ! Leila Martial est libre comme l’air, elle respire la liberté et l’audace, la joie de vivre également, et le goût du chant et même un peu plus, le besoin de chanter comme une nécessité, une respiration…

Alors je la suis d’aussi près que je le peux, ou plutôt je guette ses sorties musicales, comme celle-ci qui date de novembre, un message qui vient d’Italie, sous la forme d’un trio, mais le nom écrit un peu plus gros sur la pochette semble signifier que le lead est masculin : Francesco Diodati aux guitares et aux compos emmène les deux autres dans sa barque.

Stefano Tamborrino est à la batterie et Leila au chant, aidée parfois par les voix masculines, à l’arrière. Leila, on l’a compris, chante car elle n’a pas d’autre choix, en cela son mérite pourrait en sembler diminué, après tout elle ne fait que suivre sa voie, il n’y a rien là de spécialement remarquable, pourtant elle aurait pu, par une facétie du destin, chanter comme Jane…

L’album a de la personnalité, il n’est pas si facile, les compos sont souvent alambiquées, en ce sens qu’elles ne s’appréhendent pas facilement dans leur globalité. Les structures sont un peu brinquebalantes et les séquences esquissées sont souvent courtes et changeantes, avec des pauses et des accélérations, des montées et des descentes…

Les genres également se chevauchent, parfois curieusement, ça bouscule un peu, surprend, étonne, il faut vous y faire, à quoi bon refaire ce qui a déjà été fait, rejoué ce qui le fut si bien autrefois, et boire le vin sans l’ivresse ? Il y a des idées à foison, des trouvailles étonnantes, des constructions inédites, des impros imprévues et du rock qui joue dans le jazz avec le punk et le hip-hop…

Du coup l’album est stimulant et joue gagnant. Leila a trouvé un espace à sa mesure et les structures bizarroïdes de Francesco Diodati livrent des tas de cachettes à découvrir, des escaliers dissimulés et des chausse-trappes à éviter… L’album se découvre en plusieurs étapes et certainement pas en une fois, c’est un atout, car il est vraiment beau pour peu que vous adhériez – à la folie – aux arias de Leïla…

Don't Ask


Lines


Creatures


Young At Heart
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 2 janv. 2023 13:26

Toujours dans le cadre des "Best Of 2022", voici le groupe élu, "Groupe étranger de l'année". J'avoue que ça n'aurait pas été mon choix, mais l'album a des qualités et semble cocher pas mal de critères pour faire une bonne carrière...
Douglas a écrit :
sam. 27 août 2022 05:14
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Kokoroko – Could We Be More (2022)

Celui-ci vient de sortir, tout frais c’est véritablement le premier album de la formation Kokoroko, groupe londonien qui fit forte impression lorsqu’on commença à parler de lui. La première alerte se déclara sur la fameuse compile « We Out Here » sur Brownswood Recordings qui regroupait l’essentiel de la nouvelle scène anglaise.

La pièce finale de ce monument était titrée « Abusey Junction » et était jouée par ce fameux « Kokoroko », une pièce signée par l’excellent Oscar Jérome, guitariste émérite, on remarquait également dans la formation Sheila Maurice-Grey, joueuse de trompette et de bugle. Incontestablement c’était une des meilleures pièces de la compile qui n’en manquait pourtant pas.

Ensuite un E.P sortit, appelé simplement « Kokoroko », composé de quatre titres dont trois inédits, encore une belle sortie à l’actif du groupe, mais on en voulait davantage, les années passant, sans de nouvelles concrétisations. Enfin le premier véritable Cd est sorti ce mois, l’occasion de faire le point, mais déjà, une petite déception pour ce qui me concerne, je m’aperçois qu’Oscar Jerome n’est plus de la partie !

Les pièces sont souvent courtes, quinze se suivent, là c’est ma première écoute et je dois dire que le son uniforme de la production me laisse un peu froid, c’est extrêmement léché, rond, caressant dans le sens du poil. Mais je vais me faire une seconde écoute dans la journée, car sur la fin l’album me semble meilleur à partir de « War Dance », la dixième pièce, je remarque également le très bon « Something’s Going on ».

Seconde écoute, l’après-midi. Il est certain que l’album est assez commercial, touffu, avec une énorme basse à l’avant sur « Tojo » le titre d’ouverture, mais également sur l’ensemble de l’album. Onome Edgeworth, l’autre leader, est percussionniste et il enregistre deux petites pièces de transition, qui sont très sympas. L’album se veut assez funk avec une section de vents assez tranchante, comprenant cuivres et anche, mais équilibrée par la seule basse à nouveau, je suppose que ce doit être très efficace pour s’éclater sur le dancefloor, mais, pour ma part, on risque assez peu de m’y trouver.

« Age Of Ascent » est un titre mid-tempo qui vire assez vite plutôt mou, sans véritable originalité, le guitariste Tobi Adenaike-Johnson, remplaçant de qui vous savez, est trop souvent noyé dans la masse, peu audible, sauf à de rares moments où il se lance en courts solos.

L’album est décidément un peu ennuyeux, loin de ce à quoi je m’attendais, loin de l’afrobeat et de la musique de Fela, plus en royaume de guimauverie qu’au Nigeria. « Soul Searching », le titre six, surnage grâce au saxophoniste alto Cassie Kinoshi qui risque un excellent mais trop court solo. Le titre chanté « We Give Thanks » est finalement le plus à sa place, allant au bout du truc, et il s’en sort peut-être le mieux ici.

Je crois qu’une troisième écoute ce jour, n’y fera pas grand-chose, je vais le caser dans la lettre N comme nouba, à sortir au moment des apéritifs sucrés et liquoreux.

War Dance


Kokoroko - Something's Going On


Kokoroko - We Give Thanks


Tojo
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 3 janv. 2023 03:38

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Trondheim Jazz Orchestra & Gurls – Oui (2022)

Je vous avais déjà fait part d’un double album du Trondheim Jazz Orchestra avec Ole Morten Vågan, l’excellent mais un peu long « Plastic Wave » de deux mille vingt et un. Cette fois-ci les invités sont la formation « Gurls », c’est-à-dire la saxophoniste Hanna Paulsberg et la contrebassiste Ellen Andrea Wang très célèbres en Norvège, augmentées de la chanteuse Marianna Sangita. L’enregistrement live est issu du « Trondheim jazzfestival » de mai deux mille vingt et un ainsi que du « Mandaljazz » de juillet vingt et un.

On connaît le goût des aventures artistiques improvisées de la part du Trondheim, ici il faut y adjoindre le goût pour le format chanson des « Gurls » et plus particulièrement de la part de la vocaliste, Marianna assez attirée par l’art traditionnel, elle n’hésite pas à y incorporer une petite pincée de rap et de funk, ce qui ne nuit pas.

Pas de révélation ici, c’est tout de même très ancré dans le schéma couplet/ refrain, même s’il reste une petite place à la fantaisie instrumentale, comme sur « Sweet Talker », ce mélange semble bien plaire tout là-haut, en Norvège et jusqu’à « Rovaniemi » où les lutins s’affairent.

Il y a tout de même une sorte de tube sur cet album, qui n’est pas sans rappeler quelques souvenirs auditifs plus anciens, mais c’est le jeu, ça s’appelle « You Want Me… » avec un fameux tuba qui nous renvoie à de bons souvenirs. C’est assez endiablé avec une sorte de ritournelle qui fonctionne plutôt bien.

Sans qu’on n’atteigne sans doute pas le niveau de l’album ci-dessus précité, ça reste assez correcte, rien d’étonnant au succès qui a suivi sa sortie. Finalement un joyeux album sans prétention, mais plus fin que ce que la pochette laissait entrevoir, encore que…

You Want Me


Joy


TJO & GURLS - Oui (H.Paulsberg) from Jazzfest Trondheim, May 2021


Girl
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 3 janv. 2023 12:44

Concernant le "Best of Jazz" de l'année 2022 il y a une sélection très intéressante de quarante albums, jugés par les journalistes spécialisés assez remarquables, comme je vous ai parlé de certains, je les remonte...

Douglas a écrit :
lun. 7 févr. 2022 03:55
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Emile Parisien – Louise (2022)

Enfin une nouveauté de cette année avec « Louise » signé Émile Parisien, toujours sur le label ACT auquel il reste fidèle. Il est ici à la tête d’un sextet de haute volée avec rien moins que Theo Croker à la trompette, Joe martins à la basse et Nasheet Waits à la batterie, eux ce sont les américains. Mais il y a aussi le français Manu Codjia à la guitare et l’italien Roberto Negro au piano et, bien sûr, Emile joue du saxophone soprano.

Côté compo c’est Émile le plus prolifique, il signe cinq titres, Roberto Negro, Manu Cojia et Theo Croker apportent chacun une compo, et il y a également une reprise de Joe zawinul « Madagascar » qui est le morceau le plus long de l’album, un peu au-delà des huit minutes.

Le livret nous apprend que le titre « Louise » a été choisi en hommage à Louise Bourgeois, sculptrice d’origine française puis naturalisée Étasunienne, plus particulièrement pour « Maman », une « sculpture-araignée » que l’on peut admirer au Musée Guggenheim de Bilbao. C’est également le titre d’ouverture de l’album, très beau, très maîtrisé, c’est d’ailleurs l’une des caractéristiques fortes de cet album.

Émile Parisien a atteint le stade des grands maîtres, ceux dont le son où le style d’écriture le font reconnaître immédiatement. C’est d’ailleurs le cas aussi pour « Memento part I » où nous baignons dans le son typique et unique d’Emile Parisien, un cocon dont il est le seul à connaître la recette, d’autres iront y puiser.

Paradoxalement, il ne se met pas au premier plan, encore moins qu’à l’habitude, il ne fait pas le « kéké », et, si sur scène il se love à la façon d’un charmeur de serpents, tourbillonnant autour de lui-même, dessinant avec son soprano des mouvements circulaires hypnotiques, c’est que ça fait partie de lui et de son prolongement, l’air qui bat autour de lui est aussi sa musique. Ici point d’égo, chacun tient sa place, c’est ce qui rend la musique belle.

Je ne m’étale pas sur les talents de chacun, ici ils sont tous à leur place, virtuoses et respectueux. Les bandes ont été enregistrées au « Studio Gil Evans » de la Maison de la Culture d’Amiens, un autre point fort de l’hexagone, qui s’ajoute aux Studios La Buissonne, déjà renommés.

J’aurais aimé, avant que le chat n’arrive, devenir une petite souris (ne riez pas) pour assister à cette session d’enregistrement et voir chacun dans son compartiment, concentré, abandonné à la fêlure des sons, parti dans l’extase musicale, et assister à l’enregistrement de « Prayer 4 Peace » de Theo Croker qui termine l’album.

Louise


Madagascar


Jojo


Memento, Pt. I


Prayer 4 Peace
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 4 janv. 2023 06:25

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John Zorn – Incerto - (2022)

Encore une nouveauté pour le prolifique John Zorn, cette fois-ci il s’entoure de fidèles, Brian Marsella au piano, Julian Lage à la guitare, Joe Roeder à la basse et Ches Smith à la batterie et au tanbou, comprendre tambour en haïtien. Une équipe d’experts et de techniciens pour ce défi musical.

Je dois avouer que tout ce bagage technique et ce décorum musical me dépasse un peu, enfin mes capacités d’analyse. Je dois me contenter de mon statut de béotien et ressentir, après tout, en tant que simple consommateur, on ne peut guère m’en demander plus !

C’est que ce truc est déstabilisant, et même fait pour ça… On croit tenir le truc et puis tout à coup, tout fou l’camp et part dans tous les sens, alors on cherche à se rattraper, mais inutile, nous voilà repartis dans une autre direction sans même y prendre garde…

Tout est mis en œuvre pour faire perdre pied, bien qu’en fait, on retombe toujours à l’équilibre, une curieuse impression d’être en insécurité, trimballé dans un drôle de manège, bousculé dans son confort habituel, pourtant la musique est belle, même si elle se joue continuellement de nous.

Alors forcément on tombe dans l’atonalité, les changements de rythmes, les compos casse-gueule, les virages à angle droit. Ce qui subjugue c’est l’absolue maîtrise des quatre musiciens qui opèrent avec une extrême rapidité et dans le même millième de seconde, c’est tout simplement stupéfiant !

« Incerto » nous plonge dans l’incertitude, c’est là le pari réussi de John Zorn, le haut est en bas et ce qui est côté gauche passe côté droit, toute cette gymnastique pour nous emmener à Jean-Paul Sartre, Sigmund Freud et au principe d’incertitude, mais ne m’en demandez pas trop…

Heureusement la guitare de Julian Lage, allez savoir pourquoi, me paraît souvent salvatrice, elle apaise et embellit constamment la route, car il y a également des moments paisibles et calmes comme sur « Im Rosigten Licht », juste avant de visiter les « Cascades », plutôt sympatoches d’ailleurs, comparées à « Nausea » ou à « Totem And Taboo »…

Un OVNI qui bouscule et fascine, une sorte d'aboutissement également... jusqu'au prochain album !
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 4 janv. 2023 14:43

Parmi les "Quarante" du "Best of Jazz" de l'année 2022, on trouve également celui-ci:
Douglas a écrit :
dim. 13 mars 2022 06:14
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Cécile McLorin Salvant – Ghost Song (2022)

Reçu il y a une petite semaine le dernier Cécile McLorin Salvant, « Ghost Song », en vinyle, me semble tout à fait digne d’intérêt, dans la veine jazz et chanteuse à voix, avec toutes ses « bizarreries » qui l’accompagnent (c’est elle qui les nomme comme ça). Il faut avant tout parler du répertoire, car côté vocal c’est tout à fait exceptionnel, si on aime, on aime vraiment, mais si ça ne passe pas, tant pis ce sera pour les autres…

Le répertoire est vraiment au niveau et permet à Cécile de faire montre de toutes ses qualités vocales. L’album s’ouvre avec le hit « Wuthering Heights » de Kate Bush, a capella, enregistré dans une église de New York, en doudoune car il faisait très froid, c’est évidemment magnifique, très court.

C’est la première reprise, mais il y en a d’autres, « The World is Mean » de Kurt Weil et Berthold Brecht est un autre temps fort au milieu de la face B. Il y a également « Until » un titre chanté par Sting, en deux mille, et il faut bien le reconnaître ces « bizarreries » dont elle parle sont surtout liées à sa capacité à interpréter avec brio les titres originaux, en leur donnant une nouvelle dimension et en les sublimant ! Il y a aussi « Unquiet Grave » un traditionnel qui termine l’album, interprété lui aussi a capella.

Vraiment beaucoup de magnifiques titres au fil de l’album, « Ghost Song » qu’elle a composé et qui est un sommet de l’album, « Obligation » également. Nul doute qu’enfin, Cecile McLorin Salvant ouvre sa carrière vers une nouvelle dimension, sans doute mieux reconnue encore, et, probablement touchant encore un plus large public.

Malheureusement je dois signaler que, pour ce qui me concerne, la qualité du pressage de mon exemplaire, sur la première pièce, laisse apparaître des craquements gênants, du coup la version Cd est peut-être conseillée, mais là c'est à chacun de voir, ce genre de désagrément n'affectant pas forcément tous les pressages.

Cécile McLorin Salvant - Wuthering Heights (Official Audio)


Cécile McLorin Salvant - Ghost Song (Official Video)


Obligation


The World Is Mean
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 4 janv. 2023 22:12

Un autre parmi les "quarante"...
Douglas a écrit :
jeu. 10 févr. 2022 05:31
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Laurent Bardainne & Tigre D'eau Douce – Hymne Au Soleil (2022)

Suite à quelques recommandations, particulièrement un « choc » de Jazz Mag et une chronique enthousiaste de Fred Goaty, je me suis procuré le Cd et il est arrivé. Il y avait également les quatre « f » alignés de l’événement Télérama et la distinction de la sélection Fip. Le texte d’accompagnement officiel, sans doute offert par la maison de disques, n’y allait pas par quatre chemins, je résume rapidement :

« Après un premier album acclamé par la critique […] (ils) reviennent avec un album encore plus puissant. […] Le saxophone mat de Bardainne laissant les grands noms du jazz spirituel faire écho dans ses clés […] de Pharoah Sanders à Kruhangbin et Sault […] Vers une soul rétro futuriste… »

« Bla, Bla, Bla », il y a quelques jours je me suis isolé dans ma chambre pour faire des trucs avec le Cd et ça s’est pas trop bien passé. J’aime bien écouter un album dans le noir, concentré, confortablement allongé, ce qui, en outre, me met à l’abri de la pollution télévisuelle qui sévit dans mon foyer. J’ai cru vraiment avoir affaire à une mauvaise blague.

En principe je ne parle pas des albums que je n’ai pas aimé, histoire de ne pas en dégoûter les autres déjà, et surtout pour ne pas heurter ceux qui sont d’un avis contraire. On est trop souvent ce que l’on aime. Mais là j’y vais quand même, because le lancement commercial, même si j’en n’ai rien à faire si Bardainne se fait des « coquilles » en or avec sa soupe.

Bon je redeviens méchant, pas bien. Déjà y’a deux trucs qui m’ont plu et même peut-être un peu plus, car la soupe peut être épicée et de bonne qualité, et même assez géniale et pour tout dire carrément « bandante » avec l’immense Bertrand Belin qui vient pousser la chansonnette sur « oiseau », la dernière piste de l’album.

Mais c’est pas tout, il y a aussi « Jou An Nou Rivé » chanté par Célia Wa qui m’a définitivement convaincu que Bardainne et son Tigre D'eau Douce sont un excellent groupe accompagnateur, bien meilleur qu’un simple groupe de bal, déjà il y a Arnaud Roulin qui assure bien à l’orgue Hammond, avec Sylvain Daniel à la basse, l’excellent Philippe Gleizes à la batterie et Roger Raspail aux percus qui fait aussi le boulot. Le travail sur le son est également excellent.

Pour moi le problème vient de Bardainne, c’est sûrement un grand saxophoniste, son « son » chaud et sucré, et même très, très sucré, moi qui bois mon café expresso italien bien serré sans sucre, mais en le touillant avec la cuillère malgré tout… Donc, je lui trouve une tendance à répéter les mêmes phases, systématiquement deux, trois, quatre ou même cinq fois de suite avec de simples variations finales, c’est assez ennuyeux je trouve, bien que ça puisse faire style, je suppose.

Bref, ce manque d’imagination plaira aux chalands, pourquoi pas, mais ne ramenons ni Gato Barbieri, ni Pharoah Sanders dans ce menu, alors. Eux au moins prenaient quelques risques, mais la vérité m’oblige à révéler qu’il en prend un sérieux, le Bardainne, sur « Verte Gronouille » où il intègre les babils du petit dernier dans la chanson, le risque est majeur et le péril aussi, la suite lui prouva que oui.

Bon, je lui ai donné une autre chance, une autre écoute, c’est le minimum, après tout l’écoute concentrée n’est pas toujours bonne conseillère. Et puis il y a Goaty qui s’y connait tout de même mieux que moi et qui parle de « travail de haute tenue », « mettant en valeur des mélodies comme on les aime », « Joliment hanté par les esprits de Gato barbieri et de Steve Grossman », « le ténor de Bardainne trace délicatement sa route sans jamais oublier de chanter ».

Voilà, la dernière parole est à la défense, comme il se doit.

Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce feat. Bertrand Belin - Oiseau (Official Audio)


Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce feat. Célia Wa - Jou en nou rivé (Official Audio)


Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce - La vie, la vie, la vie (Official Video)


Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce - Verte Gronouille (Official Audio)
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