J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » dim. 4 oct. 2020 06:02

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En allant fouiller sur Bandcamp je suis tombé la dessus, du free jazz qui nous vient d'allemagne . Musique improvisé par un trio Trombone, basse, batterie. En version physique c'est dispo uniquement en K7 en 175 exemplaires sur bandcamp

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » dim. 4 oct. 2020 06:16

Oui, c'est sorti sur ASTRAL SPIRITS (https://astralspirits.bandcamp.com/), label basé à Austin, Texas et spécialisé dans les nouvelles formes de jazz, l'improvisation et l'expérimentation.

Beaucoup de très belles choses dans le catalogue, au design travaillé.
Je commande régulièrement. J'attends d'ailleurs le Quin Kirchner (https://quinkirchner.bandcamp.com/album ... -the-light)
Modifié en dernier par Piranha le dim. 4 oct. 2020 06:22, modifié 2 fois.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Piranha » dim. 4 oct. 2020 06:19

Toujours dans les méandres de Bandcamp je vous invite à découvrir sur CachedMedia la collaboration de Jusell, Prymek, Sage, Shiroishi (Matthew Sage dirige le label).



Chris Jusell (violin), Chaz Prymek (guitars, field recordings, voice), Matthew Sage (keyboards, percussion, voice, field recording), and Patrick Shiroishi (alto saxophone, clarinet, flute, glockenspiel, samples, whistling, voice)

Cool jazz automnal, un peu à la ECM
Et attention ca vient de Chicago !!! (Ca change d'International Anthem ::d )



Ce n'est sorti qu'en CD par contre et il en reste très peu

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 5 oct. 2020 04:48

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Cecil Taylor est décédé en avril 2018 et cet enregistrement de novembre 2011 au « Birdland Jazz Club » de Neuburg fait probablement parti de ses derniers. Il joue en duo avec un vieil ami, Tony Oxley à la batterie. Ils ont joué fréquemment ensemble, en petite formation, souvent, mais aussi en duo, plus rarement. En regardant dans mes albums je vois plusieurs traces discographiques laissées par ces duettistes.

« Leaf Palm Hand » sorti en 1989 et enregistré live l’année précédente, en même temps qu’onze autres albums au "Kongresshalle" de Berlin, lors des journées de musique improvisées du mois de novembre. Le duo est exceptionnel, à l’image de tout ce qui a été enregistré lors de ce séjour phénoménal.

Un autre duo a été enregistré également au Village Vanguard NYC, le six novembre 2008, un album luxueux est sorti chez Triple Point Records. Il existe également un film de ce concert, très émouvant, le temps a laissé sa marque mais les deux complices sont devenus, avec le temps, d’une rare complicité et d’une complémentarité remarquable. Il existe une autre trace du duo, cette même année 2008, l’album « Conversations With Tony Oxley » que je ne connais pas.

Mais revenons au « Birdland Jazz Club » avec ce quatrième volet discographique live pour le duo, qui représente le témoignage le plus récent de cette union musicale (à ma connaissance). L’album est sorti il y a peu. Quatre-vingt-deux printemps pour Cecil, installé dans une petite salle, en face d’un public petit également, une centaine d’âmes, égarées probablement. Mais rien n’est trop petit pour ce géant, l’un des plus grands musiciens du siècle dernier.

On peut se concentrer tout autant sur le jeu de Cecil, énergique, vigoureux, puissamment rythmique, souvent, mais parfois lyrique, interrogatif, pointilliste, que sur celui de Tony Oxley, extraordinairement varié, jouant des timbres, s’intercalant dans les phrases de Cecil, s’y invitant, à l’écoute, toujours. Son jeu est un riche accompagnement, jamais une contradiction.

Je ne verrai jamais Cecil sur scène, mais il court dans ma tête quand j’écoute sa musique, et chaque écoute ouvre un tunnel d’où il est difficile de sortir…

Pour qui a une heure à passer hors du temps.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Silence » lun. 5 oct. 2020 06:26

Douglas a écrit :
ven. 2 oct. 2020 03:30
A Roscoff où il habitait, Corbière était surnommé l’Ankou, il portait un air de mort, cette maigreur osseuse sans doute, il était malade et sa vie était souffrance et, parfois même, un supplice, elle sera courte, le temps d’écrire cent un poèmes réunis dans le recueil « Amours jaunes ».
Je lis la plupart de tes chroniques avec beaucoup d'intérêt. Bravo !

Si celle ci a attirée mon regard c'est que ... ben que je suis Roscovite en fait (habitant de Roscoff). Enfin j'y ai grandis et mes parents y vivent encore.
Et que j'ai fait mes années de lycée à Morlaix ... au lycée Tristan Corbière donc. ::d

voilà voilà ...
"Plus on pédale moins vite, moins on avance plus vite"

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 5 oct. 2020 15:04

Silence a écrit :
lun. 5 oct. 2020 06:26
Je lis la plupart de tes chroniques avec beaucoup d'intérêt. Bravo !

Si celle ci a attirée mon regard c'est que ... ben que je suis Roscovite en fait (habitant de Roscoff). Enfin j'y ai grandis et mes parents y vivent encore.
Et que j'ai fait mes années de lycée à Morlaix ... au lycée Tristan Corbière donc. ::d

voilà voilà ...
En effet, un poète qui te touche de près, moi je l'ai connu sur le tard et je ne saisis pas tout de sa poésie bien ancrée dans son temps, mais souvent le vers est précis et même parfois cinglant.
Du coup peut-être que l'album t'intéressera, de mon côté j'ai pris un grand plaisir à l'écouter. L'extrait n'est pas très représentatif par sa monotonie et sa répétition, bien qu'il donne le climat d'ensemble, mais les rimes en "u" sur le premier titre c'est génial!
Si un jour je passe par Roscoff ou Morlaix c'est sûr que je penserai à Tristan Corbière, du coup!
:)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 6 oct. 2020 04:45

Piranha a écrit :
dim. 4 oct. 2020 06:19
Et attention ca vient de Chicago !!! (Ca change d'International Anthem ::d )
Arrrfff! Je replonge!

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Universal Beings E&F Sides

Il revient Makaya McCraven, avec des fonds de tiroir provenant des sessions de l’excellent « Universal Beings » enregistré en 2017/2018. Là, on l’attend au coin du bois, avec ses chutes de studio, ses outtakes ou autres essais avortés…

Bon, il n’empêche que je l’ai précommandé il y a un paquet de mois et que, à peine arrivé, je le dépose sur la platine, curieux, un peu comme un gosse face à une confiserie… Il faut dire que j’ai privilégié l’instant : sans écouter les fichiers compressés ni lire les avis des uns et des autres, juste déchiffrer la page bandcamp.

La B.O. d’un documentaire sur le musicien, Makaya, batteur, fils de Stephen McCraven batteur et d’Ágnes Zsigmondi, chanteuse folk hongroise. Quatorze pièces, sept de chaque côté, qui s’écoutent et s’écoulent « cool » avec une belle homogénéité, l’impression d’un long ruban qui se déroule et file. Pourtant il y a six formations différentes et les morceaux se mélangent, c’est donc Makaya qui réunit, unit et tisse le fil. Magicien du son et des rythmes qui fait de ces petites pièces fabriquées de bric et de broc un album magistral. Du genre qui se réécoute dans la foulée, riche dune infinité de petits riens qui bâtissent le monument.

Il faut dire qu’il est bien entouré, même si les noms affichés ne sont qu’une promesse, tenue par ailleurs. Ils se dispersent au sein des six formations, Joel Ross au vibraphone, Shabaka Hutchings ou Nubya Garcia au ténor, Junius Paul, Anna Butters ou Daniel Casimir à la basse, Ashley Henry au Rhodes, Kamaal Williams aux claviers, Josh Johnson à l’alto, Jeff Parker et sa guitare, Carlos Niño aux percus et d’autres encore… Du duo au sextet, ça glisse !

L’album parfait pour à peu près toutes les occasions de la vie, une sorte de B.O. universelle, optimiste et conviviale, qui s’emmène partout, comme un accessoire ou un parfum, juste un assemblage de petits riens.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 7 oct. 2020 05:09

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Horace Tapscott a toujours fait partie de la troupe des seconds couteaux, mais il a connu une notoriété suffisante pour travailler. Il est sur la brèche depuis le début des années soixante où il s’illustre en tant que tromboniste, il côtoie de grands noms comme Dolphy, Dexter Gordon, Don Cherry ou Art Farmer, mais son destin basculera plus tard, quand la formation qu’il dirige, le Panafrican Peoples Arkestra, gagnera une certaine reconnaissance, alors qu’il devient pianiste.

Le nom d’Horace Tapscott ne m’est pas resté inconnu pour l’avoir lu ici ou là, et ceci depuis de nombreuses années, mais ce n’est qu’aujourd’hui, à la suite de récentes rééditions, que son œuvre est réévaluée au point d’en faire un artiste majeur. Je m’en réjouis car son œuvre le mérite, dans ce créneau post-coltranien qui plaît tant aujourd’hui. Du coup on cherche les trésors cachés, les fonds de tiroir et on trouve !

Dans les années soixante-dix le Panafrican Peoples Arkestra est très reconnu à Los Angeles et son succès grandit, on a retrouvé pas mal d’enregistrements live de cette période, mais hélas pas mal de bandes d’enregistrement studios ont été détruites lors d’un incendie à l’époque. Pendant longtemps on pensa que les bandes studios de janvier soixante-seize, inédites également, étaient égarées ou, pire, détruites, et voilà qu’elles ressortent aujourd’hui sous le nom des « Covinas sessions », retrouvées dans les archives personnelles d’Horace Tapscott !

Je ne m’attarde pas sur le nom et la qualité des musiciens, ils sont trop nombreux et, de plus, la documentation est insuffisante et certains participants sont restés inconnus. Juste vous conseiller cet album sorti chez Dark Tree, pour l’instant uniquement en CD. Quatre morceaux merveilleux d’une durée totale de soixante-dix minutes dont le cheval de bataille « Eternal Egypt Suite » échoue à deux minutes trente de la demi-heure. La qualité d’enregistrement est excellente.

Pas trop de free chez Horace, là n’est pas sa voie, mais de l’optimisme, du lyrisme, entre modal et structure bop. Le nom et l’ordre des solistes est détaillé sur le livret conséquent, sans surprise Horace Tapscott prend la part du lion mais ses acolytes sont très au niveau et les instruments à vent sont flamboyants, prenant le temps d’un long développement, les solos sont fantastiques et ça groove vraiment bien.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 8 oct. 2020 05:01

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On se souvient de la bataille de Sarajevo, ville assiégée entre avril 92 et décembre 95, qui opposa les forces de Bosnie-Herzégovine, qui avaient déclaré leur indépendance, aux militaires Serbes qui encerclaient et bombardaient la ville avec une importante artillerie qui jamais ne s’arrêta. On estime qu’il y eut environ cinq mille victimes et une grande partie de la ville détruite.

Jean-Jacques Birgé, co-fondateur de la formation « Un drame musical instantané » et fondateur du label « GRRR » ainsi que Corinne Léonet, à l’origine du projet, décident de créer cet album afin de réunir des fonds pour aider à la reconstruction de la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Bosnie-Herzégovine à Sarajevo, détruite par les bombardements serbes en août 1992, afin que survive la mémoire de la civilisation Balkanique et que soit sauvé ce qui reste des manuscrits et des livres qu’elle contenait.

C’est donc un projet fou qui se met en route et un travail considérable qui fut entrepris. Cette fois-ci, on ne vit pas la ribambelle des chanteurs ou des chanteuses en peine de publicité faire la queue pour participer à la fête, les médias non plus ne se bousculèrent pas. Il n’y aura pas de trahison artistique, c’est le poète bosniaque Abdulah Sidran qui fournira tous les textes utilisés, souvent traduits en français.

L’objectif est de créer une œuvre collective où tous les participants sont à la fois acteurs et créateurs, les musiciens de jazz engagés sont donc en première ligne, Lindsay Cooper et Phil Minton, Henri Texier, Wofgang Puschnig et Linda Sharrock, Willem Breuker, The Westbrook Trio, Pierre Charial, Louis Sclavis, Un drame musical instantané, Dee Dee Bridgewater ainsi que le Quatuor Balanescu, mais aussi Abdullah Sidran, Jane Birkin et André Dussollier dans un rôle de récitant. Des documents sonores s’intercalent également.

La cause est noble et l’album très prenant, malheureusement il n’y a pas d’extrait de l’album sur le tube mais y subsiste la mémoire de l’unique concert donné à l'occasion de la sortie du CD au Festival des 38e Rugissants à Grenoble le 30 novembre 1994, Claude Piéplu est alors le récitant, mais le concert n'est pas toujours à la hauteur du Cd.

Ceci dit, et pour finir, y’a des trucs vraiment trippants sur cet album, ça remue à l’intérieur !

Trois extraits de l'album ici :
Collectif Sarajevo Suite
http://www.drame.org/2/Musique.php?D=47

Lindsay Cooper "Nightmare" - Sarajevo Suite Live 1994


Sarajevo Suite (live 1994)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 9 oct. 2020 04:17

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Il subsiste, dans un coin de ma mémoire, survivant de mes lectures étudiantes, cette phrase d’Alfred Jarry « Qu’est-ce que la pataphysique ? La science des solutions imaginaires… », nous voici pas loin du monde « d’Ubu Roi » auquel John Zorn rend hommage sur le premier titre de cet album, simplement appelé « Ubu ». Rien d’étonnant alors que la musique se montre vive, insaisissable et surtout impertinente. Ubu est la personnalisation de l’absurde et du grotesque, une pièce qui fera scandale et divisera les intellectuels à son époque.

C’est du pain béni pour John Zorn qui ne recule devant rien et nous propose une vingtaine de minutes délirantes, aucun excès n’est réfréné, c’est zappaïen en diable et pourrait même ressembler à certains moments à une B.O. de dessin animé. Zorn lui-même chevauche son instrument et pousse le son, suivi peu après par un solo de guitare strident et vociférant… Bon, tout ça est assez indescriptible, c’est vraiment un grand délire constitué de petites séquences consécutives qui s’emboîtent tant bien que mal, mais toujours avec classe, c’est surprenant, déstabilisant et en même temps fascinant.

Le second hommage est dédié à « Baudelaires », trois parties, d’où peut-être le « s » final. « Paris Spleen », « Flowers Of Evil » et « Artificial Paradises », tout cela en douze minutes. C’est « l’International Contemporary Ensemble » conduit par David Fulmer qui officie, une formation de cordes et d’instruments à vent. Ce même ensemble nous renvoie à nouveau à la musique de chambre avec « Oviri », en hommage au peintre Paul Gaugin, on reste ici dans un style très musique contemporaine avec des brisures rythmiques et des phases bruitistes.

L’album ne manque pas d’intérêt et maintient l’attention de l’auditeur du début à la fin, mais la première partie est sans doute la plus folle et la plus à même de séduire l’amateur de jazz, il semble que la culture française soit une référence pour John Zorn qui s’y intéresse de près et lui rend souvent hommage.

John Zorn - Les Maudits
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 10 oct. 2020 02:41

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Un autre album sorti il y a peu chez international Anthem, ils arrivent par vague, un peu comme l’indique le nom de cet album « Chicago Waves » … Un duo à l’œuvre, le percussionniste et créateurs d’images sonores Carlos Niño et le violoniste aux effets colorisés, Miguel Atwood-Ferguson. Les deux ont participés aux albums de Makaya McCraven mais il serait faux de penser qu’ils se seraient rencontrés à cette occasion, puisque leur première production discographique sous la forme de ce duo remonte à 2007, avec l’album « Fill The Heart Shaped Cup ».

Cet enregistrement est « live » et ces Chicago Waves dont on parle représentent l’onde bleue à la surface du lac Michigan, lorsqu’arrive le début de l'hiver, ce nom, dit-on, est spontanément sorti de la bouche de Carlos lorsque le concert s’acheva, bien que la fin du concert intervienne très brusquement à la fin du disque, après l’annonce, cette interruption met fin à la féérie qui s’est peu à peu emparée de l’auditeur, le ramenant d’un coup dans le monde du réel.

L’œuvre est constituée par une suite d’un peu plus d'une quarantaine de minutes, répartie en huit mouvements, disposés harmonieusement sur les deux faces. A l’écoute il est difficile de s’imaginer qu’ils ne sont que deux, mais l’électronique permet de facilement multiplier les potentialités. On devrait parler plutôt d’ambient que de jazz, bien qu’une très large partie de la musique soit essentiellement improvisée et se rattache donc à la façon de faire des jazzmen.

Makaya a gardé les racines, les tempos, le blues et les rythmes, ici nous sommes plutôt partis pour une longue rêverie, sans aspérité, dans un monde contemplatif, éthéré et cotonneux. Pour peu que l’on se laisse aller, difficile de ne pas tomber sous le charme, il reste bien la contrainte de se lever entre les deux faces, mais s’il advient que l’on ne soit pas seul, il se peut que même cet inconvénient incombe à une tierce personne, il est des moments où l’on devient bien petit pour ménager son confort, je le confesse…

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par vox populi » sam. 10 oct. 2020 12:01

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Sophie Alour : Joy
Un album à la croisée du jazz et de la musique orientale
Magnifique

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » sam. 10 oct. 2020 17:49

vox populi a écrit :
sam. 10 oct. 2020 12:01
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Sophie Alour : Joy
Un album à la croisée du jazz et de la musique orientale
Magnifique
J'avais dit tout le bien que je pensais de cet album ici: viewtopic.php?f=27&t=103&p=33643&hilit= ... our#p33643 (merci à la recherche du fofo, très efficace :super: )
Certainement un des albums qui compteront cette année...
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 11 oct. 2020 02:16

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Pour parler de vague et presque de déferlante en provenance d’International Anthem, il faut bien encore un autre album, et le voici, après Makaya McCraven, Carlos Niño et Miguel Atwood-Ferguson, voici Anteloper et l’album « Tour Beats Vol.1 » tous les trois arrivés dans le même souffle. Anteloper c’est Jaimie Branch et Jason Nazari, un autre duo.

On se souvient de Jaimie Branch et des deux volumes de « Fly or Die », sortis l’un en 2017 et l’autre en 2019, le genre de truc qu’on n’oublie pas vite ! Jason Nazari est un batteur que je découvre ici. L’album se lit en 45 tours, c’est pas un poids lourd, moins de vingt-trois minutes au total, un pur produit International Anthem au niveau du son. En fait, à l’origine, c’est une cassette enregistrée en préparation d’une tournée, sortie à la vente en 2019, et voici la version luxe, vinyle de poids, couleur, insert et pochette avec obi, juste la classe, et le contenu vaut le contenant pour qui n’est pas allergique à l’électro.

Jaimie joue de sa trompette, mais c’est beaucoup trop peu pour moi, c’est beau mais ne me touche pas comme elle a su le faire auparavant, elle s’enfouit dans le son, s’y noie, à tel point que sur Discogs ils leur accordent le style « psychédélique », moi j’en serais plutôt resté au travail studio et au qualificatif « électro », mais bon, psyché c’est pas faux. Il y a un gros boulot sur les bandes ce qui semble devenir une caractéristique incontournable du label, car ils savent faire…

Au final un beau tir groupé d'International Anthem qui définit une véritable identité et un style original.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 12 oct. 2020 06:33

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Le genre d’album dont on ne parle jamais, il est signé par « Beaver Harris : The 360 Degree Music Experience » ‎ et se nomme « From Rag Time To No Time » ce qui en dit long sur ce qu’il est et ce que l’on y trouve. Déjà cette déclaration de Beaver Harris : « La plupart des noirs ne savent même pas que Scott Joplin était noir ! » Alors Beaver prend son bâton de pèlerin et prêche, Scott Joplin était un musicien d’avant-garde, à son époque, il jouait comme personne n’avait jamais joué ! Ajoutant que c’est grâce à cette histoire que les musiciens d’aujourd’hui ne partent pas de rien, s’inscrivant dans une lignée et dans un héritage.

Du coup l’album s’ouvre sur un rag « A.M.Rag », et c’est Dave Burrell qui en est l’auteur et l’interprète au piano, ce n’est pas n’importe qui Dave Burrell, son histoire il la récite du bout des doigts, du rag au free, c’est une bibliothèque ! « The 360 Degree Music Experience », à l’origine était une coopérative composée des deux déjà cités mais aussi de Jimmy Garrison, Cecil McBee, Howard Johnson, Cameron Brown, et le vénérable Doc Cheatham à la trompette et d’autres encore…

De grands noms qui s’illustrent sur une première face tournée vers le passé, avec un petit intermède, qui consiste en un petit solo de batterie, qui s’intercale entre les morceaux. « Can there Be Peace ? » est chanté par Maxine Sullivan, une belle balade qui renvoie à Billie. « It’s hard to But we do » est joué dans un classicisme respectueux, avec un solo entre autres du vétéran Doc Cheatham, une basse ronde et sautillante de Jimmy Garrison et c’est tout simplement merveilleux !

La face deux renoue avec la modernité, Bill Willingham est au chant, Dave Burrell au piano et au balafon, Keith Marks à la flûte, Howard Johnson au sax baryton et à la clarinette basse, Sunil Garg au sitar, Francis Haynes au steel drum, Cecil McBee et Ron carter assurent au niveau des basses et cinq percussionnistes congolais épaulent Beaver Harris. Une face dominée par la puissance rythmique sur laquelle se déposent de magnifiques solos qui s’enchaînent, les couleurs sont très variées, le balafon, le steel drum et le sitar assurent l’exotisme de la pièce. Au passage on remarquera une citation de Sun Ra.

Un chouette album dont les originaux de 75 restent à portée de bourse, semble-t-il. Ce projet aura une suite …

Beaver Harris The 360 Degree Music Experience - It's Hard To But We Do Transition


the 360 degree music experience – round trip [parts 1 & 2] (1975)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 13 oct. 2020 05:27

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The 360 Degree Music Experience ‎– In:Sanity

La suite la voici, sous la forme d’un double album enregistré sur le label italien Black Saint, à ma connaissance c’est le seul double du label, il faut dire qu’« In:Sanity » n’est pas loin du chef d’œuvre et qu’il mérite cette débauche de moyen, une jolie page cartonnée s’intercale agréablement à l’intérieur du gatefold.

Hamiet Bluiett succède à Howard Johnson et joue du bariton, de la basse clarinette et de la flûte, quelques changements encore, Azar Lawrence au sax ténor par exemple, d’autres ne sont pas là, il reste le seul Cecil McBee à la basse par exemple, mais on garde les leaders, Beaver Harris et Dave Burrell, également Titos Sompa aux congas, Francis Haynes toujours au steel drum et Sunil Garg avec son sitar .

Ce qui évolue le plus c’est le répertoire, sage et révérencieux sur les faces une et quatre et free et sauvage sur la seconde et la troisième. On retrouve dans cette structure le message déjà porté sur le premier album, la possibilité pour les jeunes musiciens de jouer tantôt de façon plus « classique » et ainsi de saluer les anciens en montrant que l’on pouvait jouer comme eux, tout en s’autorisant à jouer free pour profiter à plein de la liberté gagnée. Il n’est pas anodin de souligner l’amitié qui toujours régna entre Beaver Harris et Archie Shepp qui fut l’un des premiers à franchir le pas entre free et tradition.

Il est à craindre qu’en jouant ainsi sur deux volets différents mais complémentaires, l’un né de l’autre, certains auditeurs ne soient bousculés pendant les faces free, sur « Open » par exemple, bien que ce soit une tuerie à mes oreilles. Beaver tape comme un damné tandis que Dave tisse un une texture épaisse et qu’ Hamiet souffle sans cesse sur la braise… C’est le pari de cet album à deux têtes, comme dessiné sur la pochette, une grande cuvée de soixante-seize.

Le seul titre sur le tube, le dernier du double album ...
"Sahara"
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 14 oct. 2020 04:59

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Le guitariste compositeur Masayuki Takayanagi est né en 1932, dans sa jeunesse il s’inscrivait dans l’école « cool » de Miles Davis et surtout de Lennie Tristano. Curieusement c’est l’arrivée du rock et de Terry Kath du groupe Chicago qui va le bouleverser et chambouler ses certitudes. Petit à petit il remet en cause les bases même de sa musique et s’intéresse à Sonny Sharrock et à Derek Bailey ainsi qu’au saxophoniste Kaoru Abe avec lequel il va même enregistrer. Bien vite, lui aussi sera un modèle, un guitariste libre et sans entrave.

Ici, il joue avec son « New Direction Unit », c’est-à-dire Kenji Mori au saxophone, Nobuyoshi Ino à la basse et au violoncelle et Hiroshi Yamazaki à la batterie et aux percussions. La captation est live, « In concert » se présente sous la forme de deux albums séparés dans sa version vinyle et d’un double cd si on préfère ce support. La pièce jouée est une longue suite appelée « Fragment » qui contient six parties, elles sont présentées dans l’ordre sur le Cd mais pas sur les vinyles où le premier contient les parties deux, trois et six.

Ce choix nous vaut une partition qui n’est pas inhabituelle chez Masayuki Takayanagi dont je connais une partie de la discographie, ainsi la première face de ce premier volume est-elle calme, sereine, délicate, les sons du quartet se répondent en créant des espaces sculptés avec des timbres choisis et des intensités maîtrisées, chaque touche, chaque son s’inscrivant dans une construction savante. En contraste parfait avec la seconde face où tout est énergie, déflagration, puissance démesurée. Ainsi l’auditeur est confronté à un ressenti physique puissant, c’est une expérience très intense que j’aime renouveler et prolonger en découvrant petit à petit d’autres albums de ce musicien hors du commun.

Masayuki Takayanagi New Direction Unit - Fragment - II (Gradually Projection)


Masayuki Takayanagi New Direction Unit - Fragment-VI (Mass Projection)
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 15 oct. 2020 05:57

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Sélène Saint-Aimé a réalisé ses études musicales en région parisienne, bassiste par choix, au fil des rencontres elle décide de se parachuter à New-York où elle se perfectionne et se confronte, mais c’est en France qu’elle grave son premier album “Mare Undarum” qu’elle enregistre au Studio Pigalle.

Sélène Saint-Aimé joue de la contrebasse et chante, voici l’équipe des amis-musiciens dont elle s’entoure : Guillaume Latil au violoncelle et Mathias Lévy au violon pour les cordes, Irving Acao au saxophone et Hermon Mehari à la trompette, ça c’est pour les vents et Sonny Troupé au ka et à la batterie pour la base rythmique.

L’album est sorti uniquement en vinyle sur le label Komos, il est tiré à trois cents exemplaires et chacun est numéroté. On peut le trouver facilement sur bandcamp ou à la fnac on peut aussi l’écouter sur le tube où figurent de nombreux extraits, il a par ailleurs été chroniqué et bien reçu dans les revues de jazz.

L’album est sage, acoustique, l’impression que tout se passe autour de la basse et de la voix de Sélène qui imprègne fortement sa marque avec, je trouve, une certaine gravité. Elle compose également, cinq des neuf titres et rend hommage à son « mentor » Steve Coleman qui l’a épaulée. L’Afrique chante aussi, elle s’entend dans la musique des mots, des murmures et de l’émotion qui passe, soulignée par les vibrations des cordes, le duo basse violoncelle est lyrique à souhait.

Seul bémol, le pressage n’est pas parfait, mais là, elle n’y est pour rien.

Mare Undarum : Part I


Mare Undarum part II - Sélène Saint-Aimé


Partialis.


Feuillée et Beer - Sélène Saint-Aimé
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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par opium » jeu. 15 oct. 2020 19:45

Free Jazz - Free Music - New Thing

Last Exit [Peter Brotzmann, Sonny Sharrock, Bill Laswell, Shannon Jackson] - Headfirst Into The Flames, Live In Europe (1993)

Peter Brötzmann: reeds
Sonny Sharrock: guitar
Bill Laswell: bass
Shannon Jackson: drums


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Excellentissime ! :super: :taré1: :ghee:
Bonne écoute.
Modifié en dernier par opium le ven. 16 oct. 2020 11:49, modifié 1 fois.
We can be Heroes, just for one day.

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Re: J A Z Z - C'est ici qu'on en parle

Message par vox populi » jeu. 15 oct. 2020 20:55

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Un album en piano solo de Benjamin moussay pour le label ECM
Je trouve la scène jazz Française absolument magnifique.

C'est sur le même label que le fameux live à Köln de Keith Jarret et enregistré sous le regard exigeant de manfred Eicher qui dirige sa petite entreprise depuis la fin des années 60

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