J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

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dark pink
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par dark pink » dim. 5 juin 2022 14:39

Portal et Galliano :super:

Je mets un petit message ici pour te dire, Douglas, que je lis régulièrement ce que tu écris. Ca ne se voit pas car je ne poste que rarement. C'est comme dans le sujet de Danzik, on sent le mec qui aime ce dont il parle. Je n'ai pas le temps de tout écouter, loin s'en faut, mais tes descriptions ont le mérite de faire imaginer des trucs. Et j'aime vraiment quand on parle de choses qu'on aime plutôt que de dénigrer. C'est pourquoi je lis ce que tu écris et je continuerai :chapozzz:

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 5 juin 2022 18:12

dark pink a écrit :
dim. 5 juin 2022 14:39
Portal et Galliano :super:

Je mets un petit message ici pour te dire, Douglas, que je lis régulièrement ce que tu écris. Ca ne se voit pas car je ne poste que rarement. C'est comme dans le sujet de Danzik, on sent le mec qui aime ce dont il parle. Je n'ai pas le temps de tout écouter, loin s'en faut, mais tes descriptions ont le mérite de faire imaginer des trucs. Et j'aime vraiment quand on parle de choses qu'on aime plutôt que de dénigrer. C'est pourquoi je lis ce que tu écris et je continuerai :chapozzz:
Oui c'est bien ça!
:hehe:

Je te remercie pour tous ces mots sympas, c'est encourageant, je pense que Danzik sera content également.

C'est vrai que c'est toujours mieux d'écrire pour ce que l'on aime, même si parfois, à cause de l'actualité, ça érafle un peu...

Du coup j'envoie le Portal/Galiano, je sens que tu l'aimes bien aussi celui-là!
;)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 5 juin 2022 18:19

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Galliano - Portal – Blow Up (1997)

Parlons un peu de Richard Galliano, l’accordéoniste qui a sorti le musette des bals du samedi soir et des parties de campagne, en glanant une formation de musicien haut de gamme, lui sera le père du « New Musette », il n’hésite pas à fricoter avec les autres musiques populaires comme le jazz ou le tango argentin, afin de donner un second souffle à l’instrument qu’il aime et chérit, l’accordéon ! Piazzolla sera le premier, mais pas le seul, à tendre la main à l’accordéoniste prodige.

Michel Portal comprend immédiatement le « truc » qui se joue quand il entend Richard, après tout n’est-il pas lui-même un joueur de bandonéon ? Le rapprochement est juste évident et cet album, ce formidable album devrais-je dire, est la première concrétisation entre ces deux grands amateurs de soufflets, qui sera par ailleurs à l’origine d’un très beau succès commercial.

Pour Galliano c’est simple il joue de l’accordéon sur toutes les plages sauf sur « Ten Years Ago » où il joue du piano. Côté Portal c’est plus diversifié, alors en vrac il joue de la clarinette basse, du bandonéon, du sax soprano de la clarinette et du jazzophone, instrument rare des années trente, sur… « Ten Years Ago ».

Le répertoire est équitable, il y a deux titres de Piazzola dont le fameux « Libertango », un véritable tube. Michel portal a signé trois titres, une nouvelle version de « Mozambique », « Little Tango » et « Blow Up » qui donne également le titre à l’album. Richard Galliano n’est pas en reste, il a écrit « Taraf », « Oblivion », « Viaggio » et « Ten Years Ago » qu’il gratifie de quelques mots dans les notes de pochette «Quelques notes, quelques harmonies, pour une Grande Dame de la chanson, Madame Barbara. » La pièce restante, « Chorinho Pra Ele » est d’Hermeto Pascoal, elle est très applaudie par le public, car l’album est live, bien qu’enregistré dans un studio.

Voilà quelques mots pour décrire l’album et ce qu’il contient, si vous aimez l’accordéon et Michel Portal, l’album est pour vous, si vous n’aimez pas l’accordéon, alors tentez l’écoute, peut-être serez-vous convaincu ?

Richard Galliano & Michel Portal - Mozambique


Libertango


Galliano Portal - Blow Up


Richard Galliano & Michel Portal - Oblivion
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 6 juin 2022 10:09

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Dave Gisler Trio With Jaimie Branch And David Murray – See You Out There (2022)

Le dernier album du Dave Gisler Trio n’était pas passé inaperçu, il accueillait déjà une invitée de marque, Jaimie Branch et m’avait laissé un très grand souvenir, et voici qu’il s’étoffe encore, sur ce nouvel opus, avec un renfort très prestigieux : le saxophoniste David Murray lui-même.

Le précédent album était en live, alors celui-ci sera enregistré en studio, à Uznach, en Suisse. On rappelle que Dave Gisler joue de la guitare électrique, il est très véhément et souvent féroce avec son instrument, mais, nous le verrons il y a quelques plages assez calmes, tout de même, comme "See You out There". Jaimie Branch, faut-il le préciser joue de la trompette, avec une attaque très « rentre dedans » également, si je puis me permettre.

David Murray est au ténor et la section rythmique est constituée de Raffaele Bossard à la basse et de Lionel Friedli à la batterie. L’album s’ouvre sur une furie free - hard rock, « Bastards on the Run » qui décoiffe sévère, cinq minutes d’une tornade qui vous envoie direct par terre, ou, au mieux, vous plonge dans une stupeur proche de l’état de choc, alors faites gaffe, vous êtes prévenus, baissez pas trop le son quand même, car l’effet est durable et vous prépare pour la suite…

Après cette dose vaccinale, vous pouvez poursuivre la route, au menu jazz-punk incendiaire, avec quelques montées un peu féroces encore, sur « What Goes Up… » par exemple, qui déménage comme il faut, juste avant une autre plage calme « High As A Kite », en huitième position, limite planante à destinée expérimentale et réparatrice, normale pour une histoire de cerf-volant. « Get A Döner » qui suit, met en forme un dialogue guitare, trompette particulièrement réussi, avec les deux de la rythmique, excellents également.

L’album se termine sur une sorte de blues, en forme de bon conseil, « Better Don’t Fuck With The Drunken Sailor ». C’est Jaimie qui ouvre, avant de laisser assez vite la place à David Murray qui s’installe, aussi sobre qu’un chameau dans le désert, pour un solo bien décapant, puis Jaimie remet un peu de sauce, bien soutenue par Dave Gisler qui fait pleurer sa guitare, et c’est fini !

Encore une magnifique sortie pour cette année, nous ne sommes qu’à la fin du cinquième mois, si ça continue à ce rythme il faudra trouver la formule du « Top 10 » avec une vingtaine d’albums, d’autant que les sorties de fin d’année sont traditionnellement de bonne qualité…

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 7 juin 2022 03:31

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John Hébert - Sounds of Love (2022)

Cet album vient de sortir, pourtant la musique qu’il contient date d’un concert enregistré live au « Jazz In Bess » de Lugano, en Suisse, le vingt-sept mars deux mille treize. Ceci étant posé il faut constater que la musique a conservé toute son urgence et son actualité, et qu’elle aurait pu être jouée hier, fraîche et vivante, vive et encore trépidante !

Bon il y a du monde, parmi ceux que je connais, le pianiste « star » Fred Hersch, le joueur de saxophone alto Tim Berne et Ches Smith à la batterie, le batteur du Ceramic Dog de Marc Ribot, de quoi donner déjà l’envie d’acheter l’album. Le bassiste John Hébert est leader ici, mais il a fait partie du Fred Hersch Trio, avec lequel je l’ai écouté sans me souvenir de son nom, sur cet album où il est mis à l’honneur il nous montre quel fameux bassiste il est !

Le dernier musicien du quintet est le joueur de cornet, Taylor Ho Bynum que je découvre également, brillant dans ses solos, et même étonnant dès le titre d’ouverture « Constrictor » où il fait une magnifique démonstration de ses talents. Autant le préciser dès maintenant l’album est très bon et s’oriente très rapidement vers un bel hommage à Charles Mingus, dont Jon Hébert a fait pour la première fois connaissance en écoutant l’album « Changes One », il existe également l’album « Changes Two » qui est également remarquable.

Deux titres joués ici proviennent précisément du répertoire de « Changes One », « Duke Ellington's Sound Of Love » et « Remember Rockefeller At Attica », les versions proposées sont bien dans l’esprit de Charles Mingus, parfois on néglige sa seconde partie de carrière pour ne retenir que les albums des débuts plus emblématiques, mais c’est une erreur car il y a de magnifiques enregistrements dans les années soixante-dix, comme les deux précités. Les quatre autres titres sont signés du leader.

On a tous bien compris l’intérêt que porte John pour son modèle, le grand Charles, il s’en est d’ailleurs inspiré, il partage ce même engagement lors des attaques et ce même goût pour les thèmes percutants, pour qui aime la contrebasse cet album est une fête, très en avant, centrale et bien enregistrée, elle ne déçoit jamais.

Tim Berne reste l’altiste que l’on connaît, dans un registre post bop très affirmé, il fait bon ménage avec Taylor Ho Bynum plus avant-gardiste et héritier de Don Cherry. Fred Hersch est forcément à l’aise ici en compagnie du pilier axial de son trio, il reste néanmoins assez discret car c’est un prince, mais brillant quand il le faut, avec l’élégance qui lui revient. Ches Smith est juste parfait, comme à l’habitude.

Un bel album, donc.

Duke Ellington's Sounds of Love


Constrictor


The Blank-Faced Man


Remember Rockfeller at Attica
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mar. 7 juin 2022 20:07

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Marc Ribot – Spiritual Unity (2005)

Vous ne rêvez pas, ce « Spiritual Unity » est bien à saisir, dans son entier, comme un hommage à Albert Ayler. Il est composé des pièces les plus emblématiques du joueur de free-jazz, « Spirits » et « Saints » provenant de l’album « Spirits » de 1964, « Bells » provenant de l’album du même nom de 1965, « Truth Is Marching In » issu d’« In Greenwich Village » de 67, et au répertoire de tous les concerts bien avant encore.

« Invocation » qui ouvre l’album est la compo-hommage de Marc Ribot envers l’ange défunt. On le sait, Albert Ayler est à comprendre « par les tripes », ou bien alors comme une musique venant d’en haut, là où Albert regarde. Il n’y a pas de second degré chez lui, et si on entend dans sa musique du bruit, de la violence ou simplement de la cacophonie, c’est qu’il y a encore un pas à faire pour y découvrir la paix, l’amour universel et la candeur enfantine.

A la basse se trouve l’héritier le plus direct d’Albert Ayler, Henry Grimes, membre du quartet d’Ayler dès 1964, et présent au « Greenwich Village » de 1967. Tout tourna mal pour lui jusqu’à ce qu’il vende sa basse et arrête sa carrière de musicien pendant trente-cinq ans, vivant de petits boulots, retrouvé miraculeusement, William Parker lui offre sa basse, ce qui permit à Henry de reprendre sa carrière de musicien, il est ici, à sa juste place.

D’autres fantastiques et extraordinaires musiciens sont présents, Roy Cambell qui joue de la trompette et de la trompette de poche, ainsi que Chad Taylor à la batterie, ce dernier a joué avec le Chicago Underground, Jeff Parker, Nicole Mitchell et joue désormais avec Brandon Lewis.

Ici il ne s’agit pas de rejouer la musique d’Albert à la façon d’un groupe de « reprises », mais bien d’aller chercher, dans le tréfonds, l’origine spirituelle de cette musique, Marc Ribot se mettant, en quelque sorte, dans le rôle du grand mystique. On peut dire qu’il a réussi, l’album est magnifique et empreint d’une belle ferveur.



Marc Ribot's Spiritual Unity 2005
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » mer. 8 juin 2022 10:36

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Marc Berthoumieux – Les Choses De La Vie – Live (2022)

Voici un album qui est arrivé à ma connaissance par une suite de -petites- circonstances. Pour commencer il a fait partie de la sélection « Mezzo » du mois de mai, cinq albums défilent en présentant chacun un extrait, j’aime ces courtes séquences car elles sont parfois à l’origine de découvertes, et voici cet album d’accordéoniste qui arrive, un extrait des « Choses de la vie », la musique du film par Philippe Sarde et voilà qu’elle se met à fredonner en disant : « mais qu’est-ce que c’est déjà ? »

Je note dans un petit coin de ma tête cette marque d’intérêt, et voilà l’album chroniqué sur le « Jazz Mag » du mois de juin, du coup je me le procure, pour un prix plus modique que d’ordinaire, par ailleurs. C’est un trio qui joue ici, Marc Berthoumieux joue du piano du pauvre et Giovanni de celui qui possède une queue, c’est comme ça qu’on le nomme, à queue, c’est un signe de distinction. Il y a aussi Laurent Vernerey à la basse.

Quand j’ai acheté l’album je ne savais pas encore que ces musiciens formaient un trio d’exception, que le son de l’album est juste parfait, piano, basse et accordéon idéalement enregistrés en vue d’une expérience assez rare, si, si. J’aime ces petits bijoux bien polis, tout en rondeur qui flattent l’oreille.

Il y avait également ce truc un peu fou, cette plongée dans le temps d’avant, en deux mille quatorze pour être précis, en effet ces bandes sont issus d’un concert privé enregistré au « Domaine du Fié Gris » à Neuville du Poitou. Ce qui sera l’occasion de titrer l’improvisation du jour « Aparté au Fié ». Pas trop de Punk dans le public à priori, un gars qui siffle pendant les applaudissements, mais c’est parce qu’il est content.

Des reprises pour l’essentiel, Michel Petrucciani, Pat Metheny, Sting et Elton John. Un titre de Marc, « El Astor » une pièce pour évoquer le grand Astor Piazzolla. Les deux pianistes, le pauvre et celui avec une queue, se connaissent depuis plus de dix ans, c’est dire la complicité ici, et le troisième, qui n’est pas manchot avec sa basse électrique, et qui prend l’axe central, pour que tout pivote autour de lui.

Ce n’est pas un hasard si Berthoumieux est tombé sur ces archives précisément, quand on lui a demandé de déterrer un souvenir, il savait bien qu’ici tout va, que c’est bel et beau. Peut-être que certains ont encore dans leurs têtes, ces accordéons populaires, au bord des rivières, pour que se donne le bal, le samedi soir, et que les gars enlacent les filles. Certes.

Mais ici l’accordéon s’est fait jazz, a changé ses habits, et s’il aime toujours les années cinquante et soixante, cousines lointaines, il se veut d’aujourd’hui, il ouvre ses soufflets quand les longs bras s’écartent, les fesses sur la chaise et les jambes écartées, le musicien penche à gauche et puis à droite, la tête oblique qui regarde en bas, et un grand sourire qui illumine son visage.

Les choses de la vie (Live)


El Astor (Live)


A la claire fontaine (Live)


Have You Heard (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 9 juin 2022 03:38

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Hector Zazou ‎– Reivax Au Bongo (1985)

Avec cet album d’Hector Zazou on va transcender les genres pour entrer dans un monde fantastique et fantaisiste, fait d’humour décalé au service d’un d’imaginaire poétique et parfois enfantin. Sur la pochette du vinyle un autocollant annonce : « Roman Photo à l’intérieur – Photo novel Included » l’ouvrage de bonne taille est en effet traduit en anglais, pour que personne ne perde le fil de ce roman-photo absolument passionnant !

La pochette nous montre une vignette de l’ouvrage, elle est légendée ainsi : « Reivax (le héros) se sent troublé par tant de grâce, tant de beauté », sur la vignette suivante : « Mais d’abord, reprend la voix sucrée, mange un peu de ce délicieux gâteau cuisiné par mes mains ». Reivax va-t-il prendre une part de ce gâteau ? Le suspense est haletant, mais hélas je ne puis vous en dire plus, sans risquer de devoir payer de fortes pénalités financières pour défloration littéraire, je vous engage donc à vous tourner vers un exemplaire en vente dans le commerce, ainsi vous aurez accès à l’entièreté de l’œuvre.

Nous voici donc transportés au Bongo, un pays fictif créé de toutes pièces pour les besoins de la cause. Pour donner corps et vie au récit, trois chanteurs Congolais officient, Bony Bikaye, Kanda Bongo Man et Ray Lema qui joue également des percussions, des sommités du genre à l’époque. Une pléiade de musiciens sont également présents sur cette première face, pour faire vite je n’indique que les instruments, violons, violoncelles, basson, flûte, clarinette, saxophones, guitares, vibraphone, marimba, ainsi que piano et synthé pour Hector Zazou et Medor Mader, il faut également ajouter des percussionnistes.

La première face est ainsi entièrement sous influence africaine, c’est là le décor dans lequel évolue notre héros, Reivax, qui doit faire face à Zorello, son ennemi de toujours, ce dernier veut renverser le bon roi Lolo X. L’Afrique ici n’est pas tumultueuse, ni festive, ni même très expressive, c’est que le mal est sournois et l’atmosphère est souvent fiévreuse et inquiétante. Le décor dans lequel nous évoluons est certes exotique, mais dans une ambiance de film d’espionnage, avec du suspens, des incertitudes et quelques mystères. Tout cela est parfaitement rendu sur la face une, vraiment épatante.

Le second volet est très différent, ainsi, dès le premier titre « Que le Bongo Est Beau » on entend la cantatrice mezzo Catherine Renoult prendre le relais des parties chantées. Hector Zazou au synthé tapisse un fond sonore adéquat et Philippe De La Croix Herpin joue des saxophones et de la clarinette basse. Les techniques du re-recording sont également utilisées.

L’Afrique se cache et ne subsistent que de lointains effets percussifs alors que la voix de la cantatrice navigue au-dessus des ondes électroniques et des effets émis par les synthés. Tout est flottant, spatial, immatériel et onirique, ainsi nous sommes transportés dans un monde de limbes, flou, entre rêve et réalité, folie et raison.

Un objet absolument inclassable, imaginé par un musicien iconoclaste que je vous engage à écouter si l’occasion se présente à vous.

Hector Zazou - Chanson Bongolaise


Le Village Du Chef Bingo


Hector Zazou - Que le Bongo est Beau


Reivax (Theme)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » jeu. 9 juin 2022 16:36

Un petit retour vers un album-hommage qui mérite le détour...
Douglas a écrit :
mar. 5 janv. 2021 05:29
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Voici un double album sorti au mois de novembre dernier, il porte un nom de groupe surprenant mais sans ambiguïté, « A Love Supreme Electric », et, n’ayant peur de rien, le nom de l’album est lui-même un vaste programme, pour ne pas dire un sacré chantier « A Love Supreme & Meditations ».

On a vu l’œuvre de Coltrane subir l’appropriation de deux façons différentes, soit dans le style « Scatter the Atoms that Remain » ou « Muriel Grossmann » sur quelques albums, à savoir une interprétation très coltranienne où le style et les plans sont calqués sur le géant mais en interprétant des œuvres personnelles, ou bien l’inverse, des œuvres signées Coltrane réinterprétées de façon personnelle, comme tente de le faire le groupe de L.A. « A Love Supreme Electric ».

Les deux démarches se tiennent et, pour tout dire, créent un grand plaisir lors de l’écoute, la seconde est toutefois inscrite dans la tradition du jazz alors que la première peut être soumise à la critique, mais je ne développe pas car j’ai beaucoup de respect pour tous ces musiciens et leur sincérité dans la démarche me semble acquise.

Je ne connais aucun des musiciens qui joue dans cette formation californienne mais voici leurs noms et les instruments dont ils jouent, ce dernier point est très annonciateur de ce qui nous attend : Vinny Golia aux saxophones ténor, soprano et barytons, Henry Kaiser à la guitare, Wayne Peet aux différents orgues, Mike Watt à la basse et John Hanrahan à la batterie. On le comprend d’emblée c’est bien à une relecture des deux suites coltraniennes à la quelle nous sommes conviés.

Le premier Cd est consacré à « A Love Supreme » et le second à « Meditations » augmenté de deux prises supplémentaires, la première de « The Father and the son and the holy ghost » qui ouvre « Meditations » et la seconde concerne le titre d’ouverture d’« A Love Supreme », « Acknowledgement ». Le premier Cd a une durée de quarante et une minutes environ et le second d’une heure et six minutes.

Une des clés du projet tient à l’intérieur du livret d’accompagnement où le guitariste Henry kaiser dit : « J'avais su que Coltrane voulait que sa suite Meditations soit une suite spirituelle de sa suite A Love Supreme ». Ces propos ne me surprennent pas et j’avais imaginé une continuité entre ses deux œuvres en écoutant avec passion la discographie de Coltrane, et il ajoute : « Et si A Love Supreme et Meditations étaient deux parties d'une même expression d'un état spirituel extatique ? »

J’ai eu un plaisir extrême à écouter et réécouter cet album, la seule faiblesse que j’y ai perçu concernerait peut-être le jeu un peu bavard de Wayne Peet à certains moments du second album, et encore c’est peut-être moi, mais pour qui veut donner une seconde vie et un second souffle à l’écoute de ces chefs - d’œuvres, la voie est toute trouvée pourvu que vous ne soyez pas un puriste invétéré.

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A Love Supreme Electric - "Acknowledgement" (Official Audio)


Modifié en dernier par Douglas le ven. 10 juin 2022 02:55, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par nunu » jeu. 9 juin 2022 18:10

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Quand Alex Skolnick, guitariste du groupe de thrash metal Testament s'offre un parenthèse en monte un trio de jazz fusion. Premier album du groupe sorti en 2002 composé quasi exclusivement de reprises je crois, il doit y avoir 1 ou 2 compos orginales. Mais il ne reprend pas des standards du jazz mais des standards hard et heavy a la sauce jazz dont Scorpions, Aerosmith, Ozzy, Black Sabbath


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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 10 juin 2022 02:56

nunu a écrit :
jeu. 9 juin 2022 18:10
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Quand Alex Skolnick, guitariste du groupe de thrash metal Testament s'offre un parenthèse en monte un trio de jazz fusion. Premier album du groupe sorti en 2002 composé quasi exclusivement de reprises je crois, il doit y avoir 1 ou 2 compos orginales. Mais il ne reprend pas des standards du jazz mais des standards hard et heavy a la sauce jazz dont Scorpions, Aerosmith, Ozzy, Black Sabbath

Comme quoi tous les chemins mènent ou passent par le jazz!
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 10 juin 2022 03:13

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Ira Sullivan – Circumstantial (1978)

Au temps d’avant, quand l’appétit de musique devint si grand qu’il était incompatible avec mon manque de revenus, j’avais opté pour le bon vieux magnéto à bandes, qui permettait de stocker un grand nombre d’heures de musique pour combler mes envies, sans trop puiser dans mes faibles ressources.

J’enregistrais également sur les ondes, la FM permettait de capter quelques émissions de jazz et même des retransmissions de concert. C’est là que je rencontrais pour la première fois Ira Sullivan. Bien qu’il ne soit pas un premier choix et que jamais il n’appartint à aucune élite, je l’écoutais alors avec plaisir, puis il quitta les radars jusqu’à ce jour où je me suis procuré cet album.

Ira Sullivan a grandi à Chicago, il s’installera plus tard en Californie, mais son identité est avant tout Chicagoane, c’est là qu’il rencontrera Charlie Parker avec lequel il croisa le fer pendant une semaine en janvier 1955, ce qui lui procurera une certaine notoriété. Il possède également une autre particularité, c’est qu’il est multi-instrumentiste, capable de jouer de la trompette, du bugle, du sax soprano et de la flûte d’une façon parfaitement maîtrisée.

Rangé assez souvent parmi les petits maîtres du be bop, il n’en est pas moins un fabuleux musicien, comme le démontre cet album enregistré en soixante-dix-sept et réédité en deux mille quatorze avec une pièce en bonus, l’excellent « Blues For Johnny Bratton », un boxeur de l’époque qui enseignait le noble art à Miles Davis lui-même. On y entend également du « piano électrique » et le soprano d’Ira plein de liant, près de dix minutes exquises qui justifient prioritairement le choix de cette version.

Il est accompagné par l’ami de toujours, Wilbur Campbell à la batterie, le bassiste Dan Shapera, Jodie Christian au piano et l’excellent coloriste à la guitare, Simon Salz qui est le véritable auteur du morceau-titre, « Circumstantial », crédité alors par erreur au leader de la formation. L’album est une fête, Ira est un prodige à la trompette et au bugle, mais également à la flûte dont il joue avec une dextérité exceptionnelle comme on l’entend sur le très beau « Monday Dance » et également sur le morceau titre.

La pièce d’ouverture est une reprise de « The Girl From Ipanema », mais jouée d’une façon rapide et accélérée qui vous donnera le tournis, une belle mise en situation dès la première pièce. On ne l’entend pas ici sous cette forme, mais il se risquait parfois, dans les années soixante-dix à des expérimentations free, mais je n’ai pas eu la chance de les entendre !

Il continua à jouer sur les scènes de Chicago tant qu’il put et vécu jusqu’en deux mille vingt. Cet album est magnifique, bien que sa sonorité soit parfois un peu plus voilée, on peut le comparer aisément à Chet Baker, à la trompette.
07. Blues For Johnny Bratton.mp3
(21.87 Mio) Téléchargé 62 fois
03. Circumstantial.mp3
(22.59 Mio) Téléchargé 62 fois
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 10 juin 2022 12:36

Venu du fin fond...
Douglas a écrit :
dim. 30 août 2020 05:42
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Un album pas très facile à se procurer, discogs en indique seulement quatre en collection. Le mien vient de loin, il lui a fallu plus de cinq semaines pour arriver et, ce samedi, il était dans la boîte à lettre, celle-ci ne produisait plus ce jour de semaine depuis le confinement, cette réactivation m’a donc valu cette belle surprise, il faut bien le reconnaître, le colis intercontinental génère, en général, une inquiétude liée à la durée, et, bien qu’on en soit averti par avance, elle demeure malgré tout…

L’album a été enregistré Au Caire, en Egypte, en 2006 et est paru l’année suivante sur Incognito, un label libanais qui avait déjà publié « El Dor El Awal » pour ceux qui se souviennent. Bakash est un trio constitué par Colter Frazier au saxophone ténor, Naïssam Jalal à la flûte et Miles Jay à la basse. Souvent touché par la musique de Naïssam, il me plaît de retracer son parcours discographique, après un passage en Syrie elle se rend au Caire pendant une durée de trois ans, puis quitte la ville, précisément en 2006 qui sera pour elle l’année de la bascule entre Orient et Europe.

Cet album est très zen et très contemplatif, presqu’uniforme et sans beaucoup d’aspérité. Il paraît même assez grave, c’est sans doute dû en partie au rôle de la basse qui est central, l’axe autour duquel tout se joue, elle est souvent répétitive avec une présence presque obsédante parfois. Les deux trublions autour s’y appuient pour prendre leur envol, la flûte est magistrale, maîtrisée et le sax joue de ses timbres pour éclairer la musique avec un œil neuf, et y apporter la nécessaire lumière.

Chacun a apporté ses propres compos dans ses bagages et l’album y gagne en équilibre, bientôt Naïssam fondera « Noun Ya » avec Yann Pittard pour une légèreté retrouvée.

L'unique témoignage du groupe que j'ai trouvé sur le tube:
BAKASH (Live Cairo, june 2006)
Modifié en dernier par Douglas le ven. 10 juin 2022 16:52, modifié 1 fois.
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par dark pink » ven. 10 juin 2022 15:53

Douglas a écrit :
dim. 5 juin 2022 18:19
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Galliano - Portal – Blow Up (1997)

Parlons un peu de Richard Galliano, l’accordéoniste qui a sorti le musette des bals du samedi soir et des parties de campagne, en glanant une formation de musicien haut de gamme, lui sera le père du « New Musette », il n’hésite pas à fricoter avec les autres musiques populaires comme le jazz ou le tango argentin, afin de donner un second souffle à l’instrument qu’il aime et chérit, l’accordéon ! Piazzolla sera le premier, mais pas le seul, à tendre la main à l’accordéoniste prodige.

Michel Portal comprend immédiatement le « truc » qui se joue quand il entend Richard, après tout n’est-il pas lui-même un joueur de bandonéon ? Le rapprochement est juste évident et cet album, ce formidable album devrais-je dire, est la première concrétisation entre ces deux grands amateurs de soufflets, qui sera par ailleurs à l’origine d’un très beau succès commercial.

Pour Galliano c’est simple il joue de l’accordéon sur toutes les plages sauf sur « Ten Years Ago » où il joue du piano. Côté Portal c’est plus diversifié, alors en vrac il joue de la clarinette basse, du bandonéon, du sax soprano de la clarinette et du jazzophone, instrument rare des années trente, sur… « Ten Years Ago ».

Le répertoire est équitable, il y a deux titres de Piazzola dont le fameux « Libertango », un véritable tube. Michel portal a signé trois titres, une nouvelle version de « Mozambique », « Little Tango » et « Blow Up » qui donne également le titre à l’album. Richard Galliano n’est pas en reste, il a écrit « Taraf », « Oblivion », « Viaggio » et « Ten Years Ago » qu’il gratifie de quelques mots dans les notes de pochette «Quelques notes, quelques harmonies, pour une Grande Dame de la chanson, Madame Barbara. » La pièce restante, « Chorinho Pra Ele » est d’Hermeto Pascoal, elle est très applaudie par le public, car l’album est live, bien qu’enregistré dans un studio.

Voilà quelques mots pour décrire l’album et ce qu’il contient, si vous aimez l’accordéon et Michel Portal, l’album est pour vous, si vous n’aimez pas l’accordéon, alors tentez l’écoute, peut-être serez-vous convaincu ?

Richard Galliano & Michel Portal - Mozambique


Libertango


Galliano Portal - Blow Up


Richard Galliano & Michel Portal - Oblivion
J'aime vraiment bien ce qu'ils font. J'ai découvert Portal en 76 avec son live à Chateauvallon et Galliano grâce au générique d'une série française qui s'appelait P.J. qui passait à la télé le samedi soir. Le morceau s'appelait "New York", je crois. L'accordéon y est super nerveux, il fait tout, la pompe cardiaque emballée à la main gauche et la mélodie insidieuse à la main droite, c'est du grand art.
Leur ensemble est excellent.
Je vais écouter le Berthoumieux quand j'aurai le temps.

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 10 juin 2022 16:36

dark pink a écrit :
ven. 10 juin 2022 15:53

J'aime vraiment bien ce qu'ils font. J'ai découvert Portal en 76 avec son live à Chateauvallon et Galliano grâce au générique d'une série française qui s'appelait P.J. qui passait à la télé le samedi soir. Le morceau s'appelait "New York", je crois. L'accordéon y est super nerveux, il fait tout, la pompe cardiaque emballée à la main gauche et la mélodie insidieuse à la main droite, c'est du grand art.
Leur ensemble est excellent.
Je vais écouter le Berthoumieux quand j'aurai le temps.
Pour le Berthoumieux ça a été une très bonne surprise pour moi, avec Vincent Peirani on possède quelques excellents accordéonistes dans nos contrées!
:]
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » ven. 10 juin 2022 16:48

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Avishai Cohen Trio – Shifting Sands (2022)

Cet album a été conçu pendant le confinement, Avishai Cohen a essayé d’utiliser au mieux les circonstances, en utilisant ce temps qui lui était donné au service de la composition, ainsi ces pièces sont nées sous ses doigts, au piano. Une tournée Européenne a ensuite été organisée dès que possible, la chaîne Mezzo en a télévisé un que j’ai pu visionner.

Avishai s’est à nouveau tourné vers le trio, cet art difficile tout de contrôle et d’équilibre, de justesse et de communication. Jusqu’alors « Gently Disturbed » de deux mille huit semblait indépassable, avec deux grands musiciens très complices, Mark Guiliana à la batterie et Shai Maestro au piano. « From Darkness » sorti en deux mille quinze n’avait pu rivaliser, sans doute un peu trop froid avec des compos moins addictives, Daniel Dor était à la batterie et Nitai Hershkovits au piano.

Et bien, pour « Shifting Sands », Avishai parie à nouveau sur le renouvellement, il s’entoure d’Elchin Shirinov venu d'Azerbaïdjan, un musicien confirmé, âgé de la quarantaine. A la batterie, son choix est beaucoup plus surprenant, il a fait appel à une jeune femme de vingt et un an, Roni Kaspi, je dois reconnaître qu’après l’avoir écoutée, il me faut considérer que ce choix est fort judicieux, malgré son jeune âge elle n’a pas froid aux yeux et joue avec une remarquable justesse. C’est en Israël qu’Avishai a rencontré la talentueuse étudiante au Berklee College of Music de Boston.

On retrouve sur cet album ce qui a fait le succès du bassiste, à savoir le choix de mélodies souvent puisées dans les folklores, dansantes, pétillantes et assez faciles à retenir. On a pu parfois lui reprocher ces facilités, pour ma part je n’y vois pas de mal, elles permettent à un plus large public de s’intéresser au jazz et de faire un premier vers cette musique que nous aimons.

Sans doute y a-t-il une recette et une manière de faire, c’est indéniable, ça s’entend, mais la richesse de sa musique consiste en ces multiples variations. Par ailleurs c’est un grand bassiste et les musiciens qui l’accompagnent sont également tout à fait au niveau. Sa démarche se rapproche de celle de Keith Jarrett qui lui aussi a reçu l’amour et l’intérêt d’un très vaste public.

Par ailleurs subsiste un grand respect pour ce public, aujourd’hui je ne réponds pas à la question de savoir si l’album est meilleur que « Gently Disturbed », il faut attendre que le temps et la répétition donnent leur verdict, en tout cas l’album est pour moi tout à fait réussi, dépassant mes espérances…

Avishai Cohen Trio - Intertwined


Avishai Cohen Trio - The Window


Avishai Cohen Trio - Below


Avishai Cohen Trio - Videogame
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Message par Douglas » sam. 11 juin 2022 03:08

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David S. Ware Quartet – Godspelized (1996)

Voici un album enregistré sur le label japonais DIW, il s’agit d’un enregistrement effectué au « Sound On sound » de New York, les deux et trois mai de l’année quatre-vingt-seize. J’ai le digipak mais il existe également avec un boîtier. Cet album c’est juste un bombe free gorgée de spiritual music, pour résumer.

David S. Ware est au ténor, Matthew Shipp au piano, William Parker à la basse, jusqu’ici tout est normal, c’est avec la batterie que ça change, Susie Ibarra officie pour la première fois dans le quartet, en remplacement de Whit Dickey. Le répertoire est entièrement signé de David S.ware, si ce n’est la notable exception du titre « The Stargazers » signée par le saturnien Sun Ra.

Dès la première note on comprend, les fantômes surgissent, Pharoah, Coltrane, Shepp tous là contenus dans le souffle du saxophoniste qui déchire et s’époumone, avec une sorte de lyrisme qui dézingue. Ça transporte et emmène avec une force incroyable, on sait que ces moments sont rares et qu’il faut les accueillir avec la naïveté du paroissien à l’heure de l’hostie, profitons au nom de Coltrane, Pharoah et du Saint Ayler, ainsi soit-il.

Après le quart d’heure de « Godspelized » ça continue dans la même veine avec « Wisdomsphere » puis « Innertemple », on connaît David S.Ware, c’est un dogue il ne nous lâchera pas, mâchoires surpuissantes, tel un molosse il nous tient tous, serrés et anéantis, « Wisdom Through Time » est une sorte de long cris dégoulinant, ça coule, entre l’aigu et le grave tout est sollicité, comme un long ruban qui s’écoule, avant que le trio ne prenne la suite, le temps d’une respiration…

Avec « The Stargazers » de qui vous savez, la musique tourne à quatre-vingt-dix degrés, vers des notions presque opposées, les silences s’intercalent dans le jeu de Matthew Shipp, bientôt rejoint par la basse et la batterie qui glissent vers des sonorités coltraniennes. Le sax entre dans la danse et le thème de Sun Ra apparaît dans toute sa clarté sous les doigts de Shipp, puis une longue montée s’effectue avec un Ware qui s’échappe et construit son petit monde, dans lequel il nous emmène.

« Eternal Faces Of Brahm » vous achève menu, suivi par une petite reprise de « Godspelized » pour (vous) finir. Je dois avoir une bonne quatorzaine d’albums de David S. Ware, celui-ci est certainement dans le peloton de tête.

david s. ware - godspelized [1998] álbum completo
01 - Godspelized - 00:00
02 - Wisdomsphere - 15:43
03 - Inner Temple - 23:39
04 - Wisdom Through Time - 30:20
05 - The Stargazers - 38:13
06 - Eternal Faces of Brahm - 50:38
07 - Godspelized - 1:02:22

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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 12 juin 2022 02:36

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Greg Ward & 10 Tongues – Touch My Beloved's Thought (2016)

Voici un album de 2016, ce qui n’est pas si loin, pourtant ce « Touch My Beloved's Thought » va piocher encore plus loin, tout l’indique, les notes de pochette et les citations, le compositeur et saxophoniste Greg Ward ne cache pas son projet : s’inscrire dans le fameux « The Black Saint and The Sinner Lady » de Charles Mingus.

Les analogies sont nombreuses, dans l’esprit et dans la lettre. Déjà l’orchestre, ils sont dix à se presser ici, l’objectif annoncé est un projet écrit autour de la danse, comme pour Mingus, ici Greg Ward s’est associé avec le chorégraphe nippon Onye Ozuzu, l’écriture également s’identifie non seulement à celle de Mingus mais remonte jusqu’à Ellington, tout en gardant sa modernité et son actualité.

Greg Ward tisse les liens qui unissent l’histoire et la modernité, bien que les thèmes soient tous signés du leader ils rappellent le son Mingussien et le font revivre en lui donnant une nouvelle actualité, le bref « Grit » condense tout ça en quelques brillantes minutes très évocatrices.

Côté musiciens, le plus connu est sans doute Ben LaMar Gay, ici avec son cornet, il faut dire qu’ils sont quasi tous de Chicago, il y a également le trompettiste Russ Johnson, pour les autres leur notoriété est moindre, même si le talent est grand. On remarque cependant la qualité du producteur, rien moins que Dave Douglas lui-même, un gage de sérieux et de qualité.

On remarque également le titre huit, « Dialogue of the Black Saint » avec une longue introduction à la contrebasse de Jason Roebke, suivie par un long solo de trompette bouchée ponctuée de ponctuations à l’unisson.

L’album digipak est très beau et très soigné mais l’enregistrement est public et les applaudissements sont « shuntés » de façon quasi amateur. Hormis ce détail l’album réussit parfaitement son objectif, faire revivre la musique de Mingus et son héritage en se l’appropriant, plutôt qu’en le jouant directement, l’affaire est très complexe, car il est plus difficile et plus exigeant de s’identifier et d’entrer dans l’esprit de la musique plutôt que de simplement l’interpréter.

Daybreak (Live)


Grit (Live)


Dialogue of the Black Saint (Live)


With All Your Sorrow, Sing A Song of Jubilance (Live)


Round 3 (Live)
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » dim. 12 juin 2022 19:06

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Ike Quebec – Blue & Sentimental (1962)

Le soleil est là, la chaleur avec, qui impose comme une lourdeur, un goût à ne rien faire, ou alors avec lenteur, comme si le temps passait plus lentement. Toutes les musiques ne vont pas, après plusieurs essais je pense même que la plupart ne vont pas, et qu’il va falloir songer à se laisser guider, et même à s’abandonner au genre qui s’impose, avec évidence.

Ike Quebec sera parfait. Je vous avais déjà parlé de « It Might As Well Be Spring », assez sublime il faut dire, et bien celui-ci n’est pas mal non plus, une distribution avec des stars à tous les postes, Grant Green à la guitare, déjà, Paul Chambers à la basse et Philly Joe Jones à la batterie. Quand on a écrit ça on a déjà tout dit, il peut taper le soleil maintenant, même si la sueur colle à la peau, ça ira !

Les ballades style « Don’t Take Your Love From Me » passeront crème, gorgé du gros son du sax d’Ike, qui charrie les rayons et t’envoie dans un ailleurs « confort », où la paillasse se change en édredon moelleux, les vins se millésiment d’un coup et le monde devient beau, soudainement, comme un avant-goût de paradis…

Puis c’est le « Blues For Charlie », « Parker j’le connais par cœur » chantait le chanteur qui chantait si bien alors, bien qu’il chante encore bien, mais avant il chantait bien encore. Ça arrache un peu le cœur à l’heure où Ike joue son solo, fallait s’y attendre, ces gars-là ils sont forts, ils ont pas leur pareil pour te tirer une larme, et là t’as l’air un peu con, alors tu penses à autre chose, enfin tu t’essaies à une petite lâcheté, de toute façon t’es tout seul, coincé sur cette paillasse avec personne qui te voit, peinard.

Après « Minor Impulse » voici la seconde et dernière pièce signée Ike Quebec, c’est le virevoltant « Like » avec un énorme solo de Grant Green à la gratte, ça tombe bien, un rayon de soleil s’acharne à trouver un passage entre les volets. Derrière, la vie grouille et les femmes sont belles, c’est l’effet soleil, et, dans les champs, les fleurs s’ouvrent aux fertilisateurs…

« Count Every Star », une compo signée B.Coquatrix/S.Gallop déboule tranquilou, encore une ballade, mais cette fois-ci c’est Sonny Clark au piano, Sam Jones à la basse et Louis Hayes à la batterie, c’est le dernier titre de l’album d’époque, mais avec le temps le Cd est arrivé et, avec lui, les plus grandes capacités de stockage, du coup on a encore droit à deux magnifiques bonus.

« The Old black Magic » et « It’s Allright with me » permettent de passer le cap des cinquante minutes, qui, en fait, passent à la vitesse du quart d’heure quand on les écoute en se laissant porter. Ah ! j’ai oublié de vous parler du sublime titre d’ouverture, encore une magnifique version de « Blue and Sentimental » dont se saisit Ike, histoire de nous anesthésier à froid, ça marche à tous les coups.

Ike Quebec - Blue and Sentimental


Blues for Charlie by Grant Green (From Blue & Sentimental by Ike Quebec, Blue Note 1962)


Ike Quebec - Count Every Star


Ike Quebec - Like
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Re: J A Z Z et musiques improvisées - C'est ici qu'on en parle

Message par Douglas » lun. 13 juin 2022 11:10

Un des grands albums de Chet:

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Les pieds enracinés dans les années 50, rattaché au mouvement cool initié par Miles Davis et même Lester Young, Chet Baker n’est pas un défricheur, il ne cherche pas à faire reculer les limites de la musique, non, son propos est ailleurs, il voue sa musique à la recherche d’une certaine perfection, jouer et interpréter le mieux possible.

Doué depuis toujours, il n’a jamais appris la musique et n’a d’ailleurs jamais su la lire, tout s’est fait naturellement, prodige, remarqué par Charlie Parker lui-même, sa trop grande facilité lui vaudra quelques jalousies qui nuiront à son début de carrière, mais c’est une autre histoire...

Entre l’ado à la belle gueule et l’homme au visage buriné qui s’éteindra au milieu de la nuit, en 1988, il se passera une vie turbulente comme en témoigne chaque ride de son visage, il connaîtra la faim, le froid, la prison et, pire peut-être, des périodes d’oubli.

Au milieu des années soixante-dix, commence la deuxième vie de Chet Baker, il tourne en Europe et fait du « porte à porte » musical, enregistrant beaucoup d’albums (près de 80 en dix ans, de 78 à 88) avec des formations presque toujours différentes, au gré des rencontres et des producteurs et de temps à autre, un chef d’œuvre, comme ici, nous sommes à Copenhague et l’enregistrement se fera très rapidement. Il faut une alchimie spéciale pour créer ces pépites-là, le talent d’un seul ne suffit pas, et même le talent de trois, c’est de la fusion des trois en un que se fera l’osmose…

Chet Baker a de la musique l’idée la plus haute, il faut le voir se concentrer pendant un concert ou lors d’un enregistrement pour appréhender la hauteur de l’enjeu, ici l’entente est parfaite, la virtuosité est mise au service de l’écoute, jusqu’au dernier frémissement de la vibration de corde de la contrebasse sur « Blue room », ou encore de la singularité délicate du son de la guitare sur « Star eyes ».

Quand il chante « But not for me » ou « The Touch of Your Lips » il joue de la voix comme d’un instrument, le souffle tendu, fragile, au bord de la fêlure, sublime et sans défense… Il atteint ce point d’équilibre où naît un peu plus que la musique : la grâce, nous emportant loin du lien qui nous attache à la terre, générant un sentiment de communion fraternelle. Eh oui, il arrive à nous émouvoir avec de vieux standards, inépuisables, par sa seule interprétation à fleur de peau.

Vaporeux et délicat cet éther musical est un souffle d’émotion pure.

But Not for Me


The Touch of Your Lips


Blue Room


I Waited for You


Autumn in New York
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