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Message par alcat01 » sam. 8 avr. 2023 21:51

Cooltrane a écrit :
sam. 8 avr. 2023 21:36
Queen, aussi surprenant que cela puisse paraitre, je n'ai pl's, et j'ai WFI was allowed to worry bout the Featured album TFéus que les deux premiers et Jazz... Pas trop envie de réécouter la période "pastiche & parodie" à partie de Attack jusqu'à Races ou News.
Et après Jazz, je décroche totalement.

Punker paname a écrit :
sam. 8 avr. 2023 11:50
Moi aussi j'adore ce Lp , elle n'ont cependant pas toutes arrêté la musique puisque Linda Perry à fondé deux labels sur lesquels elle à produit et sorti de très bons musiciens et groupes,
En effet, 4NB fut un album que j'ai bcp écouté à l'époque et que je rejoue encore ajd une fois de temps en temps

========================

Pour ce qui est de Embryo (j'ai placé Auf dans mon top 2021), je dois dire que je décroche après 73/74. Un groupe qui a tjs été maitre du n'importe quoi, mais qui a fait du grand portenawak à partir de Surfin'... du coup, j'ai abandonné jusqu'il y a peu pourtant j'ai loué des trucs (très bizarres) à la médiathèque datant des 80/90's et j'ai WTFé.
Queen, j'adore les premiers, mais j'aime bien écouter un des suivants de temps en temps, cela me rappelle ma jeunesse! :ghee:

4 Non Blonde, j'ai découvert relativement tardivement. Je connaissais leur "hit", mais je n'ai cherché à approfondir que plus tard!

Pour Embryo, c'est sûr qu'il y a à boire et à manger, mais il y a du bon et même du très bon après "Surfin'".
C'est pour ça que je ré-écoute ceux que j'ai, et il y en a pas mal...

Après, les goûts et les couleurs!...

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Message par alcat01 » dim. 9 avr. 2023 09:07

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"Watt" est sorti en 1970, la même année que leur précédent album "Cricklewood Green". Le groupe a enregistré les morceaux en septembre et l'album est sorti en décembre, juste à temps pour Noël.

Le premier morceau, "I'm Coming On", est un rock irrésistible, où le groupe fait jouer ses muscles musicaux : Alvin Lee se lance dans un solo de tueur tout en douceur, tandis que ses coéquipiers lui emboîtent le pas. Ten Years After n'a jamais eu peur d'utiliser les astuces du studio et le son est recouvert d'écho, mais le solo est joué en plein milieu et sert à aiguiser l'appétit. Il est suivi d'une séance d'entraînement plus longue avec "My Baby Left Me" (j'aurais pensé qu'avec leur emploi du temps, ils n'auraient pas manqué de remarquer les allées et venues des uns et des autres !) Commençant à une vitesse lente, l'engrenage est rapidement enclenché jusqu'à ce que le groupe tourne à plein régime, ne s'arrêtant que pour respirer au niveau du chant. Mais le rock'n'roll reprend vite le dessus, Alvin Lee s'amusant manifestement à chanter en scat à la fin.
La ballade plaintive "Think About the Times" suit, le piano menant le premier couplet et le refrain, accompagné par un travail soigné de la section rythmique. Le groupe sort ensuite son funk et déchire "I Say Yeah" avec une utilisation extravagante de la boîte vocale et des pédales wah wah pour maintenir le niveau d'intérêt et cette chanson a une très bonne dynamique.
Le morceau suivant, humblement court, est " The Band With No Name ", une jolie petite composition qui aurait pu sortir tout droit d'un film de western spaghetti.
En revanche, les deux chansons suivantes permettent au groupe de s'étendre et de donner au monde un avant-goût de ce qu'est Ten Years After.
"Gonna Run" s'insinue en vous, puis vous étouffe et vous rassemble en cours de route. Au milieu de la chanson, Alvin Lee montre fièrement ses influences jazz avec un travail de guitare très fluide avant que Chick Churchill ne se joigne à lui au piano. "She Lies In The Morning" est un rock à la structure souple qui permet au groupe de montrer tout son talent. Tous les effets de studio que le groupe peut trouver sont utilisés dans une orgie de musique rock, avec une séquence de rêve magnifiquement jouée au milieu.
Le dernier morceau provient du rappel de Ten Years After au festival de l'Isle of Wight cette année-là, une version grésillante de "Sweet Little Sixteen" de Chuck Berry, qui laisse l'auditeur et le groupe en haleine. Elle montre aussi clairement pourquoi Alvin Lee était considéré comme le guitariste le plus rapide de l'Ouest.

pattaya


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Message par alcat01 » dim. 9 avr. 2023 09:08

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1974 Sheer Heart Attack
"Seven Seas Of Rhye" a marqué le public et QUEEN s’embarque pour les USA avec MOOT THE HOOPLE, passant de première partie à véritable co-headliner ; le public américain est impressionné par le show haut en couleur que propose le groupe. Si la première tournée (britannique) avait vu Freddie Mercury en proie à de sérieux problèmes de voix, forçant QUEEN à annuler quelques dates et avorter la promotion de "Queen", c’est Brian May qui lâche prise durant cette tournée américaine. En effet, une sérieuse hépatite le maintient à l’hôpital un moment et il eut réellement peur de se faire éjecter de son groupe à ce moment-là, sa convalescence durant plusieurs mois. Par cohésion, les trois autres membres n’en feront rien et, au lieu de se décourager, commenceront l’écriture et l’enregistrement de leur troisième album avec l'aide précieuse de Roy Thomas Baker, laissant la place à Brian pour s’exprimer quand ce dernier sera remis. Ce dernier gardera d’ailleurs un souvenir pénible des sessions de "Sheer Heart Attack" car il enregistra ses prises en étant encore bien malade et fut un peu isolé du processus de composition.
Surtout que QUEEN a choisi à la fois de recentrer son propos et de s’éloigner du carcan rock progressif de "Queen II" en proposant des chansons basées sur l’efficacité et d’appliquer à bon escient les connaissances techniques acquises sur les deux premiers albums. Toutefois, il n’est toujours pas question ici de sobriété loin s’en faut ! Et "Sheer Heart Attack" est sans nul doute l’un des albums les plus barrés des Anglais.

Tout commence avec cette fête foraine en trompe-l’œil qui introduit "Brighton Rock". Composé pour "Queen II" mais non retenue faute de place, Brian May fait une démonstration de force. Sa Red Special part dans tous les sens. L’alternance de riffs très speed, de lignes vocales théâtrales en question-réponse de Freddie Mercury rythment le morceau avec intensité. Mais le meilleur moment est sans doute le long solo de guitare central où Brian May joue avec le son, les effets contrapunctiques créés par l’utilisation du delay, et les oreilles des auditeurs. Car ça ne débande pas pendant cinq minutes ! Brian May est bien là et malgré une santé fragile, il se montre flamboyant guitare en main. Devons-nous attendre un album dans cette tonalité ?
C’est mal connaître QUEEN et le facétieux Freddie Mercury qui propose avec "Killer Queen" l’une de ses chansons pop parfaites ! L’utilisation du piano, des chœurs en soutien ainsi que le texte décalé et humoristique (c’est l’un des rares morceaux de Freddie où les paroles furent écrites avant la musique) lui donnent une couleur qui tranche nettement avec le morceau d’introduction. Brian May nous pond l’un des ses soli anthologiques où son utilisation des contrechants et des guitares harmonisées font merveille. Grâce à cette petite pépite, QUEEN perce dans les charts, est diffusé à la radio et se produit dans le culte Top Of The Pops : un avant-goût du succès planétaire qu’ils rencontreront bientôt. QUEEN ne mettant jamais ses œufs dans le même panier, le deuxième single sera "Now I’m Here", composition hard rock plus typique signée Brian May, mémorable pour son palm-mute de guitare introductif où Freddie joue à son tour avec le delay.
Si les médias mettent en lumière ces deux morceaux, le contenu de l’album est à l'avenant. Extrêmement varié, voire disparate. Il est même miraculeux que les morceaux s’enchaînent aussi bien tant le groupe semble vouloir appliquer la rupture à chaque titre. L’enchaînement en forme de triptyque que QUEEN avait déjà pratiqué sur "Queen II" est réutilisé ici avec "Tenement Funster" où Brian May nous sort des arpèges à la "White Queen". La chanson est composée et interprétée par Roger Taylor, qui joue une bonne partie des guitares. Nous avons ici une démonstration du talent du batteur qui signe l’une des ses meilleures compositions pour QUEEN. "Flick Of The Wrist", face B de "Killer Queen", est aussi une réussite et avec le recul l’un des meilleurs morceaux de la galette. Le chant en octaves d’un Freddie Mercury inquiétant et les lignes de guitare orientalisantes en contrechant lui confère une ambiance presque Zeppelinienne. Le refrain, où les chœurs ont le premier rôle (à l’image de "I Want It All"), est d’une efficacité sans faille. La basse de John Deacon se montre particulièrement prédominante et met en évidence son penchant pour le funk. "Lily Of The Valley" est la ballade Mercuryenne de l’album, faisant écho à "Nevermore". Il y fait étalage de son lyrisme à fleur de peau, se chargeant lui-même de tous les chœurs, apportant ainsi une couleur bien spécifique, assez différente des harmonies à trois avec Brian et Roger qu’il affectionne tant. Et Brian débarque sur la fin pour nous jouer quoi ? Des cuivres ? Non toujours pas ! Tous ces sons improbables sortent une nouvelle fois de la Red Special et du Deacy Amp. Portant une nouvelle fois la mention "No synthesizers !", pratique que conservera le groupe jusqu’à la fin des seventies, "Sheer Heart Attack" est aussi l’album où le groupe tente beaucoup de nouvelles choses.
Si la face A est dans la lignée de "Queen II", la face B montre avec "In The Lap Of The Gods" ce qu’il arrive quand on laisse Freddie Mercury s’éclater tout seul dans son délire baroque. Le chanteur dira même considérer ce morceau comme le brouillon de "Bohemian Rhapsody". Si les chœurs grandiloquents, les vocalises inhumaines (et il faut le dire assez stridentes) de Roger Taylor et le découpage en plusieurs tableaux sont effectivement là, poussant l’extravagance aux sommets du Glam, je modèrerai un peu les propos du défunt chanteur. Si le refrain, empreint d’une certaine nostalgie, est assez beau, le marasme d’introduction et l’avalanche d’effets de la fin du morceau me le rendent un peu indigeste. Un peu trop éclaté pour le coup et pas aussi maîtrisé que "The March Of The Black Queen". "Stone Cold Crazy", préfigure le Speed Metal, jouant un Heavy particulièrement véloce, très rare à l’époque (seul DEEP PURPLE à ma connaissance en a produit une forme équivalente avec des morceaux comme "Speed King" ou "Burn"). Les bases de ce morceau dateraient de l’époque WRECKAGE, groupe éphémère de Freddie Mercury à la fin de années soixante. Il ne faut jamais oublier que Freddie était aussi guitariste : il vouait une admiration sans bornes à Jimi Hendrix, il en fit d'ailleurs de nombreux portraits lorsqu’il était encore au Ealing College. "Stone Cold Crazy" est le premier qui sera co-signé par QUEEN, ses membres étant incapables de se rappeler qui avait écrit les paroles.
Cela témoigne de l’effervescence et du bouillonnement créatif qui agite nos Anglais à cette époque, qui ont amorcé avec "Queen II" un marathon qui les verra sortir trois albums en un an. "Misfire", première composition et première réussite de John Deacon, dont l’importance grandit un peu plus à chaque album (QUEEN lui devra entre autres "You’re My Best Friend" et "I Want To Break Free") sous ses atours acoustiques (John Deacon joue la plupart des guitares, solo compris), donne une touche plus légère à cette face B qui en avait bien besoin. Et Freddie nous sort sa nouvelle facétie avec "Bring Back That Leroy Brown", démonstration de maîtrise vocale et instrumentale ou chœurs jazzy explosent sur fond de piano bastringue, de banjo et de ukulele. Et "She Makes Me (Stormtrooper In Stilettos)", que j’ai réécouté pour la rédaction de cette kro, a de belles qualités à faire valoir. John Deacon accompagne la douce voix de Brian May à l’acoustique mais la répétition incessante de son motif nous fait perdre un peu le fil et le morceau accuse du coup d'une mollesse irréversible. Le final voit toute la joyeuse équipe sombrer au milieu des effets en tous genres, comme noyée sous le son, prélude à un final en apothéose avec "In The Lap Of The Gods… revisited". Freddie Mercury permet à l’album de se terminer avec pour moi le meilleur morceau de la galette, augurant d’une forme d’Arena Rock qui arrivera à son paroxysme sur "We Are The Champions" trois ans plus tard. Les ultimes crépitements de guitare mélangés au tonnerre ne feront pas de survivants.

La complémentarité des individualités de QUEEN est ici exacerbée avec une première composition marquante pour John Deacon, empreinte de légèreté, pondérant l’extravagance de Freddie et la noirceur de Brian. Roger Taylor signe avec "Tenement Funster" un morceau se hissant au niveau de l’hydre May/Mercury, équilibrant ainsi le songwriting (et les egos) pour les albums suivants. Du fait de ses conditions d’enregistrement difficiles, on notera que les musiciens de QUEEN, tous multi-instrumentistes, se chargent de la plupart de leurs chansons (piano de Brian May sur "Dear Friends", guitares de John Deacon sur "Misfire"), facteurs contribuant sans aucun doute à la forte personnalité de chacun des morceaux. Un album vraiment à part dans la discographie du groupe mais fondamental.

QUEEN se retrouve soudé comme jamais, nourri de son expérience live, et voit poindre un avenir radieux grâce au succès de ses concerts et de "Killer Queen". Un bien beau brouillon pour le chef d’œuvre auquel les Anglais sont promis.
JEFF KANJI


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Message par alcat01 » dim. 9 avr. 2023 10:13

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Ian Hunter / Mick Ronson - 1990 : YUI Orta
Après une activité intermittente au milieu des années 80, Ian Hunter revient en force dans le monde du rock & roll avec cet album de 1989. Comme d'habitude, Mick Ronson joue un rôle important, apportant une contribution substantielle à l'écriture des chansons et fournissant un éventail de savoureux licks de guitare.
Le résultat est un album solide qui remet au goût du jour le rock classique de Hunter : l'exemple le plus frappant est "American Music", un hommage sincère à la musique qui a inspiré "Hunter" lorsqu'il était enfant, qui combine des accords puissants avec un refrain harmonisé pour créer une tranche percutante de rock & roll à saveur pop. YUI Orta est l'album le plus élégant du catalogue de Hunter grâce aux efforts de Bernard Edwards, le producteur le plus connu pour avoir été la moitié de l'équipe créative de Chic et pour avoir produit des albums pour The Power Station et Robert Palmer. Ce duo peut sembler étrange dans son concept, mais il en résulte un son efficace qui balance fort tout en offrant suffisamment d'éléments pour rendre l'ensemble agréable à l'écoute. Par exemple, Edwards ajoute un riff de corne serpentine à "Cool" qui rehausse intelligemment son côté soul sans pour autant atténuer l'aspect hard rock de la chanson. YUI Orta bénéficie également d'une positivité forte et très engageante dans les paroles de Hunter : des exemples incluent "The Loner", une chanson qui souligne qu'il est bon de se démarquer de la foule, et "Big Time", une chanson exubérante et entraînante qui dit à l'auditeur "tu n'es jamais trop petit pour atteindre le grand moment".
Bien qu'il n'ait jamais atteint les ventes qu'il méritait, YUI Orta reste un album passionnant qui mérite d'être redécouvert par tous ceux qui s'intéressent à l'œuvre de Ian Hunter et par tous ceux qui s'intéressent au bon vieux rock & roll.
Donald A. Guarisco


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Message par alcat01 » dim. 9 avr. 2023 13:15

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Defrosted 1970
Après avoir connu un grand succès commercial avec leur interprétation inspirée de "House of the rising sun", Frijid Pink a tenté de reproduire cet exploit en l'espace d'un an. Pour être honnête, le groupe est resté fidèle à ses racines blues rock, le line up restant inchangé à l'exception du départ du bassiste Tom Harris. Ne vous laissez pas tromper par l'arrivée apparente du nouveau bassiste Tom Beaudry, il s'agit en fait du chanteur Kelly Green, qui utilise son vrai nom plutôt que son nom de scène ! Bizarrement, il est donc crédité sous les deux noms, ce qui donne l'impression trompeuse que le groupe est resté composé de cinq membres (y compris le claviériste Larry Zelanka qui était en fait considéré comme un musicien "invité" sur les deux premiers albums).

Avec "Defrosted", le groupe progresse bien musicalement, bien que les chansons ne soient pas à proprement parler du prog. Les six premières minutes de "Black lace" ont un arrangement plus complexe que tout ce qui est apparu sur le premier album éponyme du groupe. Le chant de Green ressemble de plus en plus à celui du grand Burton Cummings (Guess Who), sa confiance en ses propres capacités mûrissant clairement avec l'ambition du groupe. Il passe à la vitesse supérieure sur le blues réfléchi "I'll never be lonely", où il offre sa meilleure performance vocale à ce jour, tandis que Gary Ray Thompson ajoute un merveilleux solo de guitare inspiré de Leslie West (Mountain). Le morceau suivant, "Bye bye blues", maintient le blues lunatique (en lettres minuscules !), et se termine par un solo de guitare de haute volée, qui s'estompe malheureusement en cours de route.
Les 8 minutes et plus de " Pain in my heart " sont un merveilleux blues rock étendu qui sonne comme une prise unique en studio. La nature étendue du morceau est simplement due à l'improvisation de la guitare solo, le morceau dans son ensemble me rappelant les performances live captivantes des Guess Who sur "American woman".
La tentative du groupe de poursuivre le succès de ses singles en faisant appel à ceux qui ont découvert la magie de "The house of the rising sun" est incluse ici sous la forme de "Sing A Song For Freedom", mais bien qu'elle capture l'humeur du début des années 1970 ("Joy to the world", "Give peace a chance", etc.), la chanson est prosaïque et anonyme. Quelques autres morceaux (l'instrumental "Sloony" et "I'm moving") tombent dans la même catégorie, étant agréables mais sans intérêt.

Les deux albums de Frijid Pink sortis en 1970 auraient constitué d'excellents albums de proto prog s'ils étaient sortis quelques années plus tôt. Dans l'ensemble, il s'agit d'un album agréable à écouter, surtout pour ceux qui recherchent les influences du blues dans le prog du début des années 70 (une facette plutôt perdue dans l'importance excessive accordée à l'apport du jazz orthodoxe). La musique ici n'est certainement pas trop compliquée, mais la compétence de ces enregistrements quasi live est claire, et les ambitions du groupe deviennent évidentes. Dans l'un des exemples les plus évidents d'une arme à double tranchant, ces ambitions seront réalisées sur l'album suivant, mais pas avant quelques départs inattendus.
Easy Livin


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Message par alcat01 » dim. 9 avr. 2023 14:55

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1978 : XII
Un classique de BJH, sans aucun doute, avec une série de chansons de premier ordre écrites par les trois auteurs. Tous les membres sont au sommet de leur forme, chantant et jouant aussi bien qu'ils ne l'ont jamais fait. Comme il sied à un "véritable" album de BJH, les merveilleuses guitares inventives de John sont omniprésentes sur XII, bien que les touches de Woolly soient parfois trop en retrait pour être confortables. Le matériel est convenablement varié et typiquement éclectique, allant des rockers légers aux ballades en passant par une incursion dans le classicisme, le tout réalisé en tant qu'unité soudée mais avec une ouverture d'esprit qui manque quelque peu à son prédécesseur immédiat.

Le décor est planté par Loving Is Easy de John, un rock solide au rythme moyen, avec un travail de guitare solide soutenu par un Hammond et un synthé charnus.
Les produit le premier classique durable sous la forme émotionnelle de Berlin, une ballade intemporelle inspirée par la ville encore divisée, magnifiquement écrite avec des images évocatrices.
A Tale Of Two Sixties, l'hommage de John à ses influences des années 1960, est un rock lent et mélodique, inondé de guitares.
La chanson d'amour de Les, Turning In Circles, est une ballade rock de qualité supérieure, avec un arrangement inventif, un merveilleux travail de basse et un riff de guitare excitant qui donne le coup d'envoi.
The Closed Shop est une attaque cinglante de John contre cette pratique syndicale, aujourd'hui interdite en Grande-Bretagne. Il s'agit d'une ballade entraînante qui rappelle Mill Boys de Everyone Is Everybody Else : les guitares acoustiques se combinent à des éléments de clavier puissants et à des percussions variées pour produire une ambiance country-rock langoureuse.
In Search Of England est le dernier d'une longue série de classiques "symphoniques" caractéristiques que Woolly allait enregistrer avec le groupe, et l'un des meilleurs. Les changements de mood abondent, bien sûr, tout comme les claviers superposés de Woolly, mais ce sont les guitares extatiques de John qui volent la vedette !
Sip Of Wine, une histoire pas tout à fait sérieuse de séduction d'une groupie, est une chanson soft-rock plus simple, au rythme moyen, musicalement la première de l'album, mais qui produit toujours un solo de guitare éraillé.
Harbour, qui offre des réflexions sur l'arrivée à un port d'attache après un long voyage, représente l'autre facette de Woolly : une ballade plus simple avec une belle mélodie soutenue par des guitares carillonnantes, de riches harmonies et un beau solo de guitare en duplex. Même ici, il parvient à insérer une pause contrastée au milieu de la chanson.
Les paroles de Nova Lepidoptera sont peut-être dénuées de sens et tirées de livres de science-fiction, mais John a réussi à les transformer en une étonnante chanson atmosphérique qui se rapproche d'une approche langoureuse du space-rock. Elle a un air d'ailleurs mais une structure de chanson conventionnelle, avec l'un des meilleurs solos de guitare de John et une magnifique basse en flèche de Les. Ils savaient si bien faire ce genre de choses. D'ailleurs, le code morse du début s'écrit U F O !
Les, comme d'habitude, simplifie les choses avec sa ballade Giving It Up, une jolie chanson d'amour mais une bonne chanson. La batterie, à partir du deuxième couplet, lui donne une dimension nettement supérieure à la banalité.
John clôt l'album en beauté avec sa sublime Streets Of San Fransisco. Inspirée par la vieille série télévisée des années 1970, elle bénéficie d'un arrangement détaillé, des profondeurs cachées dissimulant ce qui est en fait une chanson assez simple. Elle est couronnée par une coda merveilleusement décontractée et discrète, surmontée d'un harmonica bluesy qui peint une image vivante de l'observation paresseuse du monde au coucher du soleil, assis sur une chaise en osier sous la véranda, une bière glacée à la main, avec le chant des grillons en toile de fond....

XII : la fin d'une époque et la dernière avant que Woolly n'emballe son Mellotron et ne parte vers de nouveaux horizons. Il n'y a aucun signe de changement, ou de quoi que ce soit d'anormal dans le camp de BJH. Bien au contraire : non seulement XII est l'un de leurs meilleurs albums, mais les années de dur labeur commencent enfin à porter leurs fruits. Les ventes de disques montent en flèche, surtout en Allemagne où BJH va bientôt entrer dans l'orbite des superstars en tant que groupe de stade ou en remplissant le Reichstag de quelques centaines de milliers de fans en adoration. Ce processus avait commencé bien avant le départ de Woolly et a joué un rôle important dans sa décision.
Musicalement, XII forme une paire avec son prédécesseur Gone To Earth : ce sont ces deux albums qui ont alimenté les feux du succès, les soutenant jusque dans les années 80 avant qu'une série d'albums plus médiocres n'en fassent les frais. Il représente l'épanouissement final de ce que j'appelle "BJH Mk 2" - ce groupe distinct d'albums supérieurs de la fin des années 70 représentant une phase de transition où les instincts commerciaux plus aiguisés du groupe à trois côtoyaient les anciennes sensibilités prog du début des années 70 dans une riche veine de créativité qui n'avait pas encore été entachée par les exigences d'une entreprise de production de hits.

Pourquoi XII ? Il faut tricher pour considérer qu'il s'agit du douzième album du groupe, mais il semble que ce soit la signification voulue, bien qu'il marque également le début de leur douzième année en tant que groupe. Par la suite, il a marqué leur dernière année en tant que groupe de quatre musiciens. Ils ont terminé en beauté, non pas en escaladant l'atmosphère raréfiée et les pentes abruptes des sommets de l'Everest, mais plutôt en marchant sur les pentes et les rochers plus accessibles des landes pennines du nord de l'Angleterre, sous le soleil de midi qui leur réchauffait le dos. Croyez-le !
Joolz


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Message par alcat01 » dim. 9 avr. 2023 17:02

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Steig Aus (This Is Embryo) 1973
Embryo est, à la base, le projet du batteur/percussionniste Christian Bruchard qui s'associe à tous ceux qui se trouvent dans l'ensemble à ce moment-là. Les moments les plus forts d'Embryo sont ceux où son lieutenant Edgar Hoffmann (saxophone et violon) partage le centre de la scène.
"Steig Aus" est le quatrième effort du groupe, et certainement l'un de ses chefs-d'œuvre : on peut clairement dire que le groupe est bien enraciné dans ses tendances fusion-rock, et cela signifie que le facteur psychédélique n'est devenu qu'un ingrédient décoratif après avoir été la moitié du son nucléaire du groupe pendant les deux premiers albums. Le son du groupe est dur et mystérieux, d'une certaine manière lié à l'approche rugueuse adoptée par de nombreux groupes de krautrock, mais c'est là que s'arrêtent les similitudes avec le singulier mouvement prog psychédélique allemand.
Le swing du jazz-rock d'inspiration américaine et la vibration du standard funky sont très présents en tant que catalyseurs des diverses sources exotiques dont s'inspirent les compositions. Le jamming est continu et l'énergie déployée est très solide, tant dans les passages explicites qu'introvertis du répertoire.
"Radio Marrakesch" démarre l'album avec des sons nord-africains de percussions accordées et de tambours à main, rejoints par des effets de guitare émulant des bois mauresques. Rapidement, les claviers et les percussions du groupe apparaissent et constituent le point de départ du jam principal, une puissante section funky-meets-R'n'B dans laquelle l'orgue Hammond et le mellotron jouent un rôle prépondérant tandis que la section rythmique maintient une cadence entraînante. Avec les solos de piano électrique et de guitare, le jazz fait son entrée pour ajouter de la sophistication à la frénésie. Cette ouverture efficace sonne vraiment très East Coast, il y a fondamentalement peu de Teutonique dedans, et ce n'est pas grave puisque cela fonctionne bien. Après cet excellent exercice d'acid tripping sur terrain funky, " Draming Girls " change quelque peu la donne. Un morceau très éthéré et relaxant, avec des lignes de violon magiques qui flottent dans l'air d'une manière très évocatrice. L'apparition du vibraphone et du piano électrique, ainsi que du mellotron flûté occasionnel, contribue également à créer l'ambiance particulière de ce morceau. Il mélange en quelque sorte les influences des premiers Weather Report et du Pink Floyd de l'époque "Ummagumma" : ce dernier est évoqué par la mélancolie surréaliste qui emplit chaque fibre du morceau. Le dernier morceau, 'Call', occupe les 17 dernières minutes de l'album. La succession de cadences diverses émergeant de la batterie de Bruchard (allant du tribal au bluesy et du fusionesque au rocker) marque le continuum à travers toutes les sections. Malgré le fait que Bruchard joue le rôle de leader, l'ensemble fait fonctionner 'Call' comme un véritable effort de groupe du début à la fin. Les solos d'orgue, de violon et de piano électrique, les nappes de mellotron absorbantes qui apparaissent par endroits, les percussions supplémentaires,... tous ces éléments forment une forêt sonore qui s'étend sans cesse dans un enthousiasme total. La série des deux dernières sections, 'Clouds' et 'Call (Part 2)', constitue un point culminant impressionnant, exploitant le groove général à son niveau maximum.

"Steig Aus" est un must pour tout collectionneur de prog ayant une forte sensibilité jazzy. Embryo est un monde musical à part, créant sa propre voix dans les "règles" du jazz-fusion.
Cesar Inca


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Message par alcat01 » dim. 9 avr. 2023 18:50

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Eclipse (1998)
Cet album aurait pu être un best-seller depuis longtemps. Il n'est jamais trop tard pour l'apprécier.
Ce n'est que récemment que j'ai goûté aux albums moins connus de Jade Warrior. Ils ont été enregistrés il y a longtemps [1973 pour celui-ci], mais n'ont jamais été correctement publiés ou commercialisés jusqu'à récemment. Je peux recommander "Eclipse" parce que son fort contenu rock plaira à beaucoup. Sur cet album, il semblerait que le bassiste et chanteur Glyn Harvard ait apporté sa propre contribution. Si vous avez aimé "Released" et "Last Autmn's Dream", vous devriez mettre la main [et la tête !] sur cet album.
Le morceau d'ouverture, une chanson douce "English Morning" n'a rien à voir avec le reste de l'album [ce n'est pas la seule fois que le groupe a fait ce genre de chose]. Le morceau suivant, "Sanga", est une fusion de rock et de musique africaine, avec une utilisation intensive des congas et des percussions, de la flûte jazz-rock et de la guitare de Tony Duhig. Sur le morceau suivant, "Too Many Heroes", Tony se met vraiment en branle. C'est un bon morceau de rock, mais qui reste caractéristique de Jade Warrior, et qui touchera une corde sensible chez de nombreux rockers.
"Soldier Song" est chanté par Glynn, Tony joue de la guitare rock et utilise des congas et d'autres percussions, y compris l'ajout étrange et intéressant d'un clocher, avant le long instrumental "Mwenga Sketch", qui reprend des rythmes africains rapides et rock rappelant "Barazinbar" de l'album "Released", avec des percussions ingénieuses et plus de guitare rock de la part de Tony.
"Holy Roller" est un autre morceau rock avec le chant de Glynn et la guitare rythmique de Tom Newman [un associé de longue date du groupe]. Le dernier morceau, "House of Dreams", défie toute description de ma part et il est préférable de le laisser à l'appréciation de chacun.
D'une certaine manière, "Eclipse" sonne plus "maintenant" que 1973, en avance sur son temps je dirais.

Cet album est une bizarrerie. Mais Jade Warrior n'a jamais suivi un format reconnaissable. Il semble inachevé d'une certaine manière, et il se trouve que cet album a un partenaire - "Fifth Element", avec sa pochette similaire, est comme une continuation "disque 2" d'"Eclipse", je recommande de collectionner les deux.
Stephen KEEN


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Message par alcat01 » lun. 10 avr. 2023 09:10

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A Space In Time 1971
A Space In Time montre un groupe de musiciens beaucoup plus détendus et à l'aise que ceux qui ont joué à Woodstock. "One Of These Days" et "Baby Won't You Let Me Rock N' Roll You" réaffirment le côté audacieux du groupe, mais l'album est principalement porté par la guitare acoustique sur des chansons comme "Here We Come", "Over The Hill", "Hard Monkeys" et le grand succès "I'd Love To Change The World".
Pour un groupe connu pour ses concerts électriques, A Space In Time a probablement étonné bon nombre de ses fans de longue date alors qu'il s'adressait à un public beaucoup plus large. Malgré cela, Alvin Lee, qui a écrit et chanté neuf des chansons de l'album, a refusé de jouer "I'd Love To Change The World" en concert en raison de la présence d'une guitare acoustique et d'une guitare électrique.
Vous ne pouvez certainement pas échapper à la brillance psychédélique de "Let The Sky Fall" ou à l'informalité enfumée de "Uncle Jam", où le claviériste Chick Churchill, le batteur Ric Lee et le bassiste Leo Lyons ont tous les trois fait preuve de leurs talents musicaux aux côtés d'Alvin Lee. Il n'y a pas d'autre raison pour laquelle ils méritaient d'être dans le même groupe.

Ten Years After n'a jamais été à la hauteur de l'attrait et de l'alchimie de A Space In Time dans les albums suivants, et le groupe s'est finalement séparé en 1974. Le groupe original s'est reformé ici et là dans les années 80, 90 et au début des années 00. Alvin Lee a quitté définitivement le groupe en 2003 et est décédé en 2013. Ten Years After continue de vivre aujourd'hui, mais le souvenir de leur apparition à Woodstock, A Space In Time et le chanteur, guitariste et auteur-compositeur Alvin Lee occupent une place sacrée et sûre dans l'histoire du rock and roll.
Shawn Perry


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Message par alcat01 » lun. 10 avr. 2023 09:11

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1975 A Night At The Opera
Une carrière tient parfois à peu de choses. QUEEN touche le succès du bout des doigts avec un "Killer Queen" pop concentrant les composantes du son du groupe. Les membres de QUEEN commencent à être connus à travers le Royaume-Uni mais sont quasiment à la rue ! Liés par un contrat avec Trident qui les spolie, ils se retrouvent au bord du précipice. Le sauveur du groupe s’appellera John Reid. Ce jeune homme, déjà réputé comme manager d’Elton John, va prendre en main les affaires de QUEEN, casser le contrat qui lie le groupe à son label et enjoint le groupe de composer le meilleur album possible. La genèse de "A Night At The Opera" commence donc comme un coup de poker.

Toujours curieux de défricher de nouveaux horizons, comme l’ont si bien montré leurs trois premiers opus, les Anglais, la rage au ventre, vont définitivement casser les carcans et s’imposer comme l’une des formations les plus originales du Royaume-Uni. L’album de la dernière chance va catalyser l’énergie et la créativité des quatre membres qui vont chacun dégainer quelques-uns des plus grands classiques du groupe, "I'm In Love With My Car" pour Roger, "You’re My Best Friend" pour John, "The Prophet’s Song" pour Brian, et bien évidemment "Bohemian Rhapsody" pour Freddie. Cet opéra en trois actes mériterait une chronique à lui tout seul : Freddie Mercury a rassemblé trois de ses chansons existantes pour proposer sa propre vision de l’opéra Rock. Les couches d’harmonies vocales s’empilent et s’enchevêtrent dans un foisonnement tout à fait baroque avant de laisser placer à une mélodie Pop marquante accompagnée par une ligne de piano devenue mythique. Brian May profite de cet écrin pour y glisser l’un de ses plus beaux soli, entraînant la chanson dans un opéra où Freddie surjoue son récitatif ("I see a little silhouetto of a man...") contrebalancé par presque deux cent voix qu’ont patiemment enregistré et compilé Freddie, Roger et Brian sous la houlette du patient Roy Thomas Baker qui signe l’un des mixages les plus ambitieux de son époque. Il faudra attendre 1979 et le génie de Bob Ezrin pour retrouver un tel boulot sur le "The Wall" de PINK FLOYD (je pense à "Bring The Boys Back Home" qui sonne comme un clin d’œil à "Bohemian Rhapsody"). C’est la consécration pour les Anglais qui, non contents de prendre un gros risque en sortant un single de presque six minutes, vont en écouler des palettes et dépasser le million de 45 tours.
Le pari était osé, mais il est réussi, et haut-la-main ! Car si "Bohemian Rhapsody" est devenu le morceau incontournable, exprimant quasiment toutes les facettes de QUEEN (le riff bien Heavy qui suit le passage opéra en fera headbanguer plus d’un, merci "Wayne’s World"), "A Night At The Opera" ne s’y résume pas, bien loin de là. Le talent de Freddie Mercury explose avec le vicieux et vindicatif "Death On Two Legs", qui sous ses véloces arpèges dévoile un Hard corrosif au texte particulièrement agressif, fustigeant les agissements de Norman Sheffield, leur ex-manager. Contraste total avec "Love Of My Life" qui deviendra la ballade emblématique du groupe, mettant en évidence le romantisme du chanteur dont chaque note est habitée.
Brian May délivre deux compos particulièrement Heavy avec "Sweet Lady", typique de son style, mélangeant couches de guitares et mélodies à la sensibilité Pop évidentes et surtout "The Prophet’s Song" qui reprend la flamboyance de "Father To Son" ("Queen II"). Se côtoient guitare acoustique et koto Japonais, guitare saturée plombée et chœur foisonnant chantant le refrain donnant une nouvelle fois la sensation d’écouter un opéra. "The Prophet’s Song" est le pendant Heavy Metal de "Bohemian Rhapsody" et les deux morceaux partagent le même goût pour les ruptures (c’est ici le chant en canon, obtenu au moyen d’un Delay, qui vient apporter un nouveau souffle au morceau en son milieu). Le travail sur le son et sur la stéréo pour jouer avec le rythme est minutieux (à 5:50 par exemple) et constitue une perle du Rock Progressif si ce n’est du Metal Prog (quoique le terme n’existe pas encore à l’époque).
Mais la diversité de "A Night At The Opera" ne serait pas ce qu’elle serait sans le ternaire "I’m In Love With My Car", chanté et joué par Roger Taylor qui martèle ses fûts avec adresse. "You’re My Best Friend", rythmée par le piano électrique de John Deacon est une sucrerie Pop indispensable au milieu de l’album, tranchant avec la grandiloquence des trois premiers titres. John Deacon a toujours, par sa simplicité, contrebalancé l’extravagance et le pompe naturelle de Freddie et "You’re My Best Friend" sera son premier succès en tant que compositeur. "Lazing On A Sunday Afternoon" dans son style vaudeville où le piano sautillant nous accompagne avec un chant semblant sorti d’un mégaphone (Il fut en réalité enregistré en deux fois en plaçant le micro dans une boîte métallique (cf DVD "Classic Albums") tranche également, au même titre que "Seaside Rendezvous" où Roger et Freddie s’éclatent à imiter clarinettes, tubas et autres cuivres. Roger Taylor le redira souvent, ils ont tout enregistré avec cet album qui fut aussi le plus cher de son temps, de la guitare saturée au crayon tapé contre la console de mixage. "Good Company", si elle m’a toujours moins plu, démontre dans un style Skiffle, les compétences de Brian May au ukulélé, petit instant pas prise de tête avant "Bohemian Rhapsody". Pour couronner le tout, l’album est en son milieu allégé par une chanson futuriste du guitariste sur fond de musique New Orleans où la contrebasse joue un rôle prépondérant. Le chant de Roger s’y fait presque strident, contrastant avec la douceur du timbre de Brian May qui interprète lui-même cette mélopée qui répond au doux nom de "'39". Les versions live seront toujours de grands moments car le groupe en avant-scène y proposera un des premiers moments unplugged lors de ses concerts où la guitare de Brian May tire dans tous les coins ("Live Killers" donne un bon aperçu de ce contraste ou encore le récent "Live In Ukraine" de QUEEN + PAUL RODGERS).

QUEEN a réussi son pari et bascule de surcroît dans la catégorie des vedettes avec "A Night At The Opera" qui restera comme l’un de ses albums les plus aboutis. La fréquence des sorties et le bouillonnement créatif des Anglais va laisser sa créature entrer au panthéon du Hard Rock par la grande porte tout en poussant plus loin ses expériences et en maîtrisant de plus en plus son sujet et son extravagance illustrée par cette orchestration dantesque de l’hymne national britannique.
JEFF KANJI


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Message par alcat01 » lun. 10 avr. 2023 10:27

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The Prodigal Sons - Emerge From the Void
The Prodigal Sons, un groupe totalement inconnu sauvé par une petite société, Void Records, et dont la musique est très, très intéressante.
Les informations sur le groupe sont rares. Il semble qu'ils soient originaires de l'Ohio et qu'ils se soient formés au début des années 70. Les informations sont très confuses, certains disent qu'ils ont sorti un album en 71, "Uncle Bucks", mais il n'y a pas d'information confirmée et on ne sait rien sur leur formation.
L'enregistrement contient neuf morceaux récupérés par la compagnie Void Records et il semblerait qu'ils datent de 72. Des sons hard rock chargés de bons riffs, on en a une belle preuve dans le premier morceau "Water Song". Son deuxième morceau "Right On" rappelle beaucoup le son de BTO. Dans "Lighthing Strikes Twice" nous avons à nouveau de bons riffs et un refrain super accrocheur. On a des éclairs du sud dans « Gollem », avec une voix dans le plus pur style Molly Hatchet. Bref, un super album d'une formation dont on ne connaît que l'excellent héritage.
rockliquias


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Message par alcat01 » lun. 10 avr. 2023 13:18

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Earth Omen 1972
Les guitares enfoncent des riffs lourds dans votre crâne, tandis que les orgues tourbillonnantes apportent simultanément une brillance chatoyante et une propulsion à réaction. Des rythmes maîtrisés, serrés, mais jamais trop chargés, vous font taper du pied, et même si la musique est finement élaborée et accessible, des surprises se cachent à chaque coin de rue.
Il est parfois facile d'oublier que cet album est sorti en 1972, tant la qualité de la musique est grande, et pourtant, la musique elle-même n'aurait pas pu être écrite à une autre époque. Elle est imprégnée du parfum capiteux du patchouli et du bois de santal, elle parle de ces fêtes avec quelques amis proches, des ivresses de votre choix qui durent jusqu'aux petites heures du matin, jusqu'à ce que la dernière personne s'évanouisse avec la fatigue agréable du bon temps.
Il n'y a pas de réponse à la question "à quoi ressemble la musique", car elle couvre une multitude de bases. Les groupes qui s'en rapprochent le plus sont Spooky Tooth, Uriah Heep, Atomic Rooster et Vanilla Fudge.

Miss Evil vous frappe d'emblée avec des volutes de Hammond s'enroulant autour d'un Leslie rotatif, rapidement rejointes par un piano dupliquant la partie du Hammond pour un stalkfest dans une ruelle sombre. Le riff de guitare fuzz qui suit, le chant dur et cristallin et les petites lignes de solo se mélangent rapidement dans un maelström de sons à la limite du contrôlable - et c'est pour cela que cette musique est si géniale ; on peut pratiquement sentir les musiciens à la limite de leurs capacités et pousser fort, mais sans jamais succomber à la tentation d'en faire trop et de tout gâcher en sonnant amateur. L'interlude musical donne des visions (probablement illégales) de "femmes maléfiques" et de leurs danses séduisantes et tentantes.
Il est suivi par l'obsédante chanson "Sailor", qui comporte quelques-uns des plus savoureux traits de piano jamais enfouis dans un mixage. Honte à l'ingénieur responsable. Comme il s'agit de rock des années 1970, nous avons un solo de guitare spécial Tufnell. Je recommande de ne pas l'écouter au casque, car l'ingénieur a décidé qu'il serait amusant d'effectuer un panoramique pendant que le pauvre gars l'enregistrait. Ce n'est pas le solo le plus excitant de tous les temps, mais il est plutôt bon, et il ne méritait pas ça.
Il faut féliciter le groupe d'être conscient de l'environnement et de mettre autant de passion à faire passer le message ; "Oh lord, what have we done ?" en effet. C'est très émouvant, à condition de pouvoir ignorer des paroles comme "d'abord nous avons tué la mer et maintenant nous tuons le soleil".
Frijid Pink démontre sa maîtrise des formes et des styles en ajoutant des mandolines sur "Lazy Day", et produit un morceau magnifiquement soporifique. "Train Woman" est un morceau de heavy blues par excellence, "Eternal Dream" renvoie à une époque psychédélique plus innocente, tout en conservant un côté symphonique progressif comme Procol Harum ou les Moodies à leur meilleur, "New Horizon" s'aventure dans un territoire funk-rock et vous fait danser autour de vos vêtements, qui sont probablement déjà entassés sur le sol du salon à l'heure qu'il est. Fermez les rideaux, voulez-vous ?
Pour terminer l'album, Rainbow Rider délivre une soul de style gospel tout à fait contagieuse, et Mr Blood produit certains des riffs les plus effrayants et les plus lourds en dehors de Sabbath. Les harmonies vocales donnent du fil à retordre à Uriah Heep.

En bref, l'un des albums de rock les plus soignés de 1972-3, et certainement l'un des plus négligés. Il n'y a pas de véritables classiques sur cet album - pas de hits monstrueux, mais chaque chanson est un petit hit personnel qui attend que vous le découvriez et le partagiez - mais seulement avec les gens que vous aimez vraiment.
Certif1ed


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Message par alcat01 » lun. 10 avr. 2023 15:07

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1979 : Eyes of the universe
Bien qu'il s'agisse du premier album de BJH sans Woolly, dans l'esprit Eyes Of The Universe appartient toujours à son époque avec le groupe - le son, l'ambiance, l'écriture et les arrangements ont tous un fort air de famille avec les autres albums de la fin des années 70 plutôt qu'avec Turn Of The Tide et ses successeurs. Le fait que cet album ait été le dernier des quatre albums enregistrés aux Strawberry Studios de Stockport n'est peut-être pas anodin ! De nouvelles mains [celles de Kevin McAlea] et des séquenceurs jouent clairement les parties de clavier, ce qui laisse présager des choses à venir, mais sinon c'est comme d'habitude, avec des guitares sous diverses formes au premier plan sur la plupart des chansons.
Bien sûr, l'époque des hymnes imbibés de Mellotron est révolue depuis longtemps, mais c'est un bon album dans le contexte de la production plus douce, plus lisse et plus légère du groupe à la fin des années 70, parmi les meilleurs albums post-Woolly, et seules quelques chansons plus faibles l'empêchent d'occuper une position plus élevée dans le canon de BJH. Les chansons de Les sont de loin les plus fortes à cette occasion, peut-être s'est-il délecté de leur nouvelle situation, produisant plusieurs mélodies faciles et fluides avec des arrangements inventifs, alors que John semble s'être un peu égaré en recourant à de vieux clichés musicaux et à des paroles éculées.

Commençant l'album par une belle pulsation de synthé, la joyeuse chanson d'amour de Les, Love On The Line, plante le décor avec un mélange idéal de guitares et de synthétiseurs. The Song (They Love To Sing), qui rappelle poétiquement la mystique de la performance live, est la première apparition de ce qui allait devenir un stéréotype de Les - une ballade fluide à base de synthétiseurs, au rythme moyen, avec un doux roulement et une ambiance pastorale/éthérique. Il s'agit d'un exemple très supérieur et sous-estimé qui contient une astuce lyrique intelligente. Avec de jolies phrases de guitare rythmique, Rock N Roll Lady est un rock classique de style BJH, au rythme moyen et roulant, qui parle de ceux qui sont attirés par le glamour de la célébrité.
Les's Play To The World est un classique de BJH, qui suit le thème et l'ambiance musicale de The Song (They Love To Sing), mais l'élève à un niveau supérieur grâce à un magnifique travail de guitare atmosphérique et à un merveilleux solo de saxo dans une longue coda spatiale. La structure des accords est construite de manière à produire une fausse levée après chaque cycle [il doit y avoir un terme technique pour ce phénomène], un dispositif brillant qui trompe l'auditeur en lui faisant croire que la chanson s'élève dans les cieux. Une chanson spirituellement édifiante et une fin extatique pour l'album.
Les contributions de John sont mitigées. Alright Down Get Boogie se veut un commentaire léger sur l'engouement pour le disco, mais échoue à tous égards. Skin Flicks, dont le sujet est explicite, a un arrangement lourd et peu convaincant de type start-stop-start qui ne s'améliore vraiment qu'avec un joli solo de guitare dans la coda. Sperratus - une autre chanson sur le thème des interprètes, cette fois du point de vue d'une superstar - est la meilleure chanson de John, basée sur une belle mélodie lente qui s'accélère et devient agressive pour les refrains. Capricorn, une belle chanson aux paroles vides de sens, possède une bonne mélodie progressive menant à un refrain accrocheur, mais n'a finalement que peu de substance.

Lorsque les deux auteurs-compositeurs étaient en forme, la version à trois de BJH était un très bon groupe AOR soft-rock-pop capable de produire de bons albums. Cette fois-ci, Les n'est pas encore tombé dans le bourbier des clichés et des stéréotypes qui vont nuire à son travail ultérieur : ses chansons sonnent fraîches et vibrantes, même si les paroles sont un peu insipides. En revanche, les contributions de John sont relativement faibles et peu représentatives.
Dans l'ensemble, un album agréable, même s'il ne faut pas s'attendre à y trouver beaucoup de Prog !
Joolz


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Message par alcat01 » lun. 10 avr. 2023 16:51

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Rocksession 1973
Dans la lignée de l'album précédent "Steig Aus", Embryo a continué à creuser de plus en plus profondément dans son intérêt pour le jazz et la fusion afin d'établir fermement sa voix sur la scène avant-gardiste allemande. La dérivation stylistique qui s'était subtilement accrue avec chacun de leurs trois premiers albums avait finalement porté ses fruits dans l'effort excitant et rafraîchissant de "Steig Aus", et maintenant "Rocksession" a pour mission de la renforcer.
Ce cinquième album est plein de beauté, de vibrations éthérées et d'enthousiasme vibrant du début à la fin. Les standards de frénésie psychédélique et d'explosivité sont atténués par rapport aux trois premiers albums du groupe, mais l'énergie et l'impulsion restent patentes et pertinentes pour le son nucléaire d'Embryo. L'une des principales préoccupations concernant les livraisons instrumentales est de permettre à chaque individu de briller sans briser l'ambiance générale. L'exotisme afro-musulman de 'A Place to Go!' présente une couleur ethnique étonnante, recyclée à travers une aura de mystère : cette vibration jazz est notamment influencée par Weather Report. Il est juste dommage que ce motif attrayant ne soit pas développé au-delà des 4 ½ minutes. 'Entrances' est un morceau beaucoup plus long, d'une durée d'un quart d'heure. Le groupe continue d'explorer l'univers de Weather Report, avec des touches supplémentaires de Miles Davis et du début de Return to Forever. Il ne fait aucun doute que le cœur et l'esprit de Christian Burchard étaient proches du jazz d'avant-garde développé aux États-Unis à l'époque. Jackson est très présent dans son travail électrisant à l'orgue Hammond (ce vibrato distordu crée une atmosphère très surréaliste à plusieurs endroits), tandis que Burchard fait preuve d'une ressource de complexité avec ses astuces de syncope et ses remplissages astucieux. Pour la dernière partie, Hoffmann livre un magnifique solo de saxophone qui aide le morceau à conserver sa candeur essentielle jusqu'au fondu enchaîné. Hoffmann joue un rôle plus important dans "Warm Canto", où il joue du violon (son instrument le plus récurrent). Le motif de base est très beau, avec un mode relaxant qui permet au groupe d'explorer sa facette introspective. Le solo d'orgue est surtout une expansion du motif du violon, tandis que les leads simultanés à la guitare et au piano électrique sont basés sur des progressions d'accords fluides livrées avec une facilité insoupçonnée. A un moment donné, l'entrée du vibraphone oblige le violon à reprendre le motif principal et à le remodeler dans le for avec la guitare : cette interaction apporte une chaleur particulière aux dernières minutes du morceau. Je suis convaincu qu'il s'agit de l'un des morceaux les plus émouvants d'Embryo. 'Dirge' est un autre morceau candide et introspectif qui met en avant le côté réfléchi du groupe, en y ajoutant une ambiance funky gérée de manière exquise. De cette manière, 'Dirge' complète et achève l'aura planante qui s'était déjà manifestée dans le morceau précédent.

En fin de compte, même s'il n'est pas aussi explosif que l'album phare "Steig Aus", "Rocksession" est un excellent exemple d'Embryo au sommet de son art.
Cesar Inca


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Message par alcat01 » lun. 10 avr. 2023 19:14

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Fifth Element (1998)
Le deuxième des deux albums de JADE WARRIOR enregistrés en 1973 mais qui ne sont sortis qu'en 1998 reflète un autre changement dynamique dans la "direction" du trio, si tant est que l'on puisse parler d'une quelconque direction dans leur parcours. Bien qu'il ait été enregistré à la même période qu'"Eclipse" et qu'il ait peut-être partagé avec lui certaines des mêmes sessions, "Fifth Element" n'exprime pas les mêmes génotypes et phénotypes. De plus, il offre le plus direct de tous les liens possibles avec les années Island à venir, sous la forme d'une version précoce de "On the Mountain of Fruit and Flowers" qui apparaîtra pour la première fois sur "Floating World" en 1974, un album que beaucoup de ceux qui ne sont pas figés sur le mantra "les premiers albums sont les meilleurs" considèrent comme leur meilleur moment, BRIAN ENO étant apparemment de ceux-là.

Il ne fait aucun doute que "Mountain of Fruit..." est charmant, mais il faut consciemment vider les banques de mémoire pour apprécier ce qu'il devait sonner avant sa première apparition officielle sur disque. Oui, une exposition brillante, bien que caractéristiquement longue - la première version officielle durerait 2 minutes de moins et serait meilleure pour cela - de la direction que prenait le groupe et de la façon dont il pouvait se débrouiller sans les narrations défoncées de King Crimson de Glyn Havard. Ce qui est le plus surprenant, c'est que, dans un élan de lucidité, ils ne démontent pas complètement cette prémisse au cours des 35 minutes suivantes, avec ou sans Havard.
C'est une proposition bien plus douce que "Eclipse". Les ballades " Hey Rainy Day " et " Annie ", ainsi que la surprenante " Have you Ever ", qui combine à la fois réflexion et agressivité, se situent toutes dans un voisinage un peu moins embourgeoisé que leurs consœurs des albums précédents. "We are the One", bien que grammaticalement défaillante, aurait pu être une influence pour des artistes comme CAMEL, STEVE HACKETT et ROUSSEAU, et, si l'on en croit les fans de JADE WARRIOR, ils l'ont probablement été. Du côté instrumental, "Yam Jam" reflète une influence latino-américaine et spécifiquement SANTANA dans les rythmes et les guitares, et est également assez savoureux.

L'une des interprétations du cinquième élément est celle de l'éther, à partir duquel la terre, l'air, le feu et l'eau sont tous formés. Cet élément est parfois considéré comme Dieu ou, plus universellement, comme l'esprit.
Voilà, JADE WARRIOR introduit le nouvel âge 10 ans avant son ascension commerciale. Ils allaient continuer à le définir in utero au cours des cinq années suivantes.
kenethlevine


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Message par alcat01 » mar. 11 avr. 2023 06:27

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Alvin Lee And Company 1972
Cet ''Alvin Lee & Company'' est sorti dans les bacs en 1972 alors que la plupart des enregistrements datent sans aucun doute d'avant 1970. Vous l'aurez compris, il s'agit de fonds de tiroir ! Il est clair que DERAM a juste voulu se faire du blé sur le dos du groupe.
Mais bon, ne soyons pas trop négatifs et essayons de voir le bon côté des choses. Il y a tout de même sur ce disque quelques morceaux intéressants :
Tout d'abord, ''The sounds'', sorti en single. Un Blues bien cradingue où la voix d'Alvin Lee fait merveille. Le second titre, ''Rock your mama'', est un Rock très classique. On pourra facilement lui préférer sa version live issue de UNDEAD. Le titre suivant, ''Hold me tight'' reste mon préféré car complètement étranger à la production musicale habituelle du groupe. Si ma mémoire est bonne, c'est sans doute un des rares titres du groupe où l'on n'entend pas une note de guitare ! Etonnant, n'est-ce pas ? Vient ensuite ''Standing at the crossroads'' que l'on retrouve aujourd'hui sur la réédition d'UNDEAD. L'avant-dernier morceau, ''Portable people'', également sorti en single, est une petite merveille acoustique. Malheureusement, ce titre fait plus démo qu'enregistrement définitif ! Enfin, l'album se termine avec ''Boogie On'', longue jam de plus 14 minutes. Chacun y va de son petit solo et, même si on est un fan de TEN YEARS AFTER comme moi, c'est un peu gonflant.
Viennent ensuite les bonus tracks uniquement valables sur le CD. D'abord, la versions studio de ''Spider in my web'' qui n'existait alors qu'en B-side de single. Superbe Blues, rien à redire. Puis, la version single de ''Hear me calling'', sans aucun intérêt. Idem pour la version single de ''Going home'', issu de UNDEAD.
Donc, pour résumer, je ne conseillerais pas cet album à un novice pour qu'il découvre l'univers musical du groupe. Par contre, pour les fans, pour compléter leur collection...
Little Banh Cuon from VN


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Message par alcat01 » mar. 11 avr. 2023 06:30

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1976 A Day At The Races
A Day at the Races, à défaut de vouloir imiter l’album précédent (et heureusement !), comme bon nombre de personnes le croient, apparaît comme son complémentaire, la deuxième face de la pièce de monnaie, aussi sûrement que le jour et la nuit se complètent dans le petit cycle d’une journée terrestre.
Cet album excellent paraît plus mature, ou du moins plus mesuré. On y retrouve une ambiance chatoyante et luxueuse, mais dont le coup de folie a légèrement diminué (à ce titre, on ne retrouvera pas de morceau fleuve comme "Prophet’s Song" ou de titre totalement insipide et linéaire comme "Bohemian Rhapsody" ;-)). Ce qui semble paradoxal, à l’image de la pochette, c’est l’ambiance plus sombre. Alors qu’A.N.A.T.O, censément nocturne, affichait une clarté décomplexée, A.D.A.T.R se pare de la teinte vespérale d’une tenue de soirée.
Reste que A Day At the Races garde la grande classe et possède des atouts, entre pop et hard-rock, qui ont de quoi séduire.

On entre dans l’album, passée la courte introduction de rigueur, avec le rentre-dedans "Tie Your Mother Down", grande leçon de hard-rock accrocheur et ironique (Take your little brother swimmin‘ with a brick, that’s allright), qui ne pâlit absolument pas, d’ailleurs, face à un "Death On Two Legs" dans le même genre. Ce serait même plutôt le contraire. Ensuite, on enchaîne avec une sérénade aux accents de complainte feutrée, "You Take My Breath Away", qui prouve, s’il en était encore besoin, que Freddie Mercury peut faire frissonner avec de simples accords de piano pour le soutenir.
Autre joyau sur la couronne, "The Millionaire Waltz" qui, comme son nom l’indique, adopte le rythme ample de la valse, mené d’abord au piano, puis à la guitare et soumis à de subtiles variations, comme tel passage introspectif ou telle explosion de riffs, avec un bonheur certain.
On peut évoquer aussi le célèbre "Somebody to Love" dont les chœurs prennent des inflexions gospels, "Good Old-Fashioned Lover Boy", délicieusement rétro (tout est dans le titre) où Freddie s’improvise crooner ou encore les agréables pop-rock "Long Away" (chanté par May) et "You and I". Notons pour finir le hard-rock "White Man" et l’introspectif "Drowse" (interprété par Roger), un peu moins marquants, mais qui s’apprécient malgré tout comme des morceaux charnière. Et l’album s’achève alors sur l’excellente ballade "Teo Torriate" qui joue sur la montée en puissance et les chœurs, avec une mélodie et deux refrains (dont le second est en japonais) des plus accrocheurs.

A effectuer un tel inventaire, on se rend compte qu’il n’y a rien à jeter dans cet album : il tient la distance et ne cherche pas, dans une vaine tentative, à renouveler l’expérience d’A.N.A.T.O ; apprécions-le à sa juste valeur : un petit bijou trop souvent sous-estimé dans la longue discographie de QUEEN (car manquant de tubes, sans doute).
En conclusion, A Day at the Races est plutôt riche émotionnellement, moins délirant que son prédécesseur, mais peut-être plus homogène, outre le côté romantique davantage observé. A mon avis, l’auditeur n’y perd pas tant que ça au change. Le groupe va de l’avant, évolue et c’est tant mieux, comme le prouveront encore les albums suivants, à chaque fois différents.
Un indispensable du groupe.
MR. AMEFORGEE


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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » mar. 11 avr. 2023 10:42

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1991 : Little Village
Parfois, la foudre ne peut pas frapper deux fois au même endroit, quels que soient les efforts déployés, et l'unique album de Little Village en est la preuve.
En 1987, le guitariste Ry Cooder, le bassiste Nick Lowe et le batteur Jim Keltner ont accompagné le chanteur et auteur-compositeur John Hiatt sur son album Bring the Family ; l'album a été salué comme un classique instantané, mais les négociations pour réunir le groupe pour l'album suivant de Hiatt ont échoué.
Cinq ans plus tard, les quatre musiciens sont persuadés d'essayer à nouveau de travailler ensemble, mais cette fois-ci, au lieu de soutenir Hiatt, ils forment un groupe appelé Little Village, dont tous les membres écrivent collectivement et Hiatt, Cooder et Lowe s'échangent les voix.
L'idée était prometteuse et il est indéniable que ces gars-là jouent ensemble avec brio; Little Village est plus rock que Bring the Family, avec Keltner et Lowe qui génèrent une bonne dose de groove, et Cooder qui apporte une part importante de sa guitare funky caractéristique. Mais alors que les chansons de Bring the Family étaient puissantes, personnelles et souvent profondément émouvantes, ici le groupe donne l'impression de vouloir faire un album de fête et de bon temps, et même si c'est effectivement un bon temps, les résultats ne sont pas aussi satisfaisants; les calvities et la mauvaise conduite peuvent être drôles, mais l'amour et la famille sont le genre de choses qui vous restent en mémoire.
De plus, alors que Little Village était censé être une démocratie, il est significatif que John Hiatt se soit retrouvé avec la part du lion au chant, et la plupart des chansons sonnent comme, eh bien, comme des chansons de John Hiatt, ce qui n'est en aucun cas une mauvaise chose, mais avec des auteurs et des chanteurs du calibre de Nick Lowe et Ry Cooder à bord, il est dommage que nous n'entendions pas plus d'eux.
Après un album et une tournée, Little Village a mis un terme à ses activités, et si l'album montre qu'ils savaient travailler ensemble, le produit fini n'est qu'un bon divertissement, plutôt que le deuxième classique instantané qu'ils visaient.
Mark Deming


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Message par alcat01 » mar. 11 avr. 2023 13:11

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All Pink Inside 1975
Sur "All Pink Inside", La composition du groupe Frijid Pink est la suivante: le batteur original de longue date Richard "Rick" Stevers, ainsi que les nouveaux membres Jo Baker (chant) et le bassiste Larry Popolizio.
A la première écoute, on constate que le combo est revenu à ses racines Blues Rock, mais sans le Heavy Psyché ajouté entendu sur leurs trois albums précédents.
A noter aussi que l'album contient une excellente reprise de "School Days" de Chuck Berry.
Un disque qui mériterait certainement d'être plus connu!


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Re: à l'écoute chez Alcat01 en ce moment

Message par alcat01 » mar. 11 avr. 2023 14:57

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1981 : Turn of the tide
Il s'agit du premier enregistrement numérique du trio BJH et du premier à inclure le pilier Colin Browne. Ce n'est pas l'un de leurs meilleurs ! La plus grande partie de l'album passe sans être troublée par des démonstrations excessives d'inspiration ou toute tentative sérieuse d'échapper à un cocon douillet et chaud de médiocrité soft-rock/pop facile à écouter. Le son est plutôt cassant, avec un faux reflet haut de gamme typique des premiers enregistrements numériques, et c'est le dernier sur lequel la voix de Les n'est pas engloutie par de grandes quantités de réverbération ou d'écho comme sur les albums suivants. Ici, il sonne beaucoup plus directement - dans la salle de concert plutôt qu'à l'Albert Hall - et c'est tant mieux.

Des sept premières chansons, peu d'éléments exceptionnels ressortent : Les chansons de John comportent au moins des guitares et des synthétiseurs, contrairement à celles de Les qui sont presque exclusivement dominées par les claviers, mais aucune n'inquiéterait outre mesure un compilateur de 'best of' ! Les choix sont minces : How Do You Feel Now a des paroles romantiques mais un bel arrangement orchestré ; Highway For Fools est un rock plus agressif avec des guitares multipistes ; l'atmosphérique Echoes And Shadows est l'une des meilleures chansons " à la dérive " de Les, comme Play To The World ; le doom-laden Death Of A City évoque Armaggedon avec un arrangement rock aérien ; Waiting On The Borderline, Back To The Wall et I'm Like A Train sont agréables et sautillants, mais ne se distinguent pas autrement.
Les trois derniers morceaux sauvent la mise, simplement parce qu'ils sont différents. Doctor Doctor est un arrangement intelligent qui illustre une chanson sur la dépression et la drogue naturelle qu'est l'amour. Il est assez vivant et présente une belle structure mélodique progressive, mais l'accompagnement principal bégayant devient laborieux et exagéré avec un manque de mouvement. En revanche, Life Is For Living est une chanson pop facile, fluide, légère et sans intérêt, qui est devenue l'une des préférées du public, sans doute parce qu'elle est facile à chanter. Joli arrangement cependant !
In Memory Of The Martyrs est le véritable joyau de ce disque, une ballade majestueuse au rythme moyen qui évoque en termes poétiques les nombreuses personnes qui sont mortes en tentant de franchir le mur de Berlin alors que l'herbe était vraiment plus verte de l'autre côté. Commençant par un solo de synthé soulignant la mélodie principale, la scène est bientôt plantée par divers motifs de synthé jouant avec de jolies guitares acoustiques massées, créant une ambiance émotionnelle similaire à celle de l'ancien favori Hymn.

Dans l'ensemble, Turn Of The Tide est une sorte de creux pour le groupe en général [malgré, ou peut-être à cause, de son succès commercial], et n'est pas à recommander à l'acheteur de Prog occasionnel. C'est professionnel, c'est poli, mais bien que rien ne puisse être considéré comme offensivement mauvais, il y a tout simplement trop peu pour faire battre le pouls.
Joolz


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