Sur le chemin de l'Anthologie de la musique folk Américaine

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vox populi
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Re: Sur le chemin de l'Anthologie de la musique folk Américaine

Message par vox populi » sam. 27 janv. 2024 09:22

Chapitre 15 Charles Giteau de Kelly Harrell enregistrée en 1927




Charles guiteau est une chanson qui relate le meurtre du président James A. Garfield par Charles Guiteau le 2 juillet 1881. Ce jour là Garfield doit quitter Washington  pour prendre quelques vacances avec sa famille. Lorsque le président arrive à la gare il n’est accompagné par aucun service d’ordre  ni d'aucune mesure de sécurité particulière. Alors que Garfield se dirige vers son train Guiteau s'approche et presse la détente dans le dos du président à bout portant. Garfield s'écrie « Mon Dieu, qu'est-ce donc ?! » Guiteau tire à nouveau et Garfield s'effondre. Guiteau remet le revolver dans sa poche et sort de la gare pour monter dans une calèche. C'est alors qu'il est appréhendé par un agent de police et conduit au commissariat.
Après une longue et pénible lutte contre les infections, dues à ses blessures et à l'incompétence de ses médecins, Garfield meurt le 19 septembre, onze semaines après l'attentat.

On a pensé quelques temps que la chanson avait été écrite par Guteau lui même, car elle raconte sa vie et ses dernières heures avant sa pendaison le 30 juin 1882. Cette croyance était d’autant plus forte que Guiteau écrivait en effet des poèmes. Il a en particulier déclamé un texte à quelques minutes de sa pendaison, un poème qu’il avait composé quelques heures plus tôt qui se nomme
« I am Going to the Lordy ».

Avant de réciter son poème, Guiteau a déclaré : « Je vais maintenant lire quelques vers qui sont destinés à indiquer mes sentiments au moment de quitter ce monde. Plusieurs fois pendant la lecture, la voix de Guiteau déraillait et il commençait à sangloter, s'arrêtant même pour poser sa tête sur l'épaule d'un homme debout à ses côtés.. Juste avant l'achèvement du poème, Guiteau a élevé sa voix encore plus haut  dans les aigus pour livrer les deux dernières lignes pendant que le bourreau mettait la cagoules sur la tête de Guiteau et lui passait la corde autour du cou. Conformément à la demande du bourreau, Guiteau a signalé qu'il était prêt à mourir en laissant tomber le papier.

Voici le texte original
I am going to the Lordy, I am so glad,
I am going to the Lordy, I am so glad,
I am going to the Lordy,
Glory hallelujah! Glory hallelujah!
I am going to the Lordy.
I love the Lordy with all my soul,
Glory hallelujah!
And that is the reason I am going to the Lord,
Glory hallelujah! Glory hallelujah!
I am going to the Lord.
I saved my party and my land,
Glory hallelujah!
But they have murdered me for it,
And that is the reason I am going to the Lordy,
Glory hallelujah! Glory hallelujah!
I am going to the Lordy!
I wonder what I will do when I get to the Lordy,
I guess that I will weep no more
When I get to the Lordy!
Glory hallelujah!
I wonder what I will see when I get to the Lordy,
I expect to see most glorious things,
Beyond all earthly conception
When I am with the Lordy!
Glory hallelujah! Glory hallelujah!
I am with the Lord.


Dans ce poème Guiteau se présente comme le sauveur incompris de l’Amérique, certain que Dieu allait lui rendre justice pour ses actes. Guiteau était une personnalité visiblement troublée. Né à à Freeport dans l'Illinois, en 1841. Il tente des études dans le domaine du latin et de l’algèbre avant de rejoindre une secte, à la demande de son père.

La communauté d'Oneida est une communauté utopique fondée en 1848 par John Humphrey Noyes à Oneida dans l'État de New-York Le groupe explorait la mise en commun de tous les aspects de l’existence, de la propriété à la vie sexuelle et affective. Trois grands principes fondaient la vie du groupe.
Le mariage à plusieurs, Chaque membre adulte de la communauté est marié à tous les autres membres. Il est libre d'avoir des relations sexuelles avec les personnes de son choix sans exclusivité.
L’enseignement par les anciens : L'éducation sexuelle est prônée par les membres les plus anciens de la communauté. À partir de 14 ans, chaque jeune personne vierge participe au mariage à plusieurs. Un groupe spécial, composé des « membres centraux » (Central Members : les membres les plus anciens de la communauté), enseigne aux jeunes vierges la parfaite maîtrise de l'acte sexuel. La rétention de l’éjaculation Chaque homme devait pratiquer les techniques de rétention de l'éjaculation, cela dans le but d'augmenter la durée des rapports sexuels mais surtout comme moyen de contraception. Les jeunes hommes sont formés à ces techniques de rétention de l'éjaculation par des femmes déjà ménopausées, donc libérées de tout risque de grossesse. Ces femmes choisissent l'élu de leur choix, et aucun refus n'est possible, le but étant d'aider l'homme à se perfectionner le plus possible. Le droit de reproduction est ainsi réservé à des géniteurs et génitrices désignées à cette fin. C'est pourquoi, en 30 ans, sur une communauté de plus de 300 habitants, seuls 58 enfants sont nés de « parents sélectionnés ».
Il est amusant de noté que les fondements philosophique (sans l’aspect sectaire lié à la sexualité dans la ciommunauté d’oneida) de cette secte sont issues d’un penseur Francais du nom de Charles Fourier.. Ce dernier avait théorisé l’existence des  phalanstère. Une sorte d'hôtel coopératif pouvant accueillir quatre cents familles (environ deux mille membres) au milieu d'un domaine de quatre cents hectares où l'on cultive essentiellement . . les fruits et les fleurs  Le phalanstère est un bâtiment de très grande taille : une longueur d’environ 1km (En comparaison le château de versaille ne fait que 400 mètre de longueur sur une surface totale de 4km2 ! A l’intérieur du bâtiment on trouverait des salles pour toutes les activités humaines (opéra, salle à manger, dortoir, bourse, musées etc..L’objectif de cette mise en commun est de facilité les échanges entre les individus. Il s’agissait de créer une société idéale. Les phalanstères ont fait l'objet de tentatives d'application nombreuses en France et aux États-Unis au xixe siècle. Le plus célèbre fut le familistère de Guise (Aisne), créé par Godin sur des plans qu'il avait établis lui-même, et qui conserva sa fonction à l'identique jusqu'en 1968. Il est aujourd'hui classé au titre des monuments historiques et toujours habité.
L’idée s’est également exporté Les colons qui se sont installés au Brésil  avaient lu Charles Fourier ainsi qu'Auguste Comte. Des phalanstères ou des communautés ont été créés par des disciples de Fourier en Argentine, au Brésil, au Mexique et aux États-Unis. Le modèle des kiboutz ont également été largement influencé par cette pensée au 19eme siècle.
Dès les années 1880, un réseau de kibboutz prend forme au Levant, selon un modèle de phalanstères. Bien qu'ayant largement évolué en cent trente années, le kibboutz israélien reste probablement le seul modèle encore existant de phalanstère.
Aujourd’hui cette philosophie bénéficie d’un souffle nouveau à travers les projets d’habitat participatif

Pour en revenir à Guiteau, ne parvenant pas vraiment à s'intégrer tout au long des cinq années qu’il passe dans la communauté. Il finit par quitter définitivement le groupe pour s’installer à chicago où il passe une licence de droit Il ouvre un cabinet dans cette ville en se vantant de la soi-disant recommandation de personnes célèbres de l'époque. Une fois encore, il échoue. Il ne plaide qu'une seule fois devant la cour. Guiteau se tourne ensuite vers la théologie. Il publie en 1879 un ouvrage intitulé The truth: a companion to the Bible, qui est un pur plagiat de l'œuvre de John Humphrey Noyes le père de la secte où il passa 5 ans. Le livre fit un flop, il se tourna alors vers la politique. Il écrit un discours de soutien à Ulysses S. Grant intitulé Grant vs. Hancock, qu'il rebaptise en Garfield vs. Hancock après que Garfield remporte l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 1880.
Persuadé que ce texte (imprimé à quelques cent exemplaires) a permis à Garfield de gagné les élections, il se rend a washington pour exiger un poste d’ambassadeur en récompense de son engament. Evidemment le président ne donnera pas suite à sa demande ce qui provoquera la haine de Guiteau qui fomentera alors l’attentat contre le président.
Durant son procès il affirmera que son action lui a été dictée par Jésus pour sauver l’Amérique et il se voit déjà sortant triomphant du tribunal pour entamer une grande carrière de conférencier.. Il est réellement consterné lorsque le jury le déclare coupable et le condamne à mort.
Le jour de son exécution il ira à la potence en dansant.
Le personnage fit évidemment grand bruit dans toute l’Amérique à tel point qu’un morceau de son cerveau a été conservé par un musée de Philadelphie.

Lorsque la chanson relatant son exécution commença à circuler , peu après son exécution, ils étaient nombreux à penser qu’il s’agissait d’un texte de Guiteau. Nous savons aujourd’hui qu’il n’en est rien. Si l’auteur de la chanson est inconnue le contenu est une variante d’une autre chanson des Appalaches nommée the lamentation of James Rogers et dont la première exécution connue remonte à 1858 dans le comté de New York. Cette chanson parle de la pendaison d’un jeune immigré Irlandais qui a tué lors d’une rixe un passant dans la ville de New York. l’affaire fit grand bruit au point que son exécution privé conduisit les habitant des la ville à grimper sur le toit de leur maison pour espérer voir un bout de l’exécution. l’Exécution s’est mal passé et le condamné du souffrir 8 minutes avant de mourir asphyxié, ce qui provoqua un nouveau scandale et très certainement l’écriture de cette chanson pleine de compassion pour le condamné.
Voici les paroles de la chanson et un air enregistré en ..1924 !
https://www.minnesotafolksongcollection ... m/mcd/a014

l’auteur de la ballade de Guiteau s’en est grandement inspiré en changeant les dates et quelques éléments historiographiques. Il s’agit là d’une pratique répandue dans le domaine des Laws Songs qui sont consacrées aux meurtres et exécutions qui étaient une des grandes attractions dans les société traditionnelles.
Ainsi l’air de la chanson est le même que celui d’autres morceaux consacrés à des affaires criminelles. Je pense aux chansons sur John T. Williams" et "Ewing Brooks" par exemple.
De toutes les chansons évoquant les criminels celle à propos de Guiteau reste une des plus célèbres. Au début du 20eme siècle elle est chantée dans tous les Etats du sud à l’est du mississippi ainsi que plusieurs versions à l’Ouest. Il existe une quinzaine de version différentes

En voici quelques une
Une version particulièrement originale par un groupe contemporain appelé "Meindert Talma & the Negroes"


une version instrumentale du grand Roscoe Holcomb


une version plus traditionnelle


une version plus langoureuse de Loman Cansler


Toutes ces versions sont peu ou prou inspiré par la première enregistré par Kelly Harrell en 1927. C’est cette version qu’on trouve dans l’anthologie d’Harry smith. Il s’agit là de la deuxième chanson de Harrel présente dans l’anthologie. Il enregistra cette chanson en compagnie de  Alfred Steagall à la guitare, RD Hundley au banjo et Posey Rorer au violon. Si ce genre de configuration, en quartet, était assez banale en 1927 elle deviendra quasiment impossible après la grande dépression de 1929. les problèmes financiers des maisons de disques les empêchant de payer plusieurs musiciens pour une session. Le fait que Harrel ne jouait d’aucun instrument à conduit à la fin de sa carrière alors qu’il était une grande vedette quelques années plus tôt.

sources
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_J._Guitea
https://en.wikipedia.org/wiki/I_am_Going_to_the_Lordy
https://famous-trials.com/guiteau/2202-lastwords
https://en.wikipedia.org/wiki/Charles_Guiteau_(song)
https://genius.com/Kelly-harrell-charles-guiteau-lyrics
https://secondhandsongs.com/performance/1047619/all
https://oldweirdamerica.wordpress.com/2 ... ring-band/
https://www.lizlyle.lofgrens.org/RmOlSn ... esGuit.htm
https://www.executedtoday.com/2012/11/1 ... -lamented/
https://en.wikipedia.org/wiki/Kelly_Harrell

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Re: Sur le chemin de l'Anthologie de la musique folk Américaine

Message par vox populi » sam. 2 mars 2024 08:32

Chapitre 16 BANDIT COLE YOUNGER enregistrée par Edward L. Crain en 1931



Cette chanson raconte l'histoire d'un fait divers, un braquage de banque qui est resté célèbre jusqu'à aujourd'hui !
Que s'est t'il passé?

Pour comprendre l'importance de ce fait divers il faut remonter aux origines.

La frontière entre le Kansas et le Missouri était un point névralgique avant même la guerre de sécession de la tension entre les Etats Esclavagistes et les Etats Favorables à la suppression de l'esclavage  : le Kansas était théoriquement un État libre, tandis que le Missouri autorisait l'esclavage. Lorsque les troupes de l'Union envahirent le Missouri en 1861, elles durent affronter à la fois les troupes confédérées et un certain nombre de bandes de guérilla, dont une formée par William Quantrill. Deux des membres de son groupe étaient le frère aîné de Jesse James, Frank, et Cole Younger, le fils d'une famille esclavagiste. En plus de tendre une embuscade aux troupes de l'Union, les Raiders de Quantrill ont terrorisé les civils, comme l'illustre le massacre de 1863 durant lequel 200 hommes et garçons non armés à Lawrence, Kansas ont été tués.
A la fin de le guerre, Dans son deuxième discours inaugural de 1865, Abraham Lincoln a visualisé un avenir américain "sans méchanceté envers personne, avec charité pour tous". 
Cela ne s'est pas passé ainsi. 
En tant que perdants le Sud a enduré un certain nombre d'humiliations et d'indignités de la part du Nord, et certains des rebelles n'ont pas démissionné en particulier dans le Missouri : après la mort de Quantrill, ses Raiders ont continué à harceler les États frontaliers sous la direction de deux autres dirigeants (tous deux également tués) jusqu'à ce que Frank et Jesse, ainsi que les Younger Brothers (Cole, Jim et Bob), modifient leur tactique pour former le gang James-Younger en 1866.
Ce fut un succès car il se concentra sur deux entités riches que les gens ordinaires percevaient comme des ennemis du Nord : les chemins de fer et les banques. Ils ont acquis une réputation de Robin Hood en cambriolant de nombreuses banques et trains.

Ainsi en septembre 1876, 8 membres du gang prirent un train pour St. Paul, Minnesota, louèrent des chevaux et entreprirent de cambrioler la banque Northfield. 

Ils l'ont choisi parce que deux généraux de l'Union à la retraite, Butler et Ames, possédaient des actions de la banque. Le vol a été un fiasco : ils ont tué le caissier, mais n'ont pas reçu d'argent. Des citoyens ont ouvert le feu et tué deux des voleurs à l'extérieur de la banque. Un grand groupe a suivi le reste, rattrapant les Youngers à Madelia, Minnesota. Les frères James se sont échappés et sont retournés au Missouri mais les frères younger dont Cole Porter, le héros de notre chanson se sont fait arrêtés.
Les Youngers ont plaidé coupable afin d'éviter la pendaison et ont été condamnés à perpétuité au pénitencier d'État de Stillwater. Bob est mort de la tuberculose en 1889, tandis que Cole et Jim ont été libérés sur parole en 1901. Jim s'est suicidé un an plus tard, mais Cole s'est associé à Frank James en 1903 pour tourner en tant que Cole Younger & Frank James Wild West . Company , démontrant leurs raids et donnant des conférences sur la façon dont le crime ne paie pas. Frank est décédé en 1915 et Cole, âgé de 72 ans, est décédé un an plus tard.

La chanson

Cette chanson n'est évidemment pas la composition de Cole , et était probablement un poème écrit pour un journal du Nord avant 1882, car il précise que Jesse était toujours en vie. Jessie James a été abattu en 1882.
 John Lomax a rassemblé une version pour ses 1910 Cowboy Songs . Cette interprétation quelque peu différente a été enregistrée par le chanteur de cow-boy texan Edward L. Crain en 1931 et réédité sur Folkways Anthology of American Folk Music . Dock Boggs a enregistré une version fragmentaire en utilisant l' air de Roving Gambler ( Dock Boggs, The Folkways Years; Smithsonian-Folkways SFW40108). Pour la petite histoire Dock Boggs s'est produit en 1965 au St. Olaf College de Northfield, et était très excité quand il a appris qu'on pouvait encore voir les impacts de balles dans le mur de l'ancien bâtiment de la banque. 
Il dira "Nous y sommes allés après le concert et avons pris une photo devant en hommage à la tradition et à ceux qui s'y intéressent suffisamment pour la maintenir en vie."

L'artiste qui a enregistré la chanson Edward L. Crain

-D'après les notes de pochette de la réédition de l'Anthologie, nous apprenons qu'Edward L. Crain était un texan qui jouait de la guitare, du violon et de la mandoline (sur ses enregistrements, il n'utilisait apparemment que la guitare), travaillait dans des ranchs et des rassemblements de bétail et se produisait pour diverses stations de radio dans la région de Forth Worth-Dallas. Il faisait partie de quelques interprètes de "chansons de cow-boy" dans les années 1930 qui étaient vraiment des "cow-boys" ou étaient annoncés comme tels par les maisons de disques. —En faisant une recherche sur le web, je suis tombé sur une interview sur le site Old-time Heraldavec Mark Wilson, un ancien chercheur en musique qui a rencontré Edward L. Crain et parle de lui :

"Bien sûr, j'ai eu The Anthology of American Folk Music et dessus il y avait ce type, Edward L. Crain, chantant "Cowboy Cole Plus jeune », et j'ai réalisé qu'il était le même type que j'avais l'habitude de regarder quelques années auparavant à la télévision l'après-midi". 

Il a ajouté

"Mon père connaissait un peu Eddie alors je l'ai appelé, j'ai emprunté un magnétophone défectueux et je suis allé à Ashland où il habitait. J'étais nerveux comme l'enfer, mais Eddie était un homme très gentil. Il avait été élevé dans un ranch à l'extérieur de Longview, Texas (il a appris "Cole Younger" d'un vieux cow boy là-bas) et avait fabriqué des chapeaux jusqu'à ce que l'asthme l'oblige à déménager en Oregon. Jimmie Rodgers lui a recommandé de s'essayer à l'industrie de la musique et Eddie a dit qu'il était en studio lorsque Rodgers a enregistré "TB Blues". Il a dit que c'était très triste parce que Jimmie était tellement essoufflé qu'il s'effondrait sur un canapé pendant une demi-heure après chaque prise. Au moment où je l'ai rencontré, Eddie avait lui-même développé un grave cas d'emphysème et n'a jamais été capable de chanter lors de mes visites les années suivantes. Eddie connaissait également Goebel Reeves, à qui il se souvenait avoir rendu visite lorsqu'il était en prison. Quoi qu'il en soit, Eddie est parti à New York où il est resté au YMCA et a joué dans des endroits comme The Little Red Schoolhouse in the Village habillé en cow boy. D'une manière ou d'une autre, il a même été réservé pour une tournée avec Jean Harlow et Bing Crosby. Il aimait Harlow mais affirmait que Crosby était "coincé". Il a dit qu'il avait essayé de changer son numéro mais Harlow lui a dit de s'en tenir aux trucs de cow-boy. Tout cela, bien sûr, m'a donné une image assez différente des voies de la chanson folklorique que celle que l'on trouve dans ces livres quelque peu romancés que je lisais ! Depuis, j'ai toujours trouvé que la vraie vie des musiciens folk était tellement plus fascinante que les scénarios que Jean Thomas et ses équivalents modernes conçoivent. C'est pourquoi, dans la mesure du possible, j'essaie d'inclure des déclarations autobiographiques complètes dans les documents que j'édite. Je pourrais mentionner que lorsque j'ai passé le disque "Cowboy Cole Younger" pour Eddie, il m'a fait remarqué que celui ci tournait trop vite, ce qui était apparemment un problème assez courant sur les 78 tours. "



Les variantes

-Voici 14 performances sélectionnées à partir d'enregistrements commerciaux et de terrain. Les mélodies utilisées pour la chanson varient un peu selon les interprètes, certains comme Dock Boggs ont utilisé la même mélodie que la chanson "Roving Gambler".

https://oldweirdamerica.wordpress.com/2 ... d-l-crain/

Pour finir cet article j'aimerai prendre le temps de revenir sur el sujet de l'esclavage qui reste en toile de fond de cette chanson et en particulier le cas du Missouri qui a donné naissance à des légendes du Far west comme Jesse James

L’esclavage aux Etats Unis

Les États du Nord et du Centre des États-Unis, aux climats tempéré ou continental, pratiquaient des cultures sur le type européen, ce qui ne réclamait pas l'esclavage des ouvriers agricoles. L'esclave avait donc disparu de ces États. Dans ces États la population blanche ne remettait pas en cause l'esclavage existant dans le Sud mais ne voulait pas que celui-ci s'étende aux territoires qui seraient conquis lors de l'expansion vers l'ouest au détriment des Indiens.
Par contre les États du Sud avaient développé une culture de plantation pour le riz, le coton. Ces cultures étaient basées sur l'emploi d'une main-d'œuvre agricole nombreuse fournie par les esclaves noirs.
A chaque fois qu'un nouvel État demandait son adhésion à l'Union, le problème de l'esclavage sur son territoire était débattu au Congrès des États-Unis. Les États sudistes souhaitant autoriser l'esclavage, les États nordistes voulant l'interdire. 
En 1818, sous la présidence de James Monroe, un territoire de l'ancienne Louisiane française, le Missouri, où vivent déjà 2000 esclaves, s'apprête à devenir le 23e État des États-Unis. Il demande à son tour le droit de pratiquer l'esclavage. Les représentants des États du nord, qui tolèrent mal la survivance de l'esclavage dans la jeune démocratie américaine, jugent que c'en est trop.
Au Sénat de Washington, l'équilibre précaire entre les onze États esclavagistes du sud et les onze États abolitionnistes du nord est en passe de basculer au profit des premiers, bien que moins peuplés.
Après des débats houleux à la Chambre des représentants et au Sénat, un compromis est conclu le 2 mars 1820 à l'initiative du sénateur du Kentucky, Henry Clay, lequel reste connu dans l'Histoire comme le « Grand pacificateur » (the Great compromiser).
En vertu de ce compromis, un nouvel État anti-esclavagiste, le Maine, est détaché du Massachusetts pour faire contrepoids au Missouri.
Par ailleurs, il est convenu que les futurs États qui seront créés dans l'ancienne Louisiane seront esclavagistes ou abolitionnistes selon qu'ils se situeront au sud ou au nord du 36° 30' parallèle (la frontière sud du Missouri). Ce compromis apaise les tensions pendant trois décennies mais les divergences d'intérêt entre le Nord et le Sud et les questions de principe finissent par resurgir, plus vives que jamais.


La position du Missouri dans l’esclavagisme

Le Missouri est colonisé d'abord par des sudistes voyageant vers l'amont du fleuve Mississippi et de la rivière Missouri. Beaucoup amènent des esclaves avec eux. Le Missouri entre dans l'Union en 1821 en tant qu'État esclavagiste à la suite du compromis du Missouri avec lequel le Congrès accepte que l'esclavage serait illégal dans tous les territoires au nord de la latitude 36°30' à l'exception du Missouri. Le compromis est que le Maine entre dans l'Union en tant qu'État libre pour équilibrer le Missouri.

Des plus grandes préoccupations des propriétaires d'esclaves du Missouri dans les années précédant la guerre est une loi fédérale qui décrète que si un esclave entre physiquement dans un État libre, l'esclave est émancipé.
Le chemin de fer clandestin, un réseau de maisons en sécurité par lesquelles les esclaves en fuite peuvent trouver une protection et un refuge pendant qu'ils se dirigent vers le nord, est déjà créé dans l'État, et les propriétaires d'esclaves s'inquiètent de la possibilité que l'ensemble de la frontière occidentale du Missouri devienne un canal pour le chemin de fer clandestin si les territoires adjacents deviennent des États libres.
En 1854, la loi Kansas–Nebraska annule la politique mise en place par le compromis du Missouri en permettant aux territoires du Kansas et du Nebraska de voter pour savoir s'il rejoindront l'Union en tant qu'État libre ou esclavagiste. Le résultat est une guerre de facto entre les habitants pro-esclavagistes du Missouri, appelés Border Ruffians, et les Free-Staters  du Kansas, chacun voulant influencer la façon dont le Kansas entrera dans l'Union. Le conflit implique des attaques et des meurtres des partisans des deux camps, avec le saccage de Lawrence par les forces pro-esclavagistes et le massacre de Pottawatomie mené par l'abolitionniste John Brown. Il existe une excellente série sur John Brown que je vous conseille et qui relate en partie ces évènements.

Le Kansas approuve d'abord une constitution pro-esclavagiste appelée la constitution de Lecompton, mais après son rejet par le Congrès des États-Unis, l'État approuve la constitution de Wyandotte anti-esclavagiste et est admis dans l'Union en janvier 1861. La violence le long de la frontière du Kansas et du Missouri présage de la violence nationale qui s'annonce, et se poursuivra tout au long de la guerre de Sécession.

En 1860, les premiers colons sudistes du Missouri ont été supplantés par une population non propriétaire d'esclaves plus diverse, dont d'anciens nordistes, particulièrement des immigrants allemands et irlandais. Lorsque la guerre semble inévitable, le Missouri espère rester en dehors du conflit tout en restant dans l'Union mais militairement neutre, sans fournir des hommes ou du ravitaillement et promettant de combattre toute troupes de n'important quel camp qui entrerait dans l'État

Lorsque la guerre éclate la neutralité du missouri est très rapidement testée. Le gouvernement fédéral  craint que des milices pro sudistes prennent les arsenaux de l’État où sont stockés des dizaines de milliers d’armes à feu. Le 29 avril 1961 21 000 fusils sont évacués secrètement vers Alton en Illinois ce qui mets en rage le gouverneur Jackson. Le gouverneur du Missouri (qui on le sait aujourd'hui travaillait en sous main pour les états confédérés et envisageait de sortir son Etat de son statut de neutralité pour le faire rejoindre les Etats sécessionniste) fait appel à la milice de l'État du Missouri  pour des manœuvres dans la banlieue de St. Louis  proche de l’arsenal principal de l’État. Ces manœuvres sont perçues comme une tentative de capturer l'arsenal par le gouvernement des Etats Unis. Le 10 mai 1861, les armées unioniste attaque la milice et la convoie dans les rues de St. Louis. Une émeute éclate, et les troupes  du nord  ouvrent le feu sur la foule qui attaque, tuant 28 personnes et en blessant 100 autres.. Le lendemain, l'assemblée générale du Missouri autorise la formation de la garde de l'État du Missouri   pour résister à ce qui est considéré comme une agression nordiste. L’union propose alors un compromis en acceptant la neutralité du missouri. Néanmoins ce compromis ne durera guère et les oppositions entre le gouverneur Jackson et le général Lyon, représentant de l’union dans le Missouri deviennent très vite insurmontables, tant et si bien que Jackson est obligé de quitter la capitale saint louis et de s’exiler  dans la partie méridionale de l'État.. En fuite dans la petite ville de Neosho , Jackson édite une ordonnance de sécession, qui évidemment ne sera pas reconnu par le gouvernement fédéral.

Le 22 juillet 1861, le gouvernement des Etats Unis nomme un nouveau gouverneur installant de fait une dualité entre Jacskon et son successeur pro unioniste  Hamilton Rowan Gamble. De nombreuses batailles entre Unioniste et confédérés se dérouleront dans le Missouri qui devient rapidement un enjeu stratégique essentiel. Le Nord mobilisera près de 40 000 soldats pour faire reculer les Confédérés qui avaient au début de la guerre infligé plusieurs défaites au gouvernement de Washington. Entre 1862 et 1864 le Missouri reste néanmoins  sujet à de la guérilla endémique dans laquelle les rangers partisans sudistes et les alliés des nordistes s'affrontent. La cruauté des combattants du nord envers les civils a faillit faire basculer l'opinion dans le camps sudiste. L'extension de cette guérilla entre les deux camps plonge le Missouri dans une guerre civile totale et particulièrement sanglante. Des familles s'entre déchire, des fils tuent leur père, le Missouri devient le symbole de l'atrocité de la guerre de sécession. Mêle si officiellement le Missouri n'aura jamais fait sécession avec les unioniste. Cela lui permet à l'issue de la guerre d'éviter l'occupation militaire du nord.

Cependant la population, toujours divisé permettra rapidement le retour aux affaires des démocrates pro esclavagistes. Dès 1873 . Le parti démocrate qui a repris le pouvoir dans le Missouri exploite les thèmes des préjugés raciaux    et dépeint les unionistes et les républicains du Missouri comme des traîtres à l'État et des criminels.  Ils déjouent également les efforts visant à autonomiser la population afro-américaine du Missouri, et inaugure la version de la législation « Jim Crow » de l'État.  Ils sont soutenus par de nombreux médias qui critiquent vertement la politique du nord.  

Le célèbre gang James-Younger tire parti de cela et deviennent des héros populaires alors qu'il volent des banques et des trains tout en obtenant une presse sympathique des journaux de l'État - notamment le Kansas City Times. Nous en arrivons à l'histoire de la bande James Younger dont faisait partie le célèbre Jessie James et les trois frères yonger dont Cole..

Jessie James

Lorsque la guerre de Sécession débute, en 1861, Frank James, 18 ans, s'engage dans le corps sudiste. Il combat aux coté des armées sudites. Jesse James et les frères younger participeront à de nombreux massacres à tel points que le gouvernement de Washington refusera de les amnistier à la fin dela guerre. Recherchés et traqués, les James et les Younger doivent se cacher pendant des mois, ce qui est relativement facile puisque les fermiers du comté de Clay, revenus sur leurs terres, s'empressent d'aider tous ceux qui ont lutté contre les Nordistes.
Jesse James refuse la défaite et décide de former un gang pour continuer le combat contre les nordistes en s'attaquant aux établissements qu'ils considèrent comme complice des occupants nordistes, à savoir les banques qui abritent l'argent des généraux Nordistes et les chemins de fer. Le gang dans lequel on retrouve cole porter dont parle la chanson attaque la banque de Liberty le 13 février 1866 et repartent avec 60 000 dollars. Quelques mois plus tard, ils récidivent à Lexington où ils raflent 2 000 dollars.
Enter 1870 et 1874 les attaques se multiplient et le Gang engage de nouvelles recrues, ils sont désormais considérés par le gouvernement de Washington comme les ennemies publics numéro 1!

La plus brillante agence de détective privés du pays est alors lancé à leur trousse. Malheureusement le dossier va rapidement viré au fiasco. En mars 1874, deux détectives tombent sur Jim et John Younger, le plus jeune des frères Younger qui a à peine 16 ans. Un affrontement s'ensuit : les deux agents Pinkerton sont tués mais l'un d'eux a abattu John.

Le 26 janvier 1875, les Pinkerton ont vent que les James sont en visite à leur ferme. Ils décident de l'investir de nuit et lancent une bombe dans la maison. Elle explose, arrachant un bras à leur mère et tuant leur frère Archie, un enfant de huit ans. Or, ni Frank, ni Jesse ne sont présents. Quelques jours plus tard, les James capturent un agent Pinkerton. On retrouve son cadavre le lendemain à demi mangé par les cochons.

Pour se refaire la main le gang décide à l’été 1876 d’attaquer la banque de Northfield, raid qui est un véritable échec. Les habitants de l'endroit se défendent, cette fois efficacement. Le gang réussit à fuir mais Miller et Chadwell sont tués pendant l'attaque et la plupart des autres sont blessés, certains assez gravement.
Ils se cachent dans les bois pendant un certain temps, puis le groupe se scinde en deux. Les James se séparent des autres et se dirigent vers l'ouest, pendant que les autres, trop blessés pour continuer, se reposent. Le 21 septembre, ils tombent dans une embuscade. Charlie Pitts est tué pendant le combat ; les trois Younger sont capturés.
C’est de cette épisode dont parle la chanson.

Jesse james se fera oublié et s’instalera dans le coin de nashville en tant que fermier, sous un faux nom. Mais le naturel reprend vite le dessus. À la fin de 1879, le gang est de retour au Missouri et, le 7 octobre, attaquent un train à Glendale, raflant 35 000 dollars.
Les temps deviennent cependant beaucoup plus durs pour les frères James. La guerre est maintenant éloignée dans le temps et ils ne bénéficient plus de la même sympathie de la population qu'auparavant.

Au printemps 1882, le gang n'est plus composé que des frères James et des frères Ford. 
Ceux ci contacte l’état fédéral et contre une récompense de 10 000 dollars abattent Jesse James dans le dos  le 3 avril 1882, alors qu'il était en train de remettre un cadre en place.
Lorsque Frank James se rend aux autorités après quelques négociations, le 2 octobre 1882, c'est la fin officielle du gang James.

Que sont ‘ils devenus ?

Malgré les promesses du gouverneur Crittenden, les frères Ford ne reçoivent que des miettes sur les 10 000 dollars promis. Charlie Ford se suicide en 1884, peut-être rongé par le remords. Robert Ford déménage au Colorado où il exploite plusieurs saloons avant d'être abattu, le 8 juin 1892, par Edward O'Kelley un admirateur de Jesse James.


Sources
https://www.herodote.net/2_mars_1820-ev ... 200302.php
https://fr.vikidia.org/wiki/Compromis_du_Missouri
https://fr.wikipedia.org/wiki/Missouri_ ... %A9cession

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