lienard a écrit : ↑sam. 6 févr. 2021 20:13
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« you say you want a revolution … » - il semblerait que le rock en ait connu cinq, une tous les cinq ans – sur près de cinquante ans ? ? ?
Certains historiens du rock divisent son ère en cycles de cinq années, cette théorie s’appliquant surtout à son histoire en Europe, et plus particulièrement en Grande-Bretagne. Cette idée de cycles me sourit assez, même si elle pose une grande question …
Chaque cycle commence, après quelques précurseurs isolés, par une « explosion » pour le grand public (oui, il y a des endroits où l’on peut qualifier ainsi le public du rock) suivie par une récupération par les firmes de disques qui provoque bien sur la confirmation du « nouveau » style et l’expansion/vulgarisation du mouvement, parfois (mais pas forcément) au détriment de la qualité ce qui entraine bien sur son affaiblissement, provoquant donc la « révolution » suivante.
Le premier cycle commencerait en 1957 avec le rock’n’roll, qui est bien sur né plus tôt - pour rappel, le premier n°1 «rock » est, aux USA, le « rock around the clock » de Bill Haley & his Comets (les comètes de Haley, sans doute aussi le premier nom de groupe en forme de jeu de mots) le 14 mai 1955 – mais qui n’a pas été considéré comme autre chose qu’un feu de paille avant d’autres succès par de fameux précurseurs de quelques sous-genres : si Haley reste l’image du rock’n’roll, Presley représente (à ses débuts) le rockabilly, Chuck Berry le rhythm’n’blues, Buddy Holly est plus pop, Little Richard plus soul, Jerry Lee Lewis plus country, Eddie Cochran peut être vu comme l’aieul du hard et les Everly Brothers comme les pères de tous les duos. Mais les innovateurs sont vite rejoints par des suiveurs, comme Fabian (pas Lara) et Dion (pas Céline), et en 1960 le twist arrive et Buddy Holly meurt (non, aucun lien entre ces deux évènements), même le King met beaucoup (trop) de sirop dans son rock … pas étonnant qu’arrive une deuxième vague.
Le deuxième cycle, en 1962, serait celui des groupes anglais (la british invasion), d’abord surtout dans les clubs, puis rapidement dans les hit-parades : les fédérateurs Beatles, les puristes Rolling Stones (qui affirmaient à leurs débuts « nous sommes un groupe de blues »), le rhythm’n’blues des Moody Blues, des Yardbirds et des plus sauvages Animals et Pretty Things, les harmonies vocales des Hollies (déjà Graham Nash), les pré-Byrds Searchers, etc … C’est l’adolescence du rock.
Après un premier frémissement fin 1966 avec le « Good vibrations » des Beach Boys, le troisième cycle, en 1967, voit le rock devenir adulte : « Days of future past » des Moody Blues, le « Sergeant Pepper … » des Beatles n’ont plus grand chose à voir avec « Bye, bye Bird » ou « She loves you ». Cette fois, il s’agit bien sur moins d’une révolution : les grands noms de la maturité sont souvent les mêmes que ceux du boom de ’62 : Who (« Tommy »), Small Faces (« Ogden’s nut gone flake ») et Kinks (« Arthur … ») sont toujours là et bien là ! Mais ils sont vite rejoints par des groupes plus virtuoses et pour certains, plus/trop sérieux : Yes, Genesis, …
1972 : en réaction à ce sérieux, le glam-rock apparaît, plus une image, une attitude qu’un véritable mouvement musical : T.Rex vient (et ne l’oublie pas) du folk, Bowie & Roxy Music se veulent plus sophistiqués, Slade et Sweet font du hard-pop, Mud sont plutot revival et Mott The Hoople sont au croisement de tout çà. Mais en même temps, les groupes « sérieux » le deviennent de plus en plus (ELP, Gentle Giant, …), produisant parfois des shows barnumesques (Pink Floyd) qui seront la première cible des …
… punks anglais, responsables de la révolution suivante en 1977 : retour à une simplicité extrême, alliant une attitude (pseudo-)anarchique à une musique où l’énergie compte beaucoup plus que la mélodie ou la maitrise technique. Peu des groupes punks originaux survivront d’ailleurs plus de quelques années. Les artistes issus de cette période et continuant une carrière honorable, avec bien sur des hauts et des bas, n’ont que très peu à voir avec le punk et sont issus d’un autre courant plutot alternatif, le pub-rock : Elvis Costello, Joe Jackson et Graham Parker auquels on peut ajouter Paul Weller (The Jam).
L’influence durable des punks (à part peut-être d’avoir ajouté le speed dans le hard) est d’avoir ouvert la porte à un paquet de vagues : newave, cold-wave, … où tout n’est évidemment pas new : par exemple, Paul Young fut-il autre chose que le nouveau David Essex ?
Caractéristique troublante de 1977 : il y eut deux révolutions en même temps, puisque c’est à ce moment (avec le « I feel love » de Donna Summer ?) que le disco prouve qu’il est autre chose qu’un feu de paille comme beaucoup de genres basés sur une danse (twist, madison, jerk, …).
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